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Le style "grenadier" [Solo]
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Waiya Akula
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Une veste, une antique veste en toile qui va jusqu’à mi-cuisse, avec des taches circulaires noires, oranges et vertes. Une tenue de camouflage qui avait à une époque, les faveurs de Suibaku Masahiko, l’un des exilés du clan Suibaku. Ou plutôt, l’un de ceux qui ont refusé l’initiation. Mon aîné a refusé de commettre un vol à ses quatorze ans, une tradition qui n’avait pas de sens à ses yeux. Qui ne méritait pas d’être honorée, à ses yeux, voler est un délit qui n’apporte aucun exemple, ne transmet aucune valeur qui mérite d’être perpétuée. Pour nous, l’héritage criminel n’est rien d’autre qu’une histoire à oublier. La preuve qu’à une époque, nous avions à faire des choses mauvaises pour subsister. Aujourd’hui, des années après que le clan ait été amnistié, la tradition est suivie par la plupart, mais certains comme Masahiko ou moi-même, refusons de nous y soumettre.
C’est pour cela que je suis aujourd’hui dans sa demeure, une grande maison qui lui sert d’atelier pour la sculpture. Mais réduire Masahiko à un simple sculpteur serait trop simple, trop primitif. Je le vois à ses appartements, sa maison troglodyte, creusée dans la montagne, fourmille de détails. Tout au fond, séparés du reste de l’habitat par des murs en papier de riz, sa chambre et sa salle de bain sont nichées à l’écart. Les portes grandes ouvertes, je distingue quelques détails de sa vie privée, des vêtements éparpillés au sol, des vieux croquis de mode, du matériel de couture. J’ai un bref regard vers la salle d’eau, la poubelle remplie de mouchoirs ensanglantés. Ensuite, mon regard vers le propriétaire, Masahiko, qui est assis sur un tabouret en train de rafistoler son uniforme de Kumojin, tâché de sang et recouvert d’éraflures. J’ai suffisamment l’habitude de voir des blessures par explosions pour comprendre qu’une bombe lui a sauté au visage. Les centaines de petites déchirures sur les manches en attestent.

« L’eau est en train de bouillir Momiji, tu pourrais nous servir du thé s’il te plaît ?
-Je m’en occupe. »

La bouilloire siffle, j’y rajoute une boule à thé et ramène un plateau avec un service en porcelaine fait maison. Masahiko est du genre touche à tout, souhaitant économiser son argent gagné en mission, il s’est modelé sa propre vaisselle. Comme quoi l’argile des Suibaku peut être utile à autre chose que la mort et la destruction.
En déposant le plateau, Masahiko à un hochement de tête.

« Merci, » je fais le service et lui offre une tasse bien méritée. « Tu me gâtes Momiji, tu as mis des gâteaux. Tu les as fait toi-même ?
-Comme toujours. » Il croque dedans avant d’avoir un sourire.
« Délicieux, j’ai de la chance, tu m’apportes toujours quelque chose quand tu viens me demander un service.
-Merci de m’offrir les tiens. » Masahiko est couturier après tout.

En marge de ses talents de ninja, il a conçu ma grenadière et mon harnais de combat, celui où je glisse mes grenades et la plupart de mes créations d’argile. Un ensemble de poches, sangles et étuis qui me donnent accès rapidement à mes bombes durant le combat.
Mais une quinte de toux vient interrompre mes pensées. Masahiko se met à cracher ses poumons et enfouie son visage dans un linge, il se plie en deux et ferme les yeux, tousse avec difficulté. J’ai envie de voler à son secours, mais je ne lui serais d’aucun secours. Pire, je le dérangerai. Masahiko ferme les yeux, devenu tout pâle, il prend un instant pour s’essuyer les lèvres avant de poser le chiffon sur le côté. Sur le tissue, une nouvelle tache cramoisie s’est ajoutée.
Je ne devrais, pas je lui pose quand même la question.

« Tu vas bien ?
-Comme toujours, un poumon contusionné. Tu dois connaître la sensation, tu craches du sang pendant quelques jours. Ensuite tu repars en mission. » Il m’offre un sourire un peu faible, comme pour dissimuler son malaise.

