Entre les clans historiques de Hi no Kuni et les légions d’habitants dont les racines étaient ancrées dans ses contrées depuis des siècles, il était impossible pour un être venu du clan Kinzoku de n’être vu autrement que comme un étranger parmi les ninjas. Quand bien même les frontières de son pays d’origine était collées au leur, le nom qu’il portait et les coutumes dans lesquelles il avait grandi suscitait nombres d’a priori quant à son adaptation au sein d’un village dont les habitants cherchaient prospérité et en premier lieu la paix !
Heureusement pour lui, l’inquiétude des civils et des autres shinobis, dont il pouvait avoir le loisir de convoiter lors de son temps libre ou des missions que lui confiait son Kage, était vite maîtrisée par les manières correctes de Razan. Une facette de sa personnalité que n’avait malheureusement pas eu le droit de profiter les quelques Genins qui étaient passés sous son commandement depuis qu’il entra en fonction dans les forces Konohajin !
Concernant le reste du monde... Il n’est encore qu’un inconnu dans le Yuukan. Seul son clan n’oubliera pas l’affront que fut ses idéaux et la défaite qu’il subit lors de son « Choc des lames ».
Les paysages de ces terres ancestrales avaient beau changer, les traditions qui l’étaient tout autant semblaient elles marquées d’un sceau d’immortalité. Au cœur de Tetsu no Kuni, loin des forêts luxuriantes du Pays du feu qui se trouvait bon nombre de kilomètres plus loin, au milieu des immeubles de fer empreint de l’odeur du soufre qui se dégageait de l’entièreté de cette ville, la formation des plus jeune se poursuivait. Tout comme on le faisait pour les meilleures armes produite en ces lieux, les ainés du clan Kinzoku s’assuraient que l’on perpétuait la formation des héritiers de leur volonté afin de forger les meilleurs guerriers possibles. Bâtir un corps capable de faire face à n’importe quelle menace, acérer chaque esprit à la stratégie militaire et, bien sûr, affûter la maîtrise de leur pouvoir comme la plus aiguisée des lames. Rien n’était laissé au hasard. D’autant plus lorsque sa famille était proche du dirigeant du clan depuis déjà 10 ans !
Cependant, quand bien même Razan bénéficia de cet entraînement, quand bien même avait-il eu l’occasion de le mettre à profit à l’occasion d’un énième affrontement avec des Takijins n’ayant jamais su enterrer leur ressentiment envers leur voisin manieur de métal, personne ne prévoyait le séisme qui s’apprêtait à secouer le continent !
Ainsi, en l’an 148, l’institution ayant apporté une importante pierre à l’édifice qu’était le « Traité de Prospérité » depuis plus d’un siècle tomba sous l’attaque d’un groupuscule dont personne n’avait entendu parler déversant son lot de sombres vérités à travers tout le Yuukan !
Arashi, cette prison de très haute sécurité où les plus grands criminels étaient enfermés pour l’éternité, était tombée entre les mains de Jinsei ! Les actes d’horreurs perpétrés en ces lieux et mis en lumière par le groupuscule étaient tels qu’elle ébranla le monde et l’opinion publique. Bousculant l’ordre et le pouvoir que détenait jusque-là les Daimyos, incapable de se justifier de leurs actes qui n’appelaient de toute manière à aucune possibilité d’innocence. Et cela, même au sein de Tetsu où la discipline était pourtant une caractéristique primaire parmi les habitants sous le joug du commandement établi par la lignée Mori.
Très vite, au milieu du tumulte provoqué par les populations du monde entier, les rumeurs accouraient de toute part sur le rétablissement d’un ordre shinobi afin de répondre à la méfiance que tous ressentait envers les Seigneurs. Et le premier qui s’apprêtait à marquer cette nouvelle ère de son empreinte n’était autre que le grand voisin porteur de la volonté de la Flamme. Un siècle plus tard, Konoha s’apprêtait à rouvrir ses portes et l’écho de leur renaissance ne manqua pas d’atteindre les oreilles de Razan !
La politique ne faisait pas parti des enseignements que lui avait donné son clan. Il n’était qu’un soldat parmi tant d’autres et ce secteur de leur vie était dans les mains de son chef, Kinzoku Takeru, qui avait noué de précieux liens avec le Daimyô en place. Pourtant, il paraissait clair que pour la survie de son clan et la stabilité de son pays, laisser de côté un tel événement serait une erreur ! Ou bien... Était-ce le simple fait de le penser qui l’était ? Peut-être aurait-il dû en rester qu’à l’étape de la pensée d’ailleurs. Un simple instant d’honnêteté lors d’un banquet qu’il ne pouvait aujourd’hui que regretter tant les conséquences sur sa vie était importante.
Il l’avoua, ne cherchant pas à masquer ses inquiétudes, les secrets révélés par l’attaque menée par le Jinsei avaient troublé ses convictions qui jusqu’alors se contentaient de suivre celle de son chef de clan. Ses yeux s’ouvraient d’autant plus sur la situation que connaissait son propre pays et la grogne qui commençait à monter parmi le peuple n’arrangeant en rien la situation bancale dont avait héritée la récente Daimyô. Aussi proche que soit Mori Nagami de son clan, était-il encore possible ou même souhaitable de faire confiance à ce qu’elle représente et à l’héritage que sa dynastie avait laissée en son nom ? Le chemin qu’elle s’apprêtait à tracer serait-il plus glorieux que ses prédécesseurs ? Ou bien fallait-il changer de cap dès maintenant et embrasser ce nouvel ordre mondial qui se dessinait ? Ébranlé, il laissa s’échapper une dernière pensée.
« Peut-être faudrait-il rallier Konoha ? »Il ne fallut pas plus pour lever un brasier au sein du clan ! Ces malheureuses paroles soulevèrent immédiatement le courroux des plus fervent partisans de chef des Kinzoku. Le voilà qu’il était presque vu comme un traître parmi les siens tant sa proposition semblait traduire une défiance profonde envers le Seigneur qui dirigeait le pays ! Incapable de contrôler la situation, comme s’il venait d’actionner une chaîne d’explosions, le voilà jeté au cœur d’un duel !
Surnommé de façon assez tribale un « Choc des Lames », il était invité à défendre ses convictions en combat aussi mortel que celui-ci pouvait devenir !
Parmi les Kinzoku, l’honneur était la plus importante chose à défendre et faire preuve de pitié n’avait pas sa place parmi eux et Razan ne comptait pas faire abstraction de cette donnée. Le brouhaha de la foule, les torches allumé autour de cette arène improvisée, la sueur qui apparaissait sur son front, cette ombre glaciale de la mort qui faisait de nouveau son apparition. Il était prêt à se battre et en obtenant la victoire obtiendrait de son adversaire le devoir de se plier à son avis ! Si seulement son ennemi d’un soir n’était pas l’homme qui l’avait engendré.
Battu, scarifié à vie, Razan venait de se faire arracher la vie et l’environnement qu’il avait toujours connu ! Sa famille l’expulsa hors du clan. Le fils unique avait déçu et son exil était un châtiment largement souhaitable pour que ses parents puissent laver leur propre honneur !
Il entama alors sa marche vers la nouvelle vie qui l’attendait. Il se demandait bien quel serait le chemin qui lui tendrait les bras hors de Shigotaba et de Tetsu. Répondra-t-il à l’appel de la colère qui commençait déjà à lui ronger le cœur ? Dans ce monde empli de conflits, deviendrait-il un errant de plus en quête de vengeance ?
Fort heureusement, ce n’était ni ce bras cassé, ni le flot de sang qui coulait sans cesse de son arcade sourcilière qui devait mettre un terme à ses convictions. De toute façon, il n’avait plus d’autres choix. Il ne lui restait rien d’autre que l’honneur qu’il avait eu à défendre ce que son esprit lui dictait de bon pour son pays et pour le clan qui venait de le rejeter ! Une nouvelle fois, l’honneur était la première des vertus que s’attelait à défendre les Kinzoku. Alors en attendant de savoir où le mènerait finalement son envie de revanche, sa prochaine destination était, elle, déjà connue.
En l’An 149, au beau milieu du printemps, ses yeux azur voyaient enfin son long voyage se terminer en apercevant les hauts remparts de la ville dépassés la forêt. Le regard fatigué, les pieds traînant au sol à chaque pas que son cerveau lui dictait encore d’effecteur, son visage laissa malgré tout s’esquisser un sourire quand enfin, il put admirer cet édifice. Il tombe d’abord à genoux, puis s’étala de tout son long par terre tant les forces lui manquait. Il ne put qu’entendre pendant quelques secondes les grandes portes s’ouvrir avant de sombrer dans un profond sommeil... Son sourire, lui, ne quitta pas immédiatement son visage. Son premier objectif était accompli, le voilà enfin arrivé au village de Konoha, prêt à démarrer un nouveau chapitre de son histoire !