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 la pêche au gros poisson [C]
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Rengeki Kukan
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 la pêche au gros poisson, Tour 1

Pätibulaire, la bête massacrait le cadavre d’un gibier ayant l’air bien trop imposant pour lui. Depuis quelques jours dans cette forêt, l’on disait qu’un monstre sauvage, un indomptable démon, impossible à capturer, tuait des proies difficiles, voire des prédateurs, et s’enfuyait comme une ombre. Un cerf était une créature difficile à chasser pour un seul être, même les loups s’y mettaient à plusieurs, avec le risque de mourir d’un empalement impromptu. Mais lui n’en avait que faire et lui avait déchiré la gorge d’un coup simple avant de se repaître de sa chair, encore chaude, contrastant avec la rosée du matin. La rumeur se répandait vite dans cette contrée aux frontières de plusieurs pays, les gens supputant qu’il s’agissait là ou bien d’un monstre, ou d’une arme shinobi, ou peut-être même d’une malédiction. Bien sûr, son pelage, aperçu ça et là dans les fourrées évoquaient la rançon de l’or, une chose que nul ici ne désirait pas.

Kukan avait bien entendu été au centre des rumeurs, les alimentant malgré lui en abusant de son retour à la nature, massacrant sans pitié aucune des créatures bien plus grandes que lui. Il avait festoyé, chaque jours ou presque, décimant, dormant, flânant dans les bois dans sa forme bestiale au pelage scintillant. Aujourd’hui encore, la créature, maligne, suivait la piste laissée par une proie médiocre, un renard qui furetait sur son territoire en quête de petites proies. Son chemin le menait tout droit à la tanière de la petite bête qui se croyait tout permis. Mais le destin mit autre chose devant le museau du glouton. L’odeur de corde, devant lui, avec un parterre de feuilles suspect. Les oreilles se redressèrent, et la créature se permit ce qu’il pouvait pour produire un simili rire. De son ouïe animale, Kukan perçut le bruit subtil d’un arc bandé avec moulte force, aussi esquiva-t-il d’un bond en arrière, droit dans un buisson avant d’entamer son retour à l’humanité. La flèche rippa sur le sol, craquant légèrement au passage et finissant sa course brisée contre un arbre.

Les oreilles de la bête étaient formelles, et quand le colosse sortit du buisson, nu, les deux personnes qu’il avait entendues descendre des arbres le pointaient de leurs lances, avant de réaliser avec stupeur la réalité.
-Vous me voulez quelque chose ? demanda calmement Kukan, deux mains en l’air pour signifier sa reddition.

Le regard des deux personnes se posèrent sur le même endroit, la masculinité assumée d’un titan peu prude. D’un côté le rouge monta aux joues d’une femme, de l’autre, la gêne flagrante frappa celles d’un homme, mais Kukan lui n’était pas tellement déboussolé par sa nudité.
-Je peux baisser les bras, ou bien vous voulez vous rincer l’oeil un peu plus longtemps ? plaisanta l’homme.
-Où est la bête ? demanda un troisième qui arrivait. Qu’est ce que vous fouuuuuuuuuu…

Frénétiquement, la femme hocha la tête dans la direction de Kukan qui haussa les épaules avant de pointer ses oreilles.
-Je suis la bête. Vous vouliez me faire la peau je crois ?
-Ca me parait un peu compromis, chef… constata l’archer qui descendait également.

Pour parachever le tableau, une blonde sortit de derrière l’arbre où s'était embusqué l’archer. Elle n’avait aucune arme sinon sa beauté et Kukan tomba rapidement sous le charme, au point d’exclure le reste de la troupe. Soudainement plus gêné de sa nudité qu’auparavant, il traversa le buisson en sens inverse, n’affichant que son dos au groupe.
-Il faudrait qu’on vous dise, vous chassez trop… monsieur, fît le chef après une hésitation.

Sans doute que la carrure du colosse jouait en sa faveur. Il baissa légèrement la tête et se souvint simplement quoi faire par la suite.
-Si vous voulez bien m’accompagner, je pense que je peux justifier mes actes.
-Si vous le dites, accepta le chef. Ne baissez pas vos armes vous autres, commanda-t-il alors qu’il relevait son arbalète.
-La confiance règne, constata sarcastiquement Kukan.
-Si vous ne pouvez pas vous justifier, il faudra bien qu’on ramène le coupable de chasse intensive.
-Mais chef, c’est un métamorphe, c’est pas un peu risqué ?

