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Déserter pour vivre [C]
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Kaizen Utara
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Déserter pour vivre, Post 1

Le feu était allumé, les gens fuyaient, hurlaient sur la côte, mais sur la falaise, trois guerriers contemplaient le carnage contrôlé. Un homme, noir et fier, une machette à la taille, un blanc en yukata avec un espadon sur l’épaule et une femme blonde à la peau hâlée adossée, collée contre le premier.
-C’était trop facile, à croire qu’il ne s’y attendaient pas, commentait le type à l’espadon.
-Ils nous attendaient, mais pas ce soir, rappela Utara. D’ailleurs je ne m’attendais pas à devoir bouger ce soir, pour tout dire.
-L’on ne pas rester sans rien faire, Utara, souligna l’homme à la machette. Ils nous avaient débusqué, ils savaient que quelque chose allait arriver, mais croyaient ne pas avoir été aperçus.
-Je sais bien, Genmui, mais de là à déplacer le bataillon complet. Ils te font peur ?
-Ce sont des soldats du pays, rien de pire dans la région, à part les mercenaires bien entendu. Tu peux contempler Datta si tu veux voir l’étendue de leur puissance.

Utara lorgna vaguement le grand criminel blanc bardé de cicatrices volontairement non soignées pour qu’elles soient visibles.
-Wow, lança faussement la blonde, c’est impressionnant, ils sont si fort qu’ils n’arrivent pas à tuer un meurtrier presque chauve sur le déclin.

Datta éclata de rire, Genmui se fendit d’un sourire tout en passant sa main derrière la femme pour attraper son épaule opposée.
-Dit comme cela ils ont l’air de guignols, mais ils sont bien dangereux, surtout si ils ont le temps de s’organiser.
-Toute le bataillon, rappela Utara.

Genmui pointa un doigt en bas de la falaise.
-J’ai une comparaison qui va te plaire, Utara.
-Je t’écoute.
-Dit toi que ce sont des cafards, des insectes, enfin bref, des nuisibles de petite taille.
-Jusque là cela me plait, et donc ?
-Quand tu veux tuer des cafards, comment procède tu ?

Utara planta sa botte sur celle de son amant secret qui évasait encore son sourire, presque hilare.
-Pourtant tu pourrais n’utiliser que la pointe de ta botte, une fraction de ta puissance, même la tension que tu as mise dans ton geste est superflue.
-Je vois.
-J’ai procédé de la même manière, parce que l’important, c’est que ce soit fait et que je ne rate pas ma cible. Si aucun ne fuit, alors pas de renforts, pas d’indices, ils sont juste morts pris dans une rixe et par surprise.
-Habile, commenta Utara avec un sourire.

Son regard se planta dans celui de Genmui qui lui renvoya le même. La passion aurait pu se lire dans leurs yeux, mais Datta était déjà descendu se battre. L’on pouvait d’ailleurs entendre les détonations de sa puissance, la force de ses coups retentissant sur la côte comme des coups de canon. Des coups de plus en plus forts, de plus en plus proche…

Suffisamment pour réveiller Utara qui grogna en repoussant sa couverture pour poser un pied sur le plancher de sa chambre d’auberge alors que la porte de celle-ci s’ouvrait avec fracas. Le mec qui s'apprêtait à gueuler et qui par ailleurs était le tenancier de l’auberge resta planté là, bouche ouverte, le rouge lui montant aux joues alors qu’il détournait le regard. Utara se passa une main sur le visage, elle n’était pas en grande forme, en grande partie due à l’alcool, l’autre responsable venait de sursauter hors du lit, les mains serrées fermement sur la couverture. Où l’avait-elle dégoté ? Elle même n’en était pas tout à fait sûre, mais la nuit s’était bien passée en revanche.
-Je peux faire quelque chose pour vous, Ganjo-san ? demanda Utara avec une voix d’outre-tombe tout en ramassant ses fringues froissées de la veille.
-Hier soir, en ramenant mon fils dans ta chambre…

Oh, ça lui revenait, elle avait célébré une fête de quelque chose, et le jeune adulte lui avait plu. Alors c’était le fils de Ganjo ?
-... toujours est-il que pour ce que vous avez fait, il va falloir que quelqu’un paie.

La femme avait manqué une partie du dialogue, mais il allait falloir qu’elle rattrape sa bourde d’une manière ou d’une autre.
-Mais père…
-Shingo, tu sais bien que je ne demanderais pas mieux que de te croire si tu me dis que tu n’es pas responsable, mais je pense que vu la tête que tu fais, tu n’a pas d’autre chose à plaider que ta culpabilité.

Au moins elle ne serait pas seule à payer les pots cassés. La femme termina de ceindre son hakama et entreprit d’enfiler son gilet avant de se rendre compte en tentant de le fermer qu’une partie du zip était manquante. Elle scruta des yeux la salle, et entre les bouteilles vides elle put percevoir l’éclat métallique de la fermeture.
-Il me l’a arrachée, soupira-t-elle.

Le bonhomme s’était débrouillé pour se lever et s’occupait de se vêtir sans lâcher la couverture, cela avait un côté presque comique.
-Je te laisse décider avec ta copine de comment vous allez me rembourser, mais c’est moitié-moitié, compris ?
-Compris, père…

Ganjo ferma la porte et Utara se laissa tomber en arrière sur le matelas pour regarder le jeune adulte s’habiller sous sa couverture.
-Petit garçon, commenta la blonde avec un sourire sadique, qu’est ce que tu as à cacher que je n’ai pas vu hier ?

En vérité, elle ne se souvenait pas vraiment d’autre chose que sa silhouette. Il la regarda un instant, puis la porte fermée avant de relâcher la couverture. Plutôt bien bâtit, le garçon aurait une musculature plus prononcée que celle, fine, qu’il possédait actuellement. Mais elle comprit pourquoi il s’était empressé de prendre la couverture quand elle vit les marques de morsures ça et là.
-Qu’est ce que j’ai bu hier soir pour te faire une chose pareille ? s’étonna à demi Utara.
-Le quart d’une cave à demi vide, à peu près, se désola le jeune adulte, contrit.
-C’est pour cela que ton père est venu ? Je n’ai pas osé lui faire dire de répéter, sa voix était déjà trop forte à mon goût.
-On doit la moitié de ce qu’on a consommé, chacun, expliqua-t-il, inquiet.
-Il va falloir que je trouve un contrat qui paie bien, comprit la femme. Tu sais comment tu vas payer ta part ? s’enquit-elle.
-Mon père n’accepterait jamais que je travaille chez lui pour payer ma dette, d’autant que j’en aurais pour longtemps si c’était le cas.

Le regard de la femme se fît insistant.
-J’en ai aucune idée, cela me fait peur, j’ai fait la plus grosse bêtise de ma vie, se désola-t-il.
-Je dirais plutôt que tu t’es trouvé deux domaines ou tu es compétent, moqua-t-elle à demi. Malheureusement, savoir boire et coucher sont deux qualités que l’on préfère plus aux femmes pour un travail.
-Qu’est ce que je vais faire !?
-Tu peux toujours continuer à m’accompagner, si le cœur t’en dit. Une prime vaut bien pour deux personnes si elle a une grosse valeur pour une.
-Mais si je ne fais pas la moit…
-Je m’arrangerais pour que tu fasses ta part du travail, même si je dois te former moi-même.

Ému, le jeune adulte se laissa tomber, en larme, à demi horrifié et demi joyeux.
-J’imagine que cela compte pour un “oui”. Je t’attendrais dehors, prends ton temps pour faire tes affaires, dire au revoir, selon la somme, on en a pour un moment, je n’ai pas envie que tu te fasse de fausses joies.


