Aujourd'hui, c'est le grand jour. Enfin ma première mission importante, à enjeux, avec des risques, avec du suspens, avec des rebondissements et des coups de Trafalgar. Enfin, c'est en tout cas ce que je m'imaginais dans ma tête, enfilant mon juste au corps jaune pisse et mes gants rouges pétants. Pour l'occasion, j'avais même revêtis ma superbe cape que je gardais exclusivement pour les grands moments. Elle était à l'effigie de celle du Capitaine Tempête - mon héros favori - du coup, je pouvais pas me permettre de la sortir tous les jours, c'était quand même une pièce rare de ma collection. Mais aujourd'hui, je vais escorter un noble de Hi. Vous vous rendez compte? Un noble! Les nobles, c'est ceux qui ont de la thune, c'est ceux qui te noient sous les diamants et l'or quand tu travailles pour eux, c'est eux qui dirige le pays avec le putain de thune. Oh, l'excitation est présente, j'ai l'impression d'être dans le tome "Capitaine Tempête contre la Mafia Nébuleuse". Là, on y est, là on rentre dans le vif du sujet.

Bon, ok la mission est cool et importante, mais à priori, je dois juste escorter un mec blindé de thune qui va faire son footing en montagne. Enfin, quand je dis escorter, je dois même rester à distance et surveiller ses arrières. En gros, il va sans doute jamais me voir. Mais, le village avait quand même décidé d'envoyer deux Genins pour cette mission, ça veut dire que le risque n'est pas nul. Et moi, j'adore le risque. Je finissais de préparer mes affaires, quelques outils ninjas de première nécessité qu'on nous avait fournie, et un petit paquet de gâteau fait de la veille. Ouais, j'aime bien la cuisine. Vous croyez que c'est le vieux croûton alcoolo qui prépare à manger pour son adorable petit-fils? Non non, loin de là.

Comme à l'accoutumé, malgré l'excitation de cette mission, j'avais déjà bien dix minutes de retard. Pas de temps à perdre, fallait pas que ça parte mal dès le début, surtout que ma collègue devait être déjà présente sur les lieux à s'impatienter. Et faudrait pas non plus que je froisse les gardes du noble, pas envie de me retrouver avec la mafia au cul moi. Je sortais ainsi de la vieille bâtisse, faisant quelques bonds sur place pour m'échauffer. 3...2...1... Let's fucking go!

J'arrivais donc aux portes du village en moins de temps qu'il faut pour le prononcer. Bon, j'abuse un peu, mais j'ai été vite quoi.

« Yo! Désolé du retard, j'avais des trucs de shinobis à faire sur la route toussatoussa! J'suis prêt maintenant on peut y aller! »

Tiens, un visage m'étais connu dans tous le petit groupe. Oh cool, c'était la généreuse femme qui m'avait filée son repas alors que j'étais aux portes de la mort. Plutôt content que ce soit elle ma partenaire du jour, mais faudrait pas qu'ils nous arrivent trop de merde, parce qu'elle a quand même pas l'air très forte.

« Hey! Content de te voir ici, je vois que t'as réussi à devenir shinobi finalement! Trop cool! Par contre... Tu peux me redire ton prénom déjà, j'ai oublié depuis la dernière fois.. »

Missive:

[/justify]Elle était vraiment sympa cette Shirayuki. En plus de me filer une bonne partie de son repas l'autre jour, voilà qu'elle avait cernée le potentiel de futur super-héros que j'avais en moi. « futur-héros-san », ça, c'était la classe. Mais le "futur" viendrait bientôt à disparaître, pour laisser place à la légende que je suis. Mais je pouvais la comprendre, elle n'avait entendu que mes paroles et n'avais encore jamais vu un super-héros à l'œuvre. Ca tombait bien, aujourd'hui, il était temps de fidéliser ma première fan. Qui sait, peut-être qu'elle monterait un fan-club après qui scandera mon prénom à chaque fois que je pars en mission, m'acclamant de toute part et voulant caresser mon crâne chauve, c'était décidé, aujourd'hui je rentrais un peu plus dans la légende.