La femme à la lance avait un physique des plus banal, mais sa voix était des plus savoureuses, les oreilles de la bête étaient en plein délice.
-Il sait à quoi s’en tenir, si il se transforme ou fait quoi que ce soit autre que tendre ses mains en l’air et marcher, je lui planterait un carreau dans son cul.
-Ce serait dommage pour Rena, elle à l’air particulièrement intéressée par la peau de “la bête” depuis qu’elle est lisse.
-Ta gueule, Kiruku ! moucha la femme à la lance en s’adressant à son homologue masculin.

Kukan les mena à une grotte imposante.
-Stop ! Tu ne penses quand même pas qu’on va se faire avoir par un tour aussi simple ? demanda le chef, hargneux.
-Quoi, c’est ma grotte, bon c’est pas le comble du luxe, mais ça fait l’affaire quand on a pas besoin de vivre en société.
-Un ours habite dans cette grotte, on l’a vu y’a pas deux jours de cela, indiqua Kiruku.
-Ah, lui ? Je l’ai tué.
-Mais… Tu as une arme ou quelque chose ? interrogea curieusement Rena.
-Non..
-Il a dû utiliser sa métamorphose, histoire de se changer en ours aussi, expliqua le chef.
-Je ne peux prendre l’apparence que de l’animal que vous traquiez. Mais pour répondre à votre interrogation, non, même pas, je l’ai tué à main nues.

Les mains se crispèrent sur les armes sous l’effet de la terreur que lui inspiraient le fait d’arme et quand Kukan entendit le clac d’un mécanisme, il leva une jambe, les deux mains en l’air par peur de prendre un projectile perdu. Par chance le bras du chef était presque au repos et le carreau ricocha à quelques centimètres de l’arbalète pour se diriger vers le ciel après avoir heurté le sol.
-Détendez-vous ! J’veux pas mourir bêtement en me faisant abattre par erreur ! s’exclama Kukan avec une voix plus aiguë qu’il ne l’aurait voulu.

Une fille pouffa, et d’un coup d'œil rapide, le colosse pu voir qu’il s’agissait de la sublime blonde derrière le cortège. Kukan reposa son pied au sol et se dirigea vers le fond de la grotte, en sortant quelques minutes après avoir enfilé des vêtements.
-Et donc ? demanda le chef.

Kukan leva un bras, relâchant à demi une cordelette au bout de laquelle était suspendu son sabre familial.
-Je suis Rengeki Kukan, Fils adoptif de Rengeki Kenji, membre du clan Rengeki, régent local d’une des provinces de Kawa. Par filiation, j’ai le droit de m’approprier tout gibier qu’il me sied avoir, tant qu’il pâture dans le territoire de ma nation.

Les regards s'agrandirent et ils se questionnèrent les uns les autres silencieusement, puis verbalement.
-Qu’est ce qu’on fait ?
-C’est un noble, merde.
-On la menacé.

Le colosse laissa tomber le sabre au sol puis leva une main.
-Ce n’est pas grave, je n’aurais peut-être pas dû abuser autant de mon privilège et de mon don naturel.

Le groupe se répandit en courbettes, et après s’être concertés un moment, partirent dans la même direction. Les oreilles chafouines du colosse avaient perçu des bribes du conciliabule, et il les suivit de très loin, via leurs traces.
-Un autre monstre, peut-être une créature telle que moi, hein ? Ça vaut le coup d'œil, murmura Kukan pour lui-même. Je suis bien repu, mais je ne dirais pas non à un dessert, ou à une entrevue avec cette jolie blonde. Quoi qu’il arrive je crois bien que je suis gagnant, alors en route.


Rengeki Kukan
(#)Sam 15 Mai - 14:05
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Un petit problème de canalisation, Tour 2

Sur la piste du groupe, le colosse flânait légèrement, pour éviter de presser l’allure et de se retrouver malgré lui embarqué dans un nouvel ennuis. Il était clair que vu la description hâtive qu’ils en avaient fait, l’appelant monstre marin, il s’agissait d’une créature vivant dans l’eau, simplement. De ce côté-là de son territoire, Kukan savait qu’il y avait un lac, qu’il avait exclu volontairement pour éviter des rencontres fortuites avec les nombreux pêcheurs sur le site. Maintenant qu’il avait une idée d’où se trouvait le monstre, il pouvait se permettre de s’éloigner de sa piste, même si cela voulait dire s’éloigner d’une femme attirant son attention. Il valait mieux être prudent, les chasseurs de monstres avaient l’air à cran et pas franchement très patients. Sans nul doute que pour ne pas finir en carpaccio de fesse, le grand homme devrait faire bande à part et se trouver son propre moyen de trouver le dit-monstre.

