Ta no kuni... Voilà que je voyais du pays...
J'avais suivi le troupeau comme un petit mouton de plus, complètement désinvolte envers cette mission dont je n'avais que faire. Sauver un village de la menace d'un reptile de feu c'était le dernier de mes soucis. Si ce serpent venait chaque soir détruire leurs récoltes et souiller leurs terres c'était sans doute qu'ils l'avaient cherché. Un juste retour de bâton d'une divinité en colère : voilà à quoi ça ressemblait.
S'ils tremblaient déjà pour un pauvre reptile ils n'étaient pas prêt a endurer l'arriver de l'Eternel, ça non. Mais moi j'avais hâte.

La raison pour laquelle j'avais suivi ce cortège jusqu'ici, outre parce que le « « chef » » m'avait demandé de le suivre, c'était surtout parce qu'il y avait cet autre débile avec nous. Les circonstances avaient rendu impossible toute conversation entre nous avant cela mais maintenant que je l'avais sous les yeux, je ne pensais plus qu'à ça et le détaillais en long, en large et en travers tandis qu'il marchait devant moi.
Est-ce que c'était vraiment lui, Jorel ? Jusqu'ici je n'avais entendu personne l'appeler par son nom pour me le confirmer mais je comptais bien tirer cette affaire au clair. Ça restait malgré tout sacrément impressionnant de se dire que, parmi tout le Yuukan, j'étais parvenue a tomber sur lui à Kusa, par hasard – si vraiment c'était lui, bien entendu. J'étais persuadée que c'était un coup de mon Seigneur. Il m'avait mis sur sa route pour en finir une bonne fois pour toute avec ce traître errant dans la nature.
Cela dit, il avait l'air plus entraîné que moi et nous avions un serpent géant a éradiquer donc patience était mère de sûreté. Je saurais trouver la faille le moment venu...

Sans plus de formalités, le « « chef » » nous laissa seuls pour «  protéger la civilisation » pendant que nous étions chargés d'aller trouver directement le problème à sa source... Une excuse de planqué en définitive.
En tout cas, il y avait beaucoup de mercenaires ici. Il fallait croire que le pays était riche malgré ses récoltes parties en fumée. Néanmoins la plupart ne semblaient pas prêt a gravir la colline des Vertes-Terres, la tanière du serpent.
En prenant le temps de regarder, c'était vrai que le paysage était joli ou … en tout cas, devait l'être en temps normal. Désormais il ne régnait plus que mort et désolation dans les champs. Les bêtes étaient dévorées par les vers sous une odeur pestilentielle, le riz était bon pour le compost et la terre elle même semblait souffrir d'un mal inconnu. A y regarder de plus près, c'était comme ci un poison ou une autre saleté s'était gangrené sous terre, tuant les plantes et même le bétails les ayant mangé. Les habitants parlaient d'un serpent de feu n'apparaissant que la nuit et donc virevoltant dans le ciel mais le vrai problème semblait pourtant venir de sous terre. C'était en tout cas le constat que j'en faisais après avoir observé ça une poignée de secondes.
Je n'avais de toute façon, pour l'heure, pas plus de temps a accorder à ce problème car il y en avait toujours un plus important : celui se trouvant devant mes yeux.
Il avait une de ses allures et un air d'ahuri qui le faisait passer pour un être limité voir sacrément atteint. Est-ce que c'était vraiment ce type ? Maintenant que nous étions seuls c'était le moment de s'en assurer.
Malheureusement, nous étions bien vite rejoins par deux hommes, l'un d'entre eux se présentant comme le chef du village attaqué. Quant au second, il s'agissait apparemment de notre « associé » pour la mission. Il ne manquait plus que ça. Moi qui pensait être tranquille encore quelque temps avec l'autre idiot voilà qu'un imprévu se greffait plus vite que prévu au cortège. L'Eternel me testait. C'était forcément cela.
Solennellement, la lecture d'un parchemin nous appris en plus l'identité de ce nouvel acolyte. Hiragi Ikta. Cela me disait quelque chose. J'étais presque certaine que l'homme aux chiens en avait déjà parlé mais je m'en moquais éperdument.
Par contre, ce chef de village venait de me confirmer une chose : ce type était bel et bien Jorel ! A l'entente de son nom – et probablement du mien - , je levais un regard assassin vers l'intéressé, me faisant totalement passer a côté de ce que le Daimyo avait bien voulu nous annoncer.

