Révolution

w/ @Suibaku Hinako & @Senbaru Kimiko & @Senbaru Muku & @Miyazawa Yuri

Les portes s’ouvrent sur la plus grande salle du palais de la Raikage. En son centre, une table colossale, sur laquelle trône fièrement un chemin de table décoré du symbole des Nuages. Tout autour, de nombreuses figures qu’elle a déjà rencontrées, parfois pour de longs entretiens, parfois en coup de vent. Des figures qui ne se connaissent pas forcément, mais qui ont toutes un point commun : elles s’élèvent toutes, à leur manière, dans la hiérarchie du village de Kumo.
Les regards se croisent, les yeux se jaugent, chacun y va de son petit murmure.
De part et d’autre de la table sont rassemblés les membres éminents de chaque clan majeur du village : Suibaku, Senbaru, Mojuzuka, Hongaken. Ils sont tous là, répartis famille par famille, à attendre de savoir ce qui les mène ici aujourd’hui.
Son œil unique se balade sur la salle, reconnaît Suibaku Hinako, la Jônin explosive et nonchalante, incapable de tenir sa langue. De l’autre côté, Senbaru Kimiko, l’indomptable panthère des nuages, plus directe encore que la Suibaku citée précédemment. Non-loin de la Jônin, Senbaru Muku. Cette demoiselle a beaucoup fait parler les personnes présentes ici aujourd’hui, notamment parce que nombre d’entre eux ne saisissent pas ce que cette gamine fait ici.
Enfin, à l’extrémité sud de la table, face à la grande chaise disposée pour la cheffe du village, une bouille qui n’appartient à aucun de ces clans. Mais une bouille importante quand même. Figure éminente du Kagakusha, elle a été invitée pour ses grandes connaissances, ainsi que son rôle dans l’unité scientifique du village. Miyazawa Yuri. Peu ont contesté sa présence, beaucoup l’ont déjà croisée. Tous savent qu’elle s’est illustrée lors de la pandémie des galeries souterraines, ce qui a gravé son nom dans toutes les mémoires. À ses côtés, Senbaru Yasue, chef de ladite unité spéciale.

Itoe entre dans la grande salle, l’air solennel, sans sourire. Cette mimique, pourtant si habituelle sur son visage, ne trouve pas sa place aujourd’hui.
Alors qu’elle marche, elle débute son discours.

« Bonjour à toutes et à tous. Je vous ai réunis ici pour un problème de la plus haute importance. »

Ses pas la mènent petit à petit jusqu’à son siège, là, au centre de tous ces regards.

« Comme vous le savez tous, nous subissons actuellement des actes de contestation, un peu partout dans le pays. Kumo comme Kaminari sont touchés par ces rébellions, qui ont une échelle plus ou moins grande, fonction de l’endroit où vous vous trouvez. Grâce à nos équipes, notamment aux membres de l’unité Kagakusha, nous avons soulevé plusieurs problèmes, ainsi que pistes de réflexion. »

Elle s’assoit, balaye la zone de son regard incarnat, avant de reprendre.

« Qui que vous soyez, quel que soit votre âge, quel que soit l’endroit d’où vous venez, je pense que vous savez tous ce qu’est le ‘Grand Oubli’. Expliquée par nos historiens, cette période représente un véritable vide dans nos archives, empêchant quiconque s’y intéresserait de savoir ce qui est arrivé à Kumo pendant ces années. C’est une négation de notre Histoire, celle de nos grands clans, comme celle de tous ceux qui viendront vivre à Kumo un jour. Nous ne pouvons accepter la disparition de notre passé, de votre passé. C’est pourquoi j’ai personnellement décidé de tirer cette affaire au clair, ou au moins d’enquêter à ce sujet. »

Une grande inspiration. Un silence.
Un silence qui pèse bien trop lourd pour les épaules de chacun ici.
Itoe déploie un grand parchemin devant elle, qui résume son discours. De là où sont les grandes familles, elles ne peuvent pas le lire, mais elles peuvent plus ou moins imaginer ce qui s’y trouve, notamment grâce aux portraits qui y sont dessinés.

« Grâce à toutes les unités déployées sur le terrain, nous nous sommes aperçus que la famille Sugimoto est à l’origine de ce ‘Grand Oubli’ et qu’elle exerce une véritable dictature sur Kaminari. Sous couvert d’un pouvoir militaire démesuré, acquis grâce aux combats menés par notre Daimyo, celui-ci tend à effacer notre passé commun, pour donner une impression de grandeur à Kaminari. Il détruit toutes les preuves de nos faiblesses, passées, présentes et futures. Au-delà de ces manigances, il exerce une répression brutale contre quiconque tend à le contredire. »

Un nouveau silence.

« Il semblerait qu’il ait mis à mort des milliers de personnes depuis le début de son règne, uniquement pour avoir tenté de découvrir le passé de Kaminari. »

Son regard passe sur chaque personne ici présente.

« Maintenant que vous êtes tous au courant de ce qui se trame sur nos terres, j’ai une proposition à vous faire. »

Suibaku, Senbaru, Mojuzuka, Hongaken, le Kagakusha. Tous, ici, sont présents pour voir leur futur naître.
Ou mourir.

« En réponse à cette dictature, je vous ai convoqués ici pour vous proposer un projet d’une très grande envergure. Vous tenez ici la possibilité de renverser une situation intenable, que nous ne pouvons accepter. Vous tenez également la possibilité de tout laisser tel quel et ne rien changer, auquel cas vous pouvez sortir dès à présent. Mais, si vous me suivez … »

Son œil unique est voilé de ténèbres.

« Alors nous mettrons à mort Sugimoto Raytoku. »

Explications:

Yuri contemplait la salle dans laquelle elle avait été conviée. On ne lui avait rien dit et c’était Yasue lui-même qui lui avait recommandé d’y assister. Une directive plutôt rare de la part du chef de l’unité lorsqu’on connaissait l’emploi du temps du bonhomme. Quoi qu’il en soit, beaucoup de gens étaient réunis autour d’une gigantesque. De ce qu’elle avait pu en déduire, la jeune brune comprit qu’ils étaient plutôt réunis par famille…de grandes familles de Kumo qui plus est. Evidemment, elle reconnaissait quelques visages, notamment un d’une personne qui l’avait bien marquée. En effet, quelque part au milieu du clan Senbaru, il y avait Muku. Une étrange personne qui la mettait mal à l’aise parfois mais avec qui, il fallait le reconnaître, aimait travailler. Il y avait aussi cette jonin avec qui Itoe s’était substituée lors d’une précédente missions à Shimepoi. Bref, tout un beau monde était rassemblé en ce jour visiblement important.

La pièce maitresse de ce tableau cosmopolite se présentait quelques temps après, à l’opposé de la grande table, juste en face d’elle. La Raikage mais aussi et surtout une amie. Son discours s’articulait d’abord sur les nombreuses rébellions qui éclataient un peu partout dans Kaminari mais le sujet fut vite expédié pour basculer sur le cœur de cette réunion. Visiblement, Kumo avait décidé de lever le voile sur un phénomène assez étrange que l’on appelait le Grand Oubli. Un grand trou dans l’histoire de Kumo qui semblait insoluble mais qui, selon Itoe, trouvait son origine dans le joug qu’exerçait le Daimyo sur le pays de la Foudre. Honnêtement, bien que le projet était ambitieux, elle n’arrivait pas à ressentir la volonté et la motivation d’y participer. Surtout lorsque Itoe évoqua le but final de toute cette manœuvre.