Une calèche venait de faire son apparition alors que les deux acolytes du jour se souriaient amicalement. Cinq personnes en descendirent et au vu de leurs atours et autres vêtements de luxe, nul doute qu'il s'agissait des commanditaires de cette mission, le noble et sa clique. C'était finalement celui avec la tête de con qui s'approcha en premier, il avait tous l'air d'être de ceux qui pètent plus haut que leur cul, son air hautain et suffisant le trahissait à des kilomètres. Mais bon, tant pis, je connaissais un peu le comportement des nobles, rien d'étonnant jusque-là.

Par contre, à la fin de ses dires, encore plus hautain que sa vieille face, mes poings se serrèrent tout seul, je ne pouvais le laisser dire que je n'étais pas fort. Ma collègue encore, je comprends qu'on ait des doutes sur sa force physique, mais jamais, ô grand jamais, je ne laisserais quelqu'un douter de mes capacités. J'avais lutté toute ma, courte, vie pour avoir ma place dans la société sans qu'on doute trop de moi. On pouvait se moquer de mon crâne chauve, de ma tenue excentrique, de ma manière de parler et de mes réactions, mais jamais de mon potentiel. Je m'approchais alors de l'émissaire avant que celui ne fasse un pas en arrière, ma dextre attrapa sa manche.

« Hey toi là... »

Alors que mon envie de lui rentrer dans le lard se faisait de plus en plus oppressante, un léger coup d'œil en direction de ma camarade du jour me fit redescendre sur terre. C'était sa première mission, ses premiers pas en tant que shinobi, elle croyait en mon potentiel. Non, je ne pouvais pas me réduire au niveau du jeune effronté et lui mettre mon poing dans la face. Déjà, pour le bien de la mission et ma place en tant que shinobi, mais aussi pour l'image que cette femme se faisait de moi. Ma main lâcha alors sa veste, le laissant repartir vers son entourage.

« C'est bien ce que je pensais... »

Putaiiiiin! Son air suffisant me sortait déjà par les yeux, j'avais envie de l'enclencher sur place. Mais bon, restons professionnel. Mon acolyte se tourna alors vers moi, se demandant comment agir à plusieurs mètres de distance.

« Le mieux, c'est qu'on passe devant eux, comme ça, on balaie tous les obstacles pour qu'ils montent pépère ce fils de riche... »

Sans attendre ma comparse, je me mettais en route, il nous fallait arriver avant eux au pied du Mont Kagirinai. Plus vite cette mission serait effectuée, plus vite je pourrais oublier sa face de con. [/justify]

L'ascension avais déjà commencé depuis de longues minutes maintenant. La colère était redescendue aussi vite qu'elle était apparue. Pourtant, dès lors que je tournais la tête en direction du petit groupe familiale emmené par cette face de con, les nerfs montaient, mes poings se crispaient, c'était sûr, je détestais les fils à papa né avec une cuillère en argent dans le cul. Je sais plus si c'est exactement ça l'expression, mais vous m'avez compris. Avec ma partenaire nous avions donc choisi de marcher devant eux, ce qui était une bonne chose, me taper l'ascension d'une montagne en ayant pour seul paysage les fesses des clients, ça m'aurait bien emmerdé.

Il n'y avais pas à dire, le paysage était magnifique. Plus nous grimpions, plus la beauté de l'horizon augmentait, nous laissant contempler l'infini espace du Pays du Feu, entre montagne et forêt, nous arrivions bientôt à hauteur des nuages. Ma cape volait au vent, je gardais le torse bombé et le dos droit, marchant vaillamment en tête de peloton. Là, je m'y croyais, j'étais un héros, j'étais celui sur qui on comptait en cas d'imprévu, en cas de rebondissement improbable dans cette simple randonnée. Pourtant, mon corps commençait à trembler, mes muscles s'engourdissaient... Ouais, je me les pèle.

Un simple cri, comme adressé à des bêtes, nous faisait nous stopper, moi et ma camarade. Le petit groupe, déjà essoufflé par l'ascension, avait décidé de s'arrêter quelques instants. Quelle bande de faible, même pas une once de fatigue en moi, et Shirayuki, malgré son frêle physique, semblait encore en pleine possession de ses moyens. Ok, l'entraînement shinobi ça paie, mais ils sont quand même bien faiblard. Tels les moutons que nous sommes pour ces riches nobles, nous nous arrêtions également, mon regard alternant entre le paysage magnifique, et le visage du fils de riche. La pilule n'était finalement pas passée. Ma collègue, elle, commençait à sortir quelques affaires, bien plus préparées à cette randonnée que moi, tremblotant de froid, avant d'ouvrir la discussion. Mon visage était figé, mon expression semblait s'être mise sur pause. Ok, le froid m'avait eu, je ne pouvais plus bouger.

« N-n-n-on n-non... P-p-pas f-f-roid.... »

Malgré l'air gelé qui avait figé mon corps, je voulais rester digne de mon statut, ne pas faire croire à ma camarade que j'avais complètement négligé cette randonnée en montagne. À vrai dire, je n'avais même pas réfléchi à la température qu'il y allait avoir aujourd'hui, je ne savais pas non plus combien était haute cette montagne. J'avais juste lu la mission, enfilé mon costume et fait quelques gâteaux. Luttant contre les éléments, je mettais ma dextre dans l'une de mes poches, en sortant deux petits gâteaux. J'en tendais un à Shira, je lui devais toujours un repas.

« T-t-t-tiens. »

Le froid me faisait bégayer comme une grosse victime. Mes dents claquaient les unes contre les autres, si bien que l'on aurait pu croire qu'un troupeau d'animaux enragés nous fonçaient dessus. Tiens, bah non, en fait c'est pas que le bruit de mes dents. Ma tête se tournait vers la gauche.

De la poussière, un véritable nuage, semblait descendre la montagne par le chemin sur lequel nous nous trouvions. Les nobles ne semblaient pas avoir remarqué le spécimen, je ne savais pas ce qu'il en était pour ma camarade, si elle s'en était rendu compte ou non. Bientôt, mon regard pouvait desceller l'origine de ce phénomène étrange.

« Groiiiiiiin-groiiiiiin! »

Un putain de sanglier, hurlant à la mort, semblait nous charger en dévalant la colline à vitesse grand V. Mon corps se mit à agir instinctivement, se redressant face à l'animal qui arrivait. Les yeux de tous étaient maintenant braqués sur moi, les nobles semblaient paniquer quelque peu. Pas de soucis, j'allais le dégommer ce putain de marcassin. Je me préparais déjà à lui mettre une énorme reprise de volée, le jetant directement dans le vide.

« Hein?.. »

Oh merde. Le froid. Le froid m'empêchait de bouger, j'étais pétrifié par la température, mon corps ne réagissait plus, mes articulations véritablement givrées. Je vis alors l'animal, arriver à ma hauteur, son groin arrivant au niveau de mes yeux. Et dans un fracas tonitruant, il venait me dégommer de toutes ses forces. Ooof, ça pique. Je venais d'effectuer un triple salto avant, non maîtrisé, avec réception face contre le sol. Le sanglier lui, continua sa course, évitant ma camarade et le groupe de noble pour finir par disparaître au loin. Derrière moi, je pouvais déjà entendre les rires des différents nobles, notamment celui du fils.

« Je vous l'avais dit, c'est un boulet ahaha »

Me redressant petit à petit, je revenais m'asseoir à côté de ma camarade, le visage tuméfié par l'agression de l'animal, et la fierté brisée.

« J-j-j-je veux b-b-ien u-une é-é-é-charpe... »

Fait chier.

Elle était vraiment gentille Shira. Tout le monde avait remarqué que je venais de me faire bolosser par un sanglier sans avoir pu réagir. J'avais beau avoir cette excuse du froid, personne me croirait et encore moins l'enfoiré de noble et sa troupe qui riait à gorge déployée en se remémorant mon salto avant réception visage. Mais elle, elle s'était rapproché de moi, sans rire, sans m'engueuler pour ma bêtise. Au contraire, elle avait trouvé mon acte héroïque, croyant que je m'étais mis face au sanglier pour encaisser le choc à la place des autres. Je ne savais pas si elle était vraiment sincère ou elle faisait simplement ça pour pas m'enfoncer encore plus, mais au moins, ça avait le mérite d'être super sympa. Elle n'avait peut-être pas le physique ou le courage pour être shinobi, mais au moins, elle avait le cœur, et c'était peut-être ce qu'il y avait de plus important.

Je me retrouvais donc assis là, l'ego brisé en quatre par ce phacochère de mes couilles. De la neige sur le front et une écharpe finissait de découper ma dignité. Plus aucun son ne sortait de ma bouche, moi et ma grande gueule avions fini par la fermer et prendre les moqueries à cœur. Ils avaient raison, j'étais le boulet de cette mission, j'avais beau faire le super-héros, le courageux et le téméraire, j'étais un bon à rien, juste bon à me faire passer pour un con et à me faire monter en l'air par un sanglier. Je laissais donc ma camarade gérer la suite de la mission et les décisions à prendre. Visiblement, elle connaissait bien cet environnement, la montagne, la faune et la flore. Les capacités physiques ne faisaient pas tout, une bonne préparation et une bonne connaissance de la nature était encore plus important ici.

« Merci Shira. »

Une simple phrase adressée à ma camarade, pour la remercier de sa gentillesse et de cette grosse écharpe qui avait revigorer mon corps congelé. Mon corps était plus en forme que jamais, mais mon mental lui, était en pleine chute libre. Sans vraiment chercher à aider ma partenaire dans cette joute verbale contre le noble qui n'en faisait qu'à sa tête, je me mis à suivre le groupe, direction la forêt de sapins.

Les heures défilèrent, nous étions toujours devant le groupe, prêt à affronter n'importe quel menace. Malgré mon état déplorable, ma mission n'était pas encore terminée et j'avais encore le temps de prouver ma valeur. Nous restions quand même à bonne distance du groupe, Shirayuki ayant manifestée la dangerosité de l'environnement et notamment des animaux sauvages. Et ce qui devait arriver, arriva. La nuit commençait à tomber, et avec elle, tout un tas de bruit, de présence fantomatique et autre sensation désagréable. Sans parler du froid, qui sans cette écharpe, m'aurait tué sur place. Les nobles commençaient quelque peu à stresser, sauf le boulet de fils de riche, qui, avec son énorme boulard, restait persuader d'avoir pris la bonne décision.

« Shira. Reste sur tes gardes, notre mission va devenir un peu plus difficile, j'ai l'impression. »

Une alerte à l'attention de ma camarade, sans pour autant me tourner vers elle. Mes yeux restaient rivés sur les alentours. Quelque chose se rapprochait, les buissons semblaient quelque peu bouger, et ce n'était pas la faute du vent.

Finalement, l'inévitable et le futur menaçant qu'avait envisagé ma partenaire pris finalement vie. La lune brillait haut dans le ciel. Malgré l'altitude non-négligeable et le froid polaire qui faisait frémir mon crâne chauve à découvert, le ciel semblait plutôt clément. Mais la menace n'était pas là. L'imbécilité et la grande gueule du noble à la grosse tête nous avaient mené tout droit dans un traquenard. Avec du recul et sans cette histoire de phacochère de mes deux ayant brisé mon ego, j'aurais pu appuyer les propos de ma partenaire et convaincre les nobles de ne pas s'enfoncer dans la forêt. Ici, nous n'étions pas les bienvenus, nous n'étions pas sur nos terres.

