Printemps de l'an 151,
Village de Konoha, à l'extérieur des remparts Est.

Les beaux jours étaient de retour au sein de la Feuille,

Lentement mais sûrement, les cerisiers en fleurs prenaient la relève des fontes de neiges s'évaporant, laissant germer et s'affirmer la note sucrée d'un rose qui ne savait que s'affirmer avec majesté dans les quartiers prospères du Clan Kobayashi.

Qu'il neige, qu'il vente où qu'il pleuve, les événements récents n'avaient pas épargné Konoha, le Monde quant au retour de cette organisation maléfique qui ne faisait plus taire ses méfaits mais les accroissaient en ne jurant que par le nom de l'Humanité.

Kyoshiro le savait, mais ce n'était là qu'une partie de ce qui rendait son regard aussi tranchant, aussi vif qu'une lame raffinée, prête à trancher chaque obstacle qui pouvait venir se dresser devant le jeune Genin. L'amoureux de la Nature était en route pour l'extérieur des remparts Est du Village sous directive du Village pour protéger et assister les équipes d'ouvriers déployés pour la construction de la première pierre à l'édifice qu'allait devenir cette monstrueuse invention qu'était le réseau ferroviaire de Konoha.

Une étape, une marche qui faisait partie intégrante d’un projet ficelé et qui allait devoir faire ses preuves pour s’affirmer dans le Monde Shinobi, un monde d’incertitudes, de tensions qui pouvait à lui seul compromettre la sécurité et la sureté d’un tel projet.

D’un pas pressé, le Kobayashi traversa les quartiers commerçants, aussi animés qu’à leur habitude pour le plus grand plaisir du jeune homme qui attendrit son regard en étant témoin du réveil de la population à la manière des fleurs sous l’appel du soleil et de la belle couleur azurée qui venait repeindre le ciel, ôtant les teintes grisâtres et le froid, autrement moins attractifs.

Un dossier concernant l’architecture à respecter et les plans pour monter cet atelier en grandes pompes, des plans peaufinés et travaillés avec le pôle scientifique et technologique de Konoha dont l’un des deux mentors du Genn, Hideki Ryoga.

L’air embrumé, perdu dans les pensées du rêveur s’envola sous l’influence des bonnes ondes du printemps et laissa place à une course, remplaçant la marche du garçon, qui s’empressait de prendre de la vitesse jusqu’à sauter sur un premier toit et enchaîner pour rejoindre rapidement, en cette belle matinée les remparts Est comme prévu.

Il était grand temps de se mettre au travail, à l’image d’une saison naissante, de nouvelles résolutions pour un Monde en proie aux changements à venir.

« Kobayashi-san, bonjour ! »

L’arrivée de Kyoshiro se fit assez remarquer, bondissant des arbres à sa manière, il ne pouvait en être autrement, ou bien difficilement. Reprenant appui sur ses jambes après un petit sprint improvisé et essuyant une goutte de sueur de son front, le Genin s’avança jusqu’à serrer la man du responsable de l’équipe scientifique et ouvrière en charge de l’assister dans cette mission.

Un sourire provenant du Shinobi, marque d’impatience et de joie à l’idée de monter un projet pur lequel il s’était battu depuis l’hiver dernier et dont les prémices allaient éclore sous ses yeux si tout se passait bien aujourd’hui.

« Kojiro-san ? Enchanté, et merci à tous pour votre présence, on ne sera pas trop de ce joyeux groupe pour se mettre sérieusement à l’ouvrage ! » affirma Kyoshiro.

Mimant distinctement la prise de parole du Directeur de la Bibliothèque, accessoirement son Maître en Archéologie, le Shinobi affirmait sa présence tant par les mots que par sa position et ses gestuelles. Ne perdant pour autant aucunement ses propres intentions et ses propres mots, le fils des Forêts sortit de sa besace les fameux plans qui devaient leur servir à établir la construction minutieuse du point de départ de la construction du prototype, dès lors qu’ils auraient reçu le matériel nécessaire, pour en démontrer toute la pertinence au Daimyo, qui s’il appuyait cette demande, ferait de ce projet une réalité pour Konoha, pur Hi no Kuni.

« On va prendre quelques minutes pour se répartir les tâches de manière efficace ! Déjà en ce qui concerne les matières premières… »

Le Kobayashi composa quelques mudras, faisant successivement apparaître deux clones ligneux et du bois en quantité suffisante, déjà prêt à l’usage pour commencer les travaux sans tarder.

