Bien qu'il ne s'agissait pas de sa première mission, le genin appréhendait toujours lorsqu'il recevait les missives du Bureau des missions du village caché des Sables. Akihiko n'était pas encore un shinobi aguerri, tentant toujours de faire son mieux. Il avait des axe de progressions, des objectifs à atteindre, le premier étant d'être capable de protéger sa cadette coûte que coûte.

S'habillant chaudement (malgré la température extérieure) pour ne pas attraper une insolation, le shinobi attacha ses cheveux en un chignon bouffi. Il était prêt, il regarda la photo de sa soeur et lui avant de s'en aller pour cette mission qui s'annonçait... peu passionnante finalement.

Il devait se rendre au Canyon d'Ocres, l'entrée du village. Apparemment, il y aurait des chutes de sables, du moins une érosion du sable et il fallait trouver des solutions. Le Blasphémateur ne comprenait pas pourquoi il fallait envoyer des shinobis pour cette mission, que pouvait-il faire de toute manière de plus que ceux travaillant dans ce domaine ?

Il s'y dirigea malgré tout, écoutant les propos du chef de chantier, Tateya Malucelu. Pas un grand adorateur des shinobis, il se demandait également ce que pouvait apporter de plus deux genins.

— Sugawara Akihiko, de même. Et bien... Je n'arrive toujours pas à comprendre notre présence ici.

Clairement, ce n'était pas le genre de mission qui emballait le jeune genin. Il préférait de loin ce qui lui permettait de progresser, et actuellement ce n'était pas du tout le cas.

— Je doute posséder les capacités nécessaires pour régler ce problème, quoique... Je maîtrise le Doton, et toi ?

Akihiko évitait de parler de ses capacités de Nécromancien, peu le savait et il ne voulait pas l'ébruiter encore. Pas tant qu'il soit faible. Le Doton pouvait éventuellement marcher, si le Kinoko possédait les capacités adéquates également.

— Je peux modeler des poutres grâce à ça... Je ne sais pas.

Il fallait de toute manière trouver des solution bien rapidement.

Chikkou se demanda un instant comment il pourrait bien expliquer « ce qu’il pouvait faire ». Il faisait des champignons, c’était vrai, mais ça ne s’arrêtait pas là. En réalité, il pouvait produire des champignons, des spores, du mycélium – qui avait le don de dégoûter certaines jeunes âmes trop sensibles… Il pouvait faire pas mal de choses, à vrai dire, mais comment les assembler à du Dôton ?
Se souvenant soudain qu’il n’était pas seul, décida de partager ses interrogations avec Akihiko.

« Bah, j’suis un Kinoko. Du coup j’fais des champignons. »

Joignant l’acte à la parole – et parce qu’il a, sans pour autant en être orgueilleux, toujours adoré les champignons – il tendit la paume de sa main droite vers le ciel et malaxa son chakra. Quatre ou cinq petits champignons s’y formèrent.

« Voilà. Je fais ça moi. »

Notre Kinoko ne sut s’empêcher d’arborer son sempiternel sourire.

« Ah tiens, c’sont des pleurotes aujourd’hui. »

Il prit un instant pour les contempler non sans passion, avant de réfléchir à l’idée des poutres. C’était pas mal.

« Les poutres pourraient servir à limiter la casse pendant un moment, mais j’ai peur que ça ne soit que retarder l’échéance… Et je ne doute pas que notre Shodaïme revienne vers nous d’ici quelques mois parce qu’elles se sont écroulées elles aussi.
 » M’enfin, on peut déjà commencé par ça. De mon côté, j’peux utiliser du mycélium - le liquide blanc des champignons - pour consolider ça, temporairement. »

Il leur fallait trouver des solutions définitives, Chikkou en avait conscience. Mais pour cela, il fallait trouver la source du mal qui rongeait le Grand canyon.

« Peut-être qu’on peut commencer par voir avec les autres sunajins ce qu’ils ont fait pour l’instant ? S’ils ont fait quelque chose, bien entendu… C’qui est sûr, c’est que ça m’arrangerait qu’on revoit pas Malucelu avant d’avoir une solution. »

Il décida de laisser l’initiative à Akihiko. Soit ils tentaient leurs premières idée, soit ils allaient voir les autres ninjas, de sorte à ne pas réitérer des actions inutiles…
Peut-être aussi que la solution ne se trouvait pas dans les conséquences, mais dans les causes du mal…
M’enfin ça, Chikkou n’en avait pas encore eu l’intuition.

