Je me suis effondré sur le sol chaud du temple d'Amaterasu si tôt que les lourdes portes du lieu saint se refermèrent derrière nous.

"Niisan!" Grand frère. Nous ne sommes pas des frères de sang, mais c'est comme ça que les petits du clan m'appelle et Kei-kun ici présent n'est pas différent. Je m'entend en général très bien avec les enfants et ce dès l'âge larvaire. Ouep, les bébés, les couches et les petits nez plein de morve, ça me connait. D'ailleurs, j'ai déjà porté Kei plusieurs fois lorsqu'il était bébé. Quelle ironie de sentir ses petits bras passer sous mes aisselles pour me tirer plus loin à l'intérieur du temple. "Fu-niisan, accroche-toi!"

"Kei..." Le petit panique, c'est bien normal. Âgé 13 ans, il s'agit de son tout premier pèlerinage jusqu'au temple d'Amaterasu. J'avais le même âge lorsque j'ai entrepris la même aventure, accompagné par mon père. Kei n'a pas de père, c'est pourquoi il m'a fait grand plaisir de l'accompagner. Je dirais même que c'était un honneur et un devoir pour moi qui en suit à son douzième voyage et qui suit son ainé. Kei n'est plus un enfant à présent, le fait qu'il soit dans ce temple et vivant le démontre bien. Alors qu'il se penche au-dessus de moi pour enlever le foulard qui recouvre mon épaisse chevelure brune, je trouve la force de poser une main sur son épaule, difficilement. "Tu as réussi, Kei-kun." Ma voix, habituellement joyeuse, nasillarde et moqueuse, n'est plus qu'un souffle sec. Après m'avoir délivré de mon foulard, Kei relève mes lunettes de protection sur mon front, révélant mes yeux bruns aussi foncés que la terre. Bien que je sois bien plus grand que le gamin qui s'occupe de moi à présent, mon visage trahi la mince différence d'âge entre nous deux. "... de l'eau.", que je demande difficilement en pointant la gourde vide de Kei, la dernière qu'il nous reste après une rencontre compliquée avec des bandits la veille.

Les pas du garçon s'éloignent en courant dans le temple, à la recherche d'une source d'eau. J'utilise ce qu'il me reste de force pour m'assoir contre l'un des piliers du temple destiné à la déesse solaire. La tempête de sable qui nous a accablé durant deux jours nous a peut-être paru comme une malédiction, mais c'est grâce à celle-ci que nous avons pu mettre suffisamment de distance entre nous et le groupe de bandit nous ayant attaqué. Je suis shinobi depuis quelques années maintenant et ce voyage est mon dernier avant d'intégrer les rangs des Sunajin. Même si je n'ai pas à avoir honte de mes capacités en taïjutsu, je n'ai pas ce qu'il faut pour combattre une caravane de quinze hommes armés jusqu'au dent avec un enfant pour seul compagnon. Il est vrai que je suis du genre intrépide et que j'ai tendance à me mettre dans des situations risquées pour prouver ma valeur, ma force et mon honneur... mais je ne suis pas stupide non plus, d'autant plus que la vie de Kei était aussi en jeu. Si j'ai souillé mon honneur en prenant la fuite après avoir été blessé, je crois qu'Amaterasu ne m'en tient pas rigueur vu l'aide qu'elle nous a apporté. Bah ouep, qu'est-ce qu'un homme a s'il n'a pas la foi, hein? Et puis maintenant que je vais être un Sunajin, je suppose que ma priorité est de sauver les habitants du village caché et de Kaze no Kuni. Je suis peut-être encore un shinobi novice, mais je sais qu'il n'y a personne de meilleur que le clan Hizori pour trouver son chemin à travers une tempête de sable.

"Fu, j'ai trouvé de l'eau!" Louée soit Amaterasu et sa protection! J'avale goulument le liquide dans la gourde offerte par mon petit compagnon de voyage. J'ai utilisé tout mon sable pour assurer notre fuite et c'est grâce à Kei que nous avons pu nous rentre intact jusqu'ici. Il fera un camarade d'arme redoutable dans le futur, je le sais. Une fois désaltéré et nourrit, nous nous sommes délestés de notre poids pour prendre un temps de repos dans ce temple, au moins jusqu'à ce que la tempête s'estompe. Sous ma cape et mes foulards se cachent un jeune homme de taille moyenne à la musculature assez bien défini pour son âge. C'est moi, coucou! La vie rude du désert n'a peut-être pas favorisé une poussée de croissance exceptionnelle chez moi, mais elle a certainement contribuée à battre l'acier de mon corps en une arme vigoureuse et bien portante. Je suis fort de mes poings et de mes pieds, agile et souple comme le vent et j'ai l'énergie d'une tempête! Tout ce qu'il me manque, c'est la force de réduire en sable mes ennemis, ce que je compte bien développer au contact des ninjas de Suna.

