Lorsqu'elle déambule dans les rues du village caché des sables, il serait assez dur d'affirmer que la demoiselle soit celle décrite dans les rapports shinobis. Elle se présente sous l'apparence d'une femme de grande taille, avoisinant le mètre quatre vingt dix. Perché sur deux longues jambes, aux cuisses bien épaisses, se trouve un corps finement sculpté par les entraînements martiaux, bien qu'elle ne semble pas se battre aussi souvent que ses congénères ninjas sa musculature semble assez développée, du moins, dans la limite du raisonnable, son abdomen, ses bras ainsi que son dos finement tracé reflètent les fruits de son entrainement quotidien. Comme toute native du sable, elle arbore fièrement l'insigne du village avec un bandeau qu'elle noue, le plus souvent, autour de son cou.

Vêtue comme une réelle monarque à chaque apparition, la Azaku n'agit qu'en conséquence. Il suffit de prendre quelques minutes pour observer le style qui la caractérise tant. Sa longue silhouette est le plus souvent vêtue d'un Yukata aux motifs noir et blancs, ainsi qu'un Haori qui la recouvre jusqu'au épaules. Lorsqu'elle sort en public, l'on ajoute à sa grande taille une dizaine de centimètres, provenant de ses Geta sur lesquels elle se dresse fièrement. Elle avoisine les deux mètres une fois pleinement habillée. Son maquillage est simple, subtil, et pourtant, remarquable. Quelques artifices pour faire ressortir son teint exotique, un trait d'eye-liner pour affirmer son regard.

Lorsqu'on s'aventure au niveau de son visage, il nous est quasiment impossible de passer outre ses yeux perçants, qui semblent juger au plus profond des âmes quiconque se retrouve dans leur mire. Elle regarde souvent les gens de haut, ou bien du coin de l'œil, comme si elle se sentait supérieure à tout le monde. De plus, lorsque l'on s'attarde sur les parures qu'elle arbore, nul doute que cette dernière ne se considère pas de la même classe que tout les autres ninjas. Elle possède une longue chevelure, qu'elle attache en chignon grâce à ce qui semble être une broche démesurée, représentant un soleil, ainsi qu'une demi-lune en métal précieux.


Pour celle qui semble être aussi pure qu'une colombe se présente son plus grand complexe idéologique. Elle qui a toujours été éduquée dans l'objectif d'être l'arme ultime du clan Azaku n'a eu de cesse de remettre en cause le bien fondé de ses actions. Si, au fond d'elle, sa misanthropie la pousse à haïr les siens, certaines personnes lui ayant fait voir un autre aspect de la vie lui ont réellement fait se poser des questions quant à ce qu'elle cherchait vraiment à accomplir dans ce bas monde. De ce fait, Heiwanotsumi rejette catégoriquement ce que l'on pourrait considérer comme de "l'affection", se contentant de répondre aux autre et de les catégoriser comme des insectes elle ne respecte ni la vie humaine, ni celle de qui que ce soit. Pour elle, le monde est son atelier et seul l'unification du Yuukan lui permettrait d'accomplir son plus grand chef d'œuvre.

Quant à sa personnalité, elle ne parle que très peu, et il n'y a qu'avec ses "proches" qu'elle se permet de s'ouvrir. Ce n'est qu'à ce moment que l'on découvre la véritable Heiwanotsumi, une femme à l'esprit torturé qui ne cesse de se remémorer les erreurs de son passé, emplie de doutes et aux grands désarrois. En présence des autres, elle s'affirme comme une personne froide, hautaine et ne laisse transparaître aucune émotion sur son visage, si ce n'est lorsqu'elle éprouve un profond dégoût.  

