- Ao, j'ai obtenu un contrat mais je doute que ce soit le genre de contrat que tu souhaites faire… Reste ici, ne fais pas de bêtises. Je reviendrai incessamment sous peu, c'est compris ?

Kokusen n'était pas idiot, il devait donner des informations claires à son petit frère sinon ce-dernier ne comprenait pas et n'en faisait qu'à sa tête. Il reviendrait très rapidement, ce contrat était une facilité déconcertante… mais quoiqu'il en était, Ao aurait pu toutefois avoir son utilité dans cette mission qui lui avait été octroyé.

L'avantage était qu'il se trouvait déjà à Doyagai. Il n'y avait pas de marche à faire, le Maître des Sceaux n'avait juste qu'à se rendre au domicile familial de cette famille. Il lisait le contrat plusieurs fois, cet homme lui donnait envie de vomir. Comment pouvait-il se comporter de cette manière ? Il voulait une succession et avait dévolu son plaisir pour une jeune femme qui n'avait absolument rien demandé. Il allait la prendre.

Le premier avertissement avait été lancé par un mercenaire, envoyé par cet homme, pour leur annoncer cette "bonne" nouvelle. La famille ne voulait pas que leur fille unique épouse un homme de cette opulence et avait lâché toutes leurs économies pour payer quelqu'un, capable de les aider. Kokusen s'était rapidement présenté.

Intérieurement, il se fichait pas mal de cette histoire mais pour deux choses, il avait accepté : s'il souhaitait prendre la tête du pays, il fallait se mettre du côté du peule bien plus nombreux que cette haute-aristocratie et dans un second temps, il avait besoin de moyens financiers et tout argent était bon à prendre. Pour ce contrat, il allait amasser au minimum quatre mille ryos et ce n'était pas rien. L'organisation allait réellement voir le jour.

Kokusen se dirigea jusqu'à la demeure de cette famille. Les Kimanga. Un nom assez singulier et original, mais que pouvait-il dire ? Lui-même ne possédait pas de nom de famille. Tout du moins, il préférait ne pas le porter. Les Waiya. Ils l'avaient abandonné. Ce n'était plus sa famille, son clan. Seul lui restait Ao. Il lui était fidèle. Kokusen lui avait sauvé la vie et depuis, ils en étaient inséparables.

Il arriva donc devant la maison assez délabrée, l'extérieur était sommaire et il se doutait que cela allait être de même pour l'intérieur. Frappant à six reprises de son poing sur la porte pour signifier son arrivée, un homme, ayant la peau sur les os et une cinquantaine d'années lui ouvrit la porte.

- V... Vous êtes Kokusen-sama ?
- Oui. Laissez-moi entrer.

D'un regard à gauche, puis à droite, l'errant constata en effet qu'il n'était pas suivi ou qu'il n'y avait pas de regards mal placés. Il s'avança et pénétra dans l'entrée de la maison. Comme il l'avait pensée, l'intérieur n'était pas mieux que l'extérieur. Kokusen se présenta donc comme étant le messie de leur famille.

L'homme semblait heureux et amena le mercenaire jusqu'au salon où y était une table, entourée par deux femmes. L'une était jeune, jolie et avait un visage réellement angélique, de toute bonté et dénué de toutes méchanceté tandis que la seconde était plus âgée, fatiguée par le temps. S'installant sur une chaise, il regarda longuement et fixement cette jeune femme.

- Donc... Cet homme veut épouser votre fille. Et vous ne le voulez pas, malheureusement vous n'avez pas les moyens de vous opposer à lui, d'où votre contrat.
- Oui, c'est exactement ça. Moi, Motoro Kimanga, ne peut permettre que ma fille épouse cet horrible et cruel homme mais je ne suis qu'un paysan et ici, vous le savez, nous n'avons pas vraiment notre mot à dire. Ma fille, Itari, ne peut épouser cet homme... Elle a le droit de choisir.

Kokusen soupira.