D’ordinaire, Masahiko est un beau jeune homme. Un chuunin de mon âge, aux yeux bleus et aux cheveux blonds coiffés en palmier. Un ninja au corps sculpté qui rappelle vaguement celui des statues anciennes, mince, tout en relief, finement sculpté, un katana plus qu’un hachoir. En un sens, le cliché du ninja coureur de jupons, le tombeur de ces dames qui ne dort jamais seul dans son lit.
Mais ce matin, c’est un Masahiko usé qui est devant-moi, fatigué par ses blessures. Mais aussi par l’isolement, qui préfère aller droit au but que de faire la conversation.

« Tu viens pour un nouveau brelage j’imagine.
-Je venais te rendre visite, discuter d’un nouveau brelage et prendre de tes nouvelles. L’ancien tient toujours, le nouveau peut attendre. »

J’ai un regard sur la veste orange. Celle qui trône sur un mannequin et que je détaillais du regard tout à l’heure. Naturellement, ma question suit.

« C’est un prototype abandonné ?
-Oui, je voulais une tenue plus discrète que l’uniforme de Kumo, pour les missions d’infiltration. Mais celui-là n’a pas donné de bons résultats, sauf en automne et en forêt. Mais sinon, il y a mieux.
-Je peux l’essayer ?
-Bien sûr. » Nous nous levons et il me tend la veste qui reposait jusqu’alors sur un cintre.

J’enfile le manteau, il est un peu trop grand pour moi mais il tient chaud. Plus important encore, il est confortable et j’ai une bonne amplitude de mouvements avec. Toutefois, je comprends que Masahiko n’en veuille pas : il est un peu voyant en effet, en particulier au printemps et en hiver. En été, avec les champs qui se fanent peu à peu et les blés, il a des chances de se fondre dans la masse. Néanmoins, la tenue casse bien la silhouette par ses tons variés. C’est ce qui compte lorsqu’on doit ne pas être vu.

« Ce que tu considères comme un brouillon serait un travail admirable pour de nombreux artisans. » Ma remarque lui arrache un rire un peu douloureux.
« L’œuvre d’une vie entière, j’aime l’art. Je ne conçois rien à moitié. Regarde autour de toi, tu verras bien. »

Je m’en rends bien compte.
Son atelier représente bien les deux tiers de sa demeure. Une partie est dédiée à la sculpture, mais aussi au dessin technique. On y retrouve ces petits mannequins articulés qui imitent l’être humain. Mais aussi des croquis d’anatomie humaine et animale. Des oiseaux pour la plupart, des aigles, des faucons, je me rends compte que ce sont pour l’immense majorité des oiseaux de proie. En dehors des sculptures, il y a aussi une table de travail pour la couture, avec plusieurs aiguilles et du fil. Je distingue même une pelote de laine, bientôt un tricot tactique pour combattre en hiver ?
La couture, le dessin et la sculpture, les trois grandes passions de Masahiko.
Un éclair d’amertume traverse les yeux de mon camarade. Un souvenir de notre condition d’exilés, l’air de rien il secoue la tête.

« Ecoute, revient demain avec ton brelage et nous discuterons de comment l’améliorer. Aujourd’hui, j’aimerais travailler un peu sur une nouvelle tenue. Je vois que cette veste te plaît, j’essaierai de retrouver l’ensemble qui va avec. Elle vient avec un masque normalement. »


Dernière édition par Suibaku Momiji le Jeu 20 Mai - 18:44, édité 1 fois
Waiya Akula
(#)Jeu 20 Mai - 0:02
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Je reviens le lendemain, par un jour de pluie. Si le printemps est revenu depuis un bon moment déjà, le mauvais temps n’est pas encore parti. Masahiko m’ouvre, l’air un peu livide.

« Salut Momiji.
-Tu veux que je repasse plus tard ?
-Non, j’ai pris des médocs, ma mauvaise mine passera. Entre, il pleut dehors. »

Je me faufile à l’intérieur.
Rien n’a changé depuis hier, si ce n’est le maître des lieux qui a une petite mine. Il s’assoit sur le canapé et d’un bref signe de main, désigne une veste sur sa table de couture. Le joli manteau orange d’hier, avec un masque de combat. Une grosse paire de lunettes avec juste en dessous, un écran de maille pour protéger la partie inférieure du visage. Le genre d’attirail qui ne passe pas inaperçu, en particulier avec les sangles de cuir semi-rigides.

