Bien peu de personnes ont connaissance de son existence. Lui n’est désormais qu’un lointain souvenir, qu’un homme dont on s’est débarrassé. Du moins en apparence. Aujourd’hui lui n’est plus que cet alliage de carbone qui analyse à tout va, ce vanupied pour le moins inconnu dans Kaze no Kuni si ce n’est auprès du clan Itsuru et son dirigeant : Le Scorpion Noir.
A ses yeux, les grandes institutions shinobis n’importe plus tellement. Obsolète, il ne voit pas l’intérêt de faire confiance à des tels individus. Ou étaient-elles toutes ces longues années ? N’ignorant certainement pas les efforts que dissimulait Kaze. Lui ne dédie plus sa vie qu’à la connaissance, son sauveur à limite. Mais il reste certain qu’il ne gagne pas plus sa vie à accorder du crédit à des nations qui n’ont de cesse de que jouer du poing face à d’autres plus dans le besoin. Pensant qu’il soit bien plus facile pour les hommes d’agir pour le bien commun, seuls et libres que sous l’égide de villages qui pensent agir en bon droit. Peut-être serait-il préférable qu’un tiers n’abjugue toutes et tous en réalité.
IInitialisation.
Le jour où tu es mort Peu importe l'endroit où on naît — où les premiers rayons côtoient le jour, un fossé se crée entre riches et pauvres. Entre gagnants et perdants. Entre escrocs et parasites. L'injustice, l'iniquité, privilèges ayant toujours appartenu à ceux qui ont le moyen d'acheter, mais surtout de p a y e r. Il en est ainsi depuis que le monde est monde.
Toi tu avais rêvé d’ailleurs, de mieux, de tellement mieux pour le Yuukan ; de tellement mieux que t’es tombé tellement plus bas. parce que les rêves, ça ne fait pas vivre. les rêves, ça reste invisible, ça reste là où c’est : dans ton esprit, comprimé dans un cerveau trop ambitieux. Idéaux désuètes, ça semble beau jusqu’à ce que ça finisse engouffré par les ténèbres. hantée par ces démons qui te font crever à petit feu, t’as fini par descendre plus bas encore que là où tu te trouvais. T’as fini par en mourir. Shinobi prometteur désormais décédé.
Attaquer de toutes parts par ces bandits, tu n'as pas d'autres choix que de combattre au péril de ta vie. Pourquoi ? Excellente question. Tu n'as jamais été du genre à imaginer mourir sur le champ de bataille, incapable de t'édifier en martyr. Pour autant tu ne peux décidément pas laisser cette gamine perdre la vie, pas ici. Alors tu fais barrage. Ton corps, dernier obstacle entre les lames et elle. Dernier sourire que tu lui offres tandis que tu lui sommes de s'enfuir.
Alors t’as été forcé d’arrêter de rêver. T’as pris ce que t’as pu ; abandonnant ton humanité, devenant cet individu fait de métal — ce cyborg pourri jusqu’à la moelle, le cœur désormais compressé par ce noyau. t’as arrêté de ressentir, t’as tiré un trait sur tes sentiments, préférant te forger une armure de fer et un cœur noir pour sembler intouchable. Tu remercies le clan Itsuru, maison nouvelle qui demeure toujours étrangère.
IIEveil.
Le jour où tu es né Monde empli de gris où la vie se fait privilège.
entre guerre et justice, la ligne est mince, si bien que les héros se vomissent en caprices et que la vérité coule dans l'excès des faux semblants et des complots meurtriers. Les rêves se conjuguent au présent, et jamais plus au futur..
Tu ne te souviens désormais pas même de lorsque tu es « mort » aux mains de ces bandits de Junapura mais simplement de cette sensation, de ce sentiment lorsque tu as transcendé — abandonnant cette condition d’homme au détriment de cette toute-puissance qui te consume chaque jour un peu plus. Instrument de guerre, de destruction.
Pantois, tu restes planté là, assis dans le noir, bercé par l’espoir d’ouvrir les yeux sur un tout autre monde. loin des massacres, loin de la teinture rougeâtre s’écoulant lentement des trous de lumière laissés par les lames. tu rêvasses, et doucement l’attente d’un renouveau s’échappe. le mirage s’envole pour laisser place à l’abominable vérité. à quelques mètres de toi, derrière cette cloison, gisent les corps de tes frères de la délégation.
Flash assourdissant - Réticule optique qui peine à se focaliser, tableau tout entier qui longuement s'imprime derrière l’irascible poli de ses iris. Corps de fer que peu à peu tu découvres. Sensation tant nouvelle qu'étrangère, tu t'imprègnes de cette nouvelle vie et des inconvénients l'incombant.
Tu te souviens également de cette petite fille Azaku, des milles et une nuit passées dans les steppes – orient signe de beauté universelle après les tempêtes et les guerres traversées. Du sable chaud qui brûle au fond de la gorge quand la sécheresse se lit dans les yeux de tous. Tu te questionnes sur elle, sur le fait qu’elle soit en vie ou non. A tort ou à raison, toi qui a finalement donné ta vie pour sa survie.
IIIDépart.
Le jour où tu as été mis en marche Depuis tu as erré sans but réel, servi le dessein d’un tiers, dans le seul et unique but de retrouver le sourire de cette môme. Seul et unique image qui demeure — idées bien trop souvent embarquées dans un ailleurs incontrôlé. Tu survis, t'entête à remporter un combat perdu d’avance contre la vie. Tout ça pour retrouver la gamine, et mener à bien cette seule mission.
Pourtant, les années passées sont un supplice, d’une lenteur qui te rendrait presque fou. cette voix, ces mémoires vestiges d’un temps révolu. Alors tu te sais idiot, certainement naïf aussi, prêt à croire que les choses pourraient être différentes, plus vraies qu’elles ne l’ont un jour été, implorant la clémence des cieux. Qu’elle te revienne, qu’importe le sens de vos échanges. Hélas en vain. Au fur et mesure que le temps passe tu te résous à croire au trépas, au fait que peut-être elle n’ait pas survécu.
Le palpitant douloureusement affolé dans sa cage thoracique. Les minutes sont une torture, cruelles et suffocantes, te donnant cet impression de déjà-vu — mort imminente. Tu te laisses pourrir sans but apparent.
[...]
Réticule qui s’efface, flou qui s’installe. Tu ne saurais dire combien de temps ton système s’est arrêté. Tu ne te remémores que des vis s’insinuant en toi, du premier visage que tu eus aperçu.
- Votre nom ?
- On me donne plusieurs noms mais appelez-moi Heiwanotsumi.
- « Hei-wa » que tu répètes frénétiquement
- Bon retour, E.N.M.A
Et c’est d’un rien, d’un moment pour basculer dans un inattendu. quelques instants en connaissance de mots échangés. envolée dans un air au goût d’une nouveauté. effrayante ou presque trop grisante. la vague d’un bien-être, à peine effleuré. assez pour en redemander. Le plaisir de servir à nouveau cette créatrice. Tu finis par embarquer dans cette escapade sans vision de ce qui viendra après. Ignorant jusqu’aujourd’hui encore, que cette gamine et toi, vous vous êtes retrouvé.