En effet, la jeune scientifique ne s’intéressait pas vraiment à la géopolitique. C’était un sujet qu’elle reléguait au dernier plan et s’en fichait de savoir qui se disputer le pouvoir dans les hautes sphères. Aujourd’hui ses idéaux étaient soutenus par Itoe mais si un jour elle partait et que le nouveau dirigeant n’était pas en accord avec ses principes, elle essaierait certainement de renégocier son contrat. Au pire, la jeune brune s’en irait vers des horizons plus calmes. D’un point de vue personnel, elle n’en connaissait que très peu du Daimyo du pays. Lors d’une réunion au Kagakusha, elle l’avait brièvement évoqué dans le but de lui présenter des projets qui permettraient de débloquer davantage de fonds pour le Kagakusha. Yasue ne semblait pas avoir émit d’objections concernant sa proposition et il avait l’air d’être plutôt d’accord que cette proposition permettrait d’approfondir leurs recherches. Aurait-il omis d’émettre une réserve à l’égard du Sugimoto ? En tout cas, cette constatation chiffonnait un peu Yuri qui était bien loin d’être convaincue par ce projet.

Par respect, Yuri resta silencieuse tout au long de la présentation. Certainement que des gens se lanceront dans des suggestions ou confirmeront leur adhésion au projet. Après tout, elle l’avait déjà vu. Itoe savait diriger son peuple et nul doute que beaucoup la suivront. La jeune femme patienta tranquillement, attendant que chacun y vienne de sa proposition. Yuri se tourna donc vers son chef, s’excusa et se leva pour quitter la pièce. Il n’y avait plus grand-chose d’intéressant pour elle ici et Yuri préférait retourner à l’Aiguille, là où des choses plus intéressantes l’attendaient. Itoe et elle se fréquentaient assez souvent alors il n’y avait pas vraiment besoin de parler. Si il y avait quelque chose qui requérait son expertise alors peut-être qu’elle aiderait. En attendant, la jeune scientifique n’avait aucune envie de participer à cette révolution…

Révolution

w/ tout le beau peuple !

Une méga méga méga réunion.
Elle a juste reçu une lettre et pif, paf, pouf, la voilà attablée avec tous ces gens.
Les grands pontes des Suibaku, ceux des Senbaru – quoique, des Mojuzuka et des Hongaken. Elle sait pas trop ce qu’ils foutent là, les Hongaken, avec leurs idéaux bien trop doux pour ce monde. La musique adoucit les mœurs, hein, tout ça.
Ouais, ça les rend surtout teuteus ceux-là.
Bref.

Elle regarde un peu partout, constate la présence de visages très connus, d’autres moins.
Ils sont tous là, c’est que l’albinos a enfin décidé de faire quelque chose.
Pour qu’elle les ait tous réunis, c’est que c’est d’une grande envergure.

Pour une fois, Hinako choisit de jouer la carte du silence.
La cheffe aime pas être contredite, ni coupée dans son discours.
En plus, vu ce qu’elle balance, c’est p’têt’ pas le moment de faire la maligne.

Assise sur sa chaise, la blonde écoute attentivement le déroulement de la réunion.
Et son instinct ne la trompe pas.

Itoe a décidé de retourner leur monde.
Elle n’a pas juste proposé de se heurter à la rébellion, non, ça c’est trop mignon.
Elle a préféré taper plus haut encore, beaucoup plus haut.
Itoe souhaite anéantir le Daimyo.
Dans un autre contexte, Hinako l’aurait sifflée pour acclamer son courage. Là, elle se contente de sourire.
La petite fleur a décidé de bourgeonner, alors ? Montrer ses belles épines aux requins.
Pas mal, pas mal.

La Jônin laisse ses yeux se balader sur l’assemblée. Ils ont tous l’air plus ou moins abasourdis.
Comme elle aurait pu s’y attendre, alors que la rencontre se poursuit, Yuri se lève et quitte la pièce.
La brune n’était présente que pour être une émissaire du Kagakusha, vu que l’albinos en a parlé. Mais c’est une scientifique, la brunette. Elle s’en fout bien de la bagarre.
Ça surprend pas tellement Hinako, qui, il faut l’avouer, est bien contente que certains ne veuillent pas y prendre part : ça fait plus de bagarre pour les autres. Plus d’espionnage, aussi.
Oh, ouais.
Enfin de l’espionnage !

