Le jeune garçon aux cheveux d’or fixa l’horizon, pensif. Il était là depuis une bonne quinzaine de minute, voguant au grès du vent dans ses souvenirs. Pensif, mais anxieux. Si jamais il tombait sur un ennemi, il utiliserait uniquement le vent. Et un Hizori qui n’utilise pas le sable, c’est qu’il y a quelque chose qui cloche. Et elle mettra un mot sur ce qui clochait chez lui, et qui il était. Oui, c’était bien lui, le Honni.

Perdu dans ses pensées, une voix féminine mis fin à cette balade cognitive. « Il » était devenu subitement « Elle ». Rise, « la fille » de la mission Pampa. Maudite missive. Le garçon aux yeux de glace fixa la jeune femme pendant un moment, affichant une expression tantôt surprise, tantôt méfiante. Il voyagerait donc aux côtés d’une jeune demoiselle, probablement un peu plus expérimenté et un peu plus âgée que lui. Cette dune était un endroit idéal pour profiter du petit air marin bien frais non loin. Un idéal, avant de rejoindre le désert et ses griffes ardentes sous forme de soleil, l’astre d’Amaterasu.

Le garçon ne fit pas de sourire. Il la fixa simplement. Dans ses yeux, son regard était semblable à celui de l’océan au cœur de la nuit. Une vision belle, mais mélancolique. Une vision triste, mais profonde. Sans un mot, il se releva, avant de hocher légèrement la tête en guise de salutation. Distante, mais largement suffisante à ses yeux. La jeune femme était visiblement borgne. Où alors, elle avait une passion inconsidérée pour les pirates. Qui sait ? Au fond, est-ce que cela avait une quelconque forme d’importance ?

« Allons-y » furent les premiers mots du jeune homme, qui apparaissait alors bien mystérieux. Qui était-il ? D’où venait-il ? Attendait-il depuis longtemps ? Il n’y avait eu aucune plainte, ni expression de mépris ou de quelconque ennuie sur son visage. Une simple neutralité. Une simple nonchalance, comme si rien ne pouvait perturber le calme impassible de la brise journalière.

Sans d’autre mots, le garçon dévala tranquillement la dune, d’un pas agile. Comme si, finalement, il surfait sur le sable. Avec légèreté. Il n’y avait aucun contrôle dedans. Aucune magie. Juste une habitude. Une seconde nature, s’exprimant purement et simplement, comme tout un chacun.

Finalement, après un petit vide, le garçon aux yeux de saphir brisa le silence : « Sugawara… Je ne connais pas ce nom. C’est celui de ton clan ? ». Le ton était amical, sans jamais frôler le chaleureux. L’adolescent aérien n’avait pas grand-chose de plus à dire. En vérité, il ne savait même plus comment tenir une conversation à peu près normale. La plupart commençaient par des brimades, des insultes, ou des moqueries. L’un dans l’autre, cela revenait au même. Mais une chose était certaine, il avait une réelle carence concernant les relations humaines un tant soi peu positive.

Une petite famille ? Une petite famille inconnue, sans besoin ni prérecquis pour en faire partie. Quelle chance ! » pensait-il. Il ne pouvait s’empêcher de l’envier. S’il avait été comme elle, membre d’une petite famille, les choses auraient clairement été différente. Peut-être même qu’on l’aurait félicité pour son était d’assimilateur de vent. Peut-être même qu’il aurait pu en être fier.

Mais ce n’était pas le cas. Il était membre de l’orgueilleux et réputé clan Hizori, qui mettais un point d’honneur à être et à demeuré les incontestés maître du désert. Un clan où l’honneur et les signes d’appartenance était supérieur à absolument tout. Un clan qu’il avait déshonoré par sa simple infirmité.

Son assimilation au vent n’était pas un don, mais une malédiction.

Son regard, tantôt envieux, tantôt attristé, croisa celui unique de Rise. Et par cette anodine question, elle lui explosait à la figure son passé douloureux. Certes, il était peut-être seul à Suna, dans un petit appartement miteux, bien loin du resplendissant quartier Hizori… Mais au moins, il n’avait plus mal. Au sens propre, comme au sens figuré.

Le poids du regard lui étant pénible, et ses émotions reprenant le dessus, il détourna rapidement la tête, fixant l’horizon en face de lui.

« C’est… Compliqué. »

Un mot qui résumait tout. Comment lui dire franchement qu’il était un paria, considéré comme un infirme, une erreur ? Impossible. Alors Rin préféra cette réponse universelle, courte et vague, qui résumait à peu près toutes les vies de familles de chaque adolescent du monde. Quelque chose qui ne lui portera pas préjudice.