Ah. Le Sugawara ne connaissait pas les clans du monde, les spécificités de tous, mais il essayait d'en apprendre plus dans le monde qui l'entourait en plus de ses connaissances sur la Nécromancie qui ne demandait qu'à s'accroître. Utiliser des champignons... Honnêtement, le sunajin avait bien du mal à se faire l'idée des différentes possibilités qu'offrait ce genre de capacités en combat réel. Mis à part faire des concoctions de soins ou donner des hallucinations selon le champignon utilisé.

Mais, le genin qui l'accompagnait lui démontrait ce qu'il pouvait faire, tendant alors sa paume. Quelques champignons apparurent alors sur sa paume, c'était intéressant tout de même. Evidemment, le Blasphémateur se demandait ce qu'il pouvait y avoir d'autres.

— Et... C'est tout ?

Le Sugawara voulait en effet savoir d'autres choses sur cette capacités. Que pouvait-il réellement faire ? Il y avait forcément un pouvoir caché là-dedans assez immense.

Le nécromancien proposa ses idées, sans toutefois émettre qu'il pouvait invoquer des morts, il lui avoua contrôler le Doton. Une affinité dure qui pouvait s'avérer être un atout dans leur mission. Ainsi, Akihiko avait dans l'idée de créer des poutres de terre afin de maintenir le sable et cesser temporairement l'érosion.

— Mycélium? Je ne connais pas cette matière...

Une sorte de sécrétion des champignons, il ne connaissait pas cela, mais nul doute que Chikkou allait lui éclairer sa lanterne sur ce sujet là.

— Oui, allons-y.

Avant d'entreprendre quoique ce soit, les deux genins se rendirent vers un petit local où certains travailleurs leur avaient indiqué que quelques shinobis de Suna s'était arrêté ici. Pénétrant dans le local, Le Borgne constata alors la présence de seulement un trio de shinobis. Pas plus vieux qu'eux, des genins probablement sortant tout juste de l'académie.

— Bonjour, nous sommes les deux shinobis envoyés pour régler le problème de l'érosion... Je suis Akihiko, voici Chikkou. Pouvez-vous nous dire ce que vous avez commencé à faire ?
— Je suis Takao, voici Poko et Masashi... Nous n'avons encore rien tenté malheureusement, aucun de nous trois avons les capacités pour régler le soucis d'où notre demande d'envoyer deux autres shinobis.

Akihiko regarda le trio... Aucun ne semblait avoir les capacités nécessaires, mais quelques idées lui parvinrent alors.

— Quelles sont vos capacités ?
— Pour ma part, je suis un Hizori, je maîtrise le Sable et le Vent. Mes autres comparses sont un Itsuru, et un manipulateur du Sang.

Etaient-ils idiots ? Le Sugawara commençait à avoir quelques idées qui germait dans sa tête, tournant son oeil unique sur le Kinoko.

— Entre mon Doton, ton Mycélium et avec leurs capacités, il y a moyen de faire quelque chose pour que les poutres de Doton soit plus efficaces.

La réaction d’Akihiko fit sourire Chikkou. Non, ça n’était pas tout. Il ne faisait pas que des champignons, en fait…
Il profita du trajet vers le local pour lui en dire un peu plus.

« J’fais des champignons de plusieurs natures – normaux et empoisonnés pour l’instant – mais je peux aussi contrôler leurs spores et le mycélium, qui est une matière avec un fort potentiel adhésif… Je suis surtout dans la sensorialité normalement, pas très utile dans notre cas… »

Pas très utile ? Vraiment ?
Une porte s’ouvrit dans l’esprit que notre Kinoko : il pourrait peut-être sonder le grand canyon ! En temps normal, un effritement de paroi était dû à des infiltrations d’eau… Peut-être cette dernière se stockait-elle dans des poches qui s’étaient créées dans les profondeurs de la roche et du sable ? Il y avait quelque chose à faire, il en était persuadé.

Il écouta les compétences de leurs trois nouveaux camarades… Inutiles ? Comment ça inutiles ? Le sang pouvait servir de liant pour solidifier du béton, le sable... LE SABLE AU MILIEU DU DESERT ! Comment pouvaient-ils penser que leurs kekkai ne seraient d'aucune utilités dans cette situation ? N'avait-il pas cherché à réfléchir ? Ils étaient pourtant là depuis plusieurs jours...
Notre Kinoko remarqua un genre d’agacement sur le visage d’Akihiko et, une fois que ce dernier eut fini, il prit la parole.

