Vous connaissez l'histoire qui commence par : quelle belle journée, le soleil brille, les oiseaux chantent... Bah celle-ci de journée n'y ressemblait absolument pas ! Avec l'arrivée de l'été la météo avait viré à l'orage du côté de Kumo et je crois bien que l'expression « temps de chien » n'avait été inventée qu'uniquement pour décrire ce qui était en train de se passer et cela s'annonçait ennuyant au possible : des trombes d'eaux qui dégoulinaient du ciel, des flaques d'eau et toujours plus de flaques d'eau. C'était fou comment seulement trois gouttes peuvent vous foutre à ce point le bourdon. Privée de ma balade aérienne matinale du village et de ses alentours je ne savais pas vraiment comment occuper ma journée... Pour couronner le tout on m'avait bien confié comme mission d'emmener des vieux, non pardon, d'honorables membres de notre communauté aujourd'hui sur le déclin, en balade ; sauf que compte tenu des conditions météorologiques la promenade devra être remise à plus tard... Aussi, j'étais prête à rester dans mon lit toute la journée jusqu'à ce que le soleil ne revienne.

Décidant finalement, dans le début de l'après-midi, grâce à un élan de motivation, de commencer quelque chose de productif, je décidais d'aller découvrir le centre névralgique de la connaissance du village : l'Aiguille de Kumo.

L'Aiguille devait son nom à sa localisation, un grand complexe scientifique située sur l'un des plus fins et des plus hauts du massif montagneux local. Il abritait ainsi l'essentiel du savoir du village et regroupait l'élite savantes de la nation. On y comptait notamment un centre médical hospitalier ainsi qu'un ensemble de divers pôles scientifiques se focalisant sur la recherche et la compilation du savoir kumojin. N'ayant jusqu'alors jamais eu l'occasion depuis mon arrivée d'arpenter les couloirs de cet édifice, je me disais que quitte à mettre à profit ces jours de pluies, se rendre à l'Aiguille ne pouvait être que source de découverte et d'apprentissage pour la curieuse que j'étais. Aujourd'hui n'importe quelle activité me conviendrais tant qu'elle se déroulerait en intérieur. Réunissant tout mon courage je pris mon envol vers ce fameux pic visible à des kilomètres à la ronde.

Après un atterrissage glissant et une petite course pour entrer au plus vite dans le complexe, j'arrivais donc trempée de la tête au pied et légèrement essoufflée du trajet que je m'étais efforcée d'accélérer le plus que possible. Rien que la construction de cet édifice était impressionnante, situé ainsi à flanc de falaise et s'enfonçant dans la roche, on ne pouvait savoir jusqu'où il s'étendait. Je commençais par déambuler dans les couloirs qui n'étaient pas strictement réservés au personnel habilité. Pourtant, même sans avoir accès à cela le lieu me paraissait immense. J'allais finir par me perdre dans ce dédale de couloir abritant bibliothèque sur bibliothèque avec des thématiques toujours plus poussée les unes que les autres. À quoi pouvait bien correspondre l'étude de la métaphysico-théologo-cosmolo-nigologie ? Cet endroit, ce temple du savoir, était tout simplement merveilleux et je n'avais qu'une seule envie c'était de commencer à arpenter tous ces ouvrages, mais par où et par quoi commencer ?

Je pouvais tout d'abord m'intéresser à des choses qui dans un premier temps me seraient utile, la manipulation du chakra ou le ninjutsu par exemple, il devait bien y avoir des bouquins sur ces thématiques quelque part ici, mais les trouver allait être une autre paire de manche. Apercevant alors de dos une jeune femme brune arborant un magnifique tatouage, penchée sur un énorme livre qu'elle était en train d'annoter, je me dirigeais lui demander si elle pouvait m'aider dans mes recherches. Ne voulant pas la déranger dans ses réflexions je commençais par m'excuser :

Bonjour toi, désolé de te déranger, mon nom est Ayako et c'est la première fois que je viens ici. Je suis un peu perdue ou du moins je ne sais pas trop où chercher c'est tellement grand. Pourrais-tu m'aider et me dire où sont les ouvrages sur l'utilisation et la manipulation du chakra ?

En attendant de s’installer durablement dans le Kenkyûsha, Yuri passait la plupart de ses journées à se documenter et à engranger des informations susceptibles de l’aider dans ses prochains projets. La jeune femme s’était donc tout naturellement rendue à l’Aiguille afin d’y consulter les archives et les nombreux livres qu’elle contenait. Plusieurs livres étaient disposés sur sa table, tous aussi volumineux les uns que les autres. Parallèlement, Yuri prenait des notes dont certaines étaient composés de schémas complexes et de graphiques assez élaborés représentant des aspects divers des sciences médicales. Yuri était sans doute la personne qui passait le plus de temps en ces lieux et profitait de ses moments de calme pour mener ses recherches sans qu’elle puisse se faire importuner.

Cependant le silence fut rapidement brisé lorsqu’elle entendit une personne franchir le pas de la porte. Ne prêtant pas attention à cette perturbation de prime abord, Yuri fut bien obligée de se retourner lorsque la personne lui adressa sa parole. La jeune femme retira ses lunettes de lecture avant d’accorder son attention à l’inconnue.

Visiblement, son interlocutrice n’avait pas l’habitude de fréquenter l’Aiguille et hormis le fait qu’elle soit trempée, la jeune brune exclut le fait qu’il s’agissait là d’un patient égaré. Silencieusement, la jeune femme se pencha pour fouiller dans son sac et en sortit un essui qu’elle tendit à la nouvelle venue.

