Mission:

Par un jour ensoleillé et prometteur, c’est entre deux missions ou recherches que le Genin sortait des Onsens de la Feuille pour retrouver au complexe Kudo Rea toute une équipe spécialisée qui allait être en charge des études de terrain à mener et qui allaient permettre, si les feux devenaient verts suite aux bonnes nouvelles à apporter aux hautes sphères du Village, la construction d’un troncon de rails à échelle réelle, permettant par la suite une réelle démonstration en compagnie de l’Hokage et du Daimyo de Hi no Kuni.

L’occasion n’était pas à manquer et pour cela, Kyoshiro se plaçait en première ligne dans les démarches à effectuer pour la mise en place d’un tel projet. A côté de cela, il assurait également sa position d’apprenti Archéologue et évidemment celle de Shinobi, par des temps qui annonçaient déjà de mauvaises augures avec la croissance des partisans anti-Konoha, et ce dans l’ensemble du Pays.

En proposant ce projet au Village, Kyoshiro avait aussi cette idée de tendre la main aux personnes extérieures, à tous ceux qui pouvaient bénéficier d’une avancée technologique leur permettant de retrouver leurs proches à l’autre bout du pays, et ce, sans avoir à marcher le long des Forêts de Hi sans réelle protection.

Permettre au peuple d’en profiter sur le long terme, et partager équitablement selon l’utilisation cet accès au réseau ferroviaire était certainement l’un des objectifs les plus audacieux que le Genin portait à ce jour, bien qu’il dût le faire taire pour garantir l’acceptation de l’Hokage et des hauts représentants de la Feuille lors de l’exposé il y a déjà quelques temps de cela.

Un sourire niché sur sa bouille, le Shinobi fit donc marche vers le complexe hospitalier, servant également de locaux pour la partie Technologie & Développement dont Hideki Ryoga était l’éminent savant et représentant. Si le Kobayashi n’avait pas été mandaté pour cette mission d’étude de terrain, il se serait certainement allongé sur une branche d’arbre pour profiter de la caresse du vent printanier qui balayait d’un trait les crocs hivernaux et impitoyables qui avaient sévi durant nombre de missions que Kyoshiro avait mené en hiver.

Cette pensée le fit sourire alors qu’il atteignit le point de rendez-vous fixé avec les unités compétentes qu’il allait devoir escorter en dehors des murs de Village, tout en assurant leur protection durant l’opération. Un sourire, qui laissa place à un sourcil arqué alors qu’il fut témoin d’une scène atypique.

« Tayuya ! Papa va finir par se fâcher si tu continues à voler des pièces dans l’atelier ! » gronda un homme, aussi musculeux que ridicule, avec la salopette tachée d’huile et de poussière qu’il portait, en bon mécanicien.

« J’suis une ouvrière moi aussi ! Tonton Ryoga m’a dit que j’pouvais venir quand j’voulais d’abord ! » broncha la petite brune haute comme trois pommes. « Hein Tonton ? » lança-t-elle à l’attention de l’homme en blouse longue et blanche qui sortait, tenant du bout des doigts les plans l’étude à mener, sourire aux lèvres et les yeux grands ouverts.

Ce dernier détourna le regard jusqu’à le poser sur son collègue, qu’il considérait encore comme jeune apprenti, n’ayant pas même la majorité.

« Mon petit Kyoshiro ! Merci d’être venu aussi rapidement, je vais vous briefer rapidement sur vos travaux ! » dit Hideki Ryoga, qui était suivi par pas moins de dix autres experts en la matière.

Quelques minutes suffirent à toute l’équipe pour se réunir sous quelques arbres qui s’élevaient à côté du complexe Kudo. L’atelier permettant désormais de créer en échelle réelle un prototype qui pouvait être présenté aux hautes instances du pays était fin construit, mais l’une des étapes les plus cruciales étaient encore à faire : les études de terrain à mener. Kyoshiro prit place en face de Ryoga, fléchissant les jambes pour finalement trouver siège convenable sur les herbes qui accueillirent progressivement l’ensemble de l’équipe, ainsi que le Chef du pôle Scientifique et Technologique de la feuille.