« Alors c'est bien toi ?! »

Le chef du village pointa vaguement son doigt vers notre destination sans que je ne parvienne réellement à le voir. Cet instant, je l'avais longuement espéré, me convaincant parfois qu'il ne s'agissait que d'une chimère et que jamais je ne croiserais la route de cette sous merde.
Mais nous étions. Par un coup du destin ou plus probablement par l'Eternel : nous y voilà !

« C'est toi l'ordure qui a souillé notre nom ! »

Mon ton se répandait en invectives.
Il était temps de brûler le linge sale de parfaits inconnus.

La réplique incisive n'a pas plu à cette ordure. La vérité faisait mal et sa réaction en témoignait.

Sa main partit a vive allure contre ma joue, me la laissant lancinante tandis que ma tête était partie sur le côté sous l'impulsion du mouvement violent.
Il était puissant. Très puissant. Cette simple gifle me permettait de l'affirmer.
Pourquoi ? Pourquoi l'Eternel lui avait accordé tant de répit et de force ? Quel était le but de ce misérable que tout le clan voulait voir au bout d'une pique ou jeté dans le caniveau ?!
Même lorsqu'il me souleva par la gorge, me privant de ma respiration, je continuais de l'observer avec un air de défi. Je n'arrivais plus a déglutir, mon cœur s'emballait sous ce manque d'oxygène tout comme le reste de mon corps mais moi, je n'avais pas peur.
Les mains le long du corps, je ne cherchais même pas à me défaire de sa prise. Je l'observais et, si l'Eternel l'avait décidé ainsi, je mourrais. Mais... au fond... je savais qu'il ne me tuerait pas. Il était bien trop intrigué par cette présence familiale et il se doutait, tout comme moi, que seul le Céen était à l'origine de nos retrouvailles. Elles avaient lieu pour une bonne raison. Aussi, il fini par me relâcher en m'éjectant contre un rocher après des paroles acerbes. Le choc fut rude mais, en tant que manieuse de chakra et surtout de Kaerichi, j'en avais vu d'autres.
Je me mis a tousser en premier lieu pour récupérer l'air dont il m'avait privé, massant ma gorge douloureuse tout en appuyant sur mon dos qui n'avait pas apprécié la collision. S'il avait utilisé son chakra, je serais probablement morte. Mais il n'en fut rien. Il me tournait déjà le dos en reprenant sa route, perdu qu'il était.
Un sourire s'étira sur mes lèvres alors que je le regardais s'éloigner. Il était là. Je l'avais retrouvé. Aussi pathétique que je me l'étais imaginé mais aussi incroyablement puissant. J'étais partagée entre l'admiration et le dégoût pour cette dernière...
Je comprenais maintenant que l'Eternel ne nous avait pas réunis pour nous permettre de nous entre-tuer, du moins pas encore. Son objectif était ailleurs, bien que je ne parvenais pas à le comprendre. Jorel devait l'avoir compris lui aussi, s'il n'était pas à ce point crétin.

