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Lueur Sablée [Mission Rang C]
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Kamui Hirohiko
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L u e u r     S a b l é e
Kamui Hirohiko & Sugawara Rise
Nous sommes faits de la même matière que les rêves.
Et si c’était un rêve, Hiro voulait se réveiller, et vite. Fissa. Il clignait des yeux à maintes reprises, dévisageant le parchemin qu’on avait, encore une fois, laissé sur le perron de son logement. Ses petits cils papillonnaient allègrement alors qu’il se demandait si on ne se foutait pas un peu de sa gueule, qu’on le prenait un peu trop à la légère. Lui, le très grand, très respecté – ou pas – Hirohiko, devait, encore, se farcir Rise. Et dieu sait qu’il avait du mal avec Rise. Elle avait démoli sa conscience, défoncé son égo, martyriser ses principes. Alors il n’avait aucune envie de la revoir et encore moins de passer toute une mission en sa compagnie. Il se souvenait de l’ambiance gluante, puante et sombre de leur précédente mission ensemble.
Hm.
C’était vraiment pas ragoutant.
Ça donnait vraiment pas envie.
Et Rise avait beau être une jolie fille, il y en avait qui, visiblement, n’étaient pas au goût d’Hirohiko. Du moins, elle avait montré à de trop nombreuses reprises qu’ils ne pouvaient être sur la même longueur d’onde, qu’ils ne parvenaient, et ne parviendrait certainement jamais, à se comprendre.
Lui laisser une seconde chance ?
Peut-être.
Il avait l’âme charitable.
Avait-il seulement le choix ?

Il se mit à rire.
Rire parce qu’il avait envie de pleurer.
Rire parce qu’il savait que ça allait déraper.
Rire parce qu’il venait de lire l’ordre de mission et qu’il savait, ô oui il savait, que c’était foutu d’avance, que cette seconde chance, Rise, elle ne l’aurait jamais.
Ça allait parler religion, principe et égo, une fois encore.
Alors il riait à plein poumons, à s’en décrocher la mâchoire, à en faire pleurer ses orbites qui ne voulaient pas croire ce qu’elles venaient de lire.
Oh non, non, non, bordel non.

Tiens en parlant de religion, celle-ci, il n’en avait jamais entendu parler. Il n’en avait jamais entendu parler, parce qu’Hiro n’avait jamais trop daigné se déconcentrer de son petit nombril. Et puis parce qu’Amaterasu était la seule, l’unique, l’irremplaçable maîtresse de la lumière et que tous les autres ne vivaient que dans l’ombre, dans la chimère d’un autre idéal.

Il déchira la missive en milles et un morceaux et dans toute la lassitude qui le connaissait – et encore davantage au vu de la mission – il se mit en route pour le vieux port.
Lorsqu’il arriva, Rise était déjà là. Il l’a reconnu de suite, avec son bandeau de pirate sur un œil. Ca l’aurait presque fait sourire, ça lui rappelait presque ses origines. A grand contre cœur il s’approcha d’elle et la salua avec un grand sourire. Son visage trahissait toute la fausseté de sa démarche.

« Hey Rise, comme on se retrouve, dingue ça non ?! » il ricanait nerveusement.
Parce qu’il n’avait pas envie d’être là.
Elle était pourtant jolie, Rise.
Elle était pourtant innocente, Rise.

« Alala j’ai hâte que cela commence, pas toi ? » lui dit-il en se frottant les mains, bien heureux d’apercevoir quelques figures autour des hangars.
Il avait surtout très envie de faire autre chose, de trouver quelqu’un d’autre à qui parler. Et même s’il était convaincu qu’il était l’idéal, sous le feu de la rampe, pour cette mission, il avait cette désagréable impression qu’elle allait encore tout remettre en cause.
Ses idéaux, ses principes, sa vie.
Qu’a cela ne tienne, ils ne seraient pas seuls et là étaient, peut-être, son unique délivrance.

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Votre mission, si vous l'acceptez:
Kamui Hirohiko
(#)Mer 16 Déc - 16:03
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Lueur Sablée
Une mission sur la religion.
Ça pourrait être drôle, ça. S’infiltrer, découvrir, en savoir un peu plus sur ces illuminés. Oui, sur le papier, ça paraît bien, une mission sur la religion.
En réalité, c’est un foutoir absolu. Déjà, son partenaire est Kamui Hirohiko. Le pauvre homme croyant auquel elle a potentiellement brisé le cœur, la dernière fois, dans les sous-sols de la Serre. Ensuite, il faut savoir que Rise, la religion, elle s’en bat la couenne. Elle s’en carre l’ananas. Elle s’en essuie les fesses.
Bref, la religion, elle n’en a rien à faire. Sauf qu’il faut qu’elle se force. Qu’elle fasse semblant.
Malheureusement, pour faire semblant, bein, Rise, elle n’est pas très forte. Trop spontanée, trop honnête ou simplement trop grande-gueule, elle est littéralement incapable de mimer un intérêt pour quelque chose qui ne lui en suscite aucun.
Autant dire que la mission sur la religion, en théorie, c’est très mignon ; en pratique, c’est encore autre chose.
Elle soupire.

Bon, bah il n’y a plus qu’à s’en remettre à son partenaire préféré, la princesse de ses rêves, la cantatrice refoulée, qui s’ignore et se cache derrière ses merveilleuses vocalises. S’en remettre au grand, au beau Hirohiko.
Quelle merde.

L’église de la « lueur sablée qui couvre le monde », ça commence vraiment, mais alors vraiment très mal.
Ils se sont pris pour qui, les guignols, là ? Les marchands de sable ?
Piou piou, tu passes ici, tu passes là et hop, miracle, c’est l’heure de la sieste !
Il suffit de fermer les yeux et de se laisser porter !

Quel putain de déplaisir.
Elle a envie de prendre ses jambes à son cou.

Arrivée devant les hangars, elle s’installe un instant, observe. Les gens n’ont pas l’air trop illuminés. Trop fous. Trop cons.
Ils sont relativement normaux.
Les religieux ne sont pas des gens différents, non ; ils aspirent simplement à des trucs auxquels Rise ne croit pas et, malheureusement, est incapable de croire.

La voix de Hirohiko met un terme à ses songes.
Elle se tourne.
Il a ce rire, dans sa voix. Cette intonation fausse, pleine d’une hypocrisie qui lui annonce la couleur. Elle soupire.

« Tu commences déjà ? »

Hausse les épaules. Elle est pas amusée, Rise. Ah, non. Vraiment pas amusée.
Il se frotte les mains, lui annonce qu’il a hâte que la mission commence.
Une nouvelle fois, la borgne soupire. Cette fois, elle fait en sorte qu’il soit bien sonore, pour s’assurer que son partenaire l’entende bien.
Parce que non, elle n’a pas envie d’être là. Elle n’a pas envie de les entendre déblatérer sur toutes ces histoires. Elle n’y croit pas, ne veut pas y croire.
Tant mieux pour eux s’ils ont encore foi en quelque chose, elle, ça l’intéresse pas.

« Bof, j’donnerais bien mon deuxième œil pour pas être là. Mais on choisit pas. »

Elle observe longuement son interlocuteur, finit par lui sourire.

« C’est top, comme c’est ton domaine, tu vas pouvoir prendre les devants et me diriger ! Je serai … »

Inspire longuement. Met une main sur sa hanche, qu’elle bascule doucement sur le côté dans un mouvement plus que connoté.

« Ta jeune et douce fidèle. »

Une étoile passe dans son regard.
Oh, il y a moyen de la rendre formidable, cette mission. Enfin, formidable pour elle.
Pour Hirohiko, ce ne sera qu’un calvaire supplémentaire.

Qu’elle est dure, la vie de ninja.
Qu’elle est dure.
Sugawara Rise
(#)Jeu 17 Déc - 14:44
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L u e u r     S a b l é e
Kamui Hirohiko & Sugawara Rise
« Tu commences déjà ? »
Elle était arrivée comme une claque, cette fois-ci.
A la vitesse de la lumière, en bonne maîtresse des comètes.
Il l’avait presque sentie, la claque, sur sa joue. Alors Hiro porta sa main au visage, touchant sa joue, pour bien vérifier, qu’elle n’avait pas porté atteinte à la magnifique effigie qu’il était.
Elle soupire, encore et encore, comme une théière qu’on laisse trop longtemps sur le feu.
Parce qu’elle n’a pas non plus envie d’être là. Parce qu’elle sait déjà que leur aventure, leur seconde chance, n’arrivera jamais. Et bizarrement, Hiro, ça le fait sourire.
Parce que cette fois-ci c’est son territoire.
Cette fois-ci il a toute la gloire.

Elle lui dit encore des choses qu’il ne comprend pas. Elle parle de deuxième œil. Il devine que sous son masque de pirate elle n’en a plus. Il devine qu’elle n’est donc pas la fan du capitaine crochet et son célèbre équipage et qu’elle a dû bien souffrir, elle aussi, dans sa jeunesse. C’est bizarre, cette pensée, elle le réconforte, elle l’amadoue. Parce que derrière sa carapace sans empathie, Rise aussi a eu une vie, Rise aussi elle à souffert. Peut être que c’est ça qu’ils ont du mal à s’avouer.
Leurs souffrances.

« Laisse-moi faire ma jolie, je gère. » lui répondit le bogoss à la chevelure argentée, tapotant l’épaule de sa camarade, que dis-je, de sa jeune et douce fidèle. La phrase l’avait fait sourire, l’avait fait rire. Elle ? Belle ? Douce ? Fidèle ? Ça faisait quand même beaucoup de chose qui ne lui allait pas, qui ne collait pas. Alors, pour une fois, c’est Hiro qui se moqua ouvertement de Rise.
A s’en décrocher la mâchoire.

