Hinako c’est soit tout, soit rien. Soit on l’adore, soit on la déteste.
Dans les deux cas, elle s’en fout, mais c’est encore autre chose.
Connue pour être méticuleuse, travailleuse et pour ne jamais lâcher prise, certains aiment travailler avec elles. D’autres pourront penser qu’elle en fait trop, ou que son perfectionnisme est inutile. Ça dépend des gens. Encore une fois, soit tout blanc, soit tout noir. Difficile de se situer au milieu.
C’est une Jônin reconnue auprès des autres ninjas, certes, mais au sein des civils Kumojins, c’est un visage qui passe presque inaperçu. Généralement, les gens la remarquent une fois qu’ils voient son brassard. Avant, elle est comme madame tout le monde, pas particulièrement plus grande ni plus forte.
« Une petite fille, ça ne pleure pas, Hinako. »
Elle a jamais trop compris cette phrase. Sa mère lui disait en permanence, mais quand on est enfant, difficile de savoir pourquoi on n’a pas le droit de pleurer.
Hinako est issue du clan Suibaku, un de ces clans barbares, féroces, qu’on connaît pour ne pas être dans le droit chemin et encourager les crimes. Enfin, plus ou moins. Paraît qu’ils se sont un peu rangés, mais qu’ils continuent leurs méfaits dans l’ombre.
La famille d’Hinako correspond plus ou moins à cette description. Son père, Masato, est un membre éminent du clan, connu pour avoir mis à mal un grand nombre de mercenaires, en plus d’avoir participé à divers conflits lors de ses jeunes années. C’est un guerrier féroce, colossal, qui ne s’arrête pas devant les plaintes de ses victimes. Il n’a aucune compassion, aucune douceur, aucune tendresse. Il tue, c’est tout. Il n’a pas non plus de pitié, capable de tuer des enfants, des femmes ou même des animaux. Les ordres sont les ordres. C’est ce qu’il a tenté d’enseigner à sa petite fille pendant toute son enfance, quitte à en faire une gamine insensible.
Cette rigidité s’inscrit dans l’apprentissage donné par sa mère, Mana, qui lui a toujours appris qu’il ne faut pas pleurer. Peu importe la raison : douleurs, grosses blessures, perte d’un être cher, il ne faut jamais pleurer. Quoi qu’il arrive.
Alors, forcément, ça grille quelques neurones, ça fusille quelques compétences sociales. Mais ça s’explique, d’une certaine manière. Eh oui. Quand on vit dans un monde où l’homme – avec un petit « h », pour désigner l’homme en tant qu’être unique – est celui qui règne en maître, il faut se hisser à ses côtés.
Agir comme un homme, penser comme un homme, vivre comme un homme. Faire tout pareil pour pouvoir l’égaler, voire le dépasser.
Ah, c’est archaïque hein, surtout quand on voit que deux des actuels Kage sont des femmes. Mais à l’époque, fallait vivre comme ça, sans chercher à comprendre.
Ça donne naissance à Hinako, l’adorable fillette au nom qui signifie « petit poussin », qui ne bronche pas quand on la frappe, qui ne pleure pas quand elle a mal et qui n’en a rien à faire de pousser son voisin. Ah il n’avait qu’à pas être sur son chemin !
Ses très jeunes années ont été rythmées de petites histoires parfois amusantes, parfois moins. Une éducation sévère, stricte, qui impose une très grande loyauté pour le pouvoir en place, mais n’empêche pas une certaine désinvolture. Ou alors ça, c’est juste Hinako … Oui, c’est possible. Les expériences, tout ça. Le fait de grandir, de se développer une personnalité particulière, forgée par l’éducation, les rencontres …
Et elle en a fait, des rencontres, Hinako.
D’abord jeune Suibaku restée très longtemps à la maison, elle a vite eu envie d’ailleurs. Des endroits différents, des cultures différentes, des perceptions différentes.
Elle aime le monde, Hinako. Elle aime comprendre ce qui le fait tourner.
C’est donc tout naturellement qu’elle a commis un méfait dans ce sens.
Un globe terrestre. Une véritable reproduction de la carte du monde, avec toutes les informations dont elle disposait à cette époque. Ça fait un peu vide, le Yûkan, sans les précisions sur les pays en-dehors de Kaminari, mais c’était quand même pas mal.
Oh c’était joli, oui. Surtout quand ça a explosé en jolis feux d’artifice bien bruyants, qui ont flanqué une belle frousse aux habitants du village.
La technique pour ne pas se faire attraper ?
La dissimulation. Sa signature ? Indécelable. Cachée. Invisible aux yeux de tous. Et sa présence sur les lieux du crime, évidemment.
Hinako « le petit poussin » n’est pas capable de tels méfaits … Si ?
Héhé.
Le reste s’est fait assez naturellement. Un désir d’évasion, des capacités de dissimulation et de traque développées, des entraînements réguliers et hop, la réouverture de Kumo est arrivée comme une bénédiction.
Seika Itoe ? Elle ne la connaît pas. Sa méthode peut ne pas être la bonne, ou elle peut l’être, ce n’est pas son rôle de le décider.
Son rôle est le même que celui de son père avant elle : suivre les ordres.
Elle enquête, file, manipule, modifie ou falsifie tout ce qui doit l’être quand il le faut.
Elle n’a aucun scrupule, aucune clémence. Une cible est une cible. Si son enquête lui donne raison, alors elle n’hésitera pas à le vendre, pas une seule seconde.
Et ce, même si la cible est Seika Itoe elle-même. Après tout, sa loyauté est à Kumo, non à la Seika. Si elle finit par menacer la paix du village, elle ne mérite pas mieux que les autres.