« Je pense que tu as raison. Le sable pourrait nous permettre de faire des genres de trous pour ancrer les poutres plus profondément. Le sang et mycélium permettraient de maintenir l’ensemble et de consolider l’édifice… »

Il réfléchit un peu plus.

« Je pense néanmoins que nous devrions faire quelque chose avant. L’un d’entre vous est-il de type sensoriel ? »

Le Hizori leva la main. Bien évidemment qu’il était un sensoriel… Ils étaient les meilleurs dans ce domaine en plein milieu du désert.

« Bien… J’ai eu l’occasion de voir pas mal d’effondrements quand je vivais encore à Yama no kuni et, la plupart du temps, ils sont dus à des infiltrations d’eaux. Il faudrait donc qu’on sonde les bords du canyons et, si on trouve des poches, qu’on trouve un moyen de les vider.
— Bah pourquoi ? »

Chikkou regarda l’Itsuru, battit des paupières à plusieurs reprises, légèrement désespéré, avant de sourire.

« Pour éviter qu’elles grossissent et finissent par détruire notre travail.
— Ah. »

Notre Kinoko laissa quelques instants de réflexions aux trois autres avant de se tourner vers Akihiko :

« Le plan te convient-il ? »

Il lui sourit de nouveau. C’était le moment d’établir le plan au maximum, de sorte que chacun puisse ensuite se concentrer sur ce qu’il aurait à faire.

Finalement, il en apprenait un peu plus sur la maîtrise des champignons, il y avait de quoi faire et finalement, ses capacités étaient bien plus intéressantes pour le village que sa nécromancie. Que pouvait-il faire ? Rien d'intéressant à part réanimer des carcasses d'humains ou d'animaux et ici... Cette capacité ne servait strictement à rien, à moins d'invoquer plusieurs morts pour servir des piliers et renommer l'entrée au village caché : Antre des Morts. Ça sonnait plutôt pas mal, mais ce n'était probablement pas là l'image que souhaiter donner le Kazekage à son village.

Akihiko, arrivé au local où se trouver le trio, fut rapidement exaspéré par les propos tenus par celui qui prit la parole, l'Hizori. Pas très intelligent, alors qu'il trouvait déjà pas mal d'idées pour consolider les parois. Le Kinoko était d'ailleurs sur la même longueur d'onde que lui.

— Exactement, c'est fou que vous n'ayez pas pu penser à cela.

Il fallait trouver un plan pour pouvoir utiliser l'Itsuru, mais malgré son oeil bionique, il n'avait là rien de spécial. Et... Pour plus tard, le Sugawara pensait à se rendre là-bas afin d'en avoir un pour son oeil rouge et invalide. D'ailleurs... Chikkou ne lui en avait pas parlé, contrairement à d'autres.

Il devrait faire comme sa cadette, cacher son oeil. Mais, ça ne le dérangeait pas plus que cela.

— C'est parfait, je te laisse t'occuper de ça ? Je vais de ce pas préparer les poutres et demander aux bâtisseurs de les renforcer.

Le sunajin quitta son compère pour se rendre dans un endroit plus grand, il usa de ses jutsus et capacités pour former alors plusieurs poutres de terre. Les bâtisseurs se rameutèrent à ses côtés et commencèrent à travailler dessus. Eau + sable formèrent du béton, durcissant les poutres de Doton.

Akihiko mit également la main à la patte pour que tout soit prêt le plus rapidement possible pendant que Chikkou organisait de son côté la partie du plan.

Chikkou opina du chef : oui, il pouvait lui laisser cette partie-là.
Il embarqua avec lui l’Itsuru et ils se dirigèrent vers l’autre côté du canyon. Il avait une idée pour celui-ci, mais il lui faudrait quelques informations supplémentaires.

« Dis-moi, il sert à quoi ton œil bionique, exactement ?
— Bah, il me permet de mieux voir et d’analyser plus efficacement les jutsus et les structures, en gros.
— Bien. »

Chikkou réfléchit aux compétences de l'Itsuru... Peut-être pourrait-il déterminer les emplacement les plus judicieux pour les poutres, de sorte à ce qu'ils ne soient pas obligés d'en installer mille... Il garda ces réflexions pour le moment où il retrouverait Akihiko, qui semblait-être le plus amène à la réflexion.
Une fois sur place, notre champignon national malaxa son chakra et commença une série de mudra, puis il cracha d’invisibles spores directement vers le sol.

« Tu fais quoi ?
— Attends une seconde. »

Vingt secondes passèrent, vingt longues secondes qui firent croire à Chikkou qu’il avait eu tort, qu’il n’y avait pas d’eau dans la roche.
Il était sur le point de rejoindre Akihiko lorsque l’Itsuru s’exclama :

« Hey, c’est quoi ça ? »

De petits champignons bleutés avaient poussé juste sous ses pieds.

