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Viens par là, moi, j'mords pas ! FT Sena
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Inu Sora
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Ca faisait pas longtemps qu’on était là, à Ryokuiki, mais j’aimais ça. J’aimais entendre de nouveau le chant et les efforts de Fûjin, avec ses vents qui gonflaient les grandes voiles blanches ; j’aimais le bois qui craquait sous ses efforts, qui craquait et qui grinçait mais sans jamais céder ; j’aimais ces gens un peu étranges mais pas foncièrement méchant, qui avait fait de leurs rêves une réalité, celle de promener leurs villes à roulettes dans ce beau pays de l’herbe.

J’étais allongé sur le toit d’une maison, non loin du Vert Souffle, la plus célèbre de toutes les auberges de la Nomade. J’aimais bien, mon poste d’observation, un entrepôt super vieux auquel je grimpai pour regarder les gens.

Ce jour là, Fûjin était sacrément en forme ; il gonflait et gonflait les voiles, on avançait avec plein de chaos, et les gens tombaient les uns sur les autres dans les petits pontons en cordage. Ceux qui avaient l’habitude, ils bondissaient de planches en planches, comme ces grands animaux dans les plaines ; quand un coursier bondit au dessus d’un gamin en pleur qui était tombé, j’éclatai de rire. Le sens pratique décidément !

- Mwhahahaha Fûjin, t’es en forme aujourd’hui ! Moi aussi j’suis contente de te retrouver !

Une énième bourrasque me répondit ; je joignis mes mains, et y donnait un peu de ma personne ; mes cornes me démangèrent. Depuis quelques temps, j’avais la ferme impression qu’à chaque fois que j’utilisais les vents, comme Fûjin, mes cornes s’agrandissaient ou faisaient un truc, comme Fûjin. C’était pour le moins bizarre, et surtout, ça grattait.

Cette fois-ci, je crois que j’m’étais fait cramé ; d’habitude, les gens faisaient pas forcément attention, quand j’étais sur les toits, mais là, y avait une fille avec des yeux tout rouge et des cheveux tout blanc qui me fixait. Elle était en bas, p’têtre un peu perdu, avec l’air un peu comme moi.

Je lui fis un p’tit signe de main, comme pour dire de me rejoindre. Elle avait l’air gentille, avec ses yeux bizarres, et puis… J’crois que j’avais jamais parlé à quelqu’un d’mon âge.

Ryokuiki, la ville Nomade, ça vous changeait la vie.
Inu Sora
(#)Mar 9 Fév - 20:06
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Ryokuiki, quelle ville étrange.
C'était la première fois de ma vie que je voyais une construction pareille. Toute sa structure était montée sur roue et se baladait au cœur de Kusa. J'en avais souvent entendu parlé depuis que j'étais arrivée dans ce pays mais ce qui m'intéressait là dedans, ce n'était pas tellement ce à quoi elle ressemblait mais plutôt ce qu'elle abritait...
J'avais entendu dire qu'il y avait pleins de marchands en tout genre là dedans ! Qui disait marchands disait clients et donc argent. Et puis il y avait tellement de personnes qui allaient et venaient que ça sous entendait un échange d'informations massif et donc, potentiellement, une piste pour ce que je recherchais. Mais ouais, j'avais plus vraiment de thune depuis quelques temps à trop penser à l'Eternel avant moi... … Et voilà Sena, tu venais de mérité une journée de plus sans bouffer vu ta morale à deux balles. Respectes-toi un peu ! Et respectes ton Céen ! Si tu le blasphèmes il ne voudra jamais de ton âme.

Ça tanguait pas mal sur l'îlot flottant, le vent s'engouffrait dans les voiles dans un sifflement strident et des bourrasques qui faisaient voltiger les gens. Je m'étais trouvée un petit coin tranquille où j'espérais poser mon stand de diseuse de bonne aventure mais j'avais rapidement repérée quelque chose de plus intéressant pour le moment. Sur un toit, un peu plus loin, se prélassait une fille qui devait avoir a peu près mon âge. Elle était sacrément visible dans le décor entre ses cheveux roses et ses sortes de cornes sur la tête. Un spécimen particulièrement intriguant. Est-ce qu'une âme pareille pourrait faire plaisir à l'Eternel ? Faisait-elle partie des Élus ? J'allais inspecter ça de plus près quand, justement, elle me fit signe de la rejoindre. Belle aubaine. Même pas besoin de trouver un prétexte. Quel gentil petit agneau...

Agilement, faisant alors étalage de mes prouesses en escalade, je me frayais un chemin jusqu'à arriver devant la demoiselle.

« Le vent souffle plus fort ici.»

Je l'avisais d'un peu plus près avec un léger sourire qui se voulait réconfortant et sympathique.

« C'est la première fois que je viens ici. C'est... original. »

Mon regard se posa sur ses cornes en appuyant ces derniers mots.

« Tu veux connaître ton avenir ? Savoir ce que te réserves le futur ? »

Je sortis de ma poche mon Oracle pour exprimer le fond de ma pensée et commençais a battre les cartes pour les mélanger avec une aisance déconcertante trahissant mon habitude.
Yorha Sena
(#)Mar 9 Fév - 21:17
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Si on m’aurait dit un jour que je verrai un écureuil humain à l’oeuvre, j’aurais pas dit mieux ! La fille aux cheveux blancs grimpa agilement pour me rejoindre sur le toit, et arriva là, devant moi, comme une mignonne petite fleur. Totalement adorable. Quoiqu’un peu bizarre, à proprement parler.

Je souris à sa remarque sur le vent, et m’empressai d’ajouter :

- Ah bah ça, c’est le meilleur endroit pour pouvoir aider à gonfler les voiles ! Enfin, j’sais pas si ils apprécient trop, mais c’est pas grave héhé.

Si Ishi m’avait bien appris quelque chose quand on rencontrait un inconnu, c’est de pas passer pour une bouffonne et de bien me mettre en valeur, chose faite!

Elle me sourit, et sortit un truc de sa poche, je savais pas trop ce que c’était, alors je rebondis sur la ville, en lui faisant signe de s’asseoir avec moi.

- Ouais c’est tranquille ici hein ? C’est vraiment drôle, comme endroit, et puis les gens sont drôles, ils sont habillés de toutes les couleurs et vendent des tas de trucs !

Je lui tendis une main comme ça je pouvais loucher sur son truc dans sa main, tandis qu’elle louchait sur mes cornes. Chacun ses originalités, on fait pas de jaloux ici. J’arrivais pas à lire ce qu’il y avait marqué dessus, c’était des symboles bizarres.

- L’avenir, le futur ? C’est genre ce qu’il se passe après maintenant ?

Je lui lançai un regard dubitatif, plongeant mes yeux roses dans ses yeux rouges. On formait vraiment la paire.

- Et c’est avec ton truc que tu vas me le dire ?

J’eus un vague haussement d’épaule. C’était bizarre, n’empêche, cette histoire d’avenir. Pourquoi toujours vouloir savoir ce qu’il peut se passer après, sans profiter de la bouffe qu’ils ont devant les yeux. Bon, l’exemple est mal choisi, là, vu que je regardai Fûjin à l’oeuvre, et pas des brochettes, mais bon.

N’empêche, je commençai à sourire, et me grattai les cornes. Franchement, ça me démangeait grave, ces temps-ci. Limite ça poussait, à chaque fois après le vent, trop bizarre.

- Allez ouais ça me chauffe ! Raconte moi l’avenir de Sora, des Chiens Rugissants, et moi, j’essaierai de faire pareil haha !!