Une fois qu’il eut repris son souffle, d’avoir trop ri, il passa un bras autour des épaules de Rise.

« Bien. Il doit bientôt être dix-huit heures. On va se présenter et assister à la messe. Toi, tu dis rien. Fais comme si tu étais amoureuse, comme si on était un couple. Ça devrait être facile, non ? » lui souffla-t-il à l’oreille.
Parce qu’il commençait à y avoir quelques personnes.
Parce qu’il ne voulait pas être entendu.
Il avait revêtu des atours tout autre que ses habits de moines. Ainsi, on ne pourrait pas l’associer à tort. Ça le meurtrissait, au fond, de devoir faire semblant de vénérer autrui, mais Amaterasu lui pardonnerait. Il allait les remettre dans le droit chemin. Mais pas tout de suite. D’abord, il devait les connaitre, pour pouvoir les convaincre. Les comprendre pour pouvoir les aider.
Parce qu’ils étaient complètement perdus.
Leurs croyances étaient forcément fausses, forcément mauvaises.

Et puis, oui, ça serait forcément facile de prétendre dans ses bras, prétendre être éperdue de sa stature, de sa beauté, de son talent inouï pour irradier la galerie. Hiro le savait, il en était persuadé, Rise devait, tout au fond d’elle-même, en pincer un peu pour lui, quand même.

Ainsi, bras dessus, bras dessous, le couple le moins probable de Kaze se présenta à l’entrée du hangar. La devanture laissait paraitre leur hymne, qu’ils scandaient en fanfare : « La lueur sablée qui couvre le monde ». Hiro se demandait si la lueur n’était pas tout bonnement cette bonne vieille Amaterasu et si elle ne la lui faisait pas à l’envers. Peut-être qu’elle le testait.
Qui sait ?

« Bonsoir mon père, ma femme et moi nous sommes de fervents adorateurs de votre culte, nous souhaiterions le rejoindre et assister à la messe de ce soir. » susurra Hiro à l’un des prêtres postés à l’entrée du hangar. L’homme sembla les dévisager un court instant et les laissa finalement entrer.
« Que la lueur sablée vous bénisse » leur dit-il alors qu’ils pénétraient dans l’enceinte.

Le hangar était arrangé de nombreux bancs pour la messe des fidèles. Tous dirigés en direction d’une petite estrade de sable. Certains étaient déjà assis. D’autres arrivaient encore. Un prêtre les accueillit et leur indiqua une direction, au fond du hangar. Hiro lâcha l’épaule de sa partenaire et lui prit la main, comme pour éviter qu’ils ne se perdent.
Il fallait vraisemblablement être baptisé pour pouvoir assister à la messe et donc recevoir une gerbe de sable mélangé à du sel dans la gueule en plus d’un rite qu’on psalmodiait tandis qu’on vous caressait la paume des mains. Cela devait avoir un certain sens. Mais Hiro ne comprenait pas bien lequel.
Néanmoins il accepta le rite, bombant le torse de fierté, comme si c’était la chose la plus merveilleuse qui lui était arrivé. L'odeur d'iode lui éprit les narines. Elle lui était, étrangement, famillière.
Hiro ne put s’empêcher de retenir un rire en voyant l’expression qui tarissait le rire le visage de Rise et un immense sourire se pavanait fièrement sur son visage.
Après quoi, on les invita à aller s’asseoir.

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Kamui Hirohiko
(#)Jeu 17 Déc - 19:14
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Lueur Sablée
Il prend la main, dirige. C’est son truc, à Hirohiko, la religion. Pour lui, c’est comme une énième inspiration, une petite dose d’oxygène qu’il va remplir de son dioxyde de carbone. Un truc naturel, simple. Habituel. Comme un réflexe.
Pour Rise, c’est différent. C’est nul. C’est pas intéressant. Si elle conçoit que d’autres peuvent y croire, se laisser aller à l’espoir que ça donnera un sens à leur vie, elle, ça ne lui plaît pas. Elle trouve ça idiot, futile. La religion n’a jamais sauvé personne et a mené à bien des guerres. Bien trop de guerres.
Alors, bon, forcément, quand il faut travailler dans ce sens, Rise n’est pas exactement la meilleure personne à choisir.
Sauf que c’est une ninja. Une Genin, qui plus est. Une débutante. Elle n’a pas son mot à dire.
Il faut qu’elle fasse ses preuves dans tous les domaines, de toutes les manières, quoi qu’il lui en coûte.
Heureusement pour elle, pour cette mission, comme son accompagnateur est plutôt calé dans le domaine, cela devrait être très simple.
C’est pourquoi Rise décide rapidement de rester dans l’ombre de la crinière d’argent. Ça lui plaît pas trop, parce que ça gonfle son ego, à Hirohiko. Ça lui donne l’impression d’être important. Alors que, finalement, c’est juste que Rise ne veut pas faire capoter cette mission. Inutile de lui dire ou de lui expliquer, à vrai dire : il ne l’écouterait pas.

Et puis, il a choisi sa tactique, Hirohiko.
Une tactique plutôt dérangeante pour la borgne.
Après s’est bien moqué d’elle, il passe un bras autour de ses épaules, la serre contre lui. Il faut à Rise une grande dose de sang-froid pour ne pas le repousser.
Il fait d’eux un couple. Voilà. Comme ça. Elle doit faire « comme si elle était amoureuse ». Les radars de la Genin s’agitent, s’affolent : comment on fait ça ? Ça la met encore plus mal à l’aise que la messe elle-même.
Est-ce qu’elle doit le regarder d’une manière spécifique ?
Est-ce qu’elle doit dire quelque chose en particulier ?
Est-ce qu’elle doit le toucher ? L’embrasser ?
Rise déglutit. Il considère que ça, c’est facile ? Elle aurait préféré se transformer en aspirante prêtresse, ou en fanatique. Là, elle est une copine. Une amoureuse.

Cette mission va de mal en pis.

La borgne ne dit rien, suit le mouvement. Elle réplique les gestes d’Hirohiko à l’identique. Quand il passe son bras sous le sien, elle le laisse faire, serre le sien. C’est peut-être pas la bonne méthode, elle n’en sait rien. Rise reste dans l’idée que, si Hirohiko le fait, c’est que c’est « comme ça ».
Quand ils s’approchent, c’est la suite de la descente aux Enfers. C’est lent, progressif, ça prend son temps. Elle sent son cerveau perdre petit à petit des neurones, entrer dans un mode hybride où elle a envie de tout casser sans pouvoir tout casser. Une situation dérangeante, qui la rend presque amorphe.
Rise se contente de sourire, de ne rien dire.
Si on lui demande, elle est devenue religieuse parce qu’elle a perdu toute sa famille après qu’ils lui aient crevé un œil. Sur un malentendu, ça peut passer.

Le père les bénit, les laisse entrer. Avant de pouvoir devenir des fidèles, il faut qu’ils soient baptisés.
Encore une marche vers les abysses.
Le prêtre leur jette du sel et du sable mêlés en pleine figure.
Rise cligne rapidement de l’œil, reste muette, perplexe. Du sel ? Du sable ? À la figure, comme ça ?
Mais qu’est-ce qui va pas chez eux ?

Instinctivement, la borgne serre la main de Hirohiko dans la sienne, comme un appel à l’aide. Qu’il la sorte d’ici. Qu’il l’emmène, n’importe où, vraiment, tant que c’est loin de ces fanatiques.
Comment s’infiltrer là-dedans sans passer pour des blasphémateurs ? Comment résister à l’envie de chier sur chacun d’entre eux ?
Ils sont barges.
Barges !
Ils jettent du sel et du sable à la figure des gens ! Ils prennent le temps, là, comme ça, de baptiser les leurs avec une coutume bizarre et désagréable. Et ils font ça pour appartenir au même troupeau !
Ça leur donne l’impression d’être une communauté ! D’être ensemble !
Mais comment ça ensemble ?!

Rise écrase les doigts de la crinière argentée avec les siens. Elle serre, serre, aussi fort qu’elle pince sa lèvre avec ses dents.
Elle a envie de hurler.
De partir en courant.
De tout faire, sauf de rester ici.

Sauf qu’elle n’est pas au bout de ses peines, Rise.

Au fond de l’église improvisée, une porte s’ouvre. Un homme en toge blanche, avec quelques parures ici et là, qui scintillent sous les lumières, apparaît dans une démarche lente.
Il impose un silence total, comme s’il s’élevait au-dessus de tous les mortels présents.
Rise l’observe, penche la tête.
Encore un fanatique ?
Encore un ?
Le chef, cette fois ?
Elle se met au fond de sa chaise, manque de faire voler celle du type devant. Pourquoi ? Parce qu’il le regarde, lui aussi, sauf qu’il murmure des éloges comme s’il s’agissait d’un véritable Dieu.

Ce n’est qu’un putain de fanatique comme les autres, il a juste une robe plus jolie !
Rise se triture les doigts, les entortille doucement. Elle a laissé tomber la main de Hirohiko parce que c’était plus possible.

L’homme se met au milieu de la pièce, lève les bras.

« Mes fidèles adorateurs, nous sommes réunis aujourd’hui pour célébrer l’élévation de nos âmes auprès de notre grand astre sacré le Soleil. »

Rise déglutit.

