Akio est inconnu à ce jour, n’ayant rien accompli de mémorable avant son arrivée à Konohagakure no Satô. Il vivait plutôt en ermite avant, tentant de se faire oublier de la société.
Quelques années avant la prise de pouvoir de Satoyama Kyokai, un jeune Samouraï redoutable semait le trouble parmi les opposants de son Seigneur. Totalement dévoué et presque aveugle à l’ignominie du tyran, le Samouraï s’attira très vite les foudres des petites factions opposées à la cruauté de Satoyama, qui naissaient ça et là. Ce Samouraï mena une action déterminante dans le renversement du Daimyo actuel et l'avènement de son Seigneur. Beaucoup se demandaient comment un homme si droit acceptait de servir la cause de ce tyran...
La raison était simple : il était Samouraï au service d'un Seigneur et le Bushido régulait toute sa vie. Peu importe les actes de son Maître, il le servirait jusqu’à la mort. On appelait ce Samouraï « le Guerrier du Croissant de Lune », en rapport avec le croissant de lune asymétrique magnifique qui ornait son kabuto. Il s’appelait Naïto Jubeï.
Naïto avait trois fils et quatre filles. Il éduquait ses enfants, plus particulièrement ses fils, avec une rigueur exagérée et une discipline qui ne laissait aucune place à l’écart. Akio était le plus jeune d’entre eux. Et de ce fait, il faisait l’objet du plus grand nombre de brimades et de critiques. Il travaillait ainsi plus dur que ses frères afin d’améliorer ses capacités aussi bien intellectuelles que physiques. Malheureusement pour lui, il était bien plus doué pour la réflexion que le combat. Il était souvent mis de côté lors des entraînements au sabre, car en ces temps de guerre, il n’y avait guère de place pour la littérature. Il se sentait bien différent de ses frères. Il savait faire des choses, anormalités qu'il se gardait bien de partager.
Akio grandit ainsi, plus au côté de ses sœurs et sa mère, n’étant que spectateur de l’ascension de ses frères au sein du petit clan Naïto. Ces derniers étaient voués à devenir de grands Samouraïs, comme leur père. Mais pas lui, car la vérité de son exclusion avait des racines un peu plus profondes. Jubeï l'avait trouvé dans une forêt, abandonné de tous, le petit pleurait et semblait affamé. On ne saura jamais si Jubeï fut preuve de bonté d'âme ou de pitié ce jour-là.
Naïto Jubeï continuait de multiplier les exploits militaires, déjouant plusieurs complots visant à destituer le Daymio Satoyama. Il devenait un danger pour les rebelles qui voyaient de plus en plus en lui un rempart face à la liberté et à la fin de la tyrannie. Il devenait clair qu’il fallait agir à l’encontre de ce guerrier qui écrivait peu à peu sa légende.
Quelques années avant la chute d'Arashi, un groupe de Nukenins sans scrupule animés par le pouvoir, entrevit l’opportunité de s’enrichir si le Daymio était destitué. Cependant, se trouver face aux troupes de Jubeï Naïto représentait un risque, et les rumeurs voulant qu’une révolte organisée voit le jour se trouverait en péril. D’accord sur ce point, ils décidèrent donc de passer à l’action dans l’ombre.
Pendant plusieurs mois, ils espionnèrent chaque fait et geste de Jubeï Naïto et ils conclurent que le meilleur moyen d’agir avant que la révolte ne voit le jour était d’atteindre le Samouraï alors qu’il se trouvait avec sa famille. Ils avaient remarqué que Naïto ne prêtait que peu d’attention aux moments passés avec elle et qu’il s’accordait plus à entraîner ses fils aînés qu’à prendre soin des autres.
Les Nukenins profitèrent de cet état de fait pour passer à l’attaque. L’un d’eux, à l’aide d’un Jutsu Katon, embrasa la maison du Samouraï, qui comme chaque jour à cette heure-ci, donnait des leçons de Katana à ses fils « préférés ». Jubeï et sa progéniture se précipitèrent pour porter secours au reste des leurs. Il ne put que constater dans un premier temps que l’une de ses filles était déjà morte, écrasait par l’effondrement d’une poutre. Il hurlait pour obtenir des réponses des autres. Il aperçut alors Akio qui se dirigeait vers eux, portant sur ses épaules l’une de ses sœurs inconsciente, tenant le bras de sa mère pour l’aider à marcher, suivi par les deux autres sœurs. Ses deux frères se précipitèrent pour aider ces dernières.
Toute la famille sortit afin d’échapper aux flammes, tandis que Jubeï inspectait les lieux à la recherche d’indices, ignorant totalement le danger qui se propageait tout autour de lui. Malheureusement pour ceux qui évacuaient, ils ne s’attendaient pas à être accueillis par les Nukenins, postés sur la partie du toit encore intacte. Ces derniers lâchèrent une pluie de Shurikens ne laissant aucune chance aux victimes... presque... aucune... Akio ne dut son salut que grâce à sa sœur qu’il portait sur son dos. Tentant de s’extirper du cadavre encore frais de la jeune fille, Akio argua un regard vers le ciel pour voir plusieurs silhouettes sauter du toit. Il fut très vite entouré par une dizaine d’hommes masqués, vêtus intégralement de pourpre... Alors que sa dernière heure allait sonner, un cri rauque et à faire frémir résonna à l’intérieur de la maison..... Jubeï Naïto chargeait les assassins de sa famille.