« Si je comprends pour la veste de camouflage, pourquoi avoir rejeté le masque ?
-Trop lourd, il intercepte les shrapnels des explosions, mais il nuit à la visibilité. Avec les bombes, mon audition souffre déjà sans en plus handicaper ma vision avec des lunettes de combat. » Toutefois, il comprend tout de suite où je veux en venir. « Si tu veux prendre la veste, n’hésite pas. Je te déconseille le masque toutefois. » J’enfile le manteau, les manches amples me donnent tout loisir de cacher mes mains, sans toutefois qu’elles ne soient trop longues pour combattre.

Il range le masque sur une étagère et j’ai un bref regard vers celle-ci : il y a toute une collection qui attend patiemment d’être utilisée. Certains sont blindés, je distingue notamment un casque lourd de samouraï avec une visière et un masque en métal. Quelques rayures donnent du relief à l’acier, des éclats de grenades qui ont ricoché sans aucun doute. A côté de ça, trônent une foultitude de cagoules et écharpes pour dissimuler son identité. Mais en laissant mon regard se balader, c’est auprès des harnais qu’il s’arrête.
Fixés sur des mannequins, plusieurs brelages et ceinturons spécialement conçus pour les grenades Suibaku me font de l’œil. Un moyen simple d’avoir de l’argile en bonne quantité rapidement. Contrairement aux sacoches de glaise qui stockent plus de matériel, mais sont moins rapides.

« La grenadière ne te suffit pas ? » Me demande Masahiko. « Tu en gardes une sur toi, les autres sont dans ton sac à dos. Si tu as besoin d’argile en urgence, tu as toujours tes sacoches. Cela devrait suffire non ?
-J’aimerais quelque chose de plus versatile que les sacoches. Un plastron, où je pourrais avoir ton mon équipement à portée de mains. Les sacoches d’argiles prennent trop de temps au corps à corps. »

Mon camarade se lève et fouille un peu dans ses armoires. Il en sort un harnais qu’il me lance.

« Enfile ça, je vais voir ce que je peux faire pour toi. »

J’ai un bref regard vers le harnais qu’il m’a offert : une ceinture avec de nombreuses poches, accompagnée de sangles qui se rejoignent dans le dos en formant un Y. En l’enfilant, je sens le relief d’un fourreau pour kunaï. C’est un brelage qui offre de nombreux rangements et même s’il est assez peu orthodoxe, il est fonctionnel.
Masahiko m’aide à enfiler une grenadière juste en dessous du ceinturon.

« Comme ça tu ne gênes pas tes mouvements quand tu cherches tes bombes. La grenadière pour les urgences, le harnais pour les bombes plus avancées. Les sacoches sur les côtés, pour les réserves en masse.
-C’est utile mais… » Un peu encombrant.

En faisant quelques pas dans la pièce, je m’en rends compte. L’ensemble, à défaut de peser lourd, gêne un peu mes mouvements. Rien d’handicapant, mais il faudra s’y habituer. Il faudra aussi que je rajoute des sangles au niveau des cuisses, pour tenir l’ensemble quand j’ai la tête en bas, ce qui risque de m’arriver souvent avec l’oiseau. Il faut aussi que je comprenne à quoi servent les poches.
En voyant ma peine, Masahiko vole à ma rescousse.

« D’ordinaire, tu places les bombes près du ventre, juste au-dessus de la grenadière, comme ça tu as facilement accès à tout ton matériel de démolition. Les kunaï sont à hauteur des épaules, comme ça tu peux dégainer et frapper d’un seul geste. Tu n’as normalement pas besoin de shurikens, tu as déjà tes grenades.
-Mais si je souhaite trancher des liens ou attaquer sans faire de dommages collatéraux ?
-Alors, tu peux les mettre à hauteur de la ceinture, sur les côtés ou l’arrière, en fonction du placement de tes sacoches d’argile. Il n’y a pas vraiment de placement recommandé pour celles-ci. Tu fais ce qui te semble le mieux pour être à l’aise et réagir par instinct. » Il me détaille de haut en bas. « On dirait une kiheitai, il ne manque plus que l’air agressif et tu seras bonne pour rejoindre les troupes de choc. »

Je lui fais ma plus belle tête de guerrière.

« Comme ça ? » Il a un pincement de lèvres.


