Après notre voyage, nous étions finalement arrivés à Konoha. Cet endroit n’avait de village que le nom. En effet, cela ressemblait plus à une ville développée, perdue au milieu de nulle part. J’avais pris soin de laisser à Sora un peu de liberté. Elle devait simplement éviter de faire du grabuge. Notre séjour ici était l’occasion de glaner quelques informations sur les nouvelles du monde et pour être tout à fait franc, la petite n’était pas bien forte pour tirer les vers du nez des gens. Enfin pour le faire sans violence du moins.

Si le monde de la finance m’avait apprit une chose, c’était qu’il fallait avant tout étudier le terrain avant de passer à l’action. Il fallait réfléchir un minimum. Les nouvelles pouvaient venir de la presse mais elles pouvaient également venir des acteurs du monde. En l’occurrence je parlais ici de shinobi. C’était quoi au fond un shinobi ? Une sorte de soldat en sandales, entraîné au maniement du chakra et censé être un expert en discrétion ? Alors oui il y avait de ça mais un shinobi c’était avant tout un homme. Un homme avec sans doute une bonne femme qui lui en mettait plein la gueule quand il rentrait à la maison. Un homme avec toute une hiérarchie au dessus de lui et qui n’avait en définitif que peu de chance de gravir celle-ci. Ce que je cherchais, c’était un assistant, un gardien de porte, un bureaucrate.

Voilà que j’avais un profil. Je devais donc maintenant déterminer ou il irait claquer ses petites économies. Je pouvais d’ores et déjà éliminer tous les lieux prestigieux du village ainsi que les restaurants. L’homme que je cherchais ne pouvait ni fréquenter les mêmes lieux que ses supérieurs ni être dans des lieux ou l’on va généralement avec sa famille. Il fallait donc trouver un lieu comme une salle de jeux ou un débit de boisson.

Voilà que j’avais un lieu. Mes pas me conduisirent finalement dans une rue assez délabrée. Je n’aurais pas été dans un village ninja, j’y aurais sans doute vu un morveux voulant me vendre de la merde en pilule. En levant les yeux, je vis une devanture lumineuse d’un très mauvais goût. Il était tout juste dix neuf heures quarante cinq quand je poussais la porte d’entrée. En inspectant la décoration dès plus immonde, je ne pus m’empêcher de renifler.

« Çà sent l’urine et la baisse d’estime… Parfait »

Mon regard se posa sur les quelques clients avant de s’attarder sur le barman. Celui-ci avait une cigarette en bouche et il semblait ailleurs. Il avait dû en voir passer des shinobis ivre. Les problèmes ça devait le connaître. En même temps avec une gueule à problème comme il avait, il devait même baigner dedans. En un tour de passe passe, il allait me dire tout ce que je voudrais savoir.

Voilà que j’avais mon crétin près à me venir en aide. Quand j’avais quitté mes anciens patrons, j’avais pris soin de conserver ma carte d’entreprise. Celle-ci servait essentiellement à savoir qui faisait quoi. L’intérêt de conserver un tel objet était qu’elle me permettait d’avoir l’air officiel dans bien des situations.

Je m’approchais alors du barman en demeurant fier et droit, comme le bon bureaucrate que je fus avant d’ouvrir mon porte feuille et de lui présenter ma carte. Je pris soin de la ranger rapidement pour qu’il ne puisse pas lire distinctement ce qui y avait marquer. Mon geste s’était toutefois fait machinalement.

«Bonsoir monsieur, inspection sanitaire... »

Je lui laissais le temps d’assimiler l’information et de faire la liste dans sa tête de toute les infractions qui devaient avoir dans cet établissement. Nulle doute que l’on trouverait lui et moi divers fluides organiques dans les toilettes et pendant qu’il serait concentré à me convaincre que tout est en ordre, moi je lui tirerais les vers du nez.

Le jeune homme réussit tout de même à me faire sourire. Je l’écoutais me délivrer ses justifications tout en coulant un bref regard à sa main. Il commençait à perdre patience. On avait donc affaire à un tempérament fougueux. La plupart des gens ont simplement tendance à s’écraser devant une représentation d’une autorité supérieure. Lorsqu’il évoqua les menaces, je me mis à sourire de plus en plus.

« Voyez-vous jeune homme, il n’y a aucune menace dans mes propos. Si je me mettais à vous menacer, cela voudrait dire que j’attends quelque chose de vous. Voyez-vous la subtilité ? Aussi j’attendrais de vous que vous ne remettiez pas en doute mes compétences et mon attitude. Je pourrais en faire autant. »

Je venais alors désigner sa main avec mon stylo.

« Croyez bien qu’en plus d’un bilan déplorable, je peux déposer une plainte pour agression physique et menace envers un représentant de la fonction publique. Non seulement vous finirez dans une prison mais en plus, je m’emparerais d’absolument tout ce que vous avez à titre d’indemnité…. Ça c’est une menace monsieur. »

Je continuais de le jauger avant de finalement reprendre des notes tout en quittant la réserve. Mon ton se montra alors beaucoup plus calme, m’adressant à mon interlocuteur sans le regarder, cherchant à dissiper toute animosité.

« Je ne suis pas là pour vous mettre des bâtons dans les roues. Tâchez de faire preuve de tempérance et tout ira bien. Je vous dirais même qu’à titre personnel, vous allez en voir passer des hommes profitant allègrement de leur statut pour vous écraser. C’est à cela que l’on voit le degré de développement d’une civilisation. Aussi tachez de vous blinder pour votre vie à venir. »

Je ne fis pas bien cas de ce qu’il me disait. Continuant mon inspection. J’ouvris brièvement la porte menant aux toilettes sans pour autant m’attarder dans les lieux. Après de nouvelle note, je reportai mon attention sur le barman qui me questionna sur m’a venu ici.

« Les inspections ne sont jamais prévue. Si les propriétaires font le ménage avant que l’on arrive, cela n’a pas grand sens. »

Je levais alors ma main droite tout en rangeant avec ma main gauche mes affaires.

« Ce ne sera pas nécessaire. J’ai suffisamment d’élément pour mon dossier. »

Il tacha alors de prendre sur lui et de se présenter formellement à moi, tendant sa main. Je lui pris celle-ci, la serrant sans plus de manière avant de m’asseoir au comptoir.

« Enchanté, je suis l’inspecteur Nakano. Servez donc moi un café avant que je file. »

Je venais alors hocher doucement la tête.

« Votre patronne aura sans doute une petite amende pour la poussière dans la réserve mais rien de bien méchant. Enfin, tout dépend mon avis final. »

J’observais alors les présents avant de reporter mon attention sur Joshuro.

« Vous êtes du coin ? »