Cela faisait un peu moins d’une semaine qu’ils avaient quitté le contient de glace pour rallier Juurui no Kuni. Ils se trouvaient déjà à la frontière Nord-Ouest du pays, visiblement exténués tant par le trajet qu’ils venaient de parcourir que des aventures qu’ils vécurent aux côtés des sauvageons de Yuki. Au-delà de la fatigue, c’était l’inquiétude qui se lisait sur le visage de certains, en particulier Sayuki qui découvrait Juurui pour la première fois de sa vie. Confus, il cogitait comme à son habitude, se demandant probablement ce qu’ils venaient faire dans ce coin du monde. Pourtant, il le savait déjà, ils savaient tous, et c’était peut-être cela qui inquiétait l’épéiste qui trouvait toujours de quoi être sceptique.

« C’est donc ça Juuri no Kuni ? Franchement, ça ressemble à un bled paumé, je ne comprends pas comment tu puisses envisager qu’on s’installe ici, Raesthra. » Finit-il par glisser.

Comme d’habitude, il était le premier à l’ouvrir, le premier à se plaindre, et probablement le premier à leur causer des soucis. Ils le savaient tous, aussi Elana daigna lui répondre, avant qu’il ne se mette à les ennuyer avec ses innombrables interrogations.

« Tu n’as pas encore parcouru le pays que tu te mets déjà à le critiquer. Tu es vraiment irrécupérable, hein. » Fit-elle d’abord, en agitant légèrement la tête. « Bref, si tu réfléchis un peu, tu verrais que ce pays est exactement l’endroit qu’il nous faut. Contrairement aux autres nations du Yuukan, il y a ici ce qu’ils appellent la démocratie. En gros, le souverain du pays ne peut pas en faire qu’à sa tête et doit toujours agir en fonction de l’intérêt de sa population. D’ailleurs, d’après les rumeurs, le véritable souverain ici c’est le peuple, ce qui fait de Juurui un pays unique au monde. Et avant que tu ne le demandes, si nous venons nous installer ici, c’est avant tout pour pouvoir être tranquille pendant un moment. » Conclut la jeune femme, avant d’emboiter le pays derrière l’archéologue.

Alors qu’ils foulaient désormais le territoire Juuruijin de leur pas, Sayuki ne semblait toujours pas satisfait de la réponse de sa comparse. C’était visiblement le mot « tranquille » qui le dérangeait, surtout lui qui avait signé auprès d’eux pour vivre des aventures palpitantes. Aussi, avant qu’il ne dise quoique ce soit, ce fut au tour de Tenma, leur pisteur, de tenter de le rassurer :

« Ne t’inquiète pas Sayuki, cela ne signifie pas que nous faisons une croix sur nos aventures, bien au contraire. Comme tu le sais déjà, nous avons besoins de beaucoup de moyens, tant financier que matériels, pour poursuivre nos recherches. Et puisque, Razrek n’a pas tenu sa parole, il nous faut trouver ces moyens ailleurs. Juurui est le bon endroit, car nous pouvons apporter notre aide à la population ainsi que les personnes désireuses de prendre un jour le pouvoir. En échange, nous pourrons alors exiger ce qu’ils nous manquent. » Ajouta Tenma, en espérant rassurer son camarade.

L’épéiste semblait mieux comprendre le choix de Juurui, mais cela ne le rassurait pas pour autant. Cependant, il se contenta d’acquiescer et d’avancer, du moins pour le moment.

La nuit tombait, tandis que nos cinq protagonistes avançaient sereinement vers la ville de Shinzenkai. Il s’agissait de la plus grande ville du pays. C’était en son sein que la bande de Raesthra espérait trouver leur compte. Pour parvenir à leur objectif, ils allaient probablement en avoir pour des semaines, des mois, voire même des années. Aussi, il leur allait être extrêmement patient. Si c’était quelque chose qu’ils savaient à peu près tous faire, on ne pouvait pas en dire autant du maillon faible, à savoir Sayuki. Il n’était certes pas le plus faible en termes de combat, loin de là, mais il n’avait tout simplement aucune patience et était pour ainsi dire très imprévisible. Raesthra le savait. Ils le savaient tous. Aussi, chacun d’eux allait garder un œil sur lui pour éviter qu’il ne fasse quelque chose qui leur couterait cher.  

Bref, quelques temps plus tard, l’archéologue s’arrêta près d’une rivière, contraignant les autres à freiner leur course, alors qu’ils étaient encore loin de leur destination. Certains s’interrogeaient, tandis que d’autres étaient soulagés, visiblement très extenué par leur voyage.

« … Nous allons passer la nuit ici, nous reprendront la route à l'aube. » Glissa -t-il, avant de s’installer près d’un rocher, invitant les autres à faire de même.

Il faisait froid, très froid, aussi l’un d’entre eux alluma un feu de camp pour se chauffer, tandis que Raesthra descellait des couvertures de plusieurs parchemins qu’il avait dans son sac. Ils se mirent tous autour du feu, en se couvrant de leur couette. Si l’archéologue trouva très rapidement le sommeil, les autres discutaient pour passer le temps, avant de finalement gagner les bras de morphée à tour de rôle....