En super forme. J’étais en super forme. Après tout, faire des trucs de magiciens, pas compliqué quand on peut rajouter des effets spéciaux !
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(#)Mer 10 Fév - 18:23
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Cette fille avait l'air de s'extasier pour tout et n'importe quoi, un peu comme moi mais différemment. Elle s'intéressait aux gens, moi aussi. Encore un point commun. Par contre elle l'exprimait de manière niaise et simplette. On dirait un bambin qui découvrait la vie. Ou une ancienne captive ne connaissant rien au monde...
C'était marrant d'observer les gens et essayer de les comprendre. Pas par soucis pour leur personne mais pour mieux les cerner et savoir les embobiner. Ça faisait un semblant d'informations que je pouvais garder en mémoire après avoir achevé leur rôle d’Élu. Une trace de toutes ces belles âmes dont la douleur avait su éveiller l'appétit de l’Éternel.

Machinalement, je répondis à l'invitation de la jeune fille et pris place à ses côtés, lui révélant le dos des cartes qu'elle pouvait toucher mais pas retourner puisque ma prise dessus le laissait bien comprendre.

« Oui. Avec elle je peux te dire à quoi ressemblera ta vie. C'est toi qui les choisis. Trois parmi elles. »

Je lui tendis le paquet de cartes déployées, prêtes a être saisies, mais me ravisai juste avant qu'elle ne choisisse la première.

« Mais pour mon travail il faut que tu me donnes une récompense. Quelques pièces ou un truc a manger. »

C'était un échange de bon procédé.
Après tout, ce n'était pas au milieu de cette foule que j'aurais pu la faire disparaître pour apaiser mon Céen : autant m'en servir pour avoir un truc a grignoter.
J'avais encore une bourse assez bien remplie mais ça descendait vite alors je n'étais pas contre la remplumer un peu ou faire des économies. Après tout, j'appartenais à une famille dont le nom noble était tombé en désuétude.

« Et puis, c'est quoi les Chiens Rugissants ? Un commerce d'ici ? »

Première fois que j'entendais parler de ce truc mais maintenant je connaissais son nom. Sora. C'était joli. Sora c'était le ciel, mais aussi le vide et le rien. Qu'est-ce qui la représentait vraiment ?
Elle était peut-être prédestinée à me rencontrer après tout.
Il n'y avait pas de hasard : que des rendez-vous.
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(#)Mer 10 Fév - 21:45
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Une sorcière. C’est ce qu’elle était, avec ses yeux rouges. Oba me disait toujours que sa femme avait eu certains pouvoirs. Qu’elle pouvait voir, à l’intérieur des gens. Pas les comprendre, juste voir ce qu’ils étaient. Ca pouvait prendre plusieurs formes, des couleurs, des espèces d’impression. Si celle là aussi était une sorcière, mieux valait s’en méfier mais… Quelque chose me disait que ça pouvait vachement être utile aussi.

J’étais tout excitée devant le paquet de cartes, choisissant déjà à l’avance celles que je voulais prendre, quand je reportais mon attention sur elle. De la bouffe. Vraiment ? Mais c’est qu’elle avait tout pour plaire, la sorcière !

J’avais toujours pas d’argent de poche, mais bon, m’dame Hudsa voudrait bien offrir une tasse de thé non ? Inutile de lui préciser pour la sorcelle-rie.

- Si tu veux on peut aller boire un thé chez ma logeuse. Elle fait les meilleurs choux à la crèmes que t’ai jamais mangé. On fait ça et on y va ? Elle est adorable, mais un peu bizarre. Trop adorable en fait.

J’eus un p’tit sourire. Ouais. Elle avait bien mais bien bouler sa rosse, comme dirait les gens. Sa retraite, elle la vivait à l’abri des regards.

- Bon, maintenant, l’avenir !

Je reportai mon attention en plissant les yeux sur le paquet de cartes. Y en avait tellement que je savais même pas compter jusque là. Trois qui me dirait mon avenir. C’était quoi, le truc ? Elle me les avançait d’une certaine manière ? Elle pouvait échanger les symboles entre eux ?!

Sorcière, j’adore.

J’en saisis une, au milieu du paquet ; une autre, sur la gauche, qui se cachait entre deux autres, puis celle sur le dessus. Je lui tendis de nouveau les trois cartes, en souriant.

- Les Chiens Rugissants ? Ca claque hein. C’est notre compagnie de recouvrement de fond, avec Ishiyato, le patron. En gros, on nous missionne pour casser des chevilles, on récupère les morceaux de papiers, on les rend, et on prend une co-mi-ssi-on dessus. Des fois, on pourra même ramener des gens méchants contre de l’argent. Ou du moins, casser des bouches contre de l’argent.

J’avais pas trop compris ce que c’était, une compagnie de recouvrement, mais ce qui était sûr, c’est qu’on cassait des chevilles et récupérait des trucs.

- Et toi alors, tu viens jusqu’ici pour me dire mon avenir ?

Eh ouais ma grande. Enfin, pas très grande, mais voilà. Tu m’interroges, j’fais pareil, et après, on ira main dans la main bouffer des choux à la crèmes.
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(#)Ven 12 Fév - 12:07
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Pour ce coup là je serais payée en pâtisserie... pourquoi pas. Elle ne se mouillait pas trop puisque c'était sa logeuse qui devrait me servir et non elle pour ma prestation mais ça m'importait peu du moment que j'étais graciée d'une manière ou d'une autre...

Tandis qu'elle choisissait les cartes de son tirage, elle m'expliqua que les Chiens Rugissants était en fait la compagnie de recouvrement de fond pour laquelle elle travaillait et vu comment elle en parlait ça ressemblait plus à des contrats de mercenaires qu'autre chose... Je n'étais plus très sûre de vouloir aller mettre les pieds dans son QG tout à coup... La logeuse dont elle parlait était peut être en fait une bonne femme aigrie qui flanquait les jetons à tous ceux qui la croisait puisque c'était en fait elle qui détenait le palmarès de contrats terminés...et de gens enterrés... Mais les mercenaires étaient réglo. On me devait une compensation : ils me la donneraient. Peut être même qu'ils avaient des informations sur celui que je recherchais.

Celle qui se faisait appeler Sora avait finalement pioché ses trois cartes. Je les regardais attentivement avec un léger sourire en coin. Je savais que cette fille était spéciale. Depuis toutes les années où j'utilisais cet Oracle, c'était la première fois que je voyais un tirage si positif alors qu'il était justement destiné a annoncer la désolation, qu'importe celui qui y était confronté.


Viens par là, moi, j'mords pas ! FT Sena A2fef711Viens par là, moi, j'mords pas ! FT Sena 0425be11Viens par là, moi, j'mords pas ! FT Sena 70812111

Justice. Tour. Roue de la Fortune.

Mais alors que j'étais prête a lui parler de son tirage, la voilà qui se mettait à me poser une question. Je fus si surprise de la démarche que mon regard se leva vers le sien, incrédule. Il fallait dire que je n'avais pas l'habitude de discuter avec mes clients. Soit ils s'en allaient après m'avoir payé soit ils remplissaient leur rôle d'élus et n'avaient pas le temps d'exprimer grand chose.
Fascinante cette gamine cornue...

