- Ah Jin, entre donc.

Laissant son ancien apprenti s’incliner -enfin quelqu’un qui lui témoignait un tant soit peu de respect-, les traits de l’Hyûga restèrent tout de même de marbre, inexpressif à la tentative du Miyazaki pour détendre l’atmosphère un tant soit peu.

- Oui nous venons de la lire justement. Tiens, je te laisse prendre conscience de l'ampleur de ta réussite.

Lettre de Mizu

Se versant une tasse de thé, il n’en proposa à personne d’autre, Miyako sûrement trop occupée à boire son thé glacé myrtille mangue ou autre ânerie qu’elle avait dû prendre en passant à un commerçant du coin.

- Je vais prendre une pause Hokage-sama.

Fit Yongatsu, avec un petit sourire en coin pour le Miyazaki étant donné qu’elle se doutait de ce qui l'attendait. Approuvant du chef, l’Ombre remarqua un thé glacé similaire à celui de l’Aburame dans les mains de sa secrétaire ? Une simple coïncidence ou … ? Reportant son attention sur le bâtard du clan Kobayashi, Genkishi sourit quelque peu, faussement sympathique.

- Au moins nous a-t-il remercié, quelle amabilité de sa part, tu ne trouves pas ?

Fit-il avant de se munir de sa tasse, hésitant un minuscule court instant entre la boire et la jeter à la figure du blondinet si sûr de lui. Il devait toutefois avouer que le jeu de torture mentale auquel il se prêtait était pour une fois quelque surjoué.

Dire qu’il avait eu des attentes particulièrement exigeantes envers la mission diplomatique de Jin aurait été un mensonge. Malgré l’absence de village caché et la récente attaque, Mizu restait avant tout une des forces majeures du Yuukan et s’ils s’étaient replié sur eux-mêmes en plus de composer avec un personnage tel que Satoyama Kyokai que plusieurs rapports directs et indirects positionnaient en dirigeant autocentré et égoïste, la menace finale n'était aucunement surprenante. Sûrement d’ailleurs aurait-il eu un discours similaire à sa place.

Toutefois dans son échec, Jin avait obtenu de ses interlocuteurs une information vitale : le Jinsei avait également frappé l’Eau et s’était montré pour eux bien plus direct et agressif en attaquant directement la capitale de l’archipel. De quoi mettre en lumière le fait que cette organisation en plus d’être sûrement implantée au quatre coins du Yuukan disposait visiblement d’une force de frappe suffisamment conséquente pour s’en prendre aux autorités de ce monde de plein fouet sans frapper dans l’ombre comme sur leurs terres… Leur revendication quant à Arashi pouvait donc bel et bien se tenir...

- Ne sois pas trop dur avec lui.

Une demande de complaisance plus qu’une réelle attente, elle savait exactement comme Genkishi allait réagir. La lettre n’étant aucunement une menace et ne remettant pas Jin à sa place, il y avait fort à parier que, sur place, il avait été aussi diplomate et professionnel qu’on pouvait s’y attendre. Pourtant, ni elle ni l’Hyûga ne s’attendaient à se voir offrir la possibilité de retourner dans les ports de Mizu, ni de s’empiffrer autour d’un repas préparé par le Daimyô dans sa plus belle salle à manger. Si le Pays de l’Eau s’était replié sur lui-même depuis autant de temps, aucun doute que l’envoi d’un Konohajin n’allait pas changer la donne.

Lorsque le Miyazaki se vanta d’avoir réussi sa mission, Miyako perçut chez son oncle un brin de moquerie, cette légère commissure sur les lèvres qui se lève lorsque l’on est amusé. Jamais l’Hokage ne considérera ça comme une réussite, et ça allait être à elle d’arrondir les angles. Encore une fois. Peut-être un jour sera-t-il moins taciturne et moins… exigeant. Jin aurait pu renverser le pouvoir, rouvrir Mizu, annexer le pays à celui du Feu, se faire nommer Daimyô et se débarrasser mondialement du Jinsei en une semaine, Genkishi lui aurait reproché de ne pas avoir trouvé un remède contre le SIDA. Il en attendait toujours plus, pour le meilleur sans doute, mais il était difficile de se retrouver dans la peau du jugé lorsque l’on passait sous le tribunal de son regard.

Sans surprise, il se fit légèrement moquer. Assise sur l’appui de fenêtre derrière le bureau de l’Hokage, elle posa son thé glacé à la framboise pour prendre la parole. C’était à elle de pointer le positif, visiblement.

- On ne s’attendait de toute façon pas à révolutionner la relation que Mizu entretient avec le reste du monde. On parle d’une Grande Nation, qui a les moyens de toute façon de vivre en autarcie de longues années. Au moins avons-nous la confirmation que ce choix est délibéré.

Si Mizu avait été la cible d’un complot plus grand, au regard des ressources dont dispose le pays, ça aurait pu être bien plus grave. Le Pays de l’Eau reste une menace, certes, mais une menace pour l’instant en sommeil.

- J’ignore ce qu’il s’y est passé et je pense que tu pourras nous éclairer, mais nous avons également eu l’information que le Jinsei s’est aussi attaqué à Mizu. Ce qui… n’est pas anodin. D’autant que, au vu de leurs propos, l’attaque n’a pas été insidieuse comme à Hi, mais à une échelle plus grande, plus dangereuse. S’attaquer à la capitale d’une Grande Nation demande des moyens, humains et financiers.

Miyako se leva et se positionna à côté de Genkishi.

- Au moins avons-nous la confirmation que le Jinsei n’est pas de la poudre aux yeux, et une menace à prendre à la légère.

Se tournant alors vers le Hyûga, elle lui fit un regard insistant. Mizu, Hi… Kaminari et Kaze n’avaient aucune raison d’avoir été épargnés. Il avait été sceptique sur cette histoire d’examen et de sommet, mais la lettre Mizujine l’avait convaincue, elle, de sa nécessité. Pour en savoir plus sur le Jinsei, indubitablement. Mais aussi parce que, si Mizu était une menace en sommeil, ce n’était pas le cas de Kaze et de Kaminari. Eux bougeaient, agissaient, étaient actifs. Et il était important d’en savoir plus sur eux également.

Pour quelqu'un habitué à regarder de haut ses interlocuteurs, Miyako avait pour une fois un tant soit peu de bienveillance aujourd'hui. Un énième rappel que l'ancienne gamine acerbe avait bien grandi au point de considérer Jin comme son pair. Il était bon de noter que bien que plus sous la même tutelle aujourd'hui, les deux shinobis restaient loyaux l'un envers l'autre. Eux aussi construisaient progressivement leurs propres réseaux et projets...

- Je te laisserai bien sûr consigner tout ceci dans un rapport pour nos archives, afin notamment que nos archivistes réunissent dans la foulée des informations complémentaires sur l'ancienne maison Okamoto. Comme tu l'as dit, nous pourrions à l'avenir nous adresser au besoin à cet homme plutôt qu'au Daimyo si la situation venait à évoluer. Toutefois un homme prêt à trahir son propre sang pourrait facilement se détourner de nous ou de son pays pour courir après d'autres promesses.

Se craquant l'auriculaire comme pour temporiser son dialogue de sa réflexion, l'Ombre continua.

- Pour le moment, laisser Mizu no Kuni à son sort semble être la meilleure alternative. Bien qu'affaiblis et reclus de leur côté de l'archipel, il serait stupide de rajouter aux conflits et menaces actuels, la colère d'un Daimyo lunatique qui se focaliserait sur le seul opposant qu'il semblerait parvenir à identifier. Nul besoin que le Feu soit accusé des maux de la mauvaise gestion de l'Eau pour l'heure. Je pense que nous avons suffisamment à faire sur la scène internationale entre les autres villages mais aussi Nami et Tetsu no Kuni. Sans compter notre travail quotidien pour rendre nos terres sûres et conformes à nos idéaux...

Soupirant légèrement pour lui-même de ce nouveau poids, l'Hyûga regarda l'invocateur.

- Merci en tout cas Jin, nous avons au moins obtenu l'information clé que cette organisation est en effet réellement puissante et qu'elle représente une réelle menace... Peut-être devrions-nous d'ailleurs renforcer la sécurité à Kanetsu.

Conclua-t-il en regardant l'Aburame dans une question quasi rhétorique, la question de la possible trahison du conseiller Mizujin en faveur du Daimyo l'amenant inéluctablement à faire le parallèle avec Hi no Kuni. Et si ... Non non, ce n'est pas parce qu'il les détestait pour la plupart pour leur égocentrisme, leur fourberie et leur avidité qu'il fallait obligatoirement les accuser de trahir leur patrie. Certains étaient certes corrompus mais ils auraient bien plus à perdre s'ils s'alliaient de la sorte avec des terroristes sur leur territoire.