« AH ! J’EN ÉTAIS SÛR !
— Hein ?
— Ce que tu vois là, ce sont des champignons un peu spéciaux qui ne poussent normalement qu’à la frontière de Kawa et Kaze. Ils absorbent l’eau des poches souterraines et se remplissent avant d’exploser. Beaucoup d’animaux les consomment pour avoir leur apport journalier d’eau, vu qu’ils sont comestibles. Ils peuvent pousser absolument n’importe où, si tant est qu’il est de l’eau en dessous d’eux et… »

L’air perdu de l’Itsuru calma rapidement Chikkou. Ça ne l’intéressait visiblement pas.

« Ça s’appelle des champignons-bambous et les poches se trouvent dessous d’eux.
— Ah. »

Chikkou se gratta les cheveux avant de rejoindre Akihiko et les autres, dont Malucelu faisait partie. L’Hizori était également revenu. Il y avait des infiltrations d’eau de son côté.

« Du nôtre aussi !
— Et donc ?
— On va la drainer. Vu que personne ne pratique le suiton, on devrait laisser les champignons-bambous faire leur office. Ça prendra du temps, mais si vous les récoltez tous les jours, il n’y aura plus d’eau d’ici une semaine. »

Malucelu opina du chef : ramasser des champignons, il savait faire.

« Vous en êtes où de ton côté, Akihiko ? »

Le genin avait donc eu pour idée de créer des poutres liés à son affinités où les bâtisseurs pourraient travailler dessus pour rendre ces-derniers plus difficiles à briser. Il y avait de quoi faire pour aujourd'hui, pour le coup. Créant bien d'une vingtaine de ces poutres, le sunajin avait senti son chakra le quitter bien trop rapidement.

Il était rare pour lui d'user d'autant de chakra en une seule fois que les migraines lui parvinrent bien rapidement, sa réserve de chakra n'était pas énorme, elle ne demandait qu'à progresser finalement. Ainsi, le Blasphémateur, après avoir un peu aidé les bâtisseurs, se posa un instant pour reprendre son souffle et récupérer un peu d'énergie.

Mais, il l'espérait du plus profond de son coeur, le plan pouvait éventuellement marcher si le Kinoko avait raison sur certains points. Après pas mal de temps passé à façonner les poutres, Akihiko se rendit au point névralgique du chantier où se trouvait Chikkou et ses trois acolytes ainsi que le chef de chantier, Malucelu.

Leur plan était une parfaite réussite.

— Les poutres peuvent être mis en place, tout semble parfait maintenant. J'ai pu en créer une vingtaine, plus et j'aurai été à court de chakra et hors service pour le reste.

Le genin regarda alors l'entrée qu'était le Canyon d'Ocres. Il fallait les placer astucieusement, aucune ne devait être inutile.

— Par contre, il faut savoir où les placer, ça, c'est une autre paire de manche.

Tournant son seul oeil valide sur Chikkou, il soupira.

— Comment faire ?

Selon lui, aucun autres n'étaient capables d'avoir une telle aptitude, sans même savoir que l'Itsuru avait un oeil bionique capable de lire les structures. Le Sugawara préférait ne pas mettre les poutres n'importe comment, le travail réalisé sur cette journée se serait avéré plus qu'inutile sinon...

Ça sentait la fin de la mission, et cela faisait plaisir à Chikkou. La coordination d’équipe était un fait intéressant, qu’il devrait probablement maîtriser pour devenir chunin… Mais l’appliquer au BTP ne produisait pas en lui l’immense joie qu’elle devait créer chez Malucelu.

Les poutres étaient toutes prêtes, une vingtaine empilées sur le côté droit du canyon, de sorte à ne pas l’encombrer inutilement.
Notre Kinoko, au ton de son coéquipier, comprit vite que lui non plus n’éprouvait pas le plus grand des plaisirs à remplir sa fonction de shinobi ici… M’enfin, les garçons avaient-ils cru qu’ils allaient déjà sauver le village ? Pour l’une de leurs premières missions ?
Chikkou sourit à son camarade et hocha la tête, de sorte qu’il comprenne qu’il avait un plan. Il se tourna alors vers l’Itsuru.

« Tu peux gérer cette partie-là ? Il faudrait déterminer les meilleurs points d’appui pour les différentes poutres.
— C’est bon. » Dit-il à notre Kinoko, avant de se tourner vers leurs autres collègues. « Venez avec moi vous deux, vous allez marquer les endroits que je vous désigne.
— Et faites attention aux points de rupture hein ! »

L’Itsuru soupira. La compagnie de Malucelu avait l’air de lui taper sur le système. Il tapota la pommette sous son œil bionique pour toute réponse.
Les trois partirent et Chikkou en profita pour revenir à un sujet plus intéressant selon lui.

« Dis-moi, Akihiko… Ton œil… »

Il inspira, chercha ses mots un instant et, comme on pouvait s’y attendre de la part de notre champignon, se laissa embarquer par les questions en tous genres… Sacré Chikkou.

« C’est de naissance ? Non, peu probable… Un dojutsu propre à ton clan ? Un fuinjutsu qui te permet de libérer je ne sais quelle technique de contrôle de l’adversaire ? … A moins que ce ne soit qu’esthétique… »

La voix de Chikkou était descendue d’une octave pour cette dernière phrase, comme si la simple idée d’un rouge « esthétique » l’avait déçu. Et ça l’aurait déçu, car notre Chikkou n’était pas grand adepte de ce genre de modes où l’on changeait artificiellement la couleur de l’un de ses yeux, ou encore de sa chevelure.
C’est surtout qu’il n’en avait jamais compris l’utilité.

Les trois autres shinobis étaient revenus le temps qu’Akihiko lui réponde.

« On a marqué les points et Takao » l’Hizori « a créé des points d’ancrage.
— Super ! Merci les gars. »

Les trois hochèrent la tête pour toute réponse.

« Et maintenant ?
— Eh bien, Malucelu, vous allez prévenir vos ouvriers qu’il est temps de se remettre au travail. »

Il grogna avant de s’éloigner. Pourquoi ce sale gosse lui donnait-il des ordres ?
Chikkou souriait en observant Malucelu s’éloigner. Civils et shinobis finiraient par vivre en osmose, mais il faudrait encore un peu de temps pour que cela soit possible.
Il prit un instant de réflexion avant de récapituler la suite des opérations :

« Bon… Poko, tu resteras en retrait à l’affût du moindre problème à l’aide de ton œil, on aimerait pas que le Canyon s’écroule à cause de nous – quoique peut-être vaudrait-il mieux mourir dans un éboulement qu’aux mains de la kazekage.
— OK.
— Takao, tu utiliseras ton sable pour soulager la charge des travailleurs. On veut pas qu’ils se blessent. De plus, ce serait cool si tu pouvais utiliser ton sable pour faciliter le glissement des poutres dans les ancrages.
— OK.
— Masashi, toi et moi on se placera de chaque côté des poutres pour enduire les creux de sang ou de mycélium, de sorte à rendre l’ensemble adhésif au maximum. Le but est que les poutres « fusionnent » avec le canyon le plus vite possible.
— Reçu. »

Ils pouvaient s’en sortir tous les quatre, mais la menace de la kazekage pesait encore dans l’esprit de notre champignon. Il s’adressa donc à leur dernier coéquipier.

« Akihiko, il te reste un peu de chakra ? Il faudra peut-être resserrer les points d’ancrage ou les approfondir. Pas grand-chose, mais je pense que ton dôton pourrait nous être plus qu’utiles. »

Oui, cela lui semblait viable. Par chance, cette mission requerrait d’utiliser sa tête et son chakra, les domaines où Chikkou était le meilleur… Porter les poutres aurait été une autre paire de manches pour lui.
Malucelu revint avec l’ensemble des ouvriers et Chikkou lui expliqua les grandes lignes du plan.

« Si tout le monde est bon, on peut s’y mettre. Plus vite on commencera, plus vite on aura fini ! »

Et il voulait en finir, rédiger son rapport et le ramener au palais de la kazekage.

Jusqu'à maintenant, le Blasphémateur n'avait jamais fait équipe avec quiconque mais présentement, il appréciait pouvoir déléguer certaines activités et participer à un effort des membres du village. Enfin, la mission prenait doucement fin, bien qu'il ne manquait à régler encore quelques détails et finitions.

Le genin tourna sa tête vers les trois autres shinobis des Sables, s'en allant pointer là où il fallait positionner les poutres créer par Akihiko, et renforcer au maximum par les bâtisseurs. Finalement, son oeil valide se posa sur le Kinoko, qui d'ailleurs venait lui poser une question à propos de son oeil rouge. Il l'attendait, la question était posée.