Le Guerrier du Croissant de Lune abattit en quelques secondes trois Nukenins. Il semblait déchaîner comme un dragon impétueux. De son côté, Akio demeurait paralysé par la peur. Il ne pouvait s’empêcher de passer son regard de corps en corps, la terreur l’envahissant petit à petit. Il se mit à hurler, attirant l’attention de son père... qui commit probablement ce jour-là sa seule erreur. L’un des assassins lui planta un Kunaï en pleine poitrine. Affaibli mais nullement vaincu, Jubeï redoubla les assauts. Mais la blessure était sérieuse et sa vue déclinait au fil des secondes qui s’écoulaient. Plusieurs entailles vinrent strier son corps jusqu’à ce qu’il tombe à genou, complètement épuisé. Un Nukenin planta son Kunaï entre les deux omoplates du Samouraï..... le coup de grâce !
Mais la besogne n’était pas tout à fait achevé, car Akio était encore en vie. Ils s’approchèrent tranquillement du jeune garçon dans l’idée de lui régler son compte et proscrire le clan Naïto de l’histoire. Un premier coup fut porté qui eut raison de l’œil droit de l’enfant.
Un vent s’éleva subitement, venant bloquer l’avancée des Nukenins. Pris au dépourvu, les assassins furent pris au piège dans ce qui devînt une réelle tempête. La foudre s’abattit sur eux. Seul l’un d’entre eux survécu et il réussit à s’enfuir avec le Katana Kenshin de Jubeï ! Akio resta planté de longues minutes avant qu’un homme de petite stature, vêtu d’une bure en lambeaux et d’un grand chapeau de paille, n’apparaisse devant lui. Akio ne lui prêta pas tout de suite attention, car il rampa jusqu’à la dépouille de son père. Il écarquilla de grands yeux terrifiés et avant qu’ils puissent ouvrir la bouche, le petit homme était sur lui. Il utilisa un Jutsu afin d'apaiser le jeune garçon. Quelque peu ragaillardi, Akio se redressa pour observer la scène du massacre. De chaudes larmes coulaient sur ses joues. Il jeta un dernier regard à son père et aperçut son Wakisashi qui pendait à sa ceinture. Il s’en empara avant de se tourner vers le petit homme.
Il répondait au nom de Kaï. Ce dernier accepta que Akio le suive dans son périple qui ne semblait n’avoir aucun but précis. Ils passèrent beaucoup de temps dans les alentours de Mizo no Kuni. Kaï accepta d’apprendre le maniement du Wakisashi à Akio. Il s’aperçut très vite que le jeune garçon avait été profondément traumatisé par la mort de sa famille et le meurtre de son père sous ses yeux, car Jubeï tentait parfois de "vivre" à travers son fils. Il ne put que constater la tourmente dans laquelle le gamin était plongé. Il avait décelé chez lui également sa différence, cet aspect bestial qui le caractérisait parfois.
Un an seulement après leur rencontre, les deux comparses se retrouvèrent face aux autorités de Seigyoku. Deux dangereux criminels étaient vivement recherchés à travers le pays. Kaï et Akio ne correspondaient absolument pas à la description des fugitifs, mais quelle aubaine pour les soldats de tomber sur deux vagabonds et de boucler rapidement cette affaire fastidieuse. En quelques jours seulement, on jugea Akio et Kaï et furent condamnés à être incarcéré à Arashi. L'enfant ne connaissait absolument cette prison, et ce fut Kaï qui se révolta pour protester contre cette décision sordide. Une erreur qui lui fut fatal.
Akio resta sans voix, un nouveau traumatisme venait alimenter sa folie qui le dominait de plus en plus. Il connut ainsi pendant deux ans les horreurs d'Arashi, avant d'être libéré par l'invasion de la prison. Les gardes là-bas l'avaient surnommé Dokugantora, le Tigre aveugle, en rapport avec ses pulsions animales et son œil invalide.
Six ans que ses proches étaient morts à présent... le nom de Naïto avait probablement été effacé de l’histoire, des mémoires... Akio était parti très loin de Mizu no Kuni, loin des vestiges de sa terre natale, ne participant aux nombreuses attaques perpétrées par les évadés d'Arashi... Il était temps pour lui de s’ouvrir à la civilisation. Si les Dieux avaient décidé de l’épargner ce jour-là, de l'épargner de l'enfer et des expériences d'Arashi, c’était peut-être pour une bonne raison... S’il avait finalement appris à se servir d’un sabre, à se battre, devait-il encore vivre en marge de la société ? N’était-il pas finalement destiné à mettre à profit ses connaissances afin de se rendre utile ?
Levant ses yeux et s’arrachant à ses pensées, il posa son regard sur les portes qui se dressaient devant lui...Konoha...