« Allons directement au nord-ouest. »

Fut la seule parole qui sorti de ses lèvres avant que les deux Genin n’arrivent à destination. Après la question de Rise, une sorte de malaise avait pris place entre les deux jeunes gens. Finalement, lorsqu’ils arrivèrent à proxmité du nid, Rin n’eût pas d’autre choix que de lui avouer.

« Rise… Avant qu'on entre... Il faut que je te dise… »

Pendant un instant, il se figea, comme terrifié, honteux. Puis, finalement, il avoua, à demi-mot.

« Je ne suis pas comme les autres Hizori… Je… » il baissa les yeux « Je ne maîtrise pas le sable. Je ne sais faire que du vent. »

Il n’allait pas non plus lui dire qu’il pouvait se transformer en brise, car là, elle pourrait clairement lui dire qu’il racontait du vent.

Pas un monstre ? Rin se mordit les lèvres. En apparence, oui, il n’était pas un monstre. Du moins, il avait tout l’air d’un jeune homme normal, réservé, et probablement peu investi dans les relations vu qu’il ne démontrait aucun intérêt à approfondir les conversations ou les relations, même lors d’une mission. Un garçon de son âge aurait probablement cherché à faire la conversation… Mais pas lui.

Et malgré la révélation, elle ne comprenait manifestement pas le problème que causait ce qui était considéré, au-delà d’un handicap, comme une véritable honte dans le clan Hizori. Le poids de la tradition d’un entraînement acharné, une véritable traversé du désert -au sens littéral-, pour atteindre le « graal », considéré comme la maîtrise légendaire du désert… Y être incapable, alors que le sang noble des Hizori coulait dans ses veines, c’était le plus grand opprobre que l’on pouvait faire dans le clan. Même naître sans le chakra y était plus acceptable.

Et la suite le fit blêmir. Des morts… Des morts-vivants ? Le garçon ne put s’empêcher de déglutir. Rise était une nécromancienne. Une véritable nécromancienne. Le genre de personne qui accaparait le pouvoir de ses ennemis, qui se renforçait à chaque morceau de chair que l’on nommait « homme » sur le champ de bataille.

Alors qu’il avait en tête cette vision d’horreur, la jeune femme sorti le garçon de sa torpeur en lui demandant s’il était prêt. Les yeux de saphir de l’adolescent se fixèrent sur l’unique de sa partenaire de groupe, comme perdu dans ses propres pensées. « Est-ce qu’un nécromancien peut-être une personne gentille ? » se demandait-il. Après tout, Rise était bien une des seules qui avait omis d’émettre un jugement. Mais finalement, elle n’avait qu’une vision partielle de ce qu’il était vraiment.

Une tempête à forme humaine. Une tempête meurtrière. C’était bien ça qui le terrifiait le plus. Car Rise aurait beau relever des dizaines de milliers de cadavres, il lui suffisait de se transformer en vent pour y devenir totalement insensible. C’était ça, le plus terrifiant. Et le plus grisant. Ce qui rendait la chose d’autant plus terrifiante, secrète, et inavouable.

« Oui. » finit-il par répondre après ce bref instant de réflexion.

Non, il avait beau l’observer et le savoir, il ne pouvait pas conclure que Rise était foncièrement mauvaise par la simple mention de son pouvoir. Puisque cela revenait à dire que lui, était un monstre en plus d’être un raté.

Quelques instants plus tard., ils virent le nid en question. Il y avait là quelques cactus, mais pour connaître la couleur de la sève, fallait-il encore pouvoir les ouvrir. Et pour les ouvrir, il fallait encore les atteindre. Et pour les atteindre, fallait-il encore pouvoir approcher sans se faire attraper par un fourmillon géant.

« J’ai un plan… » annonça-t-il « Je peux les ouvrir à distance avec une technique, si on en repère un avec une sève dorée, on fonce et on le récupère. Ne t’inquiète pas pour les cactus, ça ne les mutilera pas en profondeur. »

Rin était non-chalant, mais apparemment sensible au bienêtre de la nature. Et puis, est-ce qu'une nécromancienne s'inquièterai du sort de pauvres cactus ?

« Si besoin, tu peux les distraire. Avec tes… Voilà quoi. Bref, allons-y ! »

Que devait-il dire ? Des morts ? Enfin, l’adolescent se mit en route. Et commença à mettre en application le début de son plan.

Résumé :

Le garçon était entouré par une légère brise agréable, qui soulevait tout autour de lui de léger grain de sable. Puis, il effectua une autre petite mûdras, et se mit tranquillement au travail. Un cactus après l’autre, de sa puissante bourrasque, des petites lames de rasoir en sortait continuellement, coupant les cactus avec une coupure net et précise.

Juste et modéré.
Pas trop, ni pas assez.

Rin était un jeune homme qui appréciait, malgré lui et le nom qu’il portait, la nature et les végétaux. Aussi rare pouvait-il être dans cet immense désert. Encore une anomalie de son clan, qui n’avait d’yeux que pour le sable. Du sable, du sable, et encore du sable. En château ou en particule, on lui avait bien fait rentrer dans le crâne qu’il n’y avait que le sable qui comptait. Et pourtant, le sable, objectivement, était quelque chose de chiant, gonflant, et qui s’accroche jusqu’au plus fine passerelle de son corps. Heureusement, sous forme de Djinn, il avait la paix. Une paix relative, mais la paix quand même.

Des fourmis géantes sortirent de nulle part. Rin était concentrée sur ses techniques, et Rise s’occupa sans trop tarder de la défense. Elle se posa, et invoqua des… Dizaines de cadavres collée entre eux. Une sorte d’abomination géante, qui s’écrasa sur les trois « adversaires » … Si on pouvait appeler ça des adversaires. C’était un carnage.

Le garçon aux cheveux d’or déglutis. Cette vision d’horreur, et l’odeur qui s’en dégageait lui donnait l’envie de vomir, si bien qu’il n’avait même pas réussi à maintenir sa technique en place. Il ne pu s’empêcher de mettre la main à la bouche, retenant le haut le cœur qu’il avait pu ressentir, et la monté de billes de son estomac vide qui attendait la moindre occasion pour se rependre sur le sol.

Finalement, le duo était plutôt bien assorti.
Ils étaient deux monstres.
Deux parias.
Deux cibles.

Mais alors qu’il se reprenait doucement, une fourmi arriva dans son dos. Rin eut à peine le temps de se retourner, que la bestiole tenta de croquer. Il avait été tant distrait qu’il ne l’eût même pas entendue arrivée. Le garçon sorti un Kunaï, et le plaqua contre la gigantesque mandibule, se projetant en arrière, mais sans succès. La mandibule se referma sur une partie de sa poitrine, déchirant ses vêtements, emportant une bonne partie de sa protection, et un peu de peau et de chaire avec.

Le garçon fit un roulé boulé par terre, et se redressa, se tenant la blessure brûlante à cause du sable. « Et merde » souffla-t-il, alors qu’il tournait la tête en direction de sa partenaire, qui était manifestement occupée. Il jeta alors son Kunaï, avant d’envoyer une puissante bourrasque accompagnée de lame de vent acérée, qui tranchèrent les articulations de la bestiole, qui s’effondra sous son propre poids.

Une en moins… Mais il n’eut pas le temps de s’en réjouir, que six autres de ces choses arrivèrent pour l’encercler. Rin esquiva les premiers assauts, mais fut rapidement pris au piège… Recherchant avec angoisse une éventuelle sortie, le garçon ne pouvait voir arriver qu’encore plus de fourmis géantes.

Pas le choix… Il se figea, et composa une simple mûdras. Les fourmis se jetèrent sur lui, mais il n’eut ni hurlement, ni trace de sang. Seul un puissant vent, à forme vaguement humaine, s’échappa du paquet d’insecte, pour revenir à l’intérieur, tranchant et insensible aux assauts. Un véritable insecticide. Avec de la chance, peut-être que Rise n’avait rien vu.

Et le garçon réapparût.
En vérité, il n’était jamais vraiment parti. Il était simplement devenu une tempête de vent, déchirant les fourmis sans jamais craindre un éventuel contre-coup. Sous cette forme, il se sentait puissant, mais surtout, il se sentait libre. Comment quelqu’un pouvait-il partager ce sentiment grisant de ne faire qu’un avec le vent ? Personne ne le pouvait vraiment. Rin se cachait par nécessité. Lui-même ne savait pas exactement ce qu’il était, alors il n’osait imaginait qu’elle bombe il provoquerait lorsqu’on aurait véritablement conscience de sa différence. Et surtout, il redoutait les répercussions que cela pouvait avoir sur sa vie.

Finalement, il se retourna, alors que Rise revenait vers lui, le félicitant pour son combat contre les fourmillons. « Propre ». Rin fixa les bestioles. Des marques de coupure nette et précise. Parfois, il se surprenait lui-même de la précision chirurgicale qu’il pouvait produire via des lames de vents.

« J’imagine… » ajouta-t-il aux remarques de sa camarade qui se proposait de changer de lieu. Mais alors qu’elle lui demandait s’il était prêt, le garçon fixa l’œil unique de la borgne.

« Attends, Rise… » lui demandait-il d’une voix peu assurée. « Comme ça, on risque de s’épuiser. Je… Je pense que je peux me défendre contre les créatures. » Rin appuyait l’évidence, comme s’il avait l’habitude d’être sous-estimé. Mais sa transformation ne devait pas être sans conséquence, au vu du léger essoufflement et de la trace de sueur présente sur son front. « On pourrait se séparer, et émettre un signal avec des fumigènes au besoin, non ? »

La proposition était simple. Se séparer pour aller plus vite. Et surtout, pour qu’il puisse être plus libre de ses mouvements. Si Rise n’était pas dans les parages, le garçon aux yeux de saphir aurait toute la liberté de déployer son plein potentiel, et de devenir une sorte de brise silencieuse, tranchant ennemis comme cactus pour trouver le Roi Pampas. Et la précieuse sève qu’ils devaient ramener pour le village.

Parce que, mine de rien, tout cela allait devenir extrêmement coûteux s’ils n’allaient pas plus vite.

Confiance ?

Le garçon s’emmitoufla sous sa cape blanche, détournant le regard, légèrement rougissant et un peu gêné. Il ne savait pas trop ce que ça lui faisait, qu’on lui dise aussi franchement qu’on avait confiance en lui. En vérité, il ne savait pas trop quoi répondre. Il s’attendait à devoir argumenter pour expliquer à Rise plus en détail en quoi c’était une bonne idée. Mais quel nenni. Rien de tout cela. La borgne accepta, et se mit en route.

Décidément, il n’y avait pas qu’en terme de capacité qu’elle était originale.

Rin parti du coup de son côté, et comme à son habitude, privilégia une approche discrète et en minimisant maximum les phases de combat. Il ne savait pas trop pour Rise, - combiens ça lui coûtait d’animer ces cadavres - mais pour lui, combattre avait un vrai coût. Lorsqu’il prenait son temps, être en vent ne lui coûtait pas grand-chose… Par contre, combattre dans cet état était un réel défi. Il pouvait tenir une petite vingtaine de secondes avant de devoir se reposer. Ni plus, ni moins.

Et vu qu’il avait déjà utilisée sa capacité, il lui restait encore moins de temps que ça.

Il allait donc devoir agir avec stratégie.

Avec des pas dignes des plus beaux félins du désert, Rin s’approchait des premiers cactus. 2 fourmillons… Pas de quoi en faire un fromage. Le garçon se plaça dans le sens contraire du vent -de quoi dissimuler son odeur- et avança, armé d’un kunaï, proche de sa cible. Sans un bruit, il entailla les deux plantes, le regard pleins d’espoir.

Malheureusement pour lui, pas de trace du Roi Pampa. C’est que ce petit coquin savait se faire désirer !

Et sans un bruit, il repartit, rejoignant un autre point, et puis un autre… avant de s’arrêter. A ce rythme, ils allaient devoir faire tous les cactus de cette portion du désert avant de trouver cette foutue sève dorée !

Il s’arrêta donc un instant pour réfléchir. Le Roi pampa était un cactus extrêmement rare… Cela devait être autre chose que de la chance. Sûrement parce qu’ils étaient inaccessibles ? Le regard du blondinet se tourna vers l’intérieur du nid… Se pourrait-il que ?

Le garçon s’approcha du nid, pour examiner de plus près les parois. Le sable avait l’air… Consolider. Pas par de l’eau, mais comme si on l’avait chauffé pour en faire une sorte de paroi solide.

Sans perdre de temps, le garçon rejoignit un point plus sûr, et alluma un fumigène pour prévenir sa partenaire. Lorsqu’elle le rejoint, il la fixa.

« Je crois savoir où est le Roi Pampa. Les fourmillons peuvent sécréter une bave extrêmement acide. Pas de quoi faire fondre le métal, mais le sable... Ce qui veut dire que le lieu le plus acide du coin, c'est... »

Puis, il pointa l’intérieur de la caverne.

« Les grottes. Les fourmillons bâtissent leurs nids en crachant une substance acide, qui solidifie le sable, un peu comme nous lorsqu'on fait du verre. Il est probable que le Roi Pampa pousse à l’intérieur des nids, ce qui en fait un produit rare, au vu de la dangerosité du trajet pour l’atteindre. »

Il croisa les bras.

« Il va falloir être discret… Je ne pense pas qu’on est les ressources pour prendre d’assaut le nid. »

Disait-il en fixant l’unique œil de sa camarade. Peut-être avait-elle un plan ?