— Je ne fais parti d'aucun clans connus, je suis ici seulement avec ma soeur. Et... Non, je suis juste aveugle de cet oeil à la suite d'un accident quelques années plus tôt.

Il restait vague intentionnellement, n'ayant pas envie de dévoiler la raison du pourquoi du comment. Lui dire qu'il contrôlait l'art des sceaux et pouvait réanimer n'importe qui ou quoi.. C'était encore impossible, le Sugawara ne voulait pas subir les propos et jugements hâtifs de ses compatriotes.

La conversation personnelle prit fin, Akihiko n'aimait guère se dévoiler davantage autant sur sa vie que sur ses capacités et ambitions. Plutôt asocial, il était déjà énorme que Akihiko parle autant...

Le trio sunajin, présent sur cette mission bien avant eux, avait réussi à installer les points d'ancrage, il ne manquait plus qu'à positionner correctement les poutres. Chikkou avait rapidement pris les rennes de l'équipe, chose que le Blasphémateur décida de le lui laisser. Il n'était pas un leader, loin de là.

— Allons-y, je peux tenir le coup.

Décida-t-il, bien qu'il n'était pas sûr de réellement pouvoir, il allait puiser dans ses derniers retranchements. Se dirigeant vers les premiers points, le Sunajin malaxa son chakra afin de positionner et renforcer les points d'ancrages. Il y avait du boulot, mais le Genin espérait pouvoir finir avant la tombée de la nuit.

Chikkou avait gardé en tête l’information donnée par Akihiko. Elle ne lui convenait pas. Elle semblait… Incomplète ? Oui, c’était le terme.
N’importe qui aurait rapidement décrit l’accident. Une technique ayant mal tournée, une décoction ayant explosé… Ce n’importe quoi aurait su calmer Chikkou, même temporairement.
Pourtant, face au flou mis en place par son adversaire, notre Kinoko avait décidé de ne pas poursuivre. La question restait entière. Un frère et une sœur, aveugles tous deux d’un œil – avec des stigmates différents, en plus – c’était louche. Bien trop louche.
Il avait également choisi de ne pas poursuivre, car une petite voix dans sa tête – et pas la mienne, au cas où vous vous le demanderiez – lui susurrait qu’il finirait par savoir. Qu’il aurait l’occasion de chercher par lui même avant de leur demander, à l’une, à l’autre, ou peut-être même aux deux.

Ils commencèrent donc les manœuvres.
Chikkou et Masashi se positionnèrent chacun sur l’une des parois, face à face, tandis que les ouvriers, armés de poulies, de treuils et d’un assemblage complexe de cordes hissaient les poutres à la force de leurs bras. L’Itsuru avait été clair : il fallait commencer par les poutres du haut avant de positionner les plus basses.
Cela limiterait les risques de rupture et, surtout, ce serait mieux pour les travailleurs. Malucelu avait abondé en ce sens.

Notre champignon composa une série de mudras et dit « Genteiteki eki » avant de cracher du mycélium dans le premier ancrage.

« Vous pouvez y aller ! »

Les ouvriers commencèrent à tirer sur les cordes, bien heureux que le sable de l’Hizori les soulage d’une partie du poids, puis stabilise la poutre bien plus efficacement qu’ils auraient pu le faire sans lui.

« C’est bon de ton côté Masashi ?
— Ouaip.
— OK, pas besoin de toi pour ce coup-ci, Akihiko. On passe à la suivante ! »

Ils en positionnèrent huit de plus, toujours selon la même manœuvre. Il fallut le concours d’Akihiko à trois reprises. Notre champignon demanda une pause après la neuvième poutre.

« Et pourquoi ? Vous êtes fatigué ?
— Eh bien… J’ai une bonne réserve de chakra, malgré mon grade. Mais là n’est pas la question. Masashi utilise son propre sang, bien que dilué, et je pense que Takao soulage vos ouvriers plus que de raison.
— Et donc ?
— Posez en plus par vous-mêmes si vous le désirez. Nous, on prend une pause. »

Les ouvriers étaient encore bien en forme, alors que Takao suait à grosses gouttes. Notre champignon se dirigea vers lui et les autres shinobis.

« La pause est nécessaire, on en a tous conscience. Une petite demi-heure ne nous ferait pas de mal. Quoiqu’il advienne, Takao, tu vas devoir calmer le rythme.
— Mais je peux…
— Non. »

La voix de Chikkou avait tranché, plus qu’il ne le voulait réellement.

« Ne va pas nous faire un malaise alors qu’ils ne se donnent pas à trente pour cent. »

Le champignon sourit au sableux avant de se tourner vers Akihiko.
La journée serait bientôt finie.