Changeant de cap, il traversa une, puis deux clairières, un cairn, et se retrouva nez à nez avec une maison après avoir dépassé un énorme arbre. Faite d’un bois simple, de manière rustique et assez typique d’une maison de campagne, avec ce que cela implique de lasure au reflets apaisants, de teintes chatoyantes bleues pâles, aux plantes cultivées avec soin. C’était, comme un petit coin de paradis, côtoyé un peu plus loin des reflets du soleil sur les eaux bleues du lac d’où partait deux sentiers invitant à faire des promenades sur ses bords. L’image était si belle que le colosse s’adossa contre l’arbre, puis glissa au sol, ébahi.

Cette scène à lui couper le souffle ne s'arrêta pas là, ses yeux s’attardèrent sur la fenêtre visible de son point de vue, apercevant une sublime femme, presque nue enveloppée de soie translucide. Chétive, petite, elle avait une apparence qui soulignait d’une innocence sa candeur intérieure, sa fragilité. Sans même esquisser un geste, sans même prendre le temps de respirer, le corps de Kukan fut pris d’une envie de la protéger, de la chérir, mais elle n’était pas seule. Lui aussi était beau, dans son genre, quoi qu’un peu hésitant quand il franchit la porte de sa chambre. Son amant était vêtu d’habits simples, mais élégants. Il n’était pas trop musclé, suffisamment pour paraître masculin malgré sa longue chevelure et son visage androgyne. Tel un voyeur involontaire, Kukan regardait tel un enfant surprenant ses parents dans l’acte. Ils se caressaient, se frôlaient, s’embrassaient, se déshabillaient des yeux, des mains. C’est elle qui l’attira dans le lit, l’invitant à prendre place entre ses cuisses et Kukan, un peu gêné de regarder, détourna le regard, le cœur battant à tout rompre.Quelques secondes se passèrent dans le silence, puis un raffut fît interruption. Le colosse leva les yeux pour constater que l’amant était partit, délaissant sa moitié qui se tenait, couverte, avec un bras tendu vers la porte, attristée. Kukan se demanda si tout cela n’était pas de sa faute, mais quand il aperçut l’amant se prostrer sur les marches du perron de l’habitation, les deux mains sur le visage.

Le colosse avait peur d’avoir compris la situation, mais par compassion il se leva pour aller s'asseoir à côté de l’homme en pleur pour lui passer une main sur le dos. Celui-ci eut un geste de recul mais s'arrêta pour reprendre ses lamentations. L’homme était désolé pour lui, mais il n’avait pas grand chose pour l’aider. La femme de se dernier ouvrit la porte pour les découvrir tout les deux, Kukan lui accorda un regard puis le détourna, hochant brièvement la tête pour la rassurer. Elle s’approcha de son amant et s’allongea à ses côtés pour se blottir contre lui et le colosse se sentit de trop et s’éloigna. Il arriva devant le lac, puisant dans son reflet pour calmer ses émotions. Étonnamment, il avait l’impression de lui-même être impuissant, d’une manière très ironique. Il serrait les poings quand la femme vint le voir. Sa présence l’étonna, son parfum arrivait à le détendre en revanche, ce qui était une bonne chose, il s’était attendu à frapper la première chose à sa portée.
-Merci de vous être soucié de mon mari.
-Je suis désolé de vous avoir surpris dans l’acte, et encore plus de ne rien pouvoir faire pour lui, pour vous.
-Vous…

La voix de la femme était hésitante, évoquait autant la surprise qu’une pointe de méfiance.
-Comme j’ai dit, j’en suis désolé, je cherchais à rejoindre le lac sans tomber sur un groupe, je suis tombé par hasard sur votre paradis, au mauvais moment.