« Commence par te sécher d’abord. Il serait dommage que ta première visite à l’Aiguille se passe dans un lit d’hôpital parce que tu auras contracté une méchante grippe n’est-ce pas ? »

Elle ponctua sa phrase d’un sourire qui représentait toute la chaleur que Yuri adressait habituellement aux gens. Yuri lui laissa tout le loisir de se sécher avant de se pencher sur l’interrogation de la jeune femme. La jeune genin se leva et l’invita à la suivre tandis qu’elle arpentait les étagères.

« En fait, c’est assez simple. Il suffit simplement de regarder les indications en début de rayons. Les ouvrages sont classés en fonction de leur discipline mais si tu veux un livre très précis et que tu en connais le titre par exemple, il suffit de regarder son numéro de référence. Une liste se trouve à l’accueil et il n’y a alors plus qu’à chercher dans le bon rayon. »

Yuri continua donc jusqu’à s’arrêter à une étagère particulière.

« Ta question est assez vaste et il existe de nombreux ouvrages qui traitent de la manipulation de chakra. Cela va à des livres très généralistes qui en expliquent les rudiments comme la malaxation jusqu’à des livres très spécialisés. Quoi qu’il en soit, je pense que tu trouveras ton bonheur ici. »

Yuri ne savait pas encore où situer le champ de connaissances de son interlocutrice mais lorsqu’on s’intéresse à la culture, il fallait bien débuter quelque part. Il n’y avait pas de mauvais choix de livres concrètement alors la jeune femme la laissa tranquillement choisir ce qui lui plaisait.

« Au fait, je m’appelle Yuri. C’est assez rare pour moi de côtoyer quelqu’un à la bibliothèque du coup, cela me fait plaisir de voir que des gens s’intéressent encore aux bouquins. »

A mi-chemin entre la boutade et un constat, Yuri conserva tout de même son sourire. Itoe lui avait recommandé de faire connaissance avec davantage de personne alors la jeune genin s’efforçait pour passer outre sa nature d’introvertie pour essayer de tisser des liens avec des gens ayant des intérêts similaires.

Quelle gentillesse. Quelle bonté. La jeune femme que je venais de déranger ne paraissait pas tant importunée, elle m'avait même prêté une serviette pour que je puisse m'essuyer. Il est vrai que je ne devais pas être sous mon meilleur jour ainsi, toute mouillée jusqu'au bout des plumes. En m'épongeant je la suivis dans ce dédale qui commençait à prendre sens pour moi. Cette organisation thématique se révélait être somme toute assez logique, mais pour une nouvelle venue n'ayant connu que la vingtaine d'ouvrages détenus par ma famille, simplement empilés dans le coin d'une pièce, se sentir perdue était tout aussi logique. On ne parlait pas vraiment de la même échelle. Pourtant, au bout d'un rapide tour j'avais mémorisé les points clefs et les étagères qui m'intéressaient. Mes joues vinrent à rougir devant sa remarque : il était en effet débile de penser résumer quelque chose d'aussi complexe et vaste que la manipulation du chakra dans un seul recueil. Ce que j'entendais par là c'était comment s'en servir à bon escient, comment, plutôt que de faire le mal en formant une énergie destructrice, pouvait-on canaliser cette puissante énergie en quelque chose de bien, de positif ? En laissant ma main parcourir le dos des livres, un en particulier attira mon attention, son titre : « les deux pendants de l'utilisation du chakra » semblait justement évoquer cette bipolarité sans être trop complexe et visiblement conçu pour les genins. Mes lectures allaient donc commencer par celui-ci.

Merci pour la visite guidée et pour la serviette, la remerciais-je en lui rendant son sourire. Je vais regarder celui-là dans un premier temps ça sera un bon point de départ.

Puis, en nous redirigeant vers la table où la jeune femme s'était installée, elle se présenta. Yuri. Et bien chère Yuri, tu m'avais ma foi, rendu un grand service en me présentant cette bibliothèque, plus que ce que tu ne pouvais imaginer. Cet endroit semblait magique d'une certaine manière, en peu de temps il m'avait conquise et j'avouais n'avoir qu'une seule envie désormais : découvrir et lire le plus grand nombre de ces livres. Ce sentiment très particulier de calme et de paix intérieure que provoquait les salles d'études était presque relaxant.

C'est vrai que je n'ai pas l'habitude de ce genre d'endroits, repris-je à voix basse en feuilletant tranquillement mon bouquin, nous n'avions pas énormément de livres à la maison, néanmoins le peu que nous possédions je les avais tous déjà lu en long en large et en travers. Évidemment que certains s'y intéressent encore, je suis ravie d'être tombé sur toi, Yuri ! Tu viens littéralement d'illuminer ma journée, tu n'as pas idée à quel point...