Peu bavard et surtout peu enclin à discuter sur sa vie personnelle, le Sugawara avait décidé de répondre à la question de son compère de mission tout en restant vague le plus possible. Un jour, il saurait, tout dépendait de l'évolution de leur relation mais également de l'évolution du genin au sein du village.

Tous sauraient un jour ses capacités, il ne pourrait pas le cacher éternellement malheureusement. Enfin, pour revenir à ses moutons, même si très fatigué, il avait décidé de continuer jusqu'à son maximum. Il était essoufflé, mais continuait encore de tout donner pour le bien de cette mission.

Il fallait continuer ainsi, le Sunajin malaxait son chakra pour constituer les points d'ancrages, tout du moins les renforcer de son mieux. Au bout de la neuvième poutre, l'équipe de shinobis put prendre enfin une pause sous l'initiative du Kinoko. Peu enclin aux compliments, le Sugawara s'y résoud à ce moment...

— Merci, Chikkou.

Arrivait-il à dire en soufflant doucement pour reprendre une respiration meilleure. Les ouvriers travaillaient bien moins que les shinobis, qui même si physiquement se dépenser peu, épuisaient toute leur énergie.

— Quelqu'un veut de l'eau ?

Demanda-t-il en leur tenant une gourde, mais apparemment ils avaient tous ce qu'il leur fallait. Du côté du Nécromant, il but plusieurs gorgées, la rendement quasiment vide. Long soupir en regardant le reste du travail, mais après une bonne quinzaine de minutes de pause, ils pouvaient tous reprendre. Akihiko avait repris un peu d'énergie.

— Allez, finissons-en!

Le Sugawara, en compagnie des autres Sunajins, reprit le travail. Il ne manquait plus grand chose, ils pouvaient le faire alors que la journée commençait enfin à se terminer. Les ouvriers mirent réellement la main à la patte pour la suite des choses, cela allait probablement ravir Chikkou.

Quand bien même, Malucelu supervisait seulement.

Un immense sourire – dents sorties et regard niais – illumina le visage de notre champignon après le remerciement de son coéquipier.
Il s’arrêta une poignée de secondes, juste le temps de savourer cet instant.

« Le plaisir est pour moi, l'ami. »

Il l’affecta alors d’un clin d’oeil amical, presque fraternel.
Une idée se planta dans l’esprit de notre. Peut-être devait-il sincèrement entamer son ascension parmi les sunajins. Peut-être avait-il ce qu’il fallait pour devenir chunin et prendre la tête d’un groupe de genins, pour leur apprendre les bases et les pousser vers l’avant.
Oui, il l’avait sûrement, mais comme il venait seulement de planter l’idée, il lui faudrait un peu plus de temps pour germer et fleurir.

Il prenait une grosse lampée d’eau lorsqu’Aki lui proposa de la sienne.

« Pffflon c’est bon. »

Mal coordonné avec lui-même, il avait craché la moitié de sa gorgée vers Malucelu – qui par chance n’avait rien vu.
Takao ne se retint pas de rire, Poko et Masashi non plus.
Notre champignon tout empourpré passa une main gênée dans ses cheveux et soupira. Il était peut-être encore trop tôt. Bah ! Il avait bien le temps.

« Allez les gars, ce canyon va pas s’consolider tout seul » ajouta-t-il après l’intervention d’Akihiko, avant de se tourner vers Takao « Et toi…
— T’inquiètes pas l’champignon, j’ai compris.
— Bien, sinon j’vais me mettre en colère ! »

Chikkou fronça exagérément les sourcils avant de retourner à sa position.
La lenteur avec laquelle les ouvriers hissaient les poutres – qui étaient pourtant désormais à mis distance – confirma que Takao y allait plus doucement.
Une poutre, deux. Chikkou sentait son chakra s’amenuiser. Trois. Ca le ferait. Quatre, cinq. Il avait encore de la réserve, juste assez. Six, sept. Juste assez pour finir ? Huit. Quelles étaient donc ces petits papillons qui voletaient dans son regard ? Neuf. Aller Chikkou ! Plus que deux, et des basses en plus. Dix… Inspirer profondément, aller. Juste une dernière.
Onze et perdre conscience.

Lorsqu’il rouvrit les yeux, les autres shinobis étaient penchés sur lui. Takao avait un sourire désabusé qui disait combien il pensait que Chikkou était con.

