Diluvienne et immuable. Ainsi était l’averse tombant sur Kaminari. Si forte qu’elle en réduisait sensiblement la luminosité, sans parler de la pénombre tombée depuis plusieurs heures désormais. La lueur des lanternes suffisait tout juste à signaler les portes du village à quelques mètres, entre deux éclairs claquant sous la voûte céleste parfois assez puissants pour le laisser apparaître dans un flash lumineux.
“ … “
Et, dans ce contexte apocalyptique où l’immense majorité des villageois s’étaient réfugiés chez eux, une silhouette se tenait pourtant au sommet de la première porte des cieux. Celle-ci, située en amont du village, était le premier rempart menant au sentier permettant de rejoindre la suite. Tout devait passer par là et rien ne devait y entrer sans autorisation. Mais par ce temps, seul un homme s’était désigné volontaire.
Par servitude ? Non. Haise ayant toujours apprécié les climats violents, l’extérieur lui apparaissait en réalité paradisiaque dans ces conditions infernales. Et s’il pouvait en profiter seul, gardant une porte qui ne serait de toute manière empruntée par personne au sein de ce climat d’enfer, Haise n’aurait pas laissé échapper sa chance… du moins, c’était ce qu’il pensait.
Car, alors qu’il s’était posté sur les remparts surplombant la porte, une silhouette se dessina dans le voile nocturne. Une silhouette forte, sûrement masculine bien que difficile à distinguer par un temps pareil. Un étranger, ici ? Par une telle tempête ? Étrange… mais particulièrement intéressant dans ce contexte. Ainsi, lorsque ce dernier s’arrêta devant la porte, Haise éleva la voix pour se faire entendre.
“ Qui va la ? Par un tel temps, vous ne manquez pas d’audace. “
A priori, difficile de croire à un errant perdu. Cet homme devait être la en connaissance de cause… peut-être pour s’abriter ? Mais Kumo n’était pas un refuge pour chiens errants.
Au pas de un, les armures claquaient dans l'obscurité grandissante, alors que le jour allait tranquillement se cacher derrière l'horizon et les pics montagneux de cette région de Kiminari.
Au pas de deux, la pluie s'abattait sans cesse sur les plaques métallique qui recouvraient les épaules des guerriers Tetsujins qui, depuis l'aube, martelaient le sol boueux du pays de la foudre et de ses sentiers sinueux en direction de leur destination
Au pas de trois, le souffle des soldats du Daimyo et du messager qui les accompagnaient se mêlaient aux champs militaires qu'ils entamaient tous en choeur afin de bien garder la cadence. Les soldats de Tetsu, tout particulièrement, se devaient de garder en tout temps une discipline hors paire, inégalée d'aucune autre nation du Yukan.
Ainsi, traversant le sud du pays du fer, longeant au nord du pays voisin, traversant leurs alliés du pays du givre et continuant la remontée vers les chaînes de montagnes où Kumogakure No Sato se présenterait entre deux éclairs de lumières dans un ciel assombris, les hommes d'aciers se rendirent sur place en gardant ce qu'ils avaient de plus précieux comme impression: l'ordre et l'honneur. Y avait-il des témoins pour se rappeler de leur marche? Y avait-il ne serait-ce qu'une paire d'oreille pour entendre le claquement de leur équipement, si coordonnés les uns aux autres, que l'on aurait cru à des tambours de guerre? Non, probablement pas, mais là n'était pas le but de toute manière. Impressionner n'était pas leur mot d'ordre, non...seule l'excellence comptait, en tout temps, tout le temps. Témoins en vu ou non.
Kinzoku Supaiku - Jōshō shīrudo-tai...TEISHI!
Suite aux ordres de leur capitaine, les hommes s'arrêtèrent tous à l'unisson. Devant eux, beaucoup plus loin, des ponts reliaient les pics montagneux et, moins loin cette fois-ci, un grand mur extérieur empêchait leur progression et au dessus de celui-ci, en plein centre, un Shinobi de la foudre semblait tourner son regard en leur direction. Perceptible seulement du chef d'escouade, puisque devant tous les autres, il comprit rapidement qu'il valait mieux s'identifier maintenant que d'attendre plus longtemps. Faisant quelques pas vers l'avant, lui permettant de mieux dessiner la silhouette de celui qui venait à leur rencontre, il fit bien attention de ne pas garder de main proche de ses armes. Il dégagea donc sa longue cape noire au col en poil de loup derrière lui, laissant les insignes Tetsujin sur ses épaules bien en vue. Ses longs cheveux brun, attachés derrière sa tête, laissèrent son visage totalement à découvert, facilitant son identification. Enfin, sa voix grave, caverneuse, puissante, s'éleva au dessus du son de l'orage qui, pourtant, battait les vents de sa violence inouie. Une voix de Basso profondo. Les tripes de ceux qui l'entendait tremblaient tant elle était profonde.
- Kinzoku Supaiku Capitaine Kinzoku Supaiku, chef d'escouade au sein de l'armée Tetsujin, vétéran et défenseur des frontières du fer. Je suis ici à la demande et l'ordre de mon impératrice Mori Nagami. Daimyô de Tetsu No Kuni. Une missive avait été envoyée à votre Kage afin de prévenir mon arrivée. En guise de respect à la nation de la foudre et des relations qui unie Tetsu et Shimo, vos voisins du Sud, j'ai accepté de me départir de mon statut dans les forces militaires "civiles" de Tetsu et de rejoindre les rangs Shinobi de Kumogakure No Sato. Voici une copie de la missive qu'avait envoyée la Daimyô, ainsi que la copie originale de la réponse de votre Kage, faisant preuve de la raison de ma présence ici. Avant d'entrer et de joindre officiellement vos rang, par contre, je dois officiellement me démettre de mes fonctions en présence de mes hommes.
Puis, après avoir tendu les missives au guerrier du village caché dans les nuages, le géant en armure se retourna vers ses hommes, laissant au Shinobi l'opportunité de se rediriger vers les murs, où des torches brûlaient et lui donneraient la luminosité nécessaire à la lecture des parchemins, sans que la pluie n'affecte trop leur état.
Les bottes du haut-gradés commencèrent à frapper le sol de leur semelle épaisse jusqu'à ce qu'il ne s'arrête devant les sept soldats qui avaient fait la marche avec lui. Bien entendu, il ne s'agissait pas là de l'escouade entière dont il avait la charge, mais bien de ses soldats les plus loyaux...ainsi que de son second. Fixant celui-ci dans les yeux, le Kinzoku détacha la lame de son flanc, puis la remena devant lui. Dans son regard, l'on ne pouvait lire que fierté et honneur.
- Kinzoku Supaiku Capitaine Kinzoku Supaiku, Capitaine du Bouclier Levant, est relevé de ses fonctions sous les recommandations de Mori Nagami, notre Daimyô. Il laissera, à son second, maintenant Capitaine à son tour, le commandement du Josho Shirudo. CAPITAINE MATSUBAYASHI, VEUILLEZ PRÉSENTER...ARME!
Et en un instant, celui qui avait fait le voyage tout juste derrière lui fit un pas vers l'avant, dégainant son sabre de la main droite en le portant devant lui, pommeau vers le ciel et la lame vers la terre. Le Kinzoku, faisant de même, vint alors poser sa main gauche au bout du pommeau de son second, qui imita alors le geste à son tour. Tous deux gardaient encore en main leur sabre respectif, tout en posant la seconde main sur le sabre de l'autre, symbolisant un rite de passation de pouvoir et, suite à quelques secondes de silence, le sabre du plus grand des deux quitta ses mains, maintenant en possession du nouveau capitaine de l'unité.
- Kinzoku Supaiku Ce fut un honneur de servir parmi vous, mes amis...mes frères...mais mon devoir dans les rangs de Tetsu tire à sa fin. Rentrez, maintenant...c'est mon dernier ordre.
Cette fois, la voix du militaire s'était adoucis, adoptant un ton beaucoup plus familier, comme s'il parlait à des amis de longue date plutôt qu'à des subordonné. Suite à ce message, tous mirent un genou au sol afin de saluer leur ancien capitaine avant de se relever et reprendre la route vers le Sud. De leur visite, ne resta que le son d'un cor, au loin, après quelques minutes. Un dernier hommage à leur capitaine maintenant retiré.
- Kinzoku Supaiku Mes talents appartiennent désormais à Kumo, Shinobi. J'attends tes instructions.
La voix de l’individu ne fasait qu’égaler sa carrure, renforçant cette aura particulière dont il était affublé. Lui, contrairement à la voix certes grave mais plus suave du borgne, n’avait même pas besoin de crier pour se faire entendre. Ses cordes vocales semblaient vibrer à en faire trembler la roche, bien qu’Haise ne fut pas homme à se laisser impressionner. Au moins pouvait-il se réjouir de ne pas avoir affaire à un simple vagabond camé. Oui, se fier aux apparences faisait partie de ses tares.
“ … “
Comprenant qu’il était homme à parler trop longtemps, le Tokoyami dressa un petit portail afin de téléporter la missive qu’il avait en sa possession, préférant garder ses distances pour l’instant plutôt que d’aller la récupérer en mains propres.
Une chose était sûre, l’homme disait vrai. La lettre s’avérait authentique de par le sceau dont elle était certifiée, bien qu’il ne parvint pas vraiment à saisir l’intérêt de recevoir un seul et unique Shinobi au sein de Kumo. Était-il suffisamment fort pour s’en contenter ? Renseigné ? Compétent dans un domaine particulier ? Tant de questions qu’il ne manqua pas de lui poser.
