« Djibu-. Djibiru-. Djiburulu-. Djibirilu. OH MAIS BORDEL QUI C’EST QUI LA NOMME CELUI LA ?! »
Hiro était contrarié.
Très contrarié.
Il n’arrivait pas à prononcer ce nom correctement.
C’était insoutenable, inadmissible, intolérable.
Comment allait-il donc conter ses aventures s’il n’arrivait pas à prononcer ce p*tain de nom ?!

Voilà un bien bon début de journée qui commençait pour lui. Incapable d’articuler convenablement, il chiffonna l’ordre de mission et l’envoya valser dans une des ses poches. En plus de devoir se coltiner un éclopé fraîchement sorti de tôle, il devrait s’en occuper avec, encore, un garçon. Allait-il encore devoir ternir sa superbe pour être à la hauteur de son compagnon et éviter quelconque jalousie ? Et puis c’était quoi toutes ces missions ? Poussaient-elles comme les grains de sables ?
Il avait cette désagréable impression que ces mésaventures de la journée ne faisaient que commencer, et que les quelques grains de sable venus s’accumuler sur ses affaires allaient se transformer en une montagne de problèmes.

Ce fut donc un Hirohiko particulièrement contrarié qui se présenta aux environs des souterrains du village. Il jeta un coup d’œil dans leurs directions et un frisson le parcouru. Il n’aimait pas le noir, les murs aux teintes fusains, l’odeur immonde et la désagréable impression d’être observé en permanence lorsque l’obscurité l’envahissait. Et puis ça lui rappelait cette désagréable rencontre sous la serre, avec Rise. La folle et ses cadavres. Il espérait ne plus jamais croiser de nécromanciens.
Oups.

Lorsqu’il parvint enfin sur les lieux du rendez-vous, le jeune homme, son camarade de mission, se présenta en premier. Il eu l’air de lui demander confirmation de son prénom. Comment ça ? Il ne le connaissait pas ? Tout le monde le connaissait pourtant. Ou bien, lui aussi avait du mal à prononcer ?

« Bien joué mon grand tu sais lire ! Restes plus qu’à savoir si tu sais compter et on sera paré. » railla-t-il en esquissant un clin d’œil suivit d’un claquement de doigt.
La situation aurait pu être drôle s’ils se connaissaient ou avaient un brin d’humour, mais Hiro ne se faisait pas tant d’illusion. Il fallait qu’il passe sa frustration quelque part, quel qu’en soit le prix.

Akihoko commençait à proposer un semblant d’idée. Elle ne semblait pas mal du tout. Un riche marchand ? Il ne jouerait que trop bien ce rôle. Ça Hiro savait y faire, pour se faire passer pour un idiot plein aux as. La vision commune des nobles, non ?
Mais pourquoi le Henge ? Hiro jeta un coup d’œil vers le jeune homme, puis sembla se regarder lui-même. Sa prétention sans exergue le laissait parfois pantois quant à la vision d’autrui sur lui. Il ne comprenait pas bien où il voulait en venir, le garçon. Se transformer en marchand ? En bijoux ? Allait-il vraiment choper un fraîchement ex-tôlard si vite par l’appât du gain ?

« Hm. Je sais y faire, mais est-ce bien nécessaire ? Qui est sensé faire quoi ? »
Juste qu’on mette bien les points sur les « i ».
Et qu'on soit bien d'accord.
Son regard pourpre traversa le jeune homme de long en large.
Il était jeune, avait une couleur d'yeux peu commune, sur laquelle il s'arrêta un instant.
Jeune mais peut être bon tacticien qui sais. Enfin, Hiro souhaitait surtout en faire le moins possible.

« Boarf je suis pas d'humeur, file moi le rôle le plus simple, j'ai la flemme de tergiversser. » finit-il par dire en lâchant un soupir.
Hiro savait qu'il ne tirerait pas grand chose de se quereller avec un garçon. Qu'en plus les garçons c'était plutôt têtus et campés sur leurs positions, surtout lorsqu'ils sont jeunes. Alors dans son grand élan de bienveillance et dans sa grande mansuétude - et non qu'il ait la plus grande flemme de réfléchir - il lui laissait choisir de faire ce qu'il préférait.
Il ne se doutait pas encore de ce à quoi il allait se frotter.

La perfection est une chose insupportable.
Et Hiro – quoique bien loin de la perfection – était insupportable. Toujours. Et plus encore lorsqu’il était flemmard, plus encore lorsqu’il était en compagnie d’hommes. Il était un gosse, un inaltérable diamant de connerie et de vanité. Mais ainsi était la vie. Les deux hommes étaient acquittés d’une mission. Ensemble. Et bien qu’ils aient le choix – intérieurement – d’en venir à bout ou non, il le fallait. Il le fallait car sinon Hiro ne pourrait pas conter ses aventures. Il le fallait car sinon Hiro ne pourrait pas s’élever, ne pourrait pas revenir au temple avec fierté. Et puis il fallait aussi rouler des mécaniques devant les donzelles.
C’était important.

Et puis il se fichait pas mal de ce que pensait le jeune homme en face de lui. Oh oui, il avait l’air de ne pas l’apprécier, mais étais-ce bien différent de l’ordinaire ? Non. Hiro avait cette sale manie, cette sainte habitude, que de renfrogner les visages et de s’attirer la haine des hommes devant la supériorité masculine qu’il représentait.
Evidemment.