« Pas tout à fait. On verra demain à l’aube sur les plateformes d’entraînement, on fera quelques duels d’entraînement et tu me diras ce que tu en penses. Tu testeras le harnais à ce moment-là. »
Waiya Akula
(#)Jeu 20 Mai - 12:55
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Décrire un duel avec Masahiko est tout sauf simple.
D’une part, car nous nous battons sur les plateformes d’entraînement, certes, pourtant, les conditions sont loin d’être stériles. Je m’attendais à esquiver des grenades, à repousser des vagues d’explosifs et à marcher dans des champs de mines. Il n’en est rien. Les premiers duels furent des échanges assez cordiaux, des échauffements pour se mettre en jambe, s’entraîner et tester mon harnais.
Harnais qui est utile : si je manque de familiarité avec l’emplacement des grenades, ne pas avoir à mastiquer de l’argile en permanence me permet de me concentrer sur l’action. Toutefois, je n’ai constaté aucun gain de temps : ce que je gagne sur le placement de l’objet, je le perds sur la précaution à prendre avec les pochettes. Contrairement aux kilos d’argiles dans une sacoche à la ceinture, les petites bombes réparties sur mon torse, mon dos et mes hanches sont beaucoup plus sensibles aux déplacements. La grenadière ne répond pas tout à fait à mes attentes, j’en attendais plus.
Puis la voix joueuse de Masahiko me rappelle à l’ordre.

« Bombe. Bombe ! BOMBE ! » qui tombent du ciel.

Je plonge au sol et une détonation me traverse de part en part. Une explosion derrière-moi qui résonne dans tout mon corps, m’assourdit et soulève un nuage de poussière. J’ai un regard vers le haut : son oiseau continue de battre de l’aile et je vois une nouvelle cigogne kamikaze se former. Si j’ai déjà vu des golems en action, c’est la première fois que je vois ceux de Masahiko. Comment les décrire ?
Attachés à un oiseau, donc hors d’atteinte à une quarantaine de mètres du sol. Surpuissant, car un ninja d’expérience ne saurait être faible. Mortels, car ils attaquent avec la cadence d’un métronome et la précision d’un aigle.
Il est facile de repousser une attaque, en particulier lorsqu’on utilise des bombes à effet de souffle. En revanche, dévier plusieurs assauts qui arrivent de toutes les directions, c’est autre chose. En face : Masahiko, par le haut : son oiseau-bombardier, sur les côtés : une hirondelle que mon adversaire envoie à l’occasion, pour chercher une faille dans ma défense. Plus d’une fois j’ai été surprise par mon aîné et plus d’une fois, j’ai perdu à cause de ces attaques venant de tous les côtés.
Lorsqu’un oiseau se pose devant-moi, je comprends sans même avoir à me battre. J’ai perdu, encore.

« Plutôt pas mal pour une genin, c’est tout à fait acceptable. Peut-être pas une génie du champ de bataille, mais de loin pas une idiote. » Commente Masahiko en s’approchant. « Mais tu peux encore t’améliorer. » Il me tend une main triomphante. « Debout fille de Kumo. » J’accepte son aide.
« Tu m’as vaincu, » je ne peux m’empêcher de râler, après ma cinquième défaite d’affilée. « Tu triches, tu es plus fort que moi.
-Evidemment, je suis ninja. Si je voulais me battre avec honneur, je serais devenu samouraï. » Je ne trouve rien à redire, il marque un point. « Tu as pu tester le harnais.
-Il est utile, mais il reste à perfectionner.
-Tu comprends pourquoi je n’ai pas usage de celui-ci. » Il a un sourire.

Comme d’habitude, il oscille toujours entre tradition et innovation. Le blondin teste ses stratégies les plus farfelues sur le terrain d’entraînement, examine ce qui a marché et ce qui a échoué, puis avise en fonction. S’il applique des méthodes ancestrales du clan, il essaie toujours d’y ajouter une touche personnelle, quitte à réinventer l’eau chaude. Parfois il réussit, parfois il rate.
En voyant l’oiseau-bombardier décrire des cercles dans le ciel, je m’en rends bien compte : c’est une victoire.
Lasse, j’ai un soupir. Il est inutile de rester ici plus que de raison : retournons à son atelier, que l’on procède au débriefing sans attendre. Que les raisons de mon échec soient mises en lumière et que pour une fois, Masahiko m’explique ses méthodes.
Les réflexes sont au point, la tactique reste encore à désirer.
Waiya Akula
(#)Jeu 22 Juil - 20:35
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« Quel est le concept ? Derrière le fameux choc et effroi. »

C’est un terme qui revient souvent : une manière très prosaïque de formuler comment le bon Yugekitai devrait se battre, mais aussi le bon Suibaku. Les explosifs nécessitent une discipline sans faille, mais en échange, ils offrent aussi une excellente capacité offensive. Il faut exploiter cette capacité au maximum pour triompher vite et bien. J’imagine que la doctrine a un lien avec mes explications. Une guerre éclaire pour dominer l’adversaire et passer à la prochaine cible.