« Je ne suis pas là exclusivement pour toi. J'aime dire l'avenir aux gens et les orienter dans les choix qu'ils doivent prendre pour l'avenir, même lorsque ça peut paraître difficile. Il le faut. C'est ainsi. Mais je pense aussi que le hasard n'existe pas et que notre rencontre est un coup du destin. Tu vas m'apporter quelque chose ou bien c'est moi qui vais t'être utile et t'apporter des réponses... Que sais-je. L'avenir nous le dira. »

Je lui offris un large sourire avant de ranger mon Oracle pour ne garder et lui révéler que les cartes qu'elle avait choisi.

« La Justice. La Tour et la Roue de la Fortune. C'est plutôt un bon tirage. Cela me révèle que tu as certainement connus des moments difficiles et de solitude, enfermée dans une tour ou un endroit aussi vide et lugubre, entre quatre murs. Tu as certainement souffert là dedans. Mais Justice a été rendue ou va l'être. Après tout tu te trouves aujourd'hui devant moi, loin de cet enfer. Le plus dur est derrière toi, de bonnes choses te sont arrivées depuis ou vont se concrétiser. Tu as certainement fait des rencontres qui ont changé ta vie et bouleversée ta vision du monde. »

Voilà ce que son tirage me révélait sur elle.
Est-ce que cela lui parlait ? Après tout, mes cartes ne se trompaient jamais.
Yorha Sena
(#)Dim 14 Fév - 19:35
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Sorcière. C’était une sorcière. Elle était là, à parcourir le monde dans la peau d’une enfant, pour venir semer la désolation derrière elle. Mais pour toi, Sora, pour tes beaux yeux, il en était tout autrement. L’avenir, le destin ? C’était quoi toutes ces conneries. Pas de hasard, que des choix ? C’était quoi, le hasard ? Le fait que tu saches pas ce qui va arriver ? On était quoi alors, des divinités qui choisissaient leur propres destins ?

Alors pourquoi les gens faisaient encore autant de mal autour d’eux ?

Interdite, je plongeais mes grands yeux roses dans son regard vermeil. C’était quoi, l’embrouille ? Elle venait des grottes, elle aussi ?

- Oye, comment tu sais tout ça toi ?

Je fronçais les sourcils, avant de lever les yeux aux ciels. Le travail de Fûjin s’était momentanément interrompu ; les ouvriers de la Nomade en profitaient pour descendre les voiles, et vérifier leur couture après les assauts répétés du vent.

- Une sorcière, voilà c’que t’es !

Je tendis un doigt accusateur vers elle.

- J’vais te dire, les rencontres qui ont changé ma vie, c’était surtout le fait de comprendre que tout ces putains de gens avec leur morale de merde, dans leurs villages cachés, ils pensent qu’à leur propre gueule. Ils veulent promouvoir leurs idéaux à eux, et crachent sur tout ce qui ne leur ressemble pas. Ils se croient supérieur à nous, à moi, étreint de leurs principes à la con. C’est pas que j’suis loin de cet enfer, c’est que j’suis sortie d’un pour voir que sous le ciel, c’était exactement la même chose. Pire encore, tout ces gens bien pensants, c’était eux, EUX qui étaient censés montré la voie.

Au fur et à mesure, mes poings se serraient. Fûjin était en colère, et rugissait.

- Alors tes cartes, si c’est pas le hasard qui m’a fait choisir, j’vais te dire une chose : la prochaine fois que je tirerais des cartes, ça sera pour foutre une belle raclée à tout ces connards qui s'étouffent avec leurs lois !

J’avais hurlé. Putain, ça bouillonnait là dessous. Et pourquoi ? Parce que j’étais plus la gamine apeurée qui s’était perdue à Konoha au printemps passé. Je sentais ce vent, cette puissance, qui ne demandait qu’à surgir autour de moi. Une tempête, ô Fûjin, une tempête.

Je me ravisai soudain.

- Eh beh t’es douée en tout cas toi.

Je lui lançais un petit sourire d’excuse. Après tout, elle avait eu ce qu’elle voulait, non ?

- T’as appris ça où ? Et puis, c’est quoi ton nom ?

Maintenant, plus question de s’intéresser à Sora : être une sorcière, c’était vachement plus cool, quand même. Les gens dans la rue levait une tête en nous regardant avec intérêt. Je fis alors signe à la Sorcière.

- Oye, viens avec moi, tu m’expliqueras tout ça en mangeant des choux à la crème.
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(#)Mar 16 Fév - 12:02
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Son expression changea. Elle semblait aussi surprise qu'énervée devant mon analyse. Comment pouvais-je savoir tout ça ? C'était la réaction typique que j'adorais lire sur le visage de mes victimes.
Aujourd'hui, pour Sora, j'étais une sorcière. Un être aux pouvoirs mystiques qui arrivait a lire dans la vie des gens... alors que je n'étais que le serviteur de mon Eternel, celui-là même qui guidait les brebis égarées dans leur choix de cartes pour voir juste et toucher leur âme.

Dès lors, la jeune femme semblait éprouver le besoin d'argumenter et expliquer les travers de sa vie. Je la laissais dire, comme si nous nous trouvions dans un confessionnal improvisé sans pourtant ressentir le moindres intérêts pour son histoire : mais je n'en montrais rien, gardant mon regard écarlate planté dans le sien en souriant faussement.
Exulte ce qui te tracasse si ça te chante. Tu as plus de chance que tu ne l'imagines...

Au fur et à mesure qu'elle crachait son venin, le vent se montrait, étrangement, plus agité. Comme ci la gamine face à moi avait un quelconque lien avec l'élément divin. Intéressant...
Elle concluait sur un compliment quant à mes talents. Au moins elle faisait partie de ces personnes qui avait la chance – ou le malheur – de ne pas faire partis des élus et qui, du coup, avait le temps de vanté mes mérites.
Malgré tout je rebondissais sur le sort qu'elle réservait aux grands de ce monde lors de son prochain tirage.

« Les cartes ne sont pas comme un carnet de la mort dans lequel tu pourrais souhaiter le trépas de tes cibles. Un tel artefact serait terrifiant... et particulièrement convoité... Mon Oracle, comme tous les autres, ne s'intéresse qu'à la personne qui tire ses cartes. Elle évoque ce qui te concerne toi ou, éventuellement, tes proches. Mais pour le mien, c'est réellement ton cas qui l'intéresse... »

Je rangeais mes cartes. Elles resteraient propres aujourd'hui. Du moins, pour le moment.

Sora se révélait alors être une sacrée pipelette et se mit a poser des questions sur ma personne. Elle remarqua cependant que les gens commençaient à nous regarder de travers vu le ton de sa voix et les décibels qu'elle avait lâché quelques instants plus tôt. Il était donc préférable, selon elle, d'expliquer tout ça en mangeant des choux à la crème. Pourquoi pas. Je commençais a avoir faim de toute façon. Je hochais donc la tête à sa proposition et je me relevais, lui tendant ma main pour l'aider a prendre appui et faire de même.
C'était elle qui connaissait le chemin après tout.

« Si tu veux. Je te suis. Mes cartes ne savent pas encore m'indiquer la direction vers ma destination. »

Yorha Sena
(#)Mer 17 Fév - 21:18
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Que mon avenir qui l’interessait, que mon avenir… Ishiyato m’avait dit me méfier des gens qui pensaient pas à eux, pas digne de confiance, qu’il disait. L’égoïsme et l’égocentrisme, c’est à ça qu’on reconnaissait un battant, un vrai. J’savais pas exactement ce que c’était, mais bon, elle, elle m’était grave sympathique. Un p’tit air louche dans le regard, un sourire carnassier et un potentiel distrayant, il m’en fallait pas plus.

- Oye, allez suis-moi, c’est l’heure du goûter.