Confortablement installée sur sa chaise, Hinako laisse les choses se dérouler : pour sa part, elle n’a aucune objection à émettre. Ce plan lui convient très bien. Si la cheffe en a décidé ainsi, si elle considère que la tête de Sugimoto doit tomber, alors elle la suivra.
C’est un bon soldat, Hinako. Peut-être un peu trop.
Elle ne pose pas les questions, elle agit.
Et là, sa cheffe a dit qu’il faut taper.

Alors, on commence quand ?

Une réunion générale. Quoi de plus barbant pour la prodige des Senbaru ? Pas grand chose… Cependant, depuis le début de son règne, c’était la toute première fois que Seika Itoe réunissait tous les grands clans du village pour une assemblée. Le caractère inhabituel de l’ennuyeux blabla à venir le rendait un tantinet moins ennuyeux. Attablés dans une grande salle à l’étage du palais de la Raikage, Senbaru, Suibaku, Mojuzuka et Hongaken se regardaient en chien de faïence. À l’ère d’une guerre civile sans précédent, une certaine forme de méfiance s’était distillée au sein des grands clans du village caché des nuages.

Toisant du regard la poignée de shinobis qu’elle connaissait personnellement, Kimiko se gardait bien d’afficher la moindre expression faciale. Seule une personne sut lui arracher un haussement de sourcil traduisant assurément un grand questionnement : Senbaru Muku. « Qu’est-ce que cette étrangère fout ici ? » se demanda-t-elle pour elle-même. Elle avait eu l’occasion de croiser cette femme qui clamait sa repentance, cherchant à se défaire de la réputation nauséabonde de sa famille la plus proche. Mais de là à imaginer qu’on la laisserait participer si rapidement à un conseil apparemment si important ? Cette décision la surprenait. Elle n’irait pas s’en mêler et demander des comptes à son lourdaud de père, mais elle espérait qu’il avait de bonnes raisons de lui faire confiance.

L’entrée de la Raikage fit taire les derniers bavardages. Tous étaient envieux d’en savoir plus sur la raison de leur présence ici. Si envieux qu’ils furent capables de se taire un instant, figurez-vous. Seika Itoe commença son intervention par un rappel de la situation politique du pays. Pour faire court, c’était la merde. La suite fut néanmoins plus intrigante. Lorsqu’elle mentionna le "Grand Oubli", Kimiko ne put s’empêcher d’avoir une pensée pour son regretté Jin. Son ex-fiancé avait accordé un long moment de sa courte existence à démêler le vrai du faux dans toute cette histoire. Et depuis que le jeune historien avait été victime de la barbarie innommable d’un évadé d’Arashi, Kimiko semblait attacher une plus grande valeur à l’Histoire que de son vivant. Comme si une part de lui vivait toujours en elle.

Aussi, sa réaction fut immédiate quand sa dirigeante prononça le nom des désignés coupables : les Sugimoto. Le Daimyo qu’elle avait protégé au péril de sa vie il n’y a pas plus tard qu’une semaine s’avérait être la pire des ordures. En effaçant l’héritage de la véritable Shodaime Raikage, Senbaru Eiko, cette famille avait également insulté la mémoire de son clan. Alors que sa mère-grand se retournait dans sa tombe, Kimiko ne put s’empêcher de retenir une injure.

« Le fumier… »  

La colère. Le sang bouillonnait dans les veines de la panthère des nuages. Jusqu’alors impassible, elle ne sut filtrer sa haine. Elle se sentit trahie, manipulée. Un agacement particulier pour une kunoichi, alors même que les shinobis étaient de véritables armes humaines, vouées à courber l’échine sous l’influence des marionnettistes, les dirigeants. Mais ces fils-là n’étaient plus assez solides pour contenir tout ce qu’elle ressentait.

Seika Itoe poursuivit en faisant allusion à un « grand projet », raison principale de leur convocation. Esbroufe, tromperie, faiblesse. Kimiko s’attendait à bien des réactions de la part de la Raikage. Bien qu’elle avait su gagner son respect, ses décisions pouvaient encore manquer de fermeté au goût de la guerrière au teint mat. Mais ce jour-ci, elle ne fut pas déçue.

