Les deux Shinobis sont missionnés pour une mission de secours aux alentours d'un village en proie aux innondations. Afin d'éviter un bilan catastrophique, sauver le plus de monde semble être le mot d'ordre.
---------Le temps presse alors que les villageois du village de Mizako sont en grand péril, le coursier censé alerter les secours de la situation a mis plus du temps que prévu à cause des conditions météorologiques, sa mule ne voulait pas avancer et lorsque les nouvelles parvinrent jusqu'aux oreilles des hameaux voisins l'eau avait déjà gagner du terrain. Glacés par l'annonce, les habitants s'inquiètent pour leur propre survie et dans un monde où l'égoïsme prime, peu nombreux sont les courageux à s'élancer à l'aide des familles. Quel qu'en soient les raisons qui les poussèrent à agir, deux Shinobis que tout semblait opposer dans une auberge se levèrent lorsque le crieur public requerra de l'aide. Elle, n'avait pas terminé son repas, Il venait à peine de s'attabler en quête d'un peu de répit. Face au courage de ces Héros inspirants, deux hommes hochèrent l'un après l'autre la tête, ils retroussèrent leurs manches et prirent la suite du duo de Shinobis quelle que soit l'issue qui leur était réservée. Qu'elles furent les raisons qui poussèrent ces êtres frêles à les accompagner, difficile à dire, l'héroïsme ou l'espoir de conquérir le cœur de la brune par un acte de bravoure, mais il n'en était rien pour l'Ailé qui ne voyait là qu'une fatalité, un devoir à accomplir en dépit de toute la fainéantise qui venait de se montrer sur son visage. ___
Ils se mirent en chemin sous une pluie battante en traînant deux pauvres bougres dans leur sillage et dont les plaintes exprimaient déjà le regret de s'être aventuré dans une histoire pareille. Plus la destination semblait proche plus le paysage se dégradait comme si la tempête en cours voulait se venger de quelque chose ou de quelqu'un, des arbres s'étaient couchés sur le sentier menant à Mizako et les rafales de vent rendaient difficile tout survol de la zone pour celui qui de toute manière jusque-là avait pris le soin de dissimuler ses attributs sous un lourd manteau de fourrure animale. Les dissimulant, il n'en perdait pas pour autant ses manières et quelques formalités de présentation fusèrent en chemin en direction de sa partenaire du moment qu'il ne manquait pas de jauger du regard comme pour savoir si elle tiendrait physiquement le coup. Sa voix, sans roucouler, était semblable à celle d'un bel oiseau chanteur, chaque tonalité, chaque son, reflétait la confiance en soi dont faisait preuve un homme avenant envers la brune.
« Si on accélère pas ils vont tous y passer et ils nous fileront jamais la prime.. C'est quoi ce pays où les gens fuient lorsqu'on les appelle à l'aide. Au fait, tu sais te débrouiller dans l'eau n'est-ce pas ? »
C'est pas que je la remettais en doute mais j'avais pas besoin de jouer les maître nageur sur ce coup là, manquerait plus que la seule justicière dans les parages soit en réalité une enclume et là on va sacrément être dans la merde. D'autant que les deux zigotos derrière m'ont pas l'air méchants mais ça a pas l'air d'être des flèches non plus.
Au regard du chemin qu'ils venaient de parcourir, l'apparition du village dans leur champ de vision fut pour le moins un véritable choc auquel le quatuor ne pouvait pas s'attendre et la situation semblait hors de contrôle. Du haut de ce sentier qu'ils pouvaient encore descendre, ils pouvaient apercevoir le village dévasté de Mizako dont les maisons et les fermes venaient d'être emportées quelques heures plus tôt. Deux renfoncements de part et d'autre avaient littéralement scinder le village par d'abondantes coulées de boue, l'eau s'étant transformée en une mélasse brune et dense au contact des roches et de la terre labourée par la force de l'élément.
Plus à l'Est ils pouvaient remarquer un talus formant une petite digue artificielle, constituée principalement de débris emportés par les eaux et qui à tout moment pouvait lâcher, elle et la dizaine de silhouettes qu'un œil aiguisé pouvait apercevoir à son bord. En s'attardant dessus il n'est pas non plus difficile de s'apercevoir que cette dizaine de villageois sur le point d'être emportés, tentaient vainement de sauver leurs biens. Leurs chariots étaient renversés sur le flanc et certains obstinés essayaient malgré tout de tirer quelques sacs pour les lancer en direction des terres quelques mètres plus loin. Les bêtes de somme à côté desquelles se trouvaient ce groupe en particulier, étaient-elles toujours attachées à leur attelage et s'étaient noyée pendant la traversée, les gros cadavres flottant en surface comme des bouées.
