La progression était timide, mais la Watari commençait gentiment à prendre ses marques au village. De plus en plus de visages devenaient familiers et les rencontres ne cessaient d’arriver. Bien malgré elle cela dit. Car même si elle commençait à être entourée, elle ne restait pas particulièrement convaincue de leur influence. Peu à peu, l’image idéalisée du ninja respectable et admirable s’était brisée en mille morceaux. Tous ici, lui semblaient incroyablement excentriques. Si bien, qu’elle peinait réellement à s’intégrer et comprendre le mode de pensée.  Ceci étant, cela ne l’empêchait pas d’avancer. Au contraire, toujours aussi têtue et déterminée, Mihoko restait fidèle à elle-même et focaliser sur sa progression en tant que kunoichi. L’Itsuru qui lui servait alors de formateur en paya le prix. Combien de fois avait-elle dû brailler à ses oreilles son désir de progression jusqu’à ce que finalement il lui transmette un nom : Haru.

Haru. C’est tout ce qu’elle savait de l’homme avec qui elle avait rendez-vous au terrain d’entraînement. Satisfaite, le jour J, Mihoko prit soin de se préparer correctement : tenue de combat, sac à dos pour avoir de quoi se désaltérer et les armes basiques de sa profession. Fin prête, elle se rendit sans trop de mal sur le lieu de rendez-vous. Mais forcée de constater que son professeur n’y était point, elle fit rapidement demi-tour. Elle n’était guère surprise. L’Itsuru l’avait prévenu de cette possibilité et lui avait même écrit une adresse où le trouver.

Bout de papier entre les mains, la petite commença donc à errer dans les ruelles de Suna à la recherche de l’adresse indiquée. Plus le temps avançait, plus le quartier lui paraissait inconnu et même méconnaissable. Elle sortait clairement de sa zone de confort en s’aventurant en ces lieux, mais il en fallait bien plus pour la démoraliser. Ainsi donc, elle finit par arriver à destination. Plantée devant la bâtisse, ses yeux relurent soigneusement la note de son Senseï  avant de relever son regard. L’endroit était glauque. Du moins, il l’était pour une fille de son âge. Mais le pire était très certainement qu’elle ne se retrouvait non pas devant une habitation, mais un bar tout aussi douteux.

Mihoko sentait déjà les regards sur elle. Plusieurs adultes s’étaient même arrêtés pour murmurer à son sujet. Comment avait-elle pu faire confiance au vieux boiteux qui lui servait de professeur ? Elle était totalement désabusée par la situation. Mais alors qu’un adulte s’approchait d’elle pour lui demander si elle était perdue, elle lui fournit un vent monumental en entrant presque sans crainte dans le bâtiment.

À peine s’était-elle retrouvée à l’intérieur que toute l’attention de la pièce s’était dirigé sur elle. La fillette le comprenait très bien. Il était difficile de ne pas sortir du lot dans pareil environnement. Toutefois, son visage n’exprimait ni nervosité ni hésitation. Il était totalement impassible, fermé. Encore stationnée à l’entrée du bar, elle relut à nouveau la notice entre ses doigts avant de s’avancer de quelque pas.

« Haru. Je cherche un certain Haru. »

Autant être directe dans ses intentions, maintenant qu’elle avait tous les regards sur elle. D’ailleurs, aucune réponse directe ne fut nécessaire pour qu’elle comprenne où elle devait se rendre. Toutes les têtes ou presque s’étaient tournées instinctivement vers sa cible au fond de la salle. Ignorant donc les regards curieux, aussi bien que les questions indiscrète, elle avança d’un pas assurer jusqu’à ce dernier. Dos tourné à elle, elle s’approcha jusqu’à venir pratiquement à ses côtés.

« Haru-san ? Itsuru Akuhei-sensei m’a dit de vous retrouver ici. »

Il ne paraissait ni courtois, ni même sympathique. Pour autant, son apparence était déjà bien plus présentable que l’Itsuru. Il était plus jeune aussi. Si bien que Mihoko se demanda alors quelle était leur relation. Mais en y réfléchissant, ils partageaient bel et bien un point commun. En effet, à l’image de son senseï qui n’avait alors pas été averti de son nouveau rôle, l’homme face à elle était tout aussi surpris de la voir ici. Pourtant, elle n’était pas folle et il avait été convenu qu’ils se voient ce jour-là. Néanmoins, la petite resta silencieuse. Ses yeux se baladèrent sur chaque personne présente autour de la table, avant de descendre sur le jeu de cartes.

Soudain, le dénommé Haru se redressa de sa chaise déclarant son départ. La Watari releva son visage sur lui et le suivit sagement en dehors de l’établissement. Elle ne le montrait pas, mais c’était tout de même un soulagement pour elle que de sortir de là. Droite et impassible, elle écouta son nouveau professeur faire sa première erreur.

« Mihoko. Watari Mihoko. »

Corrigea-t-elle sans attendre avant de le regarder d’un air surpris. Beaucoup aurait pensé qu’elle était choquée par la vulgarité de son aîné. Mais après quelques clignements de paupières, un discret, mais fin et ô combien rare sourire se dessina sur le visage de la petite.

« Avec plaisir. »

Fit-elle d’un air presque enjoué. Il faut dire que le brun avait réussi à l’amuser. Si bien qu’elle pouvait déjà s’imaginer l’apprécier. Elle pourrait même lui pardonner son absence de tout à l’heure, surtout qu’elle était ravie de le voir finalement accepter de l’entraîner. Sans plus attendre, le binôme s’en alla sur le terrain d’entraînement. Une fois sur place, la petite commença ses explications.

« Je suis novice et possède donc encore beaucoup de lacunes. Néanmoins, la plus grande doit sans doute être ma force physique. Je souhaite donc y remédier. »

La petite ne montrait aucune gêne ni aucune honte. Elle avait pleinement conscience de ses capacités et ne faisait donc qu’énoncer les faits. Elle se tenait droite, la tête haute et le regard droit dans celui de son formateur.

« De sorte que si je venais à être attaqué au corps-à-corps, je puisse me défendre, mais aussi et surtout rendre les coups. »

Michoko. La petite tiqua à nouveau, mais au lieu de reprendre ce dernier, elle releva la tête en sa direction pour lui lancer un long et lourd regard qui valait bien des mots. Apparemment, il n’était pas prêt à souhaiter prononcer correctement son nom. Elle comptait bien le corriger autant que nécessaire, mais pour l’heure, elle préférait se concentrer sur la raison même de sa présence ici. Elle voulait s’améliorer et notamment en taijutsu et pour cela elle avait visiblement besoin de lui.

Elle l’accompagna donc à un terrain sportif, l’écoutant parler puis expliquer les exercices quotidiens qu’il avait lui-même suivi. Loin de se décourager pour autant, la petite se mit à y réfléchir sérieusement. Indexe sur ses lèvres et sourcils froncés, elle se demanda si elle était capable d’un tel exploit. Était-ce seulement envisageable pour elle d’en arriver là ? Après, elle avait conscience qu’elle devait maintenir sa forme physique, mais cela lui paraissait vaguement exagéré. Surtout qu’elle n’avait pas l’ambition non plus de devenir spécialiste du combat rapproché.

Sans plus attendre, la Watari se prépara à l’échauffement. Comme elle l’avait déclaré, il était assez évident qu’elle manquait un peu d’endurance et de pratique bien qu’elle restait une kunoichi. Suivre Haru n’était donc clairement pas à sa portée pour l’heure, toutefois cela ne l’empêcha pas de s’échauffer convenablement. Et lorsqu’elle fut enfin face à lui, Mihoko sembla hésiter un instant.

D’ordinaire, jamais elle n’irait ainsi au combat rapproché. Cela n’était pas dans sa nature, mais elle avait conscience qu’elle devait y remédier. Enfin, elle ne se savait pas à la hauteur du niveau de son adversaire, ses sens lui criaient donc de ne pas foncer vers lui. Mais pas le choix.

Déjà un peu fatiguée par l’échauffement, elle ferma un instant ses paupières, histoire de calmer sa respiration puis se décida à commencer l’entraînement. Allant alors à l’encontre de son adversaire du jour, elle tenta tant bien que mal d’observer ses mouvements, puis de lui donner un coup de pied dans les jambes afin de le déstabiliser, de là, ses poings suivraient au niveau de son torse ou de sa tête. Enfin, c’était son intention, maintenant à voir ce qu’en disait son jeune senseï forcé.

Neuf chances sur dix, mh ? Elle n’en était pas franchement convaincue vu la façon et le lieu où elle l’avait retrouvée, mais soit. Peut-être tenterait-elle sa chance une ou deux fois. En tout cas, elle était déterminée à vaincre ses lacunes et donc tout à fait motivée à suivre un programme lui permettant d’aller dans ce sens.

Elle était d’ailleurs agréablement surprise. Son aîné était étrangement plus patient et pédagogue que prévu. Évidemment, il avait ses manières, mais cela n’empêcha pas la gamine à écouter avec attention ses remarques et tenter autant que possible à améliorer sa forme grâce à lui. Après, elle avait conscience aussi que la forme ne suffisait pas. Il fallait user de son chakra dans ses membres pour rendre ses attaques et ses défenses efficaces. Restait maintenant à savoir et comprendre comment elle pouvait procéder. Surtout qu’elle ne possédait de loin pas les mêmes capacités que son mentor actuel.

Mais heureusement, celui-ci pensa à la même chose et lui amena alors un nouvel élément. Mihoko écarquilla donc les yeux. Un frère Watari ? Vraiment ? Elle le jaugea alors longuement. En d’autres circonstances, elle aurait certainement sauté sur l’occasion pour en savoir plus. Bien plus. Elle avait après tout toujours rêvé de rencontrer d’autres membres de son clan. Néanmoins, la coïncidence était trop grande pour qu’elle n’envisage pas son identité.

« Waichiro ? »

Fit-elle alors un peu curieuse. Évidemment, elle l’avait déjà rencontré. En vérité, elle n’avait pas attendu longtemps pour aller sonner à sa porte une fois que son senseï l’avait mentionné. Il lui avait d’ailleurs apprit deux trois petites choses. Mais du coup, elle fit une nouvelle réalisation. Si elle se souvenait bien, il était le demi-frère d’Akuhei… et donc visiblement le demi-frère d’Haru qui devait donc également être relié d’une manière ou d’une autre à….

« Vous ne vous ressemblez pas. »

Fit-elle alors soudainement et presque en conclusion à toute cette histoire. Clairement, c’était une étrange famille. Elle était d’ailleurs bien plus perturbée qu’elle ne le laissait paraître, mais préféra se reconcentrer sur l’entraînement. Son regard se posa alors sur bras et ses jambes. La célérité ? Donner plus d’impact ? La petite releva alors son indexe sur ses lèvres, signe d’une profonde réflexion avant de fermer ses yeux et inspirer profondément.

Elle devait donc manipuler l’espace autour d’elle. User de son chakra dans ses membres pour réduire ou augmenter la densité autour d’elle. Cela lui prit bien plusieurs minutes de concentration et d’inspiration avant qu’elle ne sente des fourmillements autour de sa jambe droite. Dès lors, elle décida de l’utiliser pour assener un coup puissant sur le mannequin face à elle.

Bien que la technique fût encore à ses débuts, il était clair qu’elle avait réussi à donner plus de puissance à son coup. Un sourire s’afficha alors naturellement sur son visage, surprise et enjouée face à cette nouvelle découverte.