Me relevant en m'époussetant, l'air de rien, j'entendis le chef du village fournir des vivres et autres objets potentiellement – et donc probablement – utiles à l'autre homme de notre groupe. Il nous parla aussi des deux chemins scindant la colline. Ce serpent calamiteux se trouvait sans doute au bout de l'un d'entre eux mais se douter du quel revenait à jouer à pile ou face. Je n'avais, de toute façon, pas l'intention de lâcher l'albinos d'une semelle. Aussi, lorsqu'on quitta enfin le chef du village, je marchais au pas de courses pour le retrouver dans mon champ de vision. Après avoir traversé l'arche de pierre et son message faussement inquiétant pour nous mettre en garde de ne pas souiller la Colline, il prit le chemin de droite, celui où les jeunes aimaient bien s'aventurer alors j'en fis de même.
La Colline était relativement pentue, j'imaginais que ce n'était pas facile a escalader pour les petites gens. Ça devait être le seul défi intéressant pour eux dans ce trou perdu.

Mes pas ayant peu à peu rattrapé les siens, je me trouvais de nouveau a porté d'oreilles si bien que, tout en progressant, je me mis a réciter les Sulères propre à notre famille. Celle à qui il avait tourné le dos.
Est-ce qu'il les connaissait seulement encore ? Ou était-il encore plus blasphémant que je n'osais  l'imaginer ?

« N'oublie pas ton nom ni ce que tu es »

Toi qui a renié ton sang.

« Fait d'entrailles et de sang
de chair et d'os.
Quand sonne les longues nuits, prie ton seigneur aimé. »

Jusqu'à quel point l'avait-il trahi ?

« Garde la conviction que ni les morts ni les hommes ni la vie ne puissent te préserver. »

Si ma puissance égalait la tienne tu ne serais déjà plus parmi nous.

« Jusqu'au jour où la chair mortifiée se transformera en étoile.
Jusqu'au jour où par sa faim dévorante,
L'Homme-Creux de la lune engloutira le monde... »

Mon ton se montrait de plus en plus incisif à mesure que je prononçais mes psaumes tout en arpentant la Colline et sa menace dormante.
Il avait renié son héritage. Il avait bafoué la noblesse de son sang. Il avait trahi les siens et piétiné notre Eternel. Pourtant, dans sa grandeur d'âme, ce dernier le laissait fouler la terre, plus puissant que jamais. Pourquoi ?! Est-ce que ce misérable continuait de le servir ?

« Cela fait au moins seize ans que tu n'as pas entendu ces paroles, n'est-ce pas ? Te souviens-tu seulement de ce qu'elles signifient ?! »

En redressant la tête vers la nuit s'installant peu à peu, j'observais la lueur lointaine qui commençait a étreindre la Colline. Ah oui. Ce foutu serpent.

Spoiler:

Spoiler:

Technique:

- T'as vraiment pas l'air de tenir à la vie ma petite. J'ai déjà tué des mioches pour moins que ça. Et si tu commençais par me dire d'où tu sors, puis ce que tu veux avant que je ne t'arrache la langue ?

« Ma petite »... Il se prenait pour un vieux sage cet effronté ?
Quoi qu'il en soit, la curiosité avait réussi à le piquer au vif.

« A ton avis ? Père et Mère avaient raison : tu es complètement siphonné. »

Il n'avait toujours pas compris notre lien de parenté ?

« Le même sang coule dans nos veines. Après la déception que tu t'es révélé être, il leur fallait un nouvel héritier. »

Mon ton trahissait mon ravissement...
Mais ce n'était pas le moment de m'étaler sur le sujet. La pénombre avait gagné la Colline et notre visibilité n'était due qu'en grande partie « grâce » à la lumière incandescente des boules de feu qui pullulaient à présent... Des wagons entiers, flottants et s'agitant avec une fluidité telle que je comprenais l'image du serpent décrite par les habitants. Il en venait de toute part, plongeant en contre-bas vers le village qui serait bientôt le témoin d'un nouvel assaut meurtrier.
Nous devions trouver la source. Nous occuper d'une poignée de ces manifestations que je pensais chakratiques ne servirait pas à grand chose si ce n'était a puiser dans nos ressources inutilement. Nous devions arrêter le ou les responsables de ces interventions nocturnes.

Malgré tout, impossible de faire l'impasse sur le spectacle qui se jouait devant nous. Après avoir arpenté un chemin bien dégagé de part les nombreux aller retour que cette terre avait connu, nous nous retrouvâmes nez à nez avec une autre lignée de ces feux follets et surtout ce qui semblait être des cadavres calcinés dans une tente qui avait connu de meilleurs jours.
L'intervention de l'un des feux sur une pauvre plante rescapée nous conféra même plus d'informations sur sa nature et son fonctionnement. La fleur se fana avant même de s'embraser à l'approche des flammes lancées par l'une de ces lanternes flottantes. Comme-ci l'air avait totalement disparu sous sur passage, nécrosant la végétation. Ou peut être était-ce l'émanation d'un miasme ? Quoi qu'il en soit cela n'augurait rien de bon et nous confirmait de rester a bonne distance de ces choses capables, en plus, de nous harceler a distance.
Je fronçai les sourcils devant ce spectacle, consciente que la lanterne avait éradiqué la seule plante survivante parce que tel était son devoir. Rien ne devait vivre à leur proximité. Étaient-elles réellement douées de conscience comme une entité à part entière ou est-ce que quelqu'un voyait à travers elles pour agir ? La deuxième option me paraissait la plus probable dans ce monde mais, moi qui connaissais et percevais le plan spirituel, je n'aurais pas été surprise d'apprendre qu'une telle chose existait.
Ô Eternel, qu'essayes-tu de m'inculquer en me mettant sur le chemin de cette manifestation énigmatique ?

Si nous n'avions pas de raison de les affronter inutilement, je voulais quand même assurer nos arrières et, un minimum, celles des villageois en retenant ces choses – même si c'était bel et bien pour sauver ma peau en première intention -. De fait, j'attrapai quatre cartes de mon jeu, toute marquées d'un sceau fait de mes mains et envoyai une paire au loin, par delà les manifestations, de chaque côté et fit de même avec la paire restante dans un lancé bien plus proche de nous. Sur l'activation de mes mudras, un cube se dessina et s'éleva, imposant, enfermant les flammes et les cadavres en son sein pour les retenir.

A peine avais-je terminé ma mise en place que Jorel s'adressa une nouvelle fois à moi, pensant m'apprendre quelque chose que je savais déjà et certainement mieux que lui.
Malgré tout, je n'eus pas le temps de réagir lorsqu'il me souleva pour me porter par dessus son épaule pour me trimbaler comme un vulgaire sac à pleine vitesse. Au moins avait-il eu la décence de m'emmener avec lui. D'ailleurs, où était l'autre homme ? Il avait décidé de nous fausser compagnie ? Tant mieux d'un côté mais de l'autre... une paire de mains supplémentaires n'aurait pas été de trop contre ces brasiers volants. Nous ferions avec.

Le décor se déplaçait avec une telle vélocité que cela me donnait la nausée mais le sommet était désormais a portée.

Spoiler:

Action:

Spoiler:

Lors de notre ascension fulgurante, je jetai un œil en arrière vers les créatures prisonnières de mon entraves. La vitesse me donnait la nausée mais il fut aisé de remarquer que les feux follets, aussi agités qu'ils pouvaient l'être, n'arrivaient pas a détruire ma barrière malgré leur aura funeste que j'avais vu a l'œuvre. Quel que soit la nature de leur pouvoir, cela n'affectait pas mon sceau ce qui, me surprenait autant que cela me fascinait.
Les idées se bousculèrent rapidement dans mon esprit mais je vins a penser que ces êtres ne s'attaquaient qu'au vivant et/ou ne réagissaient peut-être que contre lui, comme auto-guidés pour la destruction de ces derniers. C'était... intéressant et potentiellement utile comme information.

Rapidement, le sommet de la Colline fut à notre portée, ainsi qu'un bien étrange paysage... Des grottes creusaient la Colline comme une véritable fourmilière, laissant échapper de ces orifices une chaleur et une lumière incandescente semblable a celles des feux follets. C'était forcément par la qu'ils étaient sortis mais puisque personne ne nous avait prévenu de ce gruyère je me mis a penser que ces galeries se refermaient une fois le jour venu, s'éteignant comme la Lune pour la journée suivante avant de se montrer plus lumineuse encore le soir suivant.

Avant même de n'avoir l'idée stupide mais convenue de s'aventurer là dedans, un bruit sourd retentit et la terre se mit a trembler : une explosion... Evidemment, mon regard convergea vers la source du vacarme, observant alors un flan entier de la colline s'effondrer sous l'impact... et mieux découvrir l'autre joyeux luron disparu en contrebas, visiblement responsable de cette terraformation.
A quoi jouait-il au juste ? On nous avait demandé de découvrir ce qui se passait ici pas de raser la colline ! Il n'avait pas lu les mots sur l'Arche cet abruti ? S'attirer les foudres d'une Colline maudite et génératrice de courroux ce n'était pas vraiment une bonne solution. Décidément, je n'étais entourée que d'idiots !
Et voilà que les entrailles de la montagne s'éveillèrent dans un cri plaintif a glacer le sang réclamant le pourquoi de toute cette violence. A moins que ce ne soit le pourquoi elle en était arrivée là, a s'auto-détruire... Cette voix n'avait en tout cas rien de bien humain et elle semblait être l'oeuvre d'une entité enfouie là dessous.
Quoi que cela puisse être, mon intuition me dictait de l'offrir à l'Eternel. Elle avait fait souffrir ce village pour une raison obscure et, surtout, elle semblait suffisamment impressionnante pour potentiellement rassasier mon Dieu comme plusieurs poignées d'humains d'un seul coup. Son âme était grande et elle le servirait à merveille ! Je ne pouvais qu'être honorée de cette tâche qu'il avait mis sur ma route et qu'il souhaitait apparemment me voir accomplir avec Jorel. Un tourment bien vil par dessus lequel j'étais tout a fait encline a passer vu le moindre mal que cela représentait en comparaison du bénéfice...

Observant un instant de plus notre « coéquipier » du jour, je tournai finalement les talons pour suivre mon aîné dans les entrailles de la Colline avec prudence. Si elle était touchée par un maux quelconque, il était temps d'abréger ses souffrances.

Spoiler:

Spoiler:

C'est ainsi que le troisième membre de « « l'équipe » » vint nous rejoindre. Il avait l'air idiot maintenant, en se rendant compte qu'il ne pourrait rien faire de plus tout seul dans son coin. Jorel et moi ne nous étions pas encore étripés, peut être que cela avait joué aussi dans son choix.
Il ne nous restait plus qu'a pénétrer dans cette grotte sordide.

L'intérieur criait autant a l'aide que l'extérieur, couvert de spores et de champignons immondes aux relents nauséabonds qui ne donnaient pas envie d'engager l'expédition. A observer tout cet écosystème j'en venais presque a avoir l'impression d'entendre la montagne respirer.
Les galeries étaient pentues au point de rendre la progression difficile pour quelqu'un de non aguerri sans maîtrise du chakra. Au moins les champignons éclairaient suffisamment les lieux pour nous permettre de progresser, même si cela n'avait rien de rassurant. Un Kinoko ? C'était en tout cas la même conclusion pour Jorel. Je n'avais jamais vu ces gens mais je connaissais leur existence : et dire que certains trouvaient mon pouvoir clanique étrange...

Les différents chemins de la fourmilière creusant la colline semblaient tous converger vers un centre commun : celui où nous nous enfoncions, à je ne sais combien de mètres sous terre.
L'aîné de la famille réussi a me faire lever les yeux au ciel de consternation lorsqu'il manifesta sa déception de ne pas se retrouver face à un monstre mais « seulement » à un manieur de champignons. Qu'est-ce qu'il espérait trouver au fond au juste ? Une chimère tout droit sortie du Nécronomicon ? Cela dit, je rejoignis sa déception une fois face au fauteur de trouble. Un vieil homme assis en tailleur avec, malgré tout, une aura menaçante derrière lui. C'était donc ça l'offrande pour mon Eternel ? Pourquoi vouloir l'âme d'un tel débris ? ... Malgré tout je savais que l'âge n'était pas synonyme de faiblesse, plusieurs membres de mon clan étaient plutôt en forme malgré leur vie plus qu'avancée et cet Ermite semblait relativement puissant si l'on prenait le temps d'observer la prouesse dont il était capable chaque soir. Mais pour quel but ?
Il baragouinait des phrases sans fondement, incompréhensible, blâmant le sort de la Colline. Le passage vers la sortie se referma sous l'action des champignons et des spores menaçant s'élevèrent dans la « pièce », le vieil homme semblait prêt a en découdre alors même que nous ignorions ses motifs.
Le plus puissant de la bande – il fallait bien l'admettre – nous intima au silence pendant qu'il s'adonna à une approche de l'autochtone pour en apprendre davantage. Malgré son air de vil sournois il se révélait un peu plus intelligent qu'il ne laissait paraître.
Je me contentais d'écouter et d'attendre les explications de l'Ermite, restant malgré tout sur mes gardes. Si j'en venais a respirer ces spores les choses ne se termineraient pas bien pour moi. J'étais prête a m'en prémunir.

Spoiler:

Action : :

J'écoutais avec attention le récit du vieil ermite. Ce qui était sûr c'était que la vie n'avait pas été tendre avec lui ou plutôt ceux qu'il avait par le passé considéré comme ses pairs.
Un accueil chaleureux d'une autre civilisation pour finalement se faire évincer, trahir et conduit à l'exil au loin... il était compréhensible que cet homme voyait rouge et ne pensait qu'a la vengeance tout en récupérant ses terres. Mais la folie obscurcissait-elle à ce point son jugement ? S'en prendre à cette civilisation qui était certes celle descendante de ces traîtres mais qui n'avaient sans doute même pas conscience des troubles du passé sonnait comme parfaitement ridicule.
Avec son miasme il amenuisait les ressources et décimait effectivement la population mais il condamnait également cette terre qu'il chérissait tant. Les champignons s'étaient introduits partout dans les champs, ruinant les cultures mais, par la même occasion, la terre. Il ne comptait donc pas récupérer sa colline mais tout raser pour apaiser sa rage ?

De son côté, Jorel parvenait au même raisonnement et continuait de dialoguer avec l'homme éreinté. Je n'avais pas la moindre idée de ce qui se turlupinait dans sa tête d'imbécile mais il semblait au moins prendre le temps de la réflexion sans agir comme un idiot. Dans un endroit fermé comme celui-là nous serions vite enfumés par les spores si le vieil homme venait a attaquer : l'option pacifiste semblait donc réellement mieux pour tout le monde même si je n'y comptais pas vraiment et me tenais toujours prête a intervenir au moindre mouvement suspect.
Le double m'avisait d'ailleurs avec attention, conscient de ma méfiance ce qui galvanisait la sienne. Pourtant je ne fis rien. Je me contentais de suivre l'évolution de leur conversation. Jorel avait su accaparer son attention, inutile de perturber le maigre équilibre qui régissait les lieux.

Malgré tout, le prétendu Yorha parvenait a m'impressionner. Ou du moins a remonter d'un cran dans mon estime jusqu'ici négative, au seuil du néant. Une légère remontée, il ne fallait pas non plus exagérer, mais il avait su aborder la situation avec un tact et une patiente que je ne lui aurais pas pensé. Peut être parce que les récits de Père et Mère n'avaient jamais laissé transparaître cet aspect, bien au contraire, et que leur propre sang froid se révélait assez inexistant.

En tout cas, la situation était suffisamment tendue pour que la moindre goutte d'eau soit fatale et responsable d'un véritable raz de marée qui prendrait bien vite une teinte rougeâtre...