« Mes clones et moi-même aiderons et surveillerons au grain tout ce qui pourrait gêner le bon déroulé de notre mission. Quant aux travaux manuels, j’aiderai du mieux que je peux, mais vous avez tous bien plus d’expérience que moi, je compte sur vous tous ! » ajouta Kyoshiro tout en souriant niaisement avant de débuter une première patrouille dans les alentours du chantier qui prenait forme à mesure que l’équipe se mettait en place, conformément aux plans réalisés en accord entre Konoha et le Pôle scientifique et technologique.

L’important était de délimiter une zone autour du chantier que Kyoshiro pouvait tenir sous surveillance afin d’empêcher toute perturbation dans les travaux à venir. Les bandits ne devaient normalement pas être au courant de ces projets mais l’émergence au premier plan de ces crapules du Jinsei indiquèrent au Genin de ne jamais relâcher sa garde face au moindre danger extérieur qui planait.

Kyoshiro commença donc par faire le tour du périmètre et à tout passer au peigne fin, laissant les soins de la planification de construction et de gestion des matières premières aux mains des équipes scientifiques et de travaux manuels.

Le Shinobi évalua à peu près la distance qui séparait l’atelier de l’entrée des Forêts de Hi, qui se voulaient assez denses pour ne pas pouvoir permettre une surveillance et une sécurité acquise bien que l’atelier fût collé aux remparts Est de Konoha. Fort de son élément et de ses capacités, le Kobayashi malaxa un peu de chakra et composa quelques mudras successifs sans se déconcentrer, visualisant un périmètre sphérique autour de l’atelier en devenir et des équipes en travaux. Sortant de terre progressivement, des piliers robustes taillés en Mokuton surgirent le long desquels se tissaient des racines ayant la forme de cordages, s’apparentant à des barbelés reliant chacun des piliers entourant le chantier.

Quelques mudras supplémentaires permirent d’affiner cette première mesure de sécurité en plus d’ouvrir des voies permettant d’entrer et de sortir de l’atelier sans mal. Ces voies étaient au nombre de deux et étaient étroitement surveillées par les deux clones de Kyoshiro qui avaient pris part à la mesure en assurant un rôle de garde.

Le jeune Shinobi, l’original, se dirigeait tranquillement vers le groupe qui semblait avoir fini de visualiser au bout d’une demi-heure les premières étapes à mettre en place pour assurer la construction du bâtiment. Tout Genin qu’il était, l’instigateur d’un tel projet mit sans sourciller les mains à la pâte, aidant autant à porter les charges lourdes qu’à superviser les ouvriers en charge de construction avec l’assistance des scientifiques et de leurs besoins à concrétiser sur le terrain.

Plusieurs heures s’étaient écoulées et le soleil qu se tenait si haut dans le ciel, faisant sa course quotidienne s’en retrouvait à sa ligne d’arrivée. A l’extérieur des remparts du Village, la fine équipe s’apprêtait à passer la nuit autour d’un bon feu. Au programme de la soirée ? Jeux de cartes fraîchement importés de la Capitale et de la viande pour nourrir un régiment en proposant du rab. La première journée n’avait rien révélé de significatif au niveau de la sécurité, la proximité avec Konoha suffisait à dissuader les petits fauteurs de troubles qui sévissaient davantage sur les routes isolées en Forêt, menant à la capitale. Les clones ligneux revinrent ainsi bredouilles mais le chantier avait eu le mérite de pouvoir profiter d’un contexte calme pour un développement en trombe.

Le Konohajn profita de ce rassemblement pour glisser quelques mots à l’équipe pour ce premier jour en extérieur. L’air confiant et sûr de la réussite de leur entreprise.

« Mes amis, le travail qu’on a délivré aujourd’hui est exemplaire ! Vous savez comme moi que cet atelier est la première étape vers quelque chose de révolutionnaire, et c’est sur nos épaules que reviennent la charge de ces premiers travaux qu’on va mener à bien ! »

Kyoshiro se leva, le dos bien droit, en profitant pour s’étirer de manière non formelle avant de reprendre.

« Je monterai la garde à tout moment pour que l’on puisse finaliser tout ça au plus vite. Autour de nous, j’ai dressé une frontière robuste qui nous empêchera déjà les intrusions les plus faciles, j’empêcherai quiconque ou quoi que ce soit de nous entraver dans la réussite de notre mission. Je compte sur vous tous ! »

Un peu de sérieux, rapidement suivi par les verres qui s’entrechoquèrent dans un toast général porté à la naissance à venir du réseau ferroviaire de Konoha. Carburant à l’eau en parallèle de toute cette fête improvisée, Kyoshiro gardait l’œil ouvert, voir les deux, concentré sur ses propres tâches.

