Tenryu était impatient d’entendre les réponses de la Hougyoku à ses nombreuses questions.
La première fut une remise dans son contexte de la situation de la Tsuchijine. En effet, cette dernière avait été interrogée par Aburame Miyako en personne et s’était vu recevoir des ordres assez strictes auxquels Saxa n’avait à ce jour pas essayé de se substituer.
La faute à l’impression écrasante laissée par le Bras Droit du Hokage.

- Je vois ce que tu veux dire répondit Tenryu en se grattant la tempe à l’aide de son index. C’est elle aussi qui m’a interrogé lors de mon arrivée à Konoha.

Que de souvenirs… Il s’était écroulé devant les portes du village et s’était réveillé face à l’Aburame.
Pour autant, bien que tranchante, Miyako n’était pas du genre à museler les gens sans raison. La preuve en été que Saxa était toujours libre.
Le nombre de personnes au courant de son identité à Konoha s’élevait aux nombres de trois. Enfin… c’est ce qu’elle pensait car après avoir terminé son interrogatoire, Miyako avait très probablement fait un rapport plus détaillé à l’ensemble du Bureau du Hokage.

Elle le remercia par ailleurs, d’être intervenu à nouveau lorsqu’elle avait été embêtée par ces quatres bouffons.
Mimant le signe de l’auréole au-dessus de sa tête.

- Quel fabuleux chevalier fais-je ?

Le voir si détendu était un phénomène assez rare, lui qui était d’ordinaire bien plus sérieux. Cette entracte entre les deux épreuves de sélection des Chûnins tombait à point nommé et le Kazama évacuait la tension accumulée ces dernières semaines.
Mais à force de dire des bêtises, on finit par s’étouffer, c’est pour ça qu’il eu besoin de prendre quelques gorgées dans sa bouteille d’eau afin de ne pas y rester de manière aussi stupide.

Le temps qu’il revienne à lui, Saxa tapotait frénétiquement le coussin de son canapé comme pour l’inviter à se rapprocher d’elle.
Elle avait elle aussi une question à lui poser.
Répondant à la demande subliminale de cette dernière, il se rapprocha et s’installa donc juste à côté d’elle et l’écouta.

Sa question porta sur la notion de sacrifice et sur le moment fatidique où une personne décide d’arrêter de subir son sacrifice.
C’était une question délicate, qui avait certainement plus d’une seule bonne réponse.
Le regard rougeoyant du Konohajin se plongeait dans le regard triste de la jeune femme. Que pouvait-il bien lui répondre alors qu’il sacrifiait encore aujourd’hui tellement de choses...

- Quand ton cœur te le dit… Une réponse vraiment bateau qui apportait pas vraiment de solution en y repensant. Même si je pense qu’en réalité on ne s'arrête jamais vraiment de faire des sacrifices. Une vie sans sacrifice serait une vie où nous aurions droit à tout sans la moindre restriction.

Il se concentra pour chercher de meilleurs mots. C’était vraiment pas une réponse facile à donner. Pourtant il avait à cœur de s’y employer, voyant que cela touchait directement la Tsuchijine.

- Je suppose que chaque personne à son propre seuil de tolérance, un seuil qui s’il est franchi pourrait nous faire changer du tout au tout. Une limite que notre coeur ne peut tolérer. Et puis surtout on ne reste pas dans une spirale de sacrifice sans avoir explorer toutes les options possibles.

Son regard se fit plus instant.

- J’imagine que tu sacrifies énormément pour la cause de la rébellion de ton peuple. Et tu seras amené dans le futur à faire de plus en plus de sacrifices. Cependant, as tu exploré toutes les options possibles ? Car parfois, il suffit d’une étincelle pour que tout change. Dans mon cas…

Il était toujours plus facile d’exposer un point de vue en y associant un contexte.

- À Mizu, la trahison de mes frères m’a bloqué au grade le plus bas, lorsque les prisonniers d’Arashi on attaqué je n’ai rien pu faire et n’ai eu d’autre choix que de subir les assauts répétés de ces derniers. Et puis, je me suis souvenu d’une info qui était parvenue quelque temps auparavant… La réouverture des villages shinobis… Sans cela, je serais peut-être encore sur le champ de bataille aujourd’hui ou que sais-je ? Je serais peut-être plus de ce monde. Chaque événement à son importance.