« Je ne saurais dire ce qui me rattache à ce monde depuis sa disparition, si ce n'est que je poursuis l'idéal qu'elle m'a inculqué. Le monde est malade et je me dois d'apporter le remède à tout ses maux… Il m'incombe à moi, plus que quiconque, de le réunir sous une seule et même entité, et ainsi, j'achèverais la plus parfaite de mes créations. »


Peu de personnes connaissent réellement Heiwa, si ce n'est au sein du clan Azaku et les rares commerçants du village de Suna. Celle qui vit quasiment en reclus dans son atelier de confection n'en sort que lorsque le besoin de matériaux se fait ressentir où qu'un ordre de mission est proclamé. Comme chaque marionnettiste du clan Azaku, la shinobi n'offre que de brèves apparition en public, tant elle sait leurs secrets convoités, car nombreuse sont les rumeurs qui circulent à leurs sujet.

".. Dans le désert l'on trouve deux types de personnes : Ceux qu'il a rendu fort

et ceux qu'il a englouti .."

Le soleil à son zénith foudroie les dunes de ses rayons, au contact avec les fins cristaux de sable, il se disperse et rayonne aux environs, dévoilant ainsi les courbes du désert. Jusqu'à l'horizon se dessine une mer de sable, et ce, peu importe la direction dans laquelle on regarde. Tel était la vision quotidienne des Kazejins, de ce petit hameau, au nord du pays du vent. Avec de telles chaleurs en plein désert, il est assez rare de voir des habitants à l'extérieur des petites bicoques, c'est pour ça qu'à l'intérieur de l'atelier de confection du clan Azaku, l'activité battait son plein. Du moins, tout ça, c'était avant que l'évènement inattendu entre en scène. La porte de l'atelier s'écrasait contre le battant visant à la retenir, un homme, essoufflé s'écroula dans l'entrée. Desséché, le désert ne semblait lui avoir laissé aucune chance, il suffisait de voir son accoutrement pour comprendre que l'homme n'était sûrement pas de ce coin là du pays du vent. Arborant multiples couches de vêtement, il était visiblement de ceux qui parcouraient le désert, peut être un nomade, toutefois, ces derniers n'avaient pas pour habitude de voyager seuls. Immédiatement, l'atelier se mit en cercle autour du voyageur écroulé et nombreuse furent les questions qui vinrent animer les conversations. « Est-ce qu'il est mort ? » fut la question qui revint le plus et les réponses successives se transformèrent en un brouhaha inaudible.

Du fond de l'atelier émergea une silhouette autoritaire, déambulant les mains croisées dans le dos, chacun de ses pas frappaient l'atmosphère avec un "clac" assourdissant. Le cercle s'écarte tandis que se dépose sur l'homme à terre, l'imposante stature du maître d'atelier. D'un coup, d'un seul, il retourne l'homme d'un coup de Geta, pour y dévoiler ce que dissimulait l'assourdissante cacophonie. Dans les bras de l'homme était logé une petite fille, amaigrie par le voyage, complètement desséchée. Une autre victime du désert. L'œil inquisiteur du maître atelier ordonna qu'on lui apporte de l'aide, et ainsi, deux des membres d'ateliers les plus âgés vinrent ramasser la petite, jugeant qu'il n'était peut être pas trop tard pour elle, quelques petites gorgées d'eau régulières pourraient suffire à la désaltérer, mais quant à l'homme qui l'accompagnait, c'était visiblement déjà trop tard. Ma première rencontre avec Heiwa était un jour à marquer d'une pierre blanche, car après ça, je n'ai jamais revu le maître d'atelier de faire preuve d'autant de compassion. D'habitude, quelque étranger que ce soit pénétrant à l'intérieur de l'atelier se voyait éliminer, les secrets du clans étant dangereusement convoités.


Voilà bien des années qu'elle est arrivée à l'atelier, cette gamine, force est de reconnaître son talent, voilà longtemps que l'on avait pas vu une telle facilité à appréhender les arts du Kugutsu. Les fils qu'elle tissent sont certes, rudimentaires, néanmoins, il semblerait qu'elle commence à attraper le coup. Elle n'est peut être pas encore prête à assembler sa première création, mais elle est sur la bonne voie. Il ne fait aucun doute qu'elle deviendra une Azaku comme on en voit peu et si elle continue à progresser sur cette lancée, nul doute qu'elle inscrira son nom dans les mémoires collectives du clan, en tout cas, elle en a les qualités : Discrète, impliquée et précise, de quoi l'emmener loin au sein du clan.

