« Ça devrait être interdit de faire travailler les gens en une si belle journée, pas vrai, Hanako ? » Fis-je, à voix basse, le regard rivé vers le ciel.

Elle m’aurait probablement rétorqué que personne ne m’y avait obligé, ou pire qu’il ne fallait jamais accepter de faire ce que l’on ne voulait pas faire. Rien d’imaginer une telle conversation avec elle me faisait agréablement sourire. D’ailleurs, parfois, j’avais l’impression de me plaindre ou de faire des choses insensées dans le simple but d’imaginer sa réaction. Etrange, en effet, mais pas moins amusant.

Quoi qu’il en fût, je ne me trouvais pas devant l’entrée principale des galeries parce qu’on m’y aurait obligé, non loin de là. J’étais ici parce que je commençais à être fauché, et qu’il fallait que je trouve un moyen de faire entrer de l’argent. Sinon, comment payer mes bouteilles de saké ? Bon, d’accord, plus important, comment subvenir à mes besoins ? S’il y avait bien une chose dont je n’étais pas prêt à faire, c’était certainement de mendier.

Bref, en attendant mon camarade de mission, apparemment un nouveau qui aurait rallié le village très récemment, je m’étirais tranquillement afin de préparer mes muscles au travail qui nous attendait. Après tout, laver et astiquer les axes principaux de ce réseau de tunnels n’était pas une mince affaire.

Après les étirements, je rapprochai les balais, ainsi que tous les autres accessoires et équipements de nettoyage devant l’entrée. Je déposai naturellement ma veste, ainsi que la plupart de mes affaires, dans la cabine réservée aux gardiens. Puis, finalement je me retournais vers les bruits de pas qui s’approchaient de ma position, probablement le dénommé Kinzoku Supaiku. Il n’était pas en retard, c’était plutôt moi qui étais trop en avance, pour une fois.

« Bonjour ! Kinzoku Supaiku, j’imagine ? Moi c’est Raesthra, enchanté. Comme tu peux le voir tout est prêt. » Fis-je, dans un premier temps. « Ça c’est pour toi. Si tu es prêt, nous allons commencer par cette entrée. » Ajoutai-je, léger sourire aux lèvres, en lui tendant le second balai.

Spoiler:

Plaisant ?

Difficile à dire. En revanche, si chacun y mettait du sien, on pourrait aisément rendre la mission le moins désagréable possible. Aussi, ne sachant pas si la remarque de mon partenaire du jour était sarcastique ou non, même si la réponse pouvait à première vue paraître évidente, je me contentai simplement de hausser les épaules, arborant mon sourire habituel.

Le colosse se mit quant à lui en mouvement, sans perdre plus de temps, puis s’empara de son instrument de travail, avant de se placer devant l’entrée située à gauche. Il me suggéra alors de m’occuper de celle en face de moi, ainsi nous devrons être plus efficace, tout en ayant la possibilité de discuter.

« Bonne idée ! D’après le vieux plan que j’ai trouvé, ces deux couloirs se rejoignent au bout pour n’en former qu’un qui, lui, conduit à un grand hall qui donne accès sur les tunnels des niveaux supérieurs et inférieurs. Alors, je te propose qu’on rassemble tous les déchets dans le grand hall, après je me chargerai de les faire disparaître. » Répliquai-je, avant de m’emparer aussi de mon instrument de travail.

Ça me semblait être un bon plan.

En effet, en procédant ainsi, nous économiserons du temps, puisque nous n’aurons pas à faire plein d'aller-retour vers l'extérieur pour nous débarrasser des détritus. Et s’il y avait trop de déchet, à chacun de faire preuve d’ingéniosité pour les ressembler dans le grand hall. Si le Kinzoku désirait toutefois s’en tenir à la méthode traditionnelle, je n’y voyais aucun inconvénient.

Quoi qu’il en fût, je commençais la mission en franchissant le seuil de l’entrée, balais en main. Comme souligné dans l’ordre de mission, cette partie du réseau n’avait pas été utilisée depuis longtemps, c’était évident, puisqu’il faisait non seulement assez sombre, mais en plus il y avait des toiles d’araignée un peu partout. Une drôle d’odeur se faisait sentir, mêlée à de la poussière et de la moisissure. L’obscurité totale au bout, mais ce n’était pas anormal, puisque d’après le plan, il y avait un gigantesque pilier que le couloir permettait de contourner. D’ailleurs, si le plan était bon, ce pilier débordait sur le tunnel voisin, ainsi le Tetsujin devrait aussi le rencontrer.