Kaizen Utara
(#)Ven 14 Mai - 19:59
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Boya no densetsu, Tour 2

Elle attendait, tirant frénétiquement sur son gilet pour le refermer en le suturant à la va vite. Puis elle décrocha sa pipe pour fumer en regardant les passants. Elle avait pris le temps de se laver avant de sortir, l’odeur de son savon se mêlait à celle du tabac, le bruit des habitants au chant des oiseaux. Le bruit d’un bardas se fît entendre derrière elle, elle haussa un sourcil pour se retourner. Il était là, armuré à moitié de cuir à moitié de fer, une épée sur son sac, un casque trop grand pour lui. Il peinait à marcher, mais son chargement avait l’air lourd. Un sourire sadique s'afficha sur le visage de la blonde.
-Tu pars en guerre, Shingo ? se moqua-t-elle.
-J’en ai trop pris, comprit le jeune adulte.

Elle s’agenouilla pour aider le garçon à fouiller son sac et faire le tri.
-Tu penses que je devrais oublier l’armure ?
-Tu n'as pas de formation, et même avec une, tout équipement est bon à prendre, enfin surtout si il est à ta taille.

Il retira son casque et le posa à l’envers.
-Pas de poêle, tu n'as pas besoin de couverts, la serviette pour te sécher tu oublie. Le savon okay, oh, tu as une tente, pourquoi pas... Un livre, non.

Shingo ne faisait aucun commentaire, se contentant de sortir les objets que la blonde excluait. Quand ils eurent fini, le jeune adulte ramena le bazar dans l’auberge. Quant-il revint, il fixa la pipe avec insistance.
-Je ne peux pas prendre un livre mais tu amène une pipe ? constata-t-il avec un air de défis, presque aussi moqueur qu’elle.

Elle lui tendit la pipe et sortit du tabac d’une poche pour le lui montrer.
-Je gage que la soirée t’a aussi tapé sur le crâne ce matin.

Avec une expression étonnée, il colla ses lèvres sur l’objet et tira avant de tousser, déclenchant l’hilarité de femme en blanc. Un peu honteux, il se remit à tirer sur la pipe, plus calmement, puis la rendit.
-Certaines herbes servent à détendre, d’autres calment l’esprit ou le rendent nébuleux, comme certaines sont plus faciles à consommer à la pipe qu’en les mâchant ou les faisant infuser, c’est un compromis peu lourd.
-Je vois, répondit simplement Shingo.
-Tu es prêt ?
-Ou est-ce qu’on va ?
-En face.

Dirigeant son regard vers le bâtiment presque miteux de l’autre côté de la rue, le fils de l’aubergiste eut une réaction de recul.
-Je sais ce que vous pensez des forces de Mizu, mais ils paient beaucoup pour du travail qu’ils ont la flemme de faire dans les contrées dont ils se moquent. Pour peu que quelqu’un ait fait quelque chose de grave ou qu’une nouvelle force de banditisme se soit installée, il y a fort à parier qu’ils auront du travail qui paie bien et qui ne choquera pas éthiquement ton père.
-Qu’est ce que mon père à à voir dans tout cela ?
-Je sais pas, je me dis qu’il accepterait peut-être moins bien te voir partir faire du trafic d'esclaves, ou travailler en tant que prostitué hors réseau pour assouvir les pulsions de brigands et d'exilés.

Elle haussa les épaules avant de partir vers l’office du soldat du coin au moment où son compagnon avait une expression de dégoût soudaine. Il finit par la rejoindre et ils franchirent ensemble la porte du bouis bouis qui tenait lieu d’avant poste de la sécurité du pays.
-Viens là, saletée de piaf !

Le gardien des lieux s’affairait à courir après un oiseau messager. Blanc, strié de marron, l’oiseau de proie devait-être ce qu’il y avait de plus rapide pour transmettre des missives rapidement, malgré le tempérament de ces créatures. Utara avait croisé les bras, sa pipe s’éteignit le temps que le soldat finisse de faire le pitre. Shingo hésitait à lui donner un coup de main, mais se contenta de suivre l’exemple et croisa également les bras par mimétisme. Au bout de quelques secondes, il réussit enfin, décrocha le message qui était d’une sacrée longueur, ce qui expliquait la taille du volatile. Il lui donna à manger tout pendant qu’il lisait d’un bras le parchemin.
-Barre toi, sale piaf ! le congédia-t-il en lui tapotant la tête sans ménagement.

Il prit place à son bureau, posa le parchemin, tira du papier d’un tiroir et se mit à gratter à la plume. L’assistance venait tout juste de comprendre que dans l’agitation, elle était rentrée sans être repérée. Shingo se permit de se racler la gorge pour attirer l’attention du gardien, qui, après avoir fait rippé sa plume de surprise, leva des yeux assassins en se massant le poignet. Utara se permit une remarque moqueuse dans sa tête, concernant l’utilité du poignet du soldat ses derniers jours.
-Z’etes là pour quoi ? demandait-il sans ménagement, avec une pointe de nervosité.

La femme en blanc décrocha un bras de sa posture pour pousser le nouveau guerrier en avant, lui intimant d’un hochement de tête de prendre les devants pour demander ce qu’il étaient venu quémander. Il hocha la tête, avant de prendre une expression sérieuse.
-Nous voudrions une mission !! cria Shingo, d’une voix bien trop forte pour l’occasion.

Il avait perdu sa contenance, et le soldat avait réagi par un recul bref. Utara posa une main sur l’épaule du jeune adulte et s’appuya dessus de tout son corps, le forçant lui-même à prendre appuis sur le bureau du gardien.
-Nous ne sommes pas rattachés aux forces de Mizu, Shingo. Ce n’est pas une mission qu’il faut leur demander, mais des informations concernant leurs contrats en cours contre le banditisme et la sécurité du pays. Si possible quelque chose qui paie bien et où on ne va pas perdre notre temps avec trois cents compétiteurs.
-Tout’d’suite c’est plus clair, baragouina le gardien.

Il posa la main à plat sur le parchemin devant lui et le retourna.
-J’peux pas faire plus frais, ni plus cher.

Le rouge commençait à monter aux joues de Shingo alors qu’Utara s’appuyait un peu plus sur lui pour lire.
-Hmmm, de la désertion de camp de formation ? Je me demande ce qui peut pousser quelqu’un à s’enrôler dans l’armée pour la quitter de suite ?
-Z’aurez qu’à lui demander avant d’lui faire la peau.
-Il faut le tuer ? s’étonna Shingo.
-M’zu à pas de place pour les trait’es, vous l’trouvez, vous’y faites la peau, la ramener, ou pas, au type du papier.
-Lieutenant des forces armées Mizujin, Giran Kakera. Cela te va, Shingo ?
-Ca me parait un peu dangereux, mais la paie est bien, et puis il vivait pas loin, sans doute qu’on pourra en savoir plus sur lui si on enquête sur lui dans son village.
-Tu vois, tu es déjà la moitié d’un mercenaire.
-Vous l’prenez ? demanda le soldat.
-Yup.

Le type se leva, attrapa une feuille qu’il bloqua sous son bras, puis fit quelques mudra avant de poser sa main sur le parchemin possédant les informations. Il plaqua ensuite la feuille de sous son bras sur le parchemin, imbibant celui-ci quelque peu avant de le retourner sur son bureau pour balancer une poudre minérale. L’eau de son incantation se mélangea au processus, créant une copie du contrat qu’il approcha d’une flamme pour en sécher l’encre avant de leur tendre. Cela se voyait que c’était une copie, cela bavait un peu, certaines lettres n’étaient pas très propres, mais c’était amplement suffisant.

