« Soumei », un terme qui désigne une certaine souplesse et une certaine agilité d’esprit. Egalement un mode de vie, un cheminement de vie, un nindô, un credo, ou appelez le comme vous voulez, mais c’est une véritable religion pour les membres de la famille Soumei. Tous portent en eux cette valeur qui est la plus importante, la plus cruciale de toutes les vertus. Tous agissent dans un interêt commun, la sagesse de croitre en nombre, de veillez les uns sur les autres pour que la vie des générations futures soit plus simple, et que le repos des générations passées plus paisible. C’était toujours dans cette rythmique que se réveillait la famille Soumei un matin, c’était dans cette optique que les paupières de notre Dorée s’ouvraient. Saahl, de la famille Soumei, associé au clan Azaku, propre des marionnettistes, ces êtres pouvant contrôler des poupées de matière à leur guise, afin de divertir ou de combattre, de cultiver ou de tuer. Saahl en était une digne représentante. Elle n’était pas la seule dans la famille Soumei à disposer de ces facultés, mais elle était sans doute la plus douée dans ce domaine, du moins pour le moment. Mais Saahl était une jeune femme pragmatique, avec un planning réglé comme une horloge. Elle se réveillait toujours aux mêmes horaires afin de s’adonner à ses activités de la journée. Et celle-ci était plutôt chargée. Sortant de sa tente, elle s’éveillait lentement en même temps que le reste de la famille. Certains étaient déjà au travail alors que d’autres rêvaient toujours paisiblement. Enfilant de quoi se remplir l’estomac avant d’attaquer sa journée, elle s’habillait ensuite, accrochant le rouleau de Hasen, sa marionnette au niveau de son bras. Aujourd’hui était assez spécial, car elle allait accompagner certains guerriers en mission.

« Malheureusement ce ne sera pas pour aujourd’hui Saahl. Akia est tombée malade cette nuit, elle ne pourra pas assumer son rôle. Nous aurions donc besoin de toi pour garder la jeunesse. »

La Dorée avait été arrêté alors qu’elle rejoignait les guerriers, par Mäa, le surnom affectif que tous donnait à la matriarche des matriarche, celle qui occupait la première place dans l’éducation de toute la jeunesse des Soumei. Ce surnom avait été donné par les enfants à la base et finalement reprit par tout le monde. Tellement que certains ignoraient même son véritable prénom. Mais la vieille dame s’en amusait énormément et avouait préférer même ce surnom à son prénom. Cela avait donc suffit au reste de la famille pour la renommer ainsi. Mäa avait donc arrêté Saahl pour lui demander de l’aide quant à la garde et l’éducation des enfants, sa congénère ne pouvant, à juste titre, s’occuper d’eux. En face de Mäa, la Dorée fit un regard en arrière en direction des guerriers avant de replonger son regard dans celui de la vieille femme à la peau mate. Un simple sourire en guise d’acceptation avant de prendre dans ses bras l’enfant en bas âge qu’elle portait. Saahl prit l’enfant en le secouant un peu afin de l’amuser. Il y avait bien entendu un peu de regret dans le coeur de notre héroïne, car celle-ci avait vraiment voulu partir avec les guerriers. Cela faisait bien longtemps qu’elle était pas sortit du camp pour retrouver un peu de nature. Mais la voie des Soumei était tracée, l’intérêt du plus grand nombre l’emportait toujours. C’était ainsi qu’elle se résignait à s’occuper des enfants.

Pendant de nombreuses heures Saahl s’était occupé des enfants. Elle usait alors de son contrôle des marionnettes pour les divertir et les faire rires, tout en inventants des histoires. Avec, elle pouvait également faire croire aux enfants qu’elle faisait de la magie en soulevant des objets par la pensée. En réalité, chaque marionnette était contrôlée par des petits fils de chakra reliés au bout de ses doigts à chaque partie des poupées de bois. Idéalement, elle pouvait également poser ces fils microscopiques sur des objets et les faire bouger à sa convenance. Elle avait même fait la joie d’une petite fille qui voyait sa poupée bouger sur les ordres dissimulés de la Dorée. Peu à peu, la rancoeur de ne pas être partit avec les guerriers s’amenuisait, car elle aimait beaucoup s’occuper des enfants, et leurs sourires la rendaient heureuse. Après un temps, de nombreuses mères vinrent rechercher leur enfant. Certains s’étaient endormis pendant le spectacle de marionnette alors que d’autres étaient encore en train de jouer dans le périmètre délimité par la gouvernante des lieux : Saahl. Les enfants jouaient avec tout et n’importe quoi, il était donc plus simple de s’occuper d’eux. Mais avec les enfants d’un âge plus avancé qui nécessitaient encore d’être gardé, ça devenait tout de suite plus complexe. Mais ce n’était pas la question du jour.

Ou plutôt de la nuit, car le soleil commençait à se coucher. Il faisait encore bien clair, qu’une ombre vint obscurcir l’avenir. Des guerriers restés en surveillance au sein du camp attirent alors le regard de Saahl en contrebas. Leur camp se trouvant sur une colline, il était aisé de voir ce que tout le monde faisait sans forcément devoir prendre de la hauteur. Le regard de Saahl était non pas accaparé par les guerriers, mais par les personnes qui suivaient les hommes de la famille Soumei. Tous étaient encapuchonnés, certainement à cause du sable qui venaient souvent gifler le visage lors des déplacements dans le désert. Curieuse de savoir qui ils étaient, son regard amusé virait à celui de terreur. A peine le premier homme en face de la doyenne de la famille, qu’elle vit une vague de sang jaillir du corps de la vieille femme avant que celle-ci ne s’effondre en arrière. Après, tout se passa tellement rapidement. Ce n’étaient pas des visiteurs, mais des assassins…

La nuit allait jeter son dévolu sur les terres de Kaze. Le petit groupe avait progressé avec le plus grand soin. L'obscurité naissante ne les effrayait pas tant que ça. Au contraire, elle pouvait leur être salvatrice. Cette mission devait être effectuée rapidement et le plus proprement possible. Akuhei cachait son visage sous une large capuche, comme ses congénères. Tous frères. Liés par un père commun mais originaires d'horizons maternels différents. Leur paternel, Reizoku, les avait convoqué la veille pour leur remettre cet ordre. Un groupuscule à éliminer. Entièrement. Comme à son habitude, le marionnettiste n'avait pas jugé utile de leur expliquer le pourquoi du comment. Une seule instruction, qui laissait l'Estorpié dubitatif : pas de survivants. La formulation et le ton qu'il avait pris à ce moment lui déplaisait. Il avait relativisé en se disant que tout ce qui pouvait émaner de sa bouche n'était que poison.

D'un geste de main, l'escouade communiqua silencieusement entre eux. Les yeux de l'un des leurs avaient repéré le campement visé. Une petite colline non loin, et quelques formes humaines qui baguenaudaient tout autour. Ils passaient en formation de combat. La mission commençait maintenant et les ordres étaient clairs. Comme établi plus tôt, Akuhei se rendit vers l'arrière de la formation. Ses talents de médecin étaient précieux et l'éloignaient un peu du combat, même s'il pouvait s'y débrouiller. Le regard toujours camouflé par ses verres teintés, il assista aux premières exécutions. Les cris emplissaient l'espace et le bruit chaotique du combat retentissait dans ce paysage paisible il y a quelques secondes.

Les premiers coups s'accompagnèrent des cris des blessés. L'Estropié intervint rapidement pour soutenir ses proches. Il apposa ses mains sur le dos d'un des siens, dont le thorax était gravement perforé. Après quelques minutes, la blessure n'était qu'un vague souvenir dont la tâche béante sur les vêtements était l'unique vestige. Reprenant un peu de recul, Akuhei allait rejoindre le couvert protecteur des arrières lignes mais un bruit l'alerta in extremis. Il eut juste le temps de se baisser, alors qu'un de ses tentacules surgit de sous son vêtement pour venir attraper le visage de son attaquant. L'individu termina étouffé sous la poigne de fer de la prothèse. Le corps retomba lourdement au sol, permettant au médecin de se faufiler plus loin à l'abri des affrontements.

Son repaire lui permit de prendre conscience du déroulé de cette offensive. Il y avait des pertes du côté ennemi tandis que le leur se défendait pour ne pas en avoir. L'œil acéré repéra tout de même une forme au sol, près des siens. Il reconnut la tenue du Kagirinai. Le bilan n'était pas aussi positif que ça finalement. Puisse-t-il reposer en paix. Mais l'heure n'était pas au recueillement. Surtout qu'un cri vint faire frémir l'échine du médecin. Il n'en manquait pas depuis que l'assaut était lancé mais celui-ci lui glaça le sang. Le cri d'un enfant, qui se tut presque aussi rapidement qu'il avait éclaté.

La raison et le bon cœur du docteur l'emportèrent sur tout le reste. Il avait bien fait de se méfier des mots de son père. Il avait omis volontairement de les informer que des enfants faisaient partie du groupe. Cette mission prenait alors un tournant désagréable pour l'Estropié. Il quitta sa cachette dans la hâte pour se joindre aux siens et localiser la provenance du cri.

Un amas très léger était étalé dans le sable, une auréole noire tout autour. Les feux du campement venaient lécher cet obstacle pour en cracher une ombre étendue sur le médecin désemparé. Complètement sonné par cette macabre découverte, il n'entendit pas le mouvement sur son flanc et ne fut tiré de son cauchemar qu'une fois le choc reçu au crâne. Il tituba après avoir été éjecté sur le côté. Un adversaire le regardait avec toute la haine du monde. Akuhei voulut présenter la paume de ses mains pour signifier qu'il ne souhaitait pas l'affronter mais la rage de son opposant l'emportait. Il se mit à courir dans sa direction. Un membre du Kagirinai passait par là et se chargea d'arrêter la course de la même manière que l'Estropié s'était fait fauché. La silhouette familière se retourna vers le médecin :

- Qu'est ce que tu fous Akuhei ?! On a des ordres, alors obéis !

Des cris retentissaient dans tout le camp. Celui-ci était entré dans un folie désorganisée et morbide. Saahl vit au loin des femmes se mettent à courir à se marcher les unes sur les autres. Renverser d’autres personnes. Une femme qui tombait à la renverse poussait alors la colonne de brasier présente pour réchauffer alors que la nuit commençait à tomber. Cette immense colonne se mit alors à tomber sur une tente qui prit immédiatement feu, faisant tout de suite sortir ses occupants. Le chaos s’installait alors que les étrangers continuaient à abattre sauvagement et très adroitement les membres de la famille Soumei. Ils allaient tous droit au massacre. La Dorée se devait de réagir. Elle avait avec elle encore plein d’enfants dont elle avait la charge. Elle ne pouvait tout simplement pas courir dans tous les sens en laissant les enfants en pleure. Cela faisait déjà quelques minutes qu’elle était pétrifiée, ne bougeait plus en attendant que l’orage passe. Mais cela devait cesser, elle se devait d’agir. Ne pouvant combattre immédiatement, elle devait mettre les enfants à l’abri. Concentrant un peu de son chakra, elle se mit à poser des fils de chakra sur certains objets lourds et imposants afin d’attirer l’attention des enfants. Elle fit en sorte que tous se mettent en rang avant de leur demander d’aller dans la direction opposée aux étrangers. Peu à peu, mais avec difficulté, tous s’exécutèrent et se mirent à courir dans la direction indiquée par Saahl.

