Les lumières se reflètent partout et l’air était chaud. Une indicible euphorie règne sur l’esprit de notre Kinoko préféré.
Une serveuse passe à côté de lui. Elle ne lui pose même pas la question : à sa manière de parler, de rire, elle sait qu’il voulait un verre de plus. Ils veulent tous un verre de plus.

« Et donc, là, le marchand se lève. »

Kinoko se lève, un pied sur le banc où il était assis l’instant d’avant, son ombrelle tendue vers le plafond.

« Il m’a regardé presque méchamment et me dit… « Chikkou ! Si t’es pas foutu de faire pousser des champignons empoisonnés, à quoi ça sert qu’on te paye ? » … »

Il explose de rire, les trois inconnus à sa table également. Eux ? Il ne les connaît pas vraiment, simples camarades de beuverie, inconnus tombés sur lui pour épancher sa peine et sa fatigue. Il laisse son ombrelle derrière lui, sa fameuse – du moins pour lui et les marchands avec qui il a vécu – ombrelle carmin et se dirige vers les toilettes.

« Gardez un œil dessus, ce s’rait con qu’on m’la vole ! »

Sacré Chikkou… Il leur sourit de toutes ses dents, manque de s’étaler sur la table d’à côté. Il rit de plus belle, s’en va en titubant vers les toilettes.
Heureusement qu’il est tombé sur eux quand même ! Après cette journée plus que pourrie, ça lui fait du bien de boire un peu. Chikkou n’a jamais été du genre à avoir la boisson facile, mais, croyez-moi, quand il s’y met, il rigole plus.

« Rhaaaaa »

Haha je vous épargne les noms d’oiseaux lorsqu’il inonde légèrement ses chaussures. J’aime voir Chikkou dans cet état, il me rappelle les pseudos leçons de morales que lui faisait sa mère quand elle rentrait d’une sortie nocturne, ces espèces de « Tu sais petit spore, mélange pas. Ou alors grade vers le haut. Seulement vers le haut ! »

Sa mère lui manque, un peu. Bah ! Il aura oublié le sentiment dans un verre.
Il sort des toilettes et, vous vous en doutez, ils ne sont plus là. L’ombrelle non plus. Il s’arrête, manque de se prendre le retour de la porte des toilettes.

« Mademoiselle ? »

La serveuse arrive, n’ose pas trop le regarder. Est-il tant un déchet que ça ? Non, quand même pas… Ça n’est pas ça.

« Oui ?
— Ils sont où ?
— Qui ça ?
— Les trois avec qui je buvais.
— Qui ça ?
— Trois les buvais je avec ? »

Elle fait mine de ne rien savoir, s’en va. Les clients esquivent le regard de Chikkou.
Il sort de la taverne.

« Monsieur, vous n’avez pas payé !
— Je reviendrai, j’suis un shinobi. Cette ombrelle m’est précieuse ! »

Il commence alors à questionner les patients. On-t-ils vu passer trois hommes plutôt baraqués, l’un d’entre eux un torse-nu avec un tatouage dans le dos ? Ils avaient une ombrelle rouge avec eux.
On ne lui répond pas, soit parce qu’il est ivre, soit parce qu’il est étranger. Le bandeau de Suna, qu’il porte au bras gauche, n’aide pas à convaincre les badeaux de sa bonne foi…

« Pourquoi… »

Il était sur le point d’abandonner. Tant pis. Il ne pourrait plus jamais regarder le marchand dans les yeux.