Heure matinale, je m’étais à nouveau levé avant l’aube. Normalement, aujourd’hui, je ne travaillais pas. Je m’étais donc rendu assez tôt au cimetière pour rendre hommage à ma mère, comme depuis toujours. Mais depuis quelque temps, j’étais titillé par l’envie de faire venir les Kinzoku, le clan entier à Suna. L’envie d’avoir les miens auprès de moi commençaient à être vraiment fort. J’en parlais à ma mère quand l’idée d’en parler à Hazure, la Shodaime Kazekage, me vint. Mais alors que je pensais à elle, je vis arriver un responsable des missions de Suna. Il me transmit un message, me disant que la chef du village me faisait mander. Je hochais la tête. Je ne devais pas oublier que j’étais aujourd’hui un Chûnin et que je ne pouvais plus me comporter comme un petit ninja qui sort d’apprentissage. J’avais une réputation que je devais entretenir. Je devais aussi me montrer à la hauteur de la mission.

Quand on me demandait de venir ainsi, je me demandai souvent pour quelle raison on me convoquait. C’était un Chûnin qui s’occupait des missions. Généralement, je recevais un parchemin, là il était venu en personne, ça semblait donc important. Quand je dis que j’irais la voir à son bureau, le coursier précisa qu’on m’attendrait à l’entrée du village. Mes sourcils se froncèrent, ça me rendait encore plus suspicieux. J’allais échafauder des théories parfois folles. Mais c’était sans doute une mission et je devrais partir directement après l’avoir rencontrée. Je partis donc m’équiper avec mes shurikens, mes kunais et mes petits parchemins explosifs, équipements standards de tous shinobis dignes de ce nom.

J’arrivais à l’entrée du village de Suna. Je vis assez aisément l’Ombre de Kaze. Elle était reconnaissable entre mille. Je m’approchais d’elle avant de m’incliner posément. Elle était accompagnée de son assistant. Je fis un petit salut de la tête en direction de Kansai avant de m’adresser à Hazure.
"Shodaime, vous m’avez demandé de venir. Une mission à me confier semble-t-il ?"
Rencontrer Hazure me faisait toujours cette impression de rencontrer le directeur de l’Académie pour me prendre une soufflante. Mais à l’époque, on y voyait souvent une autre Tegami, Ayane avec moi. Aujourd’hui, c’était souvent seul que je rencontrais ma cheffe. Le pire, cette fois, j’étais devant les portes du village, c’était assez rare pour être intrigué. Il attendait donc la réponse de la grande patronne avec impatience.

La grande patronne me salua en retour. Elle semblait chaleureuse. J’appréciais les personnes franches et à la regarder, c’était effectivement le cas. Elle me dit que Kansai allait me donner les détails, mais j’avais déjà un détail, l’Exploitation Arami. Je la connaissais pour y avoir été en tant que protecteur d’un convoi de matériel. J’y avais été avec Chikkou, le Kinoko à l’ombrelle et Hirohiko, le Moine flemmard et ça s’était parfaitement bien passé. L’une de mes premières missions si mes souvenirs étaient bons.

Hazure partiten premier vers le long couloir que formait le Canyon d’Ocres. Je la suivis et Kansai, la secrétaire de la Kazekage entreprit de me faire un Briefing complet. J’écoutai tranquillement. Une mission pour protéger un objet rare et précieux chez Arami. Voilà qui ne me disait rien de bon, mais ces derniers temps, depuis la fin de l’examen en fait, j’étais très suspicieux et j’allais devoir apprendre à l’être un peu moins, sinon, je risquais de finir paranoïaque. Après avoir écouté la jeune assistante, je souris chaleureusement en répondant.
"Je sais Kansai. Même si tu es discrète, on sait que tu es là. Pour aider notre Shodaime qui aurait parfois du mal sans toi. Pour en revenir à la mission. J’avais déjà travaillé pour eux lors d’une mission. A l’époque l’Exploitation Arami était la cible de brigand, enfin, c’était surtout les convois qui étaient destiné à Arami. La situation s’était améliorée. Mais j’espère que ce ne sera pas encore ces bandits."