« Il faudrait attaquer avec une force écrasante pour pulvériser toute résistance, le tout afin de gagner du temps et des moyens ? »

Je m’adosse à ma chaise, alors que Masahiko finit de ranger son atelier et se fend d’une explication.

« Pas exactement, tu pars du principe qu’il faut tuer l’adversaire pour triompher. Ce qui est exact lorsqu’on doit assassiner une cible, mais si l’objectif est de prendre du terrain, récupérer un objet quelconque ou capturer une cible, cela peut être contreproductif. Un usage immodéré de la force peut provoquer des dommages collatéraux. De même, si tu dois ramener la tête d’un déserteur et qu’elle ressemble à une tomate toute pourrie parce que tu lui as collé une grenade dans les dents, tu risques de te faire sermonner par les huiles.
-Alors, à quoi se résume le concept ? » Masahiko nous sert du thé, l’occasion pour lui de chercher ses mots.
« Imagine, » dit-il en s’installant. « Le but n’est pas de tuer, le but est de faire fuir, d’anéantir la volonté de l’ennemi. Pour cela, tu utilises tes techniques avec une force écrasante, pour défaire le premier et casser le moral des autres. Tu t’arroges le contrôle du champ de bataille en ayant un oiseau dans le ciel et des hirondelles qui patrouillent les côtés. Le but est en fait de contrôler les évènements : tu dois toujours avoir l’initiative et l’information de ton côté. Pour briser de manière optimale la volonté de tes ennemis. En somme, un usage immodéré mais avec parcimonie, de la force. »

De la modération dans l’absence de modération en somme, quelque part, cela ressemble bien à Masahiko. Il a toujours été du genre extravagant et paradoxal. Néanmoins, je note scrupuleusement son conseil de fond : conserver l’initiative et toujours savoir dans quoi on s’engage. On peut improviser un temps, mais il faut avoir un plan pour s’en sortir au long terme. Je m’étire.

« Alors, » reprend mon aîné. « Tu comprends l’intérêt de la tactique, le fameux choc et effroi ?
-Ne jamais partir sans objectif, maîtriser l’environnement et ne pas être dans la réaction. »

Il y a un silence : toute cette théorie et ces exercices pour en venir à une conclusion si simple. Pourtant, j’ai la sensation d’avoir appris quelque chose : les classiques doivent parfois être inculqués violemment. J’ai eu la chance de redécouvrir certains adages sur le terrain d’entraînement plutôt qu’en mission.
Masahiko a une violente quinte de toux. Le genre qui ne s’arrête pas et très vite, il enfouit son visage derrière un linge blanc, au bout d’un long moment, il finit par retrouver son souffle. Il a un bref coup d’œil vers son mouchoir avant de le ranger dans sa poche. Un air presque aigri sur le visage, il a un soupir chargé de regrets. Mon cœur fond et malgré mes craintes, je lui pose la question à ne pas poser.

« Tu ne veux pas que j’aille discuter avec les membres du clan ? » Nous sommes des exilés, mais je suis encore en bon terme avec les autres. « Pour ta santé. » On ne va pas loin avec des poumons éclatés, le clan à l’habitude de ce genre de blessure, il devrait mettre son égo de côté et leur parler. Il tousse du sang, peut-être pas en grande quantité, mais c’est inquiétant. Il se remet lentement, mais le voir souffrir m’insupporte. « Il faut que tu fasses attention à toi.
-Je vais bien, » il attrape fébrilement sa tasse et en prend une gorgée. « Je suis capable de me débrouiller tout seul. » Peut-être, néanmoins, cela va bien faire dix ans qu’il a coupé tout lien avec le clan.
« Peut-être, mais vivre en solitaire n’est pas une bonne chose. » Il a un pincement de lèvre, je poursuis. « Prend soin de toi, tu as encore de longues années à parcourir. »

Pour la première fois depuis que je le connais, Masahiko a une hésitation.

« D’accord, je ferai attention. »
Waiya Akula
(#)Ven 23 Juil - 20:28
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