L'éclat illumina le visage des enfants qui croisaient ma route. La bouche grande ouverte, les yeux pétillants, ils fixaient avec admiration mon bandeau de ninja que je venais de réajuster sur mon bras. La lumière des magasins venait de se réfléchir dessus, attirant l'œil de ces gamins au bras de leurs parents. Continuant ma route, les mains dans les poches, j'essayais de garder une attitude de nonchalance, en faisant mine de ne rien remarquer. Alors que... Dès que je les eus dépassés, j'arborai un grand sourire de contentement Je venais juste de recevoir cet ornement frappé du symbole de Kumo, et... On a encore plus la classe quand on n'essaye pas d'en faire des caisses ! Je n'étais pas insensible à ces petits regards, venant tout juste d'obtenir un nouveau statut, qui était celui de Ninja officiel du Village Caché des Nuages ! Je m'arrêtais au milieu des passants pour admirer la rue autour de moi. C'était la Capitale.

C'était le début de soirée, et la ville était en ébullition. Une activité comme on n'en voyait pas ailleurs dans le Pays de la Foudre ! Des commerces en tout genre, beaucoup de lieux ayant rapport avec le jeu. J'eus la tentation d'aller visiter un peu, mais j'étais en service. Je me remis donc à la recherche de l'établissement qui faisait l'objet de ma présence. Les passants étaient nombreux et la joie et l'insouciance prédominaient. J'avais présentement la chance de m'être vu attribuer une mission de rang C en guise de premier essai. Habituellement, on laissait les débutants s'occuper des demandes de rang D, ce qui incluait de rester dans l'enceinte de Kumo. M'envoyer dans la Capitale était, j'en étais conscient, un test de mon efficacité. Le Bureau n'avait pas hésité à me qualifier pour une requête émanant directement... du Daimyo ! Le Gouverneur en personne de Kaminari no kuni ! Ne prenait-il pas un risque en laissant un novice se charger de leur principal client ? Sans doute était-ce moi qui avait un peu exagéré sur mon CV. Dans le doute, ils avaient tenté l'expérience.

J'arrivais dans la ruelle visée. Un peu à l'écart du Centre, les lumières et l'activité y étaient bien moindres. Je ne croisais qu'un couple parlant d'aller boire un verre. Enfin je me trouvais devant la bibliothèque. Les vitrines exposaient des ouvrages divers, mettant conjointement en avant leur prix et rareté. Devant la porte, fermée à cette heure, je gardais les mains dans les poches. Un coup d'œil à droite. Un regard à gauche. Le couple disparaissait dans la rue d'à côté. Du point de vue qu'aurait eu un simple passant, j'aurais eu l'air de disparaître. Mais n'importe quel Shinobi m'aurait suivi des yeux pour me voir bondir et arriver avec habileté sur le balcon. Je comptais revenir le lendemain lorsque l'échoppe serait ouverte, mais je me prenais au jeu de Ninja et décidais de partir en éclaireur. Cela avait été mon rôle toute ma vie avant d'intégrer récemment les forces de Kumo. Eclaireur et sentinelle pour les miens. Avant de continuer, je vérifiais dans la chaussée que personne ne m'avait vu. Sourire satisfait.

La terrasse était visiblement un coin de détente pour le propriétaire. Le cendrier indiquait que personne n'était venu ici dans la soirée. Je m'approchais de la porte, et jetais un œil à la poignée. Fermée de l'intérieur. Hors de question de rentrer par effraction, je n'étais pas un criminel. Sans compter que depuis que je portais le bandeau de Kumo, j'étais sa voix et sa notoriété à l'extérieur. J'avais intérêt de faire attention à toutes mes actions et paroles. Bon ben... Après un profond bâillement qui aurait irrité mes supérieurs, j'étirais mes bras puis sautais sur la chaise longue. Vraiment la flemme de chercher un endroit où dormir, d'autant que je n'avais encore reçu aucun salaire de Kumo. Et pour donner l'impression que je pouvais me débrouiller complètement seul, je n'avais pas demandé d'avance pour ma mission. Confortablement installé, j'observais le ciel et attendais le sommeil en écoutant les sons de l'activité du Centre. Pas d'étoile dans le ciel. La luminosité ne le permettait pas. Ah, ça y est... je sens que je m'endors...

Spoiler:

Il faisait jour, mais ce que je vis en premier était un visage blanc tordu par la colère. Un bâton me tapotait la tête. L'homme recula d'un pas, et me fis signe de me lever fissa. Avec un sourire, je me levais en un mouvement, avant de retomber assis, faisant mine de ne pas surveiller la canne menaçante. D'un geste un peu plus lent, je sortis un petit rouleau de parchemin, en mettant bien en avant mon bandeau de ninja à mon bras. Je dépliais mon ordre de mission sur la table basse. Les yeux du personnage se posèrent dessus, revinrent sur mon bandeau, sur le parchemin, puis sur mon visage.