Akihiko valida effectivement qu’il n’avait pas besoin de subterfuge puisqu’il paraissait assez élégant – que dis-je orgueilleux – pour s’affabuler du masque de riche marchand. Hiro savait y faire, pour affabuler. Mais il semblait avoir quelques réserves. Bon, qu’à cela ne tienne, il ferait un petit effort. Joignant ses mains, il changea la couleur argentée de ses cheveux en un profond ébène et ajouta quelques parures, colliers, bagues et perles à son accoutrement, jusqu’alors, assez simple.

« Bien. Qu’en penses-tu ? Pas mal hein ? » dit-il en esquissant un sourire satisfait.
Il tortillait une de ses mèches aux teintes fusains et avoua que ce n’était pas si mal, cette couleur, mais qu’il préférait tout de même sa crinière initiale. Elle reflétait davantage les rayons envoyés par la déesse.

Euh.
Lire ?
Lire quoi ?
Ah. Lire des rapports. Hahaha. Il ricana nerveusement en se frottant les mains. Parce qu’il n’avait foutrement aucune idée de ce don Akihiko pouvait bien parler. Et non, grand dieu non, Hiro ne lisait jamais, ô grand jamais, les rapports de ses camarades. Il ne se sentait pas encore acclimaté à Suna. Le temple lui manquait. Il allait devoir faire confiance au jeune homme.
Parce qu’il n’en avait rien à pété.

« J’ai été envoyé par le temple d’Amaterasu. Je suis expert en soutien et protection. » dit-il fièrement, les mains posées sur les hanches
Il n’y avait clairement pas de quoi se vanter.
Il clamait haut et fort qu’il ne fonçait jamais, tête baissée, vers l’ennemi, qu’il préférait parer, éviter, protéger. Limiter la casse, comme on dit. En soit, c’était plutôt logique, plutôt appréciable. Les moines n’étaient pas de très grands fervents des combats, ils préféraient, dans la mesure du possible, régler les choses pacifiquement. Et cela se savait, à l’image des traités établis par la Moniale.

Voyant que le jeune homme n’était vraisemblablement pas impressionné par son statut et ses compétences, il se surprit à lui demander également ce dont il était capable. Se contentant d’un « Et toi ? » d’un air songeur.
Parce qu’Hiro c’est quelqu’un de très aimable.
Parce qu’Hiro c’est quelqu’un d’intéressé et d'intéressant.
Parce qu’Hiro c’est quelqu’un de curieux.
Et que la curiosité est un vilain défaut.

Il avait tiqué. Et ça, Hiro l’avait remarqué, quand il lui avait fait connaître son expertise. Et Hiro était fier, très fier, de ses capacités, bien qu’il n’ait vraiment pas de quoi se vanter. Ok. C’était stylé, il pouvait faire apparaître une divinité mais bon, là était encore tout un problème lorsqu’il s’agissait de lui faire faire quelque chose. Car, on a beau dire ce que l’on veut, kekkei genkai ou non, dans son cas, tout n’était pas de son ressort. La déesse pouvait très bien choisir de ne jamais l’aider. Et ça, ça lui foutait grandement les jetons. Mais jamais, ô grand jamais, il ne montrera ses faiblesses.
Hiro est le summum de la perfection vous savez.
Alors tout devait fonctionner.
A merveille.

Le jeune homme face à lui était un fin tacticien. Du moins c’est ce qu’il prétendait. Néanmoins il allait devoir user de ses techniques. Et pourtant il n’en dévoila rien. Hiro releva un sourcil, atrocement curieux de pouvoir connaître les capacités du garçon aux yeux vairons. En plus il avait l’air vraiment renfrogné, et ça c’était digne des plus grands, de ceux qui avaient, de réelles capacités. Du moins c’est ce qu’il pensait. Néanmoins, il n’eut pas le temps d’essayer de le titiller, de l’asticoter, pour découvrir de quoi il en retournait, ce dont il était capable. Akihiko avait pris la fuite, sur les toits et ne lui prêtait désormais plus aucune attention.
Hiro était un peu contrarié, parce que c’était à lui, que devait revenir toute l’attention. Il aurait voulu qu’on l’assène de question, qu’on porte gloire à sa superbe. Cela serait pour plus tard. Il allait devoir retrousser ses manches, prendre les devants et montrer au jeune shinobi à qui il devait dévouer toute son attention.

Fort heureusement ils avaient monté leur petit stratagème à l’abri de toute agitation. Il n’y avait eu personne aux alentours pour les zieuter, les dévisager, les démasquer. Le quartier marchand se trouvait non loin de là et c’était une réelle aubaine. Hiro avait également pris soin de changer le contenu de ses besaces. Il en avait toujours deux : une avec quelques pièces – parce qu’il faut bien se nourrir – et une avec des graines. Oui, des graines. Parce que papi Hiro aimait à s’adonner à l’élevage de pigeons – héhé - . Aussi étrange que cela puisse paraître, Hiro avait toujours admirer ces volatiles, les oiseaux, en règle générale. Il les admirait parce qu’ils grimpaient, là-haut, dans le ciel, à la poursuite des nuages, à la poursuite des rayons. Et tel l’enfant qu’il avait toujours été, il se complaisait dans l’idée qu’ils étaient des messagers de la déesse, des messagers des rêves, vous savez, ceux qu’on relie au ciel. Alors il avait cette petite manie de nourrir ces petites pintades à peine voletantes, un peu, tous les jours. Pas aujourd’hui. Ses graines feraient de magnifiques joyaux, des rubis, des émeraudes, des diamants en tout genre. Il était riche. Il y croyait. Un immense sourire se glissa au coin de ses lèvres en inspectant le contenu de sa besace.
La richesse, ça lui montait à la tête.