Bien sûr, son intégration ne s'est pas faite sans encombre, après tout, il est d'usage de rejeter les étrangers au clan et la demoiselle ne fut pas l'exception. Aucun des disciples n'osaient l'approcher, par peur de ce qu'elle pouvait représenter. Pour eux, c'était l'équivalent d'une voleuse de place qui s'était vue offrir gîte et couvert, d'autant que le nom de l'arriviste suscitait craintes et mépris auprès des disciples. Mais elle n'a pas baissé les bras, au contraire, elle en a fait une force. Si personne ne souhaitait l'aider, alors elle se débrouillait et progressait dans son coin, de sa génération, elle fut la plus rapide à matérialiser son premier fil de chakra et quand les autres commencèrent à faire de même, elle parvenait déjà à tisser plus d'un fil par main, il ne fait aucun doute qu'elle parviendra incessamment sous peu à en tiser une dizaine !




Voilà plus d'une dizaine d'années que je suis à l'atelier et le jour est enfin venu pour moi de faire partie intégrante du clan. Comme chaque fois que cela arrive, tous les meilleurs éléments des divers ateliers du pays du vent envoie une délégation, constitués de deux ainés, ainsi que les éléments les plus prometteur de l'atelier vers le lieu du cercle rouge. C'est un moment que j'attends depuis longtemps, non pas pour la cérémonie, le simple fait d'y penser tend à me faire stresser… toutefois, l'idée d'une traversée du pays m'enchante ! Hormis l'atelier et le petit hameau, je n'ai pas vu grand chose du pays depuis mon arrivée ici. Alors, pour l'occasion, j'ai prévu de quoi faire pendant le voyage ! De bon matin, nous nous étions levés afin de pouvoir prendre la route avant que les rayons du soleil ne commencent à frapper trop fort. Après m'être étirée, je bondis hors de mon lit, pour atterrir directement les pieds dans mes sandales, le temps d'enfiler mes vêtements et de nouer mon bandeau autour de mon front et me voilà prête pour sortir !


La traversée du désert n'est jamais une partie de plaisir, même pour les natifs du pays du vent. Il faut savoir qu'ici, tout peut être source de problèmes. Que ce soit la température ambiante qui avoisine en permanence les cinquante degrés, ou bien la faune hostile au venin mortel, sans oublier les bandits qui arpentent le désert, tout est prétexte à faire attention. Et pourtant, nul ne l'avait prédit ! Alors que nous descendions du nord en direction du temple d'Amaterasu, ils surgirent de derrières les dunes. Cinq, six, puis dix bandits, armés jusqu'au dents, prirent d'assaut la délégation… nous voulûmes nous défendre, mais c'était déjà trop tard. Nous avons été dispersés dans le désert, et je ne tarderais pas à lâcher mon dernier râle... j'espère que les enfants vont bien.


C'est horrible ! Ils sont morts, tous morts ! Et moi, je suis blessée, mon épaule a subi un coup de sabre qui a pénétré au travers des vêtements, avec les coulées de sang, ils ne mettront pas longtemps à mettre la main sur moi… j'espère que les autres vont bien, nous avons été séparés et je ne sais pas où aller. Alors, me voilà retrouvée à courir, sans réelle idée d'où je vais, ni si je parviendrais à y arriver. Le sable s'insinue dans mes chaussures à mesure que je progresse, le soleil frappe et m'affaibli de plus en plus, sans eau, c'est l'insolation qui m'attends.

