Conformément avec son entrevue avec Itoe, Yuri prenait bien soin de se faire accompagner lors des longues randonnées qu’elle effectuait en dehors de Kumo. Elle sortit donc le le matin, peu après le lever du Soleil pour se rendre dans la forêt au sud-est du village Pour y effectuer une mission. Cela était plutôt rare de la part de la genin d'accepter des ordres de missions, y trouvant peu de façon de stimuler son intellect. Cependant, cette fois-ci, il y avait bel et bien un mystère qui entouraient la forêt septentrionale car plusieurs animaux y avaient trouvé la mort sans que l'on puisse arriver à en connaître la cause. D'après les récentes nouvelles, l'on suggérait que ces animaux avaient été empoisonnés par une substance inconnue.

Pour l’occasion, Yuri avait pris soin de se couvrir pour éviter d’attraper froid. Il était assez évident que l'on affilie à cette mission mais pour des raisons de sécurité, la jeune genin allait se déplacer en binôme avec une autre de ses homologues. Quelqu'un du Kenkyûsha? Yuri n'en était pas vraiment sûre mais elle faisait suffisamment confiance à Itoe pour la mettre de paire avec une personne compétente qui ne la gênerait pas dans son travail. Dans un soucis de coordination, la jeune femme avait décidé d'attendre sa compatriote aux portes du village afin qu'elles puissent le quitter en même temps. Aussi, cela s'avérerait plus pratique si la dite personne pouvait dégager le chemin dès lors qu'ils devraient emprunter des chemins trop sinueux ou emplis d'obstacles naturels. Enfin, cela pourrait être également une bonne alternative pour faire fuir certains prédateurs trop téméraires.

« Il ne reste plus qu'à attendre maintenant… »

En attendant son binôme, la jeune femme passa en revue les objectifs de mission. Il fallait donc pouvoir récupérer l'éventuelle substance à l'origine de toutes ces morts mystérieuses afin qu'elle fasse l'objet d'une analyse approfondie. Peut-être pourrait-elle y trouver une quelconque vertu thérapeutique? Comme toujours dans les sujets qui traitait de la Science, beaucoup d'idées se bousculaient dans la tête de la jeune femme. Cependant, l'objectif principal restait encore de lever le voile sur ce qui se passait dans cette forêt. Enfin quelque chose qui méritait que Yuri aille y jeter un coup d'oeil par elle-même. Il restait encore à voir ce que la jeune femme allait bien y découvrir...

@MIYAZAWA YURI

Yuri observa tranquillement la personne qui s’approchait d’elle. Elle portait un accoutrement aussi atypique que la jeune scientifique et était accompagnée d’un petit volatile tout à fait charmant. Il s’agissait là sans doute d’un animal domestique, ce qui arrangeait bien la mission au final puisque Yuri jugea que sa partenaire devait être un fervente défenseuse de la cause animale. Elle commença par se présenter pour ensuite lui laisser faire de même.

« Enchantée Sayuri. Je m’appelle Yuri Miyazawa et oui on dirait qu’on nous a assigné à cette mission aujourd’hui. J’imagine que tu as lu le rapport de mission ? En tout cas, nous devons enquêter sur la mort d’animaux qui semblent survenir de manière inexpliquée. Certains parlent d’une toxine, peut-être sécrétée par une plante. Cela ne semble pas très compliqué à première vue et la forêt est relativement calme en général. »

Vu le nombre d’animaux qui étaient morts, les deux femmes devaient cependant être très prudentes dans leur exploration et essayer de ne pas empiéter sur le territoire de certains animaux devenus probablement plus craintifs ou plus agressifs après cette tragédie. Il fallait donc agir méthodiquement et ne pas trop s’y attarder afin de s’exposer le moins possible aux risques de rencontres malencontreuses. Se tournant vers sa binôme, elle essaya d’en apprendre un peu plus sur les qualifications de cette dernière.

« Tu as déjà fait effectué des missions dans la forêt ? Il n’y a pas grand-chose à dire sur cette dernière si ce n’est qu’elle offre des écosystèmes variés permettant une large biodiversité. Peut-être que le déséquilibre entre ces derniers a provoqué la prolifération de certaines espèces écotoxiques et que les animaux n’ont pas pu s’y adapter ? »

Yuri s’était déjà élancée dans ses explication savantes. Il fallait dire que lorsque le sujet l’intéressait, il était assez difficile de l’en détacher. Sans doute aurait-elle pu faire cette mission toute seule mais Yuri trouvait qu’il était bien d’être accompagnée afin que ses connaissances puissent s’étendre au plus grand nombre. Et puis, c’était plus facile de trouver la solution aux problèmes à plusieurs même si parfois on se demandait bien si Yuri ne réfléchissait pas pour dix…

« Quoi qu’il en soit, termina-t-elle, on peut y aller dès que tu seras prête ou peut-être as-tu encore des questions ? Ou des suggestions à proposer ? »

@MIYAZAWA YURI

La réponse de Sayuri quant à sa connaissance de la forêt éveilla un sentiment de satisfaction chez la scientifique. Au moins, elle n’aurait pas à la guider à travers de cette dernière et elles pourront se consacrer pleinement à la mission. Sa partenaire semblait adhérer à son hypothèse et c’est d’un commun accord qu’ils se dirigèrent vers la forêt. Afin de faciliter les recherches, Sayuri envoya son volatile en reconnaissance. C’était une très bonne initiative pour prendre de la hauteur et rapidement survoler les lieux pendant qu’elles resteraient à terre pour chercher d’éventuelles indices qui complèteraient le survol aérien.

En attendant qu’Eiji trouve une piste, la Miyazawa observait les alentours, guettant des griffures ou des sillons creusés dans la terre afin de déterminer si elles entraient dans un éventuel territoire d’animaux sauvages. Ainsi lorsque Yuri voyaient ces indications, elle prenait le soin de les contourner. Sa partenaire semblait d’ailleurs tenir ses sens en alerte, guettant la présence éventuelle d’une personne dans les environs. L’interrogation de sa partenaire fit légèrement sourire Yuri qui salua l’honnêteté de Sayuri quant à sa connaissance des plantes.

« Oui ne t’inquiète pas. Je travaille au Kagakûsha, l’unité scientifique du village. Je vais pas dire que les plantes c’est mon domaine de prédilection mais disons que je me débrouille plutôt bien. Pour être honnête, je suis plutôt contente d’être accompagnée. Si tu peux assurer mes arrières et éviter que les animaux me dérange, je peux m’arranger pour qu’on puisse trouver rapidement la cause du problème. »

Un bruit lointain l’interrompit dans leur dialogue mais ce n’était rien d’autre que l’animal de compagnie de sa partenaire qui s’empressa de lui notifier qu’ils étaient peut-être sur une piste. Avançant à travers les branchages, les deux femmes aboutirent sur une petite clairière dans laquelle était étalé un petit faisan inerte. Ce dernier semblait être mort mais son corps ne s’était pas encore rigidifié, ce qui donnait plus ou moins une information sur l’heure de son décès.

Professionnelle, Yuri s’approcha de l’animal, enfila des gants et commença doucement à manipuler ses pattes pour vérifier son hypothèse. Il n’y avait pas de traces de sang ou du lutte apparente et le faisan semblait s’être éteindre tout naturellement.

« Pauvre bête…elle s’est sans doute éteinte lentement… »

Elle tourna son regard vers sa partenaire et l’invita à approcher pour attirer son attention sur un point important.

« Je dirais qu’elle est morte depuis 24 heures à peu près. Regarde sa bouche, il semble avoir essayé de régurgiter quelque chose mais sans y être vraiment arrivé. Je pense qu’il a dû avaler quelque chose et a essayé de la recracher d’une quelconque manière. Cependant, la toxine ou quoi que ça peut être était déjà installé dans son organisme et l’animal est sûrement mort d’un empoisonnement. »

Cela dit, même si la cause de la mort semblait plausible, il fallait encore trouver des preuves de ce qu’elle avançait. Aussi, si une plante en était la cause, il fallait encore savoir laquelle. Il y avait sans doute des milliers d’espèces dans cette forêt et Yuri n’avait clairement pas le temps de toutes les passer en revue. Cependant, elle avait encore une hypothèse en tête mais elle souhaitait d’abord voir ce que Sayuri pensait de son diagnostic ou alors d’utiliser ses facultés sensorielles pour lui faire un rapport sur les alentours.

@MIYAZAWA YURI

Yuri écouta attentivement les hypothèses de sa compatriote. En soi, elle avait raison. La plante en question avait quelque chose de suffisamment attrayant pour que les animaux puissent s’attarder là-dessus. En général, les animaux finissaient par s’adapter à ce genre de plantes sans souci mais cette fois-ci le problème avait l’air d’une autre envergure.

« Je suis d’accord, continuons à cherche si on ne trouve pas d’autres cadavres animaux. Effectivement, nous devrions les animaux morts pour éviter de faire d’autres victimes. Cependant, cela risque de nous prendre pas mal de temps donc je ne sais pas trop comment on pourrait procéder pour y arriver. D’autant plus que si nous en trouvons d’autres, on risquerait de passer plus de temps à les enterrer plutôt qu’à trouver une solution au problème. Je pense que le plus important serait de trouver d’abord ma cause du problème puis d’éventuellement retourner sur nos pas pour offrir une sépulture décente à tous ces animaux. »

Les deux femmes continuèrent à avancer dans la forêt et découvrirent encore quelques cadavres sur leur sentier. Divers animaux étaient concernés et aucun ne semblait s’en être échappé. Plusieurs minutes de marche plus tard, les deux femmes arrivèrent sur une autre clairière de laquelle on pouvait entendre l’écoulement d’un petit ruisseau. Au pied de celui-ci, trônait une dizaine de plantes violacées qui poussaient sur chacune des rives du ruisseau. Leurs racines semblaient profondes et s’enchevêtraient avec celles des arbres alentours. Ces derniers semblaient avoir perdu leurs feuilles bien avant la saison comme si ces drôles de plantes en absorbaient les nutriments.

Prudemment, Yuri s’approcha du ruisseau et s’accroupit vers les plantes dont les pétales laissaient découvrir de jolis petits fruits d’un rouge bien vif. Certains avaient été grignotés tandis que d’autres y étaient toujours attachés. Un long filament se dégageait de ses plantes et servait comme une sorte de relais entre cette dernière et l’hôte qu’elle parasitait. Tout semblait clair maintenant mais Yuri préféra avancer pour voir si elle ne rencontrait pas d’autres structures semblables, ce qu’elle confirma en inspectant plusieurs régions de la forêt, essentiellement celles qui contenaient un point d’eau.

« Voilà notre coupable. C’est une plante invasive qui se développe au détriment des autres plantes qu’elle infecte. Je pense qu’elle répand ses graines dans l’environnement qui ; après avoir été transporté par l’air, s’installent dans d’autres endroits de la forêt. Le problème majeur de ces espèces est qu’elles peuvent se régénérer à partir d’un rhizome. A notre échelle, je pense que tout ce qu’on peut faire c’est de détruire un maximum de ces dernières en veillant à l’arracher complètement du sol.

Ensuite, il faudra que tu utilises ta chouette pour qu’on puise cartographier les lieux de manière à retrouver ces lieux plus facilement. Il faudra y revenir régulièrement et détruire toute pousse qui tendrait à sortir du sol. Sur le moyen terme, cela créera un appauvrissement des graines de cette espèce dans le sol et à son éradication complète de la forêt. J’essaierai d’en parler à Itoe la prochaine fois que je la verrais. »

Cela semblait très méthodique mais dans les faits mais Yuri ne voyait pas vraiment d’autres moyens de procéder à moins que sa partenaire ait une meilleure idée à soumettre auquel cas, la jeune brune était toute ouïe.

Yuri avait peut-être surestimer leurs capacités logistiques. Evidemment qu’il était compliqué de cartographier les lieux sans demander un surplus de logistique. Cela dit, la jeune brune ne pensait pas qu’une mission de ce genre mériterait que l’on déploie de grands moyens même si le problème était bien réel. L’alternative de Sayuri était toutefois intéressante et l’utilisation de cartes préexistantes leur permettrait sûrement de solutionner une partie du problème.

« Faisons ça alors, je me chargerais de transmettre les instructions au bureau des missions quand nous aurons fait notre rapport. »

Pour ce qui était des fleurs, il était difficile de dire si elles pourraient être utiles au village sans des analyses approfondies. Ces dernières semblaient être des espèces invasives qui se nourrissaient au détriment d’autres plantes. Si ils voulaient en récolter des échantillons, Yuri préférait que cela soit fait plus tard pour une raison bien particulière.

« Tu as peut-être raison quant à une éventuelle application mais je préfère pas que l’on fasse cela maintenant. En fait, même si on les arrache toutes, certaines d’entre elles auront déjà posé leurs graines pour la prochaine génération et il faudra revenir régulièrement les déraciner jusqu’à ce que le sol soit appauvri. Toutefois, ces plantes mettent un certain temps à arriver à maturation donc je pense qu’il vaudrait mieux les récolter avant qu’elles ne développent leurs facteurs de toxicité. De cette manière, nous nous risquerons moins à une intoxication lors des transports et nous pourrons également suivre leur cycle de vie en laboratoire depuis la graine jusqu’à la fleur adulte. »

L’autre suggestion proposée par Sayuri n’était évidemment pas envisageable pour plusieurs raisons. Les fumées résultant d’un feu rendrait l’air saturé en gaz carboniques et contribuerait à la dégradation de la santé de davantage d’animaux surtout si ces opérations devaient être répétées. De plus, déclencher un feu près des rivières était compliqué à moins d’user de techniques particulières mais quand bien même, les flammes pourraient se répandre de manière incontrôlée et consumer bien plus de végétation qu’ils le souhaiteraient voire de déclencher un immense brasier.

« C’est une mauvaise idée de les brûler, on ne ferait qu’aggraver la situation. Non, je pense qu’à notre échelle, on peut juste se contenter d’en enlever un maximum et de transmettre l’information aux équipes de recherche comme tu l’as proposé. »

La petite mission de jardinage continuait pour les deux femmes qui avaient bientôt finis de désherber tout le parterre des plantes envahissantes. Afin de faciliter leur tâche et afin de répondre à la question de sa partenaire, Yuri mis à sa disposition un sac dans lequel elles pouvaient entreposer tous les déchets de ces plantes. La jeune femme avait déjà une idée derrière la tête en ce qui concerne leur utilisation mais elle attendit le désherbage complet avant d’exposer son idée. C’était une tâche longue et ardue et il leur fallut beaucoup de temps pour arriver à voir le bout de cette corvée quasi-interminable.

« Je pense que je vais ramener des échantillons au laboratoire et utiliser le reste pour faire du compost. Avec la décomposition, les toxines devraient disparaitre avec la température et on pourra les réutiliser pour faire de la fertilisation, en tant qu’engrais par exemple comme ça, pas de gaspillage. »

Un sourire aux lèvres puis Yuri attacha le sac solidement avant de le transporter sur son dos. Il restait encore la question des animaux morts à traiter et il est vrai que c’était plutôt délicat de laisser autant de cadavres à la vue de tout le monde. D’autant plus que certains charognards pourraient en profiter pour se servir et risquer de s’empoisonner mais là encore, Yuri avait peut-être une solution.

« Décidément, tu tiens vraiment à allumer ton feu, n’est-ce pas ? »

C’était une boutade sans moquerie aucune mais ce n’était pas vraiment une mauvaise idée pour autant. Cela dit, elles ignoraient combien d’animaux étaient morts et trainer leurs carcasses en dehors de la ville serait beaucoup trop chronophage et partir sur cette idée ne ferait que rallonger la mission.

« C’est triste à dire mais ces animaux sont déjà morts alors les toxines qui se trouvent dans leur corps ont probablement déjà perdu de leur létalité. Une fois enterrés, ils se feront décomposer par des micro-organismes et le poison que leur corps contient sera également dégradé. Je pense qu’on aura mieux fait de faire un tour de forêt et d’enterrer ces pauvres bêtes plutôt que de trainer leurs carcasses sur des mètres. »

Une fois cette tâche accomplie, Yuri passerait le relais au Kagakusha afin de clore le dossier. Si elle y trouvait des applications particulières en ce qui concerne la plante, la jeune kumojin pourrait l’ajouter au rapport, ce qui signifiait qu’elle devait retarder son dépôt de quelques jours.

« En tout cas, malgré cette tragédie, je suis contente de savoir que ce n’est pas l’œuvre de brigands ou de braconniers. C’est triste mais ce sont les lois de la nature et personne ne peut y échapper. On peut seulement s’en prémunir pour éviter que cela se reproduise. En tout cas, c’était sympa de pouvoir travailler avec toi et à l’avenir, si tu souhaites t’allier à moi, tu pourras demander Miyazawa Yuri au bureau du Kagakusha. »