J’avais pourtant infiltré en partie leur gang et j’avais réussi à réduire une partie de leurs effectifs, à croire que leur destruction totale m’incombait. Mais je ne pouvais pas passer ma vie à les affronter. Je sortis une main de ma poche pour tourner doucement le cure-dents que j’avais dans la bouche. J’avais troqué la plupart du temps ma clope pour un cure-dents, même si je fumais encore. Et la manie que j’avais de relâcher un peu de fumée la tête levée avait été troquée elle aussi. Maintenant, je baissai la tête marmonnant et tournant le cure-dents à l’aide de mes doigts.

Je repris un peu consistance en décidant de laisser tomber ces digressions pour le moment, je consulterai les documents concernant ce gang une fois revenu d’Arami. En attendant, je me concentrai sur la situation. Je m’approchai un peu plus d’Hazure.
"Je suppose que la situation sera simple. On éclate les brigands et on pose des questions ensuite ?"
Cette méthode me convenait parfaitement. Je pouvais aussi travailler avec plus de stratégie, mais cogner sans trop réfléchir me plaisait parfois.

Le trajet jusqu’à Arami fut rapide et sans trop de difficultés. Ceux qui connaissaient les ninjas de Suna, savaient que la Kazekage était de sortie, ainsi que son assistante, même si Genin et un Chûnin. Il valait mieux ne pas leur chercher des ennuis. En arrivant, les ouvriers semblaient tous comme harassés par le harcèlement qu’ils subissaient de la part des brigands. Certains semblèrent cependant retrouver de la joie de vivre en voyant arriver notre trio. Je levai un sourcil surpris lorsque le contremaître approcha en courant comme s’il voyait en nous ses sauveurs.

Hazure se montra plus mesuré que moi sur la méthode à adopter. J’avais proposé un passage à tabac en règle, la Kazekage était plus mesurée. Elle n’avait pas tort cela dit. Les ninjas de Suna n’étaient pas une vulgaire bande de bandits qui éclataient tout ce qui passait. Je ne devrais pas l’oublier à l’avenir, après tout, je représentais l’essence de Suna. Avec d’autres shinobis cela dit, mais autant que je représente dignement mon village avant tout. Je devrais sans doute avoir une conversation prochainement avec mon supérieur, au sujet de mes origines.

En arrivant, les ouvriers semblaient à la fois épuisés et soulagés de nous voir. Ce qui ressemblait à un contremaitre arriva et nous demanda de démonter des "nuisibles". En chef qu’elle était Hazure mis les points sur les i en demandant s’ils avaient été agressés et que sans cela, n’était pas des mercenaires, ils ne feraient du mal à ses bandits qu’en cas de nécessité. Je souris, la représentante de Suna n’avait pas tort. Kansai pris le relais. Je n’écoutai que d’une oreille observant un peu plus attentivement les alentours. Rien n’indiquait la présence de bandits. Je tournai la tête quand Kansai m’adressa la parole. Je soupirais et je dis calmement.
"Je ne pense pas qu’on soit non plus des instructeurs pour une milice. Mais je suis d’accord, aider à la création d’une milice sera sans aucun doute une bonne chose pour les protéger. Non seulement maintenant mais aussi plus tard. Ils ne peuvent dépendre du village en permanence. De simples bandits comme ici devraient être défait par une garde voire une milice."
Je me tournai vers le contremaitre.
"Êtes-vous le plus haut décisionnaire ici ?"
S’il n’était pas le chef, le rencontrer serait plus efficace.