-Merci bien, remercia Utara avec un sourire avant de partir vers la porte. Shingo, si tu peux prendre le papier.
-Oui ! acquiesça le jeune adulte en s’emparant du contrat avant de la rejoindre.


Kaizen Utara
(#)Sam 15 Mai - 12:40
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Un fantome bien réel, Tour 3

En sortant, la femme en blanc prit une grande inspiration et dégrapha une de ses pochettes pour en sortir une poudre bleue dont elle se servit pour tracer un éclair sur chacune de ses joues. Le garçon arriva après cela et la regarda, insistant.
-Tu sais où est-ce que l’on se rend, n’est-ce pas ? demanda Utara.

Le jeune homme hocha la tête et la pointa ensuite dans une direction précise.
-Alors en route, déclara la blonde.

Il ne s’agissait pas d’un long trajet, mais le cadre était joli, aussi Utara ne pressa pas l’allure, profitant du voyage pour se rapprocher un peu plus de Shingo. Lui était assez émerveillé par tout ce qui se passait autour de lui et cela ressourçait l’ex bandit. D’après ses propres dires, il avait véritablement été choyé toute sa vie, ce qui faisait de cette sortie sa première fois, une nouvelle expérience qui s’ajoutait à celle des derniers jours, comme faire l’amour sous l’emprise de l’alcool, ou boire un peu trop dans la cave de son père. Intérieurement, même si elle était heureuse pour lui, elle savait que le pire pouvait arriver, aussi elle ne le ménagea pas pour autant. Quand la première nuit tomba, ils firent un feu de camp sommaire, étalèrent leurs couchages et se réunirent auprès du feu pour discuter en mangeant. Ce fut le moment qu’attendait Utara pour engager une conversation sérieuse.
-Tu sais Shingo, dernièrement tu découvres pleins de choses, commençait-elle à voix basse en manipulant les braises avec un bâton.
-...

Le garçon avait l’air d’avoir déjà compris, peut-être que son père s’y prenait également de la même manière.
-Mais il se pourrait que si tu reste avec moi, ou que tu continue à faire ce métier, tu prenne des risques et tu en vienne à tuer ton premier homme, ou ta première femme.
-Je sais, murmura Shingo d’une voix basse.
-Ce serait normal que tu aies peur, ou que tu hésites. Dans l’idéal que tu réussisses serait une bonne chose, mais si tu n’y parviens pas, il se pourrait que cela signe ton arrêt de mort.
-...
-Tu sais où je veux en venir, je sais très bien que ton père le prendrait mal que l’on ne partage pas la tâche, mais si tu ne veux pas le tuer ou m’aider à le faire, je comprendrais.
-...

Utara le regarda, lui la fixait intensément. Il avait déjà vu ce regard chez quelqu’un, c’était il y a longtemps, et il était signe qu’il fallait y prêter attention.
-Je comprends tes intentions, je sais bien ce que tu pense, mais tu ne sais pas qui je suis, ni ce que j’ai dû faire pour en arriver là.

L’étincelle dans son regard ne s’éteignit pas. Utara baissa la tête, pensive. Dans le feu, les scènes de sa mémoire brûlée dans le feu des années se ravivaient, autant que la douleur qu’elle avait éprouvée à ses instants. Le flot des larmes vinrent affaiblir l’incendie de ses pensées.
-J… Je suis désolé, s’excusa Shingo en se levant.

Le jeune adulte s’éloigna, laissant le temps à Utara d’épancher sa tristesse avant de s’endormir.

Dans ses rêves, le souvenir de Mokuto vint la hanter, d’abords en bonne santée, puis perdant sa vigueur, puis un bras, et l’autre, avant de se réduire en une bouille écarlate, écrasée par une silhouette noire. C’est l’odeur d’un repas chaud qui la réveilla, les paupières inférieures encore attristées de la veille, son maquillage de mission foutu en l’air par ses émotions mises en berne par une réminiscence tragique. Shingo avait le sourire au lèvres, et faisait cuire du lapin frais tout en la regardant dormir. Décidément, Utara avait perdu la main pour se réveiller aux aurores, tout autant que son dos lui disait qu’elle avait perdu l’habitude de dormir ailleurs que dans une auberge. Elle se redressa, bailla en rajustant son gilet, puis salua vaguement le jeune adulte de la main. Il lui rendit un signe de tête sérieux, fermant son sourire pour une expression plus déterminée, empathique.

Ils mangèrent en silence, puis la femme en blanc sortit son arme pour l’aiguiser pendant que Shingo s’occupait de la peau du lapin. Il l’avait chassé dès son second jour dans la nature, à mains nues. C’était bon signe, très bon signe pour quelqu’un réceptif au chakra, mais le jeune adulte l’était-il ? Dans son ancienne vie, un garçon tel que lui aurait été capturé d’office, parce que bon potentiel, et même brisé si il s’avouait difficile à enrôler, il aurait pu servir aux plaisirs spéciaux d’un riche au vues de son physique. Mais si ce qu’elle pensait de lui s’avérait vrai, alors il avait peut-être sa place dans cette mission après tout.

Shingo avait remarqué l’examination de la blonde, elle s’était d’ailleurs arrêté de travailler sa lame. Elle rendit son expression plus violente, lui affirma ses traits, démontrant sa détermination. Il avait fait son choix.
-Lève-toi ! commanda-t-elle en pointant son arme sur lui.

Il obéit docilement, posant la peau de lapin pour ramasser son arme et la dégainer.
-Bien, l’encouragea-t-elle.

Elle s’écarta du camp, s’étira rapidement, sautilla quelques peu sur place, sous le regard du jeune adulte et sans crier gare, dans un mouvement fluide relâcha son couteau de combat qui fusa sur sa cible avec précision. Le garçon para le coup in extremis d’un revers de fortune. La surprise se lut sur son visage, par deux fois quand elle arriva au contact, sans aucune arme pour lui coller son poing dans le haut du torse. Il n’eut pas le temps de réagir et tomba à la renverse alors qu’elle le dépassait pour aller récupérer son arme. Il se redressa, fesses au sol, pour s'agripper le poitrail d’une main, serrant son arme de l’autre sous l’effet du choc, tentant de récupérer son souffle. Une arme se pointa sous sa gorge, puis tomba au sol. Posant sa tête sur l’épaule du jeune adulte, Utara l’enserra dans ses bras. Le sang de Shingo ne fît qu’un tour, il lâcha son arme et se détendit suffisamment pour récupérer du choc.
-Se battre n’est jamais facile, mais je t’apprendrais, confia la femme en blanc.
-Je compte sur toi, déclara empathiquement le garçon.

Ils se relevèrent quelques minutes plus tard pour se confronter à nouveau, puis reprirent la route du village natal du déserteur, avec quelques poids de conscience en moins, et une nouvelle détermination.


