Shidō Errant Shidō Grade / Profession : Genin |
Désert de Kaze no Kuni, milieu de la nuit…
Il faisait doux, cette nuit-là. Assis sur un rocher couvert de poussière, Shidō contemplait la voûte céleste et regardait le ballet d’étoiles qui rendait la soirée plus belle qu’elle ne l’était déjà. Penché vers la voie lactée, il rêvassait. L’espace, l’infiniment grand. Qu’il est vertigineux de se dire que, comparé aux astres qui gravitent sur leur axe éternel, nous ne sommes rien de plus que des grains de poussière, tout comme ceux qui parsèment le désert dans lequel se trouvait l’illusionniste.
« Hm… une infime particule d’un tout qui dépasse l’entendement… philosopha-t-il tout en s’allongeant sur le rocher. »
A quelques centimètres de lui, depuis le rebord de la grosse pierre sur laquelle il était assis, Hoshi surveillait les environs. L’oiseau tourna la tête, adressa un regard à son ami et émit un léger hululement d’interrogation.
« Ha ha, mais oui Hoshi : malgré tout, tant que nous resterons tous les deux, nous serons invincibles ! »
Le hibou cligna lentement des yeux, visiblement satisfait de cette réponse, puis reprit son rôle de sentinelle. Et tandis que son coéquipier emplumé faisait le guet, Shidō plaça ses deux mains derrière la tête, improvisant un oreiller de fortune, et se mit à rêvasser. Il était minuit passé : aujourd’hui, il prenait vingt et un ans. Vingt et une longues années rythmées par des voyages, des rencontres… mais aussi d’épisodes plus douloureux. Cela faisait six ans qu’il s’était libéré du joug du terrible Otōsan. Six ans qu’il se laissait porter par les vents, qu’il découvrait le monde… Mais depuis quelques jours, des souvenirs de l’orphelinat refaisaient surface et s’ancraient dans son esprit, revenant de manière incontrôlée et brutale sous la forme de visions parfois traumatisantes. Et alors que le nombre de flashbacks grandissait, les manifestations de l’entité tapie dans son esprit s’accentuaient.
Mais au moment où il songea à cette dernière, un frisson le parcourut de tout son long.
« Bon anniversaire, Shidō… »
Celui-ci se redressa brutalement sur son rocher, ce qui fit par la même occasion sursauter le hibou qui battit des ailes et s’écarta de l’illusionniste. Shidō lui adressa un sourire, cherchant à le rassurer. Mais au fond, c’était plus pour se rassurer lui. Il tourna lentement la tête et posa ses yeux sur la masse noire qui prenait peu à peu une forme humanoïde. Malgré ses orbites vides, l’ombre observait la scène, lévitant à quelques centimètres du sol.
« Que me vaut l’honneur de ta visite, Yami ? »
Bien qu’habitué à entendre le jeune homme parler seul, Hoshi demeurait inquiet et attentif.
« Rien de spécial. Ai-je besoin d’une raison pour venir te voir ?
- Non, mais disons que j’espérais secrètement que tu me laisses tranquille le jour de mon anniversaire…
- Allons, pourquoi ‘‘secrètement’’ ? Tu sais bien que tes pensées n’ont aucun secret pour moi. Tu n’es pas content de me voir ?
- Ce n’est pas le terme que j’aurais employé… lâcha Shidō en réprimant un tremblement.
- Ne t’inquiète pas : je ne ferai rien de spécial, aujourd’hui. Après tout : c’est ton anniversaire ! »
La créature obscure changea de forme et esquissa ce qui ressemblait à un sourire carnassier, duquel s’échappa un gloussement rauque. Elle glissa ensuite sur la pierre, ondulant tel un serpent, se plaça derrière le hibou puis lui caressa lentement les plumes du bout de ces doigts griffus. Hoshi, bien sûr, ne ressentit rien, mais ce geste déplut à notre protagoniste qui réagit aussitôt.
« Arrête, Yami ! s’exclama-t-il, les poings serrés. Qu’est-ce que tu veux ?
- Je te l’ai dit : rien. L’entité s’écarta du volatile puis tomba du rocher avant de marcher sur le sable du désert. J’ai toutefois une question qui me taraude depuis plusieurs jours… Et même si je connais déjà la réponse, j’aimerais te la poser.
- Laquelle ?
- Pourquoi vouloir retourner là-bas, hm ? Qu’espères-tu y trouver ? »
Shidō leva la tête et observa la ligne d’horizon. Loin derrière les dunes ensablées s’élevaient les premières habitations de la cité de Tokaido, là où tout avait – du moins, en partie – commencé. La simple vision de l’architecture de la ville fit remonter des souvenirs de son enfance. Des images de lui, huit ans plus tôt, se superposèrent à son champ visuel, et une multitude de voix résonnèrent autour de lui.
* Shidō, tu viens jouer avec nous ? *
* J’arrive, Akimoto ! *
* Le premier arrivé à la place du marché mangera un dessert en plus ce soir ! *
Il secoua frénétiquement la tête de gauche à droite, comme pour chasser cette vision de son esprit, et soupira.
« Des réponses…
- Des réponses, bien sûr, mais à quelles questions, ça… Nous verrons bien ce qui t’attend là-bas ! »
La forme noire lâcha à nouveau un rire malsain, se retourna en direction de son hôte et se désagrégea, disparaissant au milieu du sable. Hoshi sautilla vers l’illusionniste et vint se placer juste à côté de sa jambe. Il hulula une deuxième fois et lui adressa un regard interrogatif.
