Oublié quelque part dans la bibliothèque du palais, un soupir retentit. Au sol, recouvert de livre aussi divers que varié, une chevelure blonde apparait. Dans un silence respectueux, ses yeux longeaient les épaisses poutres apparentes du plafond jusqu’à la fenêtre discrète des lieux. Sa mine semblait perdue et fatiguée. Depuis combien de temps était-il là déjà ? Jin avait complètement perdu la notion du temps après s’être endormi, trop captivé par ses lectures pour bouger malgré la fatigue.

Le soleil semblait toutefois encore dans le ciel, ses rayons venant sans merci éclairer son visage. Peut-être était-il encore temps de prendre un peu l’air et se dégourdir les jambes. Bien vite, son dos lui fit regretter l’absence de matelas, le forçant à se relever péniblement de sa place. Soigneusement, il tria et rangea les ouvrages avant de quitter les lieux.

Ici, les couloirs se ressemblaient tous. Peut-être un moyen comme un autre de ne pas rendre l’accès trop facile aux pièces confidentielles. Dans tous les cas, la sécurité était de mise, mais cela ne l’affecta guère. Au contraire, en se remémorant qui se trouvait très certainement encore en ces lieux, une nouvelle idée lui vint.

Jin aurait bien aimé ouvrir lui-même et sans prévenir les portes face à lui, mais cela allait bien à l’encontre des principes. Au contraire, des gorilles postés ici et là, le dissuadèrent assez rapidement de s’y faire. Il attendit donc sagement que l’un ne daigne l’annoncer à l’heureuse propriétaire des lieux avant d’avancer.

« Toujours aussi occupée à ce que je vois. »

Souriant, il prit la peine de la détailler un instant avant de s’approcher plus en avant. Devant lui, se dressait ni plus ni moins la seconde du village. Toutefois s’il osait se montrer aussi familier ce n’était pas manque de respect. C’était que sa présence était celle d’un vieil ami et non pas d’un subordonné tout simplement.

« N’as-tu pas peur de te rouiller ? »

À force de rester enfermée ici. Amusé, ce n’était là qu’une provocation enfantine afin de l’amener à la raison de sa présence.

« Peut-être accepterais-tu de m’accompagner ? »

Lança-t-il en désignant brièvement l’extérieur de la main, ses yeux encore rivés sur elle. Après tout, cela faisait un certain temps qu’ils ne s’étaient pas entraînés ensemble et il était curieux de voir ce qu’elle devenait exactement de ce point de vue là.

Manifestement, elle restait fidèle à elle-même. Son accueil en tout cas était toujours aussi chaleureux. Mais si, Jin avait affiché un sourire amusé à sa première remarque, il devint bien plus perplexe à la suite. Libre accès ? Vraiment ? Il se gratta la joue un instant avant de lâcher, un soupire, et se passer la main sur la nuque.

« Qu’est-ce que tu veux que je te dise ? Mon nom n’est pas assez connu. »

Et il en était entièrement responsable.  Pas le genre à revendiquer quoi que ce soit et encore moins à crier sous tous les toits se relation avec les deux en question pour que des portes lui soient ouvertes. C’est qu’il ne ressentait pas nécessairement le besoin de se mettre en avant de quelconques façons. Mais peu importe.

« Mh ? »

Maintenant qu’elle le disait, il était vrai qu’elle paraissait épuisée. Ou était-ce de l’ennui ? Nul doute que son travail ici devait être laborieux sur bien des aspects. Franchement, il ne l’enviait pas beaucoup et ne désirait vraiment pas la remplacer. Un rire lui échappa lorsque finalement elle accepta sa proposition.

« Me voilà honoré ! »

Il s’en alla donc en direction de la sortie, puis des terrains d’entraînement. Marchant à ses côtés, Jin jeta un regard envers elle, l’observant avec un peu plus de curiosité.

« Alors ? Aucun regret ? »

Sa question était un peu vague et il s’en rendait bien compte. Il élabora donc un peu, mains dans les poches.

« À toujours devoir supporter Genkishi. »

Contrairement à lui qui était toujours resté fidèle à son poste dans l’armée extérieure, celle-ci avait toujours suivi leur mentor. Il n’avait d’ailleurs jamais connu Genkishi sans avoir Miyako dans le tableau. Elle était presque aussi fidèle que son ombre à force. Mais il devait également avouer être quelque part rassuré de la voir au sein du village.

« Remarque, ça ne doit pas être facile pour lui non plus. »

C’est qu’elle avait du caractère elle-aussi et il le savait que trop bien. Mais cela ne l’empêchait pas de vouloir plaisanter un peu.  

Vraiment ? Jin ne cacha pas sa surprise. Il peinait réellement à imaginer comment une telle paperasse pouvait être stimulante. Malgré tout, il ne pouvait pas nier l’avancée colossale du village depuis sa réouverture. Beaucoup de choses avaient changé et évolués en si peu de temps. Et il ne s’agissait pas uniquement de rénovation, mais également tout le système organisationnel qui s’articulait autour. Incontestablement, ils devaient tous ces progrès à leurs deux dirigeants. Peut-être était donc cette évidence que sa comparse trouvait si satisfaisante. En cela, il pouvait le comprendre.

« Il y a de quoi être fier, tu sais. Peu de monde pourrait endosser ce rôle et le village a de la chance de vous avoir. »

Malgré qu’ils n’avaient pas toujours partagé le même avis ni le même chemin, il était sincère dans ses propos. Ils savaient que trop bien à quel point le duo pouvait travailler corps et âme à leur objectif. Parfois, s’en était bien même très agaçant. Le blond sourit à cette pensée avant d’arquer un sourcil aux questions de l’Aburame.

