Depuis les dernières semaines, la vie de Yuri traversait une phase ascendante. En rejoignant le village des nuages, la jeune scientifique ne pensait pas pouvoir gravir les échelons aussi rapidement. Côté recherche, la jeune femme avait fait d’intéressantes découvertes qui lui avaient permis de renforcer sa compréhension du corps humain. Ainsi, elle avait pu étoffer son panel de possibilités en comprenant qu’il était possible de lever certains verrous bien que cela ne soit pas sans prix. Précautionneusement, Yuri s’était efforcée de ne travailler que sur les deux premiers et cherchait maintenant surtout à contrebalancer les contrecoups en utilisant sa compréhension de l’iroujutsu et ses connaissances scientifiques pour minimiser leur impact.

Yuri était encore jeune et respirait la joie de vivre. La quête de puissance ne l’intéressait pas particulièrement mais son renforcement permettrait surtout de faire face aux futures menaces. Et puis, elle était curieuse alors la jeune brune voulait voir jusqu’où elle pourrait repousser les limites de son corps tout en restant raisonnable. Elle ne saignait plus du nez en ouvrant les deux premières portes alors c’est déjà cela bien qu’il lui restait encore un peu de chemin avant de pouvoir vraiment en faire une utilisation efficace. Ainsi, la jeune femme était assise en hauteur dans l’un des nombreux camps d’entrainement que comportait le village. Cela la changeait de l’atmosphère recluse des laboratoires du Kagakusha et même Yuri avait besoin de changer un peu d’air parfois.

De plus, sa récente promotion au grade de chunin lui avait ouvert de nouvelles possibilités. Désormais, on lui avait confié des responsabilités vis-à-vis des jeunes pousses. En effet, si la jeune brune devait être amenée à participer à des missions avec eux, il était utile d’apprendre à se familiariser avec ces derniers. Bien que Yuri soit plutôt sélective sur les missions qu’elle acceptait de réaliser, la jeune femme faisait tout de même de son mieux pour s’investir activement pour le village. Même l’argent qu’elle gagnait au cours des missions était reversé aux plus offrants. La Miyazawa vivait une vie relativement aisée et pouvait largement se passer de tout subside que lui offrait le village. Si ses revenus pouvaient aider les plus démunis alors cela la rendrait d’autant plus heureuse.

Sa vue sur le camp lui donnait une bonne vue de la plupart des gens qui s’y trouvaient. C’était, à son sens l’endroit le plus probable pour y rencontrer quelques éléments intéressants. Non pas que Yuri désirait se battre mais elle était ici en tant qu’observatrice. Elle n’était pas spécialement cachée donc facilement repérable mais surtout, sa pratique des portes célestes drainait une quantité assez conséquente de son chakra alors la Miyazawa n’était pas vraiment dans le bon esprit pour des démonstrations athlétiques. Tranquillement, la jeune femme s’adossa à son perchoir, soufflant légèrement de satisfaction tandis que la brise montagneuse venait doucement faire flotter ses cheveux au vent.

Après une longue période de repos à la suite d’un accident, Daiki s’en va aux terrains d’entrainement dans l’optique de faire un peu de rééducation. Une rééducation nécessaire selon les ninjas médecins pour lui permettre de pouvoir retourner en mission. Mais la condition particulière de son corps ne lui permet pas de juger par lui-même, s’il est apte au terrain ou non.
Se levant tous les matins avec la fâcheuse habitude d’oublier de manger un morceau ne serait-ce pour la forme. Le jeune homme ne manque pas pour autant de gêner les autres habitants du dojo. Une coutume qui lui vaut de la part des disciples le surnom de trouble sommeil. Etrange nom qui ne semble pas pour autant déranger l’homme.

Les rues du village semblent désertes à cette heure-ci. Il n’y a pas une âme qui vive et même les oiseaux sont encore silencieux malgré un début de Soleil se profilant à l’horizon. Depuis les dojos, les terrains ne sont guère très loin, même s’il faut compter entre dix et vingt minutes de marche tout de même et cela à un fort rythme.
La douleur à sa jambe, bien loin d’être anodine, l’accompagne tout du long de son trajet. Cette même douleur vient à laisser perler une goutte de sueur depuis son front jusqu’aux abords de son œil droit avant qu’il ne vienne l’essuyer d’un simple revers de la main.

Sur place, il n’y a que très peu de gens, une poignée de vétérans n’ayant de cesse que de chercher à perfectionner leur condition. S’installant comme les autres, Daiki opte tout d’abord pour de simples appareils de musculation. Cela peut sembler barbare, mais le ninja est davantage affecté au niveau de ses muscles que de la circulation de son chakra, bien que l’un puisse légèrement au moins affecter l’autre.
Les heures passent, pour finalement laisser apparaitre de nouvelles têtes, en grand nombre. Ces dernières sont pour la plupart inconnues et ne laissent guère les yeux du jeune shinobi s’attarder sur quiconque avant que finalement ces derniers viennent se stopper net sur une jeune femme. Là plus en tant qu’observatrice que pratiquante le ninja est tout de même assez intrigué par sa personne. Néanmoins, sa timidité naturelle viendra à le laisser continuer avec son appareillage plutôt que d’oser toute rencontre avec cette dernière.

Après quelques minutes supplémentaires, le jeune homme vient à se stopper pour changer de machines, tout en venant saisir sa bouteille posée sur le sol. A l’’aide de simples mouvements, le garçon vient à prendre trois gorgées d’eau avant de reboucher la bouteille. Il opte pour des haltères et reprend ses exercices, le but étant de fortifier son dos pour pouvoir lui permettre d’avoir une meilleure position. Cela ne le passionne bien moins que la science mais c’est une étape nécessaire pour lui permettre de progresser dans divers domaines, dont l’expérimentation sur sa propre personne.

Yuri descendit de son perchoir dès lors que les plateformes se remplissaient. Beaucoup de têtes qui pour la plupart lui étaient inconnues. De son œil observateur, elle balaya la zone, à la recherche de quelque chose qui capterait son intérêt. Soudain, un jeune garçon y pénétra mais quelque chose dans sa dégaine la gênait légèrement. Ses connaissances médicales ne la trompait pratiquement jamais et la jeune scientifique se demandait bien ce qui avait pu lui arriver. Intriguée, elle s’approcha du jeune homme d’un pas léger, ne voulant pas le perturber dans ses exercices. En soi, elle n’était pas là pour le blâmer et trouvait même plutôt courageux de sa part de venir s’entrainer dans son état. La jeune femme attendit patiemment qu’il finisse son exercice avant de l’aborder.

« Bonjour, je m’appelle Yuri. Et toi ? »

Un sourire se dessinait sur son visage. La tenue de la femme était composée d’un kimono recouvert par un haori mais dont l’une des manches laissait son bras droit à découvert. Les traits les plus caractéristiques de Yuri étaient certainement ces grands yeux rouges ainsi que l’imposant tatouage qui recouvrait son dos et une bonne partie de son bras. Son ton était chaleureux et bienveillant.

« Pardonne-moi si je suis indiscrète mais j’ai remarqué que tu te déplaçais d’une manière peu conventionnelle ? Tu es blessé ? »

La jeune femme ne se voulait pas intrusive. Elle s’inquiétait juste pour le bien du jeune homme. C’était une bonne façon d’amorcer la conversation. Et puis si Yuri pouvait rendre service et se rendre utile alors elle le ferait volontiers. Cela dit, elle-même était emprunte à une certaine fatigue. Que ce soit son travail au Kagakusha ou son entrainement personnel, la jeune femme avait besoin d’un peu d’évasion de temps à autre. Personne ne semblait lui en tenir rigueur d’ailleurs. Ses absences en dehors du village étaient souvent justifiées par des missions ou par des recherches personnelles. Cependant Yuri revenait tout le temps vers le peuple du pays de la foudre, prête à utiliser son savoir au service du bien commun.

Alors que la concentration de Daiki se porte seulement sur ses exercices, une femme, jeune, vient à l’interrompre. D’une voix chaleureuse elle se présente comme étant Yuri, sans même ajouter son nom ou bien son prénom derrière. Quoi qu’il en soit, le jeune ninja vient alors à poser son haltère au sol avant de se passer un coup de serviette sur le front, les cheveux et les mains avant de poser cette dernière autour de son cou. La tenue de la femme peut paraitre assez affriolante, mais elle n’évoque rien au jeune homme. Après tout il s’est déjà rendu dans le quartier chaud de la cité, même si cela avait été pour une mission.
Le tatouage qu’elle semble avoir sur son épaule nue est assez particulier, il vient même attirer l’attention du garçon un instant avant de replonger son regard dans celui de la femme. Pour sa part la femme enchaine avec une question, lui demandant s’il est blessé en parlant de son déplacement. Une chose qui montre sans l’ombre d’un doute qu’elle l’observe depuis un petit moment déjà et qu’elle n’est pas venue sur un coup de tête.

-Enchanté, je me présente, Daiki.

Dit le garçon avant de détourner le regard au profit de sa bouteille pour boire une nouvelle gorgée avant de s’exprime à nouveau en tenant la bouteille sans la refermer.