Ce dernier prit la parole, en s’assurant que chacun ait bien une place pour l’entendre.

« Tout d’abord je tiens à nous féliciter pour l’accomplissement d’une première étape de ce projet, l’Atelier ferroviaire qui est fin prêt à nous accueillir pour la création du premier prototype à échelle réelle. Aujourd’hui, nous envoyons dix personnes sur le terrain pour faire de la reconnaissance et une étude de terrain qui va nous permettre d’établir une possibilité, plusieurs mêmes et surtout, un tracé qui permettrait de relier Kanetsu au Village sans risque pour la Faune et la Flore. » assura le scientifique, assis devant tous les autres.

Au milieu de la troupe, Tayuya se démarqua aussitôt, ce qui fit sourire Kyoshiro, qui l’observait depuis l’arrire du groupe, assis au loin.

« J’vais vous guider dans les forêts de Hi ! Pis on n’a pas b’soin de Shinobi, j’suis suuuuper forte toute seule ! »

Pose de battante, mais haute comme trois pommes. Le groupe se mit à rire joyeusement tandis que le père de l’enfant la prenait avec lui, pour laisser la réunion reprendre son cours. Aussitôt, le Kobayashi se leva, et fit quelques pas pour rejoindre Ryoga, face aux collaborateurs pour cette mission.

« En tant que membre du clan Kobayashi, je participe activement à ce projet pour permettre de grandes choses sur le long terme. Mais, la Sylve Abyssale, et les forêts qui font la fierté du Pays ne devront jamais être rasés. Nous allons mener ces études pour élaborer un tracé qui permettra l’aboutissement d’un tronçon de rails, qui contournera habilement les forêts dont nous parlons. »

Captivant l’attention de ses collègues, Kyoshiro déroula un parchemin sous les yeux de tous, contenant une carte du Pays et détailla du doigt les différentes sections à analyser à l’œil, sur le terrain.

« Nous allons éviter la Sylve qui se trouve en plein Sud de Konoha. Pour ça, le premier tracé à étudier déviera de la ligne droite, se dirigera idéalement vers Shukuba avant de tourner en direction de la Capitale, nous éviterons déjà les menaces animales et nous éviterons de perturber au maximum l’écosystème. Il y aura donc moins de Forêt et plus de zone plate à exploiter pour le tronçon de rails. »

Poursuivant avec une pointe d’humour, le jeune homme reprit aussitôt.

« Pour notre sécurité, Tayuya saura mettre hors d’état de nuire les bandits qui sévissent malgré la surveillance de la Garde de la Capitale. »

La petite fille n’était pas en reste pour autant, fort de ses travaux manuels, elle assistait réellement l’équipe technique à seulement huit ans. Un père accro aux travaux et qui était devenu rapidement un modèle pour la petite Tayuya qui avait perdu sa mère, quelques années plus tôt à cause d’une constitution bien faible pour supporter le poids de la vie qu’elle subissait sur ses frêles épaules chaque jour passant. A contrario, c’est une pile électrique qui mettait de l’ambiance dans cette famille où seul un père et sa fille subsistait, mais c’est une véritable bouffée d’énergie qu’elle apportât alors à toute l’équipe et au jeune Kobayashi en premier, lui qui, en la regardant, se remémorait ses jeunes années et ses parents, unis de la même manière.

Confiante, c’était le terme, et la benjamine ne tarda pas à s’affirmer encore une fois devant ses ainés.

« J’connais les forêts de Hi comme ma poche avec les travaux qu’faisait mon papa à l’extérieur du Village. »


Aussitôt affirmé, ses petites mains vinrent pointer du doigt Kyoshiro, qui se mit à sourire lorsqu’elle le défia, d’un air aussi osé qu’adorable à voir et entendre.