Ainsi, je me replongeais dans cet ouvrage traitant des différentes formes de jutsu et la manière dont ils pouvaient être utilisés. Plus un manuscrit porté sur des réflexions philosophiques que sur des explications techniques, il abordait des idées tout-à-fait pertinente. Au fur et à mesure que je feuilletais les différentes pages je me perdis peu à peu dans mes pensées... Un chapitre tout entier traitait de l'iroujutsu, l'art médical ninja, celui de concentrer son chakra dans l'optique de soigner. Ne m'étant jamais vraiment passionnée pour la médecine je ne connaissais que très peu de choses à ce sujet, les bases si comme tout le monde, mais j'avais toujours pensé que son étude était beaucoup trop longues, complexes voir ennuyante et réservée plutôt à des grosses tronches. Le livre de la jeune fille assise juste en face de moi semblait justement parler de médecine, il était jonché de graphiques et de tableaux qui me paraissaient plus obscurs les uns que les autres, ce qui venait encore conforter l'idée que je m'en faisais. Toujours à voix basse je l'interrogeais :

Tu t'y connais un peu en iroujutsu ? J'avoue que mes connaissances sont assez limitées dans ce domaine, je n'ai jamais vraiment pensé à étudier en tant que ninja ce champ de compétences, pourtant ce livre me fait voir les choses différemment. Cela pourrait peut-être me correspondre après tout. Cependant, est-ce que plus ou moins n'importe qui peut devenir ninja médecin ?

Ayako semblait adorable. Yuri la laissa parler tranquillement, hochant la tête à intervalles régulier. Elle se confondit même en remerciements pour ce que la jeune genin considérait comme une simple banalité. Ainsi, son hypothèse s’était avérée juste puisque son interlocutrice n’avait jamais eu l’occasion de s’ouvrir à ce large champ qu’était la médecine et s’était juste contentée des bouquins familiaux avant que sa soif de connaissances ne lui en demande davantage.

« Oui je peux comprendre. Inutile de me remercier voyons, je suis contente de t’avoir aidée Ayako. »

Yuri s’intéressa ensuite à la lecture de son interlocutrice. Un bon livre généraliste qui était idéal pour tous les néophytes dans le domaine. La jeune genin la laissa feuilleter le bouquin sans la déranger attendant ses éventuels retours tandis qu’elle-même se replongeait dans ses propres recherches. A vrai dire, la jeune bourlingueuse n’avait jamais considéré l’iroujutsu dans son ensemble. Elle avait bien connaissances de quelques techniques dont elle avait observé l’utilisation. La jeune brune pourrait très certainement les reproduire mais elle ne s’était jamais vraiment essayée à l’exercice.

En effet, la jeune femme s’intéressait davantage à des aspects théoriques pouvant mener à des applications pratiques de la médecine sans nécessairement avoir recours au chakra bien que les techniques médicales couplées à une utilisation optimale de l’iroujutsu pouvait parfois donner place à des résultats très étonnants. Néanmoins, Yuri ne considérait pas cela comme une priorité absolue et chercher plutôt à promouvoir l’essor de Kumo plutôt qu’à gravir les échelons de la hiérarchie en tant que ninja émérite.

« Je pense qu’on peut devenir n’importe quoi si on s’en donne les moyens et cela vaut aussi pour la médecine. Pour être honnête, il m’est assez difficile de te donner une réponse simple à la question. J’estime que je connais un tas de choses sur l’iroujutsu…chaque tissu, chaque muscle, chaque os du corps humain m’est probablement connu. Du coup, de ce côté-là, je maitrise plus ou moins le sujet. Cependant, si tu me demandais de t’apprendre une technique concrète par exemple, je pense que j’en serais bien incapable. »

Yuri préférait jouer sur la franchise en essayant toutefois de ne pas faire fuir son interlocutrice. Ses sujets étaient parfois bien trop complexes pour intéresser la populace. Non pas qu’elle remettait en cause leur intelligence mais l’on ne comprenait parfois pas pourquoi la jeune brune s’efforçait de suivre une voie aussi incongrue plutôt que de se fixer des objectifs plus banals. Son ordre du jour s’articulait autour de la question de la division cellulaire. La jeune femme essayait de comprendre comment cette dernière s’effectuait et les graphiques qui étaient disposés devant elle rendaient compte du temps de génération cellulaire ou autrement dit, le temps nécessaire à une population donnée de se multiplier.

« Je pourrais évidemment t’apprendre quelques trucs mais je doute que cela te serve vraiment dans ta carrière de ninja si cette voie que tu veux prendre mais je pense que si ta curiosité t’a menée jusqu’ici alors il y a de bonnes chances que tu y arrives en y mettant du tien. Je suis arrivée au village il y a peu et je pense que si tu prends la voie de la médecine, les infrastructures sont telles que tu vas probablement pouvoir t’épanouir ici. »

Un nouveau sourire illuminait le visage de Yuri. Elle n’avait probablement pas grand-chose de vraiment pratique à lui apprendre mais elle était prête à apporter toute l’aide nécessaire à Ayako si cela pouvait l’aider ne serait-ce qu’un tout petit peu.

C'était au final une bonne manière d'occuper ma journée. Je venais tout juste de rencontrer cette charmante petite Yuri et les lieux étaient déserts, certainement parce que personne n'avait osé mettre le bout de son nez dehors ce matin, ce qui conférait à cet endroit une sérénité rare. Pour parachever ce tableau,je pouvais enfin assouvir une curiosité que j'avais certainement trop bridée en arrivant au village ; je m'en rendais compte maintenant. Que rêver de mieux je vous le demande.

La réponse que m'avait donnée cette femme à ma question était par bien des aspects, emplie de sagesse : non seulement on pouvait tous, tout accomplir, à l'unique condition de s'en donner les moyens, mais en plus il fallait faire attention de distinguer la médecine et l'iroujutsu. Après tout il devait bien exister dans le Yuukan, des médecins ne sachant aucunement comment utiliser leur chakra mais qui, grâce à leur savoir et leur intellect, parvenaient à aider les populations. Dans le fond l'important c'est d'aider peu importait la manière. De participer à rendre ce monde meilleur. J'écoutais avec fascination mon interlocutrice sans l'interrompre. Même lorsqu'elle faisait des pauses pour réfléchir je ne souhaitais pour rien au monde briser son monologue très instructif. Elle arrivait, de la même manière que l'ouvrage sur lequel j'étais penchée, à me faire voir les choses sous un autre angle, à changer ma manière de penser et de réfléchir en éveillant cet intellect justement. Jugeant que c'était à mon tour de lui faire part de mes pensées, je lui répondais lentement, en réfléchissant à chacun de mes mots :

Que tu ne puisses pas m'apprendre techniquement le fonctionnement de l'iroujutsu, n'est dans le fond, pas un vrai problème. C'est gentil de proposer de m'aider toutefois. Les connaissances peuvent se transmettre, ces fameuses connaissances en médecine dont tu sembles avoir appris les rouages, fis-je en me mordant l'intérieur de la joue : un toc que j'avais depuis toute petite lorsque je m'arrêtais de parler pour cogiter. Je pense que la manière de réfléchir, elle, peut également être guidée, influencée cependant au regard de l'apprentissage des techniques et de la pratique personne ne peut le faire pour toi.

M'arrêtant alors pour me replonger dans un souvenir que j'avais vécu étant gamine et auquel je n'avais plus repensé depuis bien longtemps. Je repris :

Dans mon clan, on fait comprendre aux enfants lorsqu'ils sont encore très jeunes que pour pouvoir apprendre il fallait s'investir et s'engager. Que personne d'autre qu'eux-mêmes ne pourra les aider ou le faire à leur place... Pour apprendre à me servir de mes ailes, mon père m'avait, étant toute minote, pousser du haut du nid sans que je ne sache voler, m'arrêtant en me remémorant l'effroi ressenti ce jour là, je continuais avec une voix chargée d'émotion. Il m'avait finalement rattrapée à un petit mètre du sol. Une peur bleue, je me souviens. J'avais toutefois compris, que pour apprendre à voler personne ne le pourrait le faire pour moi, c'était à moi de me sortir les doigts et d'y arriver ! Achevais-je dans un sourire. En y repensant, ce souvenir n'était pas si traumatisant, il était dur ça oui, mais m'avais enseigné quelque chose de si précieux : « 'yako, m'avait-il dit en me remontant au nid avec sa voix grave, ce n'est pas moi qui t'apprendrais à voler, ce sera à toi et toi seule d'y arriver».

Eh merde, je venais de légèrement digresser... Je n'évoquais pourtant presque jamais mon passé à la réserve et pourtant je venais de me confier à une inconnue. Mes histoires devaient sans doute ennuyer Yuri, non seulement je m'incrustais à sa table, mais en plus je ne parlais que de moi... Au point où nous en étions : autant faire un peu plus connaissance, même si la discussion avait dévié de la médecine on pourrait très bien y revenir plus tard. Je n'avais pas spécialement d'ami, à proprement parler ici à Kumo ; de plus si je venais à passer plus de temps à l'Aiguille nous nous recroiserons forcément. Me remémorant ce qu'elle m'avait dit je lui demandais en rougissant :

Désolé je ne parle que de moi, tu viens de me dire que tu étais récemment arrivée au village donc tu n'es pas originaire du coin ? Tu as bien du vivre des choses passionnantes avant d'arriver au village caché des nuages non ?

Yuri était en train de sourire. Il était rare que les gens se confient à elle de la sorte mais la jeune genin était toujours très attentive à ce
qu’on voulait bien lui faire écouter. Confronter sa propre expérience à celle des autres était toujours très enrichissant. Ayako soulevait là un point important dans le sens où l’assimilation de connaissances ne pouvait se faire que si la personne en avait réellement envie.

« Je pense bien que tu as raison. Même un très bon professeur ne pourrait transmettre son savoir efficacement si l’élève n’y met pas du sien. Cela dit, je pense que chacun a le droit d’apprendre à son rythme car nous n’avons pas forcément la même capacité à assimiler les choses. Certains prennent des années pour comprendre certains concepts tandis que d’autres y arrivent en quelques mois à peine. »

Evidemment, les méthodes d’apprentissages pouvaient aider grandement à la compréhension des concepts. L’histoire d’Ayako différerait beaucoup avec l’expérience dont Yuri avait bénéficié dans son enfance. Elle comprenait les méthodes d’enseignement du père de son interlocutrice sans toutefois y adhérer. L’apprentissage par la peur n’avait jamais vraiment séduit la jeune femme et elle savait, d’expérience, que beaucoup de gens pouvaient abandonner si on leur présentait un trop gros obstacle dès le début. Néanmoins, si Ayako savait maitriser son don désormais, cela prouvait, au moins en partie, que ces enseignements avaient portés leurs fruits.

« Je vois, l’essentiel c’est que tu y sois arrivée aujourd’hui et à en croire par ton sourire, je dirais que tu n’en retiens pas une si mauvaise expérience après tout ! »

Yuri était vraiment contente de pouvoir prendre une petite pause sur ses recherches et la conversation semblait continuer de manière relativement chaleureuse. Naturellement, cette dernière se concentra sur elle tandis qu’Ayako lui posait des questions sur son passé. Des choses passionnantes ? Pour Yuri, certainement. Mais pour les autres…c’était beaucoup plus mitigé.

« Aussi loin que je m’en souvienne, j’ai toujours voyagé. Beaucoup. Je viens d’une famille de marchands itinérants dont la fortune s’est amassée sur plusieurs générations. J’ai parcouru tout le Yuukan, découvrant des paysages tous aussi surprenants les uns que les autres. Nous ne restions jamais à un endroit très longtemps et nous bougions souvent vers de nouveaux horizons. Le soucis, c’est que cela rendait les liens très compliqués car se rapprocher de personnes qu’on appréciait signifiait souvent que l’on allait peut-être plus jamais les revoir. »

Elle marqua une pause avant de continuer. Cela ne semblait pas avoir affecté la jeune genin et racontait son épopée en souriant.

« Au début, c’était compliqué de devoir bouger à chaque fois et de n’avoir aucun point d’ancrage mais j’ai eu l’opportunité d’apprendre énormément de choses durant mes jeunes années. Le bouquin que tu vois est une sorte d’encyclopédie qui regroupe tout ce que j’ai pu apprendre. On peut dire que ce dernier a grandi en même temps que moi, en quelque sorte. Après tant d’années à errer dans le Yuukan et mon père se faisant vieux, on a décidé de s’installer à Kumo. Je t’avoue que cela fait du bien de souffler un peu et d’avoir un chez soi. Aujourd’hui, je pense pouvoir aider le village et participer à son essor en partageant toutes les connaissances que j’ai pu accumulées durant toutes ces années. »

D'où cet énorme grimoire je comprenais mieux. Une compilation de tout ce qu'une personne avait pu apprendre au cours de sa vie. Cela me paraissait si fastidieux et devait lui avoir demander une incroyable rigueur. Personnellement, je me verrai mal tenir ce genre de recueil entre le journal et l'encyclopédie. J'avais du mal à me rendre compte du nombre d'information que pouvait contenir ces pages. J'assimilais progressivement ce que venait de m'expliquer Yuri sur sa vie avant Kumo. Faire partie d'un convoi de marchand itinérant était effectivement, l'ultime expérience pour découvrir le Yuukan et c'était drastiquement opposé avec ce que j'avais pu expérimenter durant mon enfance. Recluse à la réserve, à l'écart de la société. C'est probablement pour cela que malgré son jeune âge elle semblait avoir un point de vue très mature ainsi qu'un certain recul sur tout cela : elle avait eu l'occasion de vivre beaucoup d'expériences.

Maintenant, je concevais aussi les difficultés qu'un enfant pouvait rencontrer dans ce genre de situation. Toujours sur la route. Aucun chez-soi à proprement parler. Je ne saurais dire si je lui enviais cela. Certes, j'étais certaine qu'elle avait bon nombre d'histoires fascinantes à raconter sur ses périples, ce qui en faisait une interlocutrice très agréable, mais pourtant, la vie sur la route pendant si longtemps ne m'aurait pas convenu. Je l'avais expérimentée quelques mois et c'était suffisant pour l'instant.

Wow ! Tu m'étonnes que finalement se poser, si tu n'avais jamais connu ça, devait faire plaisir. Tu dois avoir tellement d'histoire à raconter, rêvassais-je. Après avoir expérimenté ainsi la vie au grand air, à côté, je n'étais presque jamais sorti de la réserve dans laquelle j'ai grandi avant la vingtaine. C'est pour cela qu'on ne croise pas beaucoup de mes pairs sur le continent, nous vivons entre nous. J'ai mis énormément de temps à devoir rattraper les us et coutumes de la vie en société et encore aujourd'hui je ne peux pas vraiment dire avoir tout enregistré. Des choses toutes simples ou anodines peuvent encore m'étonner et me surprendre.

Je me replongeais alors dans le livre que j'avais délaissé depuis quelques minutes. Le chakra pour faire le bien. Pour soigner. L'iroujutsu. En y repensant je décidais qu'il serait bon d'en apprendre davantage à ce sujet. Je me dirigeais ensuite au niveau des étagères où tous les livres médicaux étaient stockés. Il y en avait tant, par où commencer ? Fallait-il mieux commencer par s'instruire d'un point de vue purement médical sur le corps humain où pouvais-je sans ça commencer à apprendre à malaxer mon chakra pour soigner... N'arrivant pas à trancher je prenais un de chaque et retournais à ma place. « L'art du médecin ninja » et « Atlas de l'anatomie humaine ». En feuilletant le second, je me sentais soudain découragée devant tant de vocabulaire complexe, de choses à apprendre. Comment pouvait-on tout retenir c'était impossible... Et encore, ce n'était qu'un ouvrage de base, attends de voir la suite Ayako, ça promettait ! Me reportant alors sur l'ouvrage ninja, je me rendais compte qu'il employait le vocabulaire du précédent dont j'avais une minute, pensé pouvoir m'en passer... J'allais avoir du chemin si je voulais aider mon village comme médecin.

Me concentrant sur l'étude de ces ouvrages, le monde autour avait totalement disparu et je ne vis absolument pas le temps passer... Silencieusement, l'une en face de l'autre, j'étais en train de mémoriser les différents noms des os du corps humain. Vous ne pouvez pas imaginer leur nombre ! Ni leur nom plus alambiqué les uns que les autres. Un vrai travail de la mémoire. En retenant déjà leur agencement je ne faisais qu'effleurer un domaine qui me dépassait. Relevant finalement la tête personne ne s'était installé autour de nous, les lampes avaient pris le relais du peu de lumière naturelle qui rentrait dans la pièce. Me rendant compte qu'il était déjà très tard je proposais alors à Yuri :

Ça te dirait d'aller manger un bout en ville ? Je ne connais pas encore de bons restaurants mais si tu as une idée je suis toute ouïe. Où peut-être as-tu autre chose de prévu, je ne sais pas, j'aimerais bien te poser quelques questions sur tout cela, fis-je en montrant d'un signe de tête les deux livres qui m'avaient occupée tout l'après-midi.

Finalement, après de longues heures à consulter les livres, cette activité étant entrecoupé parfois par des dialogues chaleureux entre les deux femmes, la petite Ayako proposa de clore cette riche journée en allant se restaurer. Habituée à travailler autant, Yuri ne voyait parfois pas l’heure tourner et cela lui arrivait parfois de quitter l’Aiguille alors que les lumières des couloirs étaient déjà éteintes depuis bien longtemps. Une fois, c’était un gardien qui était venu la chercher après l’avoir trouvée assoupie dans la bibliothèque. Cependant, elle ne refusa pas la proposition de la Betsumei. Il est vrai que cela faisait longtemps qu’elles se trouvaient dans la bibliothèque et même Yuri commençait à avoir faim.

« C’est une très bonne idée. Et je serais toujours ravie de répondre à tes questions. »

Yuri se leva et invita sa camarade à la suivre. Durant ces dernières semaines, la jeune femme avait eu tout le loisir de visiter le village pour y découvrir ses moindres recoins. Il était donc assez naturel que la jeune genin possède des coins qu’elle visitait plus que d’autres, que cela soit pour manger, faire des courses ou pour toute autre activité. Venant d’une famille aisée, Yuri avait pour habitude de fréquenter beaucoup d’établissements prestigieux. On pouvait donc affirmer que la petite genin aimait se faire plaisir lorsqu’il s’agissait de nourriture.

Balayant la salle du regard, Yuri alla s’installer à une table vide en s’emparant presque immédiatement du menu. Les choix étaient très variés et certains mets possédaient des ingrédients qu’on importait directement des autres continents. Le soucis restait tout de même que cet apport régulier de l’extérieur justifiait en grande partie les prix affichés dont une grande majorité des citoyens kumojins ne pouvaient se permettre. D’ailleurs, Yuri se demandait comment cet établissement arrivait à couvrir ses dépenses avec une clientèle aussi sélective.

« Tu peux prendre ce que tu veux, ne t’en fais pas, c’est moi qui invite cette fois-ci. »

Yuri encouragea Ayako d’un sourire tandis qu’elle passait commande. En dépit des apparences, la jeune femme possédait un appétit aussi insatiable que sa soif de connaissances. Son intelligence et sa vivacité nécessitait peut-être des apports calorifiques élevées mais, aussi loin qu’elle s’en souvenait, la jeune femme prenait toujours le temps de savourer les repas. De plus, le restaurant était toujours très contente de recevoir sa visite étant donné l’argent qu’elle y laissait à chaque fois qu’elle s’y rendait. Une entrée plus tard, et la voilà devant un grand bol de soupe dont le fumet suffisait à lui mettre l’eau à la bouche.

« Alors ? Il me semble que tu voulais me poser des questions ? Vu le temps que je passe ici à chaque fois, je peux te garantir qu’on a toute la soirée devant nous. Tu peux même me poser des questions sur-moi si tu souhaites. »

Un nouveau sourire avant d’attaque son entrée. En guise de boisson, Yuri ne buvait pas grand-chose hormis des jus et de l’eau. Pour ce qui était de l’alcool, la jeune femme n’en avait consommé car elle préférait garder l’esprit clair en toute circonstance et savait quels dommages celui-ci pouvait causer au cerveau. Une altération de ses capacités cognitives la mettrait dans le plus grand mal et Yuri ne s’y risquerait pour rien au monde même si on lui racontait qu’il suffisait de boire modérément.

Le restaurant qu'avait choisi Yuri était... wow ! Magnifique. Luxueux. Jamais je n'avais eu l'occasion de manger dans un tel établissement. Disons que dans la réserve Saikkou ce genre de restaurant si sélectif n'existait pas vraiment et ce n'était pas avec la maigre bourse qui m'avait suivie autour du Yuukan que j'aurai pu prétendre à de tels repas. Nous installant alors à une table vide, je commençais à parcourir la carte des yeux. Le nombre de choix possibles était aussi grand que les prix en face de chaque intitulé. Même si, elle m'avait confiée souhaiter m'inviter pour ce soir, il faudra bien que je lui rende la pareille un jour ! On s'en inquiétera en temps voulu Ayako, pour l'instant réfléchis à ce que tu veux manger et vite parce que le serveur arrive. Alors que la jeune femme assise juste en face de moi commençait à passer commande, quelque chose me surpris énormément. Elle énumérait beaucoup de plats et allait-elle vraiment manger tout ça ? Même en dînant assez rapidement il était clair que nous serons là un bon moment.

Aller au restaurant n'arrivait pas tous les jours, alors oui il fallait se faire plaisir je pouvais le comprendre. Selon ses dires elle était une habituée, ses choix ne pouvaient donc pas être mauvais, elle devait probablement bien connaître la carte. Regardant le serveur, je lui commandais la même chose, mais en version végétarienne. Depuis toute petite c'était le régime alimentaire prisé par les Juuruijin et j'avouais avoir du mal à comprendre comment le reste du continent pouvait manger autant de poissons et de viandes... Passons ! Le repas commençait tranquillement et il fallait avouer que jusque là tout se passait merveilleusement bien. Les plats étaient bien cuisinés, assaisonné comme il fallait et avec une variété d'ingrédients qui parfois me laissait perplexe. Rompant le silence, Yuri me confirma que nous avions tout notre temps et m'enjoignit de poser les questions que j'avais mentionnées vouloir lui poser plus tôt.