En attendant sa réponse, je regardai tout autour. Là où j’observai les alentours pendant qu’Hazure et son assistante parlait avec le contremaitre, cette fois-ci je jetai un œil aux ouvriers. Certains avaient les traits tellement tirés qu’on avait l’impression de voir des zombies. D’autres semblaient terrorisés, comme si des monstres allaient leur tomber dessus à tout moment. Presque tous affichaient un mélange de joie de nous voir et une déception du petit nombre de personnes venues. Je sortis une cigarette que j’allumai aussitôt. Je humai un peu l’air. Il était chargé de poussières. Une tempête, comme celle de ma dernière venue ici, approchait et ce n’était jamais bon. J’écoutai aussi la réponse du contremaître d’une oreille distraite.

Ma question fut coupée court. Soit il était réellement le chef, et à ses dires ce n’était pas le cas, puisqu’il répondait quand même aux ordres de la Famille Arami, soit il n’avait pas envie de déranger ses patrons. Mais Hazure et son conseiller prirent les devants. Ils allaient déplacer le Sablier à Suna. Ce n’était pas une demande, ni même une idée, c’était un ordre. Je regardai la Kazekage, un fin sourire amusé apparut sur mon visage. Sa réputation et les histoires sur son passé qui circulaient n’étaient clairement pas usurpées. C’était aussi la meilleure solution en effet.

Je regardai les curieux qui s’étaient approchés quand la Tegami avait annoncé que le Sablier allait être déplacé à Suna, les murmures s’élevaient déjà et certains semblaient ne pas vouloir cette situation arrivée. Je notai quand même quelques sourires satisfaits de voir la perspective d’une énième attaque s’éloigner. Je notai quand même quelques sourires un peu plus agressifs, comme si la sortie du Sablier de l’exploitation allait leur donner une occasion. Je le notai, mieux encore je notai leur description physique dans un coin de ma tête. Mais nous avions aussi du coup un problème logistique, il fallait savoir à quoi ressemblait le dit sablier. Tout en continuant mon observation pratique, je parlai au contremaître.
"Monsieur Shigune. Où se trouve l’objet et quel est sa taille, qu’on puisse prendre nos dispositions pour l’emmener le plus rapidement possible."
Le fait de déplacer le sablier à Suna ne souffrait d’aucune contestation. Hazure était ma supérieure malgré tout et choisir de déplacer le sablier était somme toute un ordre et je ne comptais pas le discuter. J’avais d’autres choses en tête. Le nombre de types intéressé par notre conversation avait encore augmenté et certains étaient encore plus intéressés par ce qui serait des informations logistiques. Notamment sur son transport. Je m’efforçai de reconnaître tous les curieux qui n’étaient pas seulement là pour les Shinobis, ils étaient peu nombreux, ou ceux qui étaient juste curieux de la situation. Je cherchai ceux qui servaient d’espions pour les brigands. L’un d’eux, un gaillard un peu plus petit que la moyenne et au crâne rasé, semblait très intéressé, trop depuis que la Shodaime avait parlé de transporté le sablier à Suna.

Le contremaître ne savait pas trop quoi faire, mais devant nos attitudes, il soupira et choisit de nous emmener à l’endroit où était gardé le fameux sablier. Peu de gens nous suivirent. J’en profitai pour prendre un peu de hauteur, Hazu et Kansai pourraient parfaitement gérés les décisions pour le transport, j’avais besoin d’un peu de temps pour autre chose. Une fois isolé correctement, je créai deux clones d’acier, merci Razan. Je les envoyai vérifier des infos dans le camp en écoutant les conversations. Ils se camouflèrent par une petite métamorphose pour ne pas se faire repérer. Je savais que j’étais assez facilement reconnaissable avec mon manteau à fourrure, mes cheveux rouges et mon attitude désinvolte. Je finis ensuite de rejoindre le reste de l’équipe. J’arrivai pile devant une porte lourde fermé et lourdement protégé. Je reconnus également un petit sceau, mais qui ne résisterait pas à une attaque de force brute. Je soupirai. Le chemin allait être long pour cette mission.