Mais cette organisation se fut que de courte durée. De plus haut, un des étrangers vint s’écrouler dos au sol en plein milieu des enfants. En se redressant, il trancha la gorge d’un des garçons qui était dans son périmètre. Alors qu’il allait en attaquer un autre, un pot en terre cuite vint s’écraser sur son visage, venant de nulle part. Puis un autre, et encore un autre. Très vite, il identifiait la personne responsable de cette agression. Une jeune femme d’une quinzaine d’années qui faisait d’étranges gestes avec ses mains. La jeune femme pleurant, mais son colère exprimait une haine incommensurable. Juste à côté d’elle vint se poster un guerrier. Les deux voulaient en découdre et ils allaient être servis. Alors que les enfants, rompant la ligne en hurlant se mirent à courir dans tous les sens, l’étranger arrivait rapidement en direction des deux Soumei. Tellement rapidement que Saahl n’eut pas le temps de réagir et vit une lame passer juste à côté de son visage. fort heureusement, elle avait été propulsée sur le côté par le guerrier qui lui, plus expérimenté des combats avait pu réagir à temps, sauvant la Dorée. Elle était désormais un poids, mais il fallait bien qu’elle combatte, pour sauver le maximum de monde. Jusqu’à la mort si nécessaire. L’homme était très rapide. Le combat n’allait pas être évident.

Pendant plusieurs minutes, ils échangèrent des coups tous esquivés. Le guerrier et l’étranger combattaient, l’un avec une lame l’autre avec une lance. Saahl elle essayait de lancer des objets pour distraire l’étranger et offrir une ouverture mortelle au guerrier de sa famille. Mais l’adversaire ne se laissait nullement distraire, aucun de ses gestes n’étaient vains. Il ouvrait des failles chez le guerrier que Saahl s’empressait de couvrir avec une diversion. Mais bientôt les objets viendraient à manquer. Finalement, les deux furent repoussés. Alors que le guerrier tombait à la renverse, l’étranger se dirigeait vers un enfant passant par là. La Dorée s’interposait entre les deux. La seconde d’après, le guerrier s’était également interposé, seulement de corps, car il fut transpercé par la lame de son adversaire. Des larmes coulèrent de nouveau sur les joues de la jeune femme avant qu’elle, de rage, de se saisisse d’un morceau de vase pour le pénétrer dans le corps de l’étranger. Celui-ci se débarrassent alors du guerrier mourant, il allait faire un bond en arrière. Mais Saahl surgissant l’attrapait au niveau des mains, l’immobilisant. Puis, avec un fil de chakra et un mouvement de doigt, envoyait la lance du défunt guerrier transpercer un partie du ventre de Saahl, mais pénétrer la chair de l’homme. L’étranger poussait un hurlement de douleur alors que Saahl attrapait la lance de ses mains et commençait à la soulever, empalant l’homme qui finalement, poussait son dernier soupir.

Quelques secondes après, notre héroïne masquée s’écroulait sur le sol, se tenant la partie du ventre qui avait été arrachée. Ce n’était pas une blessure mortelle, mais suffisamment douloureuse pour capter l’attention et immobiliser notre jeune femme. Celle-ci restait ainsi un moment avant qu’un petit enfant, une petite fille de trois ans ne rampe vers elle, en pleure, demandant désespérément de l’aide. La main ensanglantée de Saahl vint se poser sur la joue de la jeune fille en pleure, comme pour la rassurer. Elle la regardait dans les yeux. Mais alors que son regard était posé sur le bébé pleurant, elle vit au loin, hors de sa portée, un homme encapuchonné qui attendait sur le côté. En retrait. C’était l’occasion de continuer le combat. En se redressant, elle prit le bébé pour la donner à une femme qui fuyait. Reprenant la lance du cadavre de l’étranger, elle se faufilait vers cet homme qui ne bougeait pas et qui soignait ses compères. Le médecin devait mourir, cela découragerait certainement les autres. S’élançant dans le point mort de son adversaire du jour, elle s’apprêtait à le transpercer quand une immense douleur vint la prendre. Elle se sentit soulevée en plein air avant de retomber lourdement sur le sol. Mais pendant cet air en l’air, celui-ci avait semblé s’être multiplié par mille. Sa vie et nombre de choses s’étaient déroulés devant ses yeux. Signe de sa future mort ? Un homme venait de protéger le médecin. Et celui-ci s’apprêtait à venir achever Saahl. Allait-elle réellement mourir ainsi ?

Le médecin restait figé. Pétrifié par l'horreur qui l'entourait. Il entendait son demi-frère lui vociférant dessus mais il refusait de bouger. Sa conscience l'interdisait ne serait-ce que participer à ce carnage. Il percevait les cris des enfants autour d'eux. Terrifiés ou massacrés par ses proches. Akuhei ne pouvait pas poursuivre. Il aurait voulu se trouver n'importe où, pouvoir compter sur le soutien de Waichiro pour l'emmener loin d'ici. Mais il n'avait pas été dépêché sur cette mission. Le médecin était seul et devait maintenant se confronter à la dure réalité de sa condition de shinobi.

- Bouge toi ! On doit les fumer et repartir aussi sec !