Grimace outragée. Je sais que cette méthode n'allait pas m'attirer ses grâces, mais j'étais dans l'engouement de ma première mission. Je me sentais important. Sentiment qu'il me faudra un jour bien payer. Il savait que j'avais raison, et de toute manière, qu'en avais-je à faire si la réputation des Ninja de Kumo partait dans ce sens. Au contraire, les demandes de missions n'en seront que plus nombreuses, les clients appâtés en priorité par l'efficacité. Nous étions des Ninjas. Et moi, j'avais mes nouveaux supérieurs et le Daimyo à satisfaire. Je montrais les titres de l'ouvrage qui m'intéressait par un geste qui se voulait dire "s'il-vous-plait". Je ne broncherais pas, même devant son regard de plus en plus offusqué. Monsieur le bibliothécaire plaça son bâton sur son épaule, et émis un son d'agacement qu'on pourrait traduire par "tss", signe qu'il paraissait se rendre devant la situation. Il me tourna le dos et passa par la porte de la terrasse.

Je le suivis à l'intérieur. Loin d'être l'échoppe que j'avais imaginé, nous étions là dans un espace vaste et splendide, une bibliothèque exemplaire mêlant encyclopédies et antiquités. Il se dirigea vers un espace qui rassemblait les atlas de l'Histoire. Il s'amena une échelle qui glissait le long des murs-étagères, et j'attendais qu'il y eut monté, de nouveau les mains dans les poches, mon regard se promenant tranquillement tout autour de moi. Il y avait une sculpture représentant le visage de la Raïkage. Quelle belle femme avions-nous là en leader. Je marquais un arrêt, mon regard se reportant sur le maître des lieux, remarquant qu'il restait fiché là-haut. Je devinais qu'il hésitait, mais cela ne dura qu'un instant. Il fini devant moi, les yeux scrutant les miens. Finalement, je trouvais ce type assez dérangeant. Je pouvais le sentir mémoriser les traits de mon visage. Il me tendis le livre, "Les Histoires Kaminarijines". La raison pour laquelle le Daimyo désirait obtenir cet opuscule n'était pas mon affaire. C'est ce que je répondrais, si cet homme me posait la question. J'attrapais le livre d'une main, mais il ne lâcha pas. Ses yeux étaient fixes.


Nous restions là un instant, reliés par cet annexe de l'Histoire. Je n'avais pas laissé place à la discussion, imposant ma domination sur la situation avec pour seule arme un bandeau et un parchemin. La réaction était tout à fait logique, et même remarquable. Devant cette injustice, sa colère me semblait même bien légitime, et surtout honorablement réprimée. Il savait intimement que, de lui à moi, il y avait une claire différence de force. J'étais un Ninja. Débutant certes, mais j'avais déjà à mon actif une vie de combattant. Lui avait passé sa vie dans les livres. Ses phalanges finirent par exercer moins de force, et il me laissa tirer à moi l'objet du désir du Daimyo. Ses yeux s'y portèrent alors, et je les vis s'illuminer, comme s'il se rappelait et s'émerveillait des connaissances reposant dans ces lignes. Ce type était un collectionneur. Il se passionnait de l'Histoire. La lumière de son visage s'éteignit lorsque le livre disparu dans ma veste. Il resta fixe.



Ses yeux furent plus vifs cette fois, et il su faire comprendre que ce n'était pas tombé dans l'oreille d'un sourd. Je fis un pas en arrière, et m'inclina très légèrement, d'une révérence où je souhaitais signifier que j'étais navré de tout cela. Je tournais le dos, et commençais à partir. Le Daimyo envoyait un Ninja s'occuper de cette affaire, mon action n'était que la continuité de ses méthodes. J'avais joué sur l'intimidation. S'il voulait négocier, ce n'était pas à Kumo qu'il aurait dû s'adresser. Ma présence ici voulait dire qu'il VOULAIT ce livre. Les conséquences ne me regardaient pas. Je sortais maintenant du bâtiment, par la porte cette fois, et repris le chemin en laissant l'homme seul. Je savais que je reverrai cet atypique personnage. J'en avais fini avec lui, je me demandais maintenant quel nom il allait retenir de cette histoire. Celui de Kumo ou du Daimyo ? Ou alors le mien ? En partant, je croisais le chemin de deux personnes sans trop y faire attention, et m'excusa distraitement en bousculant une épaule. Puis je tournais dans l'autre ruelle, repartant pour Kumo.

S'étant arrêté dans la rue, je ne pu remarquer qu'il s'agissait du même couple que j'avais croisé la veille au même endroit. Il se retournèrent, me regardant disparaître. La femme pris le col de sa veste entre ses doigts et le porta près de ses lèvres.


Une voix sorti du micro dissimulé là.


Pour ma part, je revins vite entre les murs de Kumo, sans savoir ce qui semblait se préparer autour de moi. Je remis le livre au Bureau des Missions, remplissant ainsi ma première missive en tant que Ninja de Kumo. Cette nouvelle vie, je l'ignorais encore, allait être encore plus excitante que ce que j'avais pensé.