Voilà des jours que « l’incident » s’était produit : la décimation d’un village tout entier, à l’exception d’une petite fille et d’un chien, de quoi retourner l’estomac de quiconque s’y intéressait. Miyako, justement, retournait le problème dans tous les sens : qu’est-ce que Konoha aurait pu faire de mieux pour protéger ces habitants du funeste sort qui leur avait été réservé ? Comment éviter qu’un nouveau drame de la sorte se reproduise ? Plus de surveillance, plus d’effectif, plus de patrouille ? Elle n’en savait rien.

Hi no Kuni était vaste et peuplé : Konoha seul ne pouvait s’occuper de toute cette étendue. L’armée régulière patrouillait également : mais face à ce déferlement d’horreur, elle ne pouvait rien. Seul Konoha pouvait se dresser face à ce genre de menace. Et malgré les effectifs de plus en plus étoffés, ils n’étaient pas encore assez. L’Aburame avait passé sa journée à lire et écrire des rapports. La nuit tombait dehors, et alors qu’elle se levait pour repartir enfin, le dossier violet qu’elle avait mis elle-même sur le côté lui rappela la raison pour laquelle il n’avait pas été rangé.

L’attrapant de volée, elle l’ouvrit de nouveau. La Jônin ayant ordonné l’envoi des missions d’éclairage avait fait un rapport détaillé sur ce qu’il s’était passé. L’arrivée de quatre personnes pour signaler une blessure et une attaque. Tenryu, Milly et Amaya qui partaient sans rechigner, et ce dernier homme, ce tenancier, qui, malgré la présence d’un chakra indiquant bien plus qu’un simple barman, avait refusé de partir, lui qui n’était en rien un shinobi. Miyako plissa des yeux : une Jônin du rand et du talent de la Kobayashi n’aurait pu se tromper sur la quantité de chakra que cet homme mystère possédait. C’était soit un prodige, soit un ancien shinobi : dans les deux cas, son profil intéresserait grandement Konoha.

Se dirigeant vers le bar dans lequel il travaillait plutôt que chez elle, Miyako entra dans l’établissement qui contenait quelques clients. Affairé derrière son comptoir, il observa sa nouvelle cliente d’un rapide coup d’œil, comme n’importe qui. Il n’était pas shinobi, il n’avait aucune raison de savoir à quoi le bras-droit de l’Hokage ressemblait – et quand bien même il le savait, elle n’était rien pour lui pour qu’il réagisse différemment. L’Aburame s’avança jusqu’au bar et s’assit sur l’un des sièges, affichant un grand sourire à l’homme.

- Un verre de thé glacé s’il vous plaît. Framboise si vous avez, pêche sinon.

Tapotant légèrement sur le comptoir, elle se tourna pour regarder les quelques clients qui étaient attablés. Pas un monde incroyable, mais pas non plus le désert. Le lieu était séduisant, au demeurant.

- C’est vous le propriétaire ?