« La lueur sablée qui couvre le monde nous permettra de retrouver foi en notre pays, en notre continent. Nous serons heureux, nous serons forts. Nous serons meilleurs que tous ces hérétiques qui foulent le sol du désert. Ceux qui pensent que les ninjas sauveront le monde, quand nous savons qu’il ne fera que dépérir. »

N’aiment pas les ninjas.
Ça tombe bien, la ninja ne les aime pas non plus.
Rise se mordille une nouvelle fois la lèvre, crée une plaie à côté de la première.

« Le Soleil nous emportera tous, mes frères. Vous et moi nous élèverons à ses côtés, nous renaîtrons de nos cendres et volerons auprès de lui. Nous sommes les Élus. »

L’unique œil de la Genin cligne plusieurs fois, rapidement.
Elle reprend la main de Hirohiko, la presse. Un appel à l’aide, encore une fois. Une alerte.
Une manière d’exorciser son envie de se lever et tous les envoyer auprès de leur dieu Soleil. Une envie grondante, croissante, qui lui broie les entrailles.

Elle a envie de tous les tuer.
Tous.
Le grand prêtre en premier, pour montrer l’exemple.
Sugawara Rise
(#)Ven 1 Jan - 19:55
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Kamui Hirohiko
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Kamui Hirohiko & Sugawara Rise
Paraître n’est qu’une forme par laquelle on ne dévoile aux autres que ce nous voulons qu’ils voient de nous. Être ne dévoile pas, mais montre aux autres ce que nous sommes réellement. Ne paraissons pas trop souvent pour être un peu plus.
Être ou paraître ? Si l’habit ne fait pas le moine et que les apparences sont trompeuses, comment savoir qui est qui ?

Paraître est un art. Un art qu’Hirohiko maitrise – certainement loin de la perfection – mais il sait s’y prendre lorsqu’il s’agit de prétendre. Ah ça prétendre être le Messie, le Jésus moderne, il sait faire ! Prétendre être un fanatique convaincu par une divinité postiche, beaucoup moins. Néanmoins il abhorre cet immuable sourire faux.
Faux ?
Quoique. Il est amusé de la tournure des évènements. Lui qui avait subit le joug et les moqueries de Rise lors de la mission précédente, se délecte désormais du contrecoup, du renversement de situation. Et il n’y a pas à dire.
Elle a l’air de détester ça.
D’ailleurs, sa main vint chercher celle du – vrai – moine. Hirohiko fut surpris. Le rouge lui monte aux joues. Ah les femmes ils les draguaient, s’en vantaient, mais il n’était que belles paroles. Qu’elles le touchent d’elles-mêmes, c’était un peu nouveau.
Et puis c’était Rise dont on parlait.

Hiro est perdu. Les esprits se chamaillent dans son cerveau tandis qu’on les invite à s’asseoir. Il ne voit rien du désespoir de Rise. Lui se délecte de cette – fausse – preuve d’amour qu’elle lui porte. Il sent sa main contre la sienne. Il est heureux le petit Hiro. Comme un gamin. Comme s’il était amoureux pour la première fois. Si ce n’est pas mignon.
Au fur et à mesure, l’étau se resserre, sa main rougit, le tiraille, le pince, lui fait vraiment mal. Il grimace. Son voisin le remarque. Lui demande s’il va bien. Hiro lui répond que son épouse est un peu timide et qu’il a peur qu’elle soit malade. Ce serait vraiment dommage de rater pareille spectacle, vous comprenez.

« Elle est belle hein. »
Hiro essaie de convaincre son voisin que sa femme est la plus belle, histoire qu’il se détache de ses lèvres qui se pincent, pour éviter de crier.
Parce qu’elle lui défonce la main p*tain !
Mauvaise pioche. Le voisin voit qu’elle aussi, a le visage meurtri. Le voisin sourit. Tapote sur l’épaule d’Hirohiko. Lui dit qu’elle est très belle et qu’ils n’ont pas à être stressés. Le premier jour n’a rien d’exceptionnel.

« Ah ! Me voilà rassuré ! »
Hiro prétend l’être, mais il n’a rien compris.
Un homme en toge blanche, serti de parures scintillantes apparait. Il déblatère ses inepties. Hiro a les bras croisés, assis au fond de sa chaise. Il n’est pas convaincu. Il sait que cet homme a tort. Que la vraie personne à vénérer, ici, c’est lui. Mais surtout, surtout, il ne sent plus la main de Rise contre la sienne. Il se demande si elle a succombé au joug de la lueur sablée. Si ce vieillard lui fait de l’effet, alors qu’elle a le vrai Messie à côté d’elle. Il prend ça comme un rejet. Et puis il continu de laisser son esprit vaquer – parce que oui il réfléchit. Mal, mais il réfléchit -. Peut-être avait-elle conscience du mal qu’elle lui avait causé en serrant si fort sa main, qu’elle avait eu pitié de sa faible – que dis-je extraordinaire – stature. Oui, c’était ça. Elle était allée trop loin et elle ne savait plus comment s’y prendre.
Il jette un œil vers elle. Va pour la remercier de s’inquiéter, lui dire qu’elle n’a pas à s’en faire pour sa divine personne. Mais la moue crispée de Rise l’arrête. Et il comprend.
Il a tort sur toute la ligne.
Bien sûr qu’elle ne l’apprécie pas. Elle n’apprécie personne. Personne dans cette salle. Aucun être religieux. Ils vouent un culte aux vivants. Ils méprisent ceux qui jouent avec les morts. Evidemment qu’il la méprise, elle-aussi.
Elle haït autant qu’ils la haïssent.
Ils la haïssent autant qu’elle les haïs.
Mais personne, excepté Hiro, ne discerne cette tension palpable, cette aura meurtrière, qui émane de Rise.

L’homme a finit son discourt. Il sent la main de Rise presser à nouveau la sienne. Intérieurement – et un peu faussement aussi – Hiro lâche un sourire satisfait.
Il doit contenir cette aura meurtrière. Il doit calme Rise.
Au fond de lui, son cœur hésite. Il ne sait pas. Il doute. Elle n’aime pas ces faux religieux.
Lui non plus.
Mais elle ne l’aime pas non plus.
Et lui ?
Lui il n’en sait rien. Son esprit vaque. Il sent la main de Rise contre lui. Et au fond il ne sait pas quoi penser. Il est heureux de ce contact féminin, de ce contact chaleureux. Il serait au septième ciel – oui il se contente de peu – si ce n’était cette situation venimeuse.

L’homme dont Rise voulait faire valdinguer la chaise, se retourne vers eux. Il sait qu’ils sont nouveaux. Ses yeux vaquent, de gauche à droite, entre Hirohiko et Rise. Il sourit tendrement, de ce faux sourire postiche qu’ont les commerciaux qui veulent absolument vous faire boire leurs paroles.

« La lueur sablée n’est-elle pas merveilleuse ? Je suis sûr qu’elle vous a illuminé ce soir mes chers ! »
Sa voix est un mixte de fanatisme et d’artiste incompris.
Hiro a pitié de lui.

« Comment se sent votre épouse ? Elle n’a pas l’air d’aller bien. »
L’homme est inquiet pour Rise. Il doit voir cet air atroce qui peint son visage.

« Oh elle est très touchée. Bouleversée même. Je suis sûr qu’elle est conquise… »
Il s’arrête un petit instant. Dévisage Rise. Prends une grande inspiration. Lui colle un baiser sur la joue. Balance un clin d’œil à sa – prétendue – épouse.

« Elle a sa façon à elle de le montrer, c’est tout. »
Hiro convint. L’homme part. Il respire à nouveau. Il sait que Rise va le tuer. Il n’ose pas la regarder. Il attend que la sentence ne tombe sur lui, qu’elle lui détruise autre chose que la main.
Elle n’en aura pas le temps.

« Mes fidèles adorateurs, ce soir, nous comptons désormais de nouveaux adeptes parmi nos rangs. Qu’ils viennent me rejoindre sur l’estrade et se présenter. »
Oh misère.
Ils sont dans la merde.
Sacrément dans la merde – ne me remerciez pas pour cet humour, merci -.
Hiro a cet air dubitatif collé au visage. Aux yeux des autres, il devait être captivé par son initiation, son premier rite dans l’ordre de la lueur sablée. Son sourire postiche ancrer sur son visage.
Foutaises.
S’il représente cet idéal aux yeux de quelqu’un, cela doit être à lui-même, quoique je ne puisse m’exprimer sur ce fait tant sa personnalité s’avère ardue. Les mauvais exemples l’ont fourvoyé.

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Kamui Hirohiko
(#)Jeu 7 Jan - 1:10
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Elle est belle.
C’est tout ce qu’il trouve à dire.
Il le regarde, là, dans le blanc des yeux, ils se fixent un instant et, hop, comme un cheveu sur le ramen, lui dit qu’elle est belle.
Rise se demande si cette remarque n’a pas participé au ratatinement de sa main sous la sienne. Peut-être.
L’homme face à lui comprend, il sent que c’est étrange et il sait que c’est totalement normal. Enfin, c’est ce qu’il dit.
De son côté, Rise n’est plus certaine de savoir ce qui est normal de ce qui ne l’est pas. Tout ça n’a l’air que d’une vaste mascarade, une gigantesque mise en scène réalisée pour les piéger tous les deux.
Ça y ressemble réellement, au moins aux premiers abords.
Plus ils s’y enfoncent et plus Rise réalise que non, ce n’est pas une blague. Ce n’est pas faux.
Ces gens sont réellement cinglés.

Elle a franchement envie de fuir. Prendre ses jambes à son cou pour ne plus jamais mettre les pieds ici. Plus une seule patte.
Mais la mission.
La mission et Hirohiko.
Elle peut pas le lâcher au beau milieu de la nature, il ne va faire que des conneries.
Il faut accomplir cette mission, prendre soin de son devoir de ninja et s’appliquer au maximum. Passer au-delà de ses a priori pour faire mieux, toujours mieux.

Sauf que c’est pas facile.
Et chaque membre de cette église semble la pousser toujours plus loin dans ses retranchements.
Alors que le discours de l’autre cinglé se termine, un autre débile les regarde et vante les mérites de cette église. Un autre à jeter dans la poubelle.
Loin.
Profond.
Pour qu’il ne puisse plus respirer.
Pour que l’odeur des déchets l’asphyxie.
Pour qu’il en crève. Qu’il crève de ses conneries, de sa merde, de sa débilité.
Qu’il s’étouffe, se noie dans son idiotie.

Le visage de la borgne se tord un peu plus alors qu’il les observe. Ça n’échappe pas au débile qui demande à Hirohiko ce qui lui arrive.
Piquée, Rise redescend sur terre. Elle lui lâche un radieux sourire.
Elle est bouleversée. Touchée. Oui, c’est un peu ça.
Pas de la bonne manière, non, mais elle est touchée.
C’est pas grave, il va les lâcher, il va pa-

Quoi ?
Rise cligne vivement de l’œil. Il vient de se passer quoi, là ?
Le contact sur sa joue.
La douceur des lèvres contre sa peau.
La chaleur.
C’était quoi ça ?
Rise penche la tête, réalise. Comprend. Ou presque.
Elle refait le cheminement dans sa tête.
Là, Hirohiko l’a. Il l’a.
Il.
Il l’a embrassée ?
C’était sur la joue, donc c’est pas bien grave, mais. Mais ? Mais c’était quand même un baiser.
Un long frisson court le long de son échine.
Elle n’a pas lâché sa main depuis, elle n’a même pas réagi. Elle est restée bloquée, à tenter de comprendre ce qui lui arrivait.

Le temps que ça se fasse, un énième rebondissement perturbe sa progression mentale. Elle doit monter sur l’estrade. Monter là où le vieux fou s’est donné en spectacle.
S’approcher si près, si près de lui.
Juste assez près pour lui planter le couteau droit dans la jugulaire. Pour faire un massacre, là, devant tout le monde.
Au fond, ce ne serait qu’un juste retour des choses, non ?
Il veut tuer tous les ninjas. Il les considère indignes. Faux. Mauvais.
Ce n’est pas bien méchant de leur faire ce mal, si ?

La main dans la sienne lui rappelle son devoir de ninja. La nécessité de bien faire.
Elle la presse un peu plus fort, se serre contre lui.
Arrivée auprès de son oreille, le nez dans son cou, elle lâche, dans un murmure : « On réglera cette histoire plus tard. », sans rien de plus.
Elle l’entraîne sur l’estrade, plaque son sourire le plus radieux sur son visage et salue la foule.

« Merci pour cet honneur, grand prêtre. »

La manipulation recommence.
Son cœur bat fort dans sa poitrine, secoué par tous les événements du début de soirée.

« Je suis Hoshi, voici mon mari Tsuki. »

Les étoiles, la Lune. Pour la blague.

« Nous sommes très heureux de vous rejoindre aujourd’hui. Vous n’imaginez pas à quel point nous avons hâte de savoir ce que vous planifiez et quelles seront les étapes de notre intégration. »

Ses doigts serrent la main de Hirohiko dans la sienne. Elle s’approche de lui une nouvelle fois, le serre dans ses bras devant tout le monde.
Une chaleureuse vague d’applaudissements se lève, les acclame.
Le grand prêtre les enjoint à retourner à leur place parce que, justement, il compte leur expliquer la marche à suivre. Il compte leur dire ce qu’ils vont faire, ce à quoi ils vont assister.
Rise embarque Hirohiko sans ménagement et retourne s’asseoir à leur place.
Elle pose sa tête sur son épaule, fait mine d’embrasser son cou pour n’y laisser qu’une morsure, entre sensualité et brutalité. Elle laisse son nez caresser la peau.

« Plus jamais. »

Un sourire contre son cou, son souffle chaud qui l’effleure, caresse les quelques centimètres qui lui sont accessibles.

« Sinon je t’étrangle avec tes intestins. »

Elle se redresse, reporte son regard sur l’estrade. Le grand prêtre va leur débiter ses âneries maintenant, leur dire des choses dont elle n’a que faire.
Elle ne se soucie presque plus de lui, se contente de prendre en notes les conneries qu’il balance. C’est ça, sa mission.
Mais, quelque part, loin dans son cœur, toutes les émotions sont mélangées. Elle n’est pas sûre d’avoir compris ce qui s’est passé, là, dans sa poitrine. Dans ses entrailles.
Partout.
Ça lui fait bizarre.

Et ça lui fait encore plus étrange de se dire qu’elle remettrait bien la tête dans le cou d’Hirohiko.
Elle s’y perdrait bien un peu plus longtemps.
Il sent bon, c’est peut-être pour ça.
Oui, c’est sûrement pour ça.
Sugawara Rise
(#)Mer 13 Jan - 17:31
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L u e u r     S a b l é e
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Dieu est peut-être éternel, mais pas autant que la connerie.
Et Hiro avait bien conscience qu’il en avait fait une, que Rise n’allait certainement pas accepter cette preuve d’affection, aussi fausse soit-elle. Pourtant elle ne bouge pas, ne bronche pas, pas d’un sourcil. Sa main ne vient pas défoncer allègrement celle du – véritable – moine comme elle avait pu le faire jusqu’alors.
Tiens ?
Etais-ce un signe ?
Etais-ce la preuve, qu’effectivement, même quelqu’un d’aussi dense que Rise pouvait succomber à ses charmes ?
Oh Hiro n’en doutait pas une seule seconde, qu’on puisse lui résister, m’enfin bon, c’était Rise dont on parlait, et elle n’avait pas pour habitude de lui accorder des faveurs.
D’ailleurs, elle s’approcha de son oreille. Son souffle, à quelques centimètres, le chatouillait, le faisait frissonner. Il s’attendait à un message de tendresse, de timidité, loin de s’imaginer le coup de massue glacial qui parcourut son corps lorsqu’elle le rappela à l’ordre.
Ils règleraient ça plus tard.

Tandis que ses poils se hérissent le long de son échine, la genin lui serre, la main, l’accompagne sur l’estrade. Elle est étonnamment joviale, étonnamment faussement amoureuse de son compagnon. Elle se serre contre lui sans aucun état d’âme. Et Hiro est rempli d’une gêne dont il ne sait se défaire. A la fois de ses contacts physiques, de son expression si douce et chaleureuse, mais également de l’aura meurtrière qui émane d’elle. Il ne sait pas quoi faire. Il reste planté là, à ses côtés, sur l’estrade, tandis que, pour une fois, elle prend la parole, à sa place. Et c’est là qu’Hiro comprend.
Qu’il n’a plus le monopole.
Que cette mission est une descente aux enfers.
Pour lui.
Elle va le faire criser.
Encore.
Il en est persuadé.

C’est ironique les noms qu’elle leur donne.
Elle est l’étoile, brillante, brûlante, la comète qui brille dans le ciel, la météorite qui fait voler ses idéaux dans un nuage de poussières.
Il est la lune, fièrement dressé au milieu du ciel, accroché au centre de la nuit, à contempler les étoiles, qui se rapprochent, un peu trop près, de lui.
Il est immense.
Elle est petite.
Mais d’eux deux c’est elle la plus dangereuse, la plus meurtrière.
Et elle ne se fait pas prier pour le montrer.

« Aaaaah !! »
Hiro n’a pas eu le temps de savourer le plaisir d’être acclamé. Une fois de retour à sa place, il se tord de douleur. Un cri plaintif, étouffé, s’échappe d’entre ses lèves.
Sérieusement ?!
Elle l’a…
Mordu ?!

Sur son cou apparaissent des marques rouges.
Il sent son cœur qui palpite au niveau de son coup, comme des ongles enfoncés dans sa chair.
C’est douloureux, pas insurmontable, mais nul doute qu’il en restera des traces.
Une marque physique de désir, passionnel…
De l’étriper.

« T’es cinglée, ça fait super mal ! » chuchote-t-il en serrant les dents.
Hiro n’ose pas bouger tandis que le nez de Rise frotte toujours son cou.
Il déglutit à ses paroles.
Il n’a aucune envie qu’elle recommence.
Il n’a aucune envie qu’elle ouvre ses entrailles et qu’elle enroule ses intestins autour de son cou.
Il veut la repousser.
Loin.
Très loin.
Dans le ciel.
Comme les étoiles.
Pour qu’elle ne puisse plus le toucher.
Et en même temps, bizarrement, il a comme des fourmis qui frétillent au bout de ses doigts.

Sur l’estrade l’homme en toge blanche se racle la gorge. L’attention revient vers lui.

« Mes chers confrères, comme vous le savez si bien, notre foi, notre croyance invétérée exige un comportement exemplaire. Nous dévouons nos vies au culte de notre déesse pour qu’elle nous accorde sa grâce, qu’elle nous apporte le repos éternel. C’est grâce à nos actes, de tous les jours qui composent notre vie, qu’elle nous récompense. Voyez l’immensité de sable qu’elle a posée sur notre pays pour témoigner de sa grandeur ! Mes frères, mes sœurs, nos efforts ne sont pas vains ! La lueur sablée recouvrira le monde ! » Le prête lève les bras au ciel – enfin au sommet de l’entrepôt si on veut être exact -. Il y a comme un halo de lumière qui l’entoure alors. Des murmures émerveillés se soulèvent dans la foule.
C’est du théâtre.
Une mise en scène.
Qui ne plait pas du tout à Hiro.
Parce qu’ils sont complètement à l’ouest.