« Tout va bien, Hoshi… Tout va bien… dit-il en caressant du bout des doigts la petite tête de l’oiseau. »
Il laissa ses deux jambes se balancer dans le vide et se tourna vers la sacoche posée à côté de lui. Il fouilla quelques secondes le contenant, sortit une flûte shinobue et, après avoir contemplé le ciel, il se mit à jouer. La musique, portée par les vents, s’élevait dans le ciel et ajoutait une touche de perfection à cette nuit étoilée. Et tandis qu’il improvisait un air qui avait pour habitude de bercer sa boule de plumes, il se laissa porter par la musique. Ses doigts glissaient sur la flûte avec une agilité quasi experte, et les sons qu’elle produisait apaisaient nos deux compagnons.
Soudain, un éclair de lucidité lui traversa l’esprit, ce qui eut pour effet de taire la flûte en bambou. Il la posa à côté de lui, récupéra dans sa sacoche un petit carnet ainsi que la plume qui l’accompagnait et se mit à griffonner sur la première page blanche qu’il trouva.
« J’ai fait un rêve, il y a trois jours. Un rêve étrange qui malheureusement s’est estompé dès mon réveil, sans que je puisse noter quoi que ce soit… Et là, alors que mes pas me ramènent à Tokaido, à l’orphelinat d’Otōsan, le souvenir de ce songe refait surface.
J’arpentais des territoires montagneux impraticables, par une nuit sans lune. Alors que je progressais difficilement sur le sentier, une odeur emplit mes narines… Un mélange de bois brûlé et de sang. Je fus l’instant d’après transporté dans un village en ruines dont les rues étaient jonchées de corps sans vie. J’essayai de courir, de quitter cet endroit maudit, mais mes jambes refusèrent de m’obéir. Non, au lieu de ça, elles empruntèrent le chemin de pierre menant au sommet du mont qui surplombait le village. Lorsque je posai le pied sur la première marche, un cri de terreur résonnait depuis les hauteurs. Et plus je gravissais la montagne, plus l’horrible hurlement s’intensifiait. J’atteignis alors une imposante pagode, sans doute un temple. Quelle divinité était vénérée ici, je n’en savais rien : les statues qui ornaient l’allée dallée avaient été réduites en poussière.
Tout à coup, j’aperçus près de l’autel au centre du temple une masse noire, qui se révéla être un homme. Celui-ci me fixait d’un regard mauvais, il me fixait de ses deux yeux jaunes qui semblaient me transpercer, puis il fit quelques pas dans ma direction. Je perdis alors aussitôt le contrôle de mon corps : ma main s’approcha de ma taille, agrippa la poignée du sabre sanglé à ma ceinture et tenta de le tirer de son fourreau. En vain, naturellement : la créature fondit sur moi, ce qui m’extirpa brutalement de mon sommeil. A mon réveil, je n’avais plus aucun souvenir de tout ça…
Quelle est la nature de ce rêve ? A-t-il un message caché, un sens ? Peut-être que Yami sait quelque chose que j’ignore ? Une chose est sûre : demain j’irai à Tokaido. Peut-être y trouverai-je les réponses qui me font défaut depuis tout ce temps ? »
Alors qu’il achevait l’écriture de son étrange songe, un individu apparut derrière lui et lui tapota sur l’épaule.
« Qu’est-ce que tu fais dehors, gamin ?
- Hein ? sursauta Shidō en se retournant brusquement, réveillant au passage Hoshi qui s’était endormi contre sa jambe.
- J’ai entendu de la musique, j’ai cru que c’était mon imagination ! »
Un homme d’une soixantaine d’années venait de sortir de nulle part, aux rênes d’une carriole transportant de nombreuses marchandises.
« Je ne m’attendais pas à croiser quelqu’un au beau milieu du désert… répondit notre protagoniste en ramassant ses affaires.
- J’préfère voyager de nuit : on évite les fortes chaleurs !
- Certes, mais les nuits ne sont pas tranquilles, et les bandits rôdent…
- J’vais à Tokaido, ça te dit de faire la route ? Je ne dirais pas non à un peu de compagnie !
- Hm… oui, pourquoi pas. »
Shidō attendit que le hibou volète jusque sur son épaule, puis il descendit de son rocher, épousseta son manteau et rejoignit le sexagénaire.
« Tu as une drôle de bête de compagnie. Un... grand-duc, c’est ça ?
- Vous êtes connaisseur.
- Ah ça ! J’ai pas mal bourlingué, et j’ai appris deux trois p’tites choses, ouaip ! »
Le marchand grimpa sur le siège à l’avant de la carriole, suivi de son jeune voyageur. Il donna un léger coup de fouet aux bœufs qui tractaient le véhicule, et le convoi reprit sa route.
« Dites, vieil homme…
- Ouais, gamin ?
- Croyez-vous aux rêves prémonitoires, ou prophétiques ?
- Aux rêves prophétiques ? Il éclata de rire. J’crois pas aux racontars de bonnes femmes ! Non, je n’crois qu’à deux choses : une bourse pleine et une bouteille d’alcool ! Mais pourquoi cette question ?
- Oh, pour rien… répondit-il en posant délicatement la main sur sa sacoche, sentant le carnet qui se trouvait à l’intérieur. Pour rien… » --------------------------------------------------------------------- Hors RP : Hello there, toi qui lit ce message ! Ce RP est libre et nous mènera à Tokaido, la ville touristique au Nord-Est de Sunagakure. Mon protagoniste a quelque chose à y faire, mais rien ne l'empêche de croiser d'autres personnes. D'autant que sur place, il se verra confier une mission, donc si tu souhaites y participer, c'est avec plaisir !  Si jamais cela t'intéresse, n'hésite pas à m'envoyer un message privé ! A plusch' !
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