La femme eut un soupir de soulagement, resta là sans rien dire et se retira dans un silence pesant, le laissant seul avec ses reflexions et sa reflexion. Il attendit là bien une heure à contempler ses cheveux se faire malmener par un vent frais, à regarder ses oreilles poindre au moindre bruit, à attendre que son coeur lui dicte de faire autre chose que de patienter là bêtement. Finalement, une autre tête arriva, proche de son reflet, celle de l’homme qu’il avait tenté de réconforter.
-Je décois ma femme, j’arrive même à attrister quelqu’un d’aussi fort que vous, à quel point ma vie doit-elle être misérable ? demanda l’inconnu avec une certaine mélancolie dans la voix.
-Il y a des choses contre lesquelles la force ne peut rien, lâcha sans détour Kukan. Votre femme souhaite vous supporter, quoi qu’il arrive. Si son désir avait été de faire autrement, sans doute qu’elle serait partie, votre misère n’est peut-être pas tout à fait aussi désespérante que mes espoirs ou les siens.
-Les siens ?
-Cette condition vous afflige, mais par extension cela la touche aussi, mais pas forcément à cause de la crainte de ne jamais pouvoir vous faire l’amour.
-C'est-à-dire ?
-Et bien, elle aura probablement peur de jamais vous voir satisfait de vous-même. Je ne vous connais pas, mais elle doit souffrir de vous voir souffrir.
-Sans doute…
-Je me mêle sans doute de ce qui ne me regarde pas, pas, mais si c’est récurrent, peut-être qu’il vous manque un je-ne-sais-quoi d’extérieur pour vous mettre en jambe.
-Je, oui… c’est récurrent, mais rien à faire…
-Je me vois mal vous proposer de faire rentrer d’autres partenaires, j’ai fréquenté suffisamment de personnes pour voir que ce n’est ni votre genre ni ce qu’il vous faut. Vous vous désirez, ce n’est pas la question, le souci vient sans doute de votre corps.
-Les remèdes habituels ne fonctionnent pas, rien ne… Hhhh.. Ce n’est pas les moyens qui me manquent, mais des solutions… Quoi que..
-...
-Le monstre du lac.
-Le monstre du lac ?
-Cela fait un moment qu’on en parle dans la région, c’est… On dit qu’il peut servir d’aphrodisiaque.

Kukan avait presque laissé échapper un soupir septique. Ce n’était pas rare que l’on considère qu’un animal rare pouvait avoir des propriétés exceptionnelles, cela arrivait même que ce soit réellement le cas, mais c’était souvent de la poudre au yeux. Cela dit, le colosse avait envie d’en savoir plus sur ce monstre marin, pour voir si il y avait un lien avec son origine.
-Vas pour la chasse au monstre, ou je devrais dire la pêche, j’imagine, se décida Kukan.
-Je… Vous voulez vraiment attraper cette créature ?
-C’est la seule chose que je pourrais faire pour vous, en fait.
-Mais pourquoi nous aider ?
-J’ai envie… Vous voir tout les deux entériné dans ce problème me casse les pieds, j’ai envie de faire quelque chose pour vous.
-Je ne sais pas comm… De l’or, ça vous irait de l’or ?
-Je m’attendais pas franchement à grand chose, s’excusa nerveusement le colosse en se frottant l’arrière du crâne. Mais si vous voulez.
-Très bien, venez dormir chez moi, vous pourriez commencer demain, et on aurait l’occasion d’en parler, j’ai déjà des informations sur lui, même si ma femme n’est pas… vraiment… au courant.
-A la limite gardez la chose secrète, dites lui juste que je m’y suis intéressé, vous aurez tout le temps de me parler de vos informations comme si il s’agissait de rumeurs.

L’amant avait un grand sourire quand il rentra avec le colosse.


Rengeki Kukan
(#)Mar 18 Mai - 16:26
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Nature, Pêche et traditions, Tour 3

La femme de l’impuissant possédait un talent redoutable pour la cuisine. Après s’être reposée la journée durant dans le petit nid d’amour, il avait décidé de s’installer dans les combles pour ne pas gêner les deux tourtereaux. Le sol était dur, mais l’air était frais, comme ses idées claires sur l’instant. Il trouverait cette bête demain, quoi qu’il lui en coûte.