-Il est vrai que je suis blessé, mais ce n’est rien de grave. Juste de la rééducation pour ma bêtise pendant une mission et pourtant je le savais. Mais bon un médecin n’est jamais capable de se soigner soi-même dit-on pour rire et dans mon cas c’est peut-être vrai. Bon même si je ne suis pas encore officiellement ninja-médecin.

Daiki repose alors la bouteille tout en la refermant.

-Mais pardonnez-moi si je suis direct, mais en quoi puis-je vous aider ?

Dès lors Daiki fixe les lèvres et les yeux de la femme dans l’attente d’une réponse de sa part.

Visiblement, le garçon n’était pas très bavard. Au moins, Yuri savait maintenant qu’elle avait eu raison sur son analyse. Une blessure reçue pendant une mission et qui nécessitait de la rééducation ? Pourtant, vu d’ici, ça n’avait pas l’air si sérieux et la jeune brune se demandait bien si elle était capable de lui venir en aide. Cela commençait à devenir plutôt intéressant.

« Oh je n’ai besoin de rien, j’étais juste intriguée. En fait, je venais juste observer les gens s’entrainer ici, prendre des nouvelles du village. Mon travail ne me donne pas beaucoup d’occasions de pouvoir m’octroyer des pauses de la sorte alors quand elles se présentent j’essaie d’en profiter. »

Un nouveau sourire illumina son visage. Elle disait vrai. Son occupation à l’aiguille remplissait majoritairement son emploi du temps. Yuri aimait son travail mais il limitait ses interactions sociales. Non pas qu’elle s’en plaignait mais la jeune femme avait toujours été ainsi. Son épanouissement intellectuel avait commencé très tôt et la Miyazawa s’était vite intéressée à des sujets divers et variés et plus particulièrement ce qui touchait les sciences. Pour elle, le Kagakusha était un véritable terrain de jeu qui exploitait ses facultés au maximum.

« Au fait, je pourrais éventuellement t’aider. Je travaille à l’Aiguille en tant que chercheuse au Kenkyusha mais j’ai de très bonnes connaissances médicales. Je pourrais peut-être t’aider à aller mieux ? Peut-être que Miyazawa Yuri te dit quelque chose ? »

Si le jeune garçon avait assisté à l’épisode de la pandémie qui avait touché Kumo alors il avait peut-être entendu parler d’elle. C’était même fort probable tant elle avait marqué les esprits auprès de la population locale pour son dévouement quant au rétablissement des malades. Enfin, ici, Yuri utilisait surtout cette notoriété acquise pour rassurer le jeune homme. Il est vrai que son approche avait été un peu intrusive alors si elle lui donnait un peu plus de détails, peut-être que cela suffirait à briser la glace ?

« En tout cas, si tu t’es lancé dans l’iroujutsu, sache que c’est une voie complexe qui demande beaucoup de rigueur mais aussi d’être à l’écoute des gens. On est souvent amené à gérer des situations complexes et délicates mais je pense que ça, tu le sais déjà, n’est-ce pas ? »

La curiosité, un sentiment qui semble présent chez la femme au moment où elle vient voir Daiki. Une étrange chose que voici car le jeune homme n’a jusqu’à aujourd’hui jamais suscité la curiosité ou l’intérêt d’autrui à son égard. Bien évidemment, elle ne manque pas l’occasion de se plaindre de son travail, du moins c’est ainsi que peut le comprendre le garçon.
Rapidement, elle entre dans les détails et ne manque d’ajouter que son travaille à l’Aiguille se trouve au sein du Kenkyusha. Elle annonce même qu’elle peut peut-être l’aider dans ses soucis de santé, ne manquant pas de vanter ses compétences dans le domaine médical. Pour autant, si le jeune homme semble voir le mal partout, il ne pense pas à mal de la femme et ne doute même pas de sa sincérité. Simplement est-il hésitant quant à l’idée de faire confiance aux autres.

Puis elle vient à aborder un sujet qui peut potentiellement intéresser le garçon. Lui qui ne connait que peu de choses dans l’Iroujutsu, ne proposant pas son aide direct dans l’apprentissage d’une telle discipline, elle évoque un vague sentiment sur la difficulté de la profession. Une réalité qui ne concerne pas vraiment le ninja qui ne voit comme patient que sa propre personne. Allant même jusqu’à se servir de son corps comme d’un sujet de test pour évaluer des techniques afin d’en vérifier l’efficacité et cela parfois même en pleine mission.

-Je suis navré, je dois dire que le nom de Miyyazawa ne me dit pas grand-chose. Mais votre aide n’est pas de refus.

Quitte à ne pas pouvoir bénéficier de vrai conseil au moins l’occasion d’observer de près de nombreux ninjas dans ce domaine peut s’avérer d’une aide cruciale dans son développement, se dit Daiki.

-A vrai dire j’en ai presque fini avec mes exercices du jour, il ne me reste qu’une chose à faire, mais je pourrais la faire plus tard. Vous proposez quoi ?Peut-être pouvons nous déjà nous rendre à votre bureau pour commencer.

Une occasion comme une autre pour Daiki d'en apprendre un peu plus sur la femme qui vient l'aborder.

La jeune brune avait peut-être su éveiller l’intérêt du jeune garçon. Même si il ne la connaissait pas, il semblait plus ou moins intrigué par ses activités. Il lui proposa lui-même d’aller à son bureau pour continuer la discussion. Cette initiative surprit un peu Yuri mais cela ne la dérangeait pas vraiment. Le Kagakusha était une unité accessible au grand public. Ses membres étaient connus et essayaient d’être le plus transparent possible. Aussi, l’on pouvait y adhérer si on en ressentait l’envie et même le quitter si il s’avérait que cela ne nous plaisait plus. En somme, tout le monde était le bienvenu.

« Comme tu veux, je pourrais un peu te faire visiter si tu le souhaites. »

Elle le laissa donc finir ses entrainements puis demanda de la suivre. L’Aiguille était un vaste complexe qui servait à la fois de siège scientifique pour le Kagakusha mais aussi d’un centre hospitalier capable d’accueillir des milliers de malades. Concrètement, les laboratoires étaient disposés de tel manière à ce qu’ils se situaient en dehors des chemins d’accès aux blocs opératoires. Les bureaux quant à eux, étaient situés sur un étage où la Miyazawa avait reçu le sien peu après son intégration. Elle invita donc le jeune homme à s’installer.

« Bienvenue au Kagakusha. C’est ici que les têtes pensantes de Kumo se réunissent pour mettre leurs savoirs en commun. L’unité est assez jeune…ou plutôt elle a été réouverte il y a peu. Le pôle scientifique à proprement parler est le Kenkyûsha et c’est là que je travaille. Depuis, Itoe m’a confié la charge de pouvoir recruter les personnes voulant l’y intégrer, ce qui est plutôt amusant. »

Ce n’était pas le travail le plus amusant mais cela lui permettait de rencontrer de nouvelles personnes, parfois intéressantes et d’autres fois moins. En tout cas, Yuri était constamment en recherche de moyens d’occuper son esprit activement. Son projet personnel n’était pas vraiment prêt de voir le jour. Elle s’y attendait en rejoignant le village mais la jeune brune se demandait si elle aurait suffisamment de patience pour contenir son ennui. Au moins, il restait les missions avec Muku qui étaient à la fois stimulantes et intéressantes. Pour le reste, il fallait attendre de voir la suite des évènements.

« Parallèlement à mes recherches, je cherche constamment à améliorer ma compréhension de l’iroujutsu et plus globalement la maitrise du chakra. Comment celui-ci est interconnecté à nos cellules, comment sont produites les techniques que l’on génère. Bref, des questions d’intérêt général. Puis, je trouve ça toujours utile de rechercher des moyens de guérison accélérée que la médecine conventionnelle peinerait à produire par exemple. »

Revenant au sujet qui l’intriguait plus tôt, Yuri osa formuler une question.

« Du coup, est-ce que tu veux que je jette un coup d’œil à ta blessure ? »

Après une dernière série, le jeune genin s’excuse auprès de la dame et l’informe qu’il s’en va prendre une douche. Il ne faut tout de même pas que ce dernier vienne à laisser l’odeur de la salle venir envahir celle de l’Aiguille. Durant sa douche, il n’a de cesse que de réfléchir à quoi faire ; Il y a de nombreuses voies qui l’intéresse, mais en définitive il souhaite en apprendre un peu plus sur ses origines et cela passe sans nul doute par la science en analysant l’étrange chose qui sommeil en lui. Bien évidemment il a déjà lu l’ensemble des documents qui lui sont accessibles sur son pouvoir. Il est loin d’être un cas unique et pourtant malgré les nombreuses recherches il souhaite pousser la chose encore plus. Et même pourquoi pas voir s’il ne peut en faire quelque chose de nouveau avec d’autres expériences.

En sortant de la douche et après un coup de serviette, le genin enfile ses vêtements et rejoint rapidement la femme. Nen manquant pas au passage de s’excuser de l’avoir fait attendre. Daiki a bien changé de ton il est moins distant et froid bien qu’il en subsiste une trace, car après tout il faut manipuler les apparences pour arriver à ses fins. Passant de couloirs en couloirs au travers de divers blocs, le duo arrive finalement au bureau de Miyazawa. Daiki pose alors son fessier sur l’un des fauteuils qui fait face au bureau de la dame. Dans son monologue la femme explique alors au jeune ninja que c’est elle qui a la charge du recrutement. Une aubaine pour lui s’il compte bien intégrer les rangs des scientifiques, bien que ses intentions soient peut-être moins louables que celles des autres chercheurs.
Cependant, la femme parvint contre toutes attentes chez Daiki à le captiver. Par la simple énonciation du sujet de ses recherches. Un sujet qui se trouve en parallèle de ce qu’il souhaite voir et comprendre. On peut même dire qu’il est plus qu’en parallèle, il est même lié de près à son désir. Même si le côté médical et les soins ne sont pas à son ordre du jour.

Après quoi elle vient à demander à Daiki, si ce dernier souhaite qu’elle observe sa blessure. En réalité, il ne souhaite pas vraiment qu’elle le fasse. Mais si c’est suffisant pour la distraire et lui faire avoir un bon avis sur Daiki. Le jeune homme est prêt à la laisser l’ausculter.

-Et bien pourquoi pas. D’ailleurs j’ai quelques questions au sujet de l’Aguille, car voyez-vous je souhaite potentiellement rejoindre les rangs des chercheurs. Pour te tout dire votre sujet d’étude est un sujet qui m’intéresse et je souhaiterais en approfondir les connaissances que nous avons. Mais voilà je ne sais pas s’il reste de la place dans votre unité ou même si j’ai les compétences pour.

Une fois que Daiki lui donna l’accord, Yuri procéda à l’examen de sa blessure. D’après ses premières observations, si le jeune homme pouvait s’appuyer dessus alors il ne s’agissait pas de quelque chose de bien sérieux. En fait, c’était surtout dans sa condition que sa blessure le gênerait. Tout le monde n’était pas comme la Miyazawa et elle concevait bien que certaines personnes tiraient un avantageux revenu des missions qu’ils effectuaient. Nul doute que ce genre de blessure ne permettait pas de renvoyer le jeune garçon. La jeune brune voulait qu’il puisse rapidement être opérationnel afin qu’il puisse être libre de ses mouvements.

« Tu avais raison, il n’y a pas grand-chose. L’os n’est pas atteint. La douleur vient plutôt des muscles. Certains ligaments semblent être enflammés et ce sont leurs frottements qui l’induisent. Je vais soulager cela. »

La jeune brune recouvrit ses mains d’un manteau de chakra verdâtre et l’apposa sur la jambe de Daiki. La Miyazawa était confiante en ses compétences et une blessure de la sorte était presque une routine pour elle. Néanmoins, même à Kumo, tout le monde ne maitrisait pas le chakra et elle comprenait que trouver un eisenin compétant en ces temps durs pouvait être compliqué.

« Voilà, ça devrait suffire normalement. Concernant ta demande, je suis tout à fait disposée pour que tu intègres nos rangs. Je suis contente de voir que tu portes de l’intérêt pour le Kenkyûsha. Mais avant cela, j’aimerais connaitre les motivations qui t’ont motivé à le rejoindre. Je veux dire, autrement que par le fait que nos sujets t’intéressent. A terme, quels sont tes objectifs que tu souhaites accomplir en rejoignant nos rangs ? »

Comme avec Muku, Yuri cherchait surtout à cerner le jeune homme. Le Kagakusha était ouvert à tout le monde mais la scientifique voulait connaître les ambitions de son interlocuteur. La plupart des gens qu’elle avait rencontré possédait un certain attachement à Kumo et œuvrait dans le but de participer à son essor. C’était, d’une certaine manière l’objectif de la Miyazawa bien que son réel projet s’étendait bien au-delà du pays de la Foudre…enfin en supposant qu’elle puisse en ressortir un jour…

Finalement, à peine le duo est-il arrivé dans le bureau que la mystérieuse doctoresse vient à examiner la jambe du garçon non sans sa permission. C’est sans nul doute l’entretien le plus étrange qu’est pu vivre le jeune genin au cours de sa courte existence, pour autant ce dernier ne peut être qu’à son avantage, car dans le pire des cas il se voit juste refuser les portes de la section scientifiques de Kumo. Cela n’est en fait qu’un simple frein et non un arrêt pour lui et ses projets, toutefois cela n’est encore qu’une hypothèse car ce dernier n’a pas encore reçu la réponse de la femme.

Après une inspection de la jambe, elle vient à confirmer que cette dernière comme le pense Daiki n’est pas grandement endommagé. La femme médecin semble conclure que la douleur provient des muscles et non des os, une réflexion assez logique est qui tombe sous le sens du simple fait que le garçon parvient à se déplacer. Puis après avoir évoqué les ligaments, la femme vient générer une lueur autour de ses mains. Une lueur qui n’est pas inconnue au garçon, car lui-même est capable de la générer.
Et bien que Daiki est déjà essayé avec ses techniques que l’on peut tout de même classer d’efficace, sans que cela soit un succès. La jeune femme en procédant de la manière semble parvenir à résoudre la chose, ou au moins à l’atténuer à l’aide de sa technique. Daiki se demande ainsi si cela est dû au savoir de la femme ou bien à sa technique. L’un ou les deux sont sans nul doute supérieurs aux compétences du jeune genin.

Après ce court examen, la jeune femme revient au sujet que Daiki a osé aborder alors qu’il n’est à la base pas venu pour ça. Du moins l’invitation ne portait que sur sa blessure. Elle demande à Daiki quelles sont ses motivations, ses objectifs. Hésitant à peine une ou deux secondes, le garçon répond alors à la dame.

-Je dois dire que je cherche à approfondir avant tout mes connaissances en matière de chakra pour mieux en comprendre le système dont il s’agit. Et voir comment le chakra sur des gens n’ayant pas un système chakratique bien développé fonctionne. Quelle est la limite, que peut-on donne rou prendre au maximum. Je souhaite aussi voir une approche en dehors du chakra, comme dans la médicamentation. Afin que même sans chakra en mission je puisse toujours être utile à mon équipe, tout comme cela peut s’avérer utile pour n’importe quel ninja médecin sur le terrain en pareille situation. Après si cela peut profiter à Kumo ou ailleurs je dois dire que cela est tant mieux. Je ne sais pas si ça répond à vos questions.

Le garçon ne ment pas, il ne dit simplement que des demis vérités.

Yuri était satisfaite. Ou du moins, les ambitions du jeune homme semblaient un peu converger vers ses propres idéaux. Au-delà de la simple compréhension du chakra, Daiki voulait se montrer curieux envers tout ce que pouvait offrir la science en général. Pour Yuri, l’essor du pays ne se résumait certainement pas à la puissance militaire. Bien d’autres facteurs permettraient l’essor de Kumo et les moyens non conflictuels restaient souvent les meilleures options pour avancer car elles permettaient de ne pas détruire le fruit de plusieurs années d’efforts.
Pour le reste, la jeune scientifique aurait tout le temps d’en apprendre plus sur le jeune garçon. L’entretien pour entrer au Kagakusha était quelque chose d’assez simple finalement. L’on examinait toujours les personnes en amont afin de voir si ils ne possédaient pas d’antécédents avec les autorités qui pourraient être utile de surveiller mais dans le cas du jeune garçon, tout allait dans le sens de son adhésion. Après tout, Daiki était juste un jeune genin plein d’ambitions et comme beaucoup d’autres comme lui, il souhaitait certainement gravir les échelons de la hiérarchie par un quelconque moyen. Le fait qu’il choisisse le Kenkyûsha pour réaliser ses objectifs ne pouvait que ravir la jeune femme.

Tenant un dossier entre ses mains, Yuri complétait les documents sans dire mot. Après quelques minutes, elle les rangea dans un classeur puis se tourna vers le jeune homme.

« Ce sont des objectifs louables. Il est vrai qu’en matière de médecine, l’on se croit souvent intouchable lorsque l’on vient à découvrir l’usage de l’iroujutsu. Pouvoir soigner des blessures d’un simple toucher pourrait presque relever de la magie mais il ne faut pas se laisser conforter par ses acquis. Nait alors ce que l’on appelle un biais de surconfiance, cette sensation de connaissance d’un sujet alors que l’on en effleure à peine la surface. »

Yuri marqua une pause avant de continuer.

« Tu parles de médication. Je pense que tu as raison de vouloir t’y intéresser. On ne sait jamais lorsqu’on peut tomber à court de chakra. Combien de personnes doit-on guérir ? Parfois, les méthodes conventionnelles sont plus à même de gérer ce genre de situation en administrant, par exemple, un simple antibiotique. Souviens-toi Daiki : le savoir est une arme. »

Elle ponctua sa phrase par un sourire et lui tendit la main.

« Bienvenue au Kagakusha. »

Après de pareil propos à la fois riche en vérité et en mensonge bien que cela n’en soit pas vraiment. Il observe la femme remplir quelque chose, cela ne prend pas longtemps, mais c’est tout de même suffisant pour laisser le silence s’installer quelques instants dans la pièce. Une fois qu’elle a fini du moins c’est ce qu’il semble, elle décide de ranger le document dans un classeur. Et elle ne manque pas de rentamer le dialogue avec le jeune genin. Ces premiers mots sont comme positifs lorsqu’elle vient à parler des objectifs de Daiki.

Après cette courte phrase venant à louer le jeune homme, la femme vient à enchainer sur tout à fait autre chose. Un couplet qui sonne plus comme une mise en garde qu’autre chose dans l’esprit du garçon. Il se demande alors si elle ne cherche pas à le sonder ou à effectuer une quelconque autre manipulation de la sorte. De bien étranges méthodes que voici et pourtant si Daiki a face à lui une chercheuse et une médecin, il a aussi une femme ninja devant ses yeux. Parlant de confiance et de d’autres choses du genre, il est difficile pour l’homme de comprendre si elle émet un doute quant à ses motivations, pour lui le mieux reste de garder une attitude passive.

Marquant une pause comme pour montrer la lourdeur de ses propos qui peuvent alors se montrer presque comme une menace s’il l’on y voit de mauvaises intentions. La femme reprend par la suite un nouveau couplet.
Ces nouvelles phrases ressortent comme plus positives que celles d’auparavant. Ce qui en devient déroutant, l’alternance de propos chez la femme ne peut marquer chez Daiki qu’une certaine méfiance qui ne laisse pas transparaitre. Tout au plus on peut le penser nerveux, ce qui est logique lors d’un entretien, surtout lorsque l’entretien a démarré à la salle d’entrainement.

Finalement, la phrase que Daiki attend depuis le début de sa demande arrive et plus rapidement qu’il ne le pense. Lui souhaitant la bienvenue la femme lui tend par la même sa main. Faisant de même pour acter son entrée dans le Kagakusha, la poignée de mains se fait vite en quelques gestes.

-Je vous remercie pour la confiance que vous m’accordez en me laissant rejoindre vos rangs.

Daiki a toujours préféré toujours caresser dans le sens du poil plutôt que d’aller à sens contraire. Bien que ces derniers temps il lui arrive d’être plus direct que d’ordinaire.

-J’aurais quelques questions cependant, si vous le permettez. En effet, je souhaiterez savoir à quoi puis-je avoir accès pour débuter mes recherches qui seront d’abord théorique ?

L’adhésion du jeune homme se déroulait bien. Sitôt qu’il rejoignit les rangs du Kenkyûsha, il commença à poser des questions à la jeune femme. C’était un point que la Miyazawa appréciait et elle était pour les personnes qui savaient prendre des initiatives. Au sein d’un groupe de scientifiques, la hiérarchie importait peu dans le sens où le pouvoir n’était pas corrélé à la vivacité d’esprit que chacun pouvait avoir. Ainsi, même quelqu’un au bas de l’échelle pouvait suggérer une idée brillante. Ici, il ne s’agissait surtout pas de faire jouer ses fonctions pour faire valoir ses idées. Seuls les arguments, les expériences et les analyses prévalaient pour appuyer une théorie. C’est pour cela que tous les membres devaient se mettre en tête que le Kagakusha était tout sauf un moyen de se hisser à des sommets. Au sein de ce bâtiment, l’on travaillait certes pour ses propres projets mais surtout pour le bien commun.

« Tu fais bien de me poser la question, j’allais y venir justement. L’Aiguille possède une grande bibliothèque où tu trouveras plusieurs ouvrages qui t’aideront dans tes recherches. N’hésite pas à croiser tes sources, à me demander de l’aide si besoin. La bibliothèque contient également une porte à l’arrière qui conduit à une pièce où se dirige généralement les réunions avec Yasue, le chef de l’unité. Peut-être seras-tu amené à le voir durant les prochains jours. Il semblerait qu’il s’intéresse assez aux nouvelles recrues qui rejoignent le Kagakusha. »

Yuri sourit à nouveau avant de disparaitre un instant derrière son bureau puis de réapparaître quelques instants une clé à la main. Un numéro y était inscrit et faisait sûrement référence à celui d’un local au sein du bâtiment. Elle la tendit à Daiki puis inscrivit quelque chose sur un cahier où était référencé plusieurs noms. Ainsi, chaque nom était associé à un numéro et l’on pouvait facilement retrouver le propriétaire d’une clé.

« Comme je l’ai dit, le Kagakusha a réouvert pratiquement en même temps que le village. Cela en fait une unité assez jeune même si on y a eu souvent recours dans le passé. De ce fait, on a beaucoup de places libres et donc cela nous permet d’attribuer un bureau personnel à chacun des membres adhérents. Cela vaut aussi pour toi bien évidemment. »

Elle lui tendit donc la clé qui lui servirait à ouvrir son bureau. Ce dernier possédait tout ce dont le jeune homme avait besoin. En réalité, il s’agissait d’une double pièce dont l’une possédait tous les instruments électroniques tels que les ordinateurs tandis que l’autre était un espace de travail à proprement parlé.

« Bien sûr, si tu as besoin d’appareils plus sophistiqués, mettons que tu veuilles accéder à la salle des scanners, il te faudra une accréditation. Tu peux venir me demander, je suis habituée à les manipuler et j’en profiterai pour te faire un petit topo sur l’instrumentalisation des appareils. »

Lors de ses premiers jours, la jeune femme avait effectivement reçue une certaine formation de la part de ses ainés. Cela dit, la vitesse remarquable avec laquelle la jeune femme s’était adaptée à son milieu était telle que l’on avait bien vite compris qu’elle n’avait besoin d’aucune aide. Plus encore, Yuri savait tirer un maximum de tous les appareils disponibles à l’aiguille et avait montré, à maintes reprises, l’incroyable ingéniosité dont pouvait faire preuve son cerveau. Certains s’étaient même accordés à se dire si il ne fallait pas se livrer à une analyse profonde de son néocortex mais ils durent bien vite abandonner cette idée en comprenant que forcer la Miyazawa serait une bien triste erreur.

Malgré elle ou heureusement pour elle, la jeune femme était relativement bien protégée. Beaucoup de gens l’appréciaient, encore plus depuis l’incident des mines et il n’était pas rare qu’elle soit un véritable puits d’espoir aux yeux de la population kumojine. Ses savoirs s’étendraient peut-être davantage si elle avait accès à des connaissances venues d’ailleurs mais cet ailleurs semblait très inaccessible pour le moment, faute à des prétendus risques qui ne permettaient pas aux shinobis de quitter le pays de la foudre.

Pour la jeune femme, cette peur était un peu irrationnelle et allait à l’encontre des statistiques démographiques du pays de la Foudre. A moins que toute la population se soit soudainement mise à maitriser le chakra, il y avait plus de chances de tomber sur un bandit du dimanche que sur un shinobi expert. Autrement, aucune marchandise n’arriverait à bon port dans les différentes zones de Kaminari.

Evidemment, Yuri pouvait exposer ses arguments mais ces derniers seraient sans doute vite contrés par une quelconque excuse lui demandant de patienter encore. Et puis, elle n’avait aucune envie de lutter contre l’autorité qui aurait, de toute manière le dernier mot peu importe son argumentation. Mettant ses pensées de côté, la jeune femme se reconcentra sur son interlocuteur.

« Tu as d’autres questions sinon ? »

A peine Daiki pose sa question qu’une réponse lui parvient en bonne et due forme. Rapidement elle indique à la jeune graine de scientifique la présence d’une bibliothèque à partir de laquelle il peut débuter ses recherches en bénéficiant de nombreuses sources d’informations. Elle offre même son aide, bien que cette dernière dans un premier temps puisse être bénéfique à long terme cela risque de devenir une entrave pour le jeune qui ne voit pas l’intérêt du village mais seulement le sien.
Avec la bibliothèque vient une autre pièce dont elle évoque l’existence. Il s’agit d’une salle dans laquelle se déroule des réunions en présence d’un certains Yasue. Un personnage inconnu à la mémoire du genin, mais qui ne manque pas d’inscrire dans sa tête la tâche d’en apprendre plus à son sujet. D’autant plus lorsque Yuri vient à mentionner le fait que ce personnage s’intéresse aux nouvelles recrues. Une menace potentielle que le garçon se doit de clarifier au plus vite alors.

Mais l’échange ne s’arrête à ces simples informations. Un sourire sur le visage, la femme vient à disparaitre avant de réapparaitre avec un objet en main. Offrant l’objet qui se révèle être une clef, elle note par la suite quelque chose sur un cahier. A n’en point douter que pour Daiki c’est là un simple de registre pour savoir qui est où. Une formalité classique dans un monde ou le côté administratif est omniprésent.

De ce qu’elle semble dire, il s’agit-là d’un bureau qui sera propre à Daiki. Une bien grande chose que voici pour une personne nouvellement venue. Pour autant avoir son propre bureau n’est une garantit que ce qui s’y trouve soit à l’abri des regards trop curieux.
Daiki d’un geste simple de la tête vient tout de même à remercier la femme. Pas un mot cependant, afin de la laisser terminer ce qu’elle a à dire.