Elle avait le droit de choisir. Possiblement, oui. Kokusen n'était clairement pas du genre à se marier ou avoir ce genre d'idées en tête, il ne comprenait pas même ce qu'il l'intéressait chez cette jeune femme au visage angélique. Son innocence ? Probablement, mais pour le Maître des Sceaux, nul n'était innocent. Tous avaient une part d'ombre. Kokusen n'en faisait pas l'exception. Il était probablement le pire mais savait parfaitement cacher son jeu, contrairement à d'autres. Il pensait évidemment à son jeune frère, Ao. Lui ne cachait pas sa perversité et son arrogance. Son côté sanguinaire était très apparent.

Son regard féroce se posa sur la jeune femme avant de se tourner vers le père de famille. Il était apeuré, cela se transmettait par son visage mais également par sa voix tremblante. Motoro Kimanga voulait que quelqu'un l'aide, Kokusen était là pour cela. Il ne voulait pas, mais devait se mettre le plus de gens de son côté.

- Allez-vous m'apporter votre soutien le moment venu ?
- M... Mon sou-soutien ? Comment ça ?
- Vous le saurez le moment venu, Motoro. Je veux savoir si je peux compter sur vous.

Ce n'était pas réellement un dilemme, pourtant. Motoro allait devoir donner toutes ces économies au Maître des Sceaux, mais le soutenir lorsqu'il aura besoin de lui. Kokusen devait jouer son jeu, ses cartes commençait déjà à être sur la table désormais qu'il s'était élancé contre le gouvernement actuellement en place.

De toute manière, avait-il réellement le choix ? Kokusen avait été le seul à s'être proposé, il n'y avait pas d'autres candidats que lui et donc... Il n'avait finalement aucun choix si ce n'était qu'accepter la proposition de l'Errant ou bien accepter que sa fille épouse ce cruel homme.

- J... D'accord. Avez-vous un plan, Kokusen-sama ?

Là, ce fut un sourire atypique qui se dessina sur le visage de Kokusen. Un sourire à glacer le sang. Le plan était simple : il n'y avait pas de plan. Le chef de l'organisation Seiatsu comptait tout simplement montrer toute l'étendue de sa puissance à cet homme et pour cela, c'était assez simple.

Le Maître des Sceaux avait toujours son regard fixé sur le vieillard ayant la peau sur les os.

- Non. Attendons l'arrivée de ce mercenaire, nous allons lui montrer qu'il ne faut pas défier le Seiatsu.
- S.. Seiatsu ?
- Vous en saurez assez tôt.

Gardant son sourire, Kokusen se vit offrir un verre d'un alcool fait maison par la mère de famille. Il prit le verre entre ses mains et en but quelques gorgées, lui faisant grimacer alors légèrement. C'était un alcool fort, mais qui l'avait bien plu.

Se levant, il retira le haut de sa toge et laissa apparaître l'entièreté de ses sceaux sous le regard ébahi des trois individus présent en plus de lui dans la pièce. Les deux femmes ne parlaient pas, restaient discrète et le seul interlocuteur qu'il avait était donc Motoro.... Cependant...

- Toi. Pourquoi ne veux-tu pas épouser cet homme ? Tu mettrais ta famille en sécurité.
- ... Je...
- Parle.
- Je ne l'aime pas, mon coeur est pris par un autre.
- Je vois.

Kokusen poussa un énième soupir avant de terminer le verre d'alcool offert. Il s'était levé puis dirigeait vers l'étage afin de mieux observer la maison. Combattre ici allait être compliqué, finalement. Kokusen avait besoin d'un terrain plus large pour se battre aussi librement que possible, ces attaques pouvaient s'avérer fort offensives.

- Envoie ce parchemin.

Il prit un parchemin vierge sur lequel il écrivit quelques mots et le tendit à Motoro Kimanga. C'était tout simple, Kokusen proposait, par le biais du vieillard, d'effectuer le rendez-vous en dehors de la capitale du pays, dans un terrain plat et vaste.

Le parchemin avait été envoyé très rapidement. Il ne fallait pas perdre de temps, Kokusen n'avait pas de plan fameux pour gagner mais il connaissait ses capacités, il connaissait ses forces et il savait une chose : il allait terrasser le mercenaire. Peu importait ce qu'il allait faire, Ao avait bien montré ce dont il était capable. Désormais, c'était à son tour de le faire. Il avait bien appris.

Il se posa sur le fauteuil de la salle commune, le regard fuyant au niveau de la maison. Ce n'était pas vraiment un endroit où il pensait rester, mais vu l'endroit, il n'allait pas tarder à s'en aller. Il avait choisi un endroit assez proche, amis toutefois assez loin pour ne pas être déranger. Kokusen prit une grande inspiration avant de se lever et regarder la famille. Elle était apeurée, néanmoins... Kokusen leur offrait un espoir.

Il s'avança alors jusqu'à la porte, la toge toujours descendue jusqu'à sa taille et les sceaux apparents sur son corps.

- C'est l'heure.

Le Maître des Sceaux invita la famille à se mettre en sécurité, il n'était pas peu probable que la famille soit prise pour cible puisqu'il ne connaissait pas les capacités du mercenaire. Il se demandait à quoi il ressemblait, évidemment.

Kokusen quitta donc la demeure et se rendit jusqu'au point de rendez-vous. Quelques minutes après son arrivée, le mercenaire fit enfin son apparition. L'individu possédait un capuchon sur la tête, il était vêtu de noir. Entièrement. Ca allait bien être compliqué.

- Qui êtes-vous ? Où est Motoro Kimanga ?

Kokusen resta silencieux, continuant de s'avancer pour être à une distance adéquate pour attaquer et se défendre. Il n'était pas un adepte du corps-à-corps, il savait se débrouiller et il allait démontrer tout ce qu'il savait faire.

- Ils ne viendront pas. La proposition est refusée, je te conseille vivement de rebrousser chemin et de te rendre auprès de ton employeur.

La discussion était futile, il le savait bien mais qui ne tentait rien n'avait rien. Kokusen s'était préparé à toute réaction, la première prévalait. L'homme encapuchonné s'avança dangereusement de l'errant, mais ce-dernier avait bien plus d'un tour dans son sac. Il usa alors rapidement d'un sceau en s'accroupissant et posant sa main au sol pour faire apparaître un cube qui enferma rapidement le mercenaire.

Le piège. Classique, mais celui-ci marchait assez souvent. Toutefois, il n'avait pas sous-estimé la force de l'assaillant, ce cube permettait de jauger la force de sa cible et évidemment, Kokusen remarqua bien vite que la prison cubique n'était pas assez suffisante... Elle fut brisée après un violent coup de poing de l'individu.

- Quel est ton nom ?
- Tu n'as pas besoin de le savoir, mais je suis Kokusen.
- Ah... Le fameux Maître des Sceaux... Ta réputation te précède, une cible intéressante, je dois dire. Mon nom ne t'intéresse pas ?
- Pas du tout, ta mort me suffira entièrement et pleinement.

Kokusen recula d'un bond avant d'apposer un nouveau sceau sur une note, accroché à un kunai, il le lança en visant les pieds de sa cible et l'explosion retentissait dès lors. Assez assourdissant, mais l'individu sortit de la fumée pour toujours charger sur lui.

Le Namijin souriait, il avait là un adversaire assez coriace mais il n'avait pas dit son dernier mot. Une fois qu'il fut assez proche, l'errant se laissa frapper au niveau de son ventre mais au même moment, il posa sa main sur celle de son adversaire pour y apposer un nouveau sceau et se reculait.

- Alors... Que cela fait-il de se retrouver incapable d'utiliser ta main ?

Le sceau qu'il avait apposé était assez simple. Il empêchait toute utilisation de celui-ci tant que le sceau était activé, le bras se balançait le long de son corps. Pour autant, l'homme capuchonné n'avait pas dit son dernier mot et utilisa son bras valide, le gauche, pour éxécuter ses signes incantatoires et balançait un dragon de flammes dans sa direction.

- Hein ?

Kokusen n'avait pas pensé que son adversaire pouvait être capable d'utiliser le style de mono-mûdra...

Néanmoins, Kokusen avait toujours plus d'un tour dans son sac et évidemment, de quoi faire face à son adversaire dont il ignorait l'identité. Non pas qu'il s'en plaignait, il avait totalement décidé de ne pas le savoir, de toute manière, la vie lui sera ôtée. Enfin, plus important, il y avait un dragon enflammé qui se dirigeait vers lui. Usant d'un sceau apparent sur son corps, il en aspira totalement le chakra et l'essence même de l'assaut lancé sur lui.

Kokusen devait bloquer un autre membre de l'ennemi, jambes ou un de ses bras restants. Le Maître des Sceaux vit alors arriver l'adversaire sur lui, il esquiva d'un léger mouvement le coup avant de relâcher le sceau qu'il venait de sceller immédiatement. L'attaque ne prenait pas la forme d'un dragon, mais du feu fut recraché à la foulée aussi puissant que le dragon de flammes qu'il avait utilisé précédemment. En tout cas, il avait bien pu voir dans le regard de son adversaire qu'il s'agissait là d'une offensive dont il ne s'était clairement pas attendu.

Malheureusement pour lui, il se prit l'attaque de plein fouet. Les astres du Fuinjutsu, Kokusen en était le maître et c'était réellement quelque chose qu'il appréciait. En tout cas, Kokusen avait sérieusement blessé son adversaire, ce-dernier était au sol, gémissant totalement.

- Et bien, si c'est contre ça que je dois me battre, je suis déçu. J'espérais pouvoir me sentir en danger, mais ce ne fut pas le cas. Je doute que ton employeur veut réellement cette fille. Ta mort aura donc été vaine pour ton contrat.

L'errant sortit alors un kunai et traça un joli trait au niveau de sa gorge, laissant le sang jaillir proprement du corps désormais inerte. Il n'aurait jamais su son nom, mais Kokusen ne retenait le nom que de ceux qui l'intéressait et pouvait se montrer intéressant.

La menace était désormais bien morte, néanmoins il restait encore l'employeur. Il fallait trouver un moyen pour le faire refuser la main de cette femme. Kokusen avait plusieurs plans, mais le tuer pouvait s'avérer être dérangeant pour la suite des plans personnels qu'il avait.

Le Maître des Sceaux rentra au bercail, ayant remis sa toge pour couvrir les sceaux, qui par eux-mêmes, disparaissaient. En arrivant chez la famille ayant fait appel à ses services, Kokusen se mit à réfléchir.

- Bien. C'est terminé. Je vais me rendre chez cet homme qui a demandé la main de votre fille, vous n'aurez plus de soucis à vous faire. Je vais prendre l'argent.
- Mais...
- Ne discutez pas, ce sera fait.

Le vieillard sortit alors quelques billets de ryos que le chef de l'organisation Seiatsu rangea dans sa toge. Kokusen se dirigea vers le lieu d'habitation de la dite personne. Etonnamment, la maison était gigantesque d'apparence extérieure, mais ne comportait pas de gardes.

Cela allait s'avérer assez simple, sonnant à la porte, il fut accueilli par un servant.

- Amène moi ton employeur, maintenant. C'est à propos d'Itari Kimanga.

Le servant ne prit pas la peine d'en demander plus et s'en alla bien rapidement pour revenir quelques minutes après avec un homme âgé de la soixante d'années, d'une corpulence bien forte. Il n'avait rien d'intéressant, si ce n'était son argent...

- Qui êtes-vous ? Que me voulez-vous ?
- J'ai été envoyé par la famille Kimanga pour que vous cessiez vos avances concernant leur fille.
- Ahah! Il a osé! Je vais avoir sa tête, dégage de chez moi, chien, ou j'appelle Poko.
- Oh, Poko ? C'était donc ça son nom ?

Kokusen sortit alors, d'un sceau, la tête de l'homme qu'il venait de tuer et le lança aux pieds de l'homme.

- J'espère que c'est compris ?

L'homme tomba à la renverse, eut la tête qui tournait alors qu'il en perdait la parole.

- Si je suis rappelé, c'est ta tête que j'aurais.

Sur ces mots, le Maître des Sceaux quitta les lieux.