Depuis son retour dans l'enceinte du village, Akito se sentait à la fois cloisonné et paisible. Il était mitigé entre le confort de recouvrer sa vie au sein du clan Nara, très solitaire et recluse, et l'enfermement qu'impliquait le retour à Konoha tant qu'il demeurerait genin. Les quelques occasions de voir le monde extérieur, a fortiori lors de ces six mois, lui permit d'ouvrir un tant soit peu son cœur au monde. Bien que toujours refermé sur lui-même, il avait au moins acquis une vague forme de goût pour la curiosité envers ce monde en proie à l'instabilité. Les conditions de vie ne restaient jamais aisées bien longtemps, mais tout être vivant s'y était acclimaté depuis la naissance. De plus, Akito avait noué une forme bien singulière d'amitié avec Inoue, sa principale partenaire d'entraînement durant ces six mois.

Quant à sa loyauté envers le village, Akito n'avait quasiment pas évolué. Il ressentait peut-être un respect plus profond envers Konoha à la place d'une indifférence morne, mais demeurait prêt à revoir son alignement en fonction de ce qu'il découvrirait un jour sur son clan. Bien que la suspicion à l'égard de Konoha et du Pays du Feu n'ait aucune fondation de plus que des intérêts politico-militaires présumés, le jeune homme cherchait simplement à faire preuve de prudence. D'ici là, que la vérité révèle la culpabilité du village, du gouvernement ou d'une organisation totalement différente, Akito accomplirait avec sérieux toute tâche confiée.

En ce jour, Akito exerçait son coup de taille au sabre. Coopératif ne serait-ce que dans l'intérêt de son cher clan, le Nara s'entraînait intensément chaque jour. Néanmoins, son style de combat manquait cruellement d'inventivité malgré son agilité. Au katana, ses seules techniques développées furent deux coups visant à briser la défense adverse : l'un plus rapide mais plus léger, l'autre plus lourd mais plus lent. Il demeurait incapable de véritablement surprendre ses ennemis avec des coups qu'ils ne sauraient soupçonner. Il demeurait incapable de les prendre en vitesse. Il demeurait incapable de devenir véritablement plus puissant. Il demeurait incapable d'être suffisamment compétent pour se montrer digne du chûnin qu'il avait déjà échoué une fois à devenir. Il demeurait incapable de se révéler efficace à son goût, malgré les neuf mois qui s'étaient écoulés depuis sa reprise en main. Il ne s'agissait pas d'être faible mais bel et bien mauvais : que lui manquait-il ?

Ce n'est pas comme ça que je pourrai protéger Sayu-chan et les autres !

Sur cette pensée, il remarqua soudainement quelque chose qui l'interrompit dans ses ruminations et son exercice de coup de taille. Il manquait visiblement de zèle pour qu'un être humain différent de Sayuri parvienne à le sortir de son petit monde intérieur d'une quelconque manière. La dernière fois que cela se produisit remontait justement à l'été précédent, lorsqu'Inoue l'aborda pour faire connaissance et lui proposer de s'entraîner.