« J’en ai trop fait ? »

Takao haussa un sourcil avant de répondre :

« T’es un crétin l’champignon.
— C’est pas nouveau après… »

Akihiko n'avait pas le potentiel pour devenir leader comme l'avait présentement le Kinoko qui l'accompagnait. Non, il n'était qu'un stratège, celui qui avait les idées bonnes à mettre en place mais il n'avait aucun leadership. Puis, ça ne l'intéressait clairement pas. Il n'avait pas envie de prendre en charge une équipe, de devoir apprendre des choses à d'autres... Puis, ses capacités se limitaient grandement aux sceaux. Même au Doton, le Nécromancien se retrouvait rapidement limité.

Le travail pouvait désormais reprendre, évidemment Akihiko se reposait en partie. Il n'était pas question de tomber d'épuisement et son chakra se concentrait pour en user qu'une minime partie. Le chantier prit évidemment plus de temps qu'à l'habitude de tout à l'heure, mais tous commençait à s'épuiser autant les ouvriers que les shinobis.

Le Kinoko fut le premier à tomber. Il était exténué. Le genin s'approcha de lui, il n'était pas mort juste tomber inconscient. Tous étaient près de lui.

— Un peu, ouais.

En tout cas, le projet était enfin terminé maintenant. La mission avait été un succès... Parfait.

— En tout ças, nous en avons terminé. Les ouvriers font pouvoir renforcer en bétonnant le tout, sans notre aide.

Akihiko était plutôt content de pouvoir en finir avec cette mission, qui finalement l'avait épuisé plus que nécessaire. Pour une fois, il n'avait pas eu besoin d'utiliser ses techniques de sceaux, notamment de Nécromancie. Son secret restait bel et bien gardé.

Le Sugawara aida le sunajin à se relever.

— Tu t'occupes du rapport de mission ?

Lui demanda-t-il. Non pas qu'il était fainéant, c'était surtout qu'il n'avait clairement pas envie de le faire. Il ne s'agissait là que d'une mission peu intéressante, alors écrire un rapport pour dire que le tout avait bien été consolidé ne l'intéressait pas tout simplement.

Chikkou attrapa au mieux la main que lui tendit Akihiko et s’aida largement de ce dernier pour se relever. Il ne sentait pas mal, mais il ne se sentait pas bien pour autant.

« Merci poto ! »

Il sourit à son compère avant de se tourner vers Malucelu.

« N’oubliez pas non plus de récolter les bambous champignons tous les matins, ça servirait à rien sinon. » Il marqua une pause, il n’en avait planté que d’un côté. « Et ce soir, avant de partir, prenez en deux ou trois du côté où il y en a et mettez dans le sable de l’autre côté. Ils feront le reste, pas d’inquiétude. »

Cela serait largement suffisant. Il s’agissait d’une espèce qui poussait facilement, êut-être même trop si on la comparait à d’autres.
Notre kinoko souffla un grand coup avant de prendre sa gourde pour y boire plusieurs grandes gorgées. Il pencha son œil sur Akihiko lorsque celui-ci lui demanda pour le rapport.

« Ouaip, aucun soucis. Je vais y aller tout de suite d’ailleurs, histoire de me prendre un truc à manger sur le retour ! »

Il tapota ses habits pour en faire tomber le sable avant de serrer la main des trois autres et de Malucelu. Il retourna vers Akihiko. Il lui tendit également sa main.

« Ecoute, ça a été un plaisir. » Il lui sourit avec une franche sincérité, du genre qui ne laissait aucune place au doute. « J’espère qu’on sera amené à retravailler ensemble ! »

Il s’en alla tout de suite après.
Il fit néanmoins un crochet avant d’aller au palais de la kazekage. Sa destination ? Une petite librairie, qui faisait aussi office de bibliothèques et d’archives. Il se dirigea directement vers la guichetière, de sorte à entrer dans le vif du sujet.
Ils échangèrent des banalités. Elle lui fit remarquer qu’il avait l’air fatigué, il évoqua sa journée, etc. Sans réel intérêt du coup.
Elle lui demanda finalement ce qu’il voulait.

« J’aimerai savoir si vous avez des informations quelconques sur un clan – ou peut-être juste un nom de famille : Sugawara. S-U-G-A-W-A-R-A. Oui, avec beaucoup de A. "Rise" et "Akihiko" - je vous les épelle ? Non ? Tant mieux - sont les prénoms de ceux que je connais… Ah ! Et aussi sur des jutsus pouvant provoquer la cécité, décoloration, obturation de l’oeil.
— C’est très précis !
— Je suis très curieux. »

Elle lui dit de revenir une semaine plus tard, il promit de ne pas oublier.