Lâché dans la nature par sa sauveuse, Haru ne savait pas par où commencer. Dorénavant, il n’était plus cantonné à son petit village de Kuidouraku. Non, le gamin pouvait errer dans tout Mizu, et même le Yuukan s’il le souhaitait. Seulement, ce n’est pas forcément facile pour quelqu’un de son âge de voyager. Si sa tutrice pendant ses deux dernières années lui permit de venir sur l’île où se situait Netami, et d’en partir, avec son vieux rafiot, Haru devait se débrouiller seul maintenant.

Après quelques jours passés dans ce vaste univers, le dernier des Toku se rendit compte d’une chose : sans argent, il n’irait pas bien loin. La seule richesse de sa famille était leurs terres, aujourd’hui détruites, et drainées de tous leurs nutriments. Il avait fait un détour par son village natal, espérant peut-être revoir les habitations, les villageois...Un rêve illusoire. Les cultures n’existaient plus. Rien. Quelques rongeurs par-ci, par-là., même les animaux avaient déserté cette terre désormais infertile. Haru devait se rendre à l’évidence : plus rien ne le retenait ici. Maintenant, son objectif se trouvait ailleurs : traquer les criminels. Son entraînement l’avait rendu plus fort, il put apprendre un pouvoir fantastique pour lui auprès de l’ancienne formatrice de Genjikyouren. Une capacité à double tranchant qui pouvait faire du mal à son propre corps. Au moins, ce savoir permettait à Haru de prétendre à des contrats pour se faire un peu d’argent, et ainsi de subvenir à ses besoins ou même de voyager plus aisément.

C’est ainsi que le jeune adolescent se retrouva au port de Ten, à attendre d’embarquer sur un navire d’une firme maritime de Mizu. Cette dernière se faisait attaquer sans cesse ses cargaisons, elle faisait donc appel à des Shinobis pour les protéger. Haru eut la chance de faire partie de cette équipe mandatée à la protection des cargos de marchandises. Il savait qu’il ne serait pas le seul sur cette mission, mais il n’avait pas la moindre idée d’avec qui il pourrait se retrouver. De toute façon, il ne connaissait personne. Il n’eut même pas le temps de sonder les environs pour repérer un potentiel camarade, que le capitaine descendit du bateau pour prendre la parole. Un grand homme barbu, avec un chapeau noir, inspirant le respect. « Enchanté Capitaine Umisuke ! Je suis Toku Harusaku, et même si mon aide vous sera inutile, c’est avec plaisir que je vous l'apporterai ! » Excité comme une puce par son premier contrat, Haru s’inclina devant le capitaine en guise de respect avant de foncer sur le pont, sans même jeter un regard à l’autre personne à ses côtés.

À peine monté sur le navire, Haru s’intéressa à tout l’équipage qui s’afférait à le préparer. Il les observait avec insistance, scrutant chacun de leur mouvement. Cela l’intriguait qu’un objet si gros puisse flotter sur la mer, et se déplacer dessus. Il ne remarqua pas qu’il traînait dans les pattes des matelots, à force de rester au milieu du passage.
Au bout d’un moment, son regard se posa sur un homme à la chevelure grisonnante, mais pourtant aux traits jeunes. Il se rappelait l’avoir vu sur le port, c’était peut-être un des Shinobis affrétés sur le navire tout comme lui. « Ravi de vous rencontrer, vous avez aussi été mandaté par la firme maritime ? Je suis Toku Harusaku ! » Il se présentait une nouvelle fois, tout en s’inclinant devant son interlocuteur pour le saluer. Ses parents lui avaient appris le respect, et mêmes s’ils ne faisaient plus partie de ce monde, il continuait d’honorer leurs préceptes. « Vous savez ce qu’il a voulu dire par force de frappe ? C’est bizarre quand même que la firme nous ait fait venir, si le Capitaine Umisuke a déjà tout prévu. » Le jeune garçon cherchait du regard cette fameuse “force de frappe”, tout en questionnant son collègue. Une chose était sûre : il ne resterait pas sans rien faire, c'est mal le connaître.

HRP:

Captivé par l’idée de rencontrer de nouvelles personnes et de participer à cette mission en haute mer, Haru tenta de faire connaissance avec son équipier. L’homme lisait apparemment un livre, c’est pour cette raison que sa réponse fut plutôt véhémente. Le jeune errant arqua un sourcil et toisa son interlocuteur de la tête aux pieds. Il haussa les épaules en guise de réplique. Non, il n’avait pas vraiment l’impression de déranger et en plus, il s’était montré très respectueux en se présentant. Il ne connaissait toujours pas le nom de son partenaire. Une chose était sûre dans l’esprit d’Haru : il n’appréciait pour le moment pas cet homme. Ce dernier remonta légèrement dans son estime quand il lui répondit plus sérieusement. « J’ai hâte de voir les raisons de toute cette puissance et de notre présence ! » Après avoir entendu le discours du lecteur, Haru observa avec plus d’attention le bateau. Il repéra ce fameux armement qui se constituait de canons, de harpons, et d’autres machines dont il ne connaissait pas forcément le nom. Un sourire se dessina sur son visage, il espérait pouvoir utiliser une de ces machines.

Toujours dans le respect de ses traditions, Haru se courba face à son interlocuteur quand celui-ci lui tendit son livre. « Merci Monsieur. » Il s’apprêtait à tendre la main pour l’attraper, même s’il ne le lirait pas forcément, quand la vigie cria qu’un autre bateau s’approchait. Haru s’empressa de rejoindre une zone qui lui offrait plus de visibilité pour voir ce navire, et abandonna l’autre mercenaire. Même s’il ne connaissait pas les occupants, le garçon fit de grands signes avec ses bras pour les saluer. Au fond, il était déçu que rien ne se soit passé pour le moment. Il aurait aimé participer à quelque chose de plus aventureux. Cependant, quand les matelots commencèrent à s’agiter, il se rendit compte que son vœu allait être exaucé. Une partie de l’équipage parla d’une immense ombre nageant sous les bateaux. Un grondement rauque s’éleva depuis la mer. De surprise, Haru bascula en arrière et tomba les fesses sur le bois du pont. Quand il décida de se relever, pour ne pas perdre la face, il trébucha à nouveau. Cette fois, ce n’était pas sa faute : le navire venait de subir une violente secousse. Un second cri parvint à ses oreilles. « Qu’est-ce que c’est ?! » Prenant appui sur ses mains, le garçon se releva non sans mal et puis découvrit avec effroi la cause de ce chaos : un gargantuesque requin. « On va avoir besoin d’un plus gros bateau. » Même en mettant les deux navires côte à côte, il n’était pas persuadé qu’ils fassent la taille de cet animal.

Ayant perdu de vue son équipier, Haru tenta d’intercepter un matelot pour savoir la marche à suivre. Sur la terre ferme, il aurait pu tenter de se rapprocher pour attaquer la bête, mais sur l’eau, c’était une autre histoire. « Les canons ! Aidez-nous avec les canons ! » De l’autre côté, Haru entendait le capitaine crier ses ordres. Haru s’empressa de “bouger son cul” et d’aider le matelot qu’il suivait. Ils se positionnèrent à côté d’un des canons sur le pont. « Guidez-moi ! » L’adolescent se mit à orienter l’arme comme il le pouvait tandis qu’un matelot, derrière elle, s’occupait de l’allumer et de tirer. Le recul repoussa Haru qui ne s’attendait pas à un tel choc. Heureusement, il parvint à garder son équilibre et à ne pas tomber. « On l’a eu, c’est bon ?! » Peut-être ne fallait-il pas crier victoire trop tôt.

HRP:

Sourire aux lèvres, Harusaku scrutait par-dessus le pont le gargantuesque requin qui attaquait les navires. Finalement, il avait pu la tester cette lourde puissance de frappe dont le Capitaine Umisuke vantait les mérites. Bien que le jeune homme n’utilisait pas ces armes fréquemment, c’était même la première fois, il se débrouillait. Tout ce dont il avait besoin, c’est des muscles pour pouvoir manier le canon. Rien d’extraordinaire, et à sa portée. Son coup semblait avoir touché dans le mille, d’après les dires de la vigie. En revanche, l’autre bateau avait subi de lourds dégâts même s’il ne coulait pas encore.  « Fumons-le, j’ai jamais goûté de la viande de requin ! » Avec une bête de cette taille, la qualité devait être exceptionnelle. Il aimerait bien en récupérer au moins un bout pour goûter.

Personne ne prêtait attention à ses dires, à cause de son jeune âge, mais aussi parce que le Capitaine cria de nouveaux ordres. Sa voix porta sur chaque parcelle du bateau et galvanisa les troupes. Les matelots parvenaient à être partout sur le navire à la fois. Celui qui était aux côtés d’Haru s’empressa d’attraper un boulet de canon pour charger l’arme. « Wow, merci mon gars ! Avec ça, on va encore le dégommer ! » La tâche ne paraissait pas facile, Haru voyait la détresse sur le visage de l’homme qui portait le boulet. Plutôt imposant, dur de déterminer sa composition à part du fer, ce qui devait déjà bien peser son poids. Il réussit tout de même à le rentrer dans le canon puis à le pousser avec un gros bout de bois. « Regarde bien comment je fais, je ne vais pas te la recharger à chaque fois ! » Haru se doutait que les matelots eussent autre chose à faire que de l’aider à tirer sur le requin. La prochaine fois, il devra recharger le canon lui-même. Il observa donc en détail, la mise en place du boulet, comment l’insérer, et la poudre à rajouter par la suite. Sans ça, pas de détonation.

Une fois l’arme rechargée, Haru jeta un brief coup d’œil autour de lui. Il cherchait du regard l’autre personne engageait avec lui. En plus, leur navire fut violemment percuté. Le requin s'acharnait sur la coque. Heureusement, l'adolescent se tenait sur la brague du canon et parvint à rester stable sur ses appuis.« Toujours en train de lire son livre dans son coin ?! » Il ne connaissait toujours pas le nom de cette personne, alors il ne l’appelait pas vraiment. Avec maladresse, il voulait juste s’assurer que son collègue se débrouillait dans ce chaos, car il ne le voyait pas aux premiers abords. C'était après tout la deuxième fois que leur bateau se faisait percuter.

Le Toku ne devait pas perdre de vue l’objectif : tuer le requin, ou au moins, le blesser pour que les navires puissent repartir. Alors, il attrapa le canon à nouveau pour l’orienter vers cette énorme bestiole. Comme tout à l’heure, il prit son temps pour viser et ne pas gaspiller le boulet. Sûr de lui, il alluma la mèche dans l’espoir de toucher une seconde fois.

HRP:

À force de manier un des canons du navire, Harusaku commença à y prendre goût. La puissance de frappe de cette arme lui paraissait immense, même si cela ne semblait pas affecter grandement le requin. Celui-ci nageait toujours entre les deux bateaux, plus énervé que jamais après avoir subi des attaques. Pourquoi s’en prenait-il à ce convoi ? Simplement par instinct, pour se remplir l’estomac ? L’adolescent se disait que sa faim ne devait pas se combler si aisément, et que ces pauvres matelots ne suffiraient certainement pas à le rassasier. S’il était le responsable de toutes les autres attaques, il n'arrêtera pas. Il fallait l’expédier au fin fond de l’océan pour qu’il ne nuise plus à personne.

Voyant le capitaine Umisuke prendre la barre du navire, Harusaku se sentit autant galvanisé que les membres de l’équipage. Il se sentait pousser des ailes, prêt à bondir du bateau pour gravir la bête à mains nues s’il le fallait. « Mais oui, allons-y ! Envoyez-nous un deuxième requin tant qu’à faire ! » Face à l’arrivée des nuages, le jeune garçon commençait à délirer. Il ne se rendait peut-être pas compte de la dangerosité de la situation. Le vent faisait virevolter ses habits légers, et son corps entier fut parcouru de frissons. D’après la vigie, cela n’irait pas en s’arrangeant. Couler le requin avant de se faire couler. Maintenant, une course contre la montre venait d’être lancée. Si en plus d’affronter ce monstre des mers, il fallait faire face à la tempête, cela n’augurait rien de bon.

Alors que le petit mercenaire s’apprêtait à recharger son arme pour tirer une nouvelle fois sur le titan, une secousse perturba ses plans. Le canon dont il se servait fut propulsé dans l’eau sans même qu’il ne puisse le retenir à l’aide de la brague. « Putain le con ! » Peinant à se remettre sur pieds, Harusaku chercha une autre arme à utiliser mais des cris en provenance de la cale attirèrent son attention. La situation lui semblait critique, alors il décida de se rendre là-bas. Il découvrit plusieurs matelots les pieds dans l’eau qui tentaient de réparer la coque. Il remarqua aussi la présence de l’autre mercenaire. « C’est là que tu te caches ! » Le jeune homme n’eut pas le temps de plus entretenir la discussion : l’eau montait dangereusement.  Les hommes présents dans la cale s’affairaient à remédier à ce problème. Harusaku attrapa trois planches, mais ne comptait pas rester ici. Il risquait de traîner dans les pattes des matelots, et vice-versa. Il préférait réparer le bateau à un autre endroit.

Avec le matériel nécessaire, le Mizujin sortit de la cave. Il trouva d’autres planches, de quoi les fixer, ainsi que de la corde. Si l’autre mercenaire comptait réparer le bateau, Harusaku allait préparer les défenses pour que la prochaine attaque soit moins virulente. « Aidez-moi à protéger le navire, surveillez la bête et préparez-vous ! » Il faudra être rapide : dès que le requin bougera, utiliser les planches, et pourquoi pas des bidons de boulets désormais vides, pour tenter de sauver la coque. Harusaku serait même prêt à se jeter par-dessus bord, tenu par la corde qu’il avait récupéré, pour fixer les planches à l’extérieur du bateau.

HRP:

Heureusement pour Harusaku, il n’était pas victime du mal de mer. Le navire n’arrêtait pas de tanguer, et cela devenait de plus en plus difficile de se mouvoir en gardant son équilibre. Armé de planches et autres matériaux, et suivi par quelques matelots, le jeune mercenaire tenta tant bien que mal de guetter le monstre pour se préparer à son prochain assaut. Son but : consolider la coque avant un potentiel impact. Cette dernière souffrait déjà bien assez de cette bataille, malgré l’équipage qui s’affairait à la réparer depuis la cale. Au vu des mouvements du bateau, et des bruits de craquement, cela ne présageait rien de bon. Avec l’orage qui se préparait, c’était une raison de plus de mettre un terme à l’affrontement, et au plus vite.

Le capitaine Umisuke gueula de nouveaux ordres envers ses matelots. Harusaku le prit pour lui, après tout il faisait partie de cet équipage. Leurs destins se retrouvaient liés, à présent. Il devait tout faire pour les aider. « Ouais ! A mort satané bestiole ! » Le Kirijin se joignait aux matelots qui criaient à l’unisson. Il faisait désormais partie des leurs, dans son esprit, en tout cas. Il abandonna sa quête de protection du bateau pour passer à l’offensive. La meilleure des défenses est l’attaque, après tout. Alors, comme tout à l’heure, le Toku comptait trouver une arme et l’utiliser pour venir à bout du colosse. Porter le coup fatal, voilà qui serait glorieux pour lui et sa carrière de débutant.

Tirant un trait sur le canon qu’il avait utilisé - et qui se trouvait à présent au fond de l’océan - Harusaku tenta d’en trouver un encore inoccupé. Malheureusement, cette tâche ne s’avéra pas facile. Déjà, parce qu’une bonne partie de l’équipage utilisait la majorité de l’armement. Et ensuite, parce que le bateau bougeait encore plus qu’auparavant : il se faisait aspirer dans un tourbillon. Le titan des Mers dévoila une de ses capacités : créer un Typhon. Comme cela était-il possible ? Pouvait-il maîtriser le Chakra, comme les ninjas ? Incroyable retournement de situation, déjà que cela n’était pas en la faveur des Hommes. Les deux bateaux se retrouvaient maintenant aspirés vers le requin qui n’aurait plus qu’à ouvrir sa gueule pour les cueillir.

Harusaku avança comme il le pouvait, tombant à plusieurs reprises, mais en se relevant à chaque fois. Cela s’avéra difficile, mais il arriva à rejoindre l’autre mercenaire présent sur le navire, celui avec les cheveux gris dont il ne connaissait toujours pas le nom. Ce dernier venait d’utiliser une baliste pour tirer sur le colosse. En regardant aux alentours, l’adolescent ne vit pas d’autres armes disponibles. « J’vais t’aider, regarde ! » Harusaku se concentra pour avancer sans tomber. Il avait repéré une caisse contenant des munitions pour cette arme : des flèches géantes. Le jeune mercenaire en attrapa une qu’il posa sur son épaule. « Putain que c’est lourd, si avec ça, tu lui troues pas sa sale gueule ! » Avancer avec ce poids s’avérait plus compliqué que prévu. Le garçon se retrouva plusieurs fois un genou à terre, mais il ne comptait pas laisser tomber son équipier. Il s’acharna à soulever cette satanée flèche et à la loger dans la baliste. « Vas-y ! » Voilà, tout était prêt pour lui. Harusaku jeta un dernier coup d'œil vers la mer déjà teintée de sang. La bête en avait perdu beaucoup, peut-être que ce tourbillon était son dernier atout, son baroud d'honneur.

HRP:

L’immense flèche déposée dans la baliste, Jin ne tarda pas à tirer sur la mastodonte. Haku, qui se cramponnait à l’arme pour éviter de tomber, observa avec appréhension le projectile. Il l’accompagna du regard tout du long, jusqu’à ce que l’autre mercenaire l’interrompt dans cet exercice. Ce dernier lui tendait quelque chose, une cigarette. Il en avait déjà une à la bouche. « Moi, mourir ici ?! Jamais ! C’est quoi cette attitude de perdant, on doit se battre et survivre ! » D’un geste de la main, le Toku refusa la proposition. Cela ne l’intéressait pas du tout de fumer, bien au contraire. La fumée le dégoûtait, dire qu’elle se retrouvait dans les poumons. Quelle horreur ! Si Jin ne mourrait pas sur le navire, il finirait par se faire tuer par cette invention du diable. « Puceau ? C’est quoi ça, c’est quand on a jamais tiré sur une cigarette ? » Ce mot ne faisait pas partie du vocabulaire de l’ancien apprenti agriculteur. C’était peut-être un terme de la ville ?

Un puissant cri se fit entendre, il résonna sur toute la mer. Haku quitta du regard Jin pour surveiller le Requin. Au final, à cause de son équipier, il n’avait pas pu suivre la trajectoire jusqu’au bout. Visiblement, le coup avait fait mouche tout comme celui des autres matelots. Le cadavre du monstre gisait au milieu des bateaux, flottant sans vie. Une marée rouge l’entourait. « Yabai! » Le typhon disparu, Haku put lâcher la baliste sur laquelle il se maintenait. Le calme regagnait la mer, tandis que les membres de l’équipage retournèrent à leur poste. « Tu vois qu’on mourra pas aujourd’hui, on vivra encore longtemps, et j’pourrais avoir des cheveux gris, comme toi ! » L’adolescent taquina son partenaire. Il ne savait pas si la couleur de ses cheveux était due à son âge - mais peu probable au vu de ses traits faciaux - ou de naissance.

Harusaku se laissa tomber en arrière. Ses fesses heurtèrent le plancher du navire dans un léger craquement. Que cela faisait du bien de pouvoir se poser après cette bataille. Le jeune garçon n’aurait jamais imaginé affronter une telle bête en acceptant cette mission. Un haut fait qu’il ne manquera pas de rajouter à son CV. Il pourra se vanter d’avoir survécu à l’attaque de ce mastodonte, mieux encore, d’avoir participé à sa mort ! « Tu sais que tu ne m’as pas toujours donné ton nom, ce n’est pas très poli quand même. » Pourtant, Jin lui avait proposé son livre, puis des cigarettes, mais jamais il ne prononça son nom. Haru détestait de ne pas savoir comment appeler son interlocuteur.

Cependant, l’équipage venait sûrement de vendre la peau de l’ours avant de le tuer. Même si, en l'occurrence, le requin était mort, quelque chose d’autre se tramait. Une étrange sensation accabla le mercenaire. Il se sentait terriblement mal, l’atmosphère lui paraissait tendue. « Tu sens ça ? » D’instinct, il se tourna vers le cadavre de requin. Au loin, il aperçut une silhouette se dresser sur la carcasse du monstre des Mers. « Quoi ?! Mais ça ne s’arrête jamais ! Il faut qu’on y aille, imagine il en fait apparaître un autre ! » C’était décidé pour Haru, il irait au front. Il était payé pour cela, après tout. Et puis le mastodonte, désormais mort, faisait une parfaite plateforme pour se déplacer.