Mais je ne peux me permettre de rester sans rien faire, derrière moi, les hordes de bandits poussent des hurlements à la manière des hyènes traquant leur proie. « Elle est là ! » Les voix se rapprochent, de plus en plus, l'un d'eux n'est qu'à quelque pas... Alors, je puise dans mes dernières ressources, et tente d'accélérer la cadence, mais rien à faire, la fatigue m'as eue. Me voilà titubante et finalement, mes pieds s'emmêlent et causent ma chute. Mon menton s'écrase à même le sol et me fait voir les étoiles pendants quelques secondes, secondes qui semblèrent durer une éternité. Et alors que l'ombre de la mort se déposait sur moi, elle m'apparut.


Cette voix douce, survint la seconde qui suivit l'impact d'un métal contre un autre, et alors que je me redressai péniblement à genoux sur le sable, je jetais un œil en direction de celle dont la silhouette me protégeais du soleil.  


Au premier regard posé sur celle qui pointais le doigt dans ma direction, m'incitant à me battre, j'eus compris que je n'avais pas affaire à n'importe qui. L'aura qu'elle dégageait se déversait sur moi avec un toucher aussi doux que la soie, néanmoins quelques notes de brutalité se faisaient ressentir. Immédiatement une image me vint à l'esprit. « La Déesse des Sables ». Puis, comme frappée par ses paroles, mon corps réagit d'instinct, en se relevant subitement, ignorant la douleur et la fatigue comme sous l'effet d'un second souffle.

Ce fut ma première rencontre avec celle qui forgea l'état d'esprit de la jeune fille que j'étais, à l'époque.


Voilà bien des années que nous n'avons pas eu de nouvelles d'Heiwanotsumi, certains disent qu'elle serait morte, d'autres qu'elle en aurait profité pour s'enfuir avec les secrets du clan, mais j'en n'en croit pas un mot. Il n'y avait pas plus impliqué qu'elle et lorsqu'on lui a annoncé qu'elle participerait au cercle rouge, elle n'en croyait pas ses yeux. Toutefois, ce qui donne raison aux délateurs est sûrement le fait que toute les escouades envoyées à sa recherche ne sont jamais revenues. Certaines rumeurs nous sont parvenues, d'après elles, Heiwanotsumi serait en compagnie de la nomade Masako, si tel est le cas, alors il nous sera difficile de la retrouver, la déesse du désert n'est pas du genre à se laisser traquer facilement. De ce que j'en pense, Heiwa sait dans quelle position elle est. Le fait qu'elle ne soit pas encore revenue signifie sûrement qu'elle a choisi de repayer la dette envers la personne qui l'a sûrement sauvée de ces bandits, au mépris des règles du clan… J'espère qu'elle va bien.


Il y a dans ce petit groupe quelque chose que je n'ai jamais trouvé ailleurs. Avec eux, je me sent bien, en sécurité et aimée pour ce que je suis. Ici, personne ne fait de commentaires sur mon prénom, mais se contentent de m'appeler Heiwa-chan, suffixe que j'apprécie particulièrement. Même si aucun de nous n'est lié par quelconque lien du sang, il n'empêche que nous sommes comme une vraie famille. Benkei, Shobu et le petit Kagen, pour rien au monde je ne laisserais qui que ce soit attenter à leur vie. Ils sont ma famille, la seule que je n'ai jamais eue. Pour eux, je me battrais sans crainte de qui se trouve en face de moi, pour eux je soulèverais montagnes et déplacerais des océans, pour eux, je suis prête à voir le monde brûler tant qu'il m'assure de les savoir en sécurité.

Masako a été le pilier de ma vie, celle qui m'a transmis mon Nindô, savoir qu'aujourd'hui elle n'est plus de ce monde, que jamais plus ses conseils ne viendront m'aiguiller sur les choix à faire pour devenir une personne meilleure... tout ce que je sait, c'est que l'annonce de sa mort m'a foudroyée sur place, comment le monde peut-il être aussi mauvais ? Alors, pour Masako, j'accomplirait son ultime dessein.