Je me retournais et d’un petit bond, sautait derrière le bâtiment sur lequel nous étions perché ; cet interstice entre les deux passerelles de la Nomade était d’habitude difficilement accessible, un stockage de tonneau en tout genre, mais comme la ville était au repos, nous pouvions facilement nous frayer un chemin entre les montagnes de bière pour prendre un raccourci.

Je tendis un doigt, et désignai le moulin de la Rue des Boulangers qui dépassaient au loin, presque au ralenti.

- C’est là qu’on va chercher les choux. Les meilleurs de la ville.

Elle me suivit sur les passerelles, les ponts de cordes tendus et les méandres de la Nomade ; Ryokuiki n’avait plus aucun secret pour moi, après quelques semaines passés à son bord et tout ce temps passé à en arpenter les moindres recoins. N’empêche, son histoire d’Oracle et tout, ça continuait à m’intriguer, et je jetai un œil par dessus mon épaule.

Genre, c’était comme un truc qui te suivait, pour foutre tes actions dans les cartes là ? Franchement bizarre. Un truc de sorcière encore.

- Oye oye, et quand tu disais là que tu t’interesses pas à ce que pourrais te raconter ton oracle… Tu veux pas en savoir un peu plus sur toi ? Parce qu’en fait genre tu pourrais deviner tout ce qui va t’arriver et en tirer le meilleur parti, non ?

Intriguant, tout ça, vraiment très intriguant.

Et nous voilà devant le 221 B rue du boulanger. On avait pas encore notre enseigne, le dessinateur y bossait dessus, mais on avait une belle pièce de ferronnerie à notre image, un chien rugissant, qui se balançait au dessus de la porte. Une classe ultime.

Sans plus de cérémonie, j’entrai et tapai à la porte de la logeuse, sur la droite dans le petit couloir de l’entrée.

- M’dame Hudsaaaaaaaaaa ! Vous reste des choux ?

Je lui fis signe d’entrer. Notre logeuse était sur le départ, avec son p’tit chapeau. Elle écarquilla grand ses beaux yeux en regardant la Sorcière, mais n’ajouta rien.

- Sora, moins fort s’il te plaît. J’allais justement partir faire mes emplettes, il y en a des chauds qui sortent du four et du thé au coin de la gazinière. T’as intérêt de tout ranger quand vous aurez fini, toi et ton amie.

Elle me mit deux p’tite tapes entre les cornes avec un sourire.

J’allais chercher le tout, servis deux tasses de thé, amenai les choux en en gobant un au passage, et fit signe à la Sorcière de s’installer. Une bonne paye pour ses services.
Inu Sora
(#)Ven 19 Fév - 12:15
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Il ne me restait plus qu'a suivre Sora jusqu'à sa planque pour obtenir mon paiement. Ça sentait le traquenard à plein nez vu son lien avec « les Chiens Rugissants » mais ça me faisait visiter la ville et rencontrer du monde donc c'était plutôt une belle aubaine !
Le moins que l'on puisse dire c'était que la gamine cornue connaissait la ville Nomade comme sa poche. Un raccourci par ci, un petit coin par là, et voilà qu'elle me pointait du doigt un moulin pour m'indiquer notre destination.

Sur les pontons, il y avait du monde qui circulait et bien plus facilement que tout à l'heure quand le vent s'était soudainement agité. Certains portaient des lourds chargement à travers des caisses empilées, d'autres se compliquaient la vie a passer les embranchement flottants avec leur carriole et leur âne pas très enclin à s'aventurer sur ce roulis perpétuel.
Cette ville marchande était fascinante a bien des égards.

- Oye oye, et quand tu disais là que tu t’interesses pas à ce que pourrais te raconter ton oracle… Tu veux pas en savoir un peu plus sur toi ? Parce qu’en fait genre tu pourrais deviner tout ce qui va t’arriver et en tirer le meilleur parti, non ?

Jusqu'à présent pensive, je relevai mon regard pour croiser celui de Sora, intriguée par sa question. N'avait-elle pas dit que nous parlerions une fois installées, avec des choux à la crème sur la table ?

« Ce n'est pas comme cela que ça marche. »

Me contentai-je d'affirmer.
Je n'avais pas besoin de connaître mon avenir. Je le connaissais déjà. Je devais servir l'Eternel et j'avais la noble tâche d'honorer son souhait lorsque la carte à son effigie ressortait dans un tirage. Cela signifiait qu'il avait jeté son dévolu sur la personne face à moi et qu'il convoitait son âme. Un élu chanceux de plus.
Malgré tout, je ne pouvais dévoiler ma mission à Sora : je décidais donc de l'orienter vers une autre piste toute aussi véridique.

« A quoi bon connaître mon avenir ? Je préfère avoir le plaisir de le découvrir sans interférer avec ce qui m'est destiné. Je ne suis qu'un messager qui guide les âmes errantes vers leur élévation. »

Maintenant à hauteur de Sora, je me penchai légèrement en avant, mains dans le dos, tout en l'avisant d'un regard appuyé et un léger sourire en coin.
Je n'avais que faire du bien des autres, je ne convoitais que celui de mon Seigneur.

Après quelques minutes de marche en plus, nous étions finalement arrivées à destination. La petite cornue s'adressa à sa logeuse, qui me dévisagea au moins autant que je le fis tant il se dégageait d'elle une aura menaçante malgré son allure de mamie gâteau.
La bonne femme s'en alla aussitôt après quelques recommandations tandis que je m'installai dans l'un des fauteuils, remarquant le déco sommaire et le manque de vie.

« C'est drôlement calme ici. Vous débutez, non ? Ou alors... c'est presque enterré. »

Méfiante malgré tout envers cette fille, je mangeais avec précaution un choux à la crème, cherchant a détecter – discrètement – s'il n'y avait pas la moindre présence suspecte. Si tel était le cas mon sang réagirait bien vite et je ne serais pas longue à repeindre la pièce avec le sien.
Mais maintenant que nous étions attablées c'était le moment de répondre à ses questions, non ?

« Je m'appelle Sena. »

Je bus une gorgée de mon thé avec des gestes nobles non feints. Preuve de mon habitude et de l'éducation mondaine que j'avais reçu.

«  Je n'ai pas appris à me servir de mes cartes. Ce sont plutôt elles qui m'ont choisi. Je ne fais que retranscrire ce qu'elles tentent d'exprimer. »

Nouvelle gorgée.

« Et toi ? On dirait que c'est le vent qui t'a choisi. »

Un nouveau sourire satisfait s'étirait derrière ma tasse de thé tandis que je baissais drastiquement le volume de ma voix, dans la confidence :

« Est-ce que tu la ressens ? … Cette tempête grandissante... »

Yorha Sena
(#)Ven 19 Fév - 21:37
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Elle se méfiait, la Sorcière. Quelle ironie ! Ca devrait plutôt être l’inverse ! Mais n’empêche, elle avait un p’tit je ne sais quoi qui la rendait attachante. On faisait vraiment la paire, toute les deux, et si seulement elle pouvait nous rejoindre… J’avais pas beaucoup vu le grand dadet qu’Ishiyato venait de recruter, mais pour se tailler les dents, fallait vraiment mais VRAIMENT avoir un gros problème.

Ce n’est qu’une fois installée dans le salon de M’dame Hudsa que la langue de la Sorcière se délia ; je souris en la voyant goûter le choux du bout des lèvres, comme s’il était empoisonné… Comme si j’allais lui voler son rôle !

J’eus un p’tit rire en buvant une gorgée. Calme ?

