Bon il se serait peut-être temps de bosser hein … parce que soulever des poids toute la journée dans ma chambre, ou faire un footing de douze heures autour du village, c’est très bien mais ça ne remplit pas le frigo. Et ce dernier devient désespérément vide au fil des jours. Pourtant, pas de missions, pas d’élèves à entrainer car tous les collègues chunin sont passés avant. Cette bande d’affamés de jeunots à peine sortit de l’école … De temps en temps une demande d’escorte se présentait et me permettait à la fois de voir du pays, mais aussi de renflouer le porte-monnaie. Mais ce n’était jamais vraiment fantastique. Or il me fallait des sous pour moderniser mon matériel.  Changer les poulies, remplacer certains câbles sur le point de rompre, acheter du riz et de la dinde aussi … bref tout un programme.
Il me fallait voir le cas Kaede aussi. Ma chère sœur Hyuga s’enfermait de plus en plus dans son coin, peu importe mes efforts pour la faire sortir et retrouver goût à la vie. Le décès présumé de son abruti de mari l’avait complétement détruite. Et inutile de compter sur les parents, ils étaient aussi efficace d’un mur …

« Pas le choix, va falloir aller voir le grand patron. Hyûga Genkishi. L’Hokage de Konoha … ça fait vachement pompeux dit comme ça. »

Je reposai mes altères, épongeai les gouttes de sueur et vida la moitié de la bouteille d’eau qui reposait tout proche.
Il était Hyuga mais de ce que j’avais compris, il avait quitté le clan il y a longtemps, donc ce n’était peut-être pas la meilleure personne pour traiter ce sujet. Mais bon, qui ne tente rien n’a rien. En plus il me permettra de régler mon autre problème. Mais d’abord, douche.

« Ah merde ! C’est vrai qu’il faut prendre rendez-vous ! Punaise … bon tant pis, avec un peu de chance il n’y aura personne pour barrer le passage. » Râlai-je toute seule avec un haussement d’épaules pendant que la chaudière se mettait en route pour monter la température de l’eau.

Quelques minutes de relaxation plus tard, un brossage de cheveux, une rapide session habillage et je prenais la direction du Palais du Kage, en fermant soigneusement à clé derrière moi.
Pourquoi donc les leaders se sentent toujours dans le besoin d’habiter les bâtiments les plus grands, les plus somptueux et les plus visibles ? Il y aurait de quoi en perdre la tête, avoir les chevilles qui gonflent et tout. De mémoire à Suna ils faisaient exactement pareil. Et à Kumo ? Aucune idée mais c’était sans doute le cas. De quoi se demander ce qu’ils ont à compenser !

Arrivée à l’entrée, je montai les étages comme si de rien n’était, malgré une interrogation grandissante. Où étaient les gardes ? Normalement il devrait y avoir des gardes un peu partout. Il s’agissait de l’un des lieux les plus importants de Konoha.
J’arrivai jusqu’à la porte du bureau du grand patron, et au moment de lever la main pour frapper une voix cassante m’interpela :

« Je peux vous aider ? L’Hokage ne reçoit pas aujourd’hui. »

C’était la secrétaire aigrie. Yongatsu du clan Nara. Une femme terriblement associable et énervante dans sa façon de prendre tout le monde de haut.

« Bonjour hum, je suis M…
- Vous avez rendez-vous ? » Coupa-t-elle sans me perdre une seconde de vue.
« N-non mais je …
- Alors vous n’avez rien à faire ici. Les rendez-vous se prennent au minimum quarante-huit heures à l’avance et seulement aux horaires indiqués sur cette fiche. »

Je plissai des yeux, exaspérée par cette grognasse. Elle voulait jouer à ça ? Très bien.
Je l’ignorai proprement et frappa trois fois à la porte, peu importe ses plaintes devenus bruit inaudible à mes oreilles.

Une voix partiellement étouffée s’éleva de l’autre côté de la porte tandis que la secrétaire visiblement en rogne s’apprêtait à user de la force pour obtenir le respect. Complètement folle cette gonzesse … Enfin j’entrai sans attendre, préférant ne pas rester plus longtemps dans le champ de vision de ce démon colérique.
En face se trouvait un large bureau recouvert de documents tous certainement plus importants les uns que les autres, un dossier de chaise et une large fenêtre donnant sur le village de Konoha et sa périphérie verdoyante.

« Que puis-je faire pour toi Milly ? En espérant que ça ne pouvait réellement pas attendre … » Emit la voix de l’Hokage depuis l’autre côté de la chaise.