Kaizen Utara
(#)Dim 16 Mai - 20:51
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Faux semblants, Tour 4

Le couple arriva à destination, s'arrêtant juste avant sous l’impulsion d’Utara. Le garçon l’avait suivi sans mot dire, mais il ne tint pas le silence longtemps. En haut d’une colline, derrière des buissons, il se permit de prendre la parole.
-Tu veux le surprendre pour l’avantage ? demanda Shingo.
-On aura toujours plus d’avantage à le surprendre, mais ce n’est pas pour cela que j’ai décidé de venir observer à partir de là.
-Je ne vois pas grand-chose d’ici.
-Moi non plus, mais c’était surtout histoire d’avoir une vue d’ensemble, je ne comptais pas m’introduire dans le village avant de savoir quelles en sont les issues, les astuces.
-Et tu peux tout comprendre d’ici ?
-Je pourrais avoir ce qui me manque à l’intérieur du village, mais j’espère te voir à mes côtés quand je m’en occuperais.
-Comment ça, espère ? Tu penses que je vais me dégonfler ?
-Tu sais toutes les astuces concernant ton chakra, les petits tours que je t’ai montrés, j’espère bien que tu arriveras à reproduire celui que je compte te montrer aujourd’hui.
-Et qui consiste à ?
-Prendre l’apparence de quelqu’un d’autre.

Étonné, le garçon la fixa un moment. Utara le pensait capable, en l’ayant formé depuis le second jour de voyage, avec les méthodes de son ancienne troupe, il avait réussi à déceler et à développer son potentiel à manipuler son chakra en quelques jours. Il restait encore beaucoup de points à affiner, mais il se débrouillait suffisamment bien pour qu’elle tenta l’expérience. Elle s’éloigna de la colline avec le jeune adulte, puis lui montra les signes.
-C’est important que tu soignes chaque détail dans ta tête, parce que chaque chose laissée évasive risque d’être mal interprétée par ta technique. Te retrouver avec des grosses lèvres, des yeux trop grands, des choux fleurs à la place des oreilles ça attire l'œil.
-Tu me dis ça parce que tu penses que j’en aurais sans doute besoin une fois tout seul, constata Shingo en signant lentement.
-Si tu en a besoin, tu sauras qu’il faut faire attention, avoir un miroir pourra t’aider, mais oui, parce que l’on est deux, c’est plus facile de déceler une imperfection dans ce camouflage.

Shingo se concentra, termina sa technique et un panache de fumée l’enveloppa. Attendant patiemment que le vent dévoile sa silhouette, Utara était dans l’attente d’une déception. Il fallait croire que le jeune adulte avait du talent, elle se trouvait devant sa réplique exacte qui se palpait d’étonnement. La femme en blanc se passa une main dans les cheveux frottant l’arrière de sa tête d’un air franchement perplexe.
-Tu n’avais pas d’autres idées que cela ?
-C’est… mal fait ? s'inquiéta Shingo.
-Non, mais ce n’est pas particulièrement utile, vu que le principe c’est d’y aller incognito.
-Ah… ouai.

Un peu déçu il reprit ses mudras, se concentra vivement et un panache de fumée l'enveloppa à nouveau. D’une carrure impressionnante, Utara faisait maintenant face à un colosse aux cheveux longs et bleutés, doté d’une barbiche et d’un air patibulaire presque malveillant par essence. Avec une série d’abdominaux à briser des rochers entre chacun d’entre eux des tatouages pour compléter le tableau et des vêtements aussi révélateurs que pour elle, il était à tomber.
-C’est… impressionnant, dû avouer Utara.
-Je me disais que cela pourrait être un atout d’avoir une apparence costaude, pour intimider un peu, et c’est réconfortant pour certains.
-C’est pas forcément une mauvaise idée, ta forme risque d’être sollicitée pour sa force par contre, j’espère que tu pourras tenir le coup.
-Oh, j’avais pas pensé à ça, oui.

Utara se concentra, exécuta les mudra requis et un panache de fumée l’enveloppa. Bien plus petite qu’à l’ordinaire, son apparence était devenue chétive, courte sur patte et bien plus candide. Elle avait tout d’une enfant, de son sourire enfantin qu’elle simulait, à l’expression d'émerveillement de ses yeux jusqu’à sa garde robe, transformé simplement en un robe blanche. Elle avait également des cheveux bleus, comme ses yeux, et allait pieds nus. L’expression du colosse laissa transparaître l’attendrissement du jeune adulte, ce qui déçut légèrement Utara.
-Tu sais que si tu te permets d’avoir ce genre d’expression les gens comprendront la supercherie facilement ?

Le jeune adulte se replaça dans son contexte immédiatement, reprenant une expression un peu plus brutale.
-Bon, il faut trouver un nom pour cette chose, déclara Utara. Invente nous une histoire.
-On vient de Hi.
-Trop compliqué, tu n'as jamais été à Hi et moi non plus, si quelqu’un nous pose des questions on ne saura pas répondre, en plus c’est suspicieux.
-De Mizu alors, de mon village.
-Trop facilement vérifiable, il faut une situation passe partout.
-On est un groupe…
-Je suis trop jeune pour être dans un groupe de quoi que ce soit. Je suis ta fille, on est deux malheureux dont la hutte de chasse à été détruite suite à une attaque de bandits, qui rebondit de village en village, en attendant de trouver le bon ou s’installer.
-Okay, alors… commença-t-il en pointant un doigt sur elle. Momo, il pointa le doigt sur lui. Muma.
-Nôtre nom de famille ?
-On en a pas, plus simple comme ça.
-Tu comprends le principe, déclara la femme. Ma mère ?
-Morte en cou… Non, tuée par les bandits, Isaya, on l’aimait beaucoup.
-Pourquoi ce choix ?
-Ils auront plus de sympathie pour une tragédie plus récente, personne n’aime les bandits de toute manière.
-Bien, comment je t'appelle ?
-Papa ?
-D’accord papa ! fît Utara avec une expression toute enfantine.

Le visage du colosse se troubla, mais il se reprit et avisa plutôt une émotion plus proche de la tendresse.
-Garde ce genre d’expression envers moi, cela renforcera l’impression de filiation entre nous, conseilla Utara. Quand tu fait fasse à d’autres personnes essaie d’avoir l’air un peu plus triste et concerné.
-Noté, répondit le grand homme.

Tous deux partirent vers le village, main dans la main, l’air vaguement harassé par le voyage.


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(#)Mar 18 Mai - 20:17
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Quand y'a pas de maman oiseau, Tour 5

Le groupe entrait dans le village, feignant la fatigue et l’épuisement autant que la faim. Main dans la main, la fille et le père regardaient sporadiquement l’endroit qui ne pullulait pas particulièrement de monde. Le petit matin avait frappé, mais il faisait encore frais, alors mis à part les lèves tôts et les vieillards, peu de monde était en réalité debout. La brume était également encore un peu présente, augmentant l’aspect miséreux de leur arrivée. Utara frappa du coude son acolyte pour lui signifier d’un signe de tête de sortir le grand jeu. Il acquiesça et se prépara mentalement à faire semblant.
-Y’a quelqu’un !?

Quelques bruits se firent entendre et les deux purent percevoir du mouvement, mais quelques secondes après l’appel, un type sortit d’une des maisons, enfilant une veste en cuir rembourrée et attrapant un sabre.
-Restez chez vous ! signala l’homme en gesticulant.
-Ne bouge pas, ne te laisse pas impressionner, ce n’est qu’un milicien, murmura Utara à Shingo.

Celui-ci raffermit son équilibre, mais se détendit légèrement pour éviter d’être suspect. La femme devait avouer qu’il se débrouillait plutôt bien jusque là. Le vigile s’approcha d’eux d’un pas sûr, comme si il dominait ce lieu. Quand il arriva devant le colosse aux cheveux bleus, il eut un mouvement presque imperceptible de recul, puis avisa la fille à la main de celui-ci.
-Désolé de faire autant de bruit de si bon matin, vous vous doutez bien que si nous avions pu faire autrement nous ne nous serions pas permis.
-Qu’est ce qu… Bien sûr.. Comment… Qu’est ce qui vous amène de…

L’homme en cuir avait du mal à trouver les mots et d’un coup d'œil la fille vit que son illusion de père n’allait pas lui couper la parole, alors elle se laissa tomber, comme inconsciente mais d’un visage plein de douleur. Cela attira tout de suite l’attention des deux adultes. Son faux père tira sur son bras pour la placer dans les siens, accusant le poids de toute une femme sur les muscles d’un jeune adulte assez fin de carrure. Il n’avait pas réfléchi à cet état de fait, elle avait beau ressembler à une petite fille, elle ne pesait pas aussi peu que son apparence. Alors il se raidit un peu sous l’effort, suppliant presque des yeux le milicien.
-Cela fait un moment que nous n'avons pas mangé, nous n’avons pas beaucoup d’argent, mais elle ne va pas survivre si elle ne se repose pas vite, je vous en supplie ! dramatisa-t-il.

Pris de panique, le vigile ôta d’un geste son armure de facture et fît un geste du bras pour demander au colosse de le suivre pendant qu’il se dirigeait vers un hall de village.
-Sui… Suivez-moi.

Les deux se mirent à courir vers la grande hutte, abritant en son milieu un feu apaisé par la nuit et l’humidité. Le milicien ne fît pas de manière, jetant des bûches à grand renfort de volonté et d’efforts sonores. Deux personnes, plutôt âgées se levèrent en entendant ce brouhaha, probablement les occupants du hall, donc les chefs de ce village.
-Tu en fais bien un raffût, garçon.. C’est quoi l’urgence ? s’enquit à voix basse l’un des deux en se frottant les yeux.

Le “garçon” ne répondit pas, préférant s’atteler à réchauffer le potage déjà dans la petite marmite au-dessus du feu. Le senior se rapprocha du père illusoire, étudiant la fille déposée au sol des yeux.
-Petite faim, conclut-il. Sors la marmite du feu, vas chercher de la viande. On a pas idée de faire manger liquide à une gosse qu’a faim… soupira-t-il.
-Oui, Kongo, acquiesça le milicien.
-Faut me le pardonner, ce petit, il brave mais il est pas bien vivace dans sa tête, s’excusa le dénommé Kongo.
-Je vous en prie, répondit le père illusoire, il déjà fait tellement plus que d’autres villages, remercia Shingo.

Le milicien revint avec de la viande séchée après avoir fouillé dans le garde-manger. Il tendit des tranches de salaison de grand gibier au père illusoire qui les attrapa, regardant sa fausse fille.
-Ne t’en fais pas, ça va aller, rassura-t-il sa fille.
-Vous devriez… souligna Kongo en faisant mine de déchirer avec les dents le morceau de viande fictif dans sa main.
-Vous avez raison… acquiesça Shingo.

Intérieurement, Utara se préparait mentallement déjà depuis qu’elle était entrée dans le village, mais l’annonce qu’elle vit avec ses yeux entrouverts la laissait à demi hilare intérieurement. Shingo s’empressa d’enfourner une partie de la viande pour la prémacher avant d’embrasser la femme pour lui donner la bequée. L’assistance regardait le repas comme quelque chose d’ordinaire, le milicien finit par détourner le regard, pas le sénior. Entre deux bouchées, le temps qu’Utara finisse les siennes, Shingo se permit d’adresser la parole au chef présumé.
-Ce village est vraiment une aubaine pour nous, je ne m’attendais pas à en croiser avant des lieues.
-On essaie de se faire discret, comme tout le monde ici, expliqua Kongo.
-On… On ne s’est probablement pas fait assez discret.. avoua faussement Shingo.
-Bandits ?
-Oui, on a fuit comme on a pu, mais…
-C’est terrible.

Se cloitrant temporairement dans le silence, Shingo prit soin de continuer à nourrir Utara. La sensation n’était pas fantastique, d’autant qu’elle n’avait pas plus faim que cela, mais il fallait bien faire un faux semblant convainquant. Intérieurement, elle avait de quoi se féliciter d’avoir pris une apparence aussi enfantine.
-J’ai fait ce que j’ai pu, mais ce n’était pas assez… Elle.. Sa mère…
-Je vois, comprit Kongo.
-Et aucune trace des soldats.
-Les soldats… fît le chef présumé avec une pointe de sarcasme dans la voix.
-Vous en avez ici ? s’enquit l’illusion d’un père.
-Non, pas. Le plus proche que nous ayons de cela, c’est Takeda, qu’est partit là-bas ch’sais pas où, en devenir un. Kore pourra vous en dire plus probablement. Sa copine, expliqua-t-il rapidement en voyant l’expression d'interrogation de Shingo.
-Désolé, s’excusa l’homme aux cheveux bleus, je ne nous ai pas présentés.
-Ce n’est pas nécessaire, le rassura le sénior en posant une de ses mains sur les siennes. Seulement si vous le désirez.

Il se retourna pour aller voir la femme agée qui était restée en retrait. Ils discutèrent en murmures un moment, pendant que Shingo s’occupait d’Utara qui elle finit par se masser le ventre pour faire signe à son faux père de s'arrêter. Celui-ci se mit à manger lui-même.
-Bien joué, murmura la fille aux cheveux bleus, tu nous a trouvé une piste. Si il avait une copine, ça pourrait expliquer pourquoi il a déserté.
-Mais il n’est pas rentré pourtant, constata Shingo.
-Le trajet est long depuis l’île qui s’occupe des formations, si il a été déclaré manquant il y a quelques jours, il avait du retard par rapport à nous.
-Alors eventuellement, on aura qu’à rester là et le cueillir ?
-En principe, on aura qu’à fouiner ses histoires avant.
-Pourquoi ?
-Parce qu’on a rien de mieux à faire.
-Je vois.

Le sénior s’approcha avec des couvertures propres.
-Ce n’est pas grand chose, mais si vous voulez vous reposer, vous pouvez vous installer dans un coin, ce hall est bien assez grand, nous tâcherons de ne pas trop troubler votre sommeil.
-De toute manière il fera beau dehors aujourd’hui, nous pourrons conseiller le village sous un joli soleil, complementa la femme âgée.
-Permettez moi de vous présenter ma femme, Iori.
-Enchanté, répondit Shingo, on m'appelle Muma, et elle c’est Momo.


Kaizen Utara
(#)Jeu 20 Mai - 10:05
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Soupçon d'incrédulité, Tour 6

Les deux infiltrés se reposèrent quelque peu, abusant de l’hospitalité des riverains en plus de leur imposer de travailler dehors pour qu’ils puissent récupérer d’une fatigue factice. Faisant semblant de dormir, blottit l’un contre l’autre, ils n’avaient que leur souffle pour seul stimuli, ca et la chaleur de l’autre.
-Il faudrait que tu te lèves avant moi, signala Utara en murmurant pour couper le silence après un long moment. Tu es plus vieux, cela paraitra plus logique que j’ai besoin de plus de sommeil.
-J’ai… un peu peur de me confronter à qui que ce soit sans toi, avoua le colosse pas si grand à l’intérieur.
-Dans ce cas, veille sur moi en attendant qu’il soit logique que je me lève.

Le grand type aux cheveux bleu se redressa, fixant sa fausse fille pendant ce qui lui parut une éternité. Il s’était redressé comme si de rien n’était, mais Utara jouait bien mieux la comédie, ce qui intrigua fortement Shingo. Il se demanda combien de temps la kunoichi faisait-elle cela, qui l’avait entraînée, où elle avait été. Pour la question  de où, il avait au moins l’indice de son absence de connaissances sur Hi. Pour le reste, cela restait nébuleux et, pendant leurs entraînements il n’avait pas eu l’audace de demander.
-Tu n'as pas besoin de me regarder aussi bizarrement, Muma, fit remarquer Utara.
-Pardon, c’est juste que… Tout cela est tellement neuf pour moi, j’ai un peu du mal à appréhender le fait que cela t’ait pris des années pour apprendre à jouer une petite fille.
-Petite fille, plutôt facile, on a tous été petit un jour, se rappeler notre candeur n’est pas si compliqué au fond. Je n’en dirai pas autant de jouer un vétéran, un marchand, un haut fonctionnaire, une prostituée.

Au dernier terme, le colosse tiqua sa surprise.
-Rassure toi, cela fait partie des choses que tu ne devrais pas avoir à apprendre.
-Mais tu…
-Pour tuer quelqu’un de haut placé et qui s’entoure de soldats, parfois passer par ses bas instincts ou les leurs donne une opportunité inespérée. Par ailleurs peu de gens se méfient ou fixent les prostituées.
-Tu a plus de facette que je l’imaginais, avoua Shingo, perplexe.
-Et tu en a plus que tu l’imagine également, mais pour les dévoiler il va falloir croire en ton potentiel, te remettre en question et parfois revoir ton éthique. Shinobi c’est un chemin parsemé de sacrifices et… Tu n’es pas obligé de prendre cette voie. Savoure en le goût durant cette mission, tu auras tout le loisir de choisir si tu suis cette voie après cela.

La petite se leva avant de s’étirer, puis regarda son faux père se mettre debout.
-Si on allait voir Kore ? demanda Utara.

Le colosse acquiesça, et tous deux se rendirent à l’entrée du hall, accueillis pour une deuxième fois par le chef du village qui les jauga des yeux.
-Z’avez l’air d’aller mieux, vous n’aurez probablement pas très faim pour le repas de ce midi, vous pourriez vous servir de la rivière en attendant que les gens aient fini de se restaurer dans le hall. Nous vous présenterons à eux après le repas, quand vous serez propres.

La situation évoluait sans qu’ils n’y soient préparés, les deux réfugiés factices s’entre regardèrent.
-No… Nous tâcherons de nous montrer sous notre meilleur jour, convint Muma.
-J’y compte bien, acquiesça Kongo avec un rire un peu moqueur.

Le couple se retira et, avant d’arriver à la rivière, Utara tapa du coude son collègue.
-Tu en fais des caisses, rappelle toi que tu es censé être un simple chasseur. Ton père t’a bien appris à parler à différent niveau, j’ai du mal à croire qu’il ait oublié de te dire de faire attention à celui de tes interlocuteurs.
-J’ai paniqué, avoua Shingo.
-Je te le signale parce que cette erreur à levé un voile de suspicion.
-Il avait l’air d’en rire.
-Oui mais son regard, après, tu l'as vu ?
-J’étais paniqué, je n’ai pas fait attention.
-Il a dérivé son regard dans un coin de sa vision, c’est souvent le signe que la personne qui te parle pense à autre chose que le sujet en cours. Au lieu de rentrer après nous avoir congédié, il nous a fixés.
-Tu ne pouvais pas le voir.
-A cette distance, toi aussi tu aurais pu ressentir son intention. A vrai dire je te soupçonne de pouvoir mieux le ressentir que moi.
-J’é…
-...tais paniqué, je sais, souffla Utara avec un sourire. Ce n’est probablement pas très grave, il va falloir faire gaffe à ce que tu vas dire et aux pièges qu’il va installer.
-Pièges ?
-On ne sait rien de ce village, ni de ce chef. Il est possible qu’il connaisse l’étendue des techniques de l’ombre. On sera vite fixé si il s’en prend à nous d’une manière ou d’une autre.
-Si il s’en prend à nous ?
-Notre illusion n’est pas parfaite, elle est maintenue par notre concentration, par le flux de chakra expulsé de notre corps. Au delà du fait que notre corps ne corresponde pas à la vision qu’un ninja senseur s’en ferait, chaque blessure risque d’interrompre ta concentration, tout comme la fatigue, la faim, une intoxication.
-Je vois.
-Sans cela, il peut toujours être assez cultivé pour en avoir une connaissance basique et se dire que l’on est pas qui l’on prétend être. Il pourrait s’amuser à nous poser des questions pour confirmer notre identité, à essayer de te confondre via des astuces, vu que tu t’es permis de lui parler un peu trop soutenu à son goût.
-Je vais devoir redoubler de vigilance, compris Shingo, un peu démoralisé.

Les deux illusions arrivèrent à la rivière, dans un endroit calme ou des buttes artificielles cachaient la vision alentour. Cet endroit était agrémenté d’étendoirs en bambou pour y suspendre des vêtements, ainsi que des serviettes et des seaux.
-Il vaut mieux que nous prenions ce bain ensemble, déclara la petite.
-Au cas où les gens regarderaient, cela paraîtrait plus logique de toute manière, vu que je suis ton père. Mais tu es sûre qu…
-J’ai vécu pire, et puis on s’est déjà vus nus. Je gage que ce ne sont pas les formes d’une petite fille qui vont t’émoustiller..
-Haha… rigola faussement Shingo, pas très enthousiaste de l'humour de la femme.

Les deux se lavèrent, profitant d’un instant de calme pour se détendre un peu avant de devoir retourner sur leur mission. Une fois bien apprêtés, ils rejoignirent le hall, bondé de gens s'affairent à se nourrir ou à parler avec leurs semblables. Le groupe d’infiltrés arriva comme un cheveux sur la soupe, soulevant l’intérêt de beaucoup de personnes, dont le chef qui se leva.


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(#)Lun 24 Mai - 14:10
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Double trahison, Tour 7

Shingo attrapa la main d’Utara, sûrement en proie au stress de la situation. Elle, joua son rôle en tournant la tête vers lui, faussement étonnée. Elle avait pressé la main, dans l’espoir de consolider un peu le mental de l’homme qui allait probablement subir un des pires tests de ce genre d’infiltrations.
-Les voilà ! Les réfugiés de… d’où avez-vous dit que vous veniez déjà ? fit semblant d’oublier le vieux Kongo.
-Je ne crois pas vous l’avoir dit, à vrai dire, s’excusa Shingo en se grattant l’arrière du crâne. Mais nous ne venons pas d’un village.

Le chef du village restait dans le silence, comme tout le reste du village, suspicieux. Utara se cacha faussement derrière son père illusoire, agrippant sa main. Le colosse lui accorda un regard, réfléchissant à la marche à suivre.
-Vous n’êtes pourtant pas obligés de leur en faire baver comme cela, haussa des épaules une des femmes du village en s’approchant du couple, puis s’agenouillant pour tendre une main vers la petite fille.
-Nan, je comprends, déclara le faux père qui fit demi tour, prenant une petite pause pour prendre sa fille dans ses bras. Merci pour tout ce que vous avez fait.

Culpabilisant à souhait, tout cela avant un départ inopiné, cela relevait d’une manipulation plutôt bien élaborée de la part de Shingo. Utara pouvait en contempler l’effet dévastateur sur certains villageois avant qu’elle ne plante sa tête dans l’épaule de son ami, feignant la tristesse. Le faux père posa un pied devant l’autre, et personne ne les arrêta.

