Le matin, c’est entraînement.
Être une jeune ninja, ce n’est pas facile tous les jours. Encore moins quand on est sous la supervision du Hokage lui-même.
Elle est revenue de loin, Shizue. Elle est partie de chez sa grand-mère, une femme bourrue, qui déteste les ninjas, pour atterrir tout pile dans un endroit où il n’y a que ça. Ah, l’ironie, l’ironie.
Mais, forcément, fallait que ça ait des retombées. Genkishi a été plutôt clair, d’une limpidité indéniable : elle doit s’entraîner avec lui et aller quelques heures à l’académie. Si la deuxième tâche est plutôt du genre chiante, la première lui semble légitime. Elle n’a pas bronché.
De toute façon, quand Genkishi parle, Shizue ne bronche pas souvent. Elle peut paraître bourrue, elle aussi, mais ça se limite à ça.
Manquer de respect à son oncle ou à Miyako ? Nan, clairement pas une bonne idée.
Elle est insolente, pas stupide.

Aujourd’hui comme tous les autres jours, Shizue se rend dans la grande salle où ils s’entraînent. Ils méditent, travaillent. Ce n’est pas toujours la même chose, ça change d’un jour à l’autre. Ça lui permet de voir plein de facettes différentes de la vie de ninja, mais pas que.
Elle doit apprendre la vie tout court, Shizue. Elle y connaît pas grand chose. Encore moins pour ce qui est de la vie en société.
Assidûment, elle suit les leçons de son oncle, sans jamais en manquer une seule. Elle y est plus attentive qu’à n’importe quoi, pour éviter qu’il ne la prenne pour une idiote.
Shizue veut montrer sa valeur, s’élever elle aussi. Ce ne sera pas forcément facile, mais c’est un challenge qu’elle n’a pas peur de relever.
Ce sera une grande ninja, elle aussi.
Une grande Hyûga, aussi.
Elle ne lâchera rien.

Ses prunelles écarlates se posent sur l’Hyûga qui arrive à son tour.
Comme tous les jours, Shizue est arrivée en avance. Ce n’est pas de la peur, mais de l’excitation. Elle a envie d’être là, d’apprendre.
Genkishi est probablement sa meilleure porte d’entrée vers le monde, ses enseignements sont d’une importance capitale.

Elle l’observe un instant, avant de lui sourire.

« Salut ! »

Bon, respectueuse ou pas, Shizue reste Shizue.
Parler comme une nana de la haute, ça l’intéresse pas.
Elle reste un poil familière.
Un poil seulement.

« On fait quoi aujourd’hui ? »

Allez chopchop le tonton, là.
C’est l’heure de la leçon !

L’opposition entre les deux figures est étonnante.
Presque théâtrale.
L’une des deux, pleine de fougue, est prête à courir partout, réaliser un véritable marathon dès qu’elle sort du lit. La seconde, plus calme, plus mesurée, prend le temps de faire du taï-chi de bon matin, après avoir gentiment trempé les lèvres dans un thé bien trop chaud.
Quand elle le regarde, Shizue se demande s’ils viennent du même clan.
Elle se demande d’où vient sa tranquillité, ce calme. Elle a du mal à saisir.

Au fond, la brune l’admire. Elle l’admire vraiment.
Mais elle n’en a rien à faire de ses positions bizarres du matin. Apparemment, c’est la meilleure piste à suivre pour devenir meilleure mais. Mais ça ne l’intéresse vraiment pas.
Shizue opine doucement.
Il lui a jeté toutes les caillasses qu’il a trouvé sur son perron ce matin, comme ça pif paf pouf, avant qu’elle commence à ouvrir le bec, elle n’a déjà plus rien à dire.
Il lui manque de la rigueur.
Ça, probablement. Shizue est une véritable tête brûlée, elle fonce dans le tas sans trop réfléchir. Pour elle, un entraînement, c’est envoyer des claques dans tous les sens. C’est déjà pas mal.

Autant dire que les paroles de Genkishi l’ont bien refroidie. Il l’a accueillie gentiment avant de la mettre à terre en une tirade.
Shizue reste silencieuse, soufflée.
Il est l’une des rares personnes au monde capables de faire ça. Et y en a vraiment pas beaucoup.

Quand il lui indique qu’il a confiance, tout le reste de sa phrase passe à la trappe.
Son visage s’illumine.
Il a confiance.
Il sait qu’elle peut le faire.
Lui.
L’Hokage.
Le grand monsieur Hyûga.
Shizue sourit sans même s’en rendre compte. Les étoiles font scintiller ses yeux écarlates.
Elle a envie de lui sauter dessus pour lui faire un câlin.
Sauf que si elle fait ça, elle passe par la fenêtre dans la seconde.
Pour éviter cet affront, Shizue reste silencieuse, se contente de pavaner dans sa propre tête, bien trop fière de ce qu’il vient de lui dire.

Il rebondit, lui annonce ce qu’ils vont apprendre aujourd’hui.
Ce qui est amusant, avec Genkishi, c’est qu’il ne peut pas s’empêcher de lui en mettre plein la tronche. Les compliments sont toujours amoindris par des constats piquants, brûlants. Shizue est capable de plein de choses, mais elle présente toujours des lacunes.
Il y a un « mais ». Partout, tout le temps.
Incapable de savourer la vie, le Genkishi, il n’y a que le thé qui lui plaît.

C’est ce qui le rend aussi fabuleux.
Il a pas sa langue dans sa poche et, finalement, lui non plus ne semble aimer personne.
Hokage, grand combattant du clan Hyûga, homme cynique, impossible à approcher. Froid.
La perfection incarnée.
Et c’est son oncle.
La fierté gonfle sa poitrine.

Elle hoche la tête.

« D’accord. »

Puis elle comprend.
Elle connecte.
Examen Chûnin.
C’est tombé dans son oreille, comme ça, sans un bruit. Ça a glissé. Puis ça a cogné son cerveau.

« UN EXAMEN ?! »

Elle a bougé brusquement, perdant tout son calme relatif.
Bon, il l’a poussée, quand même.

« Mais j’suis pas prête ! Enfin. Hum. »

Recherche un peu de tenue.

« Non, j’suis pas prête du tout ohlala ! Faut qu’on fasse ça vite ! »

N’en trouve pas.

« Quitte à en avoir mal partout, peu importe. J’ferai plus de taï-chi c’est promis. »

N’en trouvera probablement jamais.
Au moins, en chemin, elle a trouvé une nouvelle motivation.

Ça s’effacera, évidemment. Dans plusieurs semaines, c’est loin. Shizue a déjà oublié son repas d’hier, alors vous vous doutez bien qu’il ne lui faudra pas bien longtemps pour oublier ça aussi.
Oui, c’est important.
Non, ça ne changera rien.

Ça la fait sourire.
Il est là, lui balance toutes les compétences dont un Chûnin doit faire preuve.
Il lui jette à la figure comme une énième leçon.
Sauf que Shizue, ça ne l’ébranle pas une seule seconde.
Faire tout ça ? Même pas en rêve. Elle sait très bien qu’elle n’est pas fichue de faire ça.
Il aura beau poser tous ses espoirs sur ses épaules, elle est parfaitement incapable de prendre une équipe en main. De transmettre son savoir. Elle sait pas faire tout ça.
Et puis, déceler les forces et les faiblesses de chacun, c’est pas quelque chose qu’on fait quand on sait déjà le faire avec soi-même ?
Il a de grands espoirs, Genkishi.
De trop grands espoirs.

Si Shizue veut participer à l’examen, c’est avant tout pour la bagarre.
Ça, au moins, c’est simple.
Ça marche, tant mieux, ça marche pas, tant pis.
Des échanges de coups de poing, de coups de pied, puis une victoire ou une défaite.
C’est lisse, une bagarre. Lisse, simple, clair.
Efficace.

Pas comme le fait d’être Chûnin.
Ça, ça l’intéresse pas.

Ceci dit, il n’a pas tort : ça la motive, cet examen.
C’est un moyen de briller !
Et ça, personne laisse passer. Jamais.
À moins d’être idiot.

Quand il se prépare à lancer la démonstration, Shizue active instinctivement son Byakugan. C’est une technique clanique : sans ses pupilles blanches, elle n’en comprendrait que la moitié.
Ah, le pouvoir des Hyûga.
Elle suit le mouvement des yeux. Un tournoiement qui déploie une aura qui pivote en même temps que lui.
Bon.
Ça n’a pas l’air compliqué.
Mais ça, c’est typique de toutes les techniques. Tout a l’air simple, vu de l’extérieur.

Il s’arrête, lui demande ce qu’elle a vu.
Ah, c’est donc le moment pour Shizue de briller !
Comme quoi, des occasions comme ça, y en a plus qu’on l’imagine !

« Une expulsion de chakra. J’sais pas d’où elle vient par contre. De tout le corps ? »

Elle ne va pas se lancer dans le vent non plus. Elle a besoin de comprendre un peu mieux.
Réaliser une technique du genre sans y être pleinement préparée, ce serait une bien mauvaise idée.
Elle réfléchit.

« J’imagine que le tournoiement permet de créer le cercle. Donc faut être rapide, en plus de balancer une grosse quantité de chakra. »

Fait une moue pensive.

« J’ai bon ? »

La théorie, la théorie, la théorie.
Si Shizue déteste ça, elle comprend que c’est une étape nécessaire. Qu’on ne peut commencer à appliquer une méthode sans en avoir les bases.
Ça l’ennuie, mais ça n’est pas non plus insurmontable.
Il suffit de serrer les dents.

Serrer les dents pour mieux briller plus tard.

Ça fait beaucoup de théorie là.
Il lui dégueule toutes ses histoires comme si elle lisait un livre.
Toutes les informations se percutent dans son esprit, cherchent à se faire une place. Elles sont ici, là, puis là-bas, puis elles reviennent. C’est un ballet incessant d’informations qui ne parviennent pas à se clarifier.
Shizue reprend pas à pas pour ne pas tout mélanger.
D’abord, les Tenketsus. Le ninja en a trois cent soixante-et-un. Ce sont des nœuds présents dans le système circulatoire de chacun. Les Hyûga sont les seuls à pouvoir les percevoir, mais tout le monde s’en sert. Ainsi, lorsqu’un ninja crée une armure, il fait travailler ces nœuds et ça mène à un effet concret.
Shizue hoche la tête.
Jusque-là, c’est bon.

Genkishi allie le geste à la parole en expulsant une petite dose de chakra de sa paume.
Il explique que les Hyûga, au fil des générations, ont perfectionné le Jûken, un style bien particulier qui consiste à expulser du chakra de la paume ou de l’extrémité des doigts. Si cela permet des techniques bien connues qui sont propres au clan des yeux pâles, ça en permet aussi d’autres.
Plus complexes.
Bien plus complexes.

Le tourbillon divin du Hakke, ou Kaiten, consiste en une expulsion de chakra de chacun des nœuds de chakra présents sur le corps humain. À cela s’associe une rotation qui permet de donner une forme de dôme protecteur au chakra pour, ainsi, repousser les adversaires trop téméraires ou se protéger d’une offensive.
Shizue opine du chef une nouvelle fois.

Genkishi la laisse rapidement se mettre au travail en commençant par la première étape. Avant de tenter la rotation, il faut qu’elle parvienne à expulser son chakra de tous ses Tenketsus.
Posé comme ça, ça paraît tout simple.
Les Hyûga, la maîtrise parfaite du chakra, blablabla.
Oh oui, ça paraît évident.

Sauf que.
Mise devant le fait accompli, Shizue se sent désemparée. Elle regarde Genkishi et ne sait pas par où commencer.
Comment s’y prendre ?

« Hum. »

C’est plus un grognement. Mignon et peu menaçant, certes, mais quand même.
Elle recule pour ne pas risquer de blesser Genkishi – ce serait sacrément con, ça.
D’abord, commencer par les mains. S’assurer d’avoir une maîtrise parfaite ici.

Première expulsion, tout va bien.
Puis, remonter progressivement.
Les avant-bras.
Les bras.
Les épaules.
Le torse ?

Elle se concentre un peu plus, peu certaine de ce qu’elle fait.
Une fois que tout le haut du corps lui paraît coopérer, Shizue décide de s’attaquer au reste.
Les hanches, les cuisses, les jambes, les pieds.
Et c’est clairement moins facile.

Habituée à travailler avec le haut de son corps, l’arrivée à la seconde partie lui paraît d’une complexité encore inconnue.
Elle essaye, mais rien n’y fait.
Au bout de plusieurs essais, la demoiselle finit par relâcher quelque chose de colossal. Ah, ça marche, oui.
Mais ça ne marche que pour une jambe.
Et après ça marche plus du tout.

Shizue soupire.

« Ah ouais. Quand même. »

Et en plus, après ça, faudra le faire en tournant.
Vite.

« Y a une astuce pour les jambes ? »

Elle espère qu’il ne va pas lui répondre un truc bateau du genre « le travail ».
D’un côté elle pense que non.
De l’autre, Genkishi serait tout à fait du genre à lui lâcher ça pour la remettre à sa place ou la rabaisser.
Le problème, c’est qu’elle n’a vraiment aucune idée de la marche à suivre.
Alors bon, perdu pour perdu, au pire elle râlera dessus.

Il l’a dit.
Voilà, c’était juste sûr en fait.
C’était totalement sûr.
Il suffit de lui tendre le bâton et, comme un animal, pof, il le saisit et frappe avec.
C’en est presque lassant. Presque ridicule.
Il saisit la perche aussi naturellement qu’on respire.

Shizue l’observe, lui envoie plein d’aiguilles avec ses yeux.
Il fait pas d’effort, quand même.
Il pourrait, hein, évidemment qu’il pourrait. Mais non, rester seul avec sa propre nature, c’est bien plus drôle.
Elle soupire.

Il repart vite à l’attaque, ceci dit. Ses explications se font plus nombreuses, plus claires.
Et là, il pose un fait incroyable. Un fait qu’elle ne pensait pas possible d’entendre un jour.
Sa concentration a été trop longue.
Il vient de mettre Shizue et concentration trop longue dans la même phrase.
Là c’est quand même incroyable.
Elle a pas l’habitude de prendre le temps de bien réfléchir et, quand elle le fait, c’est trop long.
Malédiction.

Concrètement, Shizue doit se contenter de visualiser tous ses nœuds de chakra pour les déverrouiller. Tous en même temps, ou autant que possible.
Genkishi se chargera des récalcitrants.
Elle hoche la tête.

Bon, jusque-là, c’est pas trop compliqué. Ou ça en a pas l’air, du moins.
Il suffit de bien se concentrer et d’ouvrir tout ce bordel.
Après, comme il le dit : ce n’est que le début. Elle ne l’a jamais fait et c’est leur premier entraînement de ce style. À force, ça deviendra parfaitement naturel. Il n’y aura plus de soucis à se faire.
Shizue se rassure un peu quand même.

Genkishi ajoute qu’une fois les nœuds ouverts, le mouvement sera rapide. Une simple rotation suffira, générant le chakra protecteur. La vitesse sera amenée par l’expulsion de chakra de ses membres.
Shizue opine du chef une nouvelle fois.
Elle regarde la posture que prend son oncle et la réplique.
Ça, ça va, c’est pas trop dur.

L’instant suivant, Shizue ferme les yeux, se concentre sur son propre système.
L’anatomie humaine lui paraît bien moins complexe que ce réseau de nœuds, à vrai dire.
Elle les visualise un à un, parvient à déverrouiller assez naturellement les plus habituels. Les mains semblent d’une simplicité presque dérisoire, alors que d’autres lui semblent si lointains. Si inaccessibles.
Elle inspire profondément.
Tête, torse, bras, mains, jambes, pieds.
Tête, torse, bras, mains, jambes, pieds.
Mains, bras, torse, têtes, jambes, pieds.
Inspire encore.

Certains se débloquent, mais pas tous.
Ceux du torse, situés plus bas, entre les hanches et les cuisses, ne se sont pas déverrouillés. Certains dans ses jambes non plus.
Le reste semble aller.
Elle part quand même, tente quelque chose.

Une légère expulsion de chakra se fait, mais elle est insuffisante.
Ou alors c’est la rotation ?
Ou c’est encore autre chose.
Elle se remet en place.

L’aide de Genkishi n’a pas l’air de suffire. Peut-être parce qu’il y en a trop qui sont fermés ? Ou parce qu’elle n’ose pas ?

« Est-ce que tu expulses une quantité précise de chakra ? Ou est-ce que c’est moi qui me fais des films et me bride pour rien ? »

Après tout, on sait jamais.
Peut-être qu’elle se bloque toute seule.
Peut-être qu’elle a effectivement besoin de plus travailler tout court.

Encore.
Encore, toujours.
Encore, même si elle doit se fatiguer à en tomber par terre.
Encore, parce qu’il le faut. Pour l’examen, pour Genkishi, pour son propre orgueil.
Encore, même si ça fait mal au bout des doigts, dans la plante des pieds.
Encore.
Encore, parce qu’on n’a plus le temps d’attendre.

Elle force, réessaye. Les ouvertures forcées des nœuds de chakra qu’elle ne parvient pas à déverrouiller n’y changent rien.
Ça n’améliore pas la chose.
Ça l’aide un peu, évidemment, mais ça ne déclenche pas ce « truc ». Celui qu’on attend impatiemment, qui se fait désirer tout au long de l’entraînement.
Le petit « truc » magique qui fait que la technique fonctionne.
Ça marche pas.

Et ça commence à l’énerver.
Donc, forcément, elle se questionne, se demande. Cherche à comprendre.
Elle n’est pas stupide, Shizue, mais là, elle bloque.

Quand elle dit à Genkishi qu’elle se bride, quelque chose semble changer chez lui. Quelque chose d’assez discret, mais quand même.
Il a l’air moins saoulé.
Moins blasé.
Genkishi moins blasé, c’est pas encore un Genkishi heureux, mais c’est déjà énorme.
Elle arque un sourcil, en véritable débile. Parce que là, elle comprend pas la réaction.
Pourquoi il a l’air aussi heureux ?

Il finit par comprendre. Il détient la clé de la fin de cet entraînement.
Shizue ne devrait pas se brider. Au contraire.
La régulation viendra toute seule, au fur et à mesure. Pour l’heure elle ne doit pas bloquer et, au contraire, enfoncer les portes ouvertes.
Son sourire revient au galop, vitesse grand V, il fracasse toutes les portes qui existent au monde pour arriver comme un chef sur son visage.
Il est là, il est fier, il s’en ira probablement plus jamais.

« Aaaaah, forcément, là, ça devient plus simple … »

Elle a un air de benêt, une bonne grosse débile qui est très, très heureuse de sa bêtise.
Y a plus qu’à, comme on dit !

Shizue se remet en position, réalise les mêmes gestes que précédemment.
Sauf que, cette fois, elle ne retient rien du tout. Elle ne se soucie pas de l’apport en chakra.
Alors, au début, ça marche pas très bien.
Ça coince.
Puis elle souffle un coup et se dit qu’on s’en fout. Qu’il y a un filet pour se rattraper.
Qu’elle ne risque pas de blesser son oncle.

Et là paf !
Comme si tout se faisait naturellement.
Comme si la lumière illuminait les ténèbres.

Le tourbillon de chakra apparaît aussi sec, mais il ne dure pas bien longtemps.
Puissant mais expéditif. Si ça c’est pas la poisse – ne faîtes pas ça chez vous. Prenez le temps.

« Encore ! »

Elle recommence, cette fois le tourbillon dure un poil plus longtemps mais est légèrement moins puissant.
Shizue s’immobilise, regarde Genkishi.

« On recommence. »

La bagarre, ça commence par des petits gestes.
Des petits pas.
Qui mènent jusqu’à une grosse patate en pleine figure.
Et un Kaiten digne des plus grands Hyûga.

Une sorte de sourire.
Il remarque le progrès, remarque les efforts. Il remarque ça, oui, mais il remarque aussi les erreurs. Les faiblesses.
L’incroyable quantité de chakra infusée dans cette technique. Une quantité bien trop élevée pour ce qui est attendu.
Suffisamment pour qu’ils finissent par mettre un terme à la journée d’entraînement sans que la jeune femme ne parvienne à un résultat réellement satisfaisant.
C’est un échec. Si certains trouvent que ce n’est pas grave de se rater, qu’un échec est acceptable, ce n’est pas le cas de Shizue.
Ça la fait vraiment chier de pas y être parvenue.
Elle a l’impression de buter sur quelque chose de stupide, de passer pour une idiote alors que, sur le papier, cette technique n’est pas bien compliquée.
Bon, si, mais quand même.
Elle a un ego, Shizue.
Et là, il est sous terre.

Elle accepte l’échec, retourne de son côté.
Comme lui a dit Genkishi, Shizue médite. Elle réfléchit aux erreurs, pense aux possibilités d’amélioration.
Ce n’est pas directement résolu, évidemment, mais elle ne se laisse pas abattre.
Alors qu’ils ne s’entraînent plus de ce côté pendant un temps, la brune en profite pour parfaire sa maîtrise de son côté.
Se concentrer pour déverrouiller les nœuds de plus en plus naturellement. Faire en sorte de tous les ouvrir, un à un si nécessaire, jusqu’à ce que ça se fasse totalement. Jusqu’à ce qu’il n’y en ait plus un seul qui bloque.
Ça la fatigue. Ça la fatigue énormément, à vrai dire, parce qu’il faut répéter encore et encore ce même mouvement qui demande beaucoup de concentration.
Mais ce n’est pas tout. Il faut réussir à les déverrouiller puis expulser le chakra correctement et tournoyer.
Ça lui prend quelques jours. Ça la fatigue de plus en plus. Elle se blesse parfois, se fait des bleus, des éraflures, sans jamais discontinuer ni remettre l’entraînement à demain.
Elle poursuit ses efforts jusqu’à y parvenir. Ou au moins être satisfaite.

Jusqu’au grand jour.

Face à Genkishi, elle stresse. Elle n’a pas la certitude que son Kaiten soit parfait, mais elle s’est vraiment donnée à fond pour que ça ressemble au moins à quelque chose.
Quand le couperet tombe, Shizue s’exécute directement.
Elle se met en position, se concentre.

Ouvrir les nœuds.
Laisser le chakra faire son chemin pour l’expulser d’un coup.
Se concentrer.
Et tourner sur soi-même.

Quand le projectile file dans sa direction, elle agit.
Et le projectile tombe.
Il heurte la concentration de chakra pour s’échouer lamentablement sur le sol.

Elle regarde Genkishi, bien trop fière d’elle.

« Bon, ça doit pas être parfait, mais … »

Grand sourire. Trop grand sourire.

« Héhé. Ça marche ! »

Elle a envie de sautiller partout. Si elle fait ça, nul doute qu’il va l’attaquer une fois encore. Alors, Shizue se contente de le regarder, des étoiles plein les yeux.
C’est complexe, mais c’est fait.
C’est fini.
Ou presque.
C’est le début d’une nouvelle aventure, encore.