Ainsi arriva-t-il sur les étals, le torse bombé, le coup serti de bijoux, des bagues pleins les doigts et des bracelets pleins les poignets. Tout ce petit attirail semblait cliqueter au rythme de ces pas et il ne dissimulait pas la supériorité dont il jouissait à cet instant. Loin d’être un simple marchand, Hiro voulait être un commerçant, il voulait montrer toute sa richissime galerie aux autres étals. Il y avait des regards, des tonnes regards, qui se posaient sur lui. Des admiratifs, des jaloux, des apeurés. Ô il aimait ce rôle. Il se plut un instant à penser que riche marchand, c’était une très belle reconversion de carrière.
Ainsi arriva-t-il sur un étal, où se vendaient de magnifiques habits. Il prit un air songeur devant la ribambelle de costumes et en déplaça quelques-uns du bout des doigts, comme s’il n’était pas digne de toucher ces frocs. Le marchand l’interpella.

« Vous cherchez quelque chose monsieur ? »
« Ah mon brave, vous n’avez rien de mieux ? » lui lança Hirohiko en le toisant de haut. L’homme sembla tiquer. Ses sourcils s’étaient froncés mais il abhorrait un magnifique sourire de commercial. Son visage trahissait cependant sa nervosité. Il sembla se retirer dans l’arrière-boutique et en ressortit avec plusieurs vêtements, tous magnifiquement réalisés et brodés. Intérieurement Hiro était admiratif de la qualité de ce qu’on lui proposait. Mais il lui fallait jouer son rôle. Toujours du bout des doigts, il effleura le tissu.

« Ce sont nos plus beaux tissus, ils nous viennent du meilleur tisserand du désert, vous avez certainement dû en entendre parler ! » commença à lui vanter le marchand.

« Moui, certes. » le coupa sèchement Hiro. « Je cherche des vêtements plus… raffinés. Voyez, j’ai en ma possession tellement de bijoux que je ne sais plus quoi en faire. J’aimerai que mes habits en soient complètement recouverts. » dit-il en sortant sa besace de graine. Il l’ouvrit devant le marchand dont les yeux s’exorbitèrent en découvrant l’amas de joyaux qui miroitaient à l’intérieur.

« Oh bien sûr, je comprends. » lui répondit le marchand hébété. Il lui proposa de réaliser un vêtement sur mesure, là où Hiro railla encore en précisant qu’il lui en fallait une demi-douzaine, un part jour de la semaine. Ils continuèrent à échanger pendant quelques minutes avant de parvenir à un accord. Le marchand lui confectionnerait d’abord un premier habit avec une partie des joyaux qu’il avait apporté. Il lui fallait donc prendre les mesures. Hiro retira donc une première couche de vêtements ainsi que ses parures et ses besaces qu’il posa sur un coin de l’étal.
A parler joyaux et parures, il en oubliait presque la mission, tandis qu’on prenait ses mesures.
La richesse, ça lui montait à la tête.

La richesse illumine la médiocrité.
La richesse, ça lui montait à la tête. Encore, et encore. Toujours plus. Il y croyait, dur comme fer, qu’il était ce riche marchand à la chevelure ébène. Qu’il était le roi des trésors, des bijoux et des parures, qu’il aurait sa cotte de maille sertie de milles et un diamants. Ô oui, il y croyait. Son sourire satisfait s’étirait sur son visage. Il la montrait, la pavanait fièrement, cette fausse richesse. Ça faire le paon, ça lui connaissait, surtout lorsqu’il s’agissait d’être au-dessus des autres, d’être le plus grand.
Un véritable dieu vivant.

« AU VOLEUR ! AU VOLEUR ! »
Les cris, comme des claques, l’avaient sorti de sa douce torpeur. Au voleur ? Il aperçut du coin de l’œil quelqu’un se mouvoir, quelqu’un s’échapper. Il lui fallut quelques secondes avant de s’apercevoir que c’était lui, qu’on venait de voler, que son sac de graines – que dis-je de diamants – s’était volatilisé, s’était échappé, jusque dans les mains de l’individu qui fuyait allègrement sans demander son reste.

« Bande de joyeux drilles ! Reviens-là enfoiré ! » vociféra Hiro.
Et puis il se rappela qu’il était le très richissime Hirohiko et qu’il ne s’agissait qu’une simple besace. Que croirait-on, s’il retournait le village pour quelques piécettes de son or, hein ? Cela n’était trois fois rien. Il épousseta ses affaires, comme si de rien n’était. Il fallait également faire preuve d’autorité, parce que sa richissime seigneurie ne permettrait pas qu’on le vol à la volée. Il fronça les sourcils, prit un air dédaigneux et se retourna vers le marchand.

« Je m’occupe de ce petit désagrément et je reviens »  dit-il avec un agréable sourire au marchand.
Sur ces belles paroles, il prit la poudre d’escampette. L’homme avait bien largement eu le temps de filer. Il fit mine d’haleter le clone d’Akihiko comme s’il était un homme de main. Parce que sa richissime seigneurie ne se déplaçait jamais seul, m’voyez ?

« Bien montre moi où est allé ce babouin. » ordonna Hiro au clone.
Il suivit ce dernier, qui suivait Akihiko. Bref ça faisait un peu chenille, à une autre échelle.

Hiro avait d’abord prit un pas rapide, sans toutefois courir, et lorsqu’il fut hors d’atteintes des commerçants, il changea d’allure. Il n’avait néanmoins aucune idée d’où il allait et suivait bêtement les maigres traces que lui laissait Akihiko.
Il finit par le rejoindre sur un toit.

« Alors ? J’étais pas mal non ? » dit-il au jeune homme comme s’il cherchait à l’impressionner.
Rouler des mécaniques devant un renfrogné aux beaux yeux vairons n’était pourtant pas dans l’habitude du moine qui, apparemment, n’avait pas bien l’air de se souvenir qu’ils étaient en mission. Il avait tellement pris son rôle à cœur qu’il demandait désormais l’avis de sous auditoire sur ses compétences en persuasion, en irradiation de galerie, en comédien de bas étages.
Et rien du tout sur le scélérat qu’ils poursuivaient.

Tel est pris qui croyait prendre ? Pas si sûr.
Hirohiko se pavanait avec fierté devant Akihiko qui confirmait qu’il avait été parfait. Le mot était très justement choisi. Parfait, Hiro l’était et ne manquait pas de le faire savoir. Il n’eut cependant pas le temps de continuer à jouer le paon, Akihiko jouait l’autruche à ses parades. Il lui pointa du doigt l’endroit où le voleur disait s’être réfugié. Et soudain Hiro se souvenu qu’il n’était pas un riche marchand, qu’il venait de se faire voler, qu’importe que cela ne soit que des graines destinées aux pigeons. Et puis il prononça ce mot qui lui était fatidique : les souterrains. Hiro, fils du soleil, de la lumière, d’Amaterasu, n’était pas friand de l’ombre. Il avait toujours cherché l’étincelle plutôt que la pénombre. Et il se souvenait de cette mission qu’il avait fait avec Rise, dans les catacombes, au sein des souterrains de la Serre. Et il n’en avait pas bon souvenir. Parce qu’Hiro en grand dieu du soleil, était une fillette apeurée par le noir. Et quand dans le noir sévit toujours la terreur.

Akihiko s’était tourné vers lui et partageait désormais ses doutes et interrogations. En effet, les escaliers menaient droit aux sous-sols et aucun des deux compères ne savait à quoi s’attendre au-delà des quelques marches. Peut-être qu’on les attendait de pied ferme et qu’on avait tendu un piège, aussi bien monté que celui qu’ils venaient de réaliser pour embobiner l’éclopé. Ils n’en savaient trop rien. Akihiko semblait déjà s’être affirmé comme la tête pensante, comme le cerveau du duo, pourtant, il lui demanda son avis. Forcément qu’il voulait le savoir. Voyons.

« Hm. Je suis pas vraiment chaud pour les souterrains. » avoua-t-il sans scrupule.
C’était clairement sa bête noire mais il ne montrerait pas son côté fleur bleue. Du moins, pas volontairement.

« Je sais plutôt bien me défendre, je pourrais y aller et me protéger sans problème. »
Il sembla hésiter un instant.

« Mais je vais avoir du mal à nous protéger tous les deux et j’aurais certainement besoin de ton aide pour l’immobilier. »
C’est qu’il était encore jeune, notre Hirohiko. C’est qu’il avait peu d’expérience, notre Hirohiko. Et qu’il n’avait pas encore toutes les clefs en mains pour être le digne tank qu’il allait devenir.

Hirohiko voyait bien que le jeune homme se concentrait et cherchait à mettre au point un plan, le plus infaillible qui soit. Il pouvait presque percevoir l’échauffement de ses neurones. Le moine n’était pas grand stratège et louait la performance.

« On pourrait tenter de le faire sortir... Y a des chances qu'il se rende compte qu'il n'a pas volé des diamants... » dit-il à voix haute alors qu’il semblait, lui aussi, se creuser les méninges.
Il abandonna bien rapidement.

« Enfin bref, qu’importe ce que tu décides, on fera au mieux ! » lui lança fièrement Hirohiko qui n’avait aucune raison de s’enjouer de la sorte. Il leur fallait monter un stratagème afin de coincer l’énergumène. Et celle-ci avait une sacrée réputation qui la précédait.

Il y a des visages plus beaux que le masque qui les couvre.
Et c’était certainement le cas d’Akihiko qui, derrière ses expressions mornes, devait revêtir un lourd tribut, un lourd passé. Et nul doute qu’il était brave, ce garçon, qu’il était dévoué, ce shinobi. Lui qui ne tergiversait pas les ordres, qui réfléchissait aux meilleurs moyens de coincer le scélérat, semblait être un peu l’opposé d’Hiro. Comme l’ombre tapis dans la lumière. Comme les deux facettes d’un miroir. Hiro sous les feux de projecteurs cachait sa part d’ombre, et Akihiko tapis dans la pénombre, cachait sa part de lumière.
Le monde était mal fait.
Le monde était bien fait.
Peut être n’étais ce pas un hasard si on les avait collés ensemble.
Peut être en ressortirait-il du bon, de toute cette histoire.

Le problème résidait essentiellement de leur ignare. Ils ne savaient pas grand-chose sur l’éclopé, sur ses cachettes, sur ses potentiels camarades brigands. La porte menait aux souterrains, mais encore ? Que se cachait-il dans la pénombre ? Quelles surprises leur réservait-on ? Ils semblaient d’accord sur au moins un point : ils n’en savaient trop rien. Alors le but était de le découvrir, le but était de foncer, tête-baissée, vers l’inconnu. Parce qu’ils n’avaient pas d’autres choix finalement.
Et ils perdaient du temps.
Du précieux temps.

Akihiko avait l’air sûr de lui pour ce qu’il s’agissait d’immobilisation. Tant mieux. Hiro n’avait pas encore développer de capacités dans le domaine. Ils descendirent tous deux du toit. La porte menant aux souterrains se tenaient face à eux. Hiro soupira. Il avait de mauvais souvenirs avec les souterrains. Les trucs gluants qui faisaient des bruits bizarres, les souris qui vous galopaient entre les chevilles pleines de leurs nocives maladies, les cadavres qui reposaient dans un coin et dont l’odeur putride vous montait aux narines. Non, décidemment, Hiro n’était pas friand de l’ombre, n’était pas fait pour l’ombre.