---

-C’est dommage qu’ils se soient autant méfié, ca aurait été une bonne situation pour l'accueillir, même si nous aurions soulevé des soupçons, se plaignit Shingo dans sa vraie forme.
-Il valait mieux cela que de se faire démasquer, en fonction de leur sympathie envers lui, ils auraient pu le prévenir. Mais c’est vrai que c’est dommage pour les informations que nous aurions pu récupérer, répondit Utara, observant le ciel.
-Qu’est ce qu’on fait maintenant ? On l'attend ? On relance une infiltration ?
-Aussi tôt, tu t’en doute, ce serait suspect. Je pensais profiter de cette nuit pour fureter un peu du côté de Kore.
-Tu veux que je t’accompagne ?
-Nan, j’ai besoin de toi pour penser à un nouveau plan pendant que je fouine, répondit la femme en blanc en lui souriant.

Attendant le début de la nuit tranquillement, la femme aux yeux verts attrapa sa cape, la retourna pour utiliser le côté sombre dans la nuit et s'avança vers le village pendant que Shingo prenait une expression pensive. Les bougies s’allumaient dans le crépuscule, couvrant du peu de lumière qu’elles faisaient une partie infime du village. Un saut acrobatique après une grande accélération la propulsa près d’une masure presque sans un bruit. Un couple de trentenaire discutaient à l’intérieur, leur fils jouait à l’intérieur également et était observable depuis une des fenêtres. Glissant en dessous de celle-ci, la femme ouvrit ses sens et se prépara à se déplacer rapidement à la maison d’après. C’était censé être celle du milicien, mais aucune trace de lui, peut-être se trouvait-il dans le hall avec les deux anciens.

Continuant son inspection, Utara se glissa dans les ombres de la prochaine maison. Sans aucune lumière pour lui donner le moindre indice, tout comme aucun bruit ne s’en échappait, sans doute que ses occupant dormaient, les volets étaient fermés après tout. La femme pris un court instant pour étendre son ouïe en fermant les yeux, faisant confiance à son instinct pour lui dévoiler les alentours. Des pas discrets se firent entendre, avançant entre les maisons pour rejoindre l’arrière. La kunoichi avisa deux barils d’eau de pluie, tira sa cape vers elle et se cacha dans les ombres. Attendant patiemment que la personne choisisse une direction à l’embranchement, elle l’entendit prendre une pause, puis continuer dans sa direction. Il passa devant elle sans la voir, mais Utara put discerner ses traits. Il s’agissait sans l’ombre d’un doute de la cible.

Fatigué, blessé à de nombreux endroits, il avait un regard aiguisé, possédant une détermination qui devait depuis un moment alimenter ce corps épuisé qu’il traînait presque derrière lui. Utara aurait pu lui ôter la vie sur un coup de tête, c’était sa mission après tout, mais elle était intriguée par les raisons qui le poussaient à se faire aussi discret. Elle attendit qu’il arrive au carrefour des maisons suivantes pour sauter, attrapant le rebord du toit d’une main avant de se jeter au-dessus d’une torsion du corps. Elle le suivit depuis les toits peu élevés du village, diminuant sa carrure en se tenant aussi basse que possible, détournant légèrement le regard de lui pour éviter qu’il ne se sente observé. Quelques maisons plus loin, il s'arrêta au coin d’une fenêtre. Utara pouvait deviner qu’il étendait ses autres sens et s'arrêta donc de bouger.

Agissant de la même manière, elle entendit un rire de jeune femme, puis des paroles d’homme qu’elle n’eut pas le temps de comprendre. Le temps qu’elle prête suffisamment attention aux dialogues, la femme en blanc manqua une autre partie de la conversation.
-...partit je ne sais pas quoi penser de tout ça, déclarait la jeune femme.
-Et bien, je n’ai pas la réponse te concernant, tu t’en doute, mais tu sais ce que cela représente pour moi. Au moins vis-à-vis de toi.
-Je sais… Mais… Comment dire ..?
-Tu sais, je comprendrais si tu préférait attendre encore un peu, mais qui sait combien de temps cela lui prendra, ou même si il reviendra un jour.
-Ne dit pas ça ! s’exclama la fille. Il ne va pas mourir !
-Du calme, Kore… Je ne voulais pas dire cela pour ça. Juste, c’est possible que cela lui prenne longtemps, ou qu’il ne soit pas affecté à notre village.

Utara compris sans problème qu’il s’agissait d’une histoire de cœur. Les mots étaient suffisamment clair pour comprendre que la voix qu’elle entendait était celle du milicien, qui, après que le jeune homme que fréquentait Kore ait décidé de s’enrôler, avait saisi l’opportunité qui s’offrait devant lui de se rapprocher de la femme. Il lui suffit de jeter un regard vers sa cible pour le voir bouillonner doucement. La fille s’était mise à pleurer, ce à quoi le milicien avait sans doute répondu par une embrassade. Puis l’homme s’excusa, s’excusa encore et partit la queue entre les jambes, a ce qu’Utara pouvait voir, déçu que les événements se déroulent comme cela. Le déserteur avait l’air de se sentir impuissant et était visiblement tourmenté par le nombre de choix dantesques qui s’offraient à lui. Serrant le poing autant que ses émotions assaillent son cœur, il donna un coup sec sur le mur de la maison, évoquant la surprise de Kore qui s'arrêta de sangloter. Esquivant sa bien aimée, il rasa les murs pour se cacher là où elle ne le verrait pas en tendant son visage hors de la fenêtre. Adossé contre un mur, il regardait l’une de ses mains, son esprit était sans doute ailleurs.

La femme en blanc aurait pu l’arrêter là et personne n’en aurait rien su. Il aurait subit le poids d’une femme, lancée depuis un toit, appuyant sur un couteau pointé droit sur son cœur depuis le haut de l’épaule et serait mort sans pouvoir agir ni lancer le moindre cri d’alerte. Mais Utara était toujours intriguée par les événements. Il avait un je-ne-sais-quoi de noble dans ses intentions. Il n’avait pas laissé la fureur s’emparer de lui pour dévaster le milicien sans qu’il n’ait le temps de réagir. Elle le regarda donc bander ses blessures, se relever, crocheter un des volets d’une des maisons précédentes pour s’introduire dedans et ressortir quelques minutes plus tard avec de la nourriture. Il mangea dans le calme puis s’endormit entre les deux barils qui avaient servi de cachette à Utara. Il avait visiblement un plan concernant son amie et le milicien, restait à voir quoi.


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(#)Mar 1 Juin - 11:27
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Pas une happy end pour tout le monde, Tour final

Utara retourna sa cape pour que le blanc soit vers l’extérieur, puis se coucha sur le toit ou elle se trouvait avant de prendre une pilule de guerre contre le sommeil. Patienter se fit sans trop de soucis, la femme rêvassa, les yeux plantés dans les étoiles puis dans les nuages, revivant des instants de son passé de bandit, de voyageuse. L’amour, tout cela était bien beau, mais à quoi s’attendait le déserteur après son acte dissident ? Pensait-il que l’armée, les autres chasseurs de déserteurs n’en feraient pas une bouchée ? Cela n’en restait pas moins beau, en un sens, de voir le sacrifice d’une personne pour une autre. Mais était-ce vraiment le cas ? Certes, il l’aimait, mais elle aurait bien pu vivre sans lui. Avec un petit temps d’adaptation, elle aurait pu se faire à l’idée d’être avec le milicien. Il la traitait avec égards, bien qu’il la blessait de raviver son souvenir.