C’était assez perturbant de parler à quelqu’un sans voir la personne directement, mais à l’entendre il semblait très fatigué. Ou lassé. Ou les deux. J’aurais peut-être dû écouter la mégère finalement, mais tant pis c’était fait, alors autant continuer.

« Chef, navrée de te ... vous déranger hors de … de … hum navrée de vous déranger, mais c’est au sujet de deux sujets. Enfin c’est pour deux sujets distincts. » Baragouinai-je très maladroitement, droite sur mes appuis et les bras derrière le dos en repos militaire. « Le premier concerne votre clan. Et puis le mien aussi techniquement mais bon bref, je sais que vous vous êtes éloigné des Hyuga, mais vous en rester tout de même un, et de ce fait vous aurez probablement les réponses que je recherche … Il s’agit de ma sœur, Kaede Hyuga. Elle n’est plus que l’ombre d’elle-même depuis la mort présumée de son mari à la prison d’Arashi. Et ni nos parents ni moi n’arrivons à la ramener dans le droit chemin, j’ai peur qu’elle commette très bientôt une erreur … une désertion probable … Avez-vous des nouvelles à propos de cet endroit et du chaos qui y est survenu dernièrement ? »

Les morts étaient forts, durs, et surtout ils ne reposaient sur aucun fait, uniquement des pressentiments et des sensations. Kaede ne se plaisait pas ici, cela n’avait rien de secret dans la famille mais depuis le bordel à la prison, les probabilités qu’un jour elle file à l’anglaise – comme on dit – devenaient un peu trop conséquentes.

« Cela rejoins en quelque sorte le second sujet de ma visite. Je souhaiterais une mission, et pouvoir emmener ma sœur avec moi. Vous l’avez sans doute vu, je ne fais quasiment que de l’escorte de villageois lorsqu’ils ont besoin de sortir ou entrer dans le village depuis les quatre coins du pays. Hors je voudrais faire plus, m’impliquer plus pour Konoha, et si cela peut permettre à Kaede de se changer les idées, alors ce serait parfait. Auriez-vous quelque chose dans ce sens ? Le tableau des missions ne propose rien qui puisse convenir … »

J’écoutai attentivement la réponse, malgré l’absence de bonne nouvelle concernant la prison et de nouvelle tout court concernant Kaede. Jamais elle n’acceptera de sortir voir un médecin ni un psy. Trop peur de se voir traiter de folle sans doute. Malheureusement le fait de n’avoir rien de nouveau sur Arashi ne permettait pas d’avancer. Ça aurait été le moyen le plus simple d’éveiller son intérêt, comme un appât à l’entrée d’une grotte pour en faire sortir l’ours. Et avec les années elle avait appris à se défaire de mon emprise quand je voulais la forcer à quelque chose qu’elle ne voulait pas à faire … de toute façon à part son imbécile de mari il n’y avait rien d’autre qui l’intéressait. Cet enfoiré qui m’a volé ma sœur, s’il n’était pas déjà mort je lui aurais fait sa fête.

« Hmmm j'ai peut-être quelque chose qui pourrait t'intéresser plus que de simples missions d'escortes. » Enchaina l’Hokage en pointant du regard un des piles de rouleau sur son bureau.

Une mission à proximité de la petite bourgade de Kokutsumi, où une bande de bandits se serait mit à attaquer les campagnes et fermes alentours. Pourquoi pas, bien que ce ne soit pas la porte à côté. Le plus positif était, comme il le soulignait, l’occasion de conjuguer à merveille le don de Kaede et le mien.

« Très bonne suggestion Chef. Je m’en vais de ce pas lui proposer cela, en espérant que, même si cela ne concerne si son abruti de mari ni la prison elle daine sortir de chez elle. » Dis-je en terminant par un salut militaire. Cependant avant de tourner les talons je préférai rajouter un mot. « Hum, si ça ne vous embête pas, je préférais que cette histoire avec Kaede reste sous silence. Il s’agit de ma sœur même si nous n’avons pas le même sang. Si elle est amenée à faire une connerie un jour, comme par exemple déserter pour rejoindre ce qu’il reste d’Arashi, ce sera de ma responsabilité. Ni vous, ni le village, ni le clan, ni même nos parents ne devraient en être inculpé … »

Le regard fixant le Hyuga sans vraiment le voir, j’imaginais plutôt se produire la situation la plus catastrophique, Kaede et moi face à face. Si ça doit arriver un jour, cela voudra dire que j’aurais échouée.

« Merci pour votre temps, désolée pour le dérangement et mes excuses à la mégère devant votre porte. » Terminai-je enfin pour pivoter et sortir, retournant au quartier du clan.