« C’est parti ! »
Il prit une grande, très grande, inspiration, alors que ses doigts se posaient sur la poignée.
Il n’était pas prêt.
Pas prêt pour affronter l’ombre.

Comme pour se donner du courage, il gonfla sa poitrine, et descendit les quelques marches qui les séparaient des souterrains. Il faisait noir. Affreusement noir. Et Hiro n’y voyait rien. Vraiment rien. Il avança de quelques mètres dans la poussière des souterrains. Soudain, il se stoppa. Il crut entendre un bruit.
Boum.
Les bras croisés sur son torse, il venait de parer un coup.
Quelque chose.
Mais impossible de savoir quoi.
Un second coup le fit reculer de plusieurs mètres en arrière.
Il ne sentit pas son camarade dans son dos.
Il essaya de trouver Akihiko mais ses yeux, encore trop habitués à la lumière, ne discernait pas grand-chose.
Comme pour être sûr de son emplacement, il tâta le sol du bout des doigts, trouva sa besace pleine de graines étalée au sol.
Leur individu n’était pas loin.

« Hey Aki- »
Il n’eut pas le temps de finir sa phrase. Un flash lumineux qui dégomma la rétine.
Djiburilu était un Tegami.
Et plus l’ombre est importante, plus la lumière est éclatante.

« SA RACE DEGOMME MOI CETTE AMPOULE ! » cria Hiro en se protégeant les yeux.
Il s’adressait à Akihiko et espérait que ce dernier avait été, un tant soit peu, protéger par l’éclat lumineux qu’ils venaient de subir.

Le noir est le refuge de la couleur.
Au sein des souterrains aux teintes fusains, les techniques du Tegami n’en étaient que plus fortes. Plus sombre est l’ombre et plus éclatante est la lumière. Les deux shinobis étaient clairement désavantagés dans la pénombre des lieux et avaient été tous les deux aveuglés.

On dit que lorsqu’un des sens est diminué – et ici leur vue était quasi inexistante – les autres sont décuplés. Peut être étais-ce grâce à cette théorie scientifique ou tout simplement l’écho qu’avait provoqué la voix d’Akihiko qui avait donné sa direction. Hiro ne comprenait pas vraiment ce qu’il se passait. Il ne savait pas si son collègue l’appelait à l’aide, s’il lui demandait de faire attention. Par principe, il se baissa au sol, au cas où le Tegami eut choisi de lui asséner un autre coup sans crier gare.

Hiro, recroquevillé dans son coin, entendit des bruits, mais impossible de savoir ce qui pouvait bien se tramer autour de lui. Les bras sur les genoux, les mains sur les yeux toujours endoloris, on aurait dit un enfant que l’ont avait puni dans un coin. Oui, Hiro n’était finalement rien d’autre qu’un enfant et les combats dans le noir, ça ravivait de vieilles peurs illusoires. Les enfants ont toujours peur du noir vous savez.

Soudain, la voix d’Akihiko le sorti de sa torpeur. Il était immobilisé ? Bien. Ça lui faisait une belle jambe à Hiro. Si son copain pouvait se taper tout le boulot, il n’allait pas l’en empêcher. Les lumières s’allumèrent tout à coup, tamisant l’espace. On y voyait désormais davantage. Hiro se releva en époussetant ses vêtements, comme pour éviter d’être pris sur le fait. Il jeta un coup d’œil autour de lui et trouva Akihiko non loin d’un mur. Il avait vraisemblablement trouvé un interrupteur. Son regard balaya la pièce alors qu’il dépliait son shakujo télescopique. Il tomba sur Djibu-machintruc, emmitouflé dans des… bras ? Pleins de bras. Pas tout frais. Sortant de terre. A la vue de cette tripotée de bras de cadavres. Hiro hurla de sa jolie voie de crécelle.

« Hiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiii ?! »

Il pointa Djibu-machintruc de son bâton de prêtre, ne cachant pas un tressaillement en regardant son compagnon d’infortune.

« C’EST DES BRAS ?! MAIS C’EST DEGUEULASSE !! » hurla-t-il de sa voix fluette.

« C’EST TOI QU’A FAIT CA ? » demanda-t-il à Akihiko.
Il ne lui laissa pas le temps de répondre qu’il se mit à chercher du regard quelqu’un dans la pénombre, les sourcils froncés. Il se souvenait de sa dernière excursion dans les tréfonds de la serre. De sa rencontre avec Rise, la folle avec ses cadavres. Et elle avait la fâcheuse manie de le faire sauter au plafond.

« PTAIN RISE OU TU TE CACHES ? JE SAIS QUE C’EST TOI ! » hurla-t-il face à la pénombre qui ne lui renvoya que son écho.

Et bizarrement Akihiko avait des airs de Rise. Un peu trop. Sauf que c’était un garçon. Et qu’il ne se moquait pas de lui. Ça lui faisait ça de différent.

« Tu connaitrais pas Rise ? » lui demanda-t-il de sa voix tremblotante tandis qu’il tapotait la tête de Djibu-machintruc avec son shakujo.
Ben ouais.
L’attaque, c’était pas son fort.
Ca carillonnait à chaque fois.
Oui parce qu’au final, depuis tout son petit manège, le Tegami était immobilisé et semblait un peu décontenancé par les événements. Il ne devait pas avoir dans ses habitudes de se faire attraper par pleins de bras de cadavres.
Hiro jeta un regard dans la direction de Djibu-machintruc.
Djibu-machintruc lui montrait ses jolies canines.

« EUUUUUUUUUUUUUUUUUUUUUUUUURK !! » dit le moine en grimaçant et esquissant un mouvement de recul.
L’étais pas très joli Djibu-machinchose.

« T’es de mèche avec Rise c’est ça ? » dit-il à son compagnon shinobi alors qu'il continuait de tapoter la tête de l'ex-détenu.

La crainte de l’humiliation est l’ennemie du risque.
Cela vous semblera certainement bien étrange, bien mystérieux, que ces deux individus partagent, finalement, bien plus qu’ils ne le pensent, qu’ils soient si proches en étant si différents. Tous deux craignaient le risque, craignait l’humiliation. Tous deux avaient des choses à redire à Rise et à ce qu’elle avait bien pu provoquer. Humiliation. Crainte. Peur. Chez l’un comme chez l’autre. Des craintes distinctes, bien différentes et certainement sans aucun lien, mais des craintes quand même. Elle bouleversait leurs quotidiens, à l’un, comme à l’autre.
Il y avait la peur de l’inconnu, la peur du noir, la peur de la mort, la crainte d’un tabou, de s’opposer aux croyances. De l’autre côté une peur plus viscérale, une crainte du regard des autres, du dégout, des ressentis. Ils étaient différents.
Et pourtant si semblables.

« Ah ouais c’est ta sœur… » dit-il avec un sourire compatissant.
Rise avait donc un frère. A ses mots, Hiro écarquilla les yeux. Il n’aurait jamais pu penser que la jeune femme soit liée à quelqu’un et encore moins qu’elle ait un frère, qui plus est semblait tenir à elle. Comment diable pouvait-il supporter cette énergumène ? Hiro était abasourdit et en oubliait bien des choses. Tant et si bien qu’il ne vit pas Djibu-machinchose s’être libéré, le charger. Et ses yeux s’écarquillèrent davantage lorsqu’il sentit les mains d’Akihiko le repousser, le voir prendre le coup à sa place. Lui, qui semblait si distant, avait réagit d’une façon qu’Hiro n’aurait jamais pu prévoir. Et il en avait gros sur la conscience, de voir quelqu’un le protéger. Même si au fond, il était heureux de voir qu’on puisse – potentiellement – tenir à lui, qu’on puisse vouloir prendre un coup pour lui. Ca aurait presque pu être une preuve d’amour, si elle ne venait pas d’un garçon.
L’amour à pourtant bien des formes.
Si différentes.

« Ça va mec ? » demanda-t-il gentiment à son collègue d’infortune.
Il venait de se prendre un coup pour lui tout de même, il se devait bien de lui montrer un peu de gratitude.

« Toi, tu vas regretter ce que tu viens de faire ! » dit-il à Djibu-machintruc en le pointant de son shakujo.
Oh oui.
Il allait regretter.
On ne touchait pas à ses petits congénères.
On ne touchait pas à ses adorateurs.

Et comme pour confirmer ses dires, il se propulsa en avant, armé de son shakujo. Le Tegami esquiva facilement son initiative. Hiro sourit. Il n’avait pas cherché à frapper l’individu mais à l’intimider, qu’il s’attende à une riposte, par son bâton carillonnant. Mais il n’en était rien. Hiro tacla l’individu, frappa la jambe déjà en piteuse état de l’éclopé qui tituba. Il lui avait fait mal. Mais lui aussi, avait encore des coups dans sa manche, comme la flashball qui venait de lui péter la rétine, alors qu’il déstabilisait l’individu.

« Arrrrgh ! L’ampoule tu me les briiiiiiiises ! » vociféra Hirohiko, complètement aveuglé par l’attaque. Hiro s’embobina dans sa démarche, s’étala de tout son long, et emmena Diju-machinchose au sol avec lui, dans son élan.
Le combat devait être piteux, vu de l’extérieur.
Il n’en doutait pas une seule seconde.

Hirohiko s’était planté par terre en beauté. Ça n’avait ab-so-lu-ment rien d’élégant. Il pensait avoir restreint le criminel en frappant sa jambe boiteuse mais, visiblement, cela n’avait pas suffi. Il était plus résistant qu’il n’en avait l’air. Il se débattait, vociférait. C’était un sacré roublard, ce Tegami.
Hiro il n’était pas un fin stratège et il n’avait pas trop écouté Akihiko. En même temps, la seule personne qu’il écoutait n’était autre que lui-même – et encore - et peut être étais-ce aussi ce qui lui causait des torts. Ce qui leurs causaient des torts.

Une fois qu’il eut repris ses esprits et surtout frottés ses yeux pour s’habituer à nouveau à l’espace tamisé, Hiro se releva.
Il était coriace Djibu-machinchose. Il avait reconnu Hirohiko, le fameux riche plein aux as. Le voir se battre contre lui, ça n’était pas très logique. Le Tegami n’était pas aussi bête qu’il était moche. Il avait bien compris qu’il avait affaire à des shinobis. Que ce marchand était un faux et que ces diamants n’étaient que graines.

Akihiko abandonna l’idée de faire se rendre leur adversaire. La faute à Hiro qui n’avait pas suivit ses directives. Du coup Akihiko proposait désormais de l’attaquer, de donner tout ce qu’ils avaient dans le ventre pour défoncer – que dis-je appréhender – le criminel. Hirohiko était un peu dubitatif parce qu’en soit, il n’avait pas grand-chose à proposer. Oh bien sûr il ne le dirait pas, ne le laisserait pas entendre. Mais bon.
Il était nul en offensive, n’y avait pas a tergiverser sur le sujet.

Akihiko il n’avait pas l’air ultra confiant au corps à corps non plus. Il restait en retrait. Il invoquait des cadavres. Deux. C’était déjà trop. Hiro, qui était jusqu’alors toujours par terre, voyait des cadavres se ruer devant lui. Des trucs moches, nauséabonds avec des têtes à vous faire pâlir. Et un petit cri de fillette s’échappe d’entre ses lèvres. Ok il fait noir, mais ce lieu n’est vraisemblablement pas une morgue. Ils sortent d’où ceux-là ? Pis les cadavres c’est moche, ça pue. Il se demande si les frères et sœurs sont eux aussi dégoutés par leurs propres créatures.
Peu importe les goûts et les couleurs, Hiro devrait faire avec. Akihiko avait l’air d’être un gars plus posé que sa sœur et surtout plus futé. Bizarrement, Hirohiko hocha la tête pour montrer son approbation et joignit ses mains.

« A-vi-ra-hum-ham »

Il récita un court mantra, et bien que la pièce soit exigue, il fit apparaitre l’aura divine autour de lui.
C’était une aubaine, finalement, que la pièce soit petite. Ils avaient davantage de chance de toucher leur adversaire. Sa première technique consistait à repousser l’adversaire, et pourquoi pas lui faire manger un mur.

« Om-mani-paidmé-oum »

La seconde permit d’emprisonner l’adversaire dans les deux mains de la divine. Et hop un Tegami immobilisé. La prise avait été faite rapidement tandis que le Tegami s’était concentré sur les cadavres. Ainsi, il n’avait pas été question de brûlure de rétine pour le moine, qui en était soulagé. Les cadavres n’avaient plus qu’à s’en donner à cœur joie avec l’individu qui ne pouvait plus réaliser de mudra.

« Il est immobilisé tant que je maintiens ma technique. » Expliqua Hiro à son compagnon de mission.

« On a plusieurs solutions qui s’offrent à nous. Néanmoins je préconise de le mettre hors d’état de nuire le plus vite possible et d’ensuite chercher ce qu’il a bien pu voler. On ne sait pas si il n’a pas des acolytes qui trainent ou qui l’aident donc il faut faire vite. »

Le problème c’était que cette technique, Hiro la maintenait, et qu’il ne pouvait pas se déplacer avec sa divinité. Du coup il faudrait faire en sorte de mettre Djibumachinchose hors d’état de nuire avant de l’amener aux autorités. Par ailleurs, ils pourraient profiter de l’immobilisation pour trouver le butin laisser par le brigand. Mais vas savoir où il l’avait mis et si il n’était pas aidé dans ses cavalcades…
Après tout, il était un renégat bien connu, nul doute qu’il s’était fait une petite réputation au sein des brigands.

Tout c’était déroulé assez vite.
Certainement trop.
Hiro s’en sortait avez de jolis bleus et ses rétines explosées. Ca aurait pu être pire.
De son côté Akihiko semblait s’occuper du malfrat avec ses… cadavres.
L’un vint entailler la chair du Tegami. La plaie n’était pas grande et l’attaque pas vraiment efficace, jusqu’à ce qu’Hiro voit l’homme s’assoupir, inconscient. L’entaille n’était qu’un leurre pour libérer une toxine dans le corps de l’individu et le mettre hors d’état de nuire.
Hiro se dit, qu’encore une fois, il était bien content d’avoir le genin à ses côtés et non contre lui.
Déjà parce qu’avoir une nuée de morts vivants qui vous sautent dessus ça ne fait jamais plaisir.
Mais aussi parce qu’il avait des techniques plutôt pratiques – en plus d’être visuellement repoussantes -.

Akihiko le prévint qu’il n’avait que quelques minutes avant que le Tegami ne recouvre ses esprits. Hiro comprit qu’Akihiko s’occuperait de l’attacher avec ce qu’il trouverait sous la main ou peut être ce qu’il avait dans ses poches – il n’était pas allé fouiller – tandis que, lui, allait devoir inspecter un peu les coins.
Il déglutit et acquiesça, laissant le genin aux prises avec l’endormit.

« Ok je te le laisse, je reviens. » lui dit-il en s’éloignant dans la pénombre.
Hiro c’était une flipette dans le noir. Heureusement que y avait ce petit tamisage lumineux, pour qu’il ne fasse pas de crise cardiaque à la première souris trouvée.
Ainsi partit-il à la conquête du simili-souterrain dans lequel ils s’étaient enfoncés.
Il y avait quelques pièces, pas grand-chose finalement.
Il les inspecta une à une.
La première était vide, comme la seconde. Une troisième menait à un autre couloir, plus lointain. Dans un coin il aperçut quelques trouvailles, des choses qui scintillaient et qui n’avaient pas encore été vendue ou déplacées ailleurs. Nul doute qu’il s’agissait de la planque du nouvel échappé.
Il poursuivit ses recherches, conscient du manque de temps dont lui avait fait part son camarade de mission.
Il y avait d’autres pièces et d’autres couloirs.
Plusieurs portes. En quelques minutes il trouva une autre porte menant vers l’extérieur.
Hiro se dit qu’ils avaient été chanceux de coincer le Tegami dans un recoin puisqu’il aurait pu détaler par ce passage, s’ils n’avaient pas été plus rapides et s’ils ne l’avaient pas surpris totalement la première fois.
La porte semblait d’abord condamner lorsqu’il tenta de l’ouvrir. En forçant un peu, agrémenté d’un coup d’épaule, il réussit à la déloger. Lorsqu’il l’ouvrit, il se rendit compte qu’elle débouchait, comme l’entrée qui les avaient conduits aux souterrains, sur de petits escaliers, non loin du marché.
Une planque idéale pour un voleur dont les entrées étaient simili-dissimulées.

Il n’avait croisé personne d’autre jusque-là. Tant mieux. Il n’avait pas trop envie de se battre. Il prit le temps de revenir vers le marché et de héler trois genins postés en garde pour venir les aider. Il était question soit de mater le Tegami qui aurait put s’échapper de l’emprise d’Akihiko – même s’il n’y croyait pas trop – soit de venir ramasser les trouvailles qu’il avait entre aperçu pour les mener au poste et les rendre à leurs dus propriétaires.
Accompagner des trois autres genins, il revint en direction du souterrain. Rien ne semblait, à première vue, avoir bouger.
Il pointa du doigt les salles où il avait aperçu des trésors et retourna, accompagné de l'un d'entre eux, en direction de la première pièce où aurait dû toujours l’attendre Akihiko et le malfrat emprisonné.

« Toujours là Aki ? » demanda-t-il tandis qu’il s’approchait de l’endroit où il avait laissé son camarade.

Lorsqu’Hirohiko revint, Akihiko l’attendait. Le moine lâcha un soupir de soulagement, heureux de voir que la substance que lui avait injecté le nécromancien était toujours efficace. Ce dernier répliqua tout de même qu’il fallait se hâter pour éviter que l’éclopé ne se réveille et tente de s’enfuir. En soit, Hiro se plaisait à penser que l’ex-détenu ne devrait pas réussir à s’échapper avec autant de genins autour de lui. Mais on n’est jamais trop prudent, comme on dit.

Hiro remarqua un coup d’œil d’Akihiko dans sa direction avant qu’il ne se porte sur le nouvel arrivant. Le troisième genin qui les avaient rejoints était un homme assez bien charpenté. On lui confia donc sans tergiverser de porter Djubumachinchose. Hiro était plutôt content du dénouement de la situation. Ça l’aurait franchement fait chier de porter le malfrat. Déjà qu’il l’avait touché tout à l’heure pour éviter qu’il ne s’enfuît. Il ne sentait pas bon en plus. Non, vraiment, il était heureux de voir qu’Akihiko avait assez de sens pour ne pas lui imposer cette tâche, lui-même trop frêle pour l’effectuer.
Le genin acquiesça et, un peu aidé par HIrohiko - malgré ses réticences -, attrapa l’individu.

Tandis que le genin commençait à s’éloigner, Djibumachintruc sur l’épaule, Aki et Hiro lui emboitèrent le pas. Le nécromancien était curieux de savoir ce qui avait bien pu se passer pendant qu’il avait mis hors d’état de nuire le malfrat et qu’il l’avait saucissonné. Il lui demanda s’il avait réussit à trouver ce qu’avait chapardé le voleur à la jambe boiteuse.

« J’ai entre-aperçu des trouvailles dans quelques pièces. » Il les pointa du doigt.
« Deux autres genins s’occupent de les ramener au poste. J’espère que c’était la seule planque de Djibutruc. En attendant on a fait du bon boulot ! »
Au même moment, l’un d’entre eux sortit, les bras autour d’un gros coffre vetuste, certainement rempli des chapardises du malfrat. Il donna un léger coup de tête pour saluer Akihiko et se hâta vers la sortie.

« Il y a une deuxième sortie par là-bas. Elle ne devait pas être beaucoup utilisée car j’ai dû me déboiter à moitié l’épaule pour l’ouvrir. » dit-il, trop fier de raconter ses péripéties et aventures à son camarade, qui n’en avait peut-être rien à faire.

D’ailleurs celui-ci changea directement de conversation pour lui demander, d’un ton un peu sec, s’il pouvait garder ce qu’il avait vu pour lui. S’il pouvait omettre les gangs de cadavres que sa sœur et lui s’amusaient à invoquer pour leur porter secours.
Hiro n’était pas grand partisan des nécromanciens. Lui, défenseur de la vie, avait du mal avec ces capacités qui pouvaient faire revenir les morts entre les vivants, même pour quelques instants. C’était jouer avec le sacré. Ça ne lui plaisait pas trop.
Que pouvait-il bien y faire.
D’ailleurs ça ne semblait pas trop plaire au garçon non plus. Il n’avait pas l’air de vouloir crier sur les toîts qu’il pouvait utiliser les corps des défunts à sa guise. Ça s’entendait.

« Oh euh… pas de soucis. »
Hiro ne savait pas trop quoi répondre.
Il n’allait clairement pas vanter les talents des autres, surtout ceux qui le faisaient criser.
Y avait qu’à voir sa dernière mission avec Rise, où il avait crié comme une jouvencelle en détresse.
Et puis il ne savait plus trop mettre la barre entre le bien et le mal, avec les Sugawara. Autant il avait eu beaucoup de mal avec sa sœur, autant son frère ne semblait pas s’amuser de son malheur.
Non, vraiment, il ne voyait rien à y gagner, à en parler.

« Malgré tes capacités… particulières, j’ai été heureux de te rencontrer Akihiko. » lui avoua le moine, non sans bomber le torse pour montrer que sa grandeur prêtait un peu d’attention à ses mignons petits congénères.
Pour preuve qu’au fond de lui, il savait bien que le jeune homme avait un bon fond. Il l’avait senti. Il était bien différent de sa sœur. Et il en était plutôt reconnaissant.