Un pêcheur ne sachant pas pêcher

Cette journée-là, le Mayuri avait décidé d’aller pêcher.
Un vieux rêve qu’il n’avait jamais pu pratiquer manque d’eau en général, le désert n’était pas nécessairement le meilleur endroit pour ce type d’activité après tout.

En visite chez un cousin pour affaire clanique, on lui avait donné le reste de la semaine après avoir réglé leurs affaires. Heureusement pour lui, qui n’avait pas beaucoup de temps libre en général, trouver une canne à pêche dans cette ville n’avait pas été bien complexe.

L’originaire de Rôran s’était donc mis en marche pour rejoindre le bord de l’eau, vagabondant d’un marchand à l’autre jusqu’à y trouver son bonheur, c’est vers midi qu’il aperçu la borgne, les pieds submergés. Ne voulant pas la déranger, ses mains se joignirent dans un effort commun pour supprimer sa présence et s’avança tel un chat, sans bruit.

Une fois derrière la jeune femme, le balafré quand même ninja, posa rapidement les yeux sur son livre et même s’il ne vit rien d’important, eut bien l’impression de voir se qui lui semblait être, ou ressembler à du Fuinjutsu.

-Oh, une écrivaine pleine de talent !

Tout sourire, le roux s’assit à côté de la borgne en choisissant son côté gauche, histoire de vision, facilitant la conversation qu’il essayait de créer. Il rompit également sa technique de sensorialité puisqu’il n’avait plus à cacher sa présence.

Sans demander son reste, il jeta sa ligne à l’eau tout en se présentant de manière plus officielle et polie.

-Je m’appelle Mayuri, enchanté !

Touche ma curiosité, touche mon âme.

Au moment ou la jeune femme prononça « L’ancienne langue Shinobi » celui-ci en aurait craché son eau si elle avait été dans sa bouche. Surpris, il tentant maladroitement de cacher sa surprise et une question fondamentale s’installa dans son esprit, comme un réflexe, comme une mise en garde. Ami ou ennemi ? Mais la vie n’est parfois pas aussi simple et il décide de garder son regard changeant, l’amical devint animal.

Un simple sourire le sort de ses habitudes, Rise, comme un soleil, devient radieuse et démontre que l’hostilité n’est pas au menu, pas aujourd’hui. Après tout, elle est peut-être l’une de ses femmes de science, elle n’a peut-être jamais expérimenté l’acte si brutal et égoïste qu’est de s’approprier une vie.

Et puis, d’une innocence aussi calme que la ligne qu’il oublie presque dans ses mains, elle lui partage un doux désir, celui de maitriser cette langue. Charmé, le ninja penche les yeux vers le bas, se remémorent ses serments, ses promesses et ses buts.

Décidément, avec elle il se sent rêveur, léger. Étrange, il vient de la rencontrer.

« Comment tu connais ça ? »

revenant sur la berge, les pieds de l’Hizori s’appuient sur le sol, le bas de sa canne s’enfonce dans celui-ci et il se relève tout en affichant son plus beau sourire, ses mains parcourent son corps comme une danse alors qu’en réalité il ne fait qu’épousseter celui-ci, histoire d’être présentable.

Une révérence et son échine se plient, sa main droite, le poing refermé et fort, vient trouver son cœur alors que sa jumelle se place doucement derrière son dos.

 -Hizori Mayuri, je suis de Rôran et mon métier est celui de Shinobi moderne.    Finit-il par dire en narguant la demoiselle en référence à la langue ancienne.

Une série de Mudras composés si vite, qu’il doutait la réaction de la kunoichi possible. Alternant signe après signe dans l’espoir de créer l’impossible, son chakra se malaxe au même rythme, si bien que le bouchon de sa gourde jusqu’ici resté à sa ceinture s’échappe
pour laisser un sable unique s’en échapper. Une petite quantité vient alors rejoindre la main du roux, qui créé par le fait même, l’une de ses plus utiles créations, avec une fierté visible.

Un pas de danse à la fois.

Vous savez reconnaître la maturité d’une personne à bien des choses.
Son rire, aussi pur et doux que ses intentions, ou peut-être même une blague bien placée, signe de bon goût ou d’une intelligence plus vive que la moyenne ? Le roux était charmé. La demoiselle avait un je ne sais quoi, quelque chose qui lui permettait de voguer avec une simplicité sur cette mer parfois si chaotique qu’était les mots, phrases et parfois même les poèmes. Elle lui donnait le sentiment d’avoir un vécu, une histoire à raconté et ou se trouvais ses cicatrices à lui, il lui manquait un œil à elle. Similaire, mais si différent.