Le lendemain fît son apparition plus tôt que prévu, certe la lumière ne parvenait pas la haut dans les combles de la maison, mais l’humidité, le froid apporté par la rosée tout autant que le lac filtrait à travers les tuiles comme de nombreuses perles dans les mains d’un marchand. Frissonnant, le colosse se leva d’un bond et descendit via une trappe, attrapant les appâts prévu par son acolyte la veille pour traquer la bête. Kukan fixa le lac depuis le perron, l’univers jouait avec sa surface, autant la lumière qui s’y réfléchissait, empourprant ses eaux d’un rose prononcé par les nuages alors que le soleil se levait tout juste. L’air ondulait sur les vaguelettes, même les poissons y respiraient, créant de petites bulles éparses et silencieuses. Pour accompagner ce spectacle visuel, le chant des oiseaux du matin, de la chouette pas encore couchée au pinson tout juste levé, avec un pic-vert très lointain pour assurer la percussion.

Tout cela enleva un poids émotionnel énorme au colosse qui resta là, ému par la nature quelques instants. Il n’avait qu’un désir, ne faire plus qu’un avec cette nature. Il avança donc vers le lac a petits pas, presque avec la peur que tout s'arrête à son intrusion. Il déposa son seau de fer contenant les appâts, avança encore. Il retira sa veste, la laissant glisser sur ses muscles mis à nu devant le soleil, puis son pantalon dans la foulée suivante. Il marqua la pose, retirant ses bottes, puis entra dans l’eau.

Glacée à en couper le souffle, à en couper l’envie, mais en même temps, tentatrice, comme l’inconnu. Le géant prit une inspiration en se retournant, aperçut le couple au pas de la porte, leur sourit et se laissa glisser en arrière, accompagné par les remous. Le chant des oiseaux était encore plus doux sous la surface, tout comme les jeux de lumières, seule la fraîcheur et des profondeurs du lac laissaient planer les silhouettes de la solitudes et de la mort. Kukan se retourna sous les eaux, ressortant la tête pour prendre une grande inspiration et retourner paisiblement dans les abysses.

Si bête il y avait, elle devait aimer ce cadre paisible. Si bête il y avait, elle devait manger, à satiété, Kukan pouvait en attester au toucher. Dans l'immensité du lac, planait, sans même le frôler, les ondes provoquées par les plus petits, les plus chétifs. Sans même la voir, le colosse aurait pu tendre la main, attentif à ses sensations, et saisir la vie même qui foisonnait dans l’ombre. Si bête il y avait, désormais elles étaient deux, pensa Kukan avant de remonter à la surface pour rejoindre la berge.

Alors qu’il se levait après avoir franchi le bord, le colosse pu entendre un rire mutin se lier aux chants des oiseaux. Orientant ses oreilles, il lui semblait que le son provenait de la forêt, d’ailleurs aucun des deux tourtereaux ne semblait rire, plutôt gêné par la nudité du géant. Interchangeant son apparence par deux fois, il revint vite à un état presque sec, pour pouvoir enfiler à la hâte ses habits délaissés, puis il avisa le seau. Il se retourna, fixa le lac, se perdant dans ses réflexions tout autant qu’il en oubliait le rire.
-Cela ne me sert à rien, il mange tant qu’il le souhaite. Ceux qui l’attrapent ne le font que par procuration, en attrapant la proie de leur proie au moment elle-même s’en saisit. C’est pour cela que personne ne s’en saisit, il est trop malin pour se faire piéger par son appétit, compris Kukan en récapitulant son expérience dans le lac et en tant que bête. Il aime le calme, peut-être que l’instabilité le fera sortir. Peut-être que c’est cela qui le pousse à attaquer les pêcheurs mais il les tue, les noie ou les mange, je ne suis pas sûr de le défaire du premier coup, et si je me rate, il faudra peut-être plusieurs mois pour qu’il réaparaisse…

Tandis qu’appâts, poissons, pêcheurs et lignes se confondaient avec des bêtes dans son esprit, une femme fît son apparition, et si il se souvenait bien…
-Rena, c’est cela ? demanda Kukan à la femme en question.
-C’est cela, on dirait que vous rafraîchir ne vous met pas en valeur.

La dénommée Rena fixait tour à tour le pantalon du colosse, puis ses cheveux. Celui-ci fut légèrement décontenancé, puis retourna la situation d’un sourire.
-Les femmes sont bien plus douées pour se rafraîchir j’imagine, je tournerais le dos si cela vous est gré.