- L’patron est pas là, il m’a dit de garder les clefs. Ici, c’est chez M’dame Hudsa, les locaux sont à l’étage, mais y a que les clients qui ont droit d’y monter. Et tu comprends, à cette heure-ci, j’allais pas te proposer des brochettes.

Une évidence, l’évidence même. Chaque chose en son temps.

- Nan, on vient de s’lancer y a quelques semaines. On a un peu fait parler de nous parce qu’on a fracassé un ancien prisonnier d’Ara-Shi au large du pays de l’eau, et Ishiyato, l’patron, veut profiter de ça pour se lancer.

Elle avait la même façon de bouger les mains que l’autre précieuse de Konoha, Shizue. Franchement, c’est dans ces cas là que je me félicitait de n’avoir eu aucune éducation. Pour faire bonne mesure, je gobais un choux.

- Les cartes t’ont choisi ? Ca veut dire quoi ça ? Qu’il y a une espèce de force derrière toi qui te permet de connaître l’avenir grâce aux cartes ?

Je me relevai un peu du fauteuil, aux aguets.

- Tu vas faire quoi avec, parcourir le monde pour dire aux gens ce qui vont leur arriver ? C’est chouette.

Reposant la tasse de thé à moitié vide, ma main libre ne pouvait s’empêcher de gratter le cuir du fauteuil, une vilaine habitude qui me valait des coups de poêles de la part de notre logeuse. Une tempête grandissante… C’était Fûjin, qui l’avait choisi ? Elle aussi connaissait le sort qu’il réservait à tout ces humains imbéciles ?

Je lui souris légèrement, avant de joindre mes mains ; je sentais mes yeux pétiller. Oui, si quelqu’un pouvait comprendre, c’était bien elle. Je ne savais ce qui me poussait à embrasser chacune des idées de la Sorcière, mais je sentais aussi ce vent bouillonnant en elle, cette fureur, cette rage qui annihilera tout autre.

- Ce n’est pas le vent, c’est Fûjin. C’est lui qui ordonne aux vents, qui fait et défait les tempêtes. C’est lui qui a pris soin de moi, petite, et c’est lui qui m’a appris à maîtriser son élément, comme lui.

Petite pause, petit rire ; Oracle, tu l’avais-vu venir, celle là ?

- Cette tempête, cet ouragan, il va le déchaîner sur le monde des Hommes. Et je serais à ses côtés en ce jour, plus important entre tous, où la colère des vents emportera ce que vous appelez votre humanité.

Ma main se posa sur mon coeur, et mon sourire devint complice.

- Le vent m’a choisi, et j’obéirai à ses volontés ; je m’élèverais avec lui.

Je me calai à nouveau dans le dossier du fauteuil, sereine.

- C’est ça, ma destinée. Et la tienne ?
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(#)Sam 20 Fév - 13:23
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La langue de Sora se déliait. Sa troupe n'était pas encore connue et s'était même lancée il y a peu mais ils avaient tabassé un ancien prisonnier d'Arashi près de Nami, ce qui en soit, ne prouvait absolument rien. S'ils étaient en surnombre face à lui le pauvre bonhomme n'avait certainement pas dû pouvoir faire grand chose. C'était fourbe... et bien trop expéditif comme mort. Moi j'aimais prendre mon temps. Je savais apprécier les traits figés d'un visage dans la souffrance. J'adorais profiter de cet instant de communion avec l'Eternel. J'appréciais le nourrir et l'abreuver des âmes dont il avait besoin.

La jeune femme ne tarda pas a retourner les questions contre moi tandis que je savourais ce goûter improvisé.
Depuis combien de temps n'avais-je pas mangé de choux à la crème ? Cela faisait tellement une éternité que j'avais même l'impression que c'était la première fois.

« En quelque sorte. Je te l'ai dit : je ne suis qu'un messager. »

J'allais me contenter de cette explication quant à mes cartes jusqu'à ce qu'elle me parle de Fûjin, le Dieu du vent, et du culte qu'elle lui vouait ainsi que son objectif, très semblable à celui de mon Seigneur.
Elle était probablement dans l'erreur sur le nom de celui à l'origine de la purification Humaine mais ce n'était pas grave tant qu'elle partageait mon but. Je comprenais mieux pourquoi l'Eternel n'avait pas réclamé son essence : Sora allait m'aider. C'était une alliée qu'il mettait sur ma route pour accélérer sa descente sur Terre.

« Tu dis que tu œuvres pour Fûjin moi je suis l'influence de la Lune.
Mon Eternel est un être Lunaire qui, un jour, descendra lui aussi dans le monde pour détruire l'humanité. Mais il a besoin d'énergie pour ce jour solennel. Il me guide, à travers mes cartes, pour choisir les élus qui l'aideront dans sa quête. J'ai l'honneur d'être son serviteur.
 »


Rien que de parler de cette noble tâche qui m'avait été confiée j'en avais des frissons.
J'enserrais la tasse de thé chaude entre mes paumes tout en fermant les yeux pour réciter le verset le plus parlant sur ce que j'avançais.

«  N'oublie pas ton nom ni ce que tu es,
fait d'entrailles et de sang
de chair et d'os.
Quand sonne les longues nuits, prie ton seigneur aimé.
Garde la conviction que ni les morts ni les hommes ni la vie ne puissent te préserver.
Jusqu'au jour où la chair mortifiée se transformera en étoile.
Jusqu'au jour où par sa faim dévorante,
L'Homme-Creux de la lune engloutira le monde.
 »


Mes yeux s'ouvrirent de nouveau sur la vie, avisant la jeune femme cornue avec un léger sourire.

« Qu'attend Fûjin pour agir ? Il a besoin de ton aide lui aussi ? Quel est ton vrai but avec ces Chiens Rugissants ? »

Ma tasse terminée, je la reposai sur la table basse devant moi tout en continuant d'observer Sora avec un intérêt certains.

« Es-tu seulement un pion à leur service ? Qu'est-ce qu'ils t'apportent pour ta quête ? Tu m'excuseras mais tu sembles valoir bien plus que de traîner dans cette agence minable... Tu perds ton temps ici. »

Mon regard écarlate plongeait dans le sien avec un certain agacement teinté de colère.

« Et celui de ton Fûjin. »
Yorha Sena
(#)Lun 22 Fév - 11:31
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La lune, hein ? En était elle son enfant, elle aussi, à son Eternel ? Et c’est donc bien lui qui se cachait derrière son jeu de carte, son Oracle, comme elle l’appelait. Chacune des symboles qu’elle tirait, c’était son dieu qui lui répondait, qui échangeait avec elle. C’était beau, comme relation, n’empêche ; elle n’était jamais seule quand parfois je suppliai Fûjin de venir murmurer à mon oreille.

Interdite, je la laissai fermer les yeux, étreinte d’un frisson que je connaissais bien. Ils étaient beaux, ses mots, ils étaient beaux et sonnaient justement à mon oreille. L’Homme Creux. Si il était tout vide, c’était parce que la rage de Fûjin grondait en lui, comme chez les autres. Nous n’étions pas si différente, Sena et moi, nous donnions juste deux noms différents à ce que nous aimions par dessus tout.

Je la laissai finir avant de plonger dans ses grands yeux rouges. Je le savais, oui je le savais, qu’elle comprenait ce que je ressentais.

- C’est vraiment beau, ce que tu dis, Sena. J’aimerais pouvoir parler comme ça de Fûjin, j’suis sûre que ça lui ferait vraiment plaisir.

Je lui souris et posai aussi ma tasse de thé, penchant légèrement la tête sur le côté avec un air complice.