"Alors c'était ton dernier voyage jusqu'ici?...", me demande Kei par-dessus l'offrande que nous soumettons à Amaterasu, à genoux en prière devant sa statut. Il a l'air triste, mais pas effrayé. Depuis notre arrivée au temple, son regard est plus dur que ce que j'ai pu voir chez lui auparavant. Un tel pélerinage a cet effet sur les enfants de notre clan... nous qui sommes bercés par des histoires de courage démesuré et de force à l'épreuve de tout ne peuvent qu'être humilié devant la puissance du désert et de la déesse solaire. À chacun, l'âge venue, la découverte d'un état de survie qui nous rapproche des bêtes sauvages. La faim, la soif, la chaleur excessive du jour et le froid mordant de la nuit... voilà ce qui attend les pélerins du temple d'Amaterasu, voilà ce qui attend les membres de mon clan qui souhaitent passer à l'âge adulte. Je pose une main dans les cheveux de Kei et lui ébouriffe gentiment les cheveux. Bien qu'il soit un homme à présent, il sera toujours un gamin sympathique à mes yeux, une autre belle motivation de devenir Sunajin. "Non voyons, tu sais bien que tous les membres du clan Hizori viennent ici au moins une fois par année." Pour ma part, j'ai fais le pélerinage trois fois l'an depuis mes 13 ans, pour un total de douze pélerinages à 17 ans... un peu par rigueur spirituelle, mais surtout par défi.

Je ne suis pas stupide, je ne suis pas suicidaire, mais...

Mais...

"J'en ai assez de ces bandits dans mon désert, Kei.", lui dis-je simplement avec un sourire triste. Il est vrai que mon devoir envers ma famille me manquera, même si c'est en parti pour eux que je rejoins les rangs des ninjas de Suna. "J'en ai assez de tous ces criminels, de cette vie inutilement dure. Combien de temps allons-nous attendre encore avant d'agir? Lorsqu'ils auront saccagés le temple?" Mes mots surprennent mon cousin, qui s'exclâme: "C'est impossible Fu-niisan! Le temple d'Amaterasu est bien protégé par le désert." "Pas assez bien protégé pour être atteint par un enfant et un genin en tout cas." Je vois que Kei veut protester, mais il n'en fait rien. Je sais que mes mots l'ont fait réfléchir. Notre prière terminée, nous nous installons pour attendre la fin de la tempête et prendre la route vers Suna, où une fête nous attend à la maison de notre clan.

Kei-kun... il ne comprend peut-être pas encore très bien ce que je souhaite lui faire comprendre. Il est vrai que j'ai moi-même du mal à me positionner dans ce grand tout qui forme notre univers. Mais ce que je sais, c'est que depuis que je suis petit, on me raconte que les ninjas du clan Hizori sont les mettre du désert, les experts par excellence du Sunaton. Pourtant, je perds un jeune cousin tous les ans au désert lors de ces pélerinages vers le temple d'Amaterasu. Retrouver les corps est toujours une bénédiction: mieux vaut mort que capturé et fait esclave et/ou pire! Mais moi, je ne veux plus de ce genre de demi joie mêlée à des drames épouvantables.

Je veux récupérer notre désert. Mon désert.

Je ne veux plus jamais fuir devant de vulgaires criminels. C'est pourquoi j'ai pris la décision de rejoindre les Sunajins.

Les membres de mon clan savent que je suis un jeune homme travaillant et de confiance. Je suis bien apprécié au sein de ma communauté et je me tiens généralement loin des ennuis qui attirent normalement les garçons de mon âge. Tout mon temps est consacré à mon entraînement alors j'ai peu de temps pour me mêler aux autres. Cela me donne peut-être une réputation de timide et maladroit au village, mais il n'en est rien. Je n'ai simplement pas l'habitude de socialiser en dehors de mon clan.