Yuri parle ensuite de ses fameux appareils de recherches qui sont l’une des raisons qui poussent le jeune homme à faire son entrée dans pareille branche au sein de Kumo. Des machines qui pour l’heure ne lui sont pas d’une grande aide, mais qui par la suite lui seront vitale afin d’expérimenter les idées qui fourmillent dans son esprit.


-Non à vrai dire avec quelques mots vous avez su répondre à mes questions par avance. Je dois dire que je ne m’attendais pas à un bureau dès le départ. Je dois avouer que j’ai hâte de pouvoir consulter quelques nombreux ouvrages sur les sujets dont j’y vois un intérêt.

Le jeune homme range alors dans l’une de ses poches la clef qui lui a été offerte avant de reprendre avec le sourire auprès de la dame.

-Maintenant que j’y pense, je souhaiterais volontiers bénéficier de votre aide. Peut-être pourrais-je vous assister dans un premier temps avant de ne commencer à explorer par moi-même la science. Une sorte d’apprentissage ou bien de stage. Je pense que cela peut m’apporter quelques bases supplémentaires et consolider celles que j’ai déjà acquises. Voir même à n’en point douter, m’apporter plus que des bases. Un bon moyen d’apprendre à me servir des machines sous votre supervision également. Mais peut-être avez-vous déjà suffisamment de personnels sous vos ordres pour ne pas vous encombrer davantage d’un quelconque autre scientifique en devenir.

Daiki se lève alors, elle n’hésite pas un instant à tendre le bras pour la remercier. On peut croire que le sourire qu’il aborde est faux et pourtant il est bien sincère. Il gratifie grandement la femme de lui permettre de progresser bien plus vite qu’il ne l’avait cru.

-Aussi pour vous remercier pour le travail mais aussi pour les soins, je peux peut-être vous inviter à manger ? Après votre travail bien évidemment.

Yuri semblait avoir satisfait la curiosité du jeune garçon. C’était la seconde fois qu’elle se livrait à ce genre d’entretien et force est de constater qu’elle se débrouillait plutôt bien. Elle espérait que Daiki allait pouvoir se plaire au sein de l’unité. Elle ignorait ce que le jeune homme pouvait réellement faire en tant que genin. Si elle en croyait sa propre expérience quand elle l’était, Yuri ne s’était pas sentie particulièrement restreinte au niveau de son travail. Enfin, si on mettait de côté le fait d’être emmurée dans Kaminari. Après sa promotion, qu’elle n’avait pas vraiment vu venir, la jeune femme s’était longtemps demandé si cela avait changé quelque chose finalement. Une remise en question lui avait fait comprendre qu’elle avait peut-être été un peu trop optimiste sur certains aspects de la hiérarchie kumojine. Au final, la seule chose utile qu’elle pouvait faire était probablement de diriger une équipe mais malheureusement, l’intérêt de la jeune chunin pour cela était nul.

« Honnêtement, je dois t’avoue que je n’aime pas m’encombrer d’apprentis ou de stagiaires. En général, je préfère avoir la liberté de travailler seule et la charge du formateur m’est vite ennuyante. Tu pourras toujours venir me voir si tu as besoin de quelque chose mais ne t’attends pas à ce que je te prenne sous mon aile. Si j’ai choisi de ne pas diriger d’équipe suite à ma promotion, c’est en partie pour être tranquille. »

La jeune femme évitait ainsi le plus de responsabilités possibles. Yuri n’en endossait que si cela était réellement nécessaire, préférant le reste du temps, travailler tranquillement sur ses projets personnels. Cependant, la jeune brune restait souvent à l’écoute de ses camarades et essayait de faire de son mieux pour les tirer vers le haut. Sa réponse pouvait paraître crue mais la Miyazawa préférait exposer le tableau dès le début afin de ne pas donner de faux espoirs au jeune homme.

En revanche, elle n’était pas contre sa deuxième proposition. Avec son travail, Yuri avait parfois tendance à négliger ses besoins les plus vitaux, un comble pour quelqu’un qui aimait autant la nourriture. Le fait qu’on l’invite était plutôt rare aussi. Peut-être par crainte de la déranger ou simplement parce que la jeune Miyazawa n’acceptait pas facilement les demandes. Bien qu’elle s’en fichait, la jeune femme était consciente de son physique avantageux qui attirait le regard. Aussi, était-elle particulièrement méfiante lorsque quelqu’un s’intéressait à elle. Cela dit, les intentions du jeune homme semblaient parfaitement honnêtes alors il n’y avait pas grand-chose à craindre.

« Au pire, je lui couperais quelques tendons et puis voilà. » Songea-t-elle ironiquement.

La jeune femme esquissa ensuite un sourire face à sa propre boutade mais aussi en direction de Daiki. Elle était toujours de bonne humeur et cela se voyait jusque dans les expressions de son visage même si Yuri était incroyablement douée pour modérer ses émotions.

« Très bien, j’accepte ton invitation. Je te laisse choisir le restaurant. Pour l’heure, tu peux rejoindre ton bureau et commencer à prendre tes marques au sein du complexe de recherche, j’ai encore beaucoup à faire. Je te retrouve ce soir aux quartiers commerçants. Il faut que je fasse un tour chez moi pour me préparer après le boulot. »

Elle se leva ensuite et laissa le jeune homme à ses occupations tandis que la jeune femme disparut dans les étages inférieurs, reprenant ses expériences là où elles les avaient laissé.

Alors que la femme refuse la demande de Daiki. Ce dernier est à la fois agacé et soulagé par cette réponse. D’un côté il souhaite apprendre au plus vite et le meilleur moyen reste la tutelle bien que cela puisse s’avérer être exténuant. D’un autre côté la nature de ses futurs travaux n’étant pas nécessairement vu d’un bon œil dans la communauté scientifique ne sont pas compatibles avec la présence d’un supérieur. Ainsi cela se termine sur une note neutre et permet à Daiki d’au moins avoir obtenu un bureau.

Une chose est sûre, la femme sait ce qu’elle veut et ce qu’elle ne veut pas. Le fait qu’elle soit directe permet à Daiki de deviner que pour l’instant cette offre qu’il a reçue n’est en rien un piège. Une chose rare dans ce monde qui attend toujours un retour de faveurs au minimum.
Toutefois, si la première demande vient à être refusée, la seconde est quant à elle acceptée. L’idée du repas dans l’esprit du jeune homme n’était normalement pas censée passer auprès de la dame. Dans la mesure où elle aurait pu voir cela comme une invitation plus personnelle. Bien que l’idée soit loin de tous désirs potentiels chez le garçon qui ne s’intéresse en rien au plaisir de la chair ou de l’amour.

-Très bien, j’en profiterais aussi pour rentrer à mon dojo afin de me vêtir plus convenablement. Je vous attendrai à l’entrée des quartiers commerçants vers dix-neuf heures. Si cela vous convient ?

Saluant la femme en baissant légèrement la tête, le jeune genin s’en va inspecter son bureau. Parcourant les couloirs de l’Aiguille, il passe même devant la bibliothèque. Mais bien avant d’inspecter le lieu qui regorge de connaissances en tout genre, il préfère son nouveau local. Face à la porte, c’est sans hésiter un instant et sans la moindre émotion qu’il insère la clef dans la serrure avant d’en tourner la clef et la poignée.
Aussi curieux que cela puisse paraitre la porte ne grince pas, le mouvement des gonds est fluide, montrant un certain niveau d’entretien au sein du bâtiment. Appuyant sur l’interrupteur à l’intérieur de la salle, à droite de la porte. C’est une vision nouvelle qui s’offre à lui. Le lieu est désert, il n’y a là qu’un simple bureau avec une chaise sans que rien d’autre ne vienne orner la pièce. A côté se trouve une autre salle dans laquelle quelques outils s’y trouvent. Une salle certainement faite pour y entreposer diverses choses à observe et des armoires contenant certains produits pour l’entretien des outils ainsi que leur rangement. Au centre de la pièce se trouve une table dont l’usage est devinable rien que par l’atmosphère qui règne dans cette pièce, une pièce pure et vide de toutes traces d’autopsie ou d’autres procédés médicaux pouvant s’avérer salissant par moment. Tout ce qu’il y a de plus neutre et classique pour un chercheur dans le domaine médical.

Après ce bref aperçu, le jeune homme sort de la pièce avant de refermer derrière ses pas. Rebroussant chemin, il s’en va enfin vers la bibliothèque. Poussant les portes à double battantes de l’antre du savoir. Ses yeux deviennent comme pétillant de vie à la simple vue de tant d’ouvrages sur tant de sujets divers. Avançant sans un bruit sur le sol en bois, le ninja laisse ses yeux trainer quelques instants sur les titres des livres. Après quelques dizaines de secondes à regarder les livres, il se ressaisie et s’en va ainsi au dojo afin de se vêtir comme il faut pour sa soirée avec la femme médecin.
Quittant l’Aiguille d’une faible allure, la douleur qu’il avait à la jambe n’est presque plus qu’un lointain souvenir. Sans nul doute est-ce là l’œuvre de la femme médecin, un niveau qu’il espère atteindre un jour ou l’autre.