Ce fût au tour de la femme de passer un peu de rouge sur ses joues. C’était assez osé, elle aurait pu le gifler pour cela, mais l’autre type qui l’accompagnait la veille semblait tout autant la piquer que lui, elle devait être habituée. Remettre une couche la remettrait sans doute à sa place.
-Où alors tu constatais cela juste pour me provoquer, dans l’espoir que je me réchauffe et me mette en valeur à tes yeux ?
-...
-Ca, ou tu voulais me réchauffer to…
-C’est bon, j’ai compris, stop.
-Comme il te plaira, répondit avec un sourire le colosse. Je suppose que tu n’es pas venue là que pour te moquer de mon physique.
-On a pas pu s'empêcher de voir que tu étais venu, à vrai dire, certains d’entre nous somme déçu que tu nous ai suivi.
-Vous m’avez bien pourchassés et suivi jusqu’à ma grotte, j’ai bien le droit de me dédommager, non ?
-Vu comme ça.
-Par ailleurs, vous ne l’avez toujours pas trouvé, je crois.
-Quoi donc ?
-Le monstre du lac.
-Tu nous a entendu ?
-Mes oreilles ne servent pas à faire joli, en fait. Alors ?
-Non, non on ne s’en est pas encore occupé.
-Confiante ? Vous avez un plan ?
-On patauge… avoua Rena.
-Patauge, ha.. Oooooh…
-Je sais, c’était pas terrible comme bla…
-J’ai une idée de comment le trouver.
-Mais encore ?
-Il va me falloir beaucoup de corde et des bras pour les tirer.
-J’ai les bras, mais pour la cor…
-Hééééééé !!! Vous auriez une grande corde !? gueula Kukan aux tourtereaux.

Le mari se leva, retournant dans la cabane. Pendant que Rena, elle, repartait vers la forêt. Chacun réunnit les ingrédients pour un plan un peu stupide mais possiblement un des seuls qui pourraient fonctionner vu l’intelligence de la bête. Pendant que le plan était en préparation, les divers membres de l’alliance temporaire se distribuèrent la récompense avec un accord de principes.



Rengeki Kukan
(#)Sam 22 Mai - 20:22
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Hurlements sous-marins, Tour final

Kukan avait une corde épaisse nouée sur les hanches, portait un seau plein d’appât et d’eau, recouvert d’un couvercle et s’approchait lentement du bord.
-Tu es sûr que tu veux faire ça ?
-Ne vous en faites pas, ça se passera bien, et au pire, vous me remonterez inconscient.
-C’est vraiment une idée stupide, commenta Rena.
-Peut-être mais vous avez pas mieux à proposer, et j’ai plus d’expertise sur le sujet que vous.
-Foutaises, on a chassé bien plus d’animaux rare que toi.
-Probablement, mais moi, je suis un animal rare.

La discussion était close, et le colosse respirait ses derniers volumes d’oxygène avant de partir dans les profondeurs. La femme de l’impuissant se rapprocha de lui un instant, lui tendant une bouteille en bambou.
-Pour ? demanda Kukan.
-Elle est vide, j’ai pensé que vous pourriez avoir besoin d’air une fois en bas.
-C’est… ingénieux, probablement difficile à opérer… Mais j’apprécie l’intention.

La bête tenta de fixer la bouteille tant bien que mal à sa ceinture, puis se tourna vers le groupe.
-Quand vous sentirez que je part d’un coup bref, tirez de toutes vos forces, ne vous en faites pas, le nœud coulant est nécessaire même si il me fera probablement mal au passage. Et avec tout ça, souhaitez-moi bonne chance.

Prenant une dernière longue inspiration, il se jeta à l’eau, chutant profondément, guidé vers la vase par le bocal d’appât. Fermant les yeux, ouvrant ses autres sens et développant une fourrure épaisse, il augmenta son propre poids avec l’humidité qu’absorbait son pelage. Ces poils n’était pas là que pour sa masse, mais également pour ressentir l’infinité de l’espace marin. Ces petites bêtes qui circulaient ça et là sortiraient bien plus facilement si attirées par les appâts. Kukan changea une de ses mains en patte acérée de griffes rétractiles et lacéra le récipient, libérant les arômes de la mort, de la nourriture. Comme appelées par les profondeurs, de nombreuses vies s’pprochaient alors pour avoir leur dû, ignorant la menace de la mort qui gardait son calme, figé dans l’espace liquide, en attente d’un moment propice pour frapper.

