S'il était un endroit duquel on aurait pu dire que la Tegami de Junapura s'était prise d'affection, c'était bien celui-ci, la Serre du Suna. Pas l'hôpital, bien sûr que non; mais bel et bien cette verrière construite sur son toit. Un en droit de fraîcheur et de calme, un oasis dans le désert. Hazure, depuis sa venue à Suna, s'était toujours demandée comme avait ses constructeurs pour faire en sorte qu'ici la chaleur ne soit pas trop violente... Ô, elle aurait pu demander, bien sûr; mais ne pas savoir lui était plus plaisant, étrangement.

Et l'y voir pouvait paraître étrange. La petite renommée de la Kazekage était faite. Très franche, plutôt indélicate dans son genre et surtout terre à terre; comment était-il possible d'imaginer un instant qu'elle aimait et les fleurs et la tranquillité ? Cela ne l'était pas. Et fort heureusement pour elle, peu de personnes venaient ici, en dehors des scientifiques et de quelques visiteurs ayant l'autorisation, ainsi on ne pouvait répandre cette image d'elle, bien qu'elle s'en fichait éperdument. Les apparences et Hazure, ça faisait clairement deux.

Malheureusement, elle ne pouvait venir ici que peu de temps, qu'une fois par jour; à la fin de la journée, avant le début de la soirée. Au delà des fleurs et du calme, la vue qu'offrait la serre sur le village mais aussi et surtout sur le port, plus loin; lui rappelait un peu Junapura, et ses couchers de soleil. Quelques minutes de nostalgie tous les jours, elle ne se permettait aucune autre digression; enfin... Pour tout le reste n'en était pas une.

Le temps était écoulé, le soleil commençait à disparaître emportant avec ses derniers rayons rosés. Elle quitta donc la serre, requinquée, sortit de l'hôpital sans qu'on lui pose de question. Devant ce dernier, des habitants se promenaient, la saluant au passage et elle leur répondit d'un signe de la main, rare signe de respect qu'elle présentait. Et, parmi les badauds se raréfiant, elle vit cette personne. La démarche singulière, tout au moins plus que les autres... Et les cheveux...

-Tegami Senkō ! Au rapport ! Lance-t-elle à la jeune femme, un léger sourire en coin. Non, je déconne pas besoin de rapport. Mais, dis moi; t'étais pas sensée surveiller du côté du port ce soir ? C'est pas le port ici. Dit-elle faussement pensive.

@Tegami Senkō

Hazure retint un rire. Elle aimait beaucoup ça, faire réagir les petits soldats de Suna sur son passage. Ici, on lui donnait du... sama, madame, Kazekage et sûrement d'autres appellations qu'elle n'avait pas encore entendu, et peut être moins flatteuses, aussi. Alors, si elle s'était attendue à ce que le parangon de lumière qu'était Senko ne réagisse pas autrement, elle fut un peu surprise d'entendre son explication. Elle pencha légèrement la tête, les paupières plissées.

-Attends, de quoi tu parles; qui a pris cette décision ? D'une voix surprise autant qu'interrogative. Elle n'avait pas le souvenir d'avoir donné son aval pour quelque chose dans ce genre et rapidement elle en vint à la conclusion que ça ne pouvait être qu'un coup de ses "supérieurs". Elle soupire profondément... J'vais voir ça. Affirme-t-elle en agitant une main comme si ce n'était pas si important. Alors... des bruits suspects ? Tu sais qu'il y a encore beaucoup de rats à Suna, et j'parle pas de moi hahaha... hum...

Elle faisait référence à la période où le village occupé par groupes criminels venus de Junapura. Des personnes qui n'avaient aucun attrait pour l'ordre ni la propreté. Hazure n'en avait aucun pour l'ordre non plus, mais en revanche; jamais elle n'aurait laissé de la vermine s'installer chez elle. Les rats étaient une calamité porteuse de nombreux maux qu'il fallait exterminer coûte que coûte.

-Bon eh ben, j'vais t'accompagner. Dit-elle, la fixant et s'amusant de la voir dans cet état. Et, pas la peine de stresser. J'vais rien faire de bizarre, c'est promis. Avait-elle ajouté en levant les mains, comme pour montrer "pattes blanches". J'en ai pas l'air, mais lorsque je travaille, je suis toujours discrète et subtile; ce qui n'est pas ton cas d'après les rapports. Hausse-t-elle les épaules. Eh oui, elle lisait tous les rapports, en général, bien que celui faisant mention de cette unité assignée au port lui ait échappé, tout comme le transfert de cette partie de Suna sous une autre autorité. 'Fin, avec un peu d'chance, ce ne sont que des rats ! Alors... Essuis toi au moins le visage.

Hazure lui tend un chiffon, un genre de peau de chamois. Celui-ci avait une longue histoire derrière lui, il était sûrement le plus proche et fidèle ami de la Kazekage.

-Et il s'appelle "revient". Allé ! On y va !