Marchant jusqu’à la salle d’entrainement, il y pousse encore un peu les exercices grâce à l’absence ou plutôt à la diminution de la douleur à sa jambe. Ayant le temps avant que l’heure fatidique ne se pointe, le garçon parvient à réaliser plusieurs séries avant de final voir qu’il a peut-être passé trop de temps aux terrains d’entrainement.

Une fois au dojo, la douche est de mise. Ayant transpiré quelque peu du fait de ses occupations de la journée. Après s’être rafraichit dans un bain d’eau froide, le jeune homme vient à enfiler son kimono, sa seule tenue assez classieuse pour lui permettre de passer dans les lieux de la haute. Après tout il ne compte pas l’inviter à manger dans un stand de nouilles. Les apparences étant assez importante, il lui faut au moins se restaurer avec la dame dans un établissement quelque plus luxueux. Bien que cela ne soit pas non plus un établissement dont le simple coût d’un repas s’élève jusqu’à la totalité du salaire d’un genin. Le choix de Daiki se porte sur un restaurant dans lequel on y mange des grillades. Fournissant une plaque à chaque table, il suffit par la suite d’y laisser un morceau de viande ou de légume y cuir. Un lieu qui s’avère assez bien pour un diner professionnel.

Prêt pour son rendez-vous. Le jeune homme s’en va alors à l’entrée du quartier des commerçants. Là aux portes de la rue aux nombreux établissements, le jeune homme attend que la femme se présente.

A la fin de la journée, Yuri sortit de l’Aiguille après une journée de travail satisfaisante. Ses projets avançaient plutôt bien et elle faisait de son mieux avec ce qu’on lui permettait de faire. Récemment, la jeune femme travaillait particulièrement sur l’élaboration d’antipoisons. En effet, lors d’une de ses dernières missions, sa partenaire avait été empoisonnée par une toxine extrêmement dangereuse dont le retrait lui avait demandé énormément de temps et d’énergie. Afin d’éviter ces désagréments, Yuri s’était lancée dans un projet où elle essayait de lister les différents poisons découverts, les classer en différentes catégories ainsi que leurs antidotes. Bref, un travail qui avait le mérite de la tenir occupée et d’éviter qu’elle ne s’ennuie.

Comme promis, la jeune brune fit un saut chez elle afin de se préparer pour la soirée. Yuri était de ceux qui vivaient dans l’opulence grâce à la fortune amassée par son père au travers de ses voyages. Des années durant, sa famille avait fait fructifier une respectable somme en ryos qui leur servait désormais à couler des jours heureux au sein du Pays de la Foudre. Yuri opta donc pour un Yukata bleus à fleurs ainsi que d’un obi de la même couleur. Ses cheveux, habituellement coiffés en une longue natte qui lui tombait dans le dos avaient été ramenés au-dessus de sa tête dans un chignon élégant. La jeune femme n’avait pas besoin de plus, son charme naturel faisait généralement le reste.

Elle se rendit donc tranquillement sur le lieu de l’établissement où le jeune homme l’y attendait déjà. Son choix se porta sur un restaurant de grillades dans lequel les clients pouvaient eux-mêmes se livrer à la cuisson des aliments qu’on leur apportait. Le regard de la jeune brune s’illumina comme à chaque fois qu’elle sortait pour aller manger. Cependant, Yuri était une femme qui modérait ses émotions et même dans des moments d’euphorie comme celui-ci, elle savait se contrôler. En effet, même si Daiki avait promis de l’inviter, elle se modèrerait sur son repas et ne laisserait pas ses instincts carnassiers prendre le dessus.

Ce n’était pas très élégant pour une jeune femme de manger autant mais Yuri s’en fichait, ce qui importait, c’était de profiter de sa vie. La jeune scientifique s’installa donc et commanda une première fournée de steaks de bœuf. Pendant la cuisson, la jeune femme avait tout le loisir de demander au jeune homme comment s’était passée sa première journée au Kagakusha. Techniquement, ils allaient être collègues à partir d’aujourd’hui alors c’était intéressant d’apprendre à se connaître.

« C’est gentil de m’avoir invitée à dîner. C’est idéal pour se détendre après une longue journée de travail. Du coup, j’aimerais savoir comment s’est passée ta première journée au Kagakusha ? Tu as pu prendre tes marques ? »

Une simple question banale dans laquelle Yuri se souciait de l’intégration de l’apprenti médecin. En tout cas, malgré la longueur des journées au Kagakusha, la jeune femme ne perdait jamais le sourire. Sous son air sérieux se cachait un grand cœur mais surtout une bonne humeur à toute épreuve.

La jeune femme arrive enfin au lieu de rendez-vous que le jeune homme a fixé un peu plus tôt dans la journée. Pénétrant dans le restaurant, le duo est rapidement guidé jusqu’à une table par une serveuse à la grande courtoisie. S’installant d’un côté de la table, Daiki fait face à Yuri.
Sans attendre le jeune vient à commander une carafe de saké pour eux deux ainsi que deux assiettes de viandes et légumes. Le jeune homme ne raffole pas de légumes, mais il ne les déteste pas pour autant. Ce n’est là que de la décoration à ses yeux. Une garniture pour rendre la viande plus présentable ou lui apporter un très léger goût différent. Autant dire qu’il ne faut pas compter sur lui pour cuisiner.

Attendant que la femme pose ses premiers morceaux de viandes sur la plaque, Daiki vient à poser les siens par la suite. Il y a de place pour quatre personnes sur la plaque de cuisson et ils ne sont que deux, autant dire que le jeune homme occupe l’espace de deux personnes en y déposant un grand nombre de pièces de viandes ainsi que de légumes.
On peut rapidement entendre les aliments crépiter et leur jus s’évaporer sur la plaque. La jeune femme s’adresse alors à Daiki, le remerciant d’abord pour cette invitation en précisant que c’est idéal pour se détendre. Puis elle vient à demander à Daiki comment s’est déroulé sa première journée.

Tout en remuant son futur repas à l’aide de baguettes, le jeune homme répond à la femme non sans sourire.

-Je dois dire que je me suis simplement contenté de jeter un œil au bureau et à la bibliothèque. Je ne pouvais pas rester dans ma tenue de sport pour travailler. Mais dès demain je pense commencer à me pencher sur la question des sujets qui attirent mon attention. Et vous votre journée ?

Puis Daiki vient à poser ses baguettes avant de reprendre en saisissant la bouteille de saké.

-Veuillez me pardonner, je vous sers un verre ? Et n’hésitez pas à recommander, ne vous en faites pas.

Il faut dire que l’homme ne dépense que très peu l’argent de ses missions, n’ayant ni famille, ni copine ni passe-temps. Ses dépenses son assez maigre d’autant plus lorsqu’on sait qu’il ne paye même pas sa nourriture ou un loyer.

Daiki n’y était pas aller de main morte. Il semblait lui aussi savourer tout particulièrement la nourriture bien que son comportement pouvait laisser suggérer qu’il émettait une certaine réserve quant à la consommation des végétaux. Pourtant ces derniers étaient riches en vitamines et minéraux en tout genre. C’était dommage de pas en profiter. Pour la jeune scientifique, cela ne faisait aucune différence, elle n’était pas très difficile. Cependant, elle veillait à conserver un bon équilibre alimentaire afin de se maintenir en bonne santé. En effet, ses capacités cognitives remarquables étaient l’un des trésors qu’elle chérissait le plus et Yuri prenait soin d’assurer à ce qu’elles restent opérationnelles à tout instant.

« C’est important de prendre son temps pour découvrir. Tu verras les lectures à la bibliothèque sont très intéressantes, surtout lorsqu’on sait où chercher. Fais attention au vieux Ren qui traine parfois là-bas. C’est un vieux grincheux qui envoie un parchemin deux ou trois fois par an pour qu’un quelconque genin puisse ranger ses étagères. Mais on dit que ce dernier n’est pas aussi sénile qu’il en avait l’air. »

La jeune femme esquissa un sourire. Elle n’avait pas passé suffisamment de temps en étant genin pour se soumettre à cette corvée mais elle avait bon espoir que cette mission recelait bien plus que du rangement de livres. Durant ses propres recherches sur les portes célestes, Yuri avait découvert des choses qu’elle n’aurait jamais soupçonnée d’où l’intérêt de savoir où chercher.

« Quant à ma journée, disons que mes recherches avancent bien. En ce moment, je travaille sur l’élaboration d’antidotes. Durant mes récentes missions, j’ai remarqué que les sous-fifres du Jinsei avaient souvent recourt aux poisons pour toucher un maximum de personnes en empoisonnant par exemple les rivières ou les champs agricoles. Mon but est d’établir une liste de ces substances, de les classifier puis d’élaborer une contremesure afin de pouvoir agir plus efficacement à l’avenir. »

Yuri marqua un arrêt où elle se délecta de ses tranches de viande. Elle avait vraiment faim à cause de ses journées épuisantes mais aussi de ses récents entrainements qui lui pompaient énormément d’énergie.