- Alors nous mettrons à mort Sugimoto Raytoku.

Un rictus se dessina aussitôt sur le visage de Kimiko, en même temps qu’elle se leva de sa chaise si vite qu’un grincement fit frémir les oreilles de ses voisins.

- J’en suis. »

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w/ @Suibaku Hinako & @Senbaru Kimiko & @Senbaru Muku

Tout le monde a l’air d’aller dans son sens.
Évidemment, au-delà de ceux qui croient en elle, il y a ceux qui arquent les sourcils, ceux qui les froncent, ceux qui restent perplexes. Ceux-là ne savent pas si la Raikage se rend compte de ses mots, ni de ce qu’elle prépare. D’autres, encore plus réticents, se demandent si ce coup d’état en vaut vraiment la peine.
Faire tomber le Daimyo, vraiment ?
Mais pour mettre qui à la place ?

Alors que les murmures se font de plus en plus nombreux, une voix s’élève parmi la foule. Une voix douce, qui n’avait pas encore été entendue jusque-là.
Les yeux se braquent sur Senbaru Muku, la dévisagent presque.
La foule est abasourdie.
Tous ces noms, toutes ces connaissances, tout ça … D’où ça lui vient ?
Est-ce pour cela que la Kage l’a invitée ?
Les murmures s’élèvent, mais ils sont vite rabroués.
Cette fois, c’est la cheffe des lieux qui reprend la parole.

« Merci, Senbaru Muku. Votre collaboration nous sera précieuse. »

Elle la gratifie d’un sourire d’une pleine sincérité.
La confiance portée à cette jeune pousse, la tendresse présente dans son œil unique, ces deux détails n’échappent pas aux chefs de clans.
Les Suibaku, à leur place, penchent la tête. C’est la p’tite Senbaru revenue d’on ne sait où ? Ils en ont entendu parler, au détour d’une ruelle. Une rumeur à laquelle ils n’ont pas fait attention.
Les Hongaken ne font que hausser une épaule. Que les Senbaru soient au courant, ça ne les surprend pas tellement. Ceci dit, que ce soit cette demoiselle qui porte l’étendard de la vérité, c’est encore autre chose.
Les Mojuzuka restent silencieux. Si cette opération leur permet de récupérer Shimepoi, ils ne s’y opposeront pas. Et si la figure de l’éveil de Kumo est Senbaru Muku, qu’à cela ne tienne.
Les Senbaru, quant à eux, ne disent rien à son sujet. C’est l’une des leurs, bien que ce retour parmi eux ne soit que très récent.

Itoe étale de nouveaux papiers face à elle.

« Voici comment nous allons procéder. »

Son œil incarnat se balade d’un clan à l’autre.

« Avant toute chose, parce que nous nous préparons à un putsch, nous devons nous assurer d’avoir un maximum de personnes dans notre camp. Or, je pense que vous vous en doutez, notre association à tous ici, vos clans respectifs et moi-même, ne suffira pas à rallier les populations. Nous devons nous élever face à Sugimoto comme un seul et unique adversaire, uni, prêt à lui faire face malgré son armée surpuissante. Pour cela, nous devons montrer au monde que son action est néfaste et prouver qu’il est un danger pour Kumo. »

Pousse un papier au milieu de la table.

« Nous commencerons par mener l’enquête. Nous devons trouver des preuves incriminant le règne des Sugimoto. Pour cela, des unités seront missionnées ici et là, dans le plus grand des secrets, pour nous assurer que les informations nous parviennent sans encombre. »

La première étape. L’enquête. Les preuves.
De quoi être lavés de tout soupçons d’abus de pouvoir. Cet homme est une cible à abattre, une vraie. Le monde doit être au courant.

« Puis, nous travaillerons à rallier petit à petit les populations à notre cause. Nous commencerons par les plus proches et nous grimperons jusqu’à Sugimoto lui-même. Après tout, se douterait-il d’une attaque de sa propre armée ? »

Un sourire.

« Et, enfin, la phase finale de notre plan … »

Une inspiration profonde, lourde, longue.

« La guerre. »

Son regard se voile de ténèbres.

« Nous ne nous engageons pas sur une voie simple, ni une voie pacifique. Cette attaque sera sanglante et nous y laisserons peut-être tous une part de nous-mêmes. Il faut vous tenir prêts à ne pas revenir en un seul morceau. »

Nul ne sait ce qui se dressera sur leur chemin, après tout.

« Si tout cela vous convient, il ne me reste qu’à vous donner une dernière prérogative, une ultime règle à laquelle vous ne devez en aucun cas déroger. »

Elle appuie volontairement sur les trois mots qui précèdent la fin de sa phrase.

« Personne ne doit être au courant en-dehors de cette pièce. Tant que la phase finale de ce plan n’aura pas été amorcée, seuls ceux qui se trouvent ici sauront de quoi il en retourne. Toute autre personne sera considérée comme une menace au coup d’état et nous ne pouvons nous permettre d’aller au devant d’une trahison. »

Et quiconque ira à l’encontre de cette recommandation en mourra, c’est évident.
Elle laisse volontairement cette information de côté, ayant la sensation de les avoir déjà suffisamment refroidis.

« À la lumière de ces nouvelles informations, je vous le demande à tous. » Une pause. « En êtes-vous toujours ? »

Êtes-vous prêts à changer la face de Kaminari …
Pour toujours ?

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w/ tout le beau peuple !

Pas maaaaaal, la p’tite Muku !
Elle a bien fait son travail, finalement ! Dans le silence, là, hop, elle a mené l’enquête et ramené de belles informations.
Quel beau boulot.

Les autres sont un peu plus réservés, se contentent de donner leur approbation ou murmurer.
Elle voit pas trop à quoi ça leur sert de se raconter leur vie dans des chuchotements, mais bon. Elle s’en fout, ça la regarde pas.

Puis y a Itoe, encore, toujours.
Elle annonce la suite des choses, leur propose un plan détaillé, qui suit plusieurs étapes. D’abord, l’enquête, ensuite, le ralliement des populations, puis la guerre.
Ça va, c’est plutôt simple à comprendre.
Est-ce que ce sera aussi simple à appliquer, ça, c’est déjà moins sûr.

Hinako laisse ses prunelles vagabonder sur toutes les personnes présentes dans la salle.
Certaines ont l’air dubitatives, d’autres semblent avoir foi en cette présence minuscule qui s’élève parmi eux. Elle a l’air si petite, si frêle, si douce avec ses longs cheveux blancs.
Une fleur cueillie à la volée, déposée là, au milieu d’un immense champ de bataille.
On s’attendrait à ce qu’elle ploie, à ce qu’elle lâche prise et décide de retourner dans son champ de fleurs.
Mais non.
Il a fallu qu’elle montre la dangerosité de son pollen. Qu’elle veuille faire la guerre.

Il a fallu qu’elle veuille façonner le monde à sa manière.

Hinako tapote sur la table du bout des doigts.
Elle, elle n’a rien à dire.
Son chef, c’est son chef.
Si demain, elle décidait de l’envoyer tuer Hyûga Genkishi, Hinako irait sans sourciller.
Il n’aurait probablement rien fait, cela causerait une guerre sans aucun doute, mais elle irait.
L’ordre est envoyé par la cheffe, elle sait ce qu’elle fait, où elle va et pourquoi elle agit d’une manière x ou y.

Selon Hinako, dans un monde où la hiérarchie peut coûter la vie à des milliers voire millions de personnes, la seule solution est d’avoir confiance en son souverain. Toutes ces vies sont entre ses mains, s’il merde, elles disparaissent toutes.
Pour certains, ça n’a pas d’impact, ni de réelle valeur, comme pour Sugimoto.
Pour d’autres, ça signifie tout.

À l’aube d’une guerre féroce, qui oppose Kumo à Kaminari, la Jônin a choisi l’étendard pour lequel elle se battra.
Celui de la vie, celui de la vérité.
Quand bien même cette vérité ne plairait pas à tous.

« Oui, cheffe. »