Plus au nord les conditions semblent plus propices à la survie, quoi que précaire, une vingtaine de silhouettes environ semblent avoir trouvé un refuge sur un petit îlot en hauteur, entouré par une mare de boue au courant plus faible. Eux n'auront ni chariot, ni bétail.. Choix plus judicieux mais n'assurant pas pour autant leur survie finale, si la pluie continue de tomber ainsi alors la rivière aura tôt fait de rattraper ce sursit offert par la hauteur de la petite colline.
Quant au reste des habitants, difficile de dire où ils se trouvent et dans quelles conditions.. Il faudra les chercher, les trouver, les exfiltrer de la zone s'ils sont encore en vie mais le premier coup d'œil fait état de cette situation. Enfin la dernière vision et non des moindre qu'ils auront sera celle d'un cadavre qui gît sur la berge, celui d'une femme d'une quarantaine d'années, les membres désarticulés, le teint pâle et livide, terne, grisâtre. Les orifices dégorgent de boue et le corps a déjà sensiblement gonflé, ses vêtements déchirés sûrement pendant qu'elle se faisait emportée la mettant à nue devant les Shinobis, le corps est écorché à certains endroits à cause des débris.
L'orage gronde en amont.
« Ça en fera une de moins à porter, en plus t'as vu la taille de ce bestiaux. On dirait presque qu'elle était ence-...»
Le village de Mizako, près de la au sud d'Hiwamaki. Les rivières, c'est vachement pratique pour faire pousser plein de truc, mais au printemps... La pluie... Le vent... Le p'tite orage qui fait pas plaisir... Et beh ça déborde ! Donc du coup, les cultures... emportées ! Les fermes... Emportées ! Le village de Mizako... Ca c'est votre boulot. Devant la rapide montée des eaux, un coursier a été dépêché en urgence, pour sauver le village et ses habitants des pluies diluviennes qui s'abattent sur la région. Environ une centaine d'habitant et leurs gamins, des bêtes de somme indispensables... Vous avez peu de temps pour faire ce travail colossal, en gardant à l'esprit que rien, pas même des hommes, ne peuvent s'opposer à la fureur des éléments.
La jeune femme avait senti assez rapidement que le temps se gâtait. Quelque chose lui disait que, quand la pluie commencerait à tomber, elle ne s’arrêterait plus avant d’avoir laissée le chaos dans son courant. Bien que la jeune femme soit toujours prête à aider, elle s’était persuadée qu’ils auraient de l’aide et que l’individualisme ne prônait pas dans ce pays. Elle s’était donc dit que ce n’était pas vraiment son problème et avait continué sa route. Des gouttes commençaient à s’écraser timidement sur sa capuche et sa cape noire, quand elle poussa la porte d’une auberge qui se trouvait sur son chemin. Juste avant qu’elle ne ferme ladite porte, la pluie se mit à tomber avec force, remuant la terre et provoquant un mouvement de foule vers les abris.
À l’intérieur, les visages étaient fermés, crispés, et les regards étaient dirigés vers les fenêtres que la pluie martelait déjà. Avaient-ils si peur de la pluie ? La jeune femme fit la moue mais secoua la tête pour s’approcher du bar d’où se tenait l’aubergiste. Celui-ci posa sur la jeune femme un regard circonspect. Kimitsu découvrit son visage en baissant sa capuche sur ses épaules. Elle aurait presque pu paraître inoffensive et timide devant ces yeux qui la lorgnaient sans pudeur.
« — Bonjour, serait-ce possible d’avoir un repas chaud s’il vous plait ? » Demanda-t-elle, le visage neutre.
L’homme ne décrocha pas un mot tant sa mâchoire était crispée. Il se contenta de lui tendre la main, paume vers le haut. Ce signe, elle le connaissait bien. Attrapant sa bourse, elle en sortit quelques pièces qu’elle fit choir dans le creux de cette paume quémandeuse. Elle s’apprêtait à faire demi-tour, mais se surprit à demander tout de même.
« — Vous craignez la pluie ? » Demanda-t-elle assez innocemment à l’aubergiste.
Celui-ci laissa échapper un léger ronchonnement et ne lui répondit pas. Il fit demi-tour pour demander à quiconque devait lui obéir de préparer ce pour quoi elle avait payé. Sans réponse, la jeune femme alla s’asseoir à une table un peu en retrait. Alors qu’elle venait de se poser à celle-ci, une femme aux traits jeunes s’approcha d’elle et vint s’asseoir en face d’elle. Le regard de la louve se fit interrogateur et méfiant. Elle ouvrit la bouche pour lui demander ce qu’elle voulait, mais celle-ci n’attendit pas d’entendre le son de sa voix.