“ Je peux savoir en quoi Kumo requiert un simple et unique homme ? Je n’ai jamais entendu parler de vous. “
Dit-il, cynique mais surtout consciencieux, son travail restait un bon moyen de prendre du galon et enfin décrocher le grade qui aurait déjà du lui revenir de droit. Et les choses devaient parfois passer par des banalités telles que garder une porte.
Ainsi, observant la séparation sans doute déchirante mais le laissant totalement de marbre, le borgne laissa le colosse faire ses adieux sans interrompre ni l’aider d’une quelconque manière. Haise, souriant, commençait même à faire germer une idée au sein de son esprit en perpétuelle ébullition… peut-être pourrait-il former une équipe avec cet homme. Manifestement âgé et expérimenté, sans doute serait-il bien plus intéressant à avoir comme élève qu’un jeune chieur comme il en pullulait à Kumo.
“ Bien. “
Alors qu’il prononça ses mots jurant fidélité, le ciel retrouva un calme relatif. Si la pluie restait présente, l’orage s’était atténué et leur permettait d’échanger dans de meilleures conditions. Ainsi, ouvrant la grande porte, le jeune homme au kimono noir retrouva le nouvel arrivant de l’autre côté.
“ Alors bienvenue à Kumo. Tu vas devoir prendre tes fonctions, ton poste, des quartiers… “
Dit-il, se rendant compte qu’il n’était pas chose courante pour lui que d’accueillir les nouveaux venus. Ainsi, le duo se dirigea vers le village en tenant cette conversation pour le moment formelle.
La question du Shinobi fit hausser un sourcil au Kinzoku, qui trouvait celle-ci déplacée en un sens. L'envoie d'un seul homme au village caché dans les nuages pouvait paraître insuffisant d'un point de vu du "nombre", mais le Kiminarijin oubliait-il simplement le fait que Tetsu No Luni n'appartenait à personne, et que Kiminari n'était qu'un voisin parmi d'autres après tout? Les deux nations n'étaient certes pas ennemis, mais elles n'était alliées non plus et le fait d'envoyer un soldat, un officier d'ailleurs, était déjà un symbole en lui-même. C'était là une ouverture au dialogue, à la conversation entre deux puissances, un signe de respect mutuel tout comme la nation du Fer entreprenait avec celle du Givre. Décidement, l'homme qui se tenait face au géant était plus soldat que politique et il n'y avait aucun mal à cela, au contraire, mais son manque d'analyse des symboles était flagrante.
Préférant simplement ne pas répondre à cette question, qui ne nécessitait pas réellement de réponse de toute manière vu son caractère rhétorique, le colosse engagea tout simplement la marche vers les portes du village qui allaient s'ouvrir à l'approche de lui et son guide. Ce fut donc pour la première fois de sa vie que le Tetsujin vit Kumogakure No Sato de ses propres yeux. Une vision plutôt embrouillée vu le temps qu'il faisait, mais la silhouette de sa nouvelle demeure lui restait bien visible et, au centre de tout ceci, la grande aiguille qui était si emblématique du village.
Kinzoku Supaiku - Impressionnant…
Si le Kinzoku ne pouvait réellement voir toutes les couleurs du village, le simple tour des galeries intérieurs, le passage entre les ponts suspendus qui reliaient les bâtiments les uns aux autres et la vu des plateformes d'entraînement à même les pics rocheux des montagnes suffisait à lui couper le souffle. Décidément, combattre dans cet environnement devait être une expérience extraordinaire et, prendre un tel village ne pouvait se faire efficacement que lorsque l'ennemi était un Shinobi lui-même. Une armée conventionnelle aurait trop de difficulté à se battre sur ce terrain, au point tel que le militaire ne pouvait que voir une seule fin possible; la victoire kumojin sur ses assaillants. La défense des Shinobi de la foudre sur ce terrain était entièrement lié au terrain lui-même. La riposte des guerriers locaux pouvait littéralement parvenir de n'importe où et les réseaux creusés dans les montagnes seraient un véritable labyrinthe de la mort pour les envahisseurs. Par chance, l'on ne le laissait pas seul dès son arrivé car, même s'il avait un sens de l'orientation hors-pairs, le Tetsujin se savait déjà perdu sans l'intervention du Shinobi.
Kinzoku Supaiku -Heureusement, je n'ai pas à me rendre au palais de la Raikage par moi-même… Dit-il alors qu'ils sortaient enfin des couloirs sans fins des sous-terrains pour déboucher sur un grand pont où, tout au bout, se dessinait l'ombre d'un palais à l'architecture propre à la région.
Si la visite du village s'était fait rapidement, celui qui avait mené l’expédition s'était néanmoins démontré précis dans ses explications et avait donnés quelques points repère au nouvel arrivant qu'était Supaiku afin qu'il puisse aisément retrouvé son chemin vers la chambre qui lui avait été attribué dans l'une des auberges, le temps qu'on lui libère un appartement convenable. Arrivés devant les portes du palais, le guerrier devait dès à présent retourner à son poste, laissant le titan de Tetsu seul devant sa nouvelle destination.
Accueil