Lacérant sans distinctions, les pertes furent énormes, et l’odeur du sang, même diluée, même non respirée, était tout de même palpable dans la viscosité du moment. Si la lumière avait pu faire surface dans ses profondeurs, alors les eaux auraient pu paraître rouges, d’un rouge plus profond que le sang, plus brutal, entrecoupées d'entre-coupes de vies poissonnières. La nourriture n’importait pas au seigneur des lieux, tant qu’elle était abondante, mais si il s’avérait qu’une créature s’accapare une trop grosse partie de son vivier, là cela n’allait plus, c’était le constat que s’était fait Kukan en observant le milieu, en entendant l’histoire des pêcheurs supposés happés au fond. Avec cet acte cruel, le colosse à demi transformé espérait éveiller la colère du monstre, si pas, sa curiosité.

MUUUUUUUUUUOOUUUUUUUUUUUUUUUUUAAAAAAAAaaaaa…

La complainte avait l’air lointaine, mais l’eau était sans doute trompeuse. La créature savait, et après s’être couvert un instant les oreilles sous la pression du bruit, Kukan se mit à chercher son air en bouteille, il allait en avoir besoin pour le deuxième tour de son plan. Il débouchait la bouteille proche de sa bouche quand il se fit attaquer brutalement, sans prévoir l’attaque. La créature n’avait pas des dents très perçantes, il était sensiblement fait pour gober ses proies telles quelles, mais la douleur se fit ressentir quand même et, plus important, la bouteille de l’homme s’échappa de ses mains pour remonter vers la surface. Gesticulant sans raison, il semblait que Kukan allait devoir faire sans, mais surtout, il n’avait pas pensé à la possibilité qu’il finisse d’un coup d’un seul dans une bouche grande ouverte. La créature avait pris ses distances quelques instants et revenait à la charge, un des genoux du colosse percuta son propre nez, lui infligeant une souffrance terrible alors que son corps se repliait sur lui-même après avoir été saisi entre les deux mâchoires du léviathan. Une dernière tentative de bouchée pendant que l’homme se débattait avec ses sensations de douleurs eu raison de son corps. Il était dans le corps de l’autre bête, à moitié dans ses pensées de défaites, quand il sentit la corde se tendre et tenir bon, tout comme les dents de la créatures restaient fermées après le passage du colosse dans son ventre pour l'empêcher de sortir. Il ne restait pas beaucoup d’air dans ses poumons qui n’ait pas été vicié ou gaspillé pour hurler sa détresse.

“Je vais peut être mourrir ici, c’était vraiment une idée stupide.”, pensa l’homme, avant que la bête en son cœur l’assaille, lui hurlant sa rage de vaincre, lui pointant du doigt son instinct de survie. Il était acculé, il était en mauvaise posture, mais l’esprit de l’animal qui l’habitait réclamait sa survie, par tous les moyens.
Viciant l’air qui lui restait, Kukan déforma l’espace autour de lui, griffant, mordant, se transformant tour à tour dans des tourbillons de dents et de griffes, de dents et de poings, de pieds et de griffes. Sa conscience s’apaisait alors que la douleur du moment atteignait son paroxysme, son cerveau allait lâcher prise, ses muscles se détendre, mais en dernier espoir avant de sombrer, Kukan constata aux brûlures que la corde était toujours là…


-----


Sa conscience revint, faiblement, plus faiblement que la douleur qui le tirait de ce mauvais cauchemar pour le plonger dans un autre. Il ne se sentait pas bien, pas uniquement dû aux blessures, quelque chose l’habitait. C’est quand il pu ouvrir les yeux, écouter à nouveau, qu’il comprit la situation.
-Ils… commençait Kukan, d’une voix affaiblie.
-Ne parle pas, garde tes forces, tu reviens tout juste à toi.
-Combien de jours ? demanda le colosse, conscient que son état avait dû nécessiter plus qu’un petit somme et des bandages.
-Un jour complet, déclara la femme.
-Ils ont honoré leur part ?
-Ils sont partis avec, en pointant les armes.
-Je vois, où ?