« — Je t’ai entendu parler tout à l’heure… » Commença-t-elle assez rapidement. « …C’pas d’la pluie qu’on a peur mais des inondations. ‘Vec les grosses rivières pas loin, on a eu plusieurs inondations et y’a souvent beaucoup d’morts… » La jeune femme la regarda d’un air désolé.
« — Vous ne pouvez pas demander de l’aide ? » Répondit la louve, de manière un peu abrupte, bien malgré elle.
« — C’est c’qu’on fait à chaque fois mais l’est souvent trop tard ! » Son visage était grave quand elle replongea son regard vers la fenêtre.
Alors que Kimitsu acquiesçait en posant son regard à son tour vers l’eau qui ruisselait sur les carreaux, la jeune femme se releva de la table et sortit de l’auberge, laissant entrevoir le déluge qui avait débuté à l’extérieur. Elle n’avait pas eu le temps de lui demander quoi que ce soit d’autre. Un homme assez maigrichon apparut alors dans son champ de vision, lui servit son repas qui constituait en des restes de volailles non identifiées et des légumes tout autant douteux.
« — Euh merci… » Bredouilla-t-elle à l’homme qui ne lui adressait pas un seul regard en s’éloignant.
Décidemment, était-ce la pluie qui rendait tous ces gens aussi tendus et désagréables ? L’ambiance était électrique et aussi lourde qu’étaient les nuages noirs qui tapissaient désormais le ciel.
Elle entama son repas silencieusement alors qu’un certain brouhaha régnait désormais dans l’auberge. Ce n’était pas fameux mais ça remplissait l’estomac. Le regard sur la porte, elle ne manqua pas d’apercevoir un homme portant un lourd manteau de fourrure, s’asseoir à une table. Une odeur de volaille émanait de ce dernier, ainsi qu’une senteur de chien mouillé qu’elle connaissait bien. Elle n’eut pas le temps de s’interroger sur la provenance de cette peau, qu’un homme arrivait en trombe dans l’auberge, ouvrant la porte à la volée. Il haleta un instant, dégoulinant sur le sol en bois.
« — NOUS AVONS BESOIN D’AIDE ! LES INONDATIONS ONT COMMENCÉ ! » Cria-t-il.
Un certain effroi accueillit cet appel à l’aide ainsi qu’un silence de mort. Celui-ci fut brisée par le crissement de chaises sur le sol alors que la louve se levait en même temps que l’homme à la fourrure. Elle lui adressa un regard interrogateur, se demandant ce qu’il avait bien à y gagner, et tout simplement qu’y était-il. Laissant son repas derrière elle, elle reprit sa besace et enfila de nouveau sa cape pour essayer de se protéger de la pluie. L’homme, qui peinait à reprendre sa respiration, leur tendit un papier dont la pluie avait effacé quelques passages.
« — Hâtez-vous ! » Ajouta-t-il, le souffle court.
Deux hommes se levèrent à leur suite alors qu’ils se mettaient rapidement en route. Si la jeune femme prit soin de rien dire au début de leur route, bien trop occupée à serrer la mâchoire alors que le vent mélangé à la pluie la pétrifiait de froid. Elle n’avait pas de fourrure sous cette forme, et elle savait que, même avec cette dernière, elle aurait tout de même froid. L’homme se présenta finalement sous le doux nom d’Omon. Quant à son nom, Betsumei, la jeune femme ne le connaissait que trop bien. Il venait donc probablement du même pays que le sien. Et sous sa fourrure devait se dissimuler des ailes. La jeune femme se présenta tout de même en retour, ne lui offrant que son prénom, Kimitsu, omettant volontairement de lui donner l’information de son nom.
« Si on accélère pas ils vont tous y passer et ils nous fileront jamais la prime.. C'est quoi ce pays où les gens fuient lorsqu'on les appelle à l'aide. Au fait, tu sais te débrouiller dans l'eau n'est-ce pas ? » Lui demanda-t-il en adressant un regard un peu de travers à la jeune femme.
Celle-ci fit la moue et secoua brièvement la tête. Elle savait faire la nage du chien, c’était déjà pas mal ? Quant à l’eau, elle avait plutôt l’habitude de marcher dessus en concentrant son chakra dans ses pieds. Nul besoin de savoir nager quand on savait manier son chakra.
« — Je me débrouille. » Répondit-elle simplement.
Quelques temps après, ils purent apercevoir le village de Mizako, ou ce qu’il en restait. Un tremblement d’effroi parcourut le corps de la jeune femme alors qu’elle balayait l’horizon de ses prunelles animales. Elle aperçut rapidement un groupe d’une dizaine de villageois qui semblait bien mal en point. Leurs biens étaient-ils plus importants que leurs propres vies ? Plus loin, un autre groupe plus conséquent s’était réfugié en hauteur. La louve grimaça, détourna son regard des quelques cadavres qu’ils croisèrent sur leur chemin alors qu’ils pressaient le pas. Les deux hommes qui les suivaient tant bien que mal se mirent à gémir en apercevant le cadavre d’une pauvre femme qui avait dû vivre un calvaire avant la délivrance qu’avait été la mort.
« Ça en fera une de moins à porter, en plus t'as vu la taille de ce bestiaux. On dirait presque qu'elle était ence-...» L’entendit-elle lui dire.
La louve lui jeta un regard noir. Comment pouvait-il parler de la sorte devant ce cadavre ?
« — Pourquoi t’être porté volontaire pour manquer de respect aux morts de la sorte ?! » Lui cracha-t-elle, en oubliant le vouvoiement de rigueur qu'elle utilisait tout le temps.
Elle aurait pu déverser son venin davantage et faire allusion à la peau de bête qu’il trainait tant bien que mal sur ses épaules, tant elle était désormais gorgée d’eau. La louve s’approcha du corps malmené et posa la paume de sa main sur le ventre gonflé de la jeune femme. Bien qu’elle le fasse de manière douce, une petite gerbe d’eau secoua le cadavre qui vomit du liquide par la bouche. Elle secoua doucement la tête après quelques secondes.
« — Non… C’est certainement toute l’eau qu’elle a avalé qui a fait gonfler son ventre de la sorte. Il n’y a plus rien à sauver ici. » Conclut-elle.
Elle se redressa après avoir clos les yeux du corps puis se hâta près du groupe d’individus qui essayait de sauver tant bien que mal leurs derniers biens. La louve prit soin de ne pas prendre sa forme animale. Les terrifier serait bien la dernière des choses à faire si elle voulait espérer les sauver.
« — NE RESTEZ PAS LÀ, IL FAUT SE METTRE À L’ABRI SUR LES HAUTEURS ! » S’écria-t-elle pour couvrir le grondement de la rivière et de l’orage qui hurlait au-dessus d’eux.
Un éclair illumina soudain les environs et un craquement sonore retentit. Un nouveau hurlement, provenant cette fois-ci d’une bâtisse un peu plus éloignée, également menacée par les flots qui s’approchaient toujours plus des remparts de fortune construits tout autour. Ce n’était pas l’urgence pour le moment. Il fallait qu’ils parviennent à sortir le groupe menacé à tout moment par la rupture du barrage. Les individus posèrent sur elle des regards terrorisés.
« — Je ne peux pas tout perdre ! À quoi bon vivre sans rien ? » Entendit-elle une femme qui essayait de tirer une charrette lourde de vivres, aidée par un jeune garçon.
« — La maison est perdue, mais on peut encore sauver ça ! » Entendit-elle un homme lui répondre.
« — AIDEZ-NOUS PLUTÔT ! » S’écriait une femme qui détachait en hâte le cadavre de sa mule attelée.
La louve gronda et posa sur les deux hommes son regard. « — Il faut ramasser le plus de vivres possibles et s’éloigner avant que le rempart ne cède ! » Leur commanda-t-elle.
Elle se tourna ensuite vers le dénommé Omon. Quelque chose chez lui ne lui plaisait pas. Il n’avait pourtant pas un physique désagréable. Mais les quelques mots échangés et le fait qu’il soit un oiseau, n’étaient pas des éléments qui allaient en sa faveur.
« — Il faut les emmener en sécurité ! » Fit-elle, en ajoutant « Contre leur gré, s’il le faut ! » Il n’était pas l’heure de débattre sur quoi que ce soit.
Le rempart de fortune tremblait et semblait prêt à céder à tout moment. Consciente de la situation délicate dans laquelle tout le monde était désormais rendu, la jeune femme fit face à la rivière. Elle n’avait pas de technique fûton assez puissante pour faire face aux éléments. Elle se contenta de faire apparaitre un de ses clones canin. La bête lui adressa un regard avant de s’élancer en direction d’un enclos où se tenait un bon nombre de bêtes de somme, menacées par les flots. À la manière d’un chien de berger, l’animal se mit à gronder pour leur faire prendre peur et s’éloigner du lit de la rivière.
Pendant ce temps, la jeune femme attrapa deux enfants qu’elle força sur ses épaules et bondit en hauteur sur une colline qui ne risquait probablement pas d’être submergée.
Il y avait du boulot. L’eau qui continuait à monter et avait commencé à détruire quelques maisons et tuer quelques bêtes. Quant aux habitants, chacun cherchait à sauver sa vie sans faire preuve d’entraide. Il fallait les sortir de là.
Ne pas oublier, nous sommes les héros. Et il n’y avait que nous pour tenter de les sauver afin qu’ils ne finissent pas comme cette autre femme.