« Mes chers frères, mes chères sœurs, je vous prie de bien vouloir acclamer notre volontaire du mois ! »
Au fond de la salle, un homme d’une trentaine d’année se lève de sa chaise.
Ils se frottent les mains atrocement.
Comme s’il n’était pas à l’aise.
Comme s’il était stressé.
Il rejoint le prêtre sur l’estrade, salue l’assemblée.
La foule l’acclame, l’applaudit.
Et c’est là qu’Hiro comprend.
Il comprend toute la mesure de ce qui est en train de se dérouler sous ses yeux.
Et à son tour il se met à serrer la main de Rise.
Fort.
Très fort.
Ses lèvres se pincent.
Une grimace tord son visage.
Il ne veut pas y croire.

« Rise… » souffle-t-il tout bas.
Sa voix tremblote.
Il n’est pas à l’aise.
Sa main tremble dans la sienne.

« Je crois qu’on a affaire à plus fort que nous… »

Il respire un coup.

« C’est une secte. »

Il respire une nouvelle fois.

« Tu vois ce qu’ils vont faire ? »

Il n’ose pas le dire.
Même pas le murmurer.
La lueur sablée est une secte, un groupe de personnes qui a pour but de créer, d’exploiter et de maintenir chez une personne un état de sujétion psychologique, la privant de son libre arbitre.
Quel est son but ?
Aucune idée encore.
Les adeptes de cette secte observent au pied de la lettre les enseignements des Kamuy, divinités d’une autre religion, qu’ils vénèrent. En soit, leur appropriation de leur religion n’est pas si lointaine de celle que connaissait Hiro. Certes, ils avaient des us et coutumes particuliers, néanmoins cela restait souvent le phare de grands nombres de religions. Mais bien qu’Hiro ne soit un grand croyant, il savait que celle-ci tournait mal, qu’il y avait un, voire plusieurs, ratés quelque part. Car, quand bien même ils étaient croyants, ils n’avaient pas à en arriver à de tels aboutissements.

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Kamui Hirohiko
(#)Ven 15 Jan - 21:55
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Lueur Sablée
Elle lui a fait super mal.
Ça lui fait une bien belle jambe de lui avoir fait super mal, dis donc.
Elle le regarde, lui sourit de toutes ses dents. N’en a rien à faire de l’avoir blessé.
La prochaine fois il ne l’approchera pas sans son consentement. Pas sans l’avoir consultée. Pas sans lui en avoir parlé.
Pas comme ça.
Jamais comme ça.

Ça lui a fait mal. Ça l’a titillé.
Il l’a traitée de folle.
Mais il y a probablement cette étincelle chez lui aussi.
Cet espèce d’éclair qui fuse à pleine vitesse et qui disparaît.
Ça part du haut, ça descend jusqu’en bas.
Et quand ça descend, ça fait presque mal.
Il a dû le sentir.
Ou peut-être pas, elle sait pas trop.
Elle sait pas et elle s’en fout.

Le cinglé de l’estrade revient. Il parle de choses et d’autres, déblatèrent ses mêmes palabres insensées et inutiles. Il a trouvé une nouvelle divinité à vénérer, une nouvelle voie à suivre.
Il a trouvé des idiots pour faire comme lui. Pour le prendre pour un super prêtre alors que ce n’est qu’un énième plouc qui s’invente une vie.
Sauf qu’à un moment, ça glisse.
Ça glisse très vite.
Trop vite.

Il parle d’un volontaire. Celui du « mois ».
Du mois ?

Les yeux se tournent, se posent sur la silhouette du trentenaire.
Il se lève, marche lentement. Il n’est pas sûr de vouloir y aller. D’un côté, il en a très envie, d’un autre il veut juste rebrousser chemin.
Il ne va pas …
Non.
Ce n’est pas ça.

Impossible.

Son cœur manque un battement. Elle pense avoir compris. Elle pense qu’elle sait.
Elle espère ne pas avoir compris. Ne pas savoir.
Mais la main d’Hirohiko serrant la sienne lui permet de réaliser la triste vérité. De réaliser à quel point, ici, ils sont cinglés.
Ils n’ont rien de beau. Rien de logique. Rien de rassurant.
Une religion, ce n’est pas ça.

La voix du moine électrise l’intégralité de son corps. Elle sent l’adrénaline qui court dans ses veines et lui donne envie de se lever.
Elle a envie de tous les tuer un à un, pour se faire un festin du dernier. Pour en faire un nouveau cadavre dans sa collection.
Ça pulse, ça bout, ça vacille.
Ça manque d’exploser.

Ses doigts se serrent autour de ceux d’Hirohiko. Cinq doigts entrelacés autour de cinq autres, à chercher du réconfort. Chercher un point d’ancrage dans la réalité.
Elle va exploser, Rise.
Elle ne veut pas croire qu’ils sont plus forts.
Ni croire qu’ils vont …

« Ils vont le tuer pour leur dieu. »

Elle n’ose pas l’admettre mais ne peut l’ignorer.
Après une longue inspiration, Rise serre un peu plus fort la main dans la sienne.
Elle pose sa tête sur l’épaule d’Hirohiko.
Pour la première fois depuis le début de leur mission, depuis leur rencontre même, la borgne fait preuve de tendresse.
Le contact établi n’est ni ironique, ni hypocrite. Il est d’une sincérité absolue.
Elle reste là, silencieuse.
Puis, suffisamment courageuse pour se confronter à la réalité, Rise décide de prendre les rênes.

« Hiro. »

Elle remonte le nez, le frotte contre sa mâchoire.

« Nous n’avons pas à nous opposer à eux, tu sais ? »

Baisse la tête, caresse sa peau avec son pouce. Elle le garde, là, consciente que ce choc est probablement plus violent pour lui que pour elle.

L’homme a fini son voyage jusqu’à l’estrade.
Il a fini le voyage de sa vie.
Il monte, rejoint le prêtre.
L’homme à la toge se tourne face aux spectateurs.

« Acclamez-le, acclamez-le ! Aujourd’hui, il est celui qui permet à notre foi de perdurer ! Au sable de toujours nous entourer ! Au soleil de continuer à briller ! Acclamez-le ! »

Comme un seul homme, tous les religieux se lèvent et applaudissent fiévreusement.
Rise suit le mouvement, attire Hiro avec elle.
La main dans la sienne reste là, maintient le contact, la garde contre elle.

L’homme à la toge se penche dans une courbette des plus macabres et, dès qu’il se relève, tranche la gorge du fidèle d’une main de maître.
Sous la coupure, il met un bol qui lui sert à recueillir le sang qui coule. L’effusion remplit une partie de récipient.
Le prêtre, qui en a eu assez, met un coup dans le corps désormais mort de son fidèle.
Il n’existe plus, il ne sert plus à rien. Il a rempli sa tâche.

Tout le monde se prend dans les bras, comme pour accompagner son âme quelque part. Pour saluer son courage.
Rise en profite pour serrer Hiro et glisser ses lèvres près de son oreille.

« Il a dit qu’il était volontaire, hein ? » Inspire. « Combien sont volontaires, tu crois ? Qu’est-ce qui les motive ? »

Son souffle se fait plus court.
Paniqué.

« Tu penses qu’on doit revenir ? Ou tu penses qu’on peut avoir des réponses en parlant avec le prêtre ? »

C’est une secte, c’est certain.
Mais ils n’en savent pas assez pour partir.
Pas encore.

Rise lâche la main d’Hirohiko pour la mener sur son dos, où elle est rejointe par sa comparse. La Sugawara serre le Kamui contre elle, une main grimpée jusque dans ses cheveux pour les tirer.

« Tout ira bien. »

Elle n’y croit plus trop, mais il faut bien que l’un des deux persiste, non ?
Que l’un des deux ait la force de supporter ce à quoi ils sont en train d’assister.

Reach out and touch faith.
Sugawara Rise
(#)Dim 24 Jan - 22:28
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Lueur sablée


ft. Risette

Port de Suna - Entrepôt de la Lueur Sablée

Qui croit facilement est trompé de même.
Il n’y avait plus d’être.
Il n’y avait plus de paraître.
Il n’y avait plus rien.
La conscience d’Hiro avait sombré. Sombré au plus profonds de lui-même, dans la plus sombre, la plus profonde, de ses entrailles. Elle était loin. Bien loin. Et il était fort possible qu’il ne puisse plus l’atteindre. Pas de lui-même.
Il était comme annihilé par sa découverte, comme rongé par un mal intérieur. Un mal qui lui venait des autres, de tous ces fous autour d’eux.
Oui, ils étaient fous.
Il n’y avait aucun autre terme.
Quoi d’autre siérait mieux à leur dessein ?