À dire vrai, c'était plus un prétexte pour sortir qu'autre chose. Même si l'élément centrale de la journée avait été la découverte de la bibliothèque et les recherches dans les livres, je venais de rencontrer une femme adorable, qui, en plus d'être très cultivée semblait avoir des centres d'intérêts similaires aux miens. N'ayant pas encore de vraies amies à proprement parler cela me faisait tout simplement plaisir de passer une soirée comme celle-ci. Sans compter que ses goûts se révélaient exquis !

Et bien, je pense poursuivre dans la voix médicale. Je n'avais jusqu'à maintenant pas effectuer de choix concernant mon avenir au village, mais il y a tellement de choses à apprendre, c'est tellement large que j'en ai pour pas mal d'années avant de totalement assouvir pleinement ma curiosité. Marquant une pause en me mordillant l'intérieur de la joue machinalement. Cela fait, combien de temps que tu t'intéresses à tout cela ? La médecine, le corps humain, les après-midis passés comme aujourd'hui à effectuer des recherches.

Je m'imaginais mal tout le chemin qui m'attendait si je souhaitais pleinement m'investir dans cette voix. Pourtant, à l'inverse de Yuri, je commencerais sans doute par m'intéresser dès que possible à l'iroujutsu et aux techniques médicales shinobi. Après tout c'était aussi pour devenir une vraie kunoichi que j'avais rejoint le village. Je ne souhaitais pas pour l'instant travailler de techniques de combat, mais cela ne m'empêchait pas de me concentrer la-dessus. Une question m'avait traversé l'esprit dans l'après-midi et tout à l'heure n'était pas vraiment le moment indiqué pour discuter de ça je décidais maintenant d'en faire part à mon interlocutrice.

Il y a quelques jours j'ai eu la chance de rencontrer la raikage au cours d'une mission. Je ne sais pas si tu as eu l'occasion de lui parler, mais elle m'avait évoqué une sorte d'unité spéciale centrée sur la recherche, avec une branche scientifique. Je ne me souviens plus de son nom, mais est-ce que tu as déjà entendu parler de quelque chose pareil à l’Aiguille ?

Une fois installées, les deux femmes eurent tout le loisir de continuer leur discussion. Yuri profita de cette occasion pour observer la stupéfaction d’Ayako devant tant d’opulence. La jeune brune pouvait comprendre qu’il n’est pas courant de fréquenter cet endroit mais elle était toujours heureuse de pouvoir y inviter les gens pour leur faire découvrir le plaisir d’un bon repas. Le régime d’Ayako se limitait à priori à des régimes végétariens, ce que Yuri ne jugea pas. En soi, tout le monde était libre de manger ce qu’il désirait tant qu’il n’imposait pas cela à autrui. En tout cas, sitôt sa soupe finie, Yuri continua sur sa lancée en commandant un assortiment de brochettes sur lesquelles étaient imbriquées un savant mélange de petits morceaux de poulets et de bœuf. Un excellent apport de protéine pour son cerveau suractif !

« C’est un très bon choix Ayako et le fait que tu aies pris autant de temps montre au moins que tu as pris le temps de réfléchir à cette opportunité ? Le chemin vers le savoir est long et fastidieux. Chaque réponse que l’on découvre soulève de nombreuses autres interrogations. Dans ta quête de connaissances, ne tombe jamais dans le biais de surconfiance. On a parfois l’impression de connaître un sujet alors même que l’on en a peine gratté la surface. Cela dit, tu es motivée et c’est ce qui compte finalement. »


Ces paroles avaient été prononcées sur un ton calme et réfléchi. Yuri ne voulait pas s’imposer ici comme une donneuse de leçon mais plutôt, elle cherchait à transmettre, à travers son expérience, les difficultés qu’elle avait pu rencontrées auparavant. Si Ayako voulait s’inspirer de son chemin pour tracer le sien, alors Yuri n’en serait que ravie de partager ses connaissances dans le domaine. C’est même pour cela qu’elle avait invité son interlocutrice à la questionner sur sa propre personne, ce que Ayako fit sans se faire prier.

« A vrai dire, je ne saurais te donner de date exacte. Aussi loin que je m’en souvienne, j’ai toujours été attirée par la science en général. On voyageait beaucoup alors j’avais l’occasion de lire des livres dans de multitudes bibliothèques à travers le Yuukan. Je me rappelle que je m’empressais d’accumuler un maximum de connaissances car, vu qu’on bougeait énormément, j’avais peur de ne plus jamais avoir accès à ce savoir. En grandissant, je pense que je suis devenue plus modérée et j’ai commencé à apprécier ce que je découvrais et surtout à le transmettre à qui voulait bien l’entendre. Je connais beaucoup de choses, certes, mais je manquais de moyens pour les mettre en pratique et je pense que si je m’intègre à Kumo, on pourra me fournir toute la logistique nécessaire à l’initiation de mes travaux et peut-être qu’à terme, je pourrais voir quelque chose de concret se dessiner. Qui sait ? »

Elle omit de lui parler des autres champs d’études qu’elle aimait explorer. Pas plus qu’elle ne lui parla de son catalogue de recensements des étoiles, ni de la lunette astronomique qu’elle possédait. Chaque chose en son temps. Yuri était encore jeune et elle estimait qu’il ne fallait pas assommer quelqu’un d’informations sous peine de le noyer mentalement. D’ailleurs, la mention de son entrevue avec la Raikage fit sourire légèrement Yuri.