Bref, il était temps de commencer à balayer.

A première vue, peu de déchets, mais beaucoup de poussière. Pour le moment, je me contentais de ratisser tout ce que mon balais était en mesure de repousser. Quant au lavage des lieux, nous verrons lorsqu’il n’y aura plus de déchet…

Ainsi donc, je balayais le couloir, avançant petit à petit, tout comme mon camarade situé de l’autre côté et dont j’entendais les mouvements. Aussi, afin de rendre la mission un tant soi peu agréable, mais aussi de mieux connaître le colosse avec qui je serais probablement amener à effectuer d’autres missions, je ne manquais pas de lui poser quelques questions primaires.

« … Du coup, si j’ai bien compris, tu as rallié la cité depuis seulement quelques jours ? … » Interrogation sans grand intérêt, plus de l’ordre d’introduction qu’autre-chose. « Si tu me le permets, j’aimerai savoir comment était ta vie à Tetsu et ce qui a pu te pousser à partir et prêter allégeance à Kumo ? » Conclus-je, d’un air curieux.

Il n’avait aucune obligation d’y répondre, d’autant plus que la question était un peu trop personnelle, mais j’avais espoir d’obtenir une réponse, ou du moins un semblant de réponse.

Pendant ce temps, je continuais de balayer, faisant attention où je mettais les pieds….

Il confirma n’être Kumojin que depuis quelques semaines. Puis, les autres réponses suivirent. Le colosse m’apprit en effet qu’il était un lieutenant dans l’armée du daimyo du pays du fer. Il avait été soldat pendant une dizaine d’années, avant qu’on ne l’envoie finalement à la cité de Kumo. Avait-il eu son mot à dire ? Ce choix lui convenait-il ? Aucune idée. Mais le plus curieux c’était sûrement le fait que le Kinzoku semblait être plus sous l’autorité de son seigneur que de la Raikage. Etrange. J’ignorais que cela soit véritablement possible. Mais si Itoe acceptait cette situation, alors cela démontrerait qu’elle ne souhaitait pas être aussi rigide que les shinobis d’antan. Toujours est-il qu’en cas de guerre entre Tetsu et Kumo, le Kinzoku pouvait s’avérer fatal au village, mais bon ce n’était ainsi que les deux parties voyaient les choses. Pas plus mal peut-être ?

Je hochais légèrement la tête pour montrer que je suivais ce qu’il disait, surtout par reflexe, puisqu’il n’était pas en mesure de me voir. Je continuais de balayer le couloir, lentement mais sûrement, tout en écoutant attentivement Supaiku. Dans son pays personne ne croyait aux bienfaits des villages, lui y compris, cela me fit naturellement décocher un petit sourire. Ils étaient réalistes, il le fallait, car à chaque fois qu’on entendait parler des institutions ninja, le chaos n’était jamais trop loin. Je l’écoutais attentivement jusqu’au bout, content de le voir parler avec autant de clarté et de sincérité.

Puis, alors que je m’apprêtais à enchainer avec une nouvelle série de questions, le Kinzoku me devança en m’interrogeant à son tour. Il voulait savoir ce qui me liait à Kumo et ce que le village représentait à mes yeux. Il remarqua également que je n’avais pas l’allure d’un soldat, mais bon en tant que soldat il devait probablement savoir que les apparences ne reflétaient pas toujours la réalité.  

« Je vois. Ce n’est pas courant de voir ce genre de rapport, mais pourquoi pas, surtout que le monde semble encore, pour le moment, neutre. » Fis-je, dans un premier temps. « ... Quant à moi, je suis venu à Kumo pour avoir les moyens de mener mes recherches. Je suis un archéologue et disons que je cherche à connaître un peu l’histoire de nos prédécesseurs. Il y a beaucoup de zones d’ombres qu’il nous faut élucider et comprendre pour mieux agir dans le présent et prévenir en quelque sorte l’avenir… Au-delà de ça, il me fallait un refuge temporaire pour me protéger d’un certain homme influent et trouver un moyen de protéger mon équipe. Kumo est parfait, d’autant plus que j’ai réussi à passer un accord avec la Raikage. Sinon, effectivement, je n’ai rien d’un soldat, au mieux j’ai été explorateur et conseiller dans ma vie, au pire mercenaire. » Fis-je, d’un sourire nostalgique.