Pas qu’il ne s’attendait pas à ce qu’elle prenne de ses nouvelles, mais il n’était pas forcément préparé à y répondre. À quoi ressemblait sa vie ? Était-il heureux ? Rêvait-il d’une autre vie ? Aussi curieusement que cela puisse paraitre, il ne s’était jamais arrêté assez longtemps sur sa vie pour y réfléchir.

« Je ne me vois pas ailleurs. »

Clairement, Jin avait toujours été éduqué dans ce sens. Au début, il s’agissait de prouver sa valeur pour pouvoir être enfin accepté au sein du clan Kobayashi. Enfin, lorsque cet objectif semblait être impossible, on lui envoya faire ses preuves à l’armée. En sortir n’avait jamais été une option. Encore aujourd’hui, il ne pouvait pas s’imaginer dans un autre rôle. Pourtant, les choses auraient certainement très différentes s’il n’avait pas hérité de ses dons. Peut-être même qu’il serait encore à Mizu avec sa mère. Peut-être serait-il devenu pêcheur ou l’un de ses marchands du port…. Ou peut-être aurait-il été assassiné par la vague meurtrière qui avait frappé le pays. Qui sait.

« Maintenant que je suis loin des frontières, j’ai l’impression de redécouvrir complètement le monde. Ça jour apporte son lot de nouveauté et je dois dire que je n’en plains pas. La vie est différente ici, plus stimulante comme tu dirais. »

Et c’était avec un large sourire qu’il en parlait. Avec le recul, sa vie d’autrefois avait consisté à une monotonie et une réalité plus terne qu’ici. La camaraderie était une expérience unique et son premier vrai foyer, mais ici ses yeux percevaient plus de couleur. Tout était plus dynamique.

« Ça me donne envie d’en découvrir toujours plus. »

Et c’était exactement pour cette raison qu’il passait une bonne partie de son temps enfermé entre différentes piles de bouquins. C’était un peu paradoxal, mais il s’avérait que ces ouvrages étaient véritable mine d’or d’information en tout genre qu’il dévorait au fur et à mesure.

Ses pas cessèrent d’avancer une fois au centre du terrain. Tous deux étaient désormais entourés d’une épaisse zone boisée. Terrain avantageux pour l’expert mokuton, penserait les plus naïfs. Oh, ce n’était pas faux, mais cela valait tout autant pour son interlocutrice. Un rire nerveux finit même pas s’extirper de ses lèvres lorsqu’elle lui demanda de ne pas trop l’humilier. Comme si cela pouvait être une possibilité.

« Haha… J’espère que tu m’accorderas autant de clémence dans ce cas. »

Malgré ses apparences, Miyako n’était définitivement pas une adversaire à sous-estimer. Elle était puissante, dangereuse et expérimentée. Et cela n’avait pas dû changer malgré son absence. Il inspira profondément, la jaugea un instant, puis décida de passer à l’action. Ses mains se mirent à réciter leurs différents signes jusqu’à ce que soudainement une dizaine de pieux acérés ne se propulsent rapidement en sa direction. N’attendant pas son reste, il sortit sans également deux kunais de sa sacoche avant de les envoyer en direction de ses jambes. Attentif, ses yeux se concentrèrent sur ses réactions alors qu’il se mit position défensive.

Spoiler:

Ce n’était évidemment pas une surprise de voir Miyako esquiver ses attaques. En revanche, il écarquilla les yeux en la voyant mordre son pouce. Évidemment, il savait bien ce que cela signifiait et même si cela n’était jamais une bonne nouvelle pour lui, il était tout de même ravi de revoir cette invocation.

« Le plaisir est partagé. »

Fit-il dans un sourire. Néanmoins, il était hors de question qu’il attende la fin de leur conversation pour à son tour faire venir une fidèle camarade : Araceli. Dès lors, une grande et sublime hibou d’un blanc pur apparut également à ses côtés. Évidemment, ce n’était de loin pas la première fois que les deux invocations se rencontrèrent.

Araceli:

« Miyako-sama… Mirai… »

Si le respect pouvait également se faire sentir à l’égard de l’autre shinobi, l’Hibou se montra un tantinet plus irrité en voyant sa congénère. Il fallait dire qu’Araceli était un être fier et qu’elles avaient plusieurs combats à leur actif.

« Araceli, prête ? »

Parce qu’aussi belle soit-elle, Mirai n’allait certainement pas leur faire de cadeau. D’ailleurs, elle ne tarda pas à manipuler le vent de sorte à créer une tornade mineure à leur encontre. Heureusement, ce n’était pas le genre d’attaque qui faisait pâlir le fier oiseau. Dès lors, ses immenses ailes créèrent une bourrasque de vent qui s’en allait directement en collision avec la tornade. Le contact créa des vents forts dans toutes les directions, mais eut le mérite d’annuler son attaque.

Mains sur le front afin de protéger ses yeux, il prit sur lui les résidus avant de sauter sur le dos de sa partenaire. De là, et sans attendre, l’oiseau pris son envole avant de survoler ses adversaires. Il était peut-être l’heure de devenir à peine plus sérieux ? Ses mains effectuèrent une série de mudras avant qu’une lance n’apparaisse entre ses doigts avant qu’il ne la lance à l’encontre de l’Aburame. Oh, il ne s’agissait pas d’un simple projectile. Ce n’était pas le genre de technique qu’il utilisera en match amical sans être certain que son adversaire parviendrait à l’éviter. La raison ? C’était sans doute les dégâts dévastateurs qu’elle produisait en cas de contact.

Spoiler: