Réminiscence d’une jeunesse incertaine.
La tête reposée sur l’un des coussins de mon lit, j’observais le plafond, laissant mon esprit divaguer à travers quelques souvenirs lointains. J’avais tant accomplie ces dernières années, qu’il me devenait difficile de bien tracer cette ligne qui sépare l’adolescence et la vie d’adulte. Enfin, je n’étais pas réellement une adulte, techniquement parlant, mais avec tout ce qui s’était passé, je n’avais eue d’autre choix que d’agir comme tel et de me prendre en main bien avant les autres de mon âge. Cela me frustrait, très certainement, mais je tentais tant bien que mal de m’y faire et d’y trouver les quelques avantages que cela représentait. Déjà, il y avait la mort de ma mère…ou sa disparition, nous ne savions plus trop en fait. Depuis la prison, elle avait été envoyée aux trousses de ceux qui s’y en étaient échappés, à plusieurs reprises et cette dernière fois semblait avoir été celle de trop. Cet événement changea la vie de plusieurs personnes en fait, pas juste la mienne. Des orphelins, des veufs et des veuves, comme Papa... des familles brisées…de la peur, de la tristesse, de la colère qui ne trouvaient de salvation.
Mais au-delà de ça, il y avait aussi l’impression de ne pas avoir eut la chance de grandir normalement, comme une enfant normale. La clan Hyûga était stricte, la discipline qu’on y imposait était juste…trop poussee…et si cela faisait de nous la noblesse guerrière et héritière du pouvoir de Hi no Kuni, je pensais surtout que le prix y était cher payé. Combien d’enfances brisés avait le nom de Hyûga sur ses mains? Probablement trop. Grandir avec cette satanée pupille signifiait une différence, qui accentuait déjà les amitiés limités que pouvaient avoir un bambin né sous ce patronyme. Aussi, lorsque son pouvoir se dévoilait enfin, il poussait encore plus cette distinction en affectant la psyché de la personne. Un univers séparait maintenant cet enfant des autres, qui voyait finalement le monde d’un tout autre œil…sans vouloir y faire de mauvais jeu de mot. Ajoutez à cela les traditions à respecter, la pensée d’être au sein de l’élite mondiale, de se sentir presque comme étant des élus parmi les hommes, et de porter, sans cesse, tout ce poids sur ses épaules à un âge si précaire…bref…l’on faisait des marmots Hyûga de petits adultes…et non des gamins.
Au final, lorsque l’on regardait la vie des "pupilles grises" de cet angle, toute leur gloire et la fierté d’appartenir à ce clan semblaient bien dérisoires, voir honteuses. Cependant, en vieillissant, l’on finissait par comprendre un peu plus les raisons plus nuancées derrière ce manque d’humanité. Aussi, il n’y avait pas que ça. L’amour restait présent malgré tout au sein des Hyûga et souvent, les parents gardaient de profondes cicatrices sur leur cœur, à devoir élever leurs progénitures sous toutes ces règles, ces traditions, ces lois claniques et dans cette apparence qu’ils devaient projeter en tout temps qui, souvent aussi, ne reflétaient pas toujours ce qu’eux, individuellement, pensaient. Je commençais à le voir, à percevoir ces regards tristes de ces parents contraints à agir ainsi pour le bien collectif de la famille entière. C’était là le grand sacrifice à payer pour le pouvoir et le prestige derrière le Byakugan.
Soupirant, mais restant toujours couchée dans mon lit, je tournai les yeux vers la fenêtre de ma chambre, qui donnait sur les branches feuillues de plusieurs petits Sakaki. Je parcourai longuement, du regard, ces feuilles vertes en me rappelant qu’à Konoha, nous étions tous comme elles, au moins. Sans tous et chacun nous n’étions rien et le tronc que représentait le village ne pourrait pas survivre seul. Peut-être était-ce ainsi aussi pour le clan, mais à plus petite échelle. Peut-être que tous ces efforts signifiaient notre survie. Après tout…personne d’autre ne détenaient un pouvoir semblable au notre. Peut-être est-ce que toutes ces précautions étaient utiles après tout.
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