On me reconnait comme un garçon serviable et je crois que ma présence au sein des ninjas de Suna sera bien vu par les habitants de Kaze no Kuni. Mes pairs savent que je ferai honneur au bandeau et à mon clan par ma discipline et ma bonne humeur. N'étant pas le plus habile pour faire la conversation, je peux paraître parfois malpoli, ce qui pourrait m'attirer des problèmes avec mes supérieurs.

J'ai assez belle allure, mais je ne suis pas vraiment portée vers les filles ou les garçons. Je n'ai aucun intérêt pour la drague et j'ai du mal à la reconnaître en général. On dit de moi, avec justesse, que je suis plus habile avec mon sable qu'avec mes émotions.Je suis né dans le désert de Kaze no Kuni en 134 et je fais parti du clan Hizori. Que dire de plus sur ma vie? Vous devriez déjà la connaître. J'ai passé toute mon enfance entre les dunes du désert et pour être honnête, ce n'est qu'au contact de tout ce sable chaud que je me sens réellement à la maison. Il revient à chaque homme de protéger son foyer (enfin, chaque femme aussi j'imagine hein!) et c'est bien la raison pour laquelle j'ai pris la décision de rejoindre le village caché tout récemment. Depuis que la grande prison Arashi a été attaquée... rien ne va plus dans le pays. J'imagine que ça doit être le cas partout dans le monde. Les pélerins sont de moins en moins nombreux au temple d'Amaterasu. Les dangers étaient déjà nombreux dans le désert, mais les bandits et les mercenaires de la région profite du chaos ambiant pour souiller le sable de leurs méfaits. Et que fait le Daimyô?... Mon clan fait de son mieux pour protéger les pèlerins dans le désert, mais même nous avons une limite à ce que nous pouvons faire. Au côté des ninjas de Suna, j'espère faire une différence réelle pour les miens.

... Je vais être honnête, je ne comprend pas grand chose à tout ça. On raconte qu'Arashi était un endroit horrible, un véritable sacrilège pour la vie humaine. On raconte que les Daimyos, nos seigneurs, seraient la source de cette déchéance. On raconte qu'il faut prendre les armes, d'un côté comme de l'autre, et s'affronter entre frères pour... qui? Pour quoi? Je ne connais pas grand chose aux affaires politiques. L'administration du clan n'a jamais été quelque chose à ma portée et honnêtement, je préfère laisser ça à des gens plus intelligents- enfin non, mais plus connaissant du moins. Je n'arrive pas à comprendre qui profite de cette nouvelle guerre. Qui profite du chaos? Tout ce que je sais, c'est que les meurtres et les pillages doivent cesser. J'imagine qu'Arashi était vraiment un endroit terrible pour soulever ainsi toutes les passions... je crois, enfin j'espère que nous pourrons apprendre de cette horrible erreur et faire mieux. Il ne doit plus jamais y avoir d'Arashi, j'en suis convaincu. Je ne suis pas fan de la torture, peu importe le crime commis... et pis la peine de mort existe pour les poids lourds hein. Moi je crois que la meilleure façon de faire repentir un criminel serait de le faire traverser le désert nu avec une seule gourde d'eau. Histoire de lui rappeler sa place sous le soleil.

Je sais que mes talents serviront beaucoup au village caché de Suna. Je suis plus déterminé que jamais à pacifier le désert de Kaze no Kuni. Je ne crois pas que les populations civiles doivent payer le prix du chaos pour les crimes de nos seigneurs, mais je ne crois pas non plus que les évadés devraient avoir carte blanche pour faire ce qu'ils veulent à travers le monde. Lorsque j'ai entrepris mon premier pélerinage au temple d'Amaterasu à mes 13 ans, tout le Yûkan était en paix. Contrairement au jeune Kei, mon cousin que vous avez rencontré dans l'histoire ci-dessus, je n'avais pas à me soucier d'attaques de bandits tapis sous le sable. Le pélerinage sacré des Hizori a toujours cherché à confronter les jeunes shinobis à la force de la nature et à prouver leur force face au désert. Depuis la destruction d'Arashi, rien ne va plus et je me suis fait attaqué à chaque reprise lors du trajet vers le temple. Quel est le rapport avec les Daimyos? Quel est le rapport avec Arashi? Qu'est-ce que notre désert a à faire dans toute cette histoire? Je suis en colère oui, en très grande colère. C'est pourquoi j'ai rejoins les rangs des Sunajins. Je veux que mon pays retrouve la paix. Je veux récupérer mon désert.