Le message à transmettre était simple : le lieu et l'heure du rendez-vous. Le motif ? Toutes les deux le connaissaient déjà, ou presque. Inutile de prendre un risque impudent en le rappelant ici. Lors de leurs dernières rencontres, Muku avait soigneusement mis en scène la fin de leurs échanges afin d'aiguiser leur curiosité. Des dénouements différents selon leur caractère. Sentimental et tragique, mais néanmoins sincère, avec Momiji qui est une jeune femme sensible. L'abandon de son clan au passé violent et aux traditions délinquantes l'atteste. Mercantile et frontal avec Kaori la guerrière. Qui monnaya ses poings sans détour quand elle comprit le petit jeu de Muku.

Ainsi, la Senbaru espérait attirer à elle ses deux talents kumojins. Les défaites qu'elle subit ne furent pas veines, elles avaient pour seule et unique but de tester leurs compétences. La genin comprit rapidement que leurs aptitudes à toutes les trois sont complémentaires. Elle se devait de former une équipe, mais pas n'importe comment et avec n'importe qui. Leur mentalité si différente l'une des autres viendrait aussi nourrir l'esprit de groupe, et formuler une alchimie parfois complexe mais subtile. Ne restait qu'à les convaincre de la suivre...

Afin de s'assurer personnellement que son message ne tombe entre de mauvaises mains, Muku se chargea de le délivrer elle-même. La marchande savait où trouver ses deux destinataires. Dans le cas de Kaori, elle se contenta de la suivre discrètement après l'un de ses entraînements quotidiens, une routine qui lui facilita la tâche. Quant à la Suibaku, elle obtint quelques bribes au détour d'une conversation alambiquée avec Waibe, le médecin des terrains d'entraînement qui l'avait vu plusieurs fois. Il fallut à celle qui allait rejoindre les cartographes plus d'une filature pour déterminer avec exactitude l'adresse de cette dernière. La prudence est de rigueur.

Des jours différents et à des heures différentes, Muku se posta non loin de leur domicile respectif. A l'ombre de sa cachette, elle incanta une feuille dont elle a le secret et y déposa quelques mots. Quelques signes plus tard, le papier se plia en un origami prenant la forme d'un petit moineau. La bête prit son envole et se déposa au rebord de leur fenêtre, sous l’œil avisé de sa maîtresse. Picorant sur le verre du carreau, le porteur de courrier attira l'attention de son destinataire. Entre de bonnes mains et à peine la fenêtre refermée, l'animal reprit sa forme initiale dévoilant ainsi son message. De part cette lettre si particulière, nul doute qu'elles devineraient qui en est l'auteur.