Le déserteur se réveilla relativement tôt et il usa du même stratagème qu’elle pour combler son repos de courte durée par une drogue de combat qu’il avait dû voler avant de partir. Il longea les maisons et masures, puis sortit du village en direction de la rivière. S’interrogeant, Utara vit le milicien sortir de chez lui, puis partir sur le même chemin. Sans doute qu’il voulait le confronter, la femme en blanc suivit le mouvement de loin. Soudainement, Shingo arriva à ses côtés.
-Tu me suis ? demanda Utara, joueuse.
-Je t'observe depuis la colline, depuis hier. J’ai eu du mal à ne pas fermer l'œil.

La femme en blanc lui tendit une pillule de combat.
-C’est amer, mais ça fera l’affaire contre ton sommeil, il faudra que l’on prenne un long repos plus tard pour compenser.

Suivant le milicien, ils arrivèrent aux bains à ciel ouvert, mais avant que celui-ci ait le temps de se désarmer et de se déshabiller, le déserteur sortit des fourrés. Une expression de surprise fit son apparition sur le visage du protecteur du village.
-Ta… Takeda !?
-Miren… et, je ne sais pas qui derrière, répondit le déserteur en fixant son regard sur le couple en filature.

Utara sortit de sa cachette en s’époussetant, avant de tirer Shingo par le bras pour le dévoiler également.
-Bonjour Takeda, Miren, salua vivement la femme en blanc.
-Qui êtes vous ? demandèrent ensemble les deux natifs du village avant de s’entre regarder avec une pointe de colère.
-On est de passage, juste deux ninja errants, mais vous doutez de pourquoi nous sommes là, j’imagine.
-Vous venez pour moi, compris Takeda en fermant son visage.
-Ça dépends… Qu’est ce que tu comptais faire ?
-Me… battre.. avoua le déserteur.
-Tu comptais le tuer ? Et après ?
-Et après ? Vivre avec Kore.

Le milicien restait sans voix, la femme s’avanca jusqu’à celui-ci pour tourner ses épaules en face de son opposant.
-Qu’est ce que vous faites ? s’enquit-il.

Utara s’éloigna de lui pour se poser en hauteur sur une des buttes artificielles servant de cache-pudeur avant de faire signe à Shingo de la rejoindre.
-J’en sais assez pour savoir que vous aimez la même fille, et quoi que vous fassiez, à par la mort rien ne vous empêchera de la fréquenter. Alors le mieux que vous ayez à faire c’est encore de vous départager, expliqua Utara en haussant les épaules.

C’était une chose qu’elle avait fait faire à des membres de sa troupe. Un combat à mort réglait souvent bien des soucis, et la fille ne serait pas là pour assister au carnage ou tenter de les en dissuader.
-Ca me va, déclara Takeda. C’est plus ou moins ce que j’avais prévu, avoua-t-il après un regard inquiet de Miren.

Le milicien hésitait, retourna le problème dans sa tête, pensa probablement à ses désirs, à la femme qu’il convoitait, puis une nouvelle détermination se lut dans ses yeux au moment où il prit sa décision en tirant son épée au clair. Takeda regarda ses mains vides et un sabre se planta devant lui sous sa stupeur, ainsi que celle de Shingo et Miren. Utara avait jeté son arme, pour l’équité.
-Merci, remercia Miren, conscient qu’un combat contre quelqu’un de désarmé n’était pas très honorable.

Le combat s'engagea dans les clapotis de la rivière. Aucun des deux n’avait vraiment l’avantage, le milicien se débrouillait relativement bien pour quelqu’un sans formation, sans doute s'entraînait-il d’une manière ou d’une autre. Utara avait trouvé cela relativement rare pendant son service en tant que bandit. La place de milicien ou de gardien du village revenait souvent à une personne incompétente dans ce genre de village, souvent à la personne la moins motivée pour faire autre chose que glander toute la journée. Ceux-là manquaient de tout autre chose que d'inconscience, ce qui par défaut en faisaient des remparts de fortunes aux premiers bandits qui les hachaient menus. Mokuto avait fait partie de ceux-ci et il n’avait pas survécu.

Aucun des deux ne dirent quoi que ce soit, réglant leur différents dans un silence entrecoupé de bruits de lames qui s’entrechoquent, de respirations, d’efforts. Shingo était très attentif à la danse des deux hommes, tandis qu’Utara attendait un dénouement sans trop y prêter attention. L’un des pieds du milicien toucha l’eau, et les deux s'arrêtèrent pour se remettre en position sur le sec. Takeda attendit que Miren tente de l’attraper par le col pour se saisir de sa main et le tirer vers lui en pivotant tout en assénant un revers de sa lame qui se bloqua à mi-chemin dans le torse du milicien.

Au sol, le gardien du village agonisait, ouvrant la bouche alors que le sang commençait à affluer dans son poumon. Les deux combattants restèrent dans une position tragique, l’un supportant l’autre gisant dans ses bras, presque désolé. “Il ne manquerait plus que les deux soient frères”, pensa Utara, alors que Miren rendait son dernier souffle, liquide. Takeda se leva, regardant les deux spectateurs.
-Et maintenant ? demanda-t-il.
-Maintenant, on emporte ton adversaire pour réclamer ta prime. Tu change d’apparence aux mieux de tes capacités, pour le reste tu te débrouille pour pas te faire attraper, tu change de nom, tu explique à ton village pourquoi tu es revenu, que tu a affronté deux ninja criminels avec ton ami, que lui a pas réussi à s’en tirer et qu’ils l’ont kidnappé. Tu évites de donner notre apparence, après tout c’est grâce à notre clémence que tu es encore en vie.

Takeda tendit le couteau, pommeau vers Utara.
-Ah et j’oubliais, prononça la femme en blanc avant d’attraper son arme. Tu devra t'acquitter d’une tâche équivalente au fardeau que tu a causé.
-Comment ça ?
-Tu a pris un vœu solennel envers ton Daimyo de le servir lui et ses forces armées jusqu'à ce que la vie t’abandonne. Tu ne pourras jamais retourner là-bas, aussi la solution la plus simple est qu’il te faudra envoyer ton premier né pour complémenter l’armée de Mizu.
-Ils ne me pardonneront pas pour autant, nota Takeda.
-Peut-être, mais si tu préfères que je change d’avis et que je te tue sur le cha…
-Je comprends ton intention, désolé, ton arrangement me parait juste. Je ne m'attendais ni à trouver des gens sur mes traces aussi vite, ni à ce qu’ils comprennent pourquoi j’ai agi comme je l’ai fait.
-Ce n’était pas bien compliqué de te suivre hier, expliqua la femme en signant. Arcane secrète de la terre, relief pudique.

Tapant du pied au sol, un mur de pierre s’érigea près du corps inanimé. Le déserteur s’écarta et Utara s’appuya d’un pied contre le mur le faisant basculer sur le cadavre. Recevant la masse sur son visage, la tête éclata presque, s'amochant suffisamment pour qu’il soit méconnaissable, presque insaisissable également, tant la bobine risquait de céder au cou ou ailleurs. Tout le monde ou presque eu une réaction de recul face au résultat.
-Tu devrais t’éloigner du village quelques jours avant de revenir, conseilla Utara. Le temps que l’information circule comme quoi notre contrat a été réclamé. Disons une semaine ou deux. Ça sera suffisant pour laisser pousser moustache et cheveux, les maigres types qui auront gardé ton visage en tête ne te reconnaîtront probablement pas.
-Merci pour vos conseils.

---

Utara chargea le cadavre sur son épaule et commença à s’éloigner d’un pas léger vers le lieu où se trouvait le lieutenant qui récompensait la capture ou la mort. Shingo la rejoignit, et après quelques lieues, terminèrent leur mission sans anicroches.





Kaizen Utara
(#)Mar 1 Juin - 13:03
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