Lettre:

Mission originelle:

Yuri prenait sa pause aux alentours de l’Aiguille lorsqu’elle vit un petit oiseau se poser sur son épaule. Son premier réflexe fut d’essayer de le faire s’envoler mais le petit volatile tint bon, battant même des ailes pour attirer davantage l’attention de la jeune brune, agitant l’une de ses pattes sur laquelle était disposé un petit flacon ainsi qu’un papier enroulé autour de cette dernière. Intriguée, la jeune brune libéra l’oiseau de son fardeau avant de lire le petit message. Une mission sur laquelle on voulait qu’elle participe. En temps normal, Yuri aurait refusé mais l’inquiétante lettre ne lui laissa pas le choix. Et encore moins lorsqu’il s’agissait d’une collègue du Kagakusha. Dans la lettre, celle dont elle s’était occupée de l’adhésion auparavant s’était visiblement déjà remise au travail. Au cours de la mission, la jeune genin avait commis une imprudence et suspectait désormais d’être possiblement atteinte d’un mal qu’elle ignorait.

Ce message était intime et s’adressait spécifiquement à Yuri, ce qui ne laissait aucun doute quant à la potentielle gravité de la situation. Une certaine tension pesait lorsqu’elle était avec Muku et la jeune brune ne pouvait s’empêcher de ressentir un certain malaise. Cependant, elle restait une membre de Kumo et plus encore, un être humain. Si sa vie était effectivement menacée alors Yuri ferait tout ce qui était en son pouvoir pour trouver une solution. Elle mit donc fin à sa pause et regagna immédiatement les laboratoires du Kagakusha. L’annonce soudaine de cette nouvelle ne lui permit pas de mobiliser immédiatement le matériel nécessaire. D’autres scientifiques travaillaient au sein de l’unité et Yuri ne pouvait pas simplement chambouler leur travail et monopoliser les instruments.

De ce fait, la jeune femme était tiraillée entre son désir de garder tout cela secret puisque Muku lui faisait spécifiquement référence et celui de vouloir agir rapidement. Finalement, c’est en faisant jouer ses relations qu’elle eut accès à ce qu’elle désirait. La Miyazawa n’aimait pas vraiment faire cela mais le temps jouait peut-être contre elle alors elle n’avait pas le luxe de se payer les files d’attente. Malgré ses efforts de rapidité, Yuri ne put avoir les résultats qu’au bout de trois jours. Un travail nécessaire qui lui permettait de confirmer ses interprétations.

Son verdict était sans appel : La rivière avait été bien empoisonnée. L’identification de la molécule lui avait pris beaucoup de temps, notamment à cause d’autres éléments qui rendaient la détection relativement fastidieuse. Ces éléments étaient d’ailleurs tellement dérangeants que Yuri ne comprit pas tout de suite leur lien avec la molécule recherchée. Cependant, lorsqu’il s’agissait de science, rien ne résistait très longtemps à l’esprit vif de la jeune brune. En effet, après quelques essais, elle comprit que le poison utilisé bloquait une enzyme hydrolysante d’une protéine nécessaire à l’arrêt de la transmission de l’influx nerveux. Concrètement, cela voulait dire qu’il induisait une surstimulation de tous les types de revêtements musculaires du corps. Les premiers symptômes laissaient supposer une simple grippe en passant par un nez obstrué, une fièvre plus ou moins forte en fonction de l’individu et une dilatation pupillaire. Lorsque le poison atteignait le système nerveux central, d’autres symptômes plus sévères s’ajoutaient à la liste. Difficultés respiratoires, spasmes, déchirures musculaires et dans les cas les plus sévères, une asphyxie due à la remontée du diaphragme. Les cellules étaient alors fortement endommagées et le foie, principal organe détoxificateur se trouvait débordé. Lorsque ce dernier bastion de défense finissait par lâcher, les séquelles étaient difficilement réversibles.

Point de poison fulgurant donc mais quelque chose de beaucoup plus insidieux…invisible et surtout trompeur. Fort heureusement, la phase de latence du poison était plus ou moins longue et Yuri avait bon espoir d’arriver à temps avant que ce dernier n’atteigne le centre du système nerveux de sa camarade. Pour compliquer le tout, d’importantes concentrations de métaux lourds avaient été détectés. Ces derniers étaient de puissants adjuvants chélateurs qui rendaient le poison encore plus accrochant. En attendant, Yuri renvoya une lettre en urgence, espérant que le rapace soit assez intelligent pour retourner auprès de sa maitresse :


« Chère Muku,

A l’heure où je t’écris, je suis en route pour te rejoindre. Je n’ai pas beaucoup de temps pour t’écrire alors je vais tâcher d’être claire : tu es empoisonnée. Quoiqu’il arrive, évite les mouvements inutiles et reste allongée jusqu’à mon arrivée. Tâche de rester calme. Le poison ne fera que se répandre plus rapidement si ton rythme cardiaque s’affole. J’ai cru entendre que tu es dans la ferme de Yagura. C’était un client de mon père quand nous nous baladions sur les routes avec notre marchandise. Dis-lui que je me dépêche et que je serais là dans les prochains jours. En attendant, je suis sûre qu’il saura s’occuper de toi. Courage et tiens bon, j’arrive !

Yuri »