De plus en plus sérieux dans ses propos, Tenryu rebondit sur une chance qu’avait obtenu l’Hougyoku.

- Tu as eu l’occasion de discuter avec le Bras Droit du Shodaime Hokage. As-tu évoqué la situation de Tsuchi no Kuni ? Ou as-tu évité la discussion pour éviter les ennuis ?

Un détail, une prise de décision, et une histoire pouvait changer du tout au tout.
L’idéal était de savoir quand saisir ces opportunités.

Tenryu devait savoir.
Il devait savoir si Saxa avait oublié de mentionner certains détails lors de son interrogatoire avec Aburame Miyako.
Il devait le savoir car si c’était le cas, il devrait par loyauté informé les hautes instances de Konoha de ce que la Tsuchijin venait de lui faire part.

Alors il écouta la réponse de Saxa, priant pour que l’issue leur soit favorable à tous les deux.
Car si elle avait mentit, nul doute qu’elle ne pourrait plus jouir d’une telle liberté au sein du village de la feuille et se verrait très certainement reconduite aux portes ou même aux frontières.

Il fut donc soulagé en apprenant plus en détail ce qu’elle avait révélé au Bras droit du village et de la position que cette dernière avait accepté de prendre vis-à-vis de Saxa.
Il était vrai que la Tsuchijin jouait à un jeu dangereux et sur plusieurs tableaux différents. Il était donc tout aussi délicat pour elle de révéler ses réelles intentions.
Tenryu le comprenait très bien et se voyait par la même occasion plutôt flatté d’être à ce jour dans la confidence.

Au fond, Saxa et lui menaient le même combat. Ou disons plutôt un combat similaire pour leur peuple d’origine. Tous deux avaient pris des chemins différents mais tous deux avaient le même objectif, ce que le Kazama respectait et ainsi, à moins qu’il n’y soit obligé, il garderait sous silence toute l’histoire concernant la Hougyoku.

- Très bien… Je suis soulagé, c’est important de jouer franc jeu lorsqu’on est questionné à Konoha répondit-il en souriant.

Saxa et la révolte Tsuchijin semblait avoir un plan, le garçon aux yeux écarlates était curieux d’en apprendre plus.
Simple manœuvre pour constater si les méthodes Tsuchijines différaient de ses propres méthodes.
Car pour sa part, il ne voyait qu’une seule fin pour la crapule à la tête de Mizu no Kuni.
D’ailleurs c’était un sujet qui suscite les interrogations de la kunoichi.
Est-ce qu’il comptait retourner au Pays de l’Eau un jour ?

Il était vrai qu’il s’était posé la question dernièrement à ce sujet. Mais depuis son arrivée à Konoha il n’avait jamais pu complètement faire disparaître cette idée.
Ten’ ne pouvait pas oublier ses terres natales et faire comme si elles n’existaient plus. C’était impossible, d’autant plus qu’une personne chère à son cœur s’y trouvait encore.

- Mizu sera toujours mon combat. Donc oui, j’espère pouvoir y retourner un jour. Il reste quelqu’un là-bas que je dois sauver et j’ai aussi des comptes à régler...

L'atmosphère était glaciale, comme si le Genin de la Feuille se projettait dans cette future scène.
Puis l’atmosphère pesante disparue aussi rapidement qu’elle était arrivée. Tandis que le Konohajin porta le goulot de sa bouteille d'eau à la bouche.

- Mais pour l’instant, je ne suis pas encore assez fort.

Un constat, cruel mais réel.
Il ne pouvait pas dans l’état actuel des choses venir en aide à sa nation. Et tant qu’il ne se jugerait pas assez puissant pour y parvenir, il ne prendrait pas de risques inutiles.

- C’est important d’être patient, même si ça fait mal. On ne sait jamais vraiment ce que ces crapules de Daimyo cachent dans leurs placards. Une seule erreur et c’est un plan tout entier qui s’écroule. Pour être tout à fait honnête, je ne sais pas encore comment je parviendrai à la libération des Mizujins.
Vous avez trouvé un moyen d’y parvenir à Tsuchi ?

L’atmosphère était plutôt tendue dans l’appartement du Kazama lors de l’évocation de son histoire et de ses souhaits.
Ce mal le rongeait toujours bien qu’il avait appris à vivre avec au fil des mois.
Pourtant, il avait toujours ce goût du sang dans la bouche, ce désir de voir Satoyama, le Daimyo de Kiri face à ses responsabilités et face à la mort.
De son côté Saxa et même une partie de Tsuchi avaient eux aussi de sacrés projets en ligne de mire.

En était-il de même pour Kiri ? C’était réellement compliqué à savoir, et toute la puissance d’être une île prenait tout son sens.
Les informations étaient filtrés, et le Yuukan avançait dans le brouillard quant à ce qu’il s’y préparait ou pas.

Les paroles de Saxa qui suivirent étonnèrent un peu le Kazama. Elle avait l’impression de le connaître, de le comprendre ayant sensiblement vécu les mêmes choses, et étant aujourd’hui confronté à des objectifs similaires.

- La magie de l’expérience, je présume. Comme quoi, qu’on soit héritière d’un puissant clan, ou bien issue d’une petite famille de bon petit soldat, les problèmes sont les mêmes. Ce qui compte, c’est ce que l’on fait pour y remédier.

Et dans ce cas précis, Tenryu et Saxa avait opté pour deux solutions complètement opposées. Elle avait choisi de rester dans son pays et d'œuvrer dans l’ombre avec le mouvement contestataire grandissant, tandis que le Konohajin avait décidé de quitter son île pour devenir plus fort.
D’ailleurs, la jeune femme s’expliquait enfin sur les agissement en cours de ce mouvement courageux aux yeux du Kazama.

Des petits larcins réalisés à l’encontre du Daimyo de la Terre. Des petites frappes visant tout d’abord à remplir les caisses en vue d’un financement beaucoup plus important par la suite.
Un mode opératoire presque basique, mais diablement nécessaire lorsque notre objectif est un objectif qui se construit sur le long terme.
L’argent est le nerf de la guerre. Plus on en a, mieux c’est.

Dans un deuxième temps, Saxa avait à cœur de se débarrasser de son Chef de Clan. Et c’était dans ces moments précis que Tenryu appréciait vraiment de ne pas être issu d’un clan avec ses précepts, ces moeurs, ses lois, ses politiques.
Le monde était suffisamment dans la galère pour qu’en plus on y ajoute des problèmes familiaux ou claniques.

- Vous avez vraiment du pain sur la planche, mais au moins vous avez une direction à suivre. C’est assez difficile de suivre Mizu no Kuni depuis que le Daimyo a coupé tous les échanges avec l’extérieur repris le Kazama. Mais on est encore que de petites pierres sur cet échiquier géant, il ne tient qu’à nous de continuer à avancer jusqu’à ce qu’on devienne des fondations plus solides…

Sentant bien que la conversation avait plongé les lieux dans une sorte d’ère glaciaire, Saxa essaya de réchauffer l’ambiance.
Son intuition lui disait que Tenryu n’était pas un faible… C’était sympa, mais le garçon au cheveux gris avait encore pas mal de preuve à empiler pour en être convaincu.

- On verra si tu as raison lors de la deuxième épreuve répondit-il de manière plus posé.

Cet examen de sélection des Chûnin était l’un des premiers obstacles qu’il devait franchir. De cette épreuve découlerait beaucoup de chose, en bien comme en moins bien.
Il n’eut cependant pas le temps de toutes les énumérer que la Hougyoku s’élança sur lui armée cuillère… Fort heureusement qu’il ne l’avait pas invité à manger car le dos rond de la cuillère aurait pu être un peu plus dramatique pour lui. Ou pour elle.
Car Tenryu était un garçon qui a grandi et vécu dans la guerre où la méfiance d’autrui est fondamentale, ainsi Saxa réussi son coup et fit basculer le Kazama sur le dos et cette dernière se retrouvant donc au-dessus de lui.
Ten’ pouvait sentir la cuillère contre sa gorge, Saxa quant à elle avait le goulot de la bouteille d’eau du Konohajin prêt à transpercer sa poitrine.

Le regard du brun transperça celui de la jeune femme.

- Heureusement que ce ne sont que des cuillères et une bouteille. On aurait été beau tiens… Faut pas jouer à des jeux comme ça… C’est quoi la suite ?

Il était méfiant. Ne lâchant pas la Tsuchijin des yeux. Quel mauvais coup allait-elle bien pouvoir lui sortir ?