- C’est pas si simple, avec Fûjin. Il me dit qu’il attend le bon moment. C’est pas qu’il a des remords, c’est qu’il veut être sûr qu’il y a plus rien à tirer de ce monde. Quand il m’a récupéré, il était triste, il était en colère. Il m’a dit qu’il voulait que je l’aide, parce que c’est à moi, pas à lui, que les humains avaient fait mal. Il m’a dit que le jour où je serais prête, où son vent glisserait sur mes doigts comme une seconde peau, il m’aidera à déchaîner mes vents pour défigurer la face de cette terre.

Mes doigts avaient commencé à jouer l’un avec l’autre, et d’un sourire, je jouai avec la brise qui s’en dégageait. J’avais sûrement la même expression qu’elle, dans le regard. Un amour, une bienveillance sans limite.

- Les Chiens Rugissants, ça me permet d’aider Ishiyato, un des seuls humains qui ait pris soin de moi. Ca me permet aussi d’être ici, à Kusa, où Fûjin règne en mettre. Ca me permet de devenir plus forte, de connaître le monde. Un jour, je lui dédirais un temps, et tous viendront lui rendre hommage, un dernier hommage, en espérant que sa colère, ma colère, les épargnes.

Je haussai les épaules et commençai à rire.

- Et puis, faut bien manger aussi ! Faut bien s’amuser, faut bien rigoler, et casser des chevilles, et ici, j’peux faire tout ça ! Je sais qu’il faudra que je sois au top, le jour venu, en attendant, j’m’ange des choux à la crème et je casse des bouches !

Je me calai dans mon fauteuil en riant. Mais n’empêche, on pourrait faire la paire, avec Sena. Elle pourrait nous rejoindre, non ?

- Et toi, tu sers ton Eternel, tu parcours le monde pour lui… Tu veux pas rester un peu avec nous ? Tu pourras te battre, rencontrer plein de gens, nourrie et logée, et on pourra rigoler !

Pas la peine de la supplier, elle allait mordre. En même temps, on était quasiment pareille, à deux trois tares près. Je me penchai, confidente secrète :

- Et puis... j'aimerais que tu me parles plus de ton service à ton Eternel...
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(#)Mar 23 Fév - 12:07
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Elle aimait ce que je disais et elle regrettait de ne pas pouvoir communiquer avec son Fûjin de la même façon. Pourtant, il l'avait apparemment sauvé de sa vie de calvaire et arrivait à lui faire comprendre certaines choses : c'était une façon de communiquer comme une autre non ? Et puis de ce qu'elle disait ce n'était pas lui le problème, mais elle.

« Il veut que tu sois prête pour agir. C'est toi qu'il attend. Pas l'inverse. Qu'est-ce que tu attends pour te montrer digne de ce qu'il souhaite ? Il faut que tu deviennes plus forte. Qu'il soit fier. S'il ne vient pas c'est parce que tu manques d'expérience et qu'il n'est pas certain de ce que tu veux. »

Moi je n'avais aucun doute sur mes attentes.

« Tu veux réellement donner une chance à cette humanité ? »

Je ne savais pas vraiment si Sora comprenait ce que je voulais dire. Elle semblait avoir des lacunes dans notre vocabulaire alors je décidais de lui schématiser la chose.

« Quand tu dessines et que tu te trompes tu peux prendre une gomme pour effacer l'erreur mais si tout est raté il faut tout recommencer et pour ça il ne reste plus qu'a froisser la feuille et la jeter à la poubelle voir la déchirer juste avant. Avec l'humanité c'est pareil. »

De toute façon même si son Fûjin ne le faisait pas mon Eternel lui n’hésiterait pas une fois qu'il aurait emmagasiné suffisamment d'énergie à travers les âmes des Elus.
Cela dit Sora avait l'air d'avoir conscience du destin des humains qu'elle avait entre les mains et de ce que lui confiait son Dieu, puisqu'elle voulait lui construire un temple et parlait même de voir si l'humanité aurait encore la chance d'exister d'ici là.
Pourtant, elle semblait avoir trouvé un certain équilibre dans cette troupe des Chiens Rugissants. En tout cas elle en parlait avec joie, comme si elle en était vraiment heureuse. Tant mieux pour elle. Mais je commençais à me dire que toutes ces fréquentations bien pensantes allaient la ramollir.
Si elle traînait avec des gens comment allait-elle se résoudre a éradiquer l'espèce humaine ? Elle allait forcément s'attacher : cette émotion puérile dont m'avait toujours défendu Père et Mère ou en tout cas m'avaient conseillé de m'en tenir éloignée.

Notre conversation prit cependant une direction inattendue. La cornue me proposait carrément de rester avec sa troupe de recouvrement de fonds – ou , par l'Eternel, je ne sais quoi – avec comme argument le fait d'avoir un toit au dessus de la tête et a manger.

« Je n'aime pas particulièrement me battre, sauf quand c'est pour mon Seigneur. Et je me moque de rencontrer pleins de gens, sauf s'il y a des Élus parmi eux. Quant à la nourriture et le logement... j'ai de quoi me débrouiller. »

Elle avait aussi mentionné le fait de « rigoler ». « Entre potes » ? C'était ça qu'elle sous entendait ?

« Tu sais... Je n'ai pas envie de travailler pour votre entreprise bizarre. Je ne suis pas certaine de m'entendre avec tout le monde et puis j'ai quand même un objectif a atteindre. Rester cloîtrée ici ne m'aidera pas vraiment pour le réaliser. »

Jorel... Il fallait que je le retrouve... Pour lui faire manger ses dents à cette crevure !
Je doutais que Sora l'ait déjà croisé mais puisqu'elle voyait du monde avec les Chiens Rugissants et la ville nomade... ça ne coûtait rien de demander.

« Je parcours le monde pour mon Eternel, c'est la raison principale de mon départ de mon pays natal. Mais j'en profite aussi pour chercher quelqu'un. Peut être que tu l'as déjà croisé ? Je ne sais pas grand chose de lui mis à part qu'il ne vaut rien et qu'il doit rejoindre l'Eternel parce qu'il a failli dans son rôle. Il doit avoir les cheveux blancs et les yeux rouges. »

Je restais volontairement vague. Je n'avais pas envie d'afficher notre probable ressemblance et il était hors de question de le qualifier par notre lien de sang... Rien que d'y penser, ça me dégoûtait.
Yorha Sena
(#)Jeu 25 Fév - 21:37
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Bon. Tout ne pouvait pas être merveilleux, dans une journée, ça c’était sûr. Y avait Sena, qui me fixait avec ses yeux graves, et y avait mon estomac, qui me disait encore une fois que j’avais beaucoup mais alors beaucoup trop mangé.

Elle remettait tout en doute, Sena.

- J’sais pas. Je sais que j’dois être plus forte, pour tout gommer, comme tu dis. Mais chaque chose viendra en son temps. J’sais pas si je le déçois ou je sais pas quoi, mais ce qui est sûr, c’est que Fûjin, il m’aime. Et il aime pas les autres, parce qu’ils ont rien dans la caboche. Ils vivent, sans savoir pourquoi, ils ne veulent que détruire, détruire, sans jamais reconstruire. Ils salent la terre qui les porte après y avoir planté leurs graines. A n’y rien comprendre.

J’haussai les épaules. Une p’tite voix dans ma tête me disait qu’on allait en reparler. En reparler bientôt et souvent.