Encore une fois, les mots glissaient sur le regard hébété de l'Estropié. Cet instant de stase était même mis à profit par l'une de leurs opposantes qui voulut profiter de l'instant pour l'attaquer. Le demi-frère beuglant fut là pour le sauver. Il envoya valdinguer la brave guerrière avec une facilité déconcertante. Cette dernière ne se laissa pas intimider et se releva. Un acte courageux qui ne fit qu'attiser la lueur de sadisme sur le visage du proche d'Akuhei. Il se décidait enfin à réagir et ce fut le visage de la pauvre demoiselle qui lui servit d'électrochoc. Son faciès était celui d'une personne extrêmement jeune. Ce qui n'empêchait pas son comparse de s'approcher d'une démarche à la fois lente et lourde de sens.

Du point de vue de la victime, elle dut voir le sourire machiavélique du membre du Kagirinai avant qu'une silhouette massive ne vienne le faucher. Tous deux par terre, les deux frères se mirent à échanger des coups. L'instant n'était pas au fratricide mais une douleur lancinante dans le foie fit perdre la notion de bien et de mal à l'Estropié. Sa bonne conscience était une qualité qu'il semblait être le seul à avoir. L'homme à ses pieds n'avait pas la même vision des choses. Tout se jouait entre eux deux. Aussi tiraillé que lorsqu'il avait découvert le pot aux roses, Akuhei hésita mais le sang qui s'écoulait de son ventre le rappela à l'ordre. Un des tentacules s'éleva dans la pénombre avant de s'abattre avec fracas sur le crâne de son demi-frère.

Le bruit spongieux aurait arraché un vomissement au meurtrier s'il n'avait pas cette douleur déjà pénible au niveau de l'abdomen. Sa bouche s'était emplie d'un sang au goût cuivré qu'il préférait cracher par gerbes. Les affrontements continuaient autour mais semblaient se raréfier. L'Estropié ignorait en quelle faveur mais il s'en moquait. Il était à quatre pattes au dessus de la dépouille de l'autre membre du Kagirinai qu'il avait dû éliminer. Le regard bas par conséquent, il vit un faible mouvement à sa droite. Un petit corps recroquevillé et tremblotant de douleur. Il ne sut dire si le sang à ses côtés était le sien mais le médecin rampa aux côtés de l'enfant, avec difficulté. Son état réclamait des soins de toute urgence mais sa volonté le poussa à penser à autrui.

Il fut aux côtés du jeune garçon après un rude effort. Il approcha la paume de sa main droite qui luisait dans la pénombre. La faible lueur permit au médecin de trouver où se situait la plaie et il s'attela à déployer autant de chakra que possible pour soigner son patient. Les bruits et les cris commençaient à s'estomper autour. Akuhei pensait que c'était la fin jusqu'à ce qu'il réalise qu'il s'agissait peut-être de son ouïe qui défaillait à mesure qu'il se sentait partir. Les soins prodigués n'étaient pas terminé pour le petit garçon et l'Estropié ne put aller au bout. Il avait déployé toutes ses forces et souffrait des méfaits d'une trop forte consommation de chakra.

Il ne réalisa qu'à peine que sa vision se brouillait dans la profonde obscurité de la nuit. Il s'écroula sur le côté, les paupières lourdes et le souffle court. Sa plaie continuait de déverser un flot bordeaux. La fatigue le rattrapa néanmoins et acheva ses dernières résistances pour le plonger dans le néant absolu.

Le bilan n’était pas extrêmement positif pour la jeune femme de la famille Soumei. Outre la quantité anormale de chakra qu’elle avait dépensée lors de son combat contre le premier étrange encapuchonné, elle avait une partie du ventre arrachée et une grande ouverture dans celui-ci suite à l’intervention du deuxième étranger quand elle avait attaqué le médecin. L’un des siens était intervenu pour le secourir alors que lui semblait totalement concentré sur autre chose. Comment un être aussi peu apte au combat s’était-il retrouvé mêlé à ça ? Mais la question n’aurait pas le temps d’être résolue, car l’homme qui avait envoyé valdinguer Saahl s’approchait d’elle afin d’en finir. Sentant que sa fin approchait, de nouvelles larmes perlaient doucement le long de ses joues. Sur le dos, elle regardait le ciel, la nuit n’était pas encore tombée, et déjà l’étoile du Berger était visible. Le ciel de Kaze avait toujours été pour elle une source d’inspiration, un paysage d’une infinie beauté, dont jamais ses yeux ne se lassèrent. Elle essayait donc tant bien que mal de multiplier ce moment par mille afin de repousser la mort. Mais l’inévitable, comme son nom l’indiquait, ne pouvait être éviter. Et qui était-elle pour tromper la mort ? Absolument personne. Une fois l’homme à côté, elle s’apprêtait à fermer les yeux pour toujours lorsqu’un bruit soudain interloquait la Dorée.

Tout se passait avec une vélocité incroyable. Alors que l’étranger voulant l’achever était juste à côté d’elle, une autre personne intervint avec force pour envoyer l’homme à quelques mètres de distances, protégeant ainsi Saahl. Mais cette personne n’était pas n’importe qui, c’était l’autre étranger, le médecin qu’elle avait faillit tuer quelques dizaines de secondes avant cette scène. Saahl se contentait de tourner la tête dans leur direction sans comprendre réellement ce qui était en train de se passer. Dans une position pas extrêmement confortable, elle sentie soudainement une grande douleur en se retournant. Elle se mit alors à cracher une flaque de sang sur le sol. S’essuyant la bouche d’un revers de la main, elle continuait à regarder le combat qui était en train de se dérouler devant elle. Visiblement, il ne restait plus que deux étrangers, les trois autres étant tombés sous les lames de Guerriers. Tous les Guerriers et personnes encore aptes à combattre de la famine Soumei étaient en train de former un cercle autour des deux derniers combattants. D’autres plus loin venaient au secours des leurs tombés, soit pour les soigner car encore vivant, soit pour commencer à les transporter dans un lieu où ils ne seraient à la vue des enfants. Deux femmes vinrent alors à la rescousse de Saahl. Se redressant, elle acceptait les soins, mais refusait d’être transportée ailleurs. Elle tenait à regarder ce combat.

Le spectacle était plus qu’étrange. Le médecin venait de totalement éclater le crâne de son homologue qui était lourdement tombé sur le sol avant de se diriger vers un enfant blessé. Une lueur verte entourait alors ses mains, de l’Irou. Pendant quelques minutes, plus personnes ne bougeaient, ils observaient tous le médecin guérir l’enfant qui ne semblait ne plus avoir mal. Puis, certainement à bout de forces et blessé, ce dernier s’écroulait également à la renverse. C’était cet instant que choisit un guerrier pour courir vers lui une arme à la main afin de l’achever. Mais sans réellement savoir encore pourquoi, la Dorée s’interposait en frappant du plat de pieds dans la lance du Guerrier. Tout le monde fut interloqué par une telle intervention. Beaucoup de Guerriers étaient mort de sa main, alors pourquoi le défendre ? Saahl elle-même l’ignorait, mais elle ressentait qu’il ne fallait pas que lui meurs. Par la suite, elle prétextait de nombreuses raisons : il fallait savoir qui il était, d’or il venait, par qui il était envoyé, pourquoi ces actes, pourquoi ce revirement, pourquoi l’avoir défendue, pourquoi avoir guérit l’enfant, pourquoi, pourquoi, pourquoi ? C’était la première fois que notre héroïne s’énervait réellement contre quelqu’un de son propre peuple. Certains Guerriers eut vinrent à la rescousse du premier qui voulait abattre l’homme Itsuru, qui combattait avec des sortes de tentacules mécaniques. Mais alors qu’il voulurent dégager Saahl de force, un nuage de fumée apparut. Hasan fit alors son apparition, prêt à combattre. Cet homme ne devait absolument pas mourir. Tous choqués de la voir vouloir combattre son peuple, les anciens intervinrent pour donner raison à Saahl. L’homme allait être emprisonné. Mais s’il arrivait quelque chose, elle serait tenue pour responsable. Elle venait de perdre une partie de l’amour de son peuple, pour un assassin…

Quelques jours plus tard. Notre protagoniste était assisse en tailleur sur un gros coussin fabriqué par son peuple. Elle avait encore des bandages de partout, que ce soit au niveau de l’abdomen, du visage, des bras et sur ses mains. Elle avait bien souffert de cet épisode. Pendant ces quelques jours, elle avait participé aux soins des autres membres de sa famille, à la crémation des morts et aux réparations en tout genre. Quatre jours s’étaient déroulés avant que l’autre ne veuille enfin rouvrir les yeux. L’autre, c’était ce médecin étranger, celui que Saahl avait protégé. Lui avait avait été soigné par Saahl. Ses tentacules et l’entièreté de ses membres étaient immobilisés grâce à des liens extrêmement solides. Et encore là, la Dorée craignait qu’il ne puisse s’échapper. C’était pour cette raison qu’elle passait à de nombreuses reprises. La tente était dans tous les cas gardée par des Guerriers, dont celui qui avait essayé d’achever le médecin. Donc lui se ferait un plaisir d’abattre l’étranger au moindre signe d’agressivité. Devant cet homme qui ouvrait doucement les paupières, Saahl ne perdit pas son sang froid.

« Pourquoi ? »

L'obscurité avait engloutie l'esprit troublé du médecin avec une facilité déconcertante. Sa torpeur fut ponctué de flash de la réalité, mêlée de souvenirs enfouis ou de rêves s'apparentant plus à des cauchemars. La scène de massacre se reproduisait régulièrement en boucle. Sauf que cette fois, Akuhei s'y retrouvait immobile. Il ne pouvait qu'assister au massacre de tous ces gens. Aussi bien leurs cibles que parmi leurs rangs. Tous mourraient à l'exception de certains de leurs opposants qui se réunissaient ensuite autour de l'Estropié. Chacun se présentait avec une lame et l'embrochait sur place. Cette illusion se répéta plusieurs fois, parfois en boucle. Jusqu'à ce que ce qu'il prenait pour de la douleur le tire des bras de Morphée.

Il était assis à même le sol, ligoté contre un support qui devait être un poteau. Il n'essaya même pas de mouvoir ses prothèses qu'il savait immobilisées. Ils n'auraient pas pris le risque de le laisser libre de ses mouvements. Le regard bas, il constata néanmoins que son état physique était bien meilleur que lorsqu'il s'était évanoui. Ils l'avaient soigné. Son diagnostic mental personnel lui indiquait que tout était en ordre. Il était en vie, dans une santé convenable mais sur le fil de la Mort. Lorsqu'il redressa un peu la tête, il retrouva la silhouette de celle qu'il avait voulu sauver de son demi-frère. Le visage de ce dernier se désintégrant dans un amas pourpre lui revint en tête. Ce souvenir lui retourna l'estomac mais il réprima son haut-le-cœur alors que la kunoichi entamait l'interrogatoire. Il fallait s'y attendre.

Il en regrettait presque d'être l'unique survivant. Lui qui avait pris conscience de la malveillance de leurs actes, il était maintenant le seul à pouvoir assumer les actes de l'escouade. Un fardeau dont il se serait bien passé, mais la vie était ainsi faite. Son obéissance lui coûtait ce jugement qui le mènerait sûrement à l'échafaud. Il ne pourrait en vouloir à ses geôliers. Si quelque chose de similaire était arrivé aux jeunes du complexe du Kagirinai, il aurait été empli d'une rage incroyable. La tête basse, il fit retomber ses yeux vers le sol. Une profonde inspiration lui fut douloureuse à cause des liens qui l'immobilisaient. Ils n'avaient pas dû être avares pour les serrer. Une bouffée d'air arrachée avec difficulté plus tard et il répondit :

- Nous avions des ordres. Nous ignorions la composition de votre groupe. Notre dirigeant souhaitait l'élimination de votre groupuscule. Pas plus de détails. Sinon je n'aurais pas laissé faire ça.

Pouvait-il seulement s'excuser ? L'envie ne lui manquait pas mais elle serait désuète au regard de ce qu'il avait commis. Même s'il n'avait pas fait autant que ses camarades, sa complicité en faisait un coupable bien plus horrible que ceux ayant du sang sur les mains. Sa gorge se noua alors que l'émotion se glissait dans son esprit. Il hésita, se ravisa puis céda. Avec un effort insupportable, il redressa un peu la tête et prononça ces mots qu'il se serait interdit de prononcer.

- Je suis désolé.

Les fragiles doigts de la paume ouverte de notre héroïne vinrent s’abattre sur la joue de ce soit-disant docteur. Un bruit soudain accompagnée d’une vive douleur au niveau de la paume. Celle-ci brûlait et elle pouvait sentir le sang battre dans sa main. Elle venait d frapper fort, aveuglée par la colère et par des paroles aussi dénudées de sens. L’entrée de la tente s’ouvrit, laissant passer les têtes de deux des gardes de cette geôle de fortune. Ils souhaitaient savoir si tout allait bien, ayant bien entendu reconnu le bruit de la peau contre la peau, se doutant de la réaction de Saahl. Après tout, elle venait de perdre beaucoup pour protéger la vie de cet homme qu’elle ne connaissait ni d’Eve ni d’Adam. Aucune larme sur le visage de la Dorée, mais une colère visible et non dissimulée. Ses yeux noisettes se plantaient dans ceux de son prisonnier. Au questionnement de la douce Saahl sur les raisons d’une telle intervention de son groupe, celui-ci répondit qu’il avait simplement des ordres à exécuter et qu’il ne s’était guère soucié de la raison pour laquelle il venait d’éliminer tant de personnes. Autant de coeur battant qui s’étaient arrêtés sans aucune raison valable. Le docteur prétextait également que s’il avait eut connaissance de la composition de la famille Soumei, il se serait opposé à cette opération. Mais ce qui lui valut la gifle, était l’excuse qu’il avait prononcé à l’égare de Saahl.

« Les excuses sont vaines, et tes explications ne me suffisent pas. Elle marquait une courte pause alors que les gardes venaient de refermer la tente, voyant bien qu’elle se débrouillait pour faire parler l’homme, de la manière forte. Enfin, comme pouvait le faire une petite gamine de quinze ans à peine. Tu respires encore parce que tu as intercédé en me sauvant la vie, donc j’ai fait de même alors que les Guerriers voulaient ta mort. Si tu souhaites vraiment repartir d’ici vivant, je te conseille fortement de coopérer. Sinon ce n’est pas à moi que tu vas avoir a faire, mais aux frères de ceux que tu as tués. »

Elle essayait de se vouloir convaincante, mais rien que sa voix d’enfant pouvait provoquer le contraire. Cependant, outre son apparaître enfantine, la colère et la détermination visible sur le visage de notre jeune héroïne pouvaient faire pencher la balance en sa faveur. Après tout, cet homme dont elle ne connaissait toujours pas le nom avait, et elle en était témoin, tué au moins plusieurs Guerriers tout en secourant les siens, qui eut avaient un bon tableau de chasse Soumei à leur actif. Fort heureusement, cette mission s’avérait être un échec finalement, car tous avaient combattus vaillamment. Et sûrement que le groupe ne s’était pas attendu à cela. La peur ne fonctionnerait très certainement pas avec ce type d’assassin, il fallait donc changer de stratégie. Lentement, la Dorée se redressait avant de se diriger quelques pas sur le côté de la tente. Elle se saisit d’une sorte de bol de bois avant de verser à l’aide d’une louche du même matériau, de l’eau d’un sceau en métal à l’intérieur du bol. Reposant la louche dans la sceau, elle revint se mettre juste en face du membre du clan Itsuru. Elle portait le bol à ses lèvres et prit une gorgée afin de prouver à l’homme que l’eau ne portait aucun poison, puis elle le portait aux lèvres de son prisonnier afin que celui-ci puisse boire et s’hydrater.

« Je me nomme Soumei Saahl, membre du clan Azaku. Comment t’appelles-tu ?. Elle marquait alors une courte pause tout en reposant le bol juste à côté d’elle, à sa droite. Elle plantait ensuite de nouveau son regard noisette dans celui de son homologue Azaku avant de reprendre. Il fallait absolument qu’il l’a comprenne. Tu as trahis les tiens en tuant ton compère pour me sauver. Tu as utiliser ton pouvoir pour sauver un enfant Soumei. Tu es encore en vie grâce à cela. Mais si tu veux que ça continue, je vais devoir avoir plus d’informations. Qui t’a ordonné d’exterminer les Soumei ? Pourquoi ? Quel était l’objectif ? Quel mal notre présence peut causer à celui qui t’embauche ? Parle moi ou je ne pourrais rien faire pour sauvegarder ta vie. Trop de sang à déjà coulé cette semaine. N’en rajoute pas.. » La colère avait laissé place à la tristesse..

La vive douleur termina de réveiller le corps et l'esprit de l'Estropié. Une simple claque ne serait pas une blessure mortelle mais son impact psychologique pouvait s'avérer immense. Akuhei le savait, au moment où il avait prononcé ces mots. Il se trouvait sur les terres des gens qu'ils avaient assassinés. Son unique réponse à ce massacre ne pouvait qu'être reçu de la sorte. D'ailleurs, sa geôlière se montra claire sur son sort. S'il était là c'est uniquement parce qu'il l'avait sauvée. Sans cette bonté naturelle chez l'Estropié et sa prise de conscience, il y aurait des cadavres innocents enterrés ici et cinq dépouilles dont le sort aurait été volontairement oublié.

Les maigres mots du médecin ne suffisaient pas à celle qui l'interrogeait. Seulement, il ne voyait pas ce qu'il pouvait dire d'autre. C'était l'essentiel qu'il lui avait présenté. Bien sûr, en étant objectif, elle était dans son droit de ne pas être satisfaite de si peu de renseignements. Akuhei ne pouvait cependant pas inventer des faits. Il n'était pas dans la meilleure position pour improviser ou mentir. Quand bien même le pourrait-il, il ne le ferait pas. Il n'était pas quelqu'un de profondément mauvais. Le mensonge et la duperie étaient des outils qu'il utilisait pour aider son prochain. Aussi étonnant cela puisse paraître, c'était possible.

Harassé par sa situation et le contexte, il se sentait alourdi d'une peine immense. Au-delà de sa condition, il se sentait affaibli. Sa santé n'était pas en danger mais il percevait quelques signes d'un manque d'alimentation. Depuis combien de temps était-il inconscient ? Guères revancharde et sans doute plus humaine que lui, son interlocutrice lui présenta un bol d'eau. Elle en but une partie, pour lui prouver qu'il n'y avait aucune entourloupe. Akuhei but volontiers, mais l'état du breuvage l'importait peu. Elle pourrait en boire en ayant ingéré l'antidote ou en étant immunisée au préalable. Mais ça lui importait peu. Il aurait préféré en cet instant que ce récipient contienne une puissante toxine pour mettre fin à ses jours et au calvaire de sa culpabilité.

- Akuhei, répondit-il simplement après s'être désaltéré.

Après la main qui sévit, celle qui se prénommait Saahl tentait d'adopter une technique plus douce. L'Estropié ne voyait pas en cet échange un véritable interrogatoire, dans le sens où il avait dit tout ce qu'il savait. Bien sûr, elle ne se satisfaisait pas de si peu et cherchait à creuser un peu plus. Si les mots se voulaient complaisants, ils ne risquaient pas de l'être longtemps s'il ne donnait pas plus d'eau à son moulin. Par conséquent, s'il souhaitait s'en sortir vivant, il devrait trouver quelque chose à dire. Mais il n'en avait même pas l'envie. Ce qui le poussa à répondre fut de l'élémentaire politesse, mais aussi un moyen d'aider la Soumei à faire son deuil.

- Celui qui nous a envoyé se nomme Reizoku. Un homme qui n'a aucun état d'âme pour envoyer ses propres fils à l'abattoir, dit-il en soutenant le regard noisette de son interlocutrice. Ce n'est pas le genre à donner plus d'informations que ça. J'ai du des frères disparaître pour avoir posé trop de questions, et d'autres tabassés à mort pour chercher à comprendre. Ce qu'il veut et pourquoi il le veut, je ne saurais vous le dire. En revanche, si je puis vous aider, je n'ai qu'un conseil à vous donner : fuir.

L’homme au teint pâle qui se trouvait en face de notre interlocutrice ne demandait pas son reste, aucun besoin de lui demander deux fois, il regardait Saahl dans les yeux avant de finalement boire la totalité du bol d’eau qu’elle venait de lui offrir. Très peu de dorures devaient se passer de cette façon, mais était-elle réellement en train de le torturer ? Notre Dorée expulsait cette idée de son esprit avant de retourner poser le bol à côté d’elle. Son prisonnier était tout de même dans un piteux état, malgré que le fait qu’il fut soigné et réparé par Saahl. Son teint était blafard, il semblait toujours assoiffé, blessé et diminué par les combats et l’utilisation excessive de son chakra. Cela faisait déjà plusieurs jours que l’étranger était enchainé à ce poteau, ses membres vivants comme mécaniques immobilisés par de puissants liens. Les tentacules du membre du clan Itsuru était tous enchainés les uns avec les autres par des cordes, à des endroits stratégiques, eux mêmes attachés au poteau. Il avait le souffle haletant, était vraiment affaibli. Clairement, l’on pouvait voir qu’il n’avait pas vraiment la force de s’enfuir, de se défaire de ses liens et de courir pour sa vie. C’était également pour cette raison, logiquement, qu’il commençait à répondre aux interrogations de sa détractrice.

Il s’appelait Akuhei, du clan Itsuru, la branche dérivée du clan Azaku. De ce qu’avait pu comprendre Saahl pendant les cours d cela doyenne sur les grands clans de ce monde, le clan de la Dorée comportant de nombreux membres, jusqu’à ce qu’un conflit le sépare en deux branches. Le premier était la branche pure des Azaku, marionnettistes utilisant des poupées de bois truffées de pièges afin de combattre, et de l’autre côté se trouvaient les Itsuru, des personnes pensant pouvoir eux-mêmes modifier leur corps afin de « devenir » une marionnette. C’était une conception étrange pour Saahl qui ne comprenait pas l’intérêt d’une telle chose. Cela allait à l’encontre de tout les principes dictés par la famille Soumei. L’homme était donc de ce clan de modificateur corporel. Et elle avait bien pu remarquer pendant qu’elle le soignait, qu’effectivement, il s’était greffé des tentacules de métal qu’il devait inoculer de chakra afin de pouvoir les utiliser pour combattre. C’était extrêmement ingénieux, même si cela semblait douloureux.

Quoi qu’il en était, Akuhei lui faisant face avait une mine déconfite, comme si tout le bonheur avait quitté son corps et ce monde. Il semblait capituler face à une situation qui le dépassait. Et contre toute attente, il finit par répondre aux interrogations de sa geôlière. L’homme à qui elle devait cette opération sanguinolente, ce massacre injuste et infâme, se nommait Reizoku, et n’était autre que le père d’Akuhei. Il précisait que l’homme était sans coeur et sans âme, pour envoyer ses propres fils à l’abattoir. Devait-elle comprendre que tous les étrangers ayant trouvés la mort étaient tous de la même famille que lui ? Combien de fils et de filles ce Reizoku avait-il engendré ? Cet homme envoyait ses propres enfants à la mort pour simplement poser des questions, être curieux, et potentiellement se mêler de choses qui ne les regardent pas. Comment une telle ordure pouvait exister ? C’était certainement pour cette raison qu’Akuhei avait finit par prendre le parti de la famille Soumei. Tant de haine et de violence, et tout cela pour quoi ? Pour être malmené et peut-être exécuté par sa propre famille. Il n’était donc pas étonnant qu’il s’était retourné contre les siens, devant une cause et un peuple plus pur que le sien. Et pour finir, Akuhei les conseillait de fuir loin, pour sauver leur vie. Saahl avait un choix à faire et son avis serait déterminant. Après tout, c’était grâce à elle que l’Itsuru était encore en vie et elle avait désormais une parole importante dans l’avenir de leur tribu.

La jeune femme posait alors sa main sur l’épaule de son prisonnier. Elle lui adressait un sourire apeuré. « Nous sommes une famille mineure au fin fond de Kaze no kuni. Vous avez tout de même réussi à nous trouver. Où veux tu que j’emmène mon peuple ? Elle enlevait maintenant sa main, prit une voix un peu plus déterminée avant de continuer. Il nous faudra nous battre. Nous n’avons pas d’autres choix.. »

La geôlière du médecin ne semblait pas comprendre la gravité de la situation. Il faut dire qu'il n'était pas aisé pour quelqu'un de comprendre quel danger il encourrait de se retrouver dans le collimateur du Tyran. Alors qu'il venait de s'expliquer sur la raison de leur venue, Akuhei n'avait pas perdu un instant pour réfléchir à la difficulté qu'ils rencontraient. La famille qu'ils avaient visé n'était qu'une modeste tribu. Pourquoi Reizoku voulait-il s'en débarrasser ? Des décisions du paternel, beaucoup de question découlaient. Cette mission morbide ne faisait pas exception à la règle, même si généralement l'intervention du Kagirinai était requise. L'Estropié avait retourné sa veste en réalisant que des enfants souffraient de ce massacre. Un obscur dessein avait amené le chef de son escouade à leur donner de tels ordres. Que pouvait-il cacher derrière cette élimination ?

- Vous ne pourrez pas vous battre. Pas éternellement. L'homme qui a fait ça...mon père, admit Akuhei, ne manque pas de ressources. Si cinq d'entre nous manquent à l'appel, il en renverra dix et ainsi de suite. Nous sommes nombreux sous sa coupe. Cela ne ferait que reporter le problème.

Les méninges s'activaient au rythme des mots. La parole lui permettait de libérer un espace de réflexion pour sa pensée. Même s'il souhaitait se concentrer sur la suite des évènements, il ne pouvait s'empêcher de songer à sa présence ici. Pourquoi ? Cette question s'était profondément ancrée dans son cerveau et ne le lâchait plus, peu importe où le menait ses réflexions. Il devait à maintes reprises se concentrer pour ne pas perdre le fil de son raisonnement. L'air un peu absent, il fixait le sol, bredouillant silencieusement des mots alors qu'il déroulait le fil de sa pensée. Et toujours cette question qui le hantait.

Après quelques minutes à se creuser la tête, le visage du médecin sembla transformé. Une nouvelle expression faciale témoin de sa nouvelle détermination. Il y avait bien une solution qui lui venait à l'esprit. Néanmoins, elle allait demander de négocier avec cette demoiselle. Elle aurait pu se montrer cruelle, elle avait eu la sagesse de ne pas le faire. Mais de là à accéder à sa requête. Surtout qu'elle n'était pas la seule décisionnaire pour faire pencher la balance du futur de l'Estropié. Soupirant, il devait se résigner à formuler ce qui lui semblait lui-même improbable.

- Il y aurait une solution. Si vous quittez les lieux pour partir plus loin, ça pourrait suffire. En laissant les traces de l'affrontement ici. Reizoku enverra des hommes s'assurer que la mission s'est déroulée comme cela lui sera rapporté.

La geôlière était loin d'être stupide et ne pouvait que voir où menaient les propos d'Akuhei.

- Pour cela, il faudrait me libérer. Afin que je puisse vous couvrir et faire un rapport indiquant qu'il n'aura plus à s'en soucier. Il ne me croira pas, c'est certain. Mais si vous disparaissez et que vous passez inaperçus pour les deux prochains mois, c'est une tactique qui pourrait marcher.

Mais dépendante de la bonne volonté de ce clan à qui Akuhei avait causé du tort. Il allait sûrement se prendre une nouvelle volée, qu'il ne pourrait imputer à son interlocutrice. Néanmoins, il se souciait sincèrement du sort de cette famille meurtrie. Il voulait qu'ils puissent se sortir du mauvais œil du Tyran, à défaut de pouvoir s'en libérer lui-même.