Ainsi, la Seika s’efforçait bien de recruter de plus en plus de gens dans les unités spéciales et elle prenait même le temps de rencontrer chacune d’entre elle. Quelle brave petite fleur cette Kage…Sortant de ses pensées, elle se reconcentra sur son invitée, une brochette dans la main.

« Oh tu as donc aussi rencontré Itoe ? C’est vraiment une brave femme. J’ai aussi eu l’occasion de la rencontrer pour les mêmes raisons que toi et je pense que tu parles du Kagakusha ? Effectivement, j’ai aussi évoqué mon désir de rejoindre cette branche mais Itoe m’a recommandé d’organiser une entrevue avec un des membres de cette unité afin d’officialiser notre entrée. A priori, le village est jeune donc il ne devrait pas y avoir tellement de concurrence ou quelque sorte de sélection. Donc, je pense que si tu es intéressée, il n’y a aucune raison qui t’en empêches. Après tout, peut-être serions-nous des collègues à l’avenir ? »

Le repas avançait et au fur et à mesure que les plats se succédaient l'appétit de la jeune femme assise juste en face de moi ne semblait pas diminuer. Au contraire, je commençais à ne plus avoir très faim. La soirée se passait superbement bien. Jamais je n'aurai deviné en me levant ce matin ni la rencontre que j'allais effectuer dans la journée ni la soirée que je passerais. Avec en prime un repas divin en excellente compagnie : que demander de mieux ? Les légumes parfaitement assaisonnés, un petit verre à la main, une discussion animée tout allait pour le mieux.

Cette petite Yuri répondait méthodiquement à chacune de mes questions, marquant régulièrement une pause dans ses explications, elle réfléchissait à ce qu'elle disait, choisissait ces mots avec soin : cela en disait long sur son caractère. Elle avait évoqué un certain biais de surconfiance et n'ayant pas voulu la couper dans son discours je ne lui avais pas demander d'éclaircissement. Il faudra que je vérifie plus tard ce à quoi elle faisait référence. Mais déjà la discussion avait dévier et elle me racontait maintenant ce qu'elle avait vécu au cours de ses voyages et sur cette fameuse unité scientifique kumojin... Sur un point elle n'avait pas tort, la rejoindre me donnerait accès à davantage de ressources encore que ce que pouvait me fournir le reste de l'Aiguille. Je n'étais pas femme à croire au destin et pourtant en tombant sur elle aujourd'hui je ne pouvais m'empêcher de penser à quel point nous étions faites pour nous rencontrer. Il est vrai que c'était fort probable que nous soyons plus tard amenées à bosser ensemble si nous décidions toutes deux de rejoindre cette division et cette perspective me réjouissait. Elle avait tant de choses à m'apprendre et je devais bien en avoir un peu pour elle également.

Je pense qu'effectivement je vais leur envoyer un courrier... Depuis ma rencontre avec la raikage cette idée me trottait dans la tête et tu ne fais que confirmer ce que je pensais : un accès plus diversifié à des ressources et un soutien de la part du village pour faire avancer la recherche. Je ne sais pas vraiment si je suis la mieux placée pour postuler, après tout il doit y avoir tellement de personnes plus talentueuses et plus qualifiées que moi pour ce genre de poste. Néanmoins, c'est exactement comme tu dis ils ne doivent pas être très nombreux compte tenu de la réouverture récente des villages et je serais tout à fait heureuse de venir grossir leur rang.

Je recommandais d'un signe de la main un autre verre de vin au serveur. Reprenant la discussion je lui faisais part gentiment de la chance que j'avais eue de tomber sur elle aujourd'hui, j'aurai pu tomber sur n'importe qui, ne souhaitant pas m'aider à m'orienter dans cette bibliothèque et en plus de ça j'avais trouvé, si ce n'était pas une mentor le terme était un peu fort et pas vraiment adapté à la situation, au moins une amie avec qui parler de centres d'intérêt communs. La soirée avançait petit et il commençait à se faire tard. Peut-être est-il temps de rentrer, cette journée aura déjà été assez riche comme ça. Nous retrouvant sur le pas de la porte du restaurant, la météo ne s'était pas calmée et c'était bien sous la pluie que j'allais devoir rentrer chez moi. Saluant poliment mon hôte de la soirée qui avait souhaité m'inviter dans cet endroit si charmant :

Merci encore Yuri, pour le repas et pour la soirée, ce fut très instructif et j'ai matière à cogiter maintenant. Je vais me dépêcher de rentrer avant d'être toute mouillée comme tout à l'heure, passe une bonne fin de soirée, achevais-je dans un sourire.

M'envolant alors vers mon petit chez-moi, j'essayais de me remémorer tout ce que j'avais pu apprendre aujourd'hui auprès de la jeune femme. Maintenant, j'avais trouvé un nouveau centre d'intérêt à approfondir. Un objectif : celui de développer mes connaissances et mes compétences en tant que kunoichi médicale. Une journée plutôt réussie si l'on omettait que j'étais de nouveau trempée de la tête au pied en rentrant chez moi...

HRP: