Sauver les enfants, Tour 1 
Le colosse avait longé le pays des bêtes par en dessous, traînant ses pattes dans le sable chaud du pays du vent. Le vent, c’est bien tout ce qu’il manquait à cette journée pour la rendre agréable, cela et un peu d’eau pour contrer la déshydratation. Il était peut-être temps de remonter vers des climats plus agréables. d’autant que la végétation était à portée de main. Se faisant, le glouton se hâta vers le nord avant d’être mort desséché et se projeta à genoux sur la première étendue d’eau qu’il aperçut, déclenchant l’hilarité des femmes présentes qui venaient puiser de l’eau pour y plonger la tête. En la ressortant, il avait les idées fraîches, et ainsi pu détailler ses spectatrices. Cette hilarité était visiblement la bienvenue, car le retour à leur tâche d’origine les laissa comme de marbre, tristes, inquiètes.
Curieux, Kukan se leva en même temps qu’elles et attendit qu’elles rentrent pour les suivre sans dire un mot. Il observa les dames tout comme elles l’observèrent, par l’intermédiaire de coups d’oeils furtifs, discrets mais empreints d’une méfiance naturelle. Finalement, le bonhomme de chemin déboucha sur un village dans une clairière agrandie, sans doute avec l’aide d’une poignée de bûcherons. C’était un village modeste, mais prospère, conçu de bois et d’argile, comme les villes plus à l’est. Ce n’était pas vraiment un village à l’image du reste du pays, mais il était similaire en ce sens que lorsque l’on tombait sur eux, l’on avait toujours l’impression de dénicher un joyaux dans le sable, une pépite dans une grotte infâme. Suivant le cortège de femme qui désormais se séparaient, il décida de s’arreter, lorgnant un peu aux alentours. Il entendit le métal tinter avant que les soldats ne soient sur lui, mais il ne bougea pas d’un pouce, les laissant appuyer les lames de leurs haches d’armes sur ses épaules, menaçant son cou. Le colosse leva ses deux mains, puis en baissa une pour tendre ses papiers après avoir fouillé dans son manteau quelques instants pour obtempérer. Les tendants derrière lui, mains levées, il eut un petit rire quand un gringalet sautilla presque pour les atteindre. Furieux, celui-ci grogna quelque peu, puis pointa son arme dans le dos du géant, le forçant à avancer jusqu’au poste militaire. Une fois les barreaux fermés, le chef du groupe s’approcha pour enfin discuter.
-Qui êtes vous, que faites vous ici ? demanda-t-il.
Kukan eut un air légèrement dépité, mais malgré son envie de dire qu’il n’avait qu’à lire ses papiers, il préféra répondre, histoire d’éviter de rester enfermé pour rien.
-Je suis Rengeki Kukan, fils de Rengeki Kenji, Seigneur local d’une province du sud de Kawa. Je transite par votre pays pour me rendre à Tsuchi pour affaire.
-Pourquoi passer par Kaze ? s’étonna le chef.
-Le pays des bêtes proscrit la consommation de viande, la chasse pour le bien être des animaux présents, et Ame… J’imagine que j’aurais pu passer par Ame. Je me disais sûrement que les femmes de Kaze étaient bien plus jolies.
Le chef étouffa une expression négative, surement une évoquant son dégoût pour les coureurs de jupons. Il se permit de boire à sa gourde, puis fixa le colosse.
-Je vous déconseille d’approcher les femmes, et je vous déconseille encore plus d’approcher des enfants. Contentez vous de rejoindre le pays suivant sur votre liste et de tailler votre route sans importuner qui que ce soit.
Le colosse venait sans doute de se faire insulter, mais il n’avait pas pu s'empêcher d’aviser la mine grave de l’officier devant lui qui ouvrait la grille, inquiet.
-Vous pouvez me dire ce qu’il se passe ici pour que je me retrouve entre quatre murs aussi rapidement ?
-Régulièrement depuis quelques semaines, des enfants disparaissent. Tout ce que l’on a comme indice c’est qu’ils font partie de ceux pouvant manipuler le chakra.
-Je vois…
Le cœur de la bête balançait, entre s’occuper de ce problème ou tracer sa route comme le chef lui avait conseillé. Mais ses sentiments tournés vers ses souvenirs de sa propre famille lui donnaient envie de se mêler de cette histoire.
-Avez-vous une prime pour la capture des ordures qui ont fait cela ? demanda curieusement Kukan.
-Vous ne faites pas partie des éléments du village caché dans le sable, alors non, pas pour vous.
-Je comprends, vous avez sans doute raison de vous fier à des gens de votre patrie pour cela, merci quand même, s’excusa le colosse en se rendant vers la sortie.
Un des soldats près de la porte murmura une chose quand la bête passa à côté de lui.
-Allez voir Gazaharu, le marchand, au bout à droite de la grande rue, lui conseillait le fantassin.
-Merci, répondit simplement le colosse en passant la porte.
Une fois dans la grande rue, il l’observa d’un bout à l’autre, devinant que le commerce clinquant devait être l’endroit à visiter. Il prit son temps pour traverser le village, puis entra dans le bazar. Une boutique d’un goût exquis et aux prix vraiment pas très modiques. Il flâna un petit moment jusqu'à ce qu'un employé s’approche de lui.
-Votre fourrure est remarquable, commençait-elle en s’emparant d’un des pans du manteaux de la bête. C’est une composition de votre couturier ?
-Non, pas vraiment.. répondit Kukan, pris au dépourvu.
-Quelque chose attire probablement votre œil, que pensez vous de ces assortiments de pierres ?
-N.. commença Kukan avant de tilter.
“Je ne peux pas répondre non, la fourbe..” pensa-t-il. “Elle te piège, tu la piège, c’est pas si dur.”.
-Elles seraient bien plus en valeur à votre cou, murmura-t-il d’une voix suave.
-Vous feriez cela ? Pour moi ? demanda la marchande, extatique.
-Nous ne nous connaissons pas assez, et… Malheureusement pour vos attentes, je suis venu voir Gazaharu.
-Ah…
Son visage changea du tout au tout en une seconde, passant d’une allégresse à un ton boudeur puis revint à la face de vendeuse très satisfaite en un éclair.
-Par ici je vous prie.
Le colosse suivit la jeune vendeuse jusqu’à une double porte somptueuse, qui s’ouvrit toute seule à l’heure arrivée, laissant le grand shinobi rentrer seul pour se placer sur un fauteuil confortable devant le maître des lieux.
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