Sans lui pour les protéger eux ou leurs droits sur la prime, le groupe de chasseurs de monstres avait dû prendre à partie les tourtereaux pour subtiliser l’entièreté du butin. L’homme ne pointa aucune direction, soucieux de l’état de l’homme, mais sa femme, elle, le fit. Kukan hocha la tête dans un signe approbateur. Sans nul doute que c’était déraisonnable mais il mit un premier pied à terre, puis une patte, et une autre, et une autre. Sous forme semi animale, il faiblirait sans doute moins vite, mais il lui fallait parer au plus pressé pour rattraper le groupe. D’un coup de museau il ouvrit la fenêtre puis sauta du premier étage, retombant sur ses pattes, il grimpa dans les arbres d’un autre bond, puis d’arbres en arbres en se fiant à l’odeur du poisson mutilé qui flottait dans les airs.

La corde avait fait du dégâts, il pouvait le sentir à chaque élongation de son corps, comme si une scie chauffée à blanc lui découpait le buste. Son nez n’était pas tout à fait en état, mais surtout, les miasmes des profondeurs du lac, autant que l’eau qui avait fini par rentrer dans ses poumons l’avaient passablement affaibli, sans doute infecté. La bête avait chaud, mais cette chaleur n’était pas due à l’effort, mais à une forte fièvre. Et quand il arriva près du groupe, celui-ci se tourna comme un seul homme pour l'accueillir avec agressivité.
-J’ai dit que je ne voulais pas me faire abattre par erreur, je ne compte pas me faire tuer non plus par vos actions irréfléchies. Plus que cela, je ne veux pas vous faire de mal, juste récupérer ce qui m'appartient.

Les chasseurs évaluèrent le nouvel obstacle qui s’imposait à eux. Il était mal en point, mais déterminé, il avait tué la bête dans son habitat naturel, bien que cela lui ait pris une journée d'en revenir. Le groupe n’avait eu qu’à le tirer hors de l’eau, à le larguer dans les bras des deux autres avant de partir avec le poisson. Mais… Cela était une autre paire de manches. Il avait survécu à tant de choses, qu’il était difficile, même pour les chasseurs de monstres, de deviner si leurs efforts combinés seraient suffisants.

Reprenant son souffle, la bête luttait contre ses infections, contre sa fatigue, il avait couru aussi rapidement que possible, créant des tensions supplémentaires, d’autres douleurs s’ajoutant aux précédentes. Il ne pouvait que bluffer en cet instant. Il n’avait jamais tenté l’expérience, parce que son apparence ne se prêtait pas au genre canin, tout au plus, il ressemblait à un petit ours sous forme animale, mais avec une demi forme, est-ce que son cri pourrait-être une stratégie viable ?

-J’imagine que vous me pensiez seul tout au long de cette histoire.. moqua Kukan, sa voix modifiée par son état et sa transformation partielle.
Griffant son piédestal, la créature brisa la branche sur laquelle il était assis, chutant brutalement. Ramassé, elle se redressa, penchant son corps en arrière, sous la douleur du moment, des instants précédant la chute de son espoirs face à l’autre monstre caché, de ses sentiments d’avoir été trahis, il hurla sa complainte dans le ciel, déclenchant le vol des oiseaux alentours, amenant, par sa seule voix, le silence.

---

Le couple fixait intensément le lac, blottit l’un contre l’autre sur le perron, inquiets de ne jamais revoir le colosse. La nuit tombait, l’espoir s’amenuisait, quand enfin sous les dernières lumières parsemant les arbres, un tête familière apparue, le rouge aux joues. Kukan avait pendu à sa taille la peau parsemée d’écailles de la bête, ou du moins un des deux côtés de sa peau. Ne retirant pas tout aux chasseurs pour les punir, le colosse avait été magnanime. Il avait coupé brièvement la bête, prélevant ce qu’il lui semblait juste et partant sans dire un mot de plus. En voyant les deux amoureux, il avait souri, ouvrant la bouche pour tenter de dire un mot, mais rien n’était sorti de sa gorge, sinon une toux douloureuse, signe qu’il n’avait pas brisé que l’extérieur de son corps dans l’opération. Il lui faudrait beaucoup de temps pour récupérer, mais pour l’instant s’échoua sur le sol, conscient que les deux sauraient le rafistoler. Sa mission était terminée, il pouvait bien s’offrir un peu de repos.


Rengeki Kukan
(#)Mar 25 Mai - 15:20
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