Cette terre, cette forêt, ce pandémonium sylvestre était l'habitat naturel de nombreux animaux, et parmi eux, les plus dangereux des prédateurs d'Hi no Kuni. Les loups des montagnes. Des monstres aux crocs acérés, à la bave acide, au poil aussi tranchant que des couteaux, aux yeux pouvant nous pétrifier sur place. Enfin ça, c'étaient toutes les légendes que j'avais lu dans un bouquin. En fait ça reste juste des gros chiens pas vraiment sympa qui ont la dalle. Et deviner qui est au menu du jour aujourd'hui? Une belle brochette de noble et une jeune ninja en devenir. Bah ouais, moi avec mes habits en latex fluo et mon crâne sur lequel reflétait la lumière de lune, je risquais pas grand chose. J'étais pas un met de choix pour ses démons, au pire, il me verrait comme un lampadaire, mais pas comme un repas.

Shira commençait déjà à se mettre en action, c'était la première fois que je pouvais voir ses pouvoirs en actions. Bien que mon regard restait rivé sur les étranges présences qui nous entourait, j'avais pu voir l'apparition de trois loups, à peine visible pour mes yeux d'humains. Je ne savais pas comment elle avait fait ça, mais la petite fille prude et un peu coincée était finalement pleine de surprise. Malgré sa faible force physique et le fait que c'était sa première mission en tant que shinobi, elle avait le courage de me dire de fuir. La blague.

« Aahahahaha. T'es drôle Shira. Je sais pas si c'est la peur qui te fait dire n'importe quoi ou si c'est une blague. Tu crois vraiment, que moi, Sugiwara Genji, futur super-héros de Konoha et légende du Yuukan vais fuir face à une bande chien errant? Tu te fous le doigt dans l'œil. »

Ma cape volant au vent face au groupe que je devais protéger, je tournais légèrement le visage, affichant un large sourire. Ca, c'était la classe, sûrement ma prochaine position fétiche de super-héros. Pourtant, à l'intérieur, malgré mon air arrogant et sûr de soi, je tremblais. Un peu de peur et véritablement d'excitation. C'était le tout pour le tout, si je trépassait maintenant, alors en plus d'abandonner le groupe aux crocs de ses démons, j'allais envoyer valdinguer tous mes rêves et mes espoirs. Cette fois, aucune chance que je faiblisse et me fasse bolosser par des animaux.

« Shira, reste en retrait et protège au péril de ta vie les nobles. Moi, je vais me faire un carpaccio de canidé. »

Bon, j'avais pas pu taffer ma phrase d'accroche, j'étais un peu pris à l'improviste. Pas de temps à perdre, les cris se rapprochaient de plus en plus et bientôt un premier loup surgissait de l'ombre, la gueule ouverte. Il semblait m'ignorer, fonçant directement vers les créations de ma partenaire. D'un coup, je venais faire éclater la première porte. Mon premier verrou sauté, je pris de la vitesse d'un simple appui latéral, me propulsant en direction de la bête. D'un coup de pied sauté, je venais fracasser la mâchoire de mon adversaire. Mon visage serré, ma force bouillonnante en mon intérieur, je n'avais pas de temps à perdre, je ne maîtrisais pas encore assez le combat dans cette nouvelle condition.

« QUE LA FÊTE COMMENCE! »

Le combat faisait maintenant rage, les coups fusant dans l'air sinistre de cette nuit éclairée par l'immensité de l'astre lunaire. Mon costume, ma cape, mes gants, tous ces artifices commençaient à ressentir l'intensité de ce combat, subissant morsures, griffures, coups de patte et tâche de sang. J'avais fait péter le deuxième verrou, ma force bouillonnait, ma vivacité, mes réflexes, mon endurance, tout avait été décuplé. Je m'étais rarement senti aussi bien de toute ma vie. J'y étais, c'était ça que je voulais, devenir un héros, frapper les méchants pour sauver les opprimés. Même si j'avoue, j'aurais bien laissé un loup bouffer ce connard de noble, mais bon ça aurait un peu entâché mon combat. Ma respiration commençait à se faire lourde, la transpiration perlait sur mon front, se confondant avec les éclaboussures du sang des bêtes et du mien.