« Quant à toi Monsieur, j’suis sûre que si j’guide l’équipe, on y sera avant toi tout seul d’abord ! »

Un père qui était fier de sa fille, aussi fier qu’inquiet par cette boulette de tempérament à l’état brut qui s’abattait dans une conversation, tel le tonnerre de Zeus s’abattant sur un arbre, produisant des flammes incontrôlables. Un père, qui ne tarda pas à élever la voix, pour se faire entendre de sa fille.

« Tayuya ! N’embêtes pas notre ami, il… »

Souriant tout du long, le Genin leva la main pour interrompre le Père dans son sermon et ‘exprima à son tour, répondant à ce défi qui lui était lancé, avec une attitude bien détendue.

« Je relève ton défi ma petite, si tu parviens à guider notre équipe au premier point d’étude avant que je n’y arrive, je te payerai les meilleurs friandises du Village, parole de Kobayashi. » affirma Kyoshiro dans un élan d’enthousiasme qui se ressentait dans sa voix.

Prenant rapidement à part Musashi, le père de la petite Tayuya, qui était également le responsable de l’équipe en charge des études de terrain à mener, il lui exposa le plan qui avait germé dans son esprit, suite à cet échange.

« Je vais prendre un peu de distance et commencer à étudier les environs, tout en assurant de loin et dans l’ombre la sécurité du groupe. Cela devrait contenter votre fille, qui a envie d’aventure et ça me permettra d’opérer en toute transparence. »

Après un coup de balai passé par l’équipe de nettoyage, représentée ici par la présence jusqu’ici furtive du jeune Kobayashi, ce dernier prit les opérations en main. Le plan détaillé sous les yeux, le rôle de Kyoshiro était à la fois clair et compliqué de par la charge de travail à abattre pour s’assurer que le terrain choisi pour tracer la voie ferrée convienne, aussi bien pour le train, que pour l’écosystème à préserver.

Sur ce dernier point, il en allait de la crédibilité du clan Kobayashi et le jeune homme était très attaché à la Nature, assez pour mettre ce point parmi les priorités à respecter de manière impérative.

Ainsi, c’est équipé de nombreux instruments que toute l’équipe se mit en route, se séparant en deux unités sous les recommandations de Kyoshiro : la première en exploration du terrain à travailler par la suite, la seconde pour centraliser les informations reçues à l’aide de radios de portée suffisante pour couvrir une zone de travail entière et surtout, veiller sur les affaires restées en arrière.

Une demi-heure s’écoula ainsi, entre l’étude de terrain qui comprenait l’environnement présent, le tracé qui devait se faire selon un axe où chaque détail comptait, notamment la qualité de la terre, pour y poser un chemin de fer sans risque lors de la pratique. Kyoshiro prenait également en compte le poids de l’appareil qui était amené à circuler dessus.

Certains passages plats ne posaient aucun problème, mais venait se greffer à tout cela une problématique assez simple, mais pertinente pour que le Kobayashi la soulève au reste de son équipe.

« Le terrain est satisfaisant, je pense qu’on va pouvoir y faire du bon travail, mais reste la question des animaux et des hommes qui souhaiteraient passer de l’autre côté de la voie ferrée en toute sécurité. »

L’un des techniciens, suivi par l’ensemble du groupe regardèrent le jeune Shinobi avant de répondre.

« On y avait déjà réfléchi entre nous Kyoshiro, et nous avons actuellement deux solutions, l’une étant plus risquée que l’autre en fait. »

Les prunelles du jeu de morpion du jeune homme se posèrent, croix et cercle sur son interlocuteur, intéressé par ces solutions.