N’empêche, j’étais un peu déçu quand elle m’envoya bouler. Mon sourire disparu, et je sentais tomber les coins de mes lèvres… Ca tirait des cartes sur la voie publique, ça quémandait des choux à la crèmes, mais ça se voulait indépendant. En fait, Sena, elle était pas si bizarre que ça, elle était un peu comme les autres humains, alors, je comprenais pas tout, c’était tout.

Alors comme ça, elle s’entendait pas avec tout le monde… Elle voulait retrouver un mec avec des cheveux blancs et des yeux rouges. Je plissai les yeux. Elle me prenait pour un légume mal cuit ? Les yeux rouges et les cheveux blancs, ça court pas les rues, et on va dire que les deux traits de l’homme qu’elle recherchait étaient justement sa particularité.

N’empêche, elle me faisait bien penser à quelqu’un.

A l’autre couillon parti en mission avec Ishiyato.

- La nouvelle recrue, c’est un espèce de sagouin avec la même tronche que toi, mais en plus vieux. Il est complètement débile et il se la joue grave. Il a les canines limées. Mais dis moi quel abruti fait un truc pareil ? J’l’aime pas.

Je me rapprochai, complice.

- C’est qui, genre, d’la famille ? Tu veux qu’on lui casse la bouche ?

Je sautai sur mes jambes et levai un point haut en l’air, fière, droite, et déterminée.

- Allé on lui casse les dents et après tu viens prendre sa place dans les Chiens Rugissants. Pas la peine de s’entendre avec tout le monde, parce que de toute façon, on est pas beaucoup. Trois, avec toi. Enfin, quatre avec l’autre débile. Et j’suis sûre parmi tout les gens qu’on verra, t’auras bien des Elus ou j’sais pas quoi. C’est l’moment où jamais !

Je lui tendis une main, rayonnante. Et ouais. Le monde est petit, et tout les vents partent du même endroit.
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(#)Dim 28 Fév - 19:46
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La description que fit Sora du nouvel homme de leur agence me perturba. Mon expression se durcit l'espace d'un instant devant la probabilité que ça pouvait être ce foutu Jorel ! La probabilité était pratiquement nulle : le yuukan était vaste et il pouvait être n'importe où alors pourquoi se trouverait-il ici ? Mais il n'y avait jamais de hasard. Mes cartes me l'avaient toujours fait comprendre. Peut être que j'étais venue sur ces terres justement sous l'influence de mon Eternel Lunaire qui m'avait volontairement mis sur la voie de cette sous merde.
Cheveux blancs, yeux rouges, dents taillées en pointes... Qui pourrait faire ça à part à Kaerichi ? Si ce n'était pas celui que je cherchais ça restait quand même probablement un type de mon clan.

Au moins Sora affirmait ne pas l'aimer : ça nous faisait un point de plus en commun. Mais, évidemment, elle voulait en savoir plus sur ce gus et si je comptais lui « casser la bouche ». La petite cornue avait l'air enthousiaste à l'idée de le supprimer pour me faire prendre sa place parmi les chiens rugissants. Elle était marrante Sora. Et divertissante. Elle n'avait pas non plus tord sur le fait qu'en restant avec eux je pourrais croiser des Élus mais je n'avais pas bien compris leur but... Est-ce qu'ils pouvaient vraiment tuer les gens qui faisaient des impayés ? Parce que si oui c'était soudainement plus intéressant !

« « c'était » de la famille. Il ne mérite plus d'en être et il a de toute façon fait le choix de nous tourner le dos. Et surtout celui de l'Eternel. J'aimerais le retrouver pour qu'Il puisse décider du sort de cette vermine. Et je me ferais un plaisir de lui régler son compte. »

Parce que c'était forcément ce que l'Eternel allait me demander ! Et ce pourquoi il m'avait mené jusqu'ici et potentiellement, jusqu'à Jorel !

Lorsque Sora me tendit une main, rayonnante et comme enjouée de devenir les partenaires du crime j'esquissai un sourire et attrapai sa main pour me relever.

« Je pourrais peut-être rester un moment. »

Ne serait-ce que pour en savoir plus sur cette cible potentielle et pour voir en quoi consistait réellement leur affaire, si ça me permettait de m'améliorer par la même occasion. Sora ne m'avait même pas demandé si j'avais des facultés particulière sou une affinité pour le chakra comme elle c'était donc que ce n'était pas vraiment obligatoire dans leur agence.

« Mais je voudrais d'abord rencontrer cet homme que tu n'aimes pas. »

Et laisser le Jugement Divin définir son sort.
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(#)Mer 3 Mar - 20:44
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De la famille, ouais, prends moi pour un concombre rachitique. La p’tite lèvre qui se pince et deux lames qui apparaissaient dans les yeux, y avait qu’un type de relation qui pouvait faire ça, à quelqu’un. Un frère, une sœur. Enfin, de ce qu’on m’avait dit. Par contre, vu le niveau de l’autre type, impossible de dire qui était le plus grand. J’avais toujours était très nulle, pour deviner l’âge des gens, mais lui, j’l’aimais tellement pas, que je lui donnais chez pas… treize ans ? Bon, un grand treize ans, mais la mauvaise graine, comme dit Ishiyato, ça pousse très vite.

Bon, elle devait avoir une bonne raison pour pas être plus honnête en ce qui concernait sa « vermine », j’pouvais comprendre, mais bon, en même temps, moi, j’aimais pas qu’on me prenne pour un légume, et encore moins un légume vert. Ca me foutait les boules.

Elle se leva en prenant ma main.

- Bon, beh c’est parfait alors ! Comme j’t’ai dis, y sont parti en mission, là, ils devraient rentrer demain au plus tard. Mais si tu veux pas perdre ton temps, je dois avoir la coupure de journal qu’avait fait paraître Ishiyato quand il l’a engagé, pour faire de la pub. Vient. Et fait pas de connerie, là-haut. J’suis vachement forte, et ça, tes cartes, elles pourront te le dire.

Je levais deux doigts au niveau de mes yeux, en signe de menace, les pointaient vers les siens, vers les miens, vers les siens. Le meilleur avertissement du monde.

Sans rien casser, je mis toute la vaisselle de M’dame Hudsa dans l’évier ; je redescendrais la faire plus tard, aucun soucis. Puis, entraînant Sena dans mon sillage, nous repartions et montâmes dans le QG des Chiens Rugissants.

La première pièce faisait office de bureau d’accueil, et refermant la porte derrière Sena, je me mis à fouiller dans l’un des tiroirs de la commode, où Ishiyato classait scrupuleusement toutes les coupures de journaux de la Nomade et pas que qui parlait de lui. Ou de nous. Ou de ses nouvelles acquisitions. L’homme à la Morlex, un rédacteur l’avait appelé. Moi, ça m’avait fait beaucoup rire, quand je lui avais redemandé ce que c’était, une Morlex. Je ne mis pas longtemps à mettre la main sur ce que je cherchais. Trop de mots pour moi, mais y avait une image.

Je refermai le tiroir, et passait la coupure à Sena. La photo du gus, son air con, son sourire, et un p’tit article sur nous.

- C’est cet abruti, que tu cherches ?
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(#)Sam 6 Mar - 15:56
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Sous couvert d'une petite menace glissée de façon presque trop innocemment et mignonne, Sora me conduisit à l'étage.
Le repaire des mercenaires. Il y régnait une odeur de tabac froid mais l'accueil ressemblait à ce que c'était censé être, le comité en moins.

La cornue fouina dans des tiroirs et fini par trouver ce qu'elle cherchait. Elle me le tendit en me demandant si c'était lui, celui que je traquais. J'observais la photo et remarquais l'homme à la moustache qui devait être le chef et puis celui qui pouvait être Jorel. C'était bizarre de potentiellement mettre un visage sur quelqu'un que l'on avait jamais vu. Les photos ce n'était pas vraiment la passion de Père et Mère et, même s'ils en avaient eu un jour de Jorel, ils les avaient probablement brûlées plusieurs fois pour être sûrs, depuis.
Je n'avais aucune information ou presque, sur ce fameux frère. Il avait fui il y avait plus de seize ans et j'étais née dans l'année qui suivi. Père et Mère avaient placé de nombreux espoirs en moi, la seconde chance. Prononcer le nom de Jorel était presque un blasphème entre eux et je n'en avais entendu parlé que lors de leurs habituelles disputes. Pas question de discuter posément du sujet.
Jorel avait échoué, je me devais d'assurer. J'étais même certaine que c'était pour cela que j'étais née. La déception était bien trop grande et leur héritage incomplet : ils se devaient de reprendre depuis le début et fournir un nouveau messager pour l'Eternel afin de rattraper leur échec et racheter leur nom. Ce n'était pas par envie d'enfanter. Ils avaient toujours détesté cela.

« Je... Peut être. »

Il avait les cheveux blancs et les rouges comme moi, comme elle me l'avait dit. Je voyais à son sourire ses crocs taillés mais mes géniteurs n'avaient jamais fait mention de cette particularité, même si j'avais déjà vu cela au sein des nôtres. Peut-être s'était-il fait cela après son départ.
La seule chose dont j'étais certaine, c'est que si c'était lui, il devait porter le même emblème que moi dans son dos : celle propre à notre famille.
Dans l'article il n'était mentionné nulle part son nom et, a priori, Sora ne le connaissait pas. J'allais devoir me contenter de ça pour le moment mais j'avouais que cela m'intriguais.
Je lui rendis la coupure de journal.

« Je ne sais pas à quoi il ressemble mais ça reste une piste intéressante. J'irais le voir dès que je pourrais. En attendant... où est ma chambre ? »

Si je pouvais profiter du gîte et du couvert le temps de rencontrer cet idiot ça n'était pas si mal.
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(#)Jeu 11 Mar - 10:48
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Eh beh. Si j’avais déjà vu quelqu’un faire une tronche pareille en voyant un bout de papier, je m’en serais souvenu. Elle était passé par l’indécision, la colère, l’incompréhension, et tout plein de concept compliqué que je comprenais pas. Mais ce que je voyais par contre, c’était ce truc qui brillait dans ses yeux, ce truc qui avait envie de mordre.

- Oye oye, peut-être, c’pas une réponse. Ca se sent, des trucs comme ça ! En même temps, une tête pareille, ça appelle à coller des baignes, ça c’est sur. Il est grand, mais si tu veux, je pense pouvoir le maintenir pendant que tu le taperas, j’ai découvert un truc, la dernière fois…

Ouais, un truc. Appeler les vents juste autour du petit lapin aux dents pointues pour l’emprisonner ; et quand il bouge, le p’tit lapin, il s’fait taillader. Mais bon, le pauvre lapin, il mérite pas ça, alors que l’autre couillon…

Je ne pouvais pas m’empêcher de sourire quand Sena demanda où était son lit. Trop mignonne, on aurait dit moi qui m’incrustait chez Amaya. Toute mignonne. C’est pour ça qu’on avait un dortoir, et pas des chambres. Les Chiens Rugissants se devaient d’entretenir ses troupes. Par contre…

- Par contre, c’pas pour des prunes, que tu peux dormir. Quand ils seront rentré, j’veux que tu parles au moustachu et que t’envisage sérieusement de bosser avec nous, même en intérimaire, t’sais les gens qui viennent que de temps en temps.

Je la regardai avec attention, avant de ranger la coupure de journal, avant de lui tendre une main.

- Ca marche ? Allez j’viens, j’te montre le dortoir.

Des lits superposés, des armoires, une trace de bureau, c’était petit, mais c’était à la fois fonctionnel et ça sentait la maison. C’était le premier lit à moi que j’avais eu, et ça, c’était vachement cool.

- Prends en un celui de libre. Bienv’nue chez Les Chiens Rugissants, Sena !

Ca, ça s’appelle un recrutement.
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(#)Sam 13 Mar - 16:53
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Yorha Sena
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« ça se sent des trucs comme ça » avait-elle dit ? J'avais beau regarder le faciès de cet abruti je n'arrivais pas a déterminer si c'était effectivement le traître que je recherchais... Il avait la tête de l'emploi ça on ne pouvait pas dire le contraire mais je ne pouvais pas l'affirmer.

Finalement, Sora mit un point d'honneur a m'expliquer que le gîte et le couvert ne serait pas gratuit. Tiens donc ? Aurai-je osé pensé le contraire ? Un peu, puisque c'était elle qui m'avait invité. Travailler pour eux de temps en temps, si ça pouvait me permettre de parler à l'autre albinos ça m'allait mais je ne comptais pas vraiment prendre cet « emploi » au sérieux. A vrai dire, je me moquais pas mal de leurs affaires mais si ça me permettait de résoudre les miennes...
De ce fait, j'acquiesçai à ses mots : parler au moustachu, d'accord. J'allais devoir me montrer convaincante pour qu'il me recrute dans son agence ? Ce n'était pas vraiment comme ci je possédais pleins de cordes à mon arc. J'étais même plutôt faible en réalité, je devais bien l'avouer mais l'Eternel veillait sur moi et me prêtait sa force pour conjurer les impures.

J'attrapai la main qu'elle me tendit tout en lui accordant un sourire en lui répondant.

« Tu ne me fais même pas une ristourne ou une gratuité pour quelques temps ? C'est toi qui m'a invité après tout. Quand on invite les frais c'est à notre charge en principe. »

Est-ce qu'elle connaissait seulement ce concept ? Au moins elle apprendrait quelque chose.
Me laissant guidée par la petite cornue, j'observais la décrépitude des couloirs et l'entassement des lits superposés dans une pièce pas bien grande pour tout le monde... Est-ce que lui aussi dormait ici ? En tout cas je comptais prendre un lit disponible à l'étage pour avoir une vue plus panoramique de la pièce et être a même de me méfier comme il fallait plutôt que me retrouver entassée en bas avec je ne sais qui au dessus... Déjà que l'idée de dormir dans la même chambre que pleins d'inconnus ne me plaisait guère...
Mais voilà, apparemment c'était bon : je faisais partie des Chiens Rugissants. Qui avait choisi ce nom au juste ?

« Je vais prendre ce lit là haut. Mais je ne suis pas certaine de l'utiliser souvent. J'aime bien dormir à la belle étoile pour observer la Lune. J'ai l'impression d'être plus proche du Céen de cette façon. Il veille, tranquille... Il attend mes nouveaux présents. »

Et il m'observait forcément de là haut, posant un regard attentif à ma personne. Attentif et peut-être bienveillant aussi. Je me sentais plus protégée de cette façon même si je n'aimais pas l'idée de me reposer sur lui. C'était moi qui l'aidait pour accomplir son devoir, pas l'inverse. Je n'étais pas naïve au point de prétendre le contraire. Je n'étais que l'un de ses serviteurs parmi tant d'autres mais c'était un tel honneur que d'accomplir cette tâche pour permettre sa venue que j'espérais bien être son messager le plus efficace. Telle était mon ambition.


Spoiler:
Yorha Sena
(#)Ven 26 Mar - 14:38
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