Je frappais, j'encaissais, j'esquivais, je sautais, je volais. J'étais dans mon élément. C'est sûrement ici, cette nuit, aujourd'hui, que mon avenir et mes rêves prenaient tout leur sens. Je ne m'étais jamais trompé, j'allais devenir ce putain de super-héros et cette putain de légende. J'avais encore un chemin monstrueux à parcourir, mais en distribuant des mandales à la pelle ce soir, et en prenant des coups dans tous les sens, la vie prenait un goût si particulier, celui de la joie, du courage, de l'épreuve, du dépassement de soi. Finalement, ma capacité innée de faire sauter ses verrous dans mon corps étaient en parfaite harmonie avec ma façon de vivre. Malgré la feignantise, les retards et les négligences, j'allais me dépasser, j'allais devenir meilleur, tous les jours un peu plus, gravissant les échelons petit à petit jusqu'à arriver tout en haut de ce trône. Je frissonnais d'excitation.

Une énorme droite venait s'abattre sur le front d'un des canidés, le faisant gémir et reculer de quelques mètres. Il était plus grand, plus costaud, plus imposant, mais j'allais en faire qu'une bouchée de chien battu. Les nobles avaient arrêté leur cri de détresse, leurs yeux s'étaient écarquillés devant le courage de ma partenaire et de moi-même. D'un mouvement vif et farouche, je venais de prendre un méchant coup de griffe dans les côtes, refermant avec lui les deux portes que j'avais ouvertes. Merde, j'étais encore trop peu entraîner pour combattre trop longtemps avec ma nouvelle condition. La transpiration, mêlée au sang, gouttelait sur le sol en partant de mon front lisse. Ma respiration était rauque et saccadée. Merde, j'allais passer un mauvais moment là. Le souffle du canidé venait bientôt caresser mon visage, la bave aux lèvres, le corps meurtri par cette résistance que je lui avais imposé avant.

Je m'apprêtait déjà à prononcer mes derniers mots, mais une présence, immense et imposante venait terrifier l'ensemble des personnes présentes, même moi. Un loup, gigantesque, plus grand que certains arbres, véritablement terrifiant, venait de calmer les ardeurs du chef de meute.

« S-shira... ? »

J'en croyais pas mes yeux, c'était la timide et calme Shira qui venait de faire apparaître ce monstre sous ce ciel étoilé. Alors que je me pensais battu, elle venait de faire fuir les derniers loups encore debout, qui prenait leurs pattes à le cou devant la terrifiante vision de ce monstre aux ordres de Shira. Putain, elle était impressionnante, gentille et courageuse, plus la journée passait, plus elle me surprenait. Je m'étais sûrement trompé sur de nombreux points à son propos. Elle avait devenir une bonne shinobi, c'était sûr.

De longues minutes étaient passées, les loups avaient fini par fuir et nous avions installer un feu de camp, hors de question de continuer plus loin avec le risque d'une nouvelle embuscade et avec la fatigue que moi et Shira éprouvions. Pour cette mission, nos corps, nos esprits, nos cœurs, tout avait été mis à rude épreuve. Le noble, tête baissée, le corps encore tremblant légèrement de peur s'approcha de nous.

« J-je... Je tenais à vous dire merci. Je vous avais mal jugés, vous êtes courageux et de bons shinobis. »

Un large sourire apparaissait sur mon visage, mon moral remontait à vitesse grand v. Elle était bien loin la désillusion du sanglier. J'avais remonté la pente, j'avais prouvé ma valeur. Je me levais à mon tour, le corps tuméfié et rouillé par le combat précédent. J'arrivais aux côtés du noble, lui tapotant l'épaule avec ma main droite, un sourire étiré jusqu'à mes oreilles.

« Je peux pas t'en vouloir. C'est vrai qu'avec Shira on paie pas de mine aux premiers abords. Mais comme tu l'as vu, on est des guerriers, des battants, de vrais shinobis. Et tu peux t'estimer heureux, aujourd'hui, tu viens de voir à l'œuvre, en avant-première, les deux futures légendes de Konoha. »

Mon visage se tournait vers ma camarade, un vrai sourire amical sur mon visage et un pouce levé en guise de félicitations. On venait d'écrire les premières pages de notre histoire, tous les deux, sous cette lune immense et brillante. C'était bon de se sentir vainqueur, grandi, confiant. Bon, par contre, je faisais le fou, mais mon corps avait quand même pris cher. Je m'écroulais au sol. Les ronflements commençaient à se faire entendre dans la forêt, ouais, je venais de m'endormir comme une merde.

Ouais je sais, vous devez vous dire, "putain, il a dormi longtemps le con", "ouais on veut la suite de l'histoire", "ouais, il sort quand le prochain scan?"... Et vous avez raison, désolé pour cette petite pause, le créateur de mon histoire avait un petit contre-temps et il paraîtrait que Shira lui ait fait faux bond. Mais breeeeeeeeeeef revenons à nos moutons.

Le bruit de mon bâillement pouvait s'entendre dans toute la forêt. Fiou, j'avais tapé une énorme nuit. Sans vraiment me rendre compte de ce qui s'était passer la veille, j'essayais de me lever, vite rappeler à l'ordre par cette douleur dans les côtes, qui, sans crier garde, venait me faire chuter au sol, la gueule dans la boue. Merde, j'ai mal. Il m'a pas loupé ce foutu chien des montagnes, il paie rien pour attendre, je vais le retrouver et je vais lui péter le c...

« Ah Genji, tu es réveillé. Ne bouge pas trop, on t'a fait les premiers soins comme on le pouvait et entourer ta plaie d'un bandage. Tu vas avoir une belle balafre sur les côtes cela dit. Mais bon après tout... Ca fait très super-héros les cicatrices. »

Attendez trente secondes, dites moi que je dors encore. Cette voix, mais oui, c'est bien la sienne. Le noble, ce fils pourri gâté à l'air hautain et dédaigneux était maintenant devenu un mec cool et sympa. Et encore piiiiire, il comprenait mon délire de super-héros, oh le feu. J'aurais aimé me relever comme si de rien était, bomber le torse face à lui en lui disant que je n'avais pas besoin de soin, que le courage et l'héroïsme protégeait mon corps, mais j'arrivais même pas à bouger un doigt. Shira quant à elle, semblait préparer le départ, elle avait même créé une petite carriole avec son espèce de pouvoir d'encre. Ok, j'avais compris, on allait me foutre dans cette petite charrette de fortune pour m'emmener jusqu'en haut.

Bon là, vous l'aurez compris, je vais clairement pas vous raconter ce moment, beaucoup trop gênant et dégradant pour un héros de mon envergure. Mais sachez, quand même, que malgré tout, sur ce chemin, les rires ont commencés à naître, les discussions sérieuses pour certains, des discussions plus débiles pour d'autres. Visiblement, le noble avait un regard sur la vie assez proche du mien, mais il se laissait trop souvent porter par sa haute classe et par ses passe-droits. Finalement, ce qu'il fallait retenir de cette mission, c'est qu'elle nous a permis à tous de nous découvrir, de nous changer, de dépasser nos peurs et nos à priori. Une belle leçon. Bon même si, dans l'histoire, on retiendra que c'est moi qui es explosé les loups, désolé Shira hihihi.