La trentenaire marchait d’un pas lent tout en étant emmitouflée dans son épais manteau où le symbole de son clan était brodé dans son dos. La cigarette dans la bouche, la femme aux nombreuses blessures de guerre avançait dans les ruelles de la cité militaire du pays de la Foudre. Voilà une année que cette dernière arpentait ces dédalles où les badauds circulaient et commerçaient avec vigueur. Beaucoup et elle-même, pensaient que la Sakutsu n’arriverait pas à se faire à cette vie qu’était celle d’un Shinobi, à savoir l’ordre et le respect. Rukia avait vécu en tant que mercenaire pendant deux décennies complètes, elle n’était même pas encore une femme lorsqu’elle acceptait son premier contrat. Ainsi rimait la vie d’un Sakutsu, voyager à travers le monde pour y faire les pires exactions possible. Néanmoins, cette vie ne manquait pas à la guerrière explosive, bien au contraire, elle commençait à se faire à sa nouvelle existence même si elle ne le montrait pas ouvertement.

Ses qualités de combattante avaient été remarquées par les instances du pouvoir, elle n’était restée que quelques semaines au grade de Genin, le plus faible échelon dans l’armée du village caché de la foudre. Elle était aujourd’hui Chuunin, sa puissance lui aurait certainement pu lui permettre d’être Jonin, mais elle n’était membre de la grande famille kumojine que depuis trop peu de temps pour obtenir l’un des Graal. Le rang importait peu aux yeux de la brune, elle prenait ce qu’on lui donnait sans jamais se plaindre. Depuis qu’elle avait intégré la Police et plus précisément la faction Kiheitai de cette unité, Rukia s’était fortement épanouie en son sein. Elle remplissait à merveille les prérequis pour les tâches qui lui étaient confiées. Son pouvoir explosif était un fabuleux moyen pour rétablir l’ordre et les gestions de foules quand elles avaient lieu.

La fumeuse voguait en direction du palais du Raikage. La belle était contente que l’individu au sommet des instances kumojines soit une femme, car cela montrait aux yeux du monde que la patriarcat avait fait son temps. La Sakutsu n’avait pas encore eu le plaisir de rencontrer sa cheffe, Seika Itoe, elle savait à quoi elle ressemblait puisqu’elle l’avait déjà vu au loin. La brune se demandait bien pour quelle raison cette dernière l’avait convoqué dans son palais. Néanmoins, la kaminarijine ne se posait pas trop de question concernant ce point, car elle savait que dans peu de temps, elle aurait la réponse à cette interrogation.

La trentenaire arrivait devant les portes du Palais qui était gardée par des gardes, ces derniers fixaient la combattante. Même s’ils ne le disaient pas ouvertement, la guerrière explosive savait à quoi ils pensaient : elle n’était pas présentable pour rencontrer la Shodaime Raikage. Mais même pour elle, Rukia n’allait pas faire cet effort. Si elle commençait à se faire aux us et coutumes de la cité militaire du Pays de la Foudre, paraître féminine et apprêter ne faisaient clairement pas partie des objectifs de la brune aux nombreuses cicatrices. Les deux hommes la laissaient pénétrer dans l’enceinte du bâtiment. Néanmoins, elle devait jeter son bâton de la mort, car il n’était pas pensable qu’elle puisse entrer la cigarette fumante dans la bouche. Rukia obéissait et la jetait, ce qui ne plaisaient pas trop à l’un des gardes qui avait grogné face à ce geste.

Montant les escaliers pour se rendre dans le bureau de celle qui les gouvernaient tous, la Sakutsu vint par arriver devant l’imposante porte. Elle toquait sur cette dernière et dès qu’elle put entrer, elle le fit.

— « Sakutsu Rukia, Chuunin et membre de la Police. Vous m’avez fait demander Shodaime Raikage ? » Disait-elle à son interlocutrice.

La brune était entrée dans le bureau, elle s’était présentée même si l’interlocutrice savait déjà qui elle était. Malgré son apparence négligée, la belle faisait preuve d’un certain respect protocolaire. La Shodaime qui était installée sur la chaise de son bureau la saluait à son tour et lui expliquait qu’elle avait besoin de s’entretenir avec elle.
L’explosive attrapait l’une des chaises et s’installait face à sa dirigeante. Son petit doigt lui suggérait de poser son postérieur, car la conversation allait être longue et qu’il ne s’agissait pas que d’une visite de courtoisie. A quelle sauce allait-être mangée Rukia ?

La Raikage avait émis un petit rictus avant de prendre de nouveau la parole après une inspiration. La Sakutsu écoutait attentivement les dires de sa cheffe. Légèrement et doucement la trentenaire hochait la tête, la manieuse des explosions au contact comprenait mieux son affectation dans la seconde branche de la Police. Elle n’avait rien demandé concernant ce sujet, elle avait été intégrée directement sans jamais savoir pourquoi, maintenant elle savait même si elle ne s’était jamais posée réellement la question auparavant.

— « Je ne pensais pas que vous étiez intervenue concernant mon affectation, mais effectivement votre jugement a été le bon, mes talents ne sont pas en adéquation avec la protection des civils. Bien que d’un côté, j’aide à la protection par le biais du Kiheitai. » Disait-elle presque en riant sur la fin.

Être capable de générer des explosions avec son corps empêchaient certaines choses, et protéger un badaud d’une attaque en était une, ce dernier ayant autant de chance d’être blessé par Rukia que par l’ennemi, car la belle ne faisait pas dans la dentelle quand elle le souhaitait.
Itoe reprenait la parole après ce court laïus de la Chuunin. Elle voulait en savoir davantage concernant la guerrière ce qui avait un peu surpris la trentenaire qui écarquillait un sourcil. Rukia ne s’attendait clairement pas à cette interrogation, elle avait été prise de court et commençait à prendre la parole par un traditionnel « eh beh ».

— « Je me plais dans cette unité. Elle me convient parfaitement et fort heureusement je n’ai pas eu à trop intervenir ces derniers temps. Mais, c’est clair que la menace des prisonniers échappés ne fait aucun doute. » Elle marquait un temps d’arrêt avant de reprendre la parole. « Ce que j’aspire ? C’est une très bonne question. » Terminait-elle par dire.  

Rukia ne s’était encore jamais posée cette question. La balafrée était une femme qui vivait au jour le jour, elle ne faisait pas de plans sur les comètes. Son mode de vie faisait qu’imaginer le futur était une futilité totale. Alors, même si elle vivait derrière d’imposants murs qui semblaient protecteurs, la belle ne se faisait pas tellement d’illusions, elle ne se voyait pas vieillir, dans le meilleur des mondes, elle arriverait à atteindre les quarante ans, mais être cinquantenaire elle ne s’y voyait pas.

— « Pour être très honnête, je ne peux pas répondre à votre interrogation Raikage-sama. Tout ce que je peux dire, je protégerai ce village des menaces ainsi que la vie de ses habitants et si je dois périr lors d’un évènement, je partirai le cœur léger. » Lançait-elle en souriant.

Avec ses propos la belle avait envie d’en griller une, mais elle ne pouvait pas le faire. Un petit rire s’échappait de la gorge de l’explosive.

— « J’admets qu’un assouplissement des règles concernant les cigarettes serait bien vu de mon côté. » Une demande pleine d'authenticité.

L’information n’était pas tombée dans l’oreille d’une sourde. Rukia notait les précieuses paroles de la Raikage dans un coin de sa tête. Même si elle n’avait pas obtenu le droit de pouvoir fumer dans les lieux administratifs, elle avait gagné une dérogation en ce jour, la balafrée pouvait en griller une dans le bureau de la Shodaime. L’explosive n’allait pas s’en priver, car ce serait la première et la dernière fois.

Avec ses mains ornés de leurs crasseuses mitaines, la trentenaire extirpait de sa poche profonde le précieux paquet où se trouvaient les bâtons de la mort. La Sakutsu en dégageait une pour ensuite la portée jusqu’à ses lèvres écorchées. Il ne lui restait plus qu’à l’allumer et quand cela fut fait, le corps tendu de la belle se relâchait tout comme l’imposante fumée de sa première bouffée. La Raikage, elle continuait de parler, cette dernière était satisfaite des réponses sincères de celle qui maniait les explosions depuis ses frappes. La cadette souhaitait même que cette collaboration perdure le plus longtemps possible.

— « Pour le moment, tout se passe pour le mieux. Même si je suis belliqueuse, un temps de paix est toujours préférable, plus ennuyeux, mais c’est un bon ennui tout de même. » Lançait-elle avec philosophie.

Après cette réplique pleine de sagesse, Itoe avait une requête à soumettre à Rukia. Pour lui montrer son plein intérêt, la brune aux cheveux emmêlés, retirait quelques instants la cigarette qui trônait fièrement dans le coin de sa bouche. La Shodaime voulait lui parler de l’unité du Kiheitai, l’autre branche de la Police.
La Sakutsu se redressait légèrement avant d’éclater de rire. La cadette avait parfaitement percé à jour la trentenaire, les méthodes que pouvaient employer la guerrière étaient clairement « explosives », il n’y avait pas de place pour les pleurnicheries et autres supplications. S’il fallait former des hommes, Rukia était la femme qui fallait.

— « Il est vrai que je ne pensais pas être dans un rôle de formatrice, mais l’idée me séduit grandement. Je me ferai un plaisir de … d'exploser la bleusaille afin de voir ceux qui sont dignes d’entrer au sein du Kiheitai. Évidemment, je ferai en sorte que les recalés soient en un seul morceau pour intégrer le Hoankan. » Disait la balafrée.

L’explosive ne pensait pas qu’elle prendrait autant de galon que cela, elle qui n’était au village des nuages que depuis une année déjà. Si elle continuait ainsi, jusqu’où s’arrêterait-elle ?

— « Shodaime Raikage, vous pouvez compter sur moi ! » Lançait-elle tout en prenant une bouffée histoire de marquer le coup.