De nombreuses habitations provisoires, mises en place et fabriquées en grande partie par le Mokuton du Kobayashi, permit aux équipes de se reposer durant la première nuit où les restes de l’hiver se faisaient ressentir. Le voile étoilé s’étendait jusqu’au fin fond de l’horizon et par-delà, scintillant au milieu du calme que rien ne semblait vouloir perturber. Le Genin quant à lui était posé sur la cime du plus grand arbre des environs. Le regard porté au loin, il porta sa gourde remplie d’eau à ses lèvres et se délecta de ces quelques moments de silence, de quiétude et de paix qui berçait le Monde qui l’entourait.

Sans se faire remarquer, le Kobayashi avait pris la liberté de disposer ses racines sensorielles sur un environnement proche de lui, recouvrant assez d’espace pour lui permettre de faire le reste de la surveillance en comptant sur sa seule paire de longue vue qu’il avait emporté pour l’occasion. Attentif, la fatigue lui pesait tout de même sur les épaules. Une fatigue qui lui passait au-dessus tant ses songes l’entraînait dans un mode où seuls ses yeux le connectaient à la réalité, son esprit lui, était ailleurs.

Ses parents, les maigres et néanmoins mystérieuses pistes que Kyoshiro avait récemment découvertes menaient toutes à un fait qui occupait de plus en plus son esprit dernièrement : Ses parents étaient peut-être encore en vie, quelque part dans ce vaste Monde prit pour cible par les desseins de malades que le jeune Kobayashi peinait, ne serait-ce qu’à comprendre. Depuis, le Genin n’avait pu sortir à loisir du Village pour mener à bien les recherches qu’il rêvait de mener depuis quelques mois maintenant. Pourquoi ne revenaient-ils pas, s’ils étaient encore en vie ? Etaient-ils dans l’incapacité de le faire ? Etaient-ils captifs dans ce Monde où la criminalité explosait de semaine en semaine ?

Le jeune blanc-bec n’en savait rien, ignorant de ce qui pouvait bien se passer au loin de ces remparts qui l’avait gardé en sécurité tout ce temps.

Finalement, rien ne se présenta comme étant une menace pour le jeune homme qui montait la garde d’un œil, et de pied ferme, étant de plus en plus habitué à mener des mission dangereuses pour le compte de Konoha et périlleuses, où sa vie venait à être mise en jeu. Le calme plat, un calme apaisant qui précéda le lever de soleil, quelques heures plus tard, des heures sereines et qui avaient permis certainement aux ouvriers de dormir sans être importunés.

Les travaux allaient pouvoir reprendre, alors que le soleil reprenait lentement mais sûrement sa course.

Un curry qui donnait autant le sourire que l’envie de s’arracher la gorge tellement les épices que le Kobayashi avait placé dans le tas étaient imposantes, dans un bouillon qui ressemblait davantage à du magma en fusion qu’à du bouillon alimentaire et sain pour le corps.

Pouvait-t-il servir à forger le métal ? C’était un débat auquel se livrait tous les ivrognes de la veille tandis que le Genin lui, après avoir bien rigolé et avoir mangé ce mélange hautement et probablement radioactif, se remit au travail. Après les dérivés de barbelés taillés en bois, c’est de véritables piliers qui naquirent sous le contrôle du manieur de Mokuton, qui faisait danser don Bois en souterrain tandis que chacun leur tour, plusieurs piliers supplémentaires, accompagnés de véritables murs s’érigèrent pour former une forteresse naturelle qui empêchait un accès facile au site.

Se frottant les mains dans un bruit distinctif, à la manière d’un ouvrier qui venait d’abattre un travail monstre sans délai et sans bégayer, il se mit en route vers le Nord, pour effectuer sa patrouille quotidienne qui permettait aux équipes scientifiques et ouvrières de travailler sur la construction de l’atelier en toute sécurité. Virevoltant d’arbres en arbres comme à son habitude de casca… de Shinobi, Kyoshiro scrutait les environs avec attention lorsque de nombreux groin-groin de Sangliers qui semblaient assez agités.

Aussitôt vus, aussitôt arrivé sur place, une cinquantaine de Sangliers dont la course effrénée semblait mener vers l’Atelier. Qu’est-ce qui avait pu agiter un si grand troupeau pour les faire aller aussi vite et les faire détaler vers un endroit qui n’avait certainement rien d’attirant pour ces braves bêtes ?

Le Kobayashi composa quelques mudras en suivant les Sangliers, sautant d’arbre en arbre et invoqua Booba le Lémurien, qui se posa sur l’épaule du Shinobi et qui tenait une brosse à dents.

« Hep là p’tit pote ! Ça fait longtemps, et tu m’invites à chasser des Sangliers ? J’finis de me brosser les dents attends !»

« Mais on n’a… » lança Kyoshiro qui avait un plan qui dépendait des aptitudes de son compagnon au pelage blanc et éclatant.

« Le temps de se brosser les dents oh ! T’as pensé aux caries ? J’connais un Lémurien qui pouvait plus s’en rouler une parce qu’il avait les dents défoncées ! » Affirma le Lémurien d’un ton autoritaire en se brossant les canines avec soin.

Quelques arbres abattus et un crachat d’eau imprégné de dentifrice naturel aux herbes, Bouba reprit la parole, tandis que le Genin, dépité, suivait les sangliers tel un être abattu par les circonstances.

« Bon p’tit pote ! Faut arrêter les steaks sur pattes et v’la comment qu’on va faire ! » dit le Lémurien en sortant son Ukulélé.

Bouba joua quelques notes de musique, dont le son porta suffisamment pour atteindre la cible de tête, le leader des jambons. Aussitôt, ce dernier s’arrêta en pleine course, faisant tomber avec lui le troupeau en déroute et parodia avec brio quelques pas de danse faisant penser à du Disco, ne manquait plus que la boule à effets spéciaux !

Leur chef dansant le disco sous les yeux ébahis des spectateurs au loin, composés des ouvriers et scientifiques qui sifflaient et applaudissaient pour cette performance qui resta gravée dans le marbre des grands murs de Konoha après ce jour-ci, le reste du troupeau en déroute commença par se faire bloquer par les défenses érigées par le Mokuton qui empêchèrent le moindre morceau de viande de s’échapper de l’enclos qui se refermait petit à petit sur eux lorsque le Genin put se rapprocher, assez en tout cas pour générer de nouveau des racines qui finirent leur œuvre : encercler les attaquants qui n’avaient visiblement pas vu le hors-jeu.

La menace était désormais neutralisée, mais une question pouvait légalement se poser dans l’esprit de tous ces Konohajins affamés par leurs travaux, à savoir sur lequel de ces braves Sangliers allait s’abattre l’épée de Damoclès et la destinée réservée aux ingrédients qui allaient servir pour le ragoût que le groupe s’apprêtait à cuisiner pour le soir même.

Le soir vint donc, après avoir privé définitivement de la meute de Sangliers celui qui semblait être leur dominant, les saveurs de ce leader donnant du mordant et de l’argument à un ragoût maitrisé et cette viande aussi puissante en bouche que savoureuse sonna en même temps la finalisation de l’atelier, qui après quelques jours d’intenses journées de travail, ponctuées de rires et d’amusement voyait enfin son terme.

Il ne fallait pas grand-chose en ce moment pour perturber l’esprit embrumé du Kobayashi, qui avait nombre de raisons de l’être, mais quelque part, se retrouver entouré de personnes bienveillantes et travailler sur un projet en commun avec les aspirations des plus grands savants du Village rendait le Genin souriant. Un Genin qui ne se fit pas prier pour lever non pas son verre, mais sa gamelle à la fin de ce projet, qui était la porte d’entrée pour de nouvelles avancées dans ce qui serait communément appelé un jour : Le Réseau Ferroviaire de Konoha.

Le lendemain matin, le Shinobi replia donc tranquillement ses affaires, accompagné de toute l’équipe qui en faisait autant. Sortir des murs du Village, partager une activité commune en mêlant habilement professionnalisme et détente avait ce je ne sais quoi de revigorant, de rafraîchissant. Il était autant important d’optimiser ses efforts que de rester au contact des personnes avec lesquelles on travaillait, et ça, la jeune pousse des Kobayashi l’eût bien compris.

Un atelier crée, sécurisé au possible par l’utilisation du Mokuton, il ne tenait plus qu’aux Shinobis de préserver cette première étape, pour amorcer la suite des festivités, toujours plus loin, toujours plus intéressantes.