« J’aimerais pouvoir avoir une longueur d’avance sur nos ennemis. Certes, je n’ai aucun mal à extraire même les poisons les plus virulents mais cela me coûte en temps et en énergie et on peut travailler que sur une seule personne à la fois. L’idéal serait plutôt de faire de la prévention en ayant des stocks disponibles à tout instant. »

La jeune femme réfléchissait ardemment à des solutions globales qui leurs permettraient de résoudre un maximum de problèmes en même temps mais cela prenait beaucoup de temps et de moyens. C’est d’ailleurs pour cette raison que Yuri aspirait à la paix. En temps de guerre, l’on a généralement pas le temps de faire avancer la science, surtout lorsqu’on lutte pour sa survie. Elle fixait la bouteille de saké que le jeune homme avait commandé avant de décliner gentiment.

« Je te remercie mais je ne consomme pas d’alcool. Je préfère garder l’esprit clair en toute circonstances. Mais ne te gêne pas pour en boire si tu le souhaites, cela ne me dérange aucunement. »

Daiki écoute la femme avec la plus grande attention dont il peut faire preuve. Il s’avère même que lui qui se croyait bavard n’est en fait que l’exacte opposé comme le démontre la jeune chercheuse. Déballant sa journée à l’aide nombreuses phrases. Daiki n’en manque pas une miette afin de voir s’il ne peut pas en tirer la moindre chose.
C’est alors qu’il apprit l’un des moyens d’agression du Jinsei. Aussi curieux cela soit-il, Daiki n’a jamais croisé les membres de ce groupe. Pour dire, il n’en a même jamais entendu parler à cause de son manque d’intérêt pour autrui. Se focalisant davantage sur sa personne que sur les autres, le village lui-même dans lequel il se tient n’est qu’un moyen de lui permettre d’exister un peu plus longtemps ce monde.

Quoi qu’il en soit l’usage de poison par ce groupe éveille un certain intérêt chez le garçon. Car les poisons bien qu’étant une arme à double tranchant sont très efficaces et cela dans de nombreuses situations. Une chose qui n’est pas à prendre à la légère pour l’homme dont le métier l’amène à souvent prendre des risques. Réfléchissant un instant dans sa tête tout en écoutant la femme, il se demande même s’il n’y a pas moyen de fusionner la chose avec ses fils. Une tâche complexe qui peut néanmoins s’avérer être pratique. Les fils étant des choses si fines et particulièrement complexe à observer lorsqu’on est en mouvement.
Une voie à étudier, bien que d’autres sujets occupent l’esprit du jeune homme en matière de recherche. Outre le poison et l’évocation de ce dernier, la femme a parlé d’un vieil homme qui cherche des genins. Si au départ cela suscite un certain intérêt chez le garçon, rapidement ce dernier s’estompe étant donné la nature même de la tâche. Daiki n’est pas là pour ranger des étagères, mais bien pour autre chose.
Expliquant les préoccupations qu’elle a, la femme détail au minimum la chose en évoquant comme un problème de prévention ou de logistique. Puis elle vient à refuser l’offre de Daiki que de boire un verre. Lui qui ne consomme pas d’alcool et ne fait que se forcer pour entretenir une bonne relation professionnelle à l’air bien malin à présent. Rebouchant la bouteille, il vient à appeler la serveuse en lui indiquant qu’il offre la bouteille au personnel, tant que ces derniers la consomment après le service.
Puis il vient à s’adresser à la jeune femme :

-Je dois dire en effet que vos préoccupations ne sont pas des moindres, mais si vous avez déjà les poisons n’est pas possible non pas d’en créer un remède, mais une sorte de dose moindre, permettant alors au corps de s’y habituer ou bien alors de produire comme de agents de lutte contre ces corps étrangers ? Ainsi on pourrait effectuer une sorte de Mithridatisation sur les gens du pays. Un moyen de les protéger des poisons les plus courants ou au moins d’en réduire les effets. Bien sûr il faudrait produire la chose en quantité suffisante et cela demande aussi des moyens, mais bien moins que de maintenir un stock de remède qui eux à l’inverse du corps peuvent voire leur état se détériorer. Après je ne sais, je dois dire que je n’my connais guère et qu’en réalité je ne fais que donner une simple idée qui me passe par la tête. Après je me dis que tout simplement on peut aussi augmenter les effectifs dans le domaine de la santé. Avec plus de personnels on peut accueillir et soigner plus de gens à la fois, mais là encore cela à un coût en plus de demander du temps ne serait-ce que pour former le personnel. Je dois dire que votre problème reste insoluble peu importe si l’on opte ou non pour la bonne solution, pour la simple raison qu’à mon avis chaque fois cela dépend du poison que l’on utilise.

Après la présentation des quelques pensées qu’il a au sujet des préoccupations de la femme, le garçon vient à saisir ses deux baguette pour attraper deux morceaux de viandes et les engloutit après quelques mouvements de mâchoire.

Daiki soulevait un point important. Yuri était agréablement surprise par son esprit de déduction. Il exposait des idées intéressantes et semblait en connaitre un minimum sur le sujet. L’idée d’augmenter les effectifs était cependant limité par le simple fait qu’il fallait trouver des gens voulant bien s’engager dans cette voie. Kumo restait un village militaire. De ce fait, la plupart des shinobis embrassaient souvent d’autres voies que celle de la médecine ou de la science. De plus, le Kagakusha n’était pas la seule unité présente au sein du village des nuages, ce qui diluait encore plus les effectifs disponibles. On ne formait pas le personnel en quelques semaines et il fallait parfois plusieurs années d’expérience avant de pouvoir travailler dans un domaine de manière efficace. Pour sa part, Yuri n’avait clairement pas le temps de s’occuper elle-même de jeunes recrues puisque c’était du temps qu’elle prendrait sur ses recherches, un luxe qu’elle ne pouvait se permettre actuellement.

« Tes idées sont bonnes mais elles ne fonctionnent que dans des conditions optimales. Or, on sait qu’entre théorie et pratique, il y a souvent des disparités auxquelles on ne s’attendait pas. »

Quant à son projet, il était bien plus complexe que ce qu’imaginait le jeune homme. L’idée de sensibilisation au poison était certes ingénieuse mais elle soulevait des risques pour les patients qui se porteraient volontaires à ce genre de tests. Aussi curieuse que Yuri était, elle ne pouvait se résoudre à risquer la vie des gens sur des lancers de pièces. Encore moins dans des processus dangereux tels que la mithridatisation.

« C’est effectivement une piste intéressante que d’induire une exposition volontaire aux poisons. Cependant, cette méthode n’est pas efficace contre tous les types de poisons. Même si administré à petites doses, il pourrait tout simplement s’accumuler dans le corps jusqu’à atteindre la dose létale. Toutes les substances ne sont pas métabolisables et surtout, l’immunité est induite par des processus biologiques très complexes. Or certaines substances peuvent court-circuiter nos défenses en se reposant sur des procédés chimiques qui ne déclenchent aucune réaction immunitaire. »

Cela pouvait paraitre sans espoir mais il fallait parfois se confronter à la dure réalité des choses. Certaines pistes pouvaient paraitre simples en apparence mais elles sont parfois piégeuses et ne conduisent qu’à davantage d’ennui. La voie choisie par la Miyazawa était complexe mais pour l’instant, cela lui paraissait être le choix le plus judicieux.

« Cependant, il est possible d’habituer les hépatocytes à métaboliser certaines molécules en les forçant à produire des enzymes capables de désactiver les toxines. Cela ne fonctionne pas avec tout mais il est possible de s’immuniser contre certains poisons non-organiques en les convertissant dans des formes beaucoup moins nocives. Par contre, cette méthode abîme considérablement le foie durant le processus et il faut avoir accès à de hautes compétences d’iroujutsu régénérateur pour restaurer entièrement la fonction de cet organe détoxificateur. C’est ça le défi de la science. Proposer des idées, les tester et voir comment elles fonctionnent en situation réelle même si ce n’est pas toujours facile… »

Daiki, face aux réponses de la femme vis-à-vis de ses propos comprend assez rapidement que son savoir sur le sujet et pour l’heure assez médiocre. Si elle a exposé un problème aux nombreuses facettes, elle a vite démonté les éventuelles solutions de Daiki. Le pire dans l’esprit du jeune est qu’elle n’a pas nécessairement tort bien que certains points méritent une précision plus développée se dit-il. C’est là une occasion en or pour lui, mais sa paresse de ses jours précédents fait qu’en définitive cette opportunité lui passe sous le nez.
Si un sentiment de culpabilité vient hanter son esprit à cause de cette débâcle intellectuelle, le garçon ne se démonte pas et profite de ses démons pour se convaincre et motiver mentalement à redoubler d’effort pour atteindre les objectifs qu’il s’est fixé. Une tâche qui ne sera guère simple au vu du projet colossale dont il s’agit.
Quoi qu’il en soit pendant qu’elle converse avec le jeune homme, il n’hésite pas à garder ses baguettes en main et avec ces dernières à saisir quelques copieux morceaux de viandes et quelques légumes. Si tous morceaux ont été déposé en même temps, un problème se montre à présent. Car l’ensemble des aliments et dorés comme il faut, mais il faut désormais les saisir avec une certaine rapidité pour éviter qu’ils ne brûlent. Une tâche complexe, car le jeune Daiki se doit de paraitre assez courtois avec la femme. De viles manières ne sauraient donner une bonne image de sa personne.