« Nous pouvons creuser des tunnels, praticables à tout moment par la faune sauvage et par l’homme qui souhaiteraient passer de part et d’autre de cette voie. Ou alors, nous pouvons construire notre voie ferrée, non pas à même le sol mais sur de nombreuses passerelles qui surplomberaient la forêt, et qui permettrait d’éviter de toucher à la Forêt au maximum. »

Un rictus se dessina sur le visage de grand enfant de Keigo. Le bandit avait réussi à capturer Kyoshiro et, en livrant ce Shinobi, parviendrait à regagner sa place. Un rire provoqué par une euphorie qui ne connaissait pas de limite se fit entendre sur plusieurs mètres, à mesure que les fruits de son dur labeur lui étaient rapportés. Cet homme avait déjà tout perdu, et dans sa chute, il adressa à la petite fille un regard assassin, un regard résolu et prêt à tout, un regard qui adressait et posait sur la table ce sentiment de ne plus avoir rien à perdre dans sa vie vide de sens.

« Et si on pimentait un peu la scène ? Toi, tu vas mourir. » Lança-t-il de sang-froid en dégainant une arme blanche, marchant vers la petite Tayuya.

Est-ce que ce criminel avait un mobile pour agir ? La haine, la colère, le désespoir, pouvaient mener un homme à accomplir des gestes inconsidérés pour tenter de trouver la moindre lueur dans le fumier qui les recouvrait, jour et nuit. Des êtres dont la naissance même n’était pas souhaitée et dont la vie n’avait jamais été aisée. Passant de main en main au fil des années avant de s’échapper, de trouver refuge dans les profondeurs des forêts de Hi, Keigo était un esclave qui n’avait rien pour lui si ce n’est le vice, et la capacité à agir en se disant qu’il n’avait rien à perdre, qu’il jouait en partant du fond et qu’il avait simplement tout à gagner pour telle ou telle action.

Ce même criminel armait sa lame de poing en se jetant littéralement sur l’enfant qui poussa un hurlement, accompagné de pleurs s’écoulant tel un torrent, aussi perturbé que son état mental, jusqu’alors innocent, confronté au plus grand vice du Monde, un pur produit de l’obscurité qu’une petite fille ne pouvait pas comprendre. Alors que l’enfant voyait de ses yeux inondés et rougeâtres la personnification du vice se ruer sur elle pour l’emmener dans le gouffre où il se terrait, celle-ci se leva et hurla à pleins poumons.

« Laissez-nous tranquille ! On vous a rien fait et vous nous faites toutes ces choses ! Laissez-nous, sale vilain !! »

L’action semblait se figer dans le temps pour le père de Tayuya qui, bâillonné et attaché à la manière d’un saucisson se débattait en recevant des coups de la part des bandits qui travaillaient de concert avec Keigo. Il avait perdu sa femme peu de temps après avoir tenu sa fille dans ses bras pour la première fois et cette fois-ci, c’était sa propre fille qui était sujette à la menace, à la faucheuse qui prenait dans distinction, lorsque l’heure était venue. Dans l’état de choc ou il était plongé, durant cet instant où la prunelle de ses yeux se voyait menacée, l’image du jeune Kobayashi lui revint en tête alors que le sourire de sa petite fille lui revenait aussitôt.

Un cri qui passa outre le bâillon qui empêchait le père d’exprimer son désespoir, qui se caractérisa par un appel, un mot, un nom.

« KYOSHIRO !! »

Un bruit sourd interrompit à cet instant le criminel, qui eut à peine le temps de cligner de l’œil en regardant dans la direction lorsqu’un boulet de canon lui rentra dedans, le percutant avec une force qui le projeta facilement dix mètres plus loin. De l’écran de fumée sortit le jeune Shinobi, accompagné des criminels, enracinés et tenus fermement par l’équipe qui accompagnait le Genin.
Ce dernier fit sans l’ombre d’une attente apparaître des racines, prenant aisément de vitesse des criminels de petits chemins avant de les ligoter à la manière des quelques acrobates qui étaient sortis des arbres pour capturer le Konohajin plus tôt.

« Tu as été courageuse, Tayuya. » souffla le Genin en posant sa main sur la frêle épaule de la brave membre de son équipe. « Tout va bien maintenant, je prends le relais. »