Il n’a plus de conscience. Les branchements de ses neurones ne se font plus. Il est comme un robot sans batterie. Il reste impassible et ne sait plus quoi faire. Sa main sert celle de Rise. Pourquoi au juste ? Chercher du réconfort ? Broyer quelque chose d’autre que sa conscience ? S’assurer qu’il n’est pas le seul à subir ce destin ? Quoi que ce fut, elle lui rend la pareille. Leurs doigts s’entremêlent. Dans une toute autre situation, il aurait tourné au rouge tomate, aurait bégayé son assurance invisible et se serait pris un violent coup de dent de sa partenaire. Mais là, face à ce qu’ils viennent de découvrir, aucun d’eux n’est capable de s’énerver contre l’autre, de se détourner de l’horrible réalité qui leur fait face, qui leur ait rentré dedans, les écrasant à plein poumons.
Au-delà d’être une secte, la lueur sablée sacrifie ses fidèles, pour le soi-disant bien commun. Le regard rouge d’Hiro ne peut se détourner du promontoire où se hisse difficilement le malheureux élu.
Au creux de son cou, Rise se love encore. Il n’a que faire de sa prochaine morsure. Il la souhaite presque. Oui, il veut qu’elle le morde, qu’elle inhibe la douleur de ces entrailles pour la replacer dans son cou. Qu’elle le délivre de cette prison mentale dans laquelle il s’enferme, incapable de réagir. Ses lèvres sont serrées l’une contre l’autre et ne veulent pas se détacher. C’est comme un verrou dont il n’a pas la clé. Il tombe en morceau au fur et à mesure.
Alors c’est ça le sacré ? C’est ça la religion ? C’est sacrifier les siens pour un but commun ? C’est tous s’entendre sur un dessein faux ?
Hiro ne veut pas y croire.
Il entend les paroles de Rise mais ne les impriment pas.
Non, ils ne doivent pas s’opposer à eux.
Au fond, Hiro le sait, mais dans son fort intérieur il le veut. Il veut faire valdinguer sa chaise, il veut leur montrer la vraie, la seule, divinité. Il veut leur montrer ce en quoi il croit lui, ce qui lui parait juste. Il veut les tuer. Tous. Pour avoir commis un tel acte de barbarie.
Il veut les tuer ?
Slap.
Ses cils se rencontrent.
Il est comme sortit de l’illusion dans laquelle il s’est enfermé. Il a envie de se donner deux grandes claques, faire rougir ses joues, mais pas grâce aux attentions de Rise. Il veut se faire mal. Il doit se ressaisir.

Il a mal choisi le moment pour revenir parmi les vivants. La main de Rise l’accompagne dans son sillage. Elle se lève. Il la suit bêtement. Regarde son visage. Regarde l’estrade qu’elle voit elle aussi. Voilà que sous ses yeux écarquillés, l’inconnu décède. Sa mort est rapide. Hiro a à peine le temps de desserrer ses lèvres. Une vie est ôtée en l’espace de quelques instants. Sous ses yeux.
La mort, c’est la dure loi de la nature, Hiro le sait, comme tout bon moine, et il la respecte. Il sait qu’elle est normale, qu’elle est essentielle au bon fonctionnement des choses, qu’il doit se nourrir, qu’il doit se défendre ; mais là, ce qu’il voit, ce n’est pas un rite de survie, ce n’est pas un moyen de défense. Non, c’est de la connerie. Pure et simple.
Alors ses lèvres se desserrent. Il sent ses jambes se dérober. Non, c’est impossible. Il ne veut pas y croire. Et comme une sauveuse, Rise le prend dans ses bras. Elle ne le fait pas en bon état d’âme, elle ne le fait peut-être pas que pour lui, mais c’est principalement ce dont il avait besoin, là, maintenant, tout de suite.
Elle souffle au creux de son oreille.
Il était volontaire.
Mais qui peut être volontaire ?

Rise est là, elle le conforte, amène ses mains dans son dos. Ils se prennent dans les bras comme des amoureux transits, mais quiconque les connaissant peuvent voir la douleur sur leur visage. C’est dur. Trop dur pour Hiro. Il baisse sa tête, pose son front contre le sien. Ses yeux sont fermés. Il espère pouvoir se réveiller du cauchemar dans lequel ils se trouvent. Il espère que tout ceci n’est qu’un mauvais rêve, qu’on ne ternit pas si allègrement la beauté de sa mère.

« Rise… »
Un murmure s’élève d’entre ses lèvres. Ils sont si proches. Mais il n’y a pas de gêne, pas d’arrière-pensée. Rien que la douleur.

« Merci… »
Ses mots sont comme une brise qui se perd dans les cheveux sombre de sa compagne. Oui. Il veut se perdre dans l’immensité de sa chevelure, dans la noirceur de son esprit.

« Il faut qu'on sache. »
Sa voix tremblote. Il est à peine capable d’aligner quelques mots. Et puis c’est comme une claque dans sa tête, comme un étau sur son cœur. Il meurt à petit feu. Alors il l’accepte. Tant pis.
Un soupire s’échappe de sa bouche alors qu’il ouvre les yeux. Son regard pourpre se loge dans l’unique œil de Rise. A quelques centimètres à peine. Si elle regarde bien elle verra qu’aucune lueur n’en ressort. La flamme s’est éteinte. Il n’est plus la fils de la lumière en cet instant.

« Il faut qu’on sache. Il faut qu’on persiste. »
Sa voix est assurée, ses mains agrippent avec conviction le dos de la jeune femme.
Oui. Ils doivent persister. Ils doivent mener à bien cette mission. Quoi qu’il en coûte.

Dans un élan de foi qui lui est inconnu, il se tourne en direction du prêtre. Sa main agrippe fermement le poignet de Rise. Trop fermement. Il lui fait peut-être mal. Mais son esprit est ailleurs.
Il doit savoir.
Il veut savoir.
Il veut qu’on le convainque.
Il veut qu’on brise son ignorance.

Ils arrivent devant le prêtre, qui a eu le temps de descendre de l’estrade pour se joindre à ses convives. Dans ses mains se tient la coupelle avec le sang de sa brebis. Hiro ravale cette envie de vomir qui le démange. Un sourire s’étend sur son visage. Il a l’air convaincu. Il a l’air heureux. Si Rise regarde bien, elle peut voir toute l’étendue du problème.

« Mon père qu’elle belle cérémonie. » commence le vrai moine.
Sa voix est douce, mielleuse.
Rien ne sonne faux.

« C’était saisissant, époustouflant, et quelle conviction ! »
Son sourire s’étend, comme s’il est convaincu par ses propres paroles.

« Dites-moi, comment devenir volontaire. »
Ce n’est pas une question.
C’est une affirmation.
Il veut savoir.
A ses risques et périls.
Il devient fou.

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Kamui Hirohiko
(#)Dim 14 Fév - 11:59
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Lueur Sablée
Front contre front, aux confins d’un monde vicié, nécrosé, pourri.
Où l’Homme se permet de donner la mort à autrui sous couvert d’une religion fumeuse, dont il est le seul maître.
Le seul Dieu qu’il vénère n’est autre que lui-même. Il n’y a pas de divinité au-delà, d’être qui lui donne tort ou raison. Il est son unique chef.
Il est le seul à savoir, à connaître, à décider.
Il désigne les futurs morts, les pousse à se manifester pour mettre fin à leurs jours, en leur promettant monts-et-merveilles.
Pourtant, une fois le rideau tombé, la sentence est la même pour tous : il n’existe plus rien. Il n’y a que le Néant, cette vaste étendue sombre qui les accueille en son sein.
Vaste mais vide.
Ils ne sont plus rien, juste des litres de sang récupérés dans une coupelle.
Et pour quelle raison ?
Pour la folie d’un seul homme.

Ses bras serrés autour d’Hirohiko lui permettent de ne pas défaillir, de ne pas succomber à son envie de tout détruire. Les mettre en pièce, tous autant qu’ils sont.
Ces brebis galeuses, stupides, qui n’ont fait que suivre aveuglément un oracle qu’ils ne comprennent pas, qui leur dit des mots qui les dépassent.
Là, la bouche ouverte, dans l’attente d’un monde nouveau, d’un univers qui leur permettra de se réincarner en autre chose. D’atteindre un idéal qui n’existe pas.
Elle tremble, elle a les jambes en coton et le cœur qui va lâcher.
Mais il y a Hirohiko. Là, dans ses bras. La tête contre la sienne.
Cette odeur qui enivre ses sens, lui rappelle qu’elle n’est pas seule.
Ils sont deux dans cette galère, unis face à la bêtise humaine. Unis face à la folie d’un prêtre qui s’autoproclame guide des plus faibles.
Guide de ceux qui n’ont pas réussi à voir au-delà de ses machinations.

Hirohiko choisit la voie du savoir. Il choisit de ne pas lâcher prise.
Il est temps qu’ils s’infiltrent une bonne fois pour toutes, oui. Qu’ils fassent la lumière sur cette manipulation.
Certes.
Mais comment ?

Alors qu’il la serre contre lui, Rise fait défiler toutes les possibilités qui sautent dans son esprit. Elles sont nombreuses, mais aucune n’est pacifique.
Aucune n’est douce.
Aucune ne leur permettra de faire la lumière sur la lueur sablée sans tuer qui que ce soit.
Alors, comment ?

L’étreinte cesse, ils se détachent. La main dans son dos descend, saisit son poignet, l’entraîne.
À partir de là, tout va très vite. À une vitesse vertigineuse, qui l’empêche de suivre.
Il marche, engloutit la distance qui les sépare de l’estrade, puis du prêtre.
Son cœur accélère d’autant plus dans sa poitrine, lui donne l’impression qu’il va pousser ses poumons pour s’extirper. Briser sa cage thoracique pour se libérer, là, aux yeux de tous.

Que fait Hirohiko ?
Un murmure paniqué de son esprit meurtri, perturbé.
Que fait Hirohiko ?
Ça cogne dans sa tête, ça rebondit contre chaque parcelle de son esprit.
Encore et encore.
Ça tape, ça tape, ça tape, ça tape.
Que fait Hirohiko ?
C’est le hurlement de son âme, qui ne peut se permettre de le laisser tuer cet homme, qui ne peut imaginer se dresser face à ces fous, tous en une seule fois. Ils ne sont pas assez puissants, pas encore.
Alors, finalement, que fait Hirohiko ?

Il fait bien pire que tout ce qu’elle imaginait.
Sa proposition lui fait l’effet d’une claque monumentale, qui brise sa mâchoire, expulse toutes ses dents en une seule fois.
Rise l’observe, observe le prêtre, revient sur Hirohiko.
Son cœur se meurt dans sa poitrine, son souffle disparaît. Absorbé par la terreur.
Pourquoi ?

Il a tout déblatéré comme si c’était parfaitement naturel et, d’un coup, comme si ce n’était pas suffisant, il a cherché à devenir volontaire.
Il a voulu se donner en pâture.
Lui.
Pourquoi ?
Oh, vraiment, pourquoi ?

Rise fait coulisser son poignet dans sa main, desserre l’étreinte, pour la saisir et la presser si fort qu’elle en fait blanchir toutes ses phalanges.
Pourquoi, Hirohiko ?
Pourquoi te jeter droit dans la gueule du loup, comme ça ?

Au fond, évidemment, il a parfaitement raison. Ce sera la meilleure méthode pour les infiltrer, pour savoir où ils veulent en venir et comment ils s’y prennent, mais pourquoi ?
Pourquoi prendre ce risque ?
Pourquoi plonger ainsi, alors qu’il ne sait pas s’il pourra en revenir ?
Rise triture les doigts dans sa main, les serre encore et encore, jusqu’à ne plus sentir que ça.
Il n’y a que ce signal qui la maintient éveillée, qui l’empêche de défaillir.
Pourquoi, Hirohiko ?

Elle déglutit.
Le prêtre remarque cette tristesse sur son visage, lui sourit avec bienveillance.

« Ne vous en faîtes pas, mademoiselle. Votre fiancé n’en sera que plus fort. »

Alors qu’il approche sa main de la nécromancienne, elle a un mouvement de recul inconscient, qui la pousse dans les bras dudit fiancé. Elle le serre, s’éloigne autant que possible du prêtre sans lâcher Hirohiko.
Il n’y répond que par un second sourire, persuadé que c’est par amour qu’elle fait ça.
Sans jamais imaginer, ne serait-ce qu’une seule seconde, qu’elle est à deux doigts de lui faire manger le plancher jusqu’à ce qu’il n’en reste plus rien.
Terriblement tentée de relever le cadavre sur l’estrade pour qu’il vienne les hanter.
Jouer avec la mort quand on n’en sait rien, quand on n’en a que des idées reçues, quel gâchis.

Rise se serre un peu plus.

« Pourquoi, Hirohiko ? », lui murmure-t-elle à l’oreille, alors que son cœur cogne dans ses tympans.

Pourquoi, Hirohiko, hein ?
Quel est le prix à payer pour obtenir des information s ?

Le prêtre balaye toutes ses interrogations, ne fait que renforcer sa colère sourde, qui grogne de plus en plus fort. Une rage qui menace de tout engloutir, d’un coup, sans rien laisser suite à son passage.
Une haine féroce, qui prend racine au plus profond de ses cellules.
La haine, la haine, la haine.

« Il suffit de faire preuve de foi. Souhaitez-vous être le volontaire du mois prochain ? »

Il penche la tête.
Quelle belle tête à faire tomber, tout de même. Cette gorge libérée, cette jugulaire qui n’attend que de se faire trancher.
Si belle.
Si douce.
La peau si molle, si fragile, si facile à atteindre.
Même avec ses dents, elle la traverserait. Elle déchirerait les couches protectrices, jusqu’à atteindre l’artère. Et là.
Crac.
Un coup féroce, surpuissant, qui suffirait à le faire saigner, jusqu’à ce qu’il en devienne complètement exsangue.
Ce putain de cochon de merde.

« Vous n’avez qu’à signer un petit papier, qui assure que vous êtes en accord avec votre mort imminente. Vous renoncez à vos droits humains, pour vous élever vers le ciel. Vers une vie meilleure. »

La promesse d’un au-delà qui n’existe que dans son imaginaire.
Peut-elle lever le cadavre de la brebis ?
Peut-elle poser un sceau sur sa tête, lui montrer ce qui vient une fois qu’on perd la vie ?
Le peut-elle ?
Elle serre Hirohiko.
Encore, encore, encore.
Libère-moi de cet enfer.

Elle inspire profondément, quitte les bras de son soi-disant fiancé.
Son œil unique se pose sur le prêtre, convaincu par son discours.
Immonde sous-merde.

« Et une fois qu’il est mort, que faîtes-vous du sang que vous récupérez ? »

Il regarde la coupelle dans sa main.

« Oh, ça ! »

Son sourire s’élargit.

« Eh bien, regardez. »

Il attire l’attention de tous les autres, reprend le cours de la cérémonie.

« Mes chers fidèles ! »

Sa voix s’élève suffisamment haut pour que les plus éloignés l’entendent comme s’il était à côté d’eux.

« Nous remercions chaleureusement ce sacrifice. Nous le saluons. Notre frère s’élève aujourd’hui auprès du Soleil, il baignera le monde de sa lumière et nous protégera de la maladie et de la guerre. Grâce à lui, nous sommes plus forts ! »

Il lève la coupelle pour la rendre bien visible et, une fois que tout le monde a posé les yeux dessus, la porte à ses lèvres.
Il en boit une grande gorgée, avant d’y plonger les doigts pour se l’étaler sur le visage.

« Notre âme, notre cœur, notre chakra. »

Une prière ?

« Nous éveillerons au monde nos propres pouvoirs, nous, les civils, laissés pour cause par un monde injuste. »

Trace de nouveaux sillons sur sa peau, passée de laiteuse à rouge sang.

« Nous nous élèverons au-dessus du monde, nous aussi. Nous les vaincrons, tous. Nous ferons de ce monde pourri une terre nouvelle, la terre promise. Celle de notre absolution. »

Rise arque un sourcil.

« Ô nous, fidèles de la lueur sablée, nous atteindrons l’absolution ! La puissance ! La force ! Et nous entraînerons ce monde dans les enfers, ces enfers que nous oublierons, pour toujours et à jamais, pour nous élever sur ses cendres ! Ainsi seulement régnerons-nous ! »

Il a presque crié.
Alors, c’est ça ?
C’est le but de toute cette mascarade ?

La borgne serre la main d’Hirohiko.

Elle a tous envie de les tuer.
Sugawara Rise
(#)Lun 8 Mar - 16:43
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Lueur sablée


ft. Risette

Port de Suna - Entrepôt de la Lueur Sablée

Rise a bien entendu.
Le – vrai – moine a bien prononcé ses mots : devenir volontaire.
C’était la seule option, celle qui lui paraissait la plus évidente.
Il n’avait pas le choix… n’est-ce pas ?
Bien sûr, Rise ne comprend pas.
Bien sûr qu’elle ne peut pas comprendre.
Il l’a pris de court, comme ça.
Il sent ses doigts se serrer fort dans sa main.
Hiro lui accorde un sourire.
On peut y lire toute sa peine.

Le prêtre à l’air de s’inquiéter pour Rise. Il tend une main vers elle. La nécromancienne s’enfonce dans les bras d’Hirohiko. Elle se serre fort contre son torse. Il peux presque entendre les battements de son cœur. Il bat à tout rompre.
Et ce n’est pas pour lui.
Il sait bien que ce n’est qu’un mécanisme de défense, qu’elle ne cherche pas de réconfort.
Il peut presque sentir ses dents contre la chair de ses poumons.
Rise elle aimerait mordre le prête jusqu’au sang, lui arracher la jugulaire comme une chienne enragée et le faire s’étouffer dans son sang.
Il le sait ça Hirohiko.
Alors pose ses mains sur le dos de la nécromancienne, semble la caresser comme pour la réconforter.
Les autres ne savent pas qu’il tente juste de calmer l’animal enragé.

Elle s’approche de ses oreilles, lui demande pourquoi.
Pourquoi pas ?
Avait-il d’autre raison ?
Pas vraiment. Finalement, il s’enfuyait lui-même, dans cette manœuvre. Il fourvoyait son propre égo, à se faire passer pour plus fort qu’il ne l’était.
Avait-il des tendances suicidaires ?
Peut-être bien. Mieux valait-il être découpé par la lame du prêtre ou par les dents de Rise ?
Je laisse cette question en suspens.

Le – vrai – moine se baisse, souffle à l’oreille de Rise.

« Pour toi Rise. Pour tout ces innocents. Il faut y mettre fin le plus vite possible. »
On dirait peut-être pas comme ça, mais Hirohiko c’est un mec bien, un gars sur qui on peut compter et qui tient peut être pas assez à sa propre vie. Il ne la donnerait pas au premier inconnu, loin de là, mais il est prêt à beaucoup de chose, pour sauver les siens.
Prêt à se faire passer pour un monstre.
Prêt à s’offrir en pâture.
Pour Rise et pour les fous.

Le prêtre s’adresse à lui. Il a visiblement oublié toute tentative de s’approcher de sa fiancé.
Il ne sait pas à quel point il a raison.

« Oui. » souffle Hirohiko « Dites moi ce qu’il faut faire. »
La tête haute, enchevêtrée dans les bras de sa dulcinée, il a l’air résolu.
Son regard ne vacille pas. Toute lueur en a disparu.
Ca doit lui faire plaisir, à Rise, de le voir dans cet état.

Le prêtre lui répond.
C’est plutôt simple quand on y pense.
Une signature suffit à vous envoyer au ciel, à effacer vos péchés, à tout recommencer…
A tout perdre.

« J’ai toujours rêvé de voler. »
Hirohiko dédramatise la situation.
Le prêtre ricane, le – vrai – moine en fait de même.
Ah qu’elle est belle cette camaraderie… Qu’elle est belle…
Rise le serre davantage.
Il perdra bientôt son souffle, l’afflux sanguin, l’usage de ses poumons, si elle persiste à le serrer si fort.
Il ouvre la bouche une nouvelle fois, s’apprête à demander où trouver cette fameuse fiche et ce joli stylo qui peuvent, à eux d’eux, tirer un trait sur son existence.
Mais Rise l’arrête.
Elle pose une question bien trop intéressante.
Et tout bascule une nouvelle fois.

Le prêtre élève sa voix une nouvelle fois.
Il porte la coupelle à ses lèvres, engloutit une gorgée du sang comme s’il s’agissait de jus de raison.
Un frisson parcoure l’échine d’Hirohiko.
Il tremble.
Rise doit le sentir.
Ses mains vibrent.
Encore et encore.
Il n’a pas fait ças.
Il ne l’a pas fait.
C’est faux.
Tu n’as rien vu Hirohiko.
Rien du tout.

Que dit-il ? Protéger des guerres et des maladies ? S’éveiller aux mondes ? Aux pouvoirs ?
Il tremble.
Ses poings pourraient se serrer, s’il ne tenait pas fermement la main de Rise.
Son sourire est crispé.
Mais il sourit quand même.
La main qui n’explose pas celle de la belle vient caresser sa longue chevelure noire.

« Bénie soit la déesse. » souffle-t-il.
Il ne l’a pas dit assez fort mais Rise l’a entendu.
Il ne sait pas lui-même s’il acclame celle de la lueur sablée ou sa propre divinité.
Il n’a pas encore pu être endoctriné, n’est-ce pas ?
Hiro vibre comme s’il faisait partie d’une ruche de frelon.
Il se rapproche une nouvelle fois du prêtre.
Ses yeux rouges sont écarquillés, comme émerveillés par tout ce sang qui coule et abreuve des mains de l’homme en toge.
Oh Amaterasu sait.
Elle sait qu’Hiro n’a qu’une envie : écraser cet individu et toute sa connerie.
Mais il s’affuble d’un masque.
La supercherie est si bien faite, qu’il arrive a s’en convaincre lui-même : qu’il a envie de finir en charpie.

« Je veux protéger ma femme des horreurs de ce monde. Dites-moi où il faut signer mon père. »
Le prêtre est bien trop heureux.
Dans une même journée il a le droit à un sacrifice et à connaître le prochain.
Un immense sourire se dessine sur son visage.
On peut voir ses dents rouges du sang de sa victime.
La vision crispe le – vrai – moine sur place.

« A l’entrée mon enfant. On vous recevra comme il se doit. »
Satisfait de la réponse, Hiro fait volteface, non sans avoir oublier de remercier l’homme imbibé de sang.
Rise dans ses talons, il se dirige vers l’entrée.
Ça se passe trop vite.
Une signature.
C’est tout ce qu’il faut.
On le prévient qu’il sera surveillé, qu’il devra avoir un régime strict le prochain mois.
Il hoche bêtement la tête.
Tout ce qui compte, c’est le stylo.
Sa signature sur le bout de papier.
C’est tout ce qui compte.
N’est-ce pas ?

code by Merry.
Kamui Hirohiko
(#)Lun 5 Avr - 18:57
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Ça tourne dans sa tête.
Ses membres ne la soutiennent qu’à peine, juste assez pour qu’elle tienne debout et marche, comme l’un de ses cadavres. Des pas lourds, lents, malhabiles. Des pas qui devraient cesser, qu’elle voudrait faire cesser, mais qui continuent encore et encore.
Des pas qui rapprochent Hirohiko de la mort.

C’est inadmissible, tout ce qui se joue sous leurs yeux.
Sous couvert d’une religion fantasque, stupide, sortie du chapeau d’un fanatique, de nombreuses personnes décèdent.
Oh, ils sont persuadés d’atteindre l’absolution, pour mieux renaître.
Il a bien joué son coup, le prêtre. Tout le monde le croit, tout le monde l’adule.
Tout le monde s’en remet à ce précieux Dieu Soleil qui a toutes les réponses.
Parce que personne n’est capable de mettre la mascarade au jour.

Alors, forcément, en bons ninjas, Hirohiko et Rise se doivent de s’en mêler.
Ils doivent observer, comprendre, tirer toute cette histoire au clair.
Ce que la borgne n’a pas prévu, cependant, c’est que son partenaire décide de s’en mêler réellement.
Véritable folie ou patriotisme exacerbé, Rise ne saurait le dire.
Elle sait simplement que cette histoire est allée trop loin, beaucoup trop loin.
Ça la peine d’autant plus d’imaginer que ce n’est pourtant que le début, la partie émergée de l’iceberg.
Il y a encore tant à découvrir, tant à savoir.
Tant de dessous que personne ne connaît, qu’ils sont tenus de mettre au jour.

À quel point peuvent-ils se mouiller, finalement ?

Hirohiko traîne Rise jusqu’à l’entrée, où une femme les observe avec de grands yeux ronds.
Elle n’a pas l’air complètement là, mais pas complètement ailleurs non plus. Un instant de flottement, où plus rien n’a de sens, pourtant tout paraît si clair.
Elle est touchée, elle aussi.
Par une grâce particulière, qu’elle attribuera probablement à la divinité solaire.

Quand ils arrivent à sa hauteur, comme si elle savait déjà ce qu’ils attendaient, la religieuse leur tend un formulaire.
Les champs à remplir sont innombrables. Il y a au moins cinq pages d’informations à fournir, toutes plus tordues les unes que les autres.
Ce formulaire, c’est la vie posée sur un bout de papier.
Ici, tout est noté, tout est sauvegardé.
Nom, prénom, âge, date de naissance, lieu de naissance, lieu d’habitation, sujets préférés, étendue de la culture générale – item accompagné d’un questionnaire ! –, plat préféré, compétences culinaires, compétences sportives, données précises concernant les biens immobiliers, pécuniaires, salaire … Et la liste continue comme ça, encore et encore, jusqu’à complètement dévoiler l’identité du futur sacrifié.
Rise fait mine d’être très intéressée elle aussi pour en récupérer un autre.

Cette histoire la perturbe énormément.
D’abord, il y a cette histoire de surveillance. Lorsque le sacrifié annonce son volontariat, il est tout de suite mis sous surveillance pour une durée d’un mois.
Avant que cela ait lieu, il doit remplir un formulaire colossal où il donne toutes les informations qui le concernent.
Puis, il est placé sur l’autel de la divinité solaire, où il se fait trancher la gorge face à tout le monde.
Mais une fois qu’il est mort, qu’advient-il de lui ?
Où est entreposé le questionnaire qu’il a rempli avant de mourir ?

Rise regarde la religieuse avec un large sourire.

« Savez-vous ce que je deviendrai, lorsqu’il s’en ira ? »

Les deux femmes se jaugent, s’observent longuement.
Instant de flottement terriblement long, pendant lequel la femme de la lueur sablée ne sait quoi répondre.
Jusqu’à ce qu’elle se lance.

« Vous viendrez avec nous. »

Et c’est tout.
Rien d’autre.
Rise arque un sourcil.

« Mais, ma maison ? »

Un sourire.
Pas un de ces sourires rassurants, qui réchauffent le cœur.
Non, non.
Un sourire froid, qui glace le sang de quiconque. Même celui de Rise.

« Oh ne vous en faîtes pas pour ça, vous serez logée ici, avec nous. »

La Sugawara a peur de commencer à comprendre.
Pour poursuivre le mensonge jusqu’au bout, elle sourit de toutes ses dents.
Sauf que le sien, de sourire, pourrait ranimer un mort.

« D’accord, merci. »

La religieuse s’en va sans dire un mot de plus, trop occupée.
Elle a constamment l’air dans les nuages, le cerveau complètement ravagé.
Que lui ont-ils fait ?

Du bout des doigts, Rise rattrape la main d’Hirohiko pour l’entraîner à l’extérieur.
La simple brise sur sa peau lui donne l’impression de revivre.
Ce calvaire n’est pas terminé mais, ici, au moins, elle n’a plus besoin de se prendre pour une femme gentille, douce et amoureuse.
Ici, elle peut laisser aller toutes ses envies de meurtre, toutes ses colères.

« Bon. Je crois qu’on a beaucoup d’informations. Par contre, euh. »

Elle se mord la lèvre.
Leur conversation se fait pendant qu’ils s’éloignent de plus en plus de l’entrepôt, à l’abri des regards et des oreilles indiscrètes.

« C’est du flan, leur religion. Personne ne donne un questionnaire aussi complet à un membre de l’église. Pour moi, ils s’emparent de tes informations et s’en servent pour tout te voler une fois mort. »

La lueur divine du soleil, blablabla.
Oui oui, la lueur divine de l’argent, surtout.
Rise soupire.

« La surveillance doit servir à ça : quadriller un peu le périmètre, s’assurer que le fidèle n’a pas menti, mettre au point une histoire pour expliquer sa disparition, puis préparer le larcin. Enfin, c’est plus vraiment un larcin, vu que le mec est mort. »

Elle roule l’œil.

« Je pense que nous devons nous infiltrer, Hiro’. Récupérer les autres questionnaires, enquêter sur les anciens fidèles, ceux qui sont déjà morts. Savoir combien y sont passés et combien ils ont fait de bénéfice. Une fois qu’on aura ça, on pourra faire notre rapport. »

Une ombre passe dans son regard.

« Et une fois que tout sera prêt, on fera sauter cette organisation de timbrés. »
Sugawara Rise
(#)Ven 21 Mai - 15:59
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