Mais n’ayant pas le temps de réfléchir, il préfère agir sous le couvert des propos de la femme qui compte parler au moins un temps. Une bonne occasion, car si elle parle, il n’a pas besoin de parler. D’un geste agile et peu ample, il s’active dans un unique mouvement. Telle un rapace venant des cieux, la pointe des baguettes étant les serres du majestueux rapace, il saisit sa proie en un balayage. Un maigre morceau de viande qui a été séparé d’une plus grosse part par le jeune avant d’être déposé sur la plaque chauffante.
C’est ainsi qu’une occasion se présente à lui, plus loin sur la trajectoire de son mouvement se trouve, un morceau de poivron. La cible est de taille, tout comme le risque de repartir sans rien en lâchant le morceau pendant la tentative d’agripper le poivron. Mais qu’importe les risques et aux enfers la sécurité, il faut tenter le tout pour le tout. Serrant d’abord ses baguettes comme pour faire légèrement remonter le morceau, Daiki compte bien les écarter à nouveau. Il faut cependant, choisir le bon moment pour réussir à ne pas faire dégringoler la viande de bœuf. Une tâche ardue et même presque chirurgicale. Centimètres après centimètres, le morceau se rapproche et bien plus vite que le croit Daiki. Puis à ses yeux vient le moment de relâcher la pression pour écarter les baguettes et laisser le bœuf tomber sur le poivron. Agissant avec une certaine dextérité et agilité, le jeune cherche avant tout à au moins pouvoir en ressortir avec quelque chose.

Après une petite goutte sueur que l’on mettra sur le compte de la chaleur qui règne dans la pièce, le garçon parvient à non seulement garder sa viande mais aussi à emporter dans son mouvement le poivron. Mais alors qu’on peut croire que l’action se termine là, il reste une tâche assez complexe. Celle de la rotation du poignet afin d’amener les aliments dans le bec du rapace. La difficulté repose avant tout sur le fait que la viande n'est plus tenue par les baguettes, par le poivron et ainsi rien ne semble pouvoir l’empêcher de tomber si ce dernier doit chuter. Ainsi le garçon opte pour un mouvement linéaire une fois la rotation effectuée à plat.
Cette stratégie est choisie pour le simple fait que lors de l’élévation, le morceau doit s’appuyer sur la baguette ce qui aide grandement avec une inclinaison de presque cent degrés. Mais ce n’est pas tout, ça même ainsi le risque est trop grand est Daiki n’a plus le droit de laisser tomber ce dernier. Une chute est c’est la fin pour lui. A pareil hauteur et avec autant du jus, les conséquences peuvent être désastreuse. Heureusement pour le genin, un précieux allié venu de la physique est là pour l’aider dans son opération. Il s’agit de la force centrifuge, qui va permet au garçon s’il déplace assez vite ses baguettes et l’ensemble d’exercer comme une pression sur le sommet de la viande en direction du poivron. Agissant sans trop tarder, le garçon est concentré autant sur les dires de la femme que sur son repas. Mais le temps lui manque, car il doit encore faire plusieurs passages identiques à celui-ci. Il s’exécute et sa main comme comme prévu par une rotation au plus proche de la grille, puis s’enchaine à la montée à la milliseconde où la rotation se termine.

Tout va très vite et en définitive c’est un véritable succès. La proie est dans le bec, la proie est dans le bec se répète Daiki. Un petit plaisir éphémère, car sans attendre il relance ses serres en direction de nouvelles proies. Il continue l’opération jusqu’à ce que la femme termine et par chance il ne reste pas une denrée sur son côté de la plaque. Une chance pour lui qui ne veut pas brûler et donc gâcher la nourriture.

Une fois fait et alors que la femme a fini de parler, il fait un signe à la serveuse en levant un doigt, l’index pour commander une nouvelle assiette de viande. Puis son regard se tourne vers la femme, bien que par moment il a su tourner ses yeux vers elle malgré l’opération délicate.

-Je dois dire que par moment j’ai du mal à vous suivre, surtout sur la fin pour vous avouer. Néanmoins, de ce que j’en comprend la tâche est loin de trouver une solution comme vous l’entendez. Une fois plus au fait sur le sujet je pourrais peut-être vous apporter un regard nouveau. Commencer par l’étude des poisons n’est pas une mauvaise chose je me dis. Non pas que je veuille vous voler vos travaux.

La soirée battait son plein tandis que la jeune femme exposait ses idées. Elle sentait que le jeune homme était un peu perdu dans la discussion, se contentant simplement de se concentrer sur son plat. Le niveau de la Miyazawa était peut-être trop élevé pour engager une telle conversation. C’est dire à quel point la jeune femme débordait d’idées tant au sein du Kagakusha ou lors de ses missions où elle n’a de cesse que d’élaborer des plans ingénieux pour déjouer les subterfuges des ennemis de la Foudre. Un intellect particulièrement apprécié par ses partenaires de missions mais dont la Miyazawa n’en tirait que le mérite que l’on voulait bien lui accorder.

La gloire, la puissance, le pouvoir, tout cela lui était bien égal. Au mieux, c’étaient là des moyens qui lui permettraient peut-être d’élargir son champ de possibilité. Jaugeant un instant Daiki, la jeune brune comprit qu’elle n’en tirerait peut-être rien d’autre d’intéressant ce soir. C’était peut-être prétentieux à imaginer mais sans doute que le jeune genin devra parcourir un long chemin avant d’avoir les connaissances nécessaires pour entretenir un débat scientifique avec Yuri. Le reste du repas se termina tranquillement où la jeune brune finit son assiette dans le calme, ne préférant pas amorcer un autre sujet de discussion où Daiki risquerait de s’égarer.

« Tu es libre de travailler sur ce que tu veux Daiki. En science, la coopération prévaut en général sur la concurrence et il faut parfois savoir laisser son égo de côté pour la faire avancer même si on n’en tire pas tous les honneurs. Ce n’est pas très grave si tu ne comprends pas tout maintenant. Tu es encore jeune et tu as toute la vie devant toi pour apprendre. Enfin…tout dépend comment tu la mènes bien entendu. J’ai conscience que la vie de shinobi n’est pas de tout repos mais efforçons-nous de vivre le plus longtemps possible. »

Yuri se leva ensuite, prenant congé de son interlocuteur après cette journée de dur labeur. Au moins, cela faisait la deuxième fois qu’elle avait réussi à augmenter les effectifs du Kagakusha et pour cela, on la félicitera sûrement. La jeune femme ignorait encore du potentiel du jeune homme et de ce qu’il pouvait apporter à l’unité mais elle lui avait au moins donné toutes les clés pour y arriver. Il ne manquait maintenant plus qu’à ce qu’elle rentre chez elle pour profiter d’un repos bien mérité.

« Je te remercie encore pour ce repas Daiki. J’espère que tu te plairas au sein de l’unité. »

Elle s’inclina légèrement avant de disparaitre dans les rues de Kumo, le sourire aux lèvres. Quelques personnes la saluèrent tandis que d’autres se demandaient ce que la scientifique pouvait faire avec ce jeune homme mais Yuri était déjà loin de toutes ces rumeurs, marchant nonchalamment dans les rues pour rejoindre le domaine familial.

HRP:

La nouvelle assiette arrive au fond sous les yeux de Daiki. Aussi copieuse que la précédente, le garçon ne manque pas de se faire plaisir pendant ce repas. Après tout il régale et il connait donc les limites de son portefeuille. Le plat sur la table, la serveuse qui s’en retourne aux cuisines et la scientifique qui sort un propos que l’on peut presque voir dans un discours donné au nom de la science.
Ventant le travail d’équipe et l’abolition de fierté mal placé ou bien d’égo.
Elle vient par la suite parler même du futur parcours du jeune genin qu’est Daiki. Un parcours qui s’annonce déjà chaotique bien qu’elle n’en souligne que les bons points. Peut-être que la femme ne voit pas les intentions de Daiki ou qu’elle préfère regarder ailleurs, se dit le jeune homme. Mais après tout comment aurait-elle pu soupçonner la chose sans qu’il ne vienne à aborder le sujet. Au mieux elle peut avoir quelques soupçons et encore cela relève du génie dans le domaine de la déduction.

Le ventre plein, c’est ainsi que la femme se lève pour conclure sur ce repas où les idées ont quelques peu immergées. Le remerciant pour le repas en y ajoutant une touche de gentillesse avec. La femme s’incline puis s’en va, non sans que quelques regards ne la suive. Le genin ne manque pas de lui rendre sa politesse à l’aide d’une inclinaison de tête qui s’accompagne d’une phrase de remercîment.

De son côté Daiki s’efforce de finir son assiette avant de se lever pour s’orienter vers le comptoir. Parlant avec la serveuse, il la remercie pour la prestation et ne manque pas de lui laisser un pourboire ni généreux ni maigre. L’addition réglée, c’est avec une faim apaisée que le garçon s’en retourne à son dojo.