Seulement, il n’était pas la solution à son problème oculaire et même si d’ordinaire, cette remarque emplie d’un semblant de naïveté l’aurait attristé, il voyait en cette jeune femme un brin d’intelligence qui le poussa à ne pas la prendre pour une gamine. Elle ne cherchait pas la compassion, mais jouait avec les mots, peut-être pour le tester, peut-être pour s’amuser, peut-être simplement, car elle en était capable, elle étudiait bien la langue morte après tout !

D’une main agile, il fit tournoyer son œil de sable, le laissa glisser entre ses doigts comme seul un maitre de scène pouvait le diriger. Puis, en altérant sa gravité propre, il passa son autre main devant celui-ci pour le laisser s’effriter en une pluie de sable lent qui une fois à la hauteur de la gourde, se retrouva comme aspirer par celle-ci.

  -Je ne suis malheureusement pas ce type de magicien, j’en ai bien peur !  

Mais toujours aussi souriant, le roux plissa les yeux avant de les poser bien loin dans le ciel, regardant les nuages quasi inexistants du désert, cherchant comme pour y trouver une réponse. Une solution pour la demoiselle.

  -Mais avec toutes les horreurs que j’ai vues, je suis persuadé de deux choses.  

Revenant à la jeune femme, il poursuivit en s’assurant que sa ligne soit toujours en ordre.

  -D’une, le talent d’un Shinobi, aussi hideux soit-il, possède toujours une certaine beauté. Et de deux, si trouver un remplacement à ton œil est si important, tu y arriveras. Mais tu sais, j’aime bien les histoires et je suis certain que cet œil vaut son pesant d’or !  

Ne voulant pas trop la mettre mal à l’aise, il continua doucement sur ça lancé en réfléchissant, connaissait-il un Jutsu capable de lui rendre la vue ?

  -Les marques sont sur le visage d’un homme une fierté dans mon clan, alors que sur celui d’une femme, c’est sensé être une marque de faiblesse, mais je n’ai aucunement se sentiment quand je pose l’un de mes trois yeux sur toi Rise. Au contraire, je suis persuadé que tu es une kunoichi douée.  

Tout sourire, le Shinobi se demandait, que voulait elle dire par moins jolies ? «La curiosité, vilaine créature.» Songeait-il en regardant la ligne de sa canne disparaître dans le flot tranquille.

à table, au menu, provocation en entrée.

Avant même de pouvoir répondre, un petit groupe qui approchait depuis un moment déjà vient se planter tel des arbres, juste derrière le petit couple. D’un pêcheur et d’une lectrice, ceux-ci ont évidemment l’air de gens normaux, si on oublie les cicatrices et l’œil manquant, mais de dos, qui les aurait aperçus ?

Au nombre de cinq, ils sont tous aussi musclés que des bœufs de trait, probablement pour compenser leur manque d’énergie interne, les gens ont souvent tendance à compenser, se dit le roux tout en s’assurant que sa canne ne tombe pas à l’eau alors qu’il fait un signe à son amie qu’il s’occupe d’eux.

Seulement, c’est une fois relevé que l’un d’eux lui agrippe le kimono, quel malpoli. Puis, comme s’il n’était qu’un esclave, commence à japper.

-Les Ryos ou la vie. Nous prenons aussi les objets de valeur et si vous n’avez rien, on viole votre petite donzelle ici, pour vous laisser à moitié mort et les oiseaux se feront un festin de vous !

C’est qu’il parlait avec assurance, mais avait-il pratiqué longtemps son petit discours ? Militairement parlant, Mayuri aurait pue les détruire en un rien de temps, mais s’en prendrait-il directement à la jeune fille alors qu’il devrait dépasser cette défense hideuse et puante ? Il préférait ne pas prendre le risque pour l’instant.

-Et bien, si vous me relâchez, je veux bien fouiller dans ma sandale et vous donner mes économies. Vous en avez besoin pourquoi ? Votre médecin vous charge le double pour une reconstruction faciale ? Et d’ordinaire, on se présente avant de quémander quelque chose, c’est très malpoli, vous savez.

Comment allait-il réagir ? Il n’en avait pas la moindre idée, mais sa main agrippa le poignet de celui qui l’avait attrapé, comme un avertissement alors que sur son visage balafré, apparaissait son sourire carnassier.