Je continuais de balayer, contournant cette fois-ci le grand pilier au fond de la galerie. Il commençait à y avoir de plus en plus de déchets et de la poussière. Je commençai à transpirer et à fatiguer. C’était normal, puis ce n’était pas cela qui allait m’empêcher d’aller au bout de ma mission. Non, clairement pas.

« … Et du coup, qu’est-ce que tu penses de ce qu’on t’a imposé ? Tu aurais préféré rester soldat auprès de ton seigneur ou tu aimes bien l’idée de rallier Kumo pour ne serait-ce que progresser ? Peu importe ce qu’on peut penser des institutions ninja, il faut dire qu’on ne trouve pas mieux comme structure pour progresser, tu n’es pas d’accord ?

Tiens, et quel genre de personne est ton seigneur ? Je me suis rendu une fois à Tetsu pour me faire forger une lame de qualité, mais cela remonte à plus d’une vingtaine années... Les choses doivent avoir beaucoup changé depuis, j’imagine… » Conclus-je, alors qu’on se rapprochait du grand hall.  

Quelques temps plus tard…

Nous dûmes écourter notre conversation pour le moins intéressante afin de finir notre mission. En effet, toute cette partie des galeries, pas aussi grande qu’on pourrait le croire en réalité, fut parfaitement dépoussiérée. Ainsi, il ne manquait plus que le lavage, qui était loin d’être aussi délicat et chiant que le balayage.

Je laissai le soin au Tetsujin, sur sa demande, d’aller chercher le tuyau d’arrosage, pendant que je rassemblais tous les déchets au centre du grand hall dans lequel je me trouvais. Une fois tous les déchets rassemblés, je déroulais un grand parchemin et je réalisais quelques mudras pour sceller tous les déchets en son sein. En effet, c’était un jeu pour moi de faire disparaître ce genre de choses, que ce soit par le Fuinjutsu ou par mes portails.

Quoi qu’il en fût, tous les déchets étaient désormais scellés, il ne manquait plus qu’à laver ces galeries et la mission s’achèverait, une bonne fois pour toute. Ainsi donc, je quittai le grand hall pour rejoindre mon camarade à l’entrée des galeries. Une fois sur place, je constatais qu’il commença déjà astiquer le sol et les parois des galeries, mais il peinait puisqu’il devait aussi se servir du tuyau d’arrosage.

Bref, je lui proposais naturellement de faire à tour de rôle ; c’est-à-dire que l’un se chargeait de verser l’eau pendant que l’autre astiquait, puis une fois la moitié du chemin fait on inverserait de rôle. Cela semblait lui convenir, aussi je ne me perdis pas de temps pour verser l’eau sur le sol et les parois rocheuses pendant qu’il s’efforçait d’astiquer du mieux qu’il pouvait pour rendre cette zone le plus clean possible. Et lorsque je le voyais vraiment peiner, je ne me privais naturellement pas d’arrêter ce que je faisais pour aller lui donner un coup de main. Après tout, c’était un travail d’équipe !

Quoi qu’il en fût, nous poursuivîmes tranquillement jusqu’à la moitié de la galerie, avant d’inverser naturellement de rôle. J’attendis qu’il verse l’eau sur les zones à nettoyer, avant de me mettre à astiquer aussi énergiquement que possible. Mine de rien c’était ultra fatiguant, bien plus fatiguant que de balayer. Par contre balayer était beaucoup plus chiant, puisque nous avions dû composer avec la poussière ainsi que toutes sortes de déchets, dont certains manquèrent de peu de nous faire vomir.  

Bref, on poursuivit, astiquant comme des malades, avant de finalement gagner le grand hall. On s’accorda alors un petit moment de répit, moment durant lequel on profita naturellement pour papoter un peu…

Quelques instants plus tard…

« Bon, il est temps de finir ! » Fis-je, en reprenant mes outils de travail.

Cette fois-ci nous avions simplement à astiquer le sol pour le rendre aussi clean que possible. Aussi, on décida de verser une bonne quantité d’eau, avant de nous mettre à astiquer tous les deux.

Je n’avais pas encore eu l’occasion de me balader dans les galeries, mais cette partie que nous nous efforçons de rendre propre semblait ne pas avoir été habité depuis des lustres. J’imaginais qu’il en était autrement des autres parties, du moins si je me fiais aux rumeurs…

Quoi qu’il en fût, nous finîmes par accomplir notre mission, rendant cette partie aussi propre que possible. On remballa naturellement nos outils de travail, avant de partir, laissant le soin au Tetsujin de faire le rapport, cela lui permettra pour ainsi dire de familiariser avec l’administration…  

Spoiler: