Au sein du clan, Akula est un ninja au talent reconnu, pas le meilleur. Toutefois, il reste un élément qui garde la tête sur les épaules, comprend les enjeux des missions qu’il entreprend et reste attentif à donner une bonne image des Waiya. De son propre aveux, « personne ne posera jamais de question sur le clan, ils nous regarderont, verront notre comportement et en tireront les conclusions qu’ils souhaitent. »
En tant que mercenaire, Akula est vu comme quelqu’un de fiable, qui a tendance à rester professionnelle en toutes circonstances et sait quand se retirer. Il a bonne réputation et ne fait pas de vague.
Akula né dans un petit village de Tetsu, pays frontalier avec Taki, nation d’origine des Waiya. Ses parents sont des agriculteurs qui se sont installés lors des grands défrichements, à l’époque où il fallait des fermiers supplémentaires pour augmenter la surface agricole du pays. C’est une époque relativement calme qui accueille Akula, même si elle n’est pas exempte de troubles. Ses parents sont d’anciens ninjas qui ont souhaité mener une vie plus calme, dans un pays qui se stabilise et où on ne fait pas trop attention au passé des gens. Il passe sa petite enfance au sein de l’exploitation familiale avant d’être envoyé au sein du clan afin de passer la cérémonie de transmission du symbiote. La fameuse Rancune de la Terre, que le blondin recevra sans en passer grand-chose, trop jeune pour réaliser qu’être un membre à part du clan Waiya peut avoir ses avantages. Il entame sa formation et s’avère être un bon élève, assez sérieux et avec de bons résultats, sans être excellent, il donne toute satisfaction et durant sa formation au sein du clan, il noue des relations étroites avec ses camarades.
Notamment avec une fille, Emika, une de ses partenaires d’entraînement. Une jeune prodige qui a son âge, mais le dépasse de très loin, ils s’entraînent de longues heures durant et c’est elle qui lui apprend l’adversité. Elle représente une adversaire impossible à vaincre, mais pas impossible à mettre en difficulté. Ils s’apprennent leurs manières de faire la guerre, s’affrontent sans cesse et même si le résultat finit toujours par être le même, la manière dont il est atteint change graduellement. C’est en grande partie grâce à elle qu’Akula devient un bon ninja, parce qu’elle le motive à faire preuve de persévérance. Un jour, après être arrivés à égalité, ils s’avouent leurs sentiment l’un pour l’autre.
L’amour est une chose stupide, plus d’un essaient de décourager Akula de poursuivre son idylle avec Emika. Selon eux, c’est une histoire condamnée aux larmes et à la mort, une fille atteinte d’une maladie chronique et un garçon en bonne santé, ce n’est pas une bonne idée. Pourtant, le couple s’acharne dans cette voie et lorsqu’ils ont l’âge de parcourir le monde, deviennent des ninjas errants. Emika a encore du temps : les ninjas ont une constitution solide et si la maladie la rattrapera bientôt, elle en profite pour vivre sa meilleure vie. Akula fait semblant de rien, il ne veut pas penser à ce qui va arriver. Ils connaissent déjà la fin de l’histoire.
Mais une infirme et un blondin peuvent franchir n’importe quel obstacle, non ?
Durant ces années sur les routes, les baptêmes du feu se multiplient : escarmouches pour le compte de petits seigneurs, tournois amicaux entre errants, répression du banditisme. Le binôme s’en sort bien, leur amour est plus fort que jamais et malgré quelques disputes, l’avenir s’annonce radieux, mais pour combien de temps ?
Akula est le premier à noircir le tableau. Durant une mission dans des marécages, il est piqué par un moustique et contracte la malaria. Malgré sa constitution de ninja, les attaques de paludismes lui en font baver et une fois par mois, il est crevé de fièvre sous les couvertures. Le parasite dans son sang se régale et malgré plusieurs tentatives pour se soigner, la maladie devient chronique. Il vit avec depuis cette époque.
Petit à petit, les voyages se font plus longs, les heures sur la route s’amoindrissent et les inquiétudes s’amoncellent. Le cœur d’Emika se fait de plus en plus sensible, il se fatigue vite, lors des efforts prolongés, il lui est difficile de soutenir l’allure, voire même de continuer. Son cœur se contracte douloureusement et loupe des battements.
L’arythmie cardiaque que les médecins appellent ça. Comme quoi il n’y a pas encore de traitement, peut-être bientôt ils disent.
« On ne gâche pas sa vie par politesse envers les autres. » Emika rentre au clan.
Akula part ailleurs, il va au pays du thé. La prison d’Arashi cherche toujours des volontaires, que ça soit des gardiens, des archivistes ou des infirmiers. Il sait parfaitement que lorsqu’on y travaille, cela fait partie de ces sujets qu’on n’aborde jamais. Qu’on enterre au plus profond de son esprit et qui ressortent parfois au milieu de la nuit, quand on se réveille trempé de sueur. Pourtant, par amour envers sa chérie, il propose ses services. Avec le maigre espoir que l’argent suffise à trouver un traitement adapté, ou qu’on découvre un nouveau remède.
Ses services sont acceptés.
Quatre ans à Arashi laissent des traces, même quand on est du bon côté des barreaux. Akula travaille en tant qu’assistant, il revient régulièrement au clan, il fait semblant de rien. Officiellement, il est toujours mercenaire, malgré les crises de palu qui l’obligent à prendre des pauses chaque mois. Emika note des changements, son homme est moins souriant, moins blagueur, la nuit il fait des cauchemars.
Elle lui fait part de ses soupçons, il avoue tout.
Honteuse d’avoir été l’auteure de ces changements, même malgré elle, même indirectement, Emika prend une décision radicale : si elle ne peut pas empêcher son homme de se ruiner pour elle, elle peut toujours traiter le mal à la racine. Son temps est compté et plutôt que de partir en laissant une dernière image misérable, clouée au fond d’un lit, après avoir observé pendant des années la destruction de la personne qu’elle aime le plus.
Le seppuku est la seule solution acceptable.
Akula l’apprend le lendemain, en rentrant d’une soirée arrosée avec d’autres membres du clan : Emika s’est percée le cœur d’un coup de dague.
Obsèques, funérailles. Akula hésite à se suicider. Il est au fond du trou, il n’a plus aucune raison de se battre. Il ne retourne pas à Arashi, il voyage, il s’intéresse aux temples, il essaie de lire. Il n’a plus envie de se battre.
Quelques mois plus tard, des troubles émergent. La prison d’Arashi a brûlé, les criminels se sont enfuis et une nouvelle vague de banditisme secoue le continent. Akula reprend les armes, plus par devoir moral envers ses collègues, par respect envers les quelques-uns qui croyaient sincèrement au bien-fondé de leurs actions.
On ne gâche pas sa vie par politesse envers les autres. Pourtant, en voyant le chaos autour de lui, Akula ne comprend pas le